Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
Header

9782343013787j« La probation à la française ou le suivi et le traitement des condamnés, souffre de nombreux maux essentiellement institutionnels, mais aussi financiers et matériels. Toutefois le vivier humain y est d’une exceptionnelle richesse et la France a inventé l’intervention judiciaire et son procès équitable dans la probation.

Cet ouvrage présente l’état actuel de la connaissance scientifique et des méthodes appliquées par les pays les plus modernes. Il ne reste plus à notre pays qu’à s’en emparer. »

 

Lien : http://www.editions-harmattan.fr/

 

à propos des cercles de soutien et de responsabilité… in UK…! (Article du 02/09/2013)

Des bénévoles du Warwickshire (UK) participent à un programme de réinsertion des criminels condamnés.

Les délinquants sexuels ont la possibilité de changer de vie grâce à des bénévoles du Warwickshire.

Un programme a été mis en place pour jumeler les délinquants avec des groupes de personnes du comté qui souhaitent les aider.

Ils se rencontrent régulièrement, se parlent au téléphone et vont même au pub dans le cadre des efforts déployés pour empêcher le délinquant de reprendre ses anciennes habitudes.

En retour, le délinquant signe un contrat avec le cercle de bénévoles et est tenu responsable par eux.

Ruth, une bénévole, raconte que sur les quatre délinquants avec lesquels elle a travaillé, deux ont transformé leur vie. Mais lorsque les bénévoles ont remarqué que les deux autres un comportement suspect, ils ont alerté la police, et ils ont été remis en détention.

Selon elle, le rôle est autant de protéger la communauté que de réhabiliter le délinquant – et elle a exhorté d’autres personnes à essayer le programme de bénévolat.

« C’est difficile à vendre », dit-elle. « Mais je le recommande. Si quelqu’un cherche un travail bénévole un peu différent de celui que l’on fait derrière le comptoir d’un magasin, c’est peut-être pour lui ». « Certains de mes amis et de ma famille pensent que c’est un peu bizarre, mais d’autres sont intrigués. Je pense qu’il est important de donner aux délinquants sexuels la chance de changer ».

 

Lire l’article complet

FRANCE INTER, Emission « le téléphone sonne » (5/09/2013) Comment va s’appliquer la réforme pénale de Christiane Taubira ?

Mise en place d’une contrainte pénale alternative à l’incarcération, suppression des peines planchers, fin des sorties sèches des condamnés. Objectif principal : lutter contre la récidive.

Invités:

  • Ludovic Fossey, Juge d’application des peines à Paris, représentant de l’Association nationale des Juges d’Application des Peines
  • Géraldine Blin, Directrice du SPIP du Val d’Oise (Service pénitentiaire d’insertion et de probation), ex-directrice de prison et membre du Syndicat des directeurs pénitentiaires (SNDP)
  • Frédéric Lauféron, Directeur général de l’APCARS, l’Association de Politique Criminelle Appliquée et de Réinsertion Sociale

Dedans Dehors n°80 (juin 2013)  Dossier « Ils sont nous » Parcours de vie d’anciens détenus

 » La prison voudrait nous faire croire que l’homme qu’elle contient ne nous ressemble plus», écrivait le fondateur de l’OIP, Bernard Bolze. Pour lutter contre cette dissolution de l’homme dans le prisonnier, il faut accepter de regarder de plus près les parcours singuliers des personnes cachées derrière les termes génériques de «délinquant» ou «détenu». Vouloir comprendre comment, derrière des statistiques et des faits divers, se forge un parcours délinquant. Comment, au croisement de facteurs personnels et sociaux, la prison survient dans une existence. Et enfin voir les traces qu’elle y laisse…

Cinq personnes ayant connu la prison ont accepté de parler. De leur vie avant, pendant et après. Chacune livre de son parcours un aperçu nécessairement subjectif, dont les creux et les zones d’ombres disent autant que ce qui est exposé. Autant d’histoires que de personnes, pour tenir à distance lieux communs et idées reçues, pour échapper à toute tentative de simplification. Comment Marie-Hélène, coiffeuse, née dans une famille « très normale » bascule en quelques minutes dans le meurtre de l’homme qui la maltraitait. Comment Olivier, cadre bancaire, devient un multirécidiviste incapable de lutter contre ses « failles psychologiques ». Comment Virginie, trouvant dans l’alcool un refuge contre la misère et la maladie, atterrit en prison pour ne pas avoir su respecter son obligation de soins. Comment Yazid et Philippe, qui ont très tôt connu la prison, sont finalement devenus consultant en prévention urbaine pour l’un et animateur sportif pour l’autre. L’exercice, inspiré de la technique du récit de vie, contribue à ce que chacun se réapproprie son histoire. Ce regard des intéressés sur leur propre cheminement donne chair aux statistiques… et tord le cou à bien des préjugés.

