Voilà que même LCI parle de la désistance… qui aurait parié là dessus il y a trois ans…?
« Prendre le problème par le côté positif plutôt que par la négative »…
La désistance est le processus qui consiste à abandonner un parcours de délinquance. Des chercheurs ont décelé plusieurs facteurs déclencheurs. Alors que l’objectif de la réforme Taubira, dont le contenu sera décidé ce vendredi, est la lutte contre la récidive, cet axe de recherche vient alimenter le débat.
La désistance, c’est tout ce qui amène un homme à abandonner la voie de la délinquance et non tout ce qui amène un homme à récidiver. La plupart des études sur le sujet sont anglo-saxonnes. Depuis quelques années, elles se développent timidement en France. « C’est un paradigme plus enthousiasmant que celui de la récidive, indique à MYTF1News Martine Herzog-Evans (1), professeure de droit et de criminologie à l’université de Reims. On ne cherche plus seulement à comprendre pourquoi les condamnés retombent dans la délinquance, mais comment ils en sortent ».
Les études montrent en effet que les taux de criminalité sont au plus haut à la fin de l’adolescence et diminuent avec le temps. L’âge moyen de l’arrêt de la délinquance est de 28 ans. « Tous les éléments de sociabilisation, de stabilité et de maturation cérébrale sont là, explique Martine Herzog-Evans. Souvent à 30 ans, les délinquants ont d’autres envies. »
« Après l’arrêt de la délinquance, le condamné se retrouve souvent seul »
Alors comment se couper de sa « bande » ? Sans surprise, avoir un logement et un travail, favorise la réinsertion. « L’emploi permet aux délinquants de ne plus se définir comme condamnés, mais comme des travailleurs », indique la chercheuse. De ce point de vue là, le travail à temps complet est plus efficace que le temps partiel car « lorsque les copains viendront klaxonner le soir, ils seront trop fatigués pour aller voler des voitures. »
« Pour sortir de la délinquance, une des premières choses à faire est d’apprendre à dire non à ses amis, explique Martine Herzog-Evans. C’est difficile car dans la désistance, le condamné se retrouve souvent seul. »
Désistance, trois ans loin de la délinquance
D’autres facteurs, plus intimes et peu étudiés en France, ont un rôle essentiel, comme la vie de couple et le mariage. « Les délinquants ont souvent des problèmes affectifs donc la rencontre amoureuse peut s’avérer déterminante, reconnaît Yazid Kherfi. Cela permet de choisir sa femme plutôt que ces copains ». Déménager ou restaurer les liens familiaux sont d’autres axes importants de la désistance, toujours avec le même souci d’éloigner les délinquants de leur univers amical.
L’arrêt de la délinquance est un processus long, qui dépend de la volonté de la personne, des circonstances, mais aussi du système pénal. « Nous n’avons jamais la certitude que les gens ne retomberont jamais dans la délinquance, concède Martine Herzog-Evans. On considère que la désistance s’installe vraiment quand la personne n’a pas commis de délit ou de crime pendant trois ans ».
Un manque de moyens humains et financiers
D’où l’importance d’une prise en charge après l’incarcération, la récidive ayant souvent lieu dans les premiers mois de la sortie de prison. « Dès que l’on met des gens en prison, ne pas travailler sur la réinsertion n’est pas acceptable, dit la chercheuse. En France, on le fait très peu, mais je ne jette pas la pierre à l’administration pénitencière car elle manque de moyens financiers et humains. »
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