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The Wiley Handbook of What Works with Sexual Offenders, Contemporary Perspectives in Theory, Assessment, Treatment, and Prevention, Edited by Jean Proulx, Franca Cortoni, Leam A. Craig, and Elizabeth J. Letourneau

Afin d’identifier les outils psychométriques qui sont à la fois couramment et convenablement utilisés avec cette population, il est important d’identifier tout d’abord les facteurs de risque dynamiques critiques associés à la délinquance sexuelle. Ces facteurs de risque sont souvent regroupés en quatre « domaines » de besoins : intérêts sexuels, attitudes favorables à l’infraction, un fonctionnement interpersonnel médiocre et une mauvaise gestion de soi (voir Hanson & Harris, 2001 ; Mann et al., 2010 ; Mann & Fernandez, 2006 ; Thornton, 2002a). Le tableau ci dessous  présente les données les plus récentes concernant les facteurs qui sont associés à la récidive sexuelle, sur la base de l’examen de Mann et al. (2010) sur la validité prédictive des facteurs de risque dynamiques psychologiquement significatifs. Les facteurs sont classés par «domaine» de risque, et le tableau ne comprend que les facteurs qui ont été soutenus empiriquement ou  pour lesquels il existe un certain soutien (voir Mann et al.
et al., 2010 pour un examen complet des facteurs de risque dynamiques). Les facteurs qui ne sont pas liés à la récidive sexuels comprennent la dépression, les faibles compétences sociales, le manque d’empathie à l’égard de la victime et le manque de motivation (Mann et al., 2010).
La section suivante présente quelques-unes des mesures les plus connues. Veuillez noter que cette liste n’est pas exhaustive, mais elle identifie certaines des mesures psychométriques les plus fréquemment utilisées dans la littérature. Grady, Broderson et Abramson (2011), et Faniff et Becker (2006) fournissent également de bons résumés de mesures valides et fiables à utiliser avec des hommes adultes et des adolescents (respectivement) ayant des condamnations sexuelles, et plus récemment Schlank, Matheny, et Schilling (2016) donnent un aperçu des divers outils d’évaluation utilisés avec cette population.

Facteurs de risque de récidive sexuelle empiriquement soutenus ou prometteurs, par domaine de risque

Domaine Facteur de risque définition Empiriquement soutenu Prometteur sur le plan empirique
Intérêts sexuels

 

Intérêts sexuels déviants

X

Préoccupation sexuelle Intérêt intense pour le sexe qui domine le fonctionnement psychologique

X

Préférence sexuelle pour les enfants Intérêt intense pour l’activité sexuelle avec des enfants

X

Violence sexualisée Excitation sexuelle à l’idée d’avoir des rapports sexuels forcés ou d’infliger des violences, de la douleur, de la terreur, de l’humiliation ou exercer un contrôle abusif sur une autre personne

X

Paraphilies multiples Autres intérêts sexuels qui sont liés à l’infraction

X

Modes de pensée qui soutiennent l’infraction Attitudes sexuelles adverses Attitudes ou croyances qui soutiennent l’abus sexuel ou qui justifient/excusent le comportement

X

Croyances hostiles à l’égard des femmes Croire que les femmes sont trompeuses et malveillantes dans leurs interactions avec les hommes

X

Machiavélisme Considérer les autres comme des faibles et profiter d’eux

X

Croyances supportant les abus sur les enfants Attitudes qui soutiennent l’abus sexuel d’enfants

X

Fonctionnement interpersonnel pauvre Congruence Émotionnelle avec les enfants Se sentir plus à l’aise avec les enfants qu’avec les adultes

X

Manque de relations intimes avec les adultes Absence relative de relations Intimes, émotionnelles et sexuelles entre adultes

X

Inadéquation Faible estime de soi et sentiment de solitude

X

Grief/hostilité Être en colère et se méfier des autres

X

Manque d’intérêt pour les autres Insensibilité ou tendance à s’engager dans des relations instrumentales plutôt que des relations affectueuses et chaleureuses

X

Gestion de soi

 (Self‐

Management)

Impulsivité Mode de vie dominé par des décisions impulsives, irresponsables, motivées par le besoin de stimulation et n’est pas organisé par des objectifs réalistes à long terme.

X

Problèmes d’autorégulation Incapacité à contrôler ses émotions ou ses débordements

X

Faible capacité de résolution de problèmes Incapacité à déployer des compétences cognitives pour

résoudre les problèmes de la vie

X

Dysfonctionnement des capacités d’adaptation et d’ajustement (coping) Utilisation de stratégies d’adaptation inadaptées

pour faire face aux problèmes

 

X

 

Nature des infractions sexuelles

juillet 19th, 2024 | Publié par crisostome dans AICS - (0 Commentaire)

The Wiley Handbook of What Works with Sexual Offenders, Contemporary Perspectives in Theory, Assessment, Treatment, and Prevention, Edited by Jean Proulx, Franca Cortoni, Leam A. Craig, and Elizabeth J. Letourneau

Des Infractions sexuelles polymorphes…

Lussier and Mathesius (2018)« Qu’est-ce qui pousse certains hommes à agresser sexuellement une femme ? Malheureusement, il n’y a pas de consensus sur les processus développementaux qui sous-tendent ce comportement (Lussier, 2018a). Cela peut s’expliquer en partie par l’approche dominante de l’analyse de la délinquance sexuelle, c’est-à-dire la psychologie correctionnelle, qui se concentre sur la gestion du risque de récidive sexuelle des délinquants sexuels condamnés. En conséquence, bien qu’il existe des outils efficaces pour l’évaluation de ce risque, l’identification des caractéristiques du parcours de vie d’un délinquant sexuel qui augmentent sa probabilité de commettre un crime sexuel reste difficile à cerner. De nombreuses études sur la délinquance sexuelle se sont concentrées sur l’identification des caractéristiques propres aux délinquants sexuels, et ont tenté de répondre à des questions telles que : Ces personnes sont-elles différentes de ceux qui n’ont jamais commis d’infractions sexuelles ? Les auteurs d’infractions sexuelles – en particulier les agresseurs sexuels de femmes – sont-ils tous identiques ? Et les délinquants sexuels sont-ils les mêmes que les autres délinquants? »