Ne pas être réduit à sa délinquance passée
« Je m’en suis sorti, affirme Philippe, parce que j’ai voulu prouver que je pouvais ne pas être réduit à ma délinquance passée ». Pour le chercheur écossais Fergus McNeill (in «Les sorties de délinquance», 2012), « la sortie de délinquance est une question de rédemption personnelle, pas forcément dans le sens spirituel ou théologique du terme, mais plutôt au sens de trouver une façon de réparer un passé troublé et troublant en participant de façon positive à la vie de la famille ou de la collectivité ».  Le déclic, pour Yazid, vient lorsque témoignent en sa faveur le maire de sa commune et « plusieurs personnes, venues dire que je n’étais pas un ‘irrécupérable’. C’était la première fois de ma vie que j’entendais que je pouvais être un type bien ». Ce processus sera facilité s’il est reconnu par les autres, et plus particulièrement par les autorités ayant condamné l’acte, entérinant un « dés-étiquetage ». « Il ne suffit pas que pour s’amender une personne accepte la société conventionnelle, il faut également que la société conventionnelle reconnaisse le changement intervenu chez cette personne », souligne le chercheur Shadd Maruna. Une interaction dont témoigne Yazid Kherfi, qui apporte la preuve «qu’on peut avoir été délinquant et changer, quand le regard posé sur vous change ».

Lire le récit de vie de Yazid Kherfi

Désigné comme un « bon à rien » dans sa famille, puis à l’école, Yazid Kherfi a trouvé dans la bande de jeunes «voyous» une seconde famille, un moyen d’exister et d’être valorisé. Après 15 ans de vols et braquages, il est devenu animateur social, puis consultant en prévention urbaine. Il interpelle institutions et professionnels sur la nécessité d’entendre l’appel au secours des jeunes délinquants des quartiers.
yazidkherfi.pdf

Lire le récit de vie de Marie-Hélène

Après avoir subi les violences de son conjoint pendant 18 ans, Marie-Hélène s’empare une nuit de la carabine qu’il garde, chargée, au pied de son lit, et le tue de plusieurs coups de feu. Elle vit son arrestation puis sa détention comme un « soulagement ». Condamnée à dix ans d’emprisonnement, elle est désormais en libération conditionnelle. Mais c’est au tour de son fils d’être incarcéré…
mariehelene.pdf

Voir le dossier complet sur le site de l’OIP

Voilà que même LCI parle de la désistance… qui aurait parié là dessus il y a trois ans…?

« Prendre le problème par le côté positif plutôt que par la négative »…

La désistance est le processus qui consiste à abandonner un parcours de délinquance. Des chercheurs ont décelé plusieurs facteurs déclencheurs. Alors que l’objectif de la réforme Taubira, dont le contenu sera décidé ce vendredi, est la lutte contre la récidive, cet axe de recherche vient alimenter le débat.

La désistance, c’est tout ce qui amène un homme à abandonner la voie de la délinquance et non tout ce qui amène un homme à récidiver. La plupart des études sur le sujet sont anglo-saxonnes. Depuis quelques années, elles se développent timidement en France. « C’est un paradigme plus enthousiasmant que celui de la récidive, indique à MYTF1News Martine Herzog-Evans (1), professeure de droit et de criminologie à l’université de Reims. On ne cherche plus seulement à comprendre pourquoi les condamnés retombent dans la délinquance, mais comment ils en sortent ».

