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Quels étaient les idées reçues sur le viol en 1976? Quels étaient les manifestation de la « culture du viol il y 45ans?

L’archive de l’INA , un microtrottoir sur la question du viol, livre des réponses qui sont pour certaines proprement ahurissantes…

 

PROJET DE RECOMMANDATION CONCERNANT L’ÉVALUATION, LA GESTION ET LA RÉINSERTION DES PERSONNES ACCUSÉES OU RECONNUES COUPABLES D’UNE INFRACTION SEXUELLE ET SON PROJET D’EXPOSÉ DES MOTIFS

La présente Recommandation a été élaborée sur la base des travaux du Conseil de l’Europe et d’autres organisations compétentes, dont l’Union européenne, l’Organisation des Nations Unies, la Confédération européenne de la probation (CEP), EuroPris, l’Association internationale pour le traitement des délinquants sexuels (IATSO), l’Organisation nationale pour le traitement des délinquants sexuels (NOTA), les Centres ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles (CRIAVS), l’antenne néerlandaise de l’Association pour le traitement des délinquants sexuels (NL-ATSA) et l’Association pour le traitement des délinquants sexuels (ATSA).

PRINCIPES FONDAMENTAUX

1. Il importe que les services pénitentiaires et de probation gèrent et s’efforcent d’assurer la réinsertion des personnes accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle en fonction du risque qu’elles représentent et conformément aux normes et principes qu’ils appliquent aux autres personnes dont ils ont la charge.

2. Des mesures concrètes devraient être prises pour répondre aux besoins particuliers des personnes accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle, notamment leur détention séparée pendant leur séjour en prison, si ceci est considéré comme nécessaire, et une gestion spéciale de leur cas pendant leur détention et sous probation.

3. La prévention de la délinquance sexuelle et la réponse qui lui est apportée sont plus efficaces dans un cadre interinstitutionnel, qui passe par des institutions partenaires et facilite le partage des informations, de l’expertise et des ressources, afin d’établir un projet commun de gestion des risques et de réinsertion sociale efficace.

4. Le comportement pénalement répréhensible doit être examiné dans sa globalité, en tenant compte des facteurs comportementaux, sociaux, psychologiques et sanitaires.

5. Les interventions et les traitements doivent être fondés sur des données probantes, être proportionnés et s’inscrire dans une méthode globale qui aide les individus à remédier à leurs comportements délictueux.

6. Le fait de faciliter la coopération des personnes accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle est essentiel dans tous les aspects d’une réinsertion efficace, notamment l’évaluation et la gestion des risques, ainsi que les traitements et les interventions.

7. Des projets individualisés d’exécution de la peine doivent être convenus au début de la peine, se poursuivre jusqu’au terme et devraient être régulièrement mis à jour. Lors de la rédaction et de la mise en œuvre du projet d’exécution de la peine, l’opinion et la collaboration de la personne concernée devraient être recherchées, dans la mesure du possible, afin de créer une vision commune de sa réinsertion sociale.

8. Les organismes qui gèrent les personnes accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle devraient collaborer, le cas échéant, avec les collectivités locales pour faciliter les méthodes de gestion des risques et la réinsertion sociale des individus.

9. Dans la mesure du possible, des dispositions doivent être prises pour éviter les interruptions de traitement ou d’interventions, particulièrement lors du passage d’une personne entre une prison et un service de probation.

10. La coopération internationale devrait être facilitée, le cas échéant, conformément aux règles de protection des données et aux accords internationaux, dans le but d’assurer la protection des citoyens et en même temps de garantir un niveau de protection approprié des données personnelles.

III. ÉVALUATION DES RISQUES ET DES BESOINS

11. L’évaluation des risques devrait avoir lieu le plus tôt possible dans le processus de justice pénale, en appliquant une procédure officielle définie et en utilisant des outils d’évaluation des risques validés, afin de permettre la définition éclairée des projets d’exécution de la peine, de gestion et ainsi que des rapports pré-sentenciels lorsque les tribunaux l’exigent.

12. Une évaluation des risques approfondie et régulièrement actualisée devrait être la condition préalable de toute prise de décision éclairée au sujet de la gestion, des interventions et du traitement des personnes accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle.

13. En cas de craintes de troubles psychiatriques, il convient d’effectuer une évaluation des risques en tenant compte des expertises, diagnostics et traitements psychiatriques éventuels.