Marshall et ses collègues (Fernandez & Marshall, 2003 ; Marshall & Moulden, 2001) ont mené plusieurs études comparatives pour évaluer les déficits d’empathie chez les agresseurs sexuels contre les femmes. Ils ont rapporté que:
1. Les agresseurs sexuels de femmes ressentent plus d’empathie pour les femmes en général que les agresseurs non sexuels.
2. Les agresseurs sexuels de femmes ressentent une empathie similaire (Fernandez & Marshall, 2003) ou moindre (Marshall & Moulden, 2001) pour les femmes qui ont été victimes d’une agression sexuelle de la part d’un autre homme que les agresseurs non sexuels, et moins d’empathie que les non-criminels (Marshall & Moulden, 2001).
3. Les agresseurs sexuels de femmes ressentent moins d’empathie pour leur victime que pour les autres femmes.
4. Les agresseurs sexuels de femmes ressentent moins d’empathie pour leur victime que les délinquants non sexuels.
5. Les agresseurs sexuels de femmes ressentent plus d’hostilité à l’égard des femmes que les délinquants non sexuels et les non-criminels.

Ces résultats suggèrent que : (a) l‘hostilité envers les femmes peut être associée à l’agression sexuelle (l’hostilité envers les femmes est également un facteur de risque de récdive sexuelle ; voir Hanson, Harris, Scott, & Helmus, 2007), et

(b) le déficit d’empathie des agresseurs sexuels envers les femmes est contextuel et spécifique (p. ex. contexte et spécifique (par exemple, déclenché par la colère contre une femme), et non structurel et généralisé. Cependant, les déficits d’empathie peuvent être structurels et généralisés chez les agresseurs sexuels de femmes qui ont un score élevé de psychopathie (Knight & Guay, 2018 ; Yang, Raine, Narr, Colletti, & Toga, 2009).

Travail de mémoire de Ann-Pierre Raiche (2020, CA) Construction et validation d’une échelle de mesure de la coercition sexuelle   en utilisant les items du Multidimensional Inventory of Development, Sex, and Agression (MIDSA).

Le MIDSA (Knight et al, 2007) propose 20 items mesurant 5 types de tactiques de coercition sexuelle : la manipulation, l’intoxication volontaire, l’action de prendre avantage d’une personne intoxiquée, la menace de l’utilisation de la force physique ainsi que l’utilisation de la force physique.

Resultat de l’étud: Les résultats indiquent que l’échelle de coercition sexuelle à 5 items possède les meilleures propriétés psychométriques. La cohérence interne de l’échelle est bonne.

Le MIDSA a été developpé pour d’identifier des domaines cibles pouvant supporter les interventions thérapeutiques auprès d’individus, adultes ou juvéniles, qui ont été sexuellement coercitifs (MIDSA, 2007, 2011). Cet outil de mesure ne propose pas de définition de la coercition sexuelle. Le MIDSA comporte un total de 55 échelles et sous-échelles portant sur 14 domaines et cumulant plus de 4000 items. Les différentes versions de l’inventaire ont été administrées à plus de 4500 individus, incluant différentes populations telles que des adolescents et adultes judiciarisés ou non (Knight et Cerce, 1999; Knight, Prentky et Cerce, 1994; MIDSA, 2011). En général, les échelles du MIDSA/MASA présentent de bonnes consistances internes, soit supérieures à 0,70 dans 94% des cas et supérieures à 0,80 dans 80% des cas (Knight et Cerce, 1999; Knight, Prentky et Cerce, 1994; MIDSA, 2011).

Version très courte du MIDSA-SCS

Pour chaque tactique, en cochant, le participant doit indiquer à quelle fréquence, de 0 (jamais), 1 (1 fois), 2 (2 à 10 fois), 3 (11 à 50 fois) à 4 (plus de 50 fois), il a utilisé cette tactique au cours de sa vie afin d’obtenir une relation sexuelle complète.

Manipulation

1. Avoir manipulé ou eu recours au chantage afin que l’autre personne se plie aux actes suivants malgré son absence de consentement – relation sexuelle complète

0 1 2 3 4
Intoxication (profiter d’un partenaire intoxiqué)

2. Avoir commis les actes suivants avec une personne intoxiquée incapable de donner son consentement – relation sexuelle complète

0 1 2 3 4
Intoxication (Intoxiquer intentionnellement un partenaire)

3. Avoir volontairement donné de l’alcool ou de la drogue à une personne afin qu’elle soit incapable de donner son consentement pour les actes suivants_ relation sexuelle complète

0 1 2 3 4
Menace de la force physique

4. Avoir menacé de faire usage de force physique contre une personne afin d’obtenir les actes sexuels suivants – relation sexuelle complète

0 1 2 3 4
Usage de la force physique

5. Avoir utilisé la force physique contre une personne afin d’obtenir les actes sexuels suivants – relation sexuelle complète

0 1 2 3 4

 

evaluation coercition sexuelle MIDSA-SCS

Typologies d’agresseurs sexuels

Pédophiles (child molesters):

  • Typologie de Groth and Birnbaum (1978, agresseurs d’enfants fixés ou régressés) ( Groth, A. N., & Birnbaum, H. J. (1978). Adult sexual orientation and attraction to underage
    persons. Archives of Sexual Behavior, 7(3), 175–181)

    • La typologie de Groth & Birnbaum divise les agresseurs d’enfants en deux types, les régressés (regressed) et les fixés (fixated).
    • Les délinquants régressés étaient à un moment donné sexuellement actifs avec des partenaires adultes de sexe opposé. Des facteurs de stress situationnels tels que le chômage, l’incapacité physique ou la perte de confiance sexuelle ont conduit à un transfert des besoins sexuels vers des partenaires moins menaçants (les enfants).
    • Le pédophile fixe est une personne qui a été attirée par les enfants tout au long de sa vie.

