Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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Jean Danet (2009) Les politiques sécuritaires à la lumière de la doctrine de la défense sociale nouvelle.

Rapprocher les politiques sécuritaires d’aujourd’hui et la politique criminelle de la défense sociale nouvelle ne va pas de soi tant l’humanisme de cette doctrine a été souligné, célébré, loué par tous. Ce n’est pourtant pas par goût de je-ne-sais-quelle provocation que ce rapprochement s’impose, mais pour répondre en partie à la question posée dans ce séminaire. La question explicite de savoir si les politiques sécuritaires du XXIème siècle empruntent ou non à celles qui les ont précédées et notamment à la « défense sociale nouvelle », héritière du courant des années vingt dont elle reprit le nom programmatique. La question est aussi de savoir comment ces doctrines d’hier ont pensé la notion de dangerosité, le risque incertain comme le danger avéré, pour nous aider si possible à mieux déchiffrer notre présent et les usages qu’il fait de l’un et de l’autre. Mais, s’agissant de la défense sociale nouvelle, j’y vois aussi une question implicite. Comment cette doctrine et ses tenants, dont l’humanisme et l’attachement profond aux droits de l’homme ne fait aucun doute, pour personne, a-telle « aménagé » le discours de la défense sociale, lui-même posé en distance d’avec les positivistes du XIXème, à quels risques au regard de ses valeurs, au prix de quels impensés et pour quel résultat ?

http://www.college-de-france.fr/

Marc Ancel (1954) La défense sociale nouvelle

M. Ancel, La défense sociale nou­velle [note bibliographique] Revue internationale de droit comparé Année 1954 Volume 6 Numéro 4 pp. 842-847

L’idée maîtresse de cette conception, telle que nous l’expose M. Ancel, c’est que la peine doit être considérée uniquement comme l’instrument d’une politique criminelle réaliste et efficace au service du bien commun, et qu’à ce titre, il convient de lui assigner pour fonction primordiale la réadaptation sociale du délinquant, seule de nature à concilier la protection de la collectivité avec l’intérêt véritable de l’individu à qui elle restituera sa pleine valeur de personne humaine consciente de sa dignité et de ses responsabilités. Une telle orientation des institutions répressives ne s’oppose pas seulement aux tendances traditionnelles qui, après avoir présidé à l’élaboration de notre Code pénal et dominé l’école classique, commandent encore les réactions plus ou moins réfléchies de l’opinion en présence du crime.

http://www.persee.fr/doc/ridc_0035-3337_1954_num_6_4_9111

http://www.persee.fr/articleAsPDF/

« Le sentiment, individuel et collectif, de responsabilité constitue une réalité  psychologique et sociale » ANCEL M., La défense sociale nouvelle, 2 e éd., op. cit., p. 226
La défense sociale nouvelle « postule philosophiquement le libre-arbitre mais demeure réservée sur ce problème, extérieur aux données et au  domaine de la politique criminelle appliquée. La politique criminelle d’action sociale que supposent ces doctrines repose largement, sinon sur la notion philosophique de responsabilité (qui échappe au domaine de l’action sociale), du moins sur la reconnaissance, l’utilisation et le développement de ce sentiment inné de la responsabilité que tout homme, y compris le délinquant, possède nécessairement en lui ». Ibid., p. 207.
La responsabilité constitue le « moteur essentiel du processus de resocialisation » Ibid., p. 294. « Le traitement imposé, parce qu’il a pour objet de rendre le délinquant conscient des valeurs et des exigences sociales, est bien d’abord une rééducation de la responsabilité ou, si l’on veut même, une thérapeutique de la liberté ». in ibid., p. 298.

https://www.penal.org/sites/default/files/files/RIDP_1990_1_2.pdf

 Alexis de Tocqueville, Oeuvres complètes, tome IV, Écrits sur le système pénitentiaire en France et à l’étranger