14. Les professionnels de l’évaluation des risques doivent être impartiaux et objectifs dans leur évaluation.

IV. GESTION, INTERVENTIONS ET TRAITEMENT EN PRISON

15. L’évaluation des risques devrait être effectuée ou actualisée lors de l’admission en prison. Les détenus accusés ou reconnus coupables d’une infraction sexuelle devraient, si possible et si besoin, être placés dans un quartier d’évaluation et d’orientation distinct afin de faciliter ce processus.

16. Si l’évaluation des risques indique que les sanctions ou mesures appliquées en milieu ouvert peuvent favoriser la réadaptation et la réinsertion, il convient d’envisager, en conformité avec le droit national, la condamnation assortie de sursis ou la libération conditionnelle anticipée du détenu, qui peut s’accompagner d’un suivi et d’une obligation de se soumettre à des interventions ou de suivre un traitement.

17. Il importe que des mesures de protection soient mises à la disposition des personnes détenues accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle lorsque leur application s’avère nécessaire pour éviter qu’elles ne deviennent des victimes et pour accélérer leur motivation à changer.

18. Les personnes reconnues coupables d’une infraction sexuelle devraient, dans le cadre de leur projet d’exécution de la peine, avoir accès à des interventions et/ou à un traitement visant à remédier à leur comportement délictueux, dont l’engagement positif et la réussite devrait être prise en compte dans les décisions de libération anticipée. Dans la mesure du possible, les personnes accusées d’une infraction sexuelle peuvent également accepter de bénéficier de traitements et/ou interventions appropriés pendant leur détention.

V. GESTION, INTERVENTIONS ET TRAITEMENT EN PÉRIODE DE PROBATION

19. Tout projet d’exécution de la peine doit être adapté individuellement. Il importe que les projets d’exécution de la peine tiennent systématiquement compte des restrictions qui pourraient être imposées à la personne et des services disponibles localement et qu’ils privilégient la coopération interinstitutionnelle, afin de faciliter autant que possible le respect du projet par l’intéressé.

20. Le personnel de probation qui élabore un projet individualisé d’exécution de la peine est chargé d’assurer la mise en œuvre dans son domaine de compétence et a l’obligation de rendre des comptes. Le personnel de probation devrait rencontrer les personnes sous leur assistance et/ou supervision à intervalles réguliers, conformément à leur risque et à leurs besoins.

21. Les personnes sous suivi probatoire, reconnues coupables d’une infraction sexuelle devraient avoir accès à des interventions et/ou à un traitement visant à remédier à leur comportement délictueux et à répondre à leurs besoins.

22. La personne sous suivi probatoire doit être informée des exigences et obligations qui la concernent pendant sa période de probation, des restrictions auxquelles elle peut être soumise, ainsi que de leur éventuelle modification ultérieure.

23. A l’issue du suivi probatoire, le projet d’exécution de la peine devrait être réexaminé, si nécessaire, concernant toute restriction en cours ou même achevé, et les dossiers conservés ou détruits de manière appropriée, conformément au droit interne.

VI. COLLECTE DES DONNÉES, PARTAGE D’INFORMATIONS ET TRAVAIL EN PARTENARIAT

24. Seules les données pertinentes devraient être traitées au sujet d’une personne accusée ou reconnue coupable d’une infraction sexuelle et tout traitement de données doit être conforme aux règles internationales et nationales pertinentes en matière de protection des données.

25. Une attention particulière devrait être accordée à la réglementation rigoureuse du traitement et du partage des données dans le cadre des enquêtes et des procédures pénales, y compris des règles spécifiques concernant la responsabilité des organisations y participant.

26. Des lignes directrices internes et un système de sanctions efficaces devrait être mis en place pour lutter contre la manipulation négligente ou l’utilisation abusive intentionnelle de ces données.

27. Les procédures de conservation et de destruction des données doivent être rigoureusement réglementées et périodiquement révisées.

28. Dans les pays où il existe des registres ou des systèmes de signalement public des personnes reconnues coupables d’une infraction sexuelle, l’intéressé devrait être informé intégralement de cette politique. Lorsque des informations ont été divulguées à son sujet à autrui, l’intéressé et les institutions concernées doivent en être informés.

