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France Inter, Radicalisation en prison : les clés de la détection, Vendredi 25 mars 2016

Avec
  • Géraldine Blin Directrice du Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), ex-directrice de prison et secrétaire nationale du Syndicat des directeurs pénitentiaires
  • David Vallat Ex-djihadiste

Même si ce n’est pas systématique, nombre de terroristes sont passés par la case prison et ont souvent – dans cet univers clos qui suit des règles bien particulières – basculé dans le djihadisme au contact de leurs camarades de cellule.

Le phénomène n’est pas nouveau. Khaled Kelkal – qui le 25 juillet 1995 posa une bombe dans la station du RER St Michel – en est un bon exemple. C’est en prison qu’il s’est mué de petit caïd en combattant du GIA.

Plus récemment, Amédy Coulibaly, les frères Kouachi, les deux frères El Bakraoui qui viennent d’endeuiller Bruxelles, tous ont été incarcérés avant de commettre leur crimes.

Comment cette radicalisation djihadiste, qui débouche sur des actes d’une violence extrême, est-elle perceptible en prison ?
Peut-on détecter ces comportements et les prévenir ?
Le gouvernement vient de débloquer une enveloppe de 80 millions d’euros pour la pénitentiaire. Plus de surveillants, plus d’agents du renseignement pénitentiaire, plus d’éducateurs et plus d’aumôniers musulmans.

Il y a urgence. La France rémunère 500 aumôniers catholiques, pour les prisons et moins de 200 aumôniers musulmans, alors que l’Islam est de loin la première religion des détenus.

Plusieurs quartiers sont aussi en train d’être créés dans 4 prisons, pour regrouper les plus dangereux prosélytes. L’expérience commence à peine et la France accuse un grand retard dans ce domaine.

« Radicalisation en prison : les clés de la détection », c’est un Magazine de Florence Sturm., qui s’est rendue à l’ENAP

https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10084-25.03.2016-ITEMA_20945120-0.mp3

 

Analyse sur l’évaluation des risques pour les cas de radicalisation et d’extrémisme violent

Le CSCSP a élaboré un rapport sur les instruments de screening et d’évaluation des risques qui existent pour les cas de radicalisation et d’extrémisme violent. Ce rapport sur fonde sur des expertises réalisées par des spécialistes suisses et européen·ne·s et sur les travaux d’un groupe de travail bilingue constitué de praticien·ne·s du milieu suisse de l’exécution des sanctions pénales. Selon la conclusion du CSCSP, les instruments de screening disponibles peuvent être tout à fait utiles pour une première appréciation. Néanmoins, il convient de garder à l’esprit que leurs résultats ne sauraient être considérés comme des évaluations du risque. En effet, le CSCSP estime qu’aucun des instruments actuels d’évaluation des risques ne présente une validité suffisante.

Plutôt qu’un recours à certains outils, le CSCSP recommande de renforcer la collaboration interdisciplinaire entre le domaine de l’exécution des sanctions pénales et les services de police et de renseignement au niveau cantonal.

https://www.skjv.ch/sites/default/files/documents/Radicalisation_Evaluation_des_risques_Analyse.pdf

Si le lien est brisé: Radicalisation_Evaluation_des_risques_Analyse

 

Extrait:

3.4 Instruments spécifiques d’évaluation des risques
Selon l’»état de l’art» actuel, l’évaluation des risques chez les personnes qui ont déjà été condamnées pour les infractions en question (ou qui, du moins, sont soupçonnées d’avoir commis de tels actes) se fait de manière méthodique, par le biais d’un jugement professionnel structuré (approche dite du JPS).
Certains instruments d’évaluation des risques peuvent aider l’évaluateur à procéder à l’appréciation. Les expertises sur lesquelles ce rapport se fonde analysent les instruments suivants, qui peuvent fournir une aide au jugement professionnel structuré: VERA-2R, ERG22+, IVP Guidance, les MLG et TRAP. Ces instruments ont été spécifiquement développés pour des actes de violence ou de violence de groupe de type extrémiste. Outre ces outils spécifiques, Octagon49 semble également adéquat ici, d’autant qu’il permet de sélectionner «violence en contexte d’idéologies extrémistes» en tant qu’infraction visée. Pour une illustration de la structure et de la conception de tous ces instruments, voir les descriptions détaillées des expertises dans l’annexe du rapport. Tous ces instruments prennent en compte les facteurs de risque dynamiques (autrement dit, variables) et aboutissent à des recommandations concrètes sur les mesures à mettre en place (à l’exception de VERA-2R). Sur les six instruments, seuls Octagon et VERA-2R tiennent compte non seulement des facteurs de risque, mais également des facteurs de protection ; dans le cas de VERA-2R, on ne sait pas dans quelle mesure les facteurs de protection ont une influence sur le risque. Octagon a été conçu pour être un outil de gestion des menaces pour la police et, comme mentionné ci-dessus, il est utilisable dans plusieurs domaines thématiques. ERG22+ a été explicitement élaboré pour le contexte carcéral et l’évaluation de personnes condamnées extrémistes (…)

