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Escrocs et distorsions cognitives

mars 29th, 2025 | Publié par crisostome dans ACC - (0 Commentaire)
Les distorsions cognitives sont des schémas de pensée irrationnels ou négatifs qui peuvent exacerber des problèmes émotionnels et comportementaux, comme l’anxiété, la dépression ou, dans ce cas, l’escroquerie.

Et pour les Escrocs?

Pour les escrocs, ces distorsions peuvent se manifester de manière spécifique. Par exemple, se sentir justifiés dans leurs actions en minimisant le mal causé aux victimes (minimisation) ou en croyant qu’ils sont plus intelligents que les autres, facilitant ainsi leurs escroqueries (surestimation)…
Ou encore :
  • Justification et entitlement : Croire qu’ils ont le droit d’escroquer, souvent lié aux énoncés « devrait » ou à l’étiquetage (par exemple, voir les victimes comme des « nuls »).
  • Manque d’empathie : Minimiser le mal causé, lié au filtre mental ou au raisonnement émotionnel.
  • Surconfiance : Surestimer leurs capacités, liée à la surestimation.
  • Blamer les victimes : Attribuer la responsabilité aux victimes pour leur naïveté, liée au transfert de blâme.
  • Pensée à court terme : Ignorer les conséquences à long terme, liée à la disqualification du positif.

Utiliser un Questionnaire

  • Fréquence : Combien souvent ils ont cette pensée (1 = Jamais, 5 = Toujours).
  • Intensité : À quel point ils y croient quand ils l’ont (1 = Pas du tout, 5 = Complètement).
  • Pensée alternative:  par exemple, pour la déclaration « Si je ne trompe pas quelqu’un, je serai un échec total », la question de réflexion est : « Y a-t-il un moyen de réussir sans escroquer ? Quels sont des exemples de personnes qui réussissent par des moyens honnêtes ? »
Cette structure est inspirée de questionnaires comme le Cognitive Distortions Questionnaire (CD-Quest), qui évaluent la fréquence et l’intensité des distorsions.
Exemples de Déclarations et Questions de Réflexion
Déclaration
Type de Distorsion
Question de Réflexion: pensée alternative
Si je ne trompe pas quelqu’un, je serai un échec total.
Pensée tout ou rien
Y a-t-il un moyen de réussir sans escroquer ? Quels sont des exemples de personnes qui réussissent par des moyens honnêtes ?
Puisque une personne est tombée dans mon piège, tout le monde le fera.
Généralisation excessive
Est-ce toujours vrai ? Y a-t-il eu des moments où quelqu’un n’a pas été dupé ? Qu’est-ce qui rend certaines personnes plus résistantes aux escroqueries ?
Quand je pense à mes escroqueries, je me concentre surtout sur l’argent gagné et pas sur le mal causé aux victimes.
Filtre mental
Quels sont certains des moyens par lesquels vos escroqueries pourraient avoir nui à vos victimes ? Comment cela vous fait-il sentir ?