29. Il convient de conclure des accords bilatéraux et multilatéraux d’échange d’informations à des fins de protection du public, conformément à la réglementation nationale et internationale en vigueur en matière de protection des données.

VII. VICTIMES ET SOUTIEN DE LA COLLECTIVITÉ

30. Le droit des victimes de recevoir des informations concernant la libération des personnes reconnues coupables d’une infraction sexuelle devrait être établi et clarifié par le droit national.

31. Le cas échéant, les services pénitentiaires et les services de probation devraient se concerter avec d’autres organismes de justice pénale ainsi qu’avec les services d’aide aux victimes et d’autres organismes, selon le cas, pour veiller à ce que les besoins des victimes soient satisfaits et pour éviter que la victimisation ne se poursuive.

32. Les interventions visant le soutien et la mobilisation de la collectivité peuvent être utilisées au besoin, mais elles doivent être approuvées par l’organisme de probation et ne remplacent pas la supervision de la probation elle-même.

33. La participation aux interventions de justice restaurative, si appropriée, devrait être facilitée en fournissant des renseignements sur la nature, la pertinence et l’accès à ces interventions.

VIII. SÉLECTION ET FORMATION DU PERSONNEL

34. Les critères de recrutement et de sélection du personnel travaillant avec des personnes accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle devraient tenir compte des capacités personnelles et des qualifications professionnelles des candidats, afin de garantir la compétence de prise en charge de telles personnes.

35. Le personnel pénitentiaire et de probation devraient être formé afin de faciliter la réadaptation et la réinsertion sociale des personnes accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle, grâce à un programme d’activités de traitement et/ou d’intervention basé sur des données probantes, des échanges professionnels et une assistance.

36. Les programmes de traitement et d’intervention mis en œuvre par le personnel pénitentiaire et de
probation spécialement formé devraient être étroitement encadrés par des professionnels qualifiés.

37. Le personnel devrait recevoir une formation appropriée et continue pour s’assurer qu’il est à jour et capable de remplir sa mission à un niveau de qualité élevé.

38. Un soutien continu et une assistance permanente devraient être fournis au personnel qui exerce ses activités auprès de personnes accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle, car il peut souffrir de traumatismes indirects et de symptômes aggravés par le stress et faire l’objet d’une stigmatisation.

IX. STRATÉGIE DE COMMUNICATION ET DE RELATIONS AVEC LES MÉDIAS

39. Les politiques et pratiques liées à l’évaluation, à la gestion et à la réinsertion des personnes accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle devraient être rendues publiques et accessibles.

40. Les services pénitentiaires et les services de probation devraient disposer d’une stratégie de communication claire et désigner un membre du personnel comme porte-parole du service.

41. Aucun membre du personnel ne devrait s’entretenir avec les médias au sujet de l’évaluation, du traitement ou de la gestion d’une personne accusée ou reconnue coupable d’une infraction sexuelle sans autorisation du supérieur hiérarchique.

42. Tous les communiqués de presse à fort impact médiatique doivent faire l’objet d’une stratégie d’information médiatique claire et bien définie, élaborée au préalable et conforme aux règles de protection des données.

X. RECHERCHE, ÉVALUATION ET DÉVELOPPEMENT

43. Il importe que la recherche et l’évaluation relatives à la détermination de la peine et à la gestion des personnes accusées ou reconnues coupables d’une infraction sexuelle, ainsi qu’aux traitements et/ou interventions, soient soutenues et financées en vue d’évaluer régulièrement les bonnes pratiques établies.

44. La collecte de données statistiques et la réalisation d’études et d’évaluations devraient être effectuées par les services pénitentiaires et de probation, mais lorsque cela s’avère possible et approprié, cette démarche devrait se faire en partenariat avec des chercheurs externes, y compris des institutions académiques et d’autres organes qui possèdent une expertise et une expérience dans le domaine de ces recherches.

Projet de recommandation européenne AICS Février 2021

Kurt BUMBY accusé de viol sur mineur

janvier 30th, 2021 | Publié par crisostome dans AICS - (0 Commentaire)

D’après l’article du Columbia Missourian daté du 19 décembre 2019 (lien fourni), Kurt Bumby, psychologue spécialisé dans le traitement des délinquants sexuels à Columbia (Missouri), a été inculpé pour sodomie au premier degré et attouchements sexuels sur une victime majeure. Ces accusations remontent à un incident survenu en 2018, selon les documents judiciaires.