Heffer Jean (1986)  Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, Année   1986, Volume  41, Numéro 3,  pp. 724-726

tocqueville

Tocqueville

Pour ceux qui s’imaginent que notre temps souffre de maux de plus en plus aigus, on ne peut que conseiller la lecture des écrits de Tocqueville. Ils s’apercevront rapidement que les choses évoluent lentement et que dans ce domaine nous n »avons guère avancé, en dépit du ton péremptoire que prennent  ici ou là les avocats ou les adversaires d’une réforme des prisons(…)
Pour bien comprendre les écrits de Tocqueville, il faut savoir ce qu’est une prison française autour de 1830 : essentiellement une vaste salle où s`entassent les détenus, prévenus ou condamnés ; cette promiscuité ne favorise pas la régénération morale, dans la mesure ou ce sont les pires criminels qui imposent leur échelle de valeurs. L’homosexualité qui y sévit épouvante les belles âmes éprises de vertu. L*inégalité de traitement dont bénéficient les plus aisés scandalisent ceux qui voudraient que la prison soit réellement la sanction d’une faute envers la société. Les entrepreneurs extérieurs qui donnent  du travail aux détenus sont en fait les personnages les plus importants de l’établissement ; lors du recensement industriel qui a été effectué sous la monarchie de Juillet, la plus grande firme textile, en termes d”emplois, est dans la maison centrale de Clairvaux dans l’Aube, spécialisée dans la filature, le tissage et la fabrication des calicots, avec 2 163 ouvriers (1 490 hommes, 483 femmes et 190 enfants payés respectivement 0,60, 0,45 et 0,35 franc par jour), 515 métiers et 12 800 broches. Bref, comme le remarquent Tocqueville et Beaumont, la France a des prisons mais elle est dépourvue de systéme pénitentiaire.

http://www.persee.fr/articleAsPDF/

Si le lien est brisé:

article_ahess_0395-2649_1986_num_41_3_283304_t1_0724_0000_000

Gérard De Coninck    ( 1997)  La formation initiale du personnel de surveillance des établissements pénitentiaires: des exigences morales et religieuses à la formation d’intervenants socio-éducatifs en milieu pénal

Déviance et société     Année   1997     Volume   21     Numéro   21-2     pp. 165-216

Pour M. Rivière, la création d’une école de gardiens aurait infiniment plus d’inconvénients que d’avantages. Elle infligerait aux élèves des déplacements longs et coûteux, qui éloigneraient de la carrière les gens mariés […]. Elle inspirerait à ses élèves la conscience d’une valeur bien supérieure à leur valeur réelle; elle les pousserait à se chercher ailleurs une carrière mieux rétribuée et plus en rapport avec leurs mérites apparents […]. Elle nous entraînerait enfin à des dépenses exagérées en faisant croire à nos gardiens qu’ils y sont acquis une importance extraordinaire (Rivière, 1892, 579). Il poursuit en mettant en cause les programmes de cours: Point besoin surtout des programmes ambitieux comme celui enseigné à Fribourg-en-Brisgau où je lis qu’on doit s’occuper de « la psychologie du criminel, des règles pénitentiaires au point de vue scientifique, de l’harmonie des éléments philosophiques, juridiques, pédagogiques, hygiéniques et administratifs avec des comparaisons internationales, de la statistique et de la littérature pénitentiaire, etc.»; – comme celui enseigné en Italie où on demande toute l’histoire depuis Charles VIII, le français, la géographie de l’Europe, les 6 premiers livres de la géométrie, les 11 et 12e d’Euclyde, les principales propositions d’Archimède, des problèmes, des démonstrations au tableau, etc.  (Congrès Pénitentiaire International de Stockholm, 1879)

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Marquis Cesare Bonesana BECCARIA, Économiste et criminaliste italien (1738-1794) ,

Traité des délits et des peines (1764) 

D’après la traduction de l’Italien par M. Chaillou de Lisy, bibliothécaire, et publiée à Paris en 1773.