Travailler honnêtement ne me donnerait ni satisfaction ni stabilité financière.
Disqualification du positif
Quels sont des emplois ou activités honnêtes que vous pourriez trouver satisfaisants ? Connaissez-vous quelqu’un qui est financièrement stable grâce à un travail honnête ?
Les gens sont naïfs et croiront tout ce que je leur dis.
Saut aux conclusions
Y a-t-il des gens qui ne sont pas naïfs ? Avez-vous déjà été trompé vous-même ? Comment cela vous a-t-il fait sentir ?
Je suis beaucoup plus intelligent que la plupart des gens, ce qui facilite mes escroqueries.
Surestimation/minimisation
Est-ce toujours vrai ? Y a-t-il eu des moments où vos escroqueries n’ont pas fonctionné ? Que cela dit-il de votre intelligence par rapport aux autres ?
Je mérite de tromper les gens à cause de traitements injustes passés.
Raisonnement émotionnel
Est-ce que tromper les autres compense vraiment pour des traitements injustes passés ? Y a-t-il un meilleur moyen d’adresser ces torts passés ?
Les gens qui sont négligents avec leur argent devraient être escroqués comme une leçon.
Énoncés « devrait »
Est-il juste de tromper quelqu’un juste parce qu’il est négligent ? Y a-t-il d’autres moyens d’enseigner une leçon sans leur nuire ?
J’appelle les gens que je trompe « nuls » ou « naïfs ».
Étiquetage
Comment étiqueter ainsi affecte-t-il votre perception d’eux ? Les voyez-vous comme de vraies personnes avec des sentiments ?
Quand je suis pris ou me sens coupable, c’est la faute de la victime pour être trop confiante.
Transfert de blâme
Est-ce vraiment la faute de la victime de vous faire confiance ? N’avez-vous pas une certaine responsabilité pour les avoir trompés ?
Certaines personnes méritent d’être escroquées parce qu’elles m’ont ou ont nui à d’autres.
Personnalisation
Est-ce que tromper est le meilleur moyen de traiter avec des gens qui vous ont nui ? Y a-t-il des moyens plus constructifs de gérer ces situations ?
Tromper est un moyen d’obtenir ce que je mérite dans un monde injuste.
Distorsions cognitives sur la justice
Le monde est-il vraiment injuste, et est-ce que tromper le rend juste ? Y a-t-il d’autres moyens d’atteindre la justice ou l’équité ?
Je ne peux pas m’empêcher de tromper les gens ; c’est au-delà de mon contrôle.
Impuissance
Est-ce vrai ? Y a-t-il eu des moments où vous avez choisi de ne pas tromper quelqu’un ? Qu’est-ce qui vous a fait prendre cette décision ?
Je peux manipuler n’importe qui pour faire ce que je veux.
Surconfiance
Est-ce toujours possible ? Y a-t-il eu des gens qui ont résisté à votre manipulation ? Que cela dit-il de votre capacité à contrôler les autres ?
Si une escroquerie ne fonctionne pas parfaitement, c’est un échec total.
Pensée tout ou rien
Y a-t-il une chose comme une escroquerie partiellement réussie ? Pouvez-vous apprendre de vos erreurs ou succès partiels ?