État des suites judiciaires  :

Procédure pénale :

  • Les charges retenues (sodomie au premier degré, un crime de classe B au Missouri passible de 5 à 15 ans de prison) suggéraient une affaire grave. Cependant, aucune information publique récente (procès, condamnation ou classement de l’affaire) n’est disponible en ligne.

Cette affaire soulève des questions sur la cohérence entre l’expertise professionnelle et les comportements personnels. Si les charges étaient confirmées, cela illustrerait un cas rare mais grave de « expert-délinquant« , un phénomène étudié en criminologie.

Pour en savoir plus sur ses travaux:

Evaluation des distorsions cognitives des abuseurs sexuels d’enfants: la Molest Scale de Bumby (1996)

The Coping Using Sex Inventory (CUSI; Cortoni & Marshall, 2001)

Le Coping Using Sex Inventory (CUSI ; Cortoni & Marshall, 2001) a été utilisé pour évaluer l’autorégulation par le sexe. Le CUSI évalue l’utilisation du sexe comme stratégie d’adaptation pour faire face aux états négatifs associés aux situations stressantes.  L’échelle comprend 16 items relatifs à des activités sexuelles consenties et non consenties avec des adultes et des enfants. Les items décrivent quatre types d’activités sexuelles : les fantasmes, la masturbation, l’utilisation de la pornographie et le comportement sexuel réel avec un partenaire. Les répondants indiquent, sur une échelle de 5 points, la fréquence à laquelle ils se livrent à ces activités sexuelles lorsqu’ils se trouvent dans des situations stressantes ou difficiles.  Le CUSI est une échelle multidimensionnelle qui contient trois facteurs liés aux activités sexuelles consensuelles (CUSI consentement), aux comportements de viol (CUSI viol) et aux abus sexuels sur des enfants (CUSI enfant). La cohérence interne de l’échelle globale est de 0,88, et il a été constaté qu’elle permettait de distinguer les délinquants sexuels des délinquants non sexuels (Cortoni & Marshall, 2001).

CUSI utilisation du sexe comme strategie adaptation

source: Les-cognitions-soutenant-la-cyberdelinquance-sexuelle-commise-envers-les-enfants-leur-nature-leur-mesure-et-leur-role.pdf

FRANCE CULTURE, Emission de bien commun d’Antoine Garapon (03/12/2008) Rétention de sûreté côté psy : le cas des délinquants sexuels

La décision d’une rétention de sûreté repose en grande partie sur le critère de « dangerosité » qui dépend lui-même d’une évaluation du risque de récidive que présente un condamné. Un tel pronostic, nécessairement aléatoire, requiert l’expertise des psychiatres dont le rôle est alors essentiel et la responsabilité engagée.

INTERVENANTS
  • médecin psychiatre, expert auprès des tribunaux
  • Psychiatre des hôpitaux français, spécialiste de psychopathologie et de psychiatrie légale, chef de service et expert auprès de la cour d’appel de Paris

http://psychocriminologie.free.fr/wp-content/uploads/audio/retention_surete_LE_BIEN_COMMUN_03.12.2008.mp3

Échelle d’empathie pour les victimes de viol (RVES) et échelle d’empathie pour les auteurs de viol (RPES)

“Examining Rape Empathy from the Perspective of the Victim and the Assailant” by C. A. Smith and I. H. Frieze, 2003, Journal of Applied Social Psychology, 33