À ce stade, il est crucial de noter que, selon la recherche, ni la validité ni la fiabilité scientifiques d’aucun de ces instruments n’ont encore été suffisamment prouvées. La principale raison est que l’extrémisme violent représente un phénomène marginal, la population des auteurs d’infractions de ce type étant trop peu nombreuse d’un point de vue statistique pour qu’une validation soit possible: les instruments n’ont donc pu être utilisés que pour une population très restreinte, d’où un taux de base (autrement dit, une population de référence) faible. En outre, les instruments n’ont pour l’heure été
expérimentés que dans un petit nombre de pays et dans des contextes spécifiques ; on ne sait pas si les résultats peuvent être transposés à la population carcérale en Suisse. De plus, la recherche critique le fait que les facteurs de risque servant de base à ces instruments n’aient pas encore été suffisamment étudiés quant à leur pertinence, à leur pondération et à leurs relations de causalité et d’interdépendance. Elle déplore également que la conception de l’extrémisme sur laquelle ils reposent soit souvent peu claire ou ne différencie pas assez l’extrémisme non violent de celui qui l’est.

FRANCE CULTURE, Emission « La conversation scientifique » (28/09/19) Qu’est-ce que l’esprit critique ?

Le « fou de livres » (Bëchernarr) dans une édition strasbourgeoise de 1510

Penser, n’est-ce pas être capable de dire à sa propre pensée, dans une sorte d’étonnement, sinon qu’elle se trompe, du moins qu’elle mérite d’être reprise, modifiée, réadaptée en certains points trop bien fixés ?

Penser, n’est-ce pas être capable de dire à sa propre pensée, dans une sorte d’étonnement, sinon qu’elle se trompe, du moins qu’elle mérite d’être reprise, modifiée, réadaptée en certains points trop bien fixés ? C’est en tout cas ce qu’expliquait le philosophe Alain : 

Penser, c’est dire non. Le signe du oui est d’un homme qui s’endort ; au contraire, le réveil secoue la tête et dit « non ». Non à quoi ? Au monde, au tyran, au prêcheur ? Ce n’est que l’apparence. En tous ces cas-là, c’est à elle-même que la pensée dit non. Elle rompt l’heureux acquiescement. Elle se sépare d’elle-même. Elle combat contre elle-même. Il n’y a pas au monde d’autre combat. Ce qui fait que le monde me trompe par ses perspectives, ses brouillards, ses chocs détournés, c’est que je consens, c’est que je ne cherche pas autre chose. Et ce qui fait que le tyran est maître de moi, c’est que je respecte au lieu d’examiner. Même une doctrine vraie, elle tombe au faux par cette somnolence. C’est par croire que les hommes sont esclaves. Réfléchir, c’est nier ce que l’on croit. Qui croit ne sait même plus ce qu’il croit. Qui se contente de sa pensée ne pense plus rien[1].

L’esprit critique serait donc le moteur de la pensée même. Mais comment le définir ? Par quoi le caractériser ? Et surtout, comment l’enseigner, le faire vivre, voire le critiquer en vertu de lui-même ?

Invité : Gérald Bronner, professeur de sociologie à l’université Paris-Diderot, auteur de « Déchéance de rationalité ».

[1]Alain, Propos sur les pouvoirs, « L’homme devant l’apparence », 19 janvier 1924, n° 139 ou Propos sur la religion, LXI.  

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http://psychocriminologie.free.fr/wp-content/uploads/audio/Qu%E2%80%99est-ce%20que%20l%E2%80%99esprit%20critique%20.mp3

Retrouvez toutes les vidéos sur l’excellent site http://www.yapaka.be

[Vidéo] Adolescence : de la nécessité du conflit

Un entretien avec Philippe Gutton, psychiatre, psychanalyste. (04:21)

Deux élements éclairent cette question de l’adolescence et des conflits.

Tout d’abord, « l’adolescent se veut un acteur social, un acteur de son environnement ». Cela ne peut se faire sans conflit, l’adolescent se heurtant aux adultes qui continuent à le traiter comme un mineur, « un moins que quelque chose ».