MCCA: Measures of Criminal Attitudes and Associates

La MCCA (Measures of Criminal Attitudes and Associates), développée par Jeremy F. Mills et Daryl G. Kroner, est un instrument psychométrique d’auto-évaluation conçu pour évaluer les attitudes criminelles et les associés chez les délinquants, avec une application fréquente dans le domaine de la justice pénale pour prédire la récidive.
La MCCA (« (Mesures des attitudes criminelles et des associés ») a été développée en réponse à la nécessité d’outils psychométriques validés pour mesurer les attitudes criminelles et les associés, identifiés comme des prédicteurs clés du comportement antisocial. Une méta-analyse, citée dans plusieurs publications, a montré que ces facteurs sont parmi les meilleurs indicateurs de récidive. L’échelle a été théoriquement et empiriquement élaborée, avec des contributions notables de Mills et Kroner (Measures of Criminal Attitudes and Associates (MCAA): Development, Factor Structure, Reliability, and Validity).
L’échelle se compose de deux parties distinctes, chacune mesurant des aspects différents :
  • Partie A : Quantification des Associés Criminels (pairs délinquants)
    Cette partie est un questionnaire d’auto-évaluation où l’individu est invité à identifier jusqu’à quatre associés adultes avec lesquels il passe du temps. Pour chaque associé, il doit indiquer :
    • Le temps passé avec cette personne.
    • Le degré d’implication de cette personne dans des activités criminelles.
      Cette section vise à évaluer l’influence des relations sociales sur le comportement criminel, en quantifiant le nombre et la qualité des associés criminels. Cette partie est essentielle pour comprendre l’environnement social de l’individu.
  • Partie B : Sous-Échelles d’Attitudes Criminelles (panesées et croyances antisociales)
    Cette partie comprend 46 items avec un format de réponse « D’accord » ou « Pas d’accord », évaluant quatre sous-échelles d’attitudes criminelles :
    • Attitudes envers la violence (12 items) : Mesure les croyances et attitudes de l’individu concernant l’utilisation de la violence, comme sa justification dans certains contextes.
    • Intention antisociale (12 items) : Évalue le désir ou l’intention de l’individu de s’engager dans des comportements antisociaux ou criminels, reflétant une disposition à transgresser les normes sociales.
    • Attitudes envers l’entitlement (= »s’arroger des droits »- 12 items) : Évalue le sentiment d’entitlement, c’est-à-dire la croyance que l’individu a droit à certains privilèges ou qu’il n’est pas soumis aux mêmes règles que les autres.
    • Attitudes envers les autres délinquants(10 items) : Mesure les attitudes de l’individu envers les personnes impliquées dans des activités délinquantes, comme l’admiration, l’identification ou un sentiment d’appartenance à un groupe criminel.
Validité
Les études sur la MCCA, notamment celle de Mills et al. (2002), ont démontré une fiabilité raisonnable, avec une bonne consistance interne et une stabilité temporelle. Une analyse factorielle a confirmé l’existence de quatre domaines distincts pour la Partie B, soutenant la validité de la structure. La validité convergente et discriminante a été jugée appropriée, et la validité de critère a été établie par sa relation avec des variables d’historique criminel. De plus, des recherches ultérieures, comme celles publiées dans Criminal Justice and Behavior en 2005 (The Measures of Criminal Attitudes and Associates (MCAA): The Prediction of General and Violent Recidivism), ont montré que la MCCA améliore la prédiction de la récidive violente par rapport à des instruments actuariels seuls, renforçant son utilité dans les évaluations des risques.
Applications
La MCCA est principalement utilisée dans les contextes correctionnels, notamment pour évaluer les risques de récidive chez les délinquants adultes, comme indiqué dans une étude sur un échantillon d’hommes incarcérés au Canada (The Measures of Criminal Attitudes and Associates (MCAA): The Prediction of General and Violent Recidivism). Elle est souvent intégrée dans les programmes de réhabilitation pour identifier les besoins d’intervention, en se concentrant sur les attitudes criminelles et les influences sociales. 
Limites 
Bien que la MCCA soit bien validée, certaines limites incluent sa dépendance à l’auto-évaluation, qui peut être influencée par des biais comme la désirabilité sociale. De plus, son application dans des populations diverses, comme les adolescents ou les femmes, pourrait nécessiter des adaptations.

régles de cotation: MCAAUserGuide2001

Le Psychological Inventory of Criminal Thinking Styles-Short Form (PICTS-SF, Walters, 2006)

Le PICTS-SF est une mesure abrégée de 35 items utilisant la même échelle de type Likert en 4 points que la mesure complète de 80 items (PICTS).

La PICTS  Version 4. 0 est un inventaire de 80 items composé de deux échelles de validité (échelle de confusion révisée [Cf-r -revised Confusion] et échelle de défensivité révisée [Df-r-revised Defensiveness]), de huit échelles de style de pensée (échelle de minimisation [Mo – mollification ], échelle de coupure/clivage [Co-Cutoff], échelle d’habilitation (s’arroger des droits – entetilement) [En], échelle d’orientation vers le pouvoir [Po-Power Orientation], échelle de sentimentalité [Sn-Sentimentality], échelle de super-optimisme [So-Superoptimism], échelle d’indolence cognitive [Ci- Cognitive Indolence], et l’échelle de discontinuité [Ds- Discontinuity]), quatre échelles factorielles (échelle d’évitement des problèmes [PRB- Problem Avoidance], échelle d’hostilité interpersonnelle [HOS], échelle d’affirmation de soi/de tromperie [AST- Self-Assertion/ Deception] et échelle de déni des dommages [DNH-Denial of Harm]), deux échelles de contenu général (échelle de pensée criminelle actuelle [CUR- Current Criminal Thinking] et échelle de pensée criminelle historique [HIS-HistoricalCriminalThinking]) et une échelle spéciale (échelle de peur du changement [FOC-Fear of Change]).