Ces dernières années, les chercheurs ont commencé à examiner les facteurs qui influencent l’empathie pour les auteurs et les victimes de viol (Feldman, Ullman, & Denkel-Schetter, 1998 ; Jimenez & Abreu, 2003 ; Osman, 2011). L’empathie à l’égard du viol est définie comme la capacité de comprendre la victime et/ou l’auteur d’un viol en réfléchissant sur son expérience, ses émotions et ses actions au moment du viol (Deitz, Blackwell, Daley, & Bentley, 1982 ; Osman, 2011 ; Smith & Frieze, 2003). Une étude a révélé que les participants qui partageaient des caractéristiques similaires avec une victime de viol décrite dans un article de journal, comme le fait qu’ils étaient tous les deux étudiants, avaient plus d’empathie envers la victime que ceux qui n’avaient pas de caractéristiques communes (Feldman et al., 1998). De même, les participants ayant des antécédents de victimisation sexuelle étaient plus empathiques envers la victime de viol que l’agresseur (Miller, Amacker et King, 2011 ; Osman, 2011). Il est intéressant de noter que les participants de sexe masculin ayant des antécédents de victimisation sexuelle n’ont montré aucune différence dans les niveaux d’empathie envers les victimes de sexe masculin ou féminin (Osman, 2011). En ce qui concerne l’empathie des agresseurs, les hommes ont tendance à être beaucoup plus empathiques envers les agresseurs de viol qu’envers les victimes de viol (Osman, 2011 ; Sinclair et Bourne, 1998). La plupart des études analysant l’empathie à l’égard du viol ont utilisé l’échelle Rape Empathy Scale (Deitz et 1982 ; Deitz, Littman et Bentley, 1984 ; Jimenez et Abreu, 2003 ; O’Donohue, Yeater, et Fanetti, 2003). Des études utilisant cette échelle ont révélé que les participantes ont plus d’empathie envers les victimes de viol que les hommes (Jimenez et Abreu, 2003 ; Sinclair et Bourne, 1998). En outre, les participants qui ont peu d’empathie pour les victimes de viol considèrent les victimes de viol peu attrayantes comme étant plus responsables du viol et sont plus susceptibles de les blâmer que les victimes attrayantes (Deitz, et al., 1984). Bien que l’échelle d’empathie à l’égard du viol ait fourni des données utiles, les critiques ont souligné qu’un problème majeur de cette échelle est qu’elle est unilatérale et qu’elle exige donc de ne s’identifier qu’à la victime ou à l’auteur (Osman, 2011 ; Smith et Frieze, 2003). Un autre problème est que certains éléments de l’échelle décrivent des mythes sur le viol, tels que  » je pense qu’il est (impossible) possible pour un homme de violer une femme contre sa volonté  » (Smith & Frieze, 2003, p. 477). Comme les mythes sur le viol reflètent les préjugés des participants, il est possible que ces éléments de l’échelle ne mesurent pas réellement l’empathie et pourraient donc fausser les résultats de l’échelle. Afin de résoudre ces problèmes, Smith et Frieze (2003) ont créé l’échelle d’empathie pour les victimes de viol et l’échelle d’empathie pour les auteurs de viol. Ces échelles permettent aux participants de juger de l’empathie envers la victime et l’agresseur indépendamment l’un de l’autre. Ainsi, les participants peuvent exprimer de l’empathie envers la victime, l’agresseur ou les deux. Les résultats obtenus à l’aide de cette échelle ont donné des résultats similaires à ceux d’autres études sur l’empathie à l’égard du viol, les hommes faisant preuve d’une plus grande empathie envers l’agresseur et les femmes d’une plus grande empathie envers la victime (Osman, 2011 ; Smith et Frieze, 2003).

L’empathie de la victime de viol et l’empathie de l’auteur du viol ne sont pas corrélées, donc mesurées avec des échelles différentes : la Rape Victim Empathy Scale (RVES) & la Rape Perpetrator Empathy Scale (RPES).

Ces échelles ont été développées par Smith & Frieze en 2003 pour comprendre la nature empathique de l’observateur envers la victime de viol et l’auteur du viol respectivement.

RVES: Il s’agit d’un total de 18 items cotés sur l’échelle de Linkert à 7 points allant de  » fortement en désaccord  » à  » fortement en accord « [Fig 2.4]. Certains items utilisés ont été tirés de RES (Rape Empathy Scale, Dietz et al.,1982) . Il mesure l’empathie pendant (la sous-échelle) et après (la sous-échelle) le viol, de sorte que des scores d’empathie élevés signifient une grande empathie pour la victime. L’échelle est conçue de manière à être neutre sur le plan du genre, de sorte que nous puissions mesurer l’empathie des hommes et des femmes victimes et auteurs de violence.