 

  • Classification de  Knight and Prentky (1986, axe I et axe II) (Knight, R. A., & Prentky, R. A. (1990). Classifying sexual offenders: The development and corroboration of taxonomic models. In W. L. Marshall, D. R. Laws, and H. E. Barbaree (Eds.), Applied clinical psychology. Handbook of sexual assault: Issues, theories, and treatment of the offende (pp. 23–52). Plenum Press.)
    • 2 axes de classification: le degré de fixation (Axe 1) et la fréquence de contacts avec les enfants (Axe Il).
    • « Le premier axe permet d’évaluer le niveau de fixation du pédophile, autrement dit, l’importance des pensées et de l’attention portée aux enfants. Un pédophile démontre une forte fixation s’il présente au moins un de ces trois critères:
      1) au moins trois contacts sexuels avec un enfant dans un délai de six mois; 2) la présence de relations continues avec des enfants (excluant les contacts parentaux) et; 3) plusieurs contacts sexuels avec des enfants au cours de sa vie. Le pédophile âgé de plus de 20 ans et ayant agi tous ses contacts sexuels avec des enfants à l’intérieur d’une période de six mois a quant à lui une faible fixation.
    • Suite à l’évaluation du degré de fixation, le niveau de compétences sociales du pédophile doit être qualifié. Les compétences sociales sont dites élevées lorsque le pédophile présente deux critères parmi ceux-ci : 1) l’occupation d’un emploi pendant au moins trois ans; 2) la poursuite d’ une relation intime pendant au moins un an; 3) la prise de ses responsabilités parentales pendant au moins trois ans; 4) la participation active dans un groupe social avec d’autres adultes et; 5) la durabilité d’une relation amicale adulte sur une période minimale d’un an. Si moins de deux critères sont présents chez un pédophile, ses compétences sociales sont considérées comme faibles.
    • L’axe Il de cette classification permet de distinguer les pédophiles selon la quantité de temps qu’ils passent avec les enfants et se base tant sur les situations sexuelles que non sexuelles (emploi, bénévolat, loisirs). Une grande quantité de contacts est présente chez le pédophile qui a eu au moins trois contacts sexuels avec le même enfant ou qui s’ implique dans plusieurs situations qui requièrent des contacts avec des enfants. Avec une telle fréquence de contacts, des relations de nature pseudo-affectives peuvent s’installer entre le pédoph i le et l’enfant. L’enfant est ainsi un objet d’affection et une source de bien-être personnel. Chez d’autres pédophiles, les contacts fréquents ont plutôt une signification narcissique. L’enfant permet de satisfaire les besoins égocentriques de son agresseur par des contacts sexuels génitalisés et orgasmiques.
      Lorsqu’à l’axe Il la fréquence des contacts avec les enfants est faible, c’est l’évaluation du niveau de violence et de sadisme qui permet de distinguer d’autres types de pédophiles. Le niveau de violence est faible lorsque l’enfant ne subi aucune blessure physique, même s’il a été menacé et forcé. Sans violence importante, le pédophile non sadique cherche avant tout à séduire et à persuader sa victime. Toutefois en présence de sadisme, le pédophile se complaît à menacer sa victime et à lui faire peur. En présence d’un haut niveau de violence, l’enfant est faiblement investi et subi des blessures physiques. Le pédophile non sadique très violent exprime la rage qu’il ressent en brutalisant sa victime, sans qu ‘elle soit nécessairement le motif de cette rage. Les blessures infligées le seront par accident ou en raison de la panique ressentie avant ou pendant l’agression. Quant au pédophile sadique grandement violent, il érotise l’agression et met en place des comportements ritualisés ou bizarres ».  (JOLY ANE PLANTE-BEAULIEU (2010) PROFILS NEUROPSYCHOLOGIQUES DES PÉDOPHILES )

 

  • Typologie du FBI (délinquants situationnels vs délinquants préférentiels) Wiklund (1995) explique que le FBI divise les agresseurs d’enfants en agresseurs situationnels et agresseurs préférentiels (preferential offenders):
    • L’agresseur situationnel n’est pas principalement attiré par les enfants à des fins de gratification sexuelle. Les agresseurs situationnels ont des partenaires sexuels adultes mais recherchent des enfants pour des activités sexuelles pour diverses raisons. Quatre schémas sont répertoriés :
      • Refoulé. Ce type d’agresseur a une faible estime de soi et de mauvaises stratégies d’adaptation. Il se tourne vers les enfants lorsqu’il est stressé. Les agresseurs refoulés abusent souvent de leurs propres enfants ou contraignent un autre enfant à une activité sexuelle.
      • Sans discernement moral. Ce type d’agresseur est considéré comme dépourvu de conscience et se livre à d’autres types d’abus, ainsi qu’à des abus sexuels. Il s’en prend aux personnes faibles et vulnérables et choisit ses victimes sans discernement, abusant d’étrangers et de connaissances.
      • Sexuellement sans discernement. Le comportement de ce type d’agresseur s’apparente le plus à une dépendance sexuelle. La variété des activités sexuelles semble être le but recherché.
      • Inadéquat. L’agresseur inadéquat est le délinquant sexuel qui ressemble le moins aux normes sociales et comportementales. Il est caractérisé comme un inadapté social, un isolé, qui semble inhabituel ou excentrique. Il peut être atteint d’une maladie mentale et préfère les partenaires sexuels non menaçants.
    • L’agresseur préférentiel est principalement attiré par les enfants et constitue la catégorie la plus dangereuse d’agresseurs d’enfants. L’agresseur préférentiel est très doué pour la préparation, il est dissimulateur et s’engage à séduire des enfants. Ils se livrent à des activités prévisibles et ritualisées. Ils accèdent généralement à un enfant par le biais d’une amitié avec des adultes avec lesquels ils entretiennent un lien de confiance solide. Les types d’agresseurs préférentiels sont les suivants :
      • Les séducteurs. Ce type d’agresseur fait la cour à un enfant pendant un certain temps. Ils ont souvent plusieurs victimes en même temps, peut-être toutes issues de la même équipe de foot, de la même classe d’école ou du même quartier.
      • Les introvertis: Ce type d’agresseur est similaire à l’agresseur situationnel inadéquat. Il manque de compétences interpersonnelles et cible l’enfant le moins résistant, le plus jeune et le plus vulnérable. Le type introverti peut passer du temps avec des enfants mais ne pas s’engager dans une activité sexuelle directe. Il peut se masturber en regardant les enfants ou s’exhiber aux enfants.
      • Les sadiques:  Son objectif est d’avoir une activité sexuelle avec un enfant et de lui infliger de la douleur, tant émotionnelle que physique. Il s’agit du délinquant qui kidnappe, abuse et tue un enfant. C’est le type d’agresseur d’enfants le moins répandu et celui qui a le moins de victimes.