Les études montrent en effet que les taux de criminalité sont au plus haut à la fin de l’adolescence et diminuent avec le temps. L’âge moyen de l’arrêt de la délinquance est de 28 ans. « Tous les éléments de sociabilisation, de stabilité et de maturation cérébrale sont là, explique Martine Herzog-Evans. Souvent à 30 ans, les délinquants ont d’autres envies. »

« Après l’arrêt de la délinquance, le condamné se retrouve souvent seul »

Alors comment se couper de sa « bande » ? Sans surprise, avoir un logement et un travail, favorise la réinsertion. « L’emploi permet aux délinquants de ne plus se définir comme condamnés, mais comme des travailleurs », indique la chercheuse. De ce point de vue là, le travail à temps complet est plus efficace que le temps partiel car « lorsque les copains viendront klaxonner le soir, ils seront trop fatigués pour aller voler des voitures. »

« Pour sortir de la délinquance, une des premières choses à faire est d’apprendre à dire non à ses amis, explique Martine Herzog-Evans. C’est difficile car dans la désistance, le condamné se retrouve souvent seul. »

Désistance, trois ans loin de la délinquance

D’autres facteurs, plus intimes et peu étudiés en France, ont un rôle essentiel, comme la vie de couple et le mariage. « Les délinquants ont souvent des problèmes affectifs donc la rencontre amoureuse peut s’avérer déterminante, reconnaît Yazid Kherfi. Cela permet de choisir sa femme plutôt que ces copains ». Déménager ou restaurer les liens familiaux sont d’autres axes importants de la désistance, toujours avec le même souci d’éloigner les délinquants de leur univers amical.

L’arrêt de la délinquance est un processus long, qui dépend de la volonté de la personne, des circonstances, mais aussi du système pénal. « Nous n’avons jamais la certitude que les gens ne retomberont jamais dans la délinquance, concède Martine Herzog-Evans. On considère que la désistance s’installe vraiment quand la personne n’a pas commis de délit ou de crime pendant trois ans ».

Un manque de moyens humains et financiers

D’où l’importance d’une prise en charge après l’incarcération, la récidive ayant souvent lieu dans les premiers mois de la sortie de prison. « Dès que l’on met des gens en prison, ne pas travailler sur la réinsertion n’est pas acceptable, dit la chercheuse. En France, on le fait très peu, mais je ne jette pas la pierre à l’administration pénitencière car elle manque de moyens financiers et humains. »

L’article complet sur lci.tf1.fr

TED TALK (2012) Leslie Morgan Steiner : Pourquoi les victimes de violence conjugales ne partent pas

Leslie Morgan Steiner a vécu un “crazy love” — c’est-à-dire être éperdument amoureuse d’un homme qui abusait d’elle régulièrement et menaçait sa vie. Steiner nous raconte la sombre histoire de sa relation, corrigeant les idées fausses à propos des victimes de violences conjugales et expliquant comment nous pouvons tous aider à rompre le silence. (Filmé à TEDxRainier.)

Leslie Morgan Steiner is a writer and outspoken advocate for survivors of domestic violence — which includes herself

FRANCE INTER, Emission « Interception »  (18/08/2013) La prison est dans le pré

coucy copieIl n’y a jamais eu autant de prisonniers en France – 66 126 détenus au 1er septembre dernier – mais 20% seulement des personnes condamnées pour un crime ou un délit peuvent bénéficier d’un aménagement de peine qui facilite leur réinsertion. Pour tous les autres détenus, la sortie de prison se fait sans accompagnement. La difficulté à se réinsérer, surtout après une longue peine, est d’autant plus grande et peut mener tout droit à la récidive.

La ministre de la Justice, Christiane Taubira, souhaite réorienter la politique pénale et rendre plus systématique les aménagements de peine. Elle a chargé une commission, créée en septembre dernier, de faire des propositions dans ce sens pour un projet de loi à venir.

Pour que ces aménagements ne soient pas un simple moyen de vider les prisons et de coûter moins cher à l’administration (un bracelet électronique coûte 12€ par jour contre 80€ pour une journée de prison…), il faut qu’existent des lieux de réinsertion. La ferme de Moyembrie offre un exemple de ce qu’il est possible de faire en la matière. C’est une ferme biologique installée à Coucy-le-Château, dans l’Aisne, qui alimente deux Amap. Au départ, c’était un projet un peu utopique, lancé par un couple qui s’était lié d’amitié avec un détenu. Aujourd’hui, c’est une association liée à Emmaüs qui travaille en collaboration étroite avec la Justice et l’administration pour accueillir une petite vingtaine de détenus, encadrés par une équipe de bénévoles et de salariés. Les résidents de la ferme retrouvent le goût de la vie en société, parfois après de longues années en prison.

un reportage de Mathilde Dehimi