RPES: Elle reflète les aspects émotionnels et cognitifs concernant l’auteur du viol pour mesurer l’empathie pendant (la sous-échelle) et après (la sous-échelle) le viol. Il se compose de 18 éléments cotés sur l’échelle de Likert en 7 points allant de  » fortement en désaccord  » à  » fortement d’accord « . Chaque élément utilisé ici est parallèle aux éléments utilisés dans l’échelle d’empathie des victimes de viol et est également neutre du point de vue du genre. Ici, une empathie plus faible signifie la nature empathique envers l’agresseur ou nous pouvons également inverser l’échelle où un score plus élevé se rapporte à une plus grande empathie envers l’agresseur.

(source : Mary Dorene Bell (2013) thèse de psychologie, « PERCEPTIONS OF AN ACQUANTANCE RAPE: THE RAMIFICATIONS OF VICTIM’S WEIGHT, SEXUAL HISTORY AND CLOTHING « , Department of Psychology California State University, Sacramento)

Échelle d’empathie pour les victimes de viol (RVES)

1

Je trouve facile de prendre le point de vue d’une victime de viol.

1 2 3 4 5 6 7

2

Je peux imaginer ce que ressent une victime pendant un viol.

1 2 3 4 5 6 7

3

Je m’implique vraiment dans les sentiments d’une victime de viol dans un film.

1 2 3 4 5 6 7

4

Je peux comprendre à quel point une victime de viol peut se sentir impuissante.

1 2 3 4 5 6 7

5

Je peux sentir l’humiliation d’une personne d’être forcée d’avoir des rapports sexuels contre sa volonté.

1 2 3 4 5 6 7

6

Entendre parler de quelqu’un qui a été violé me fait sentir combien cette personne est bouleversée.

1 2 3 4 5 6 7

7

Il n’est pas difficile de comprendre les sentiments d’une personne qui est forcée d’avoir des relations sexuelles.

1 2 3 4 5 6 7

8

Je peux comprendre la honte et l’humiliation qu’une victime de viol ressent lors d’un procès pour prouver son viol.

1 2 3 4 5 6 7

9

Je sais que si je parlais à quelqu’un qui a été violé, je serais bouversé.

1 2 3 4 5 6 7

10

J’imagine le traumatisme émotionnel qu’une victime de viol pourrait ressentir si le procès du viol était rendu public dans la presse.

1 2 3 4 5 6 7

11

J’imagine le courage qu’il faut pour accuser une personne de viol devant un tribunal.

1 2 3 4 5 6 7

12

Je peux comprendre pourquoi une victime de viol se sent mal pendant longtemps.

1 2 3 4 5 6 7

13

J’imagine la colère qu’une personne ressent après avoir été violée.

1 2 3 4 5 6 7

14

J’ai du mal à savoir ce qui se passe dans la tête d’une victime de viol.

1 2 3 4 5 6 7

15

Je ne comprends pas comment une personne violée peut être bouleversée.

1 2 3 4 5 6 7

16

Je ne comprends pas comment quelqu’un qui a été violé peut blâmer son partenaire et ne pas prendre une partie de la responsabilité.

1 2 3 4 5 6 7

17

Je peux voir comment quelqu’un qui a été violé serait bouleversé lors de son procès pour viol

1 2 3 4 5 6 7

18

Je peux sentir le tourment émotionnel qu’une victime de viol subit lorsqu’elle a affaire avec la police.

1 2 3 4 5 6 7

Échelle d’empathie pour les auteurs de viol (RPEM)

1

Je trouve facile de prendre le point de vue d’une personne qui viole.

1 2 3 4 5 6 7

2

Je peux imaginer ce que peut ressentir une personne qui viole lors d’un viol réel.

1 2 3 4 5 6 7

3

Je m’implique vraiment dans les sentiments d’un violeur dans un film.

1 2 3 4 5 6 7

4

Je peux comprendre à quel point un violeur peut se sentir puissant.

1 2 3 4 5 6 7

5

En entendant parler d’un viol, je peux imaginer les sentiments du violeur.

1 2 3 4 5 6 7

6

Il n’est pas difficile de comprendre les sentiments qui poussent quelqu’un à forcer une autre personne à avoir des rapports sexuels.

1 2 3 4 5 6 7

7

Je sais que si je parlais à quelqu’un accusé de viol, je serais en colère contre lui

1 2 3 4 5 6 7

8

Je ressens l’humiliation d’être accusé d’avoir forcé quelqu’un à avoir des rapports sexuels.

1 2 3 4 5 6 7

9

Je peux comprendre la honte et l’humiliation qu’un violeur accusé ressent lors d’un procès pour viol.