      Les agresseurs préférentiels d’enfants présentent quatre caractéristiques communes :

      • Problèmes sexuels à long terme. Ils sont plus susceptibles d’avoir été victimes d’abus sexuels dans leur enfance ou d’avoir grandi dans un environnement fortement sexualisé. Ils se sont livrés à des actes sexuels à l’adolescence et peuvent avoir des antécédents de problèmes sexuels à l’âge adulte. Souvent, ils ne se marient pas ou se marient pour cacher leur activité sexuelle préférée, ce qui se traduit par une faible libido dans le mariage. Peut se marier pour avoir accès aux enfants de son partenaire. Ils sont socialement inaptes et n’ont que peu d’amitiés à l’âge adulte.
      • Habile à séduire. Ils ciblent les victimes qui sont dans le besoin, négligées ou qui viennent d’un foyer où il n’y a pas de figure paternelle, puis répondent à leur besoin en s’adressant à l’enfant. Ils accèdent aux enfants par le biais d’activités impliquant des enfants, au travail ou dans le voisinage. Ils préparent les enfants en leur donnant de l’affection et de l’attention et en les corrompant (par des cadeaux et de l’argent).
      • Fantasmes sexuels impliquant des enfants. Ils s’associent trop avec les enfants et leur maison peut être remplie de jouets et de jeux d’enfants. Ils collectionnent ou produisent souvent de la pornographie enfantine.

Violeurs (rapists)

  • Typologie de Groth (Groth, N. (1979). Men who rape. New York: Plenum):
    • 1) agresseurs motivés par la colère (la phase précrime se caractérise par des événements qui ont suscité un sentiment d’injustice, la colère de l’agresseur est souvent dirigée contre une femme qui l’a rejeté ou qui n’a pas répondu à ses avances sexuelles. Toutefois, la victime peut être une autre femme que cette dernière, Délit non prémédité ; l’agresseur est souvent ivre et enragé, Utilisation de force excessive physique et psychologique afin de blesser sa victime);
    • 2) Agresseurs motivés par le pouvoir (durant la phase précrime, se perçoit comme incompétent sur la sphère sociosexuel. Anticipe du rejet de la part des femmes auxquelles il désire faire des avances; Plutôt qu’agir, il se réfugie dans des fantasmes de viol dans lesquels les victimes sont sous son contrôle, mais sont également impressionnée par ses performances; L’agresseur prémédite les détails de ses crimes et choisit des victimes vulnérables; lors du délit, n’a recours qu’à une violence instrumentale, généralement les menaces; ses interactions verbales avec la victime sont élaborées et incluent des instructions);
    • 3) Agresseurs motivés par le sadisme (intelligent, réservé et solitaire; au delà des apparences, il cultive un monde fantasmatique élaboré dans lequel il torture/humilie/tue des femmes; victimes habituellement inconnues; délits se prolongent sur des heures, voir des jours; Usage d’une violence ritualisée qui est l’expression de ses fantaisies sexuelles déviantes; plaisir sexuel est tributaire de la souffrance physique et psychologique; Violence inclut des mutilations sexuelles, insertion d’objets et autres tortures; Se limite rarement à une seule victime et les crimes ont tendance à être de plus en plus violent)
  • Typologie des violeurs de Knight et Prentky (Massachusetts Treatment Center Rapist-3 :MTC : R3, Knight & Prentky, 1990) (Knight, 1999, 2010; Knight & Prentky, 1990a; Rosenberg, Knight, Prentky, & Lee, 1988). voir à ce sujet: Stephanie Langevin (2015) La sexualité des agresseurs sexuels de femmes : Sont-ils tous obsédés par le sexe?
    • Extension de la typologie de Groth
      • 1) Agresseurs opportunistes: l’agression sexuelle semble être un acte impulsif, généralement non planifié, contrôlé davantage par des facteurs contextuels et immédiats que par une fantasmatique sexuelle évidente, prolongée ou stylisée. Pour ces personnes, l’agression sexuelle semble n’être qu’un cas parmi d’autres  cas de mauvais contrôle des impulsions, comme le montrent leurs nombreux antécédents
        de comportement non socialisé dans de multiples domaines. Dans leurs agressions, ils ne montrent aucun signe de force ou d’agression gratuite et ne manifestent que peu de colère, sauf en réponse à la résistance de la victime. Leur comportement suggère qu’ils recherchent une gratification sexuelle immédiate et qu’ils sont prêts à utiliser toute la force nécessaire pour atteindre leur but. Ils semblent indifférents au bien-être de la victime. Lorsqu’ils connaissent leurs victimes, ce qui semble être le cas le plus fréquent dans le type « compétence sociale élevée », ils utilisent la relation pour satisfaire leurs besoins immédiats, sans se soucier des conséquences pour la femme.
      • 2) Agresseurs colériques (colère omniprésente): Leur agression est gratuite et se produit en l’absence de résistance de la part de la victime, mais elle peut aussi être exacerbée par une telle résistance. Ils infligent souvent de graves blessures physiques à leurs victimes, pouvant aller jusqu’à la mort.  Bien qu’ils agressent sexuellement leurs victimes féminines, leur rage ne semble pas être sexualisée, et rien n’indique que leurs agressions soient motivées par des fantasmes préexistants. En outre, leur colère ne se limite pas aux femmes. Elle est dirigée contre les hommes avec la même véhémence.  Le contrôle de l’agressivité n’est qu’un des domaines dans lesquels ce type de délinquant manifeste des difficultés d’impulsivité. Depuis l’enfance et l’adolescence jusqu’à l’âge adulte, l’histoire de ces violeurs est marquée par des difficultés à contrôler leurs impulsions dans de nombreux domaines de leur adaptation.
      • 3) Agresseurs sexuels: se caractérisent par la présence de fantasmes ou de préoccupations sexuelles ou sadiques prolongées qui motivent leurs agressions sexuelles et influencent la manière dont elles sont exécutées. Ainsi, pour tous ces types, une certaine forme de préoccupation sexuelle durable, même déformée par la fusion avec l’agression, les besoins de domination, la coercition et le sentiment d’insuffisance, est une caractéristique essentielle de leurs agressions sexuelles. Deux sous-groupes majeurs peuvent être distingués sur la base de la présence ou de l’absence de fantasmes ou de comportements sadiques : le groupe sadique et le groupe non sadique. Le premier groupe comprend  les types sadiques manifestes et silencieux, et le second groupe comprend les types à Compétence sociale élevée et faible.
        • Distinguer deux sous catégories:
        • agresseurs  sexuels sadiques: font preuve d’une faible différenciation entre les pulsions sexuelles et agressives, et une fréquence de pensées et de fantasmes érotiques et destructeurs.
        • et  agresseurs  sexuels non sadiques: les fantasmes sexuels associés à leurs agressions sexuels sont dépourvus de la relation synergique entre le sexe et l’agression qui caractérise les types sadiques.
      • 4) Agresseurs vindicatifs: manifestent un comportement qui suggère que les femmes sont le centre et l’objet exclusif de leur colère. Leurs agressions sexuelles sont marquées par des comportements physiquement blessants et semblent avoir pour but de dégrader et d’humilier leurs victimes. La rage qui se manifeste dans ces agressions va de la violence verbale au meurtre brutal. Pourtant, contrairement aux types à colère omniprésente, elles ne montrent que peu ou pas de signes de colère indifférenciée (par exemple, en provoquant des bagarres avec des hommes ou en les agressant). Bien qu’il y ait une composante sexuelle dans leurs agressions, rien n’indique que leur agression soit érotisée, comme c’est le cas pour les types sadiques, et rien n’indique qu’ils soient préoccupés par des fantasmes sadiques.
  • Typologie d’Hazelwood et Warren  (Hazelwood and Warren (2000) The sexually violent offender: impulsive or ritualistic?  in Aggression and violent behavior, january 2000)
    • Agresseurs impulsifs: « Le délinquant impulsif est un type courant de délinquant sexuel qui réussit généralement moins bien à se soustraire à l’identification et à l’arrestation. Il consacre peu ou pas de temps à la planification de ses crimes. Au lieu de cela, il agit de manière impulsive, prend peu de mesures pour protéger son identité et est apparemment inconscient des risques qu’il encourt en commettant un crime. L’évaluation informelle et systématique de son modus operandi  (comportement utilisé pour obtenir une victime, commettre le délit et éviter l’identification et l’appréhension) laisse penser qu’il s’agit d’un délinquant réactif et peu sophistiqué sur le plan pénal.
    • Agresseurs ritualiste : « Le délinquant ritualiste est moins fréquent que le délinquant impulsif, mais il est le plus efficace et le plus difficile à identifier et à appréhender. C’est le délinquant qui investit beaucoup de temps et d’efforts dans la planification et la répétition de ses délits. Il s’agit généralement d’un criminel sophistiqué ».