Ce sont ces lois, restes des siècles les plus barbares, que j’examine dans cet ouvrage, eu égard à la jurisprudence criminelle : c’est aux arbitres de la félicité publique que j’ose exposer les désordres dont elles sont la source ; le vulgaire, peu éclairé et impatient, ne sera point séduit par le style dont je les décris. Si je me suis livré à la recherche ingénue de la vérité, si je n’ai pas craint de m’élever au-dessus des opinions reçues, je dois cette heureuse hardiesse au gouvernement doux et éclairé sous lequel je vis. La vérité plait aux grands monarques, aux bienfaiteurs de l’humanité qu’ils gouvernent ; ils l’aiment, surtout quand elle est mise dans tout son jour par un philosophe obscur, quand elle se peint, non sous les traits du fanatisme, mais avec les couleurs de l’amour du bien, de ce zèle pur qui ne s’élève que contre la force tyrannique ou l’intrigue insidieuse, et que la raison fait toujours contenir. Pour qui les examinera dans tous leurs développements, les désordres qu’entraînent nos lois sont la satire et sont l’ouvrage des siècles passés, plutôt que du nôtre ou de ses législateurs, Si quelqu’un veut donc m’honorer de sa critique, qu’il commence par bien saisir l’objet de cet ouvrage, qui, loin d’avoir pour but de diminuer l’autorité légitime, ne servira qu’à l’augmenter encore, si l’opinion est plus puissante sur les hommes que la force, si la douceur et l’humanité sont faites pour consacrer les droits et l’exercice du pouvoir. Mais, comme les critiques malentendues qu’on a publiées contre moi sont fondées sur des notions confuses, elles me forcent d’interrompre un moment les réflexions que j’offrais aux lecteurs éclairés pour fermer enfin à jamais la bouche au zèle timide qui s’égare, et à la méchanceté envieuse qui distille les poisons de la calomnie sur quiconque aime la vérité, et cherche à la montrer aux hommes.

http://classiques.uqac.ca/classiques/beccaria/traite_delits_et_peines/beccaria_delits_et_peines.pdf

Archive INA 1985: « Sexe en prison »

Avant les UVF…

Quelle est la sexualité en prison ? Quelle trace laisse-t-elle chez les détenus devenus libres ? Deux femmes et deux hommes racontent leur sexualité derrière les barreaux. Mona a passé 6 mois en prison elle avait besoin de parler de sexe avec une personne avec qui elle pouvait délirer. Elle faisait des rébus érotiques, dessinait des sexes… Son ami est encore en prison. Elle a peur qu’il devienne bestial à sa sortie. Pour Gérard (4 ans de prison), la sexualité c’était la masturbation, les ouvrages pornographiques, les sévices. Il a eu des rapports homosexuels, mais à ce niveau il pense que c’est trop simple de donner des étiquettes. Danielle (6 mois de prison) est tombée amoureuse. Elle trouve anormal qu’on ait besoin d’utiliser des objets pour avoir du plaisir. A l’extérieur, elle ne peut pas se contrôler et en éprouve de la honte. Jacques (11 mois de prison) pense qu’à la sortie on ne peut qu’avoir des relations sexuelles par la sodomie ou son simulacre. A sa sortie il était impuissant, il a eu des montées de haine, s’en est sorti grâce à une prostituée. Il propose qu’il puisse y avoir des visites conjugales dans les prisons.

  (suite…)

FRANCE CULTURE (03.07.2010) Emission « Concordance des temps »: Les bandits imberbes: délinquance juvénile et angoisse sociale

Avec Jean-Jacques Yvorel.

« Le plus grand danger social, c’est le bandit imberbe »

Archives sonores:

 gavroche1) Interview de Jean-Pierre Chevènement sur France Inter, 10 mars 1998.

2) Daniel Pouget, depuis le quai des Orfèvres sur le « Gang des culottes courtes », 11 janvier 1961.

3) Interview d’un juge d’enfants sur les raisons de la délinquance juvénile, par Clara Candiani, Paris vous parle, 27 aoüt 1960.

4) Patachou interprète en 1955 « le gamin de Paris » à l’Olympia, chanson de Mick Michel et Mares, Polygram.

5) Evocation de « Gavroche » à travers les siècles par Maurice Chevalier, 26 avril 1940, archives 78 tours de la discothèque de Radio France.

6) Chant d’apaches d’Aristide Bruant par Marc Ogeret, Vogue.

7) Les frères Jacques interprètent « La chasse à l’enfant », poème de Jacques Prévert, mis en musique par Joseph Kosma (enregistrement de 1957, Polygram).

8) Interview de Robert badinter, dans l’émission télevisée « Face à la trois », 4 octobre 1985.

http://psychocriminologie.free.fr/wp-content/uploads/audio/la_violence_des_mineurs_CONCORDANCE%20DES%20TEMPS%2003.07.2010.mp3