1 2 3 4 5 6 7

10

J’imagine la colère qu’une personne éprouverait en étant accusée.

1 2 3 4 5 6 7

11

Je ressens le traumatisme émotionnel qu’une personne accusée de viol pourrait ressentir si le procès pour viol était rendu public dans la presse.

1 2 3 4 5 6 7

12

J’imagine le courage qu’il faut pour se défendre devant un tribunal contre l’accusation de viol.

1 2 3 4 5 6 7

13

Je peux comprendre les sentiments d’un violeur après un viol.

1 2 3 4 5 6 7

14

J’ai du mal à savoir ce qui se passe dans la tête d’un violeur.

1 2 3 4 5 6 7

15

Je ne vois pas comment une personne accusée de viol pourrait être bouleversée.

1 2 3 4 5 6 7

16

Je ne comprends pas comment quelqu’un accusé de viol peut blâmer sa victime.

1 2 3 4 5 6 7

17

Je peux voir comment une personne accusée de viol serait bouleversée lors de son procès pour viol.

1 2 3 4 5 6 7

18

Je peux sentir le tourment émotionnel qu’une personne accusée de viol subit lorsqu’elle a affaire avec la police.

1 2 3 4 5 6 7

Échelle d’empathie pour les victimes de viol (RVES)

Thomas Legrand profite de cette semaine de Grenelle contre les violences faites aux femmes pour faire entendre un son provenant des archives de l’INA. Cela vient d’un reportage télévisé par France 3 Nancy, réalisé en 1975. On y voit des hommes évoquer la question des viols.

Journaliste : Est-ce que vous avez déjà eu envie de violer une femme ?
– Oui, d’une certaine façon

Journaliste : Vous avez déjà violé une femme ?
– Non, je serais incapable de le faire
– Parce que cela ne m’est pas venu à l’idée
– Sa femme, c’est marrant…
– La violer, non pas la violer, avoir des pensées, de faire des choses

Journaliste : Qui sont les violeurs d’après vous ?
– Je ne pense pas que quelqu’un d’équilibré pense à violer une femme
– Des types en manque

Journaliste : Vous avez déjà violé des femmes ?
– Oui

Oui, dit-il à la caméra. On entend beaucoup aujourd’hui les jérémiades des déclinistes et des tenants du « c’était mieux avant » ou du « on ne peut plus rien dire ». Mais écoutons ce que l’on pouvait dire au temps béni des années 1970 :

Journaliste : Qui sont les femmes qui se font violer ?
– Celles qui sont imprudentes, les aguicheuses…
– Ça dépend de leurs tenues je crois, vestimentaires
– Les pauvres filles qui se sont laissées avoir
– Une femme majeure, elle ne peut pas être violée vu qu’elle a été mariée ou elle est avec un homme déjà

Journaliste : Est-ce que les femmes qui sont violées l’ont provoqué d’après vous ?
– Je ne pense pas
Journaliste : Mais vous disiez qu’elles sont consentantes ?
– Mais à un moment donné, elles sont consentantes
– Il faut qu’une femme soit consentante pour être violée
– On ne doit pas pouvoir les violer
Journaliste : On ne doit pas pouvoir les violer ?
– Je pourrais vous dire la technique pour les violer, on n’a qu’à les renverser
– C’est difficile de violer une femme quand elle veut pas
– Ce sont des femmes qui en ont envie de toute façon

Journaliste : Quand une femme dit qu’elle s’est fait violer, est-ce que vous la croyez ?
– Pas toujours, il y a toujours quelqu’un qui est consentant
– Pas vraiment toujours mais la réaction qui consiste à douter systématiquement n’est pas fondée non plus car le vrai viol existe
– Le viol à proprement parler, ça n’existe pas
– On dit qu’une femme s’est trouvée seule et par conséquent elle l’a cherché, comme s’il n’était pas naturel qu’une femme puisse se retrouver seule quelque part et qu’automatiquement comme ça, elle soit obligée de risquer un viol, non ?

Journaliste : Est-ce que toutes les femmes ont envie de se faire violer ?
– Je pense oui, sincèrement oui.

si le lien est brisé:

http://psychocriminologie.free.fr/wp-content/uploads/audio/FI2019-cultureduviol.mp3

Voir aussi: culture_du_viol