 

Délinquant sexuel mineurs (juvenile sex offenders)

  • Typologie de Prentky et al (J-SOAP), – version plus developpée de la typologie de O’Brien and Bera:
    • violeurs opportunistes
    • violeurs colériques

Délinquantes sexuelles (Female sex offender)

  • Typologie de Mathews et al. (5 catégories) (R Mathews; J K Matthews; K Speltz (1989) Female Sexual Offenders: An Exploratory Study):
    • L’enseignante amoureuse (teacher/lover): déficits d’intiminté et emotionnels, ne considére pas la relation comme abusive
    • la prédisposée à l’agression (predisposed molester): difficulté à garder des relations positives avec des hommes, s’investissent sexuellement auprès d’enfants dont elles s’occupent, dont leurs propres enfants
    • la délinquante sous la contrainte d’un homme (male coerced molester): personnalité dependnate, agissent sous la contrainte de leur partenaire, affects négatifs pendant l’infraction
    • l’expérimentatrice/exploiteuse (experimenter/exploiter): souvent des adolescentes dans un contexte de gardiennage
    • la psychologiquement perturbée (psychologically disturbed): problèmes de santé mentale lors de l’infraction
  • Typologie de Vandiver & Kercher (Vandiver, D. M., & Kercher, G. (2004). Offender and victim characteristics of registered femaie sexual offenders in Texas: A proposed typology of female sexual offenders. Sexual Abuse: A Journal ofResearch and Treatment, 16, 121-137) . Voir à ce sujet  « STÉPHANIE MATTE  (2014) QUI SONT CES FEMMES QUI AGRESSENT SEXUELLEMENT? »
    • 6 catégories:
    • Heterosexual nurturers (Nourrisseurs hétérosexuels): motivation à entreprendre une relation avec un jeune serait d’assouvir un désir d’intimité ou d’amour, ces deux raisons provenant possiblement de besoins sociaux et émotionnels non comblés
    • noncriminal homosexual (généralement pas d’antécédent judiciaire, de nature sexuelle ou autres, et leur risque de récidive est évalué à un faible niveau)
    • female sexual predator (commettent des abus sexuels majoritairement envers des garçons âgés d’environ 11 ans. Ces femmes tendent à avoir un passé criminel avec des infractions de toutes sortes.);
    • young adult child exploiters (victimes trés jeunes, qui vivent généralement dans l’entourage de l’agresseur)
    • homosexual criminals (l’appât financier occupe une place importante (proxénétisme par exemple). Ces femmes ont souvent des antécédents judiciaire)
    • aggressive homosexual criminals ( femmes plus âgées qui agressent des femmes adultes (dans la trentaine en général). Il s’agit donc de « violeuses d’adultes ». Les victimes sont habituellement connues de l’agresseur, alors qu’elles entretiennent parfois une relation intime ensemble.