Le PICTS-SF_FR_ne contient pas d’éléments nouveaux ou modifiés, il en contient simplement moins.

Comme la version originale, le PICTS-SF génère deux scores composites évaluant la pensée criminelle proactive et réactive (PCT-proactive criminal thinking- et RCT-reactive criminal thinking-, respectivement).

Les scores totaux de ces échelles composites sont calculés en additionnant les sous-échelles associées.

Plus précisément, les scores de la PCT sont obtenus en additionnant les sous-échelles suivantes :

  • S’arroger des droits (entetilment: par exemple, « Je ne laisserai rien m’empêcher d’obtenir ce que je veux »),
  • l’affirmation de soi/la tromperie (Self-Assertion/Deception: par exemple, “enfreindre la loi n’est pas grave tant que vous ne blessez pas vraiment quelqu’un »),
  • et la pensée criminelle historique (Historical Criminal Thinking: par exemple, “J’ai aidé des amis et des membres de ma famille  avec l’argent que j’ai gagné en commettant des délits »).

Les scores de la RCT sont obtenus en additionnant les sous-échelles suivantes :

  • Le clivage (Cutoff: par exemple, « De mon point de vue, j’ai payé ma dette et j’ai le droit de prendre ce que j’ai gagné »).
  • Évitement des problèmes (Problem Avoidance: par exemple, « Même si j’ai de bons projets au départ, je n’arrive pas à me concentrer et à rester sur la bonne voie »),
  • et la pensée criminelle actuelle (Current Criminal Thinking : p. ex. « J’opte pour la facilité, même si je sais que cela va m’empêcher de faire quelque chose de plus grand que je pourrais vouloir plus tard »).
Les propriétés psychométriques de la PICTS-SF ont été évaluées dans une étude récente, Tried and True? A Psychometric Evaluation of the Psychological Inventory of Criminal Thinking Styles-Short Form. Cette étude a analysé la fiabilité et la validité structurelle à partir de deux ensembles de données, incluant des adultes (hommes et femmes) en probation dans un centre de traitement résidentiel (n = 514) et des hommes en prison (n = 95). Les résultats montrent :
  • Consistance interne : α et ω ≥ .89, indiquant une fiabilité élevée.
  • Validité structurelle : Confirmatory Fit Index (CFI) = .90 et Root Mean Square Error of Approximation (RMSEA) = .05, suggérant une bonne adéquation du modèle.
  • Validité discriminante : Corrélation entre .22 et .39, montrant une capacité à distinguer des constructs différents.
  • Validité postdictive : Ratio de taux d’incidents = 1.04 pour prédire les infractions disciplinaires, indiquant une utilité pour prédire certains résultats.
Ces résultats soutiennent l’utilisation de la PICTS-SF en recherche, avec une utilisation clinique qualifiée, nécessitant des précautions pour garantir son application appropriée.
Limites 
Bien que la PICTS-SF ait montré des propriétés psychométriques solides, certaines limites incluent sa dépendance à l’auto-évaluation, qui peut être influencée par des biais comme la désirabilité sociale. De plus, son application dans des populations avec des niveaux de littératie faibles pourrait nécessiter des adaptations, comme le montre une étude sur une version simplifiée pour les populations à faible niveau de lecture (Psychometric validation of a simplified form of the PICTS for low-reading level populations). Une controverse potentielle réside dans l’interprétation des scores, notamment leur pertinence clinique, qui nécessite des recherches supplémentaires pour établir des seuils d’intervention.