Sourcebook of Treatment Programs for Sexual Offenders, Edited by William Lamont Marshall (Queen’s University), Yolanda M. Fernandez (Kingston, Ontario, Canada), and Stephen M. Hudson (University of Canterbury), Tony Ward (Christ Church, New Zealand) 1998

Evaluations Pre- et post traitement
Mesures centrées sur l’infraction
·         Children and sex cognitions scale : Emotional congruence and cognitive distortions (Beckett)

·         Sex offense attitudes questionnaire (SOAQ)  (Procter, E. (1994) ‘A Sexual Offence Attitudes Questionnaire’. Oxford: available from Oxford Probation Service, 43 Park End Street, Oxford)

·         Relapse prevention (Beckett, & Fisher, unpublished)

Histoire personnelle
·         Bases de données
Intelligence
·         Ammons Quick Test (Ammons, & Ammons, 1962)
Image de soi
·         Self esteem (Thornton) Short Self Esteem Scale SSES

·         Special Hospitals Assessment of Personality and Socialisation (Blackburn 1982)

·         intimité: UCLA Emotional Loneliness Scale (Russell et al., 1980)

·         Fear of negative evaluation (Watson, & Friend, 1969) fear of negative evaluation scale FNE_FR

·         Inventory of interpersonal problems (Horowitz, Rosenberg, Baer, Ureno, & Villasenor, 1988)

Empathie/attention envers la victime
·         Victim empathy scales (Beckett and Fisher 1991) A QVES Victim empathy distortion scale

·         Empathy scale (Hanson, & Scott, 1995)

Prise de perspective (Perspective taking)
·         Social desirability scale (based on Greenwald & Satow, 1970)

·         Empathy: Interpersonal Reactivity Index (Davis, 1980)

Attitudes sexuelles et schéma d’excitation
·         Multiphasic Sex Inventory (Nichols & Molinder, 1984)

·         Sexual fantasies questionnaire (Fisher, unpublished)

Auto-contrôle
·         Michigan Alcoholism Screening test (Selzer, 1971)

·         Locus of control (Nowicki, 1976)

·         Anger questionnaire (Buss & Perry, 1992)

·         Rumination of anger questionnaire « Indicators of Aggression » (Caprara, 1986)

·         Assertiveness: Social response inventory (Marshall, unpublished)

·         Impulsivity questionnaire (Eysenck & Eysenck, 1978)

Mesures et exercices à utiliser à intervalles réguliers tout au long du programme
·         Group environment scale (Moos, 1986)

·         Residential checklist. Prison core sex offender treatment program

·         Individual clinical rating form (Hogue, 1982)

·         Offenses, effects and who is to blame (videotaped exercise) (Eldridge & Wyre)

·         Breaking the cycle: Offense description and matching relapse prevention plan (videotaped exercise) (Eldridge, 1998b)

 

Construire un  « plan de sécurité » avec un délinquant sexuel?

Barry MALTZEKY  (2016) SEXUAL ABUSE AND THE SEXUAL OFFENDER

Le risque sera toujours présent chez le délinquant sexuel, même lorsque nous pensons avoir effacé toute excitation sexuelle déviante (s’il y en a une) et aboli toute possibilité de récidive. C’est pourquoi un plan pour renforcer la prevention de la récidive est tout à fait logique. Un tel plan écrit pourrait contenir les facteurs de risque connus du délinquant, comme le fait d’être entouré d’enfants dans les centres commerciaux ou les salles de jeux vidéo, ou de regarder de la pornographie sur Internet, des alternatives à ces comportements à risque, comme faire du jogging, appeler un parrain des Sexaholics Anonymous, les Sexaholics Anonymous ou appeler un proche, surtout si des pulsions déviantes se manifestent. Ce plan peut également inclure les numéros de téléphone du personnel de soutien et du thérapeute du client. Il peut contenir des suggestions de techniques d’auto-aversion  si des pensées déviantes réapparaissent, par exemple en sentant une fiole à l’odeur nauséabonde, la mastication d’une pilule au goût désagréable ou même cette vieille technique bien utilisée qui consiste à serrer de force un élastique autour de son poignet. Nous réduirons souvent les éléments clés d’un tel plan à une carte que le délinquant peut porter sur lui et l’utiliser en cas d’urgence. Voici un exemple de plan de crise pour un pédophile homosexuel pendant et après le traitement.

Plan de sécurité d’un pédophile homosexuel

  • Je ne serai jamais seul avec un autre enfant de moins de dix-huit ans.
  • Si, dans certaines circonstances, il est possible que je sois seul(e) avec un enfant, je m’échapperai immédiatement de cette situation.
  • Je continuerai à utiliser mon odeur nauséabonde et ma pilule au goût nauséabond si j’ai des pensées ou des fantasmes sexuels à l’égard d’un enfant.
  • Si de telles pensées réapparaissent, j’appellerai immédiatement le personnel de soutien suivant :
    • Mon parrain _____________ [nom] à _______________________ [numéro de téléphone]
    •  Mon thérapeute __________________ à _____________________
    • Mon pasteur ____________________ à _____________________
    • Mon meilleur ami ________________ à ______________________
    • Ma tante _____________________ à _______________________
  • Lorsque je m’ennuie ou que je suis seul(e) à la maison, je vais.. :
    1.  Aller au gymnase pour faire du basket.
    2.  Aller en moto chez un ami.
    3.  Relire des parties de mon cahier d’exercices.
    4.  Écrire sur mes sentiments.
  • Lorsque je suis en colère, j’appelle mon reseau de soutien et j’écris ce que je ressens ainsi qu’un plan pour faire face à la situation.
  • Je continuerai à sortir avec des amis dans des clubs sans alcool et des fêtes avec des adultes.
  • J’irai à l’église chaque semaine.
  • Je planifierai une sortie mensuelle avec des amis, par exemple un rafting, une randonnée ou une visite de l’océan.
  • Je continuerai à travailler à l’établissement de mon entreprise de transport indépendante.
  • Je poursuivrai mes cours d’informatique au collège communautaire.
  • Je reverrai mon cahier de traitement, avec mes exercices, chaque semaine.
  • Je ne naviguerai pas sur Internet à la recherche de pornographie ou d’images d’enfants.
  • Je me masturberai uniquement sur des fantasmes d’adultes appropriés.
  • J’éviterai les parcs, les terrains de jeux, les cours d’école, les fast-foods, les centres commerciaux et autres lieux où les enfants peuvent se rassembler.
  • Je ne fréquenterai pas les magasins « pour adultes » ou « classés X ».
  • Je ne fréquenterai pas les établissements où l’on pratique le topless, les clubs de strip-tease ou les salons de massage.
  • J’installerai un logiciel de blocage du porno sur ma connexion Internet.

Certaines de ces restrictions, souvent imposées par l’intéressé lui-même, peuvent sembler draconiennes. Par exemple, pourquoi ne pas autoriser le contact avec des jeunes filles à un homme qui, à notre connaissance, n’en a jamais agressé une et qui n’éprouve aucune excitation pour elles ? L’une des raisons est que quelques pédophiles homosexuels sont  également attirés par les jeunes filles, même si cela n’apparaît pas forcément au cours du traitement. Une autre raison de cette restriction particulière s’explique également par le fait que les jeunes garçons peuvent être présents là où les jeunes filles se rassemblent. Qu’en est-il des restrictions imposées à la sexualité
des adultes, comme l’interdiction des bars avec des seins nus ? Ici, il ne s’agit pas d’un jugement moral, mais nous essayons d’éviter que ce délinquant ne devienne trop excité et d’empêcher ainsi un « effet d’entraînement ». Ceci est particulièrement important pour les délinquants les plus difficiles à traiter, comme ce pédophile homosexuel.
Comme on peut le voir dans cet exemple, le suivi par un groupe de soutien, parfois à vie, est une idée judicieuse pour certains clients, en particulier ceux qui étaient des  prédateurs ou violeurs récidivistes. Le traitement ne peut pas être considéré comme terminé pour ces hommes, qui doivent être constamment sur leurs gardes pour éviter de faire une nouvelle victime. En fait, le traitement, en particulier pour des délinquants aussi dangereux, pourrait bien nécessiter des visites répétées même après que les séances « formelles » ou hebdomadaires ont été achevées.

Barry Maletzky est titulaire d’une licence de l’université de Columbia et d’un doctorat de l’université de l’État de New York, Stony Brook Medical School. Il a effectué un internat en psychiatrie à l’université des sciences de la santé de l’Oregon (Oregon Health Sciences University) en 1971. Après deux ans de service dans l’armée , il a commencé à pratiquer la psychiatrie à Portland, OR, en 1973. Le Dr Maletzky a commencé à se spécialiser dans plusieurs domaines de la psychiatrie, notamment le traitement de la dépression sévère, l’utilisation de la thérapie électroconvulsive, ainsi que l’évaluation et le traitement des délinquants sexuels. En 1978, il a fondé la Sexual Abuse Clinic pour traiter les délinquants sexuels et leurs victimes.  Depuis lors, la clinique est devenue l’une des plus importantes et les mieux établies au monde. Le Dr Maletzky mène des projets de recherche clinique depuis sa résidence. Il est l’auteur de plus de soixante-cinq articles parus dans des revues médicales à comité de lecture, et de dix chapitres de manuels édités et de six manuels originaux de psychiatrie dans diverses spécialités. Il a reçu de nombreuses récompenses militaires et civiles, dont le Dean’s Award de l’OHSU. Il a pris une retraite partielle en 2007 afin de consacrer plus de temps à l’enseignement, à la recherche, au bénévolat et de conseil, y compris son travail avec les personnes sortant de prison, de celles qui vivent en dessous du seuil de pauvreté et de celles qui font partie de la communauté LGBT.

Caractéristiques du déni et de la minimisation: Marshall, W.L., Anderson, D., & Fernandez, Y. (1999). Cognitive Behavioural Treatment of Sexual Offenders. Chichester: Wiley.

OWNING YOUR OWN DATA: THE MANAGEMENT OF DENIAL D. RICHARD LAWS, South Island Consulting, Victoria, British Columbia, Canada

Typologies rationnelles des négateurs
« La construction de typologies pour la caractérisation des négateurs a été assez commune. Ces typologies sont dites « rationnelles » parce qu’elles sont, pour la plupart, des constructions de bon sens basées sur l’expérience directe des cliniciens et des chercheurs avec les délinquants. Barbaree (1991) a fait une distinction entre le déni et la minimisation. La plupart des professionnels, cependant, considèrent que le déni est distribué le long d’un continuum allant de ce que l’on appelle généralement le déni « absolu » ou « catégorique » jusqu’à l’admission totale. Voici quelques exemples. Le sociologue C. Wright Mills (1940) a parlé du « vocabulaire du motif » par lequel les délinquants tentent de renier leur comportement déviant et de se présenter comme des individus normaux. Une étude classique de Scully et Marolla (1984) a examiné le vocabulaire des motifs chez les violeurs condamnés. Leur objectif était d’investiguer des excuses (admettre que l’acte était mauvais mais en nier l’entière responsabilité) et des justifications  (accepter la responsabilité mais nier que l’acte était mauvais). Ils ont interrogé 114 hommes, tous soumis à un entretien de 89 pages et à 30 pages de questions ouvertes. Les entretiens ont duré de trois à sept heures. En termes de justification du viol, ils ont trouvé cinq thèmes chez les négateurs : (1) les femmes sont des séductrices,(2) les femmes veulent dire « oui » lorsqu’elles disent « non », (3) la plupart des femmes finissent par se détendre et par apprécier, (4) les filles gentilles ne se font pas violer, et (5) il ne s’agit que d’un acte répréhensible mineur.
En ce qui concerne les excuses, les accusés ont tenté d’expliquer comment ils ont été contraints de violer : (1) appel à la consommation d’alcool et de drogues, (2) appel à des problèmes émotionnels et (3) en se présentant comme un « gentil garçon » qui avait commis une erreur mais qui était par ailleurs un bon gars. Scully et Marolla notent que leurs recherches démontrent une  « vision culturelle des l’objectification sexuelle des femmes doit être comprise comme un facteur important contribuant à un environnement qui banalise, neutralise et, peut-être, facilite le viol ».
Une approche similaire des agresseurs d’enfants a été rapportée par Pollock et Hashmall (1991).
La littérature fait état de nombreuses typologies rationnelles (voir, par ex. Happel & Auffrey, 1995 ; Hoke et al., 1989 ; Laflen & Sturm, 1994 ; Schlank & Shaw, 1996 ; Winn, 1996). Bien que chacun d’entre elles soient distinct, elles partagent toutes des thèmes et des éléments communs. Trois d’entre elles méritent d’être mentionnés en détail.
Comme nous l’avons mentionné plus haut, Barbaree (1991) a établi une distinction entre le déni et la minimisation. Sa typologie est basée sur les travaux cités de Scully et Marolla (1984) sur les violeurs et de Pollock et Herman (1991) sur les agresseurs d’enfants. Barbaree a déterminé qu’il y avait trois facteurs pour le déni et la minimisation. Pour le déni : (1) l’existence d’une interaction, (2) le fait que l’interaction soit sexuelle et (3) le fait que l’interaction soit une infraction.  Pour la minimisation : (1) de la responsabilité (blâme de la victime, attributions externes, attributions internes irresponsables), (2) de l’étendue (fréquence, nombre de condamnations antérieures, force utilisée et intrusion) et (3) du préjudice (pas d’effets à long terme). Sur la base de ces travaux, Barbaree a élaboré une liste de contrôle du déni et de la minimisation à usage clinique. Il est clair qu’il existe ici des points communs avec la plupart des recherches rapportée ci-dessus. L’article de Barbaree est un classique souvent cité dans le domaine et acqui a eu beaucoup d’influence.
La typologie de Salter (1988) est tout aussi influente. Jackson et Thomas-Peter (1994, p. 22) ont noté que Salter a indiqué que « différents types de modèles de déni (admission avec justification, déni de responsabilité et minimisation de l’extériorisation du comportement) dépendent de la présence ou de l’absence de six composantes fondamentales : (1) le déni des actes eux-mêmes, (2) le déni de la fantaisie et de la planification, (3) le déni de la responsabilité des actes, (4) le déni de la gravité du comportement, (5) le déni de la culpabilité interne du comportement et (6) le déni de la difficulté à changer les comportements abusifs. La typologie de Salter (1988) est unique en ce sens que le délinquant n’est pas caractérisé de façon catégorique (par exemple, « admettre partiellement », « nier partiellement »). Un ou plusieurs des éléments susmentionnés peuvent être présents pour donner une image plus individualisée du déni. Les travaux de Salter (1988) sont également souvent cités et influents. Plus récemment, Marshall et al. (1999) ont présenté une conceptualisation du déni et de la minimisation basée sur leur travail clinique. Cette typologie, à mon avis, englobe toutes les meilleures caractéristiques des travaux précédents. Il convient de noter qu’il s’agit uniquement d’une typologie rationnelle et qu’elle n’est pas destinée à être convertie en une liste de contrôle telle que celle de Barbaree. (1991) ou le schéma de catégorisation en développement lié à l’entrée dans le traitement de Jung (2000). Le tableau 11.1 présente la typologie de Marshall et al.