PICTS-SF_FR

Source: PICTS-SF-ENG

Voir aussi: Glenn D. Walters et le PICTS: Inventaire Psychologique des Styles de Pensée Criminelle

La restructuration cognitive est une technique clé de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), visant à identifier et modifier les pensées irrationnelles ou déformées qui influencent les émotions et comportements. Pour les délinquants sexuels, elle cible spécifiquement les distorsions cognitives, telles que la minimisation du mal causé, le blâme de la victime, ou la croyance en des mythes sur le viol, qui soutiennent leur comportement délinquant. Ces distorsions incluent des idées comme « la victime le voulait » ou « ce n’est pas si grave », souvent observées dans la littérature, par exemple dans Assessment and Modification of Cognitive Distortions in Sex Offenders.
Que dit la recherche? 
Les recherches, comme celles publiées dans Recent advances in therapy for sexual offenders, indiquent que la TCC, incluant la restructuration cognitive, est l’une des interventions les plus efficaces pour réduire la récidive. Elle vise à défier les rationalisations et minimisations, à améliorer l’empathie pour la victime, et à développer des compétences de prévention de la rechute. Cependant, l’impact à long terme reste débattu, avec des études comme Sexual Offender Treatment Effectiveness Within Cognitive-Behavioral Programs montrant des résultats hétérogènes.
Les distorsions cognitives spécifiques aux délinquants sexuels incluent la perception des enfants comme des êtres sexuels, la minimisation du préjudice, ou la croyance en l’entitlement sexuel, comme détaillé dans Review of the Cognitive Distortions in Child Sex Offenders. Ces croyances sont souvent explorées dans des programmes comme le Sex Offender Treatment Program (SOTP) aux États-Unis, mentionné dans Rehabilitation Programs Division – Sex Offender Rehabilitation Programs, qui intègre la restructuration cognitive dans un cadre thérapeutique.

Exemple d’Exercice

L’exercice suit une structure en cinq étapes, dérivée de ressources comme Cognitive Restructuring – Psychology Tools, qui propose des techniques pour changer les pensées.
Les étapes incluent:
  • l’identification de l’infraction,
  • la liste des distorsions cognitives (pensées déformées),
  • l’évaluation des preuves,
  • le développement de pensées alternatives,
  • et la pratique régulière.
Cette approche est soutenue par des études comme Sex Offender Treatment – iResearchNet, qui décrivent des interventions cognitives pour défier les rationalisations.
Une attention particulière a été portée à inclure l’empathie pour la victime, souvent intégrée dans les traitements, comme mentionné dans Enhancing Victim Empathy for Sex Offenders. Bien que l’exercice principal se concentre sur les pensées, il encourage les délinquants à considérer la perspective de la victime, par exemple en évaluant l’impact de leurs actions. Des recherches comme Issues in the Assessment of Sexual Offenders’ Cognitive Distortions soulignent l’importance de mesurer ces distorsions pour guider le traitement.
L’exercice est conçu pour être utilisé avec un thérapeute, comme recommandé dans Cognitive Behavioral Therapy Interventions With Sex Offenders, pour assurer son efficacité. Il inclut des instructions claires, comme répéter les nouvelles pensées quotidiennement, pour renforcer le changement cognitif, aligné avec des pratiques décrites dans Treatment And Sexual Offence Recidivism.
Exemple:
Description de l’infraction
Pensée Déformée
Preuves Pour
Preuves Contre
Pensée Alternative Rationnelle
Impact sur Émotions/Comportement
Touché une enfant de 10 ans
Elle était séductrice
Elle souriait
Elle est un enfant, pas de consentement
Elle était juste amicale
Plus de remords, compréhension
Ce n’est pas grave
Pas de réaction immédiate
Abus a des effets à long terme
Abus sur enfant est un crime grave
Reconnaissance de la gravité
Je ne pouvais pas m’arrêter
Forte libido
Contrôle en d’autres situations
Je peux contrôler mes impulsions
Prendre responsabilité
Ce tableau aide à structurer la réflexion, facilitant l’identification et le défi des distorsions, comme suggéré dans Cognitive distortions and blame attribution in sex offenders against adults and children.
L’exercice est une adaptation des fiches de travail générales de restructuration cognitive, comme celles trouvées sur Cognitive Restructuring Worksheets & Example, ajustées pour les délinquants sexuels. Il reconnaît la complexité du sujet, avec des preuves variées sur l’efficacité à long terme, et recommande une supervision thérapeutique pour maximiser les bénéfices. Cette approche est cohérente avec les lignes directrices des programmes comme le Sex Offender Treatment Programme (STOP) au Royaume-Uni, mentionné dans Recent advances in therapy for sexual offenders.