Existe-t-il une différence entre les délinquants sexuels et les autres délinquants en ce qui concerne le déni ?  Je doute fort qu’il y ait de grandes différences dans le déni entre les différents types de délinquants. Toute personne qui a été appréhendée pour un acte délinquant et qui a quelque chose à perdre en termes de revenus, de famille, de statut ou de relations personnelles a suffisamment  de motivation pour nier. Il n’y a qu’une poignée de façons de se soustraire à une accusation ou à une présentation irréfutable des faits. Malgré cela, presque tout le monde essaie.

Déni complet

  • Fausses accusations
  • La police veut ma peau
  • La victime me déteste
  • La mère de la victime s’en sert pour me refuser l’accès ou se venger de moi
  • Mauvaise personne
  • Il devait s’agir de quelqu’un d’autre
  • Perte de mémoire
  • Je ne suis pas comme ça, donc je doute que ce soit arrivé
  • Cela a pu arriver mais je ne m’en souviens pas
  • Déni partiel
  • Ce n’était pas vraiment un abus sexuel
  • La victime était consentante
  • La victime a apprécié
  • Elle était prostituée ou avait des mœurs légères
  • La victime a dit qu’elle était plus âgée
  • Je ne faisais que masser la victime
  • Je mettais de la crème médicamenteuse sur ses parties génitales
  • Ce n’était qu’un jeu
  • C’était de l’amour
  • C’était éducatif

Déni d’un problème

  • Je l’ai fait mais je ne suis pas un délinquant sexuel
  • Je ne recommencerai jamais
  • Je n’ai pas d’intérêt pour les enfants ou les relations sexuelles forcées
  • Je n’ai pas de fantasmes déviants

Minimisation de l’infraction

  • La fréquence était inférieure à ce que la victime prétend
  • Il n’y a pas eu de coercition/force/menaces
  • Le degré d’intrusion était inférieur à ce que prétend la victime
  • Il n’y a pas d’autres victimes

Minimiser la responsabilité

  • La victime était séduisante/provocante
  • Les parents de la victime étaient négligents
  • J’étais en état d’ébriété
  • J’étais très stressé/troublé émotionnellement
  • Mon partenaire n’était pas satisfaisant sur le plan sexuel
  • J’ai une forte libido
  • La victime a dit non mais voulait vraiment dire oui

Négation/minimisation du préjudice

  • Ses amis ou sa famille me disent que la victime n’a pas été blessée
  • Les problèmes actuels de la victime n’ont pas été causés par moi
  • J’étais aimant et affectueux, je n’ai donc pas pu causer de tort.
  • Je n’ai pas eu recours à la force, je n’ai donc pas pu causer de tort.

Nier/minimiser la planification

  • J’ai agi sous l’impulsion du moment
  • Les choses se sont déroulées d’elles-mêmes
  • La victime a pris l’initiative

Négation/minimisation des fantasmes

  • Je ne pense pas avoir de fantasmes déviants.
  • Je n’ai pas pensé à abuser de la victime avant d’agir.
  • La police veut ma peau.
  • La victime me déteste.
  • Il doit s’agir de quelqu’un d’autre.
  • Je ne suis pas comme ça, donc je doute que ce soit arrivé.
  • C’est peut-être arrivé, mais je ne m’en souviens pas.
  • Je l’ai fait, mais je ne suis pas un criminel.
  • Je ne recommencerai jamais.
  • La fréquence était inférieure à ce qu’indiquent les accusations.
  • Il n’y a pas eu de coercition/force/menaces.
  • Il n’y a pas d’autres crimes.
  • J’étais en état d’ébriété.
  • J’étais très stressé/troublé émotionnellement.
  • Je ne suis pas à l’origine des problèmes actuels de la victime.
  • J’ai agi sous l’impulsion du moment.
  • Les choses se sont déroulées d’elles-mêmes.