 » Les exercices de clarification des valeurs ont été développés à la fin des années 1960 pour aider les individus et les membres d’un groupe à mieux comprendre ce qu’ils aimeraient s’efforcer de faire dans leur vie (Simon, Howe, & Kirschenbaum, 1972).
Un exercice simple qui peut être réalisé dans le cadre d’un traitement individuel ou de groupe consiste à demander  aux clients de rédiger leur propre notice nécrologique. Cela peut les aider à se concentrer davantage sur l’avenir et moins sur la satisfaction de leurs besoins actuels.

Un deuxième exercice consiste à demander aux clients ce qu’ils feraient s’ils gagnaient 43 millions de dollars à leur sortie de prison : la réponse peut clarifier ce que les clients apprécient les considérations financières sont retirées de l’équation.

Un troisième exercice utile de clarification des valeurs a été mis au point par le créateur de la thérapie de la réalité, William Glasser (1989). Il aimait poser trois questions à ses clients : « Que voulez-vous ? Qu’êtes vous en train de faire ? Qu’en pensez-vous ? » La première question est la plus délicate, car la plupart des gens ont des désirs contradictoires. Par exemple, ils veulent à la fois exprimer leur colère et éviter les ennuis. Ils veulent boire beaucoup et faire la cour aux femmes tout en maintenant une bonne relation avec leur petite amie. Les trois questions sont utiles parce qu’elles sont faciles à retenir et qu’elles obligent les gens à regarder ce qu’ils font et à se demander si les résultats sont conformes à leurs objectifs et à leurs valeurs à long terme. »

 

Raymond Chip Tafrate, PhD, est psychologue clinicien et professeur au département de criminologie et de justice pénale de la Central Connecticut State University. Il est membre et superviseur de l’Albert Ellis Institute à New York City, NY, et membre du Motivational Interviewing Network of Trainers (réseau de formateurs à l’entretien motivationnel). Il consulte fréquemment des agences et des programmes de justice pénale sur des problèmes difficiles à changer tels que la dysrégulation de la colère et le comportement délinquant. Il est coauteur de nombreux ouvrages et a présenté ses recherches dans toute l’Amérique du Nord, l’Europe, l’Asie et l’Australie. Il est coauteur, avec Howard Kassinove, d’un classique de l’auto-assistance, Anger Management for Everyone (La gestion de la colère pour tous).

Damon Mitchell est psychologue agréé et professeur associé au département de criminologie et de justice pénale de la Central Connecticut State University.

Ses recherches ont été publiées dans diverses revues de psychologie et de justice pénale, notamment International Journal of Offender Therapy and Comparative Criminology, Journal of Criminal Justice, Federal Probation, Journal of Sex Research et Journal of Interpersonal Violence.

Best Practices for Successful Reentry for People Who Have Opioid Addictions, NCJ Number 252972, Novembre 2018

Résumé:

Les meilleures pratiques sont présentées dans les catégories suivantes : planification et coordination ; traitement de la santé comportementale et interventions cognitivo-comportementales ; surveillance de la probation et de la libération conditionnelle ; et services d’aide au rétablissement, logement et autres services d’aide dans la communauté. Cinq bonnes pratiques sont brièvement décrites dans la catégorie « planification et coordination », notamment le dépistage et l’évaluation de la dépendance aux opioïdes lors de la planification de la réinsertion et la mise en place d’un processus permettant de déterminer si les personnes ayant récemment consommé des opioïdes ont besoin d’une gestion du sevrage ou d’une désintoxication. Trois bonnes pratiques sont décrites pour le traitement de la santé comportementale et l’intervention cognitive. Il s’agit notamment de garantir un traitement assisté par des médicaments et de fournir des conseils, tant dans l’établissement pénitentiaire qu’au moment de la réinsertion. Une meilleure pratique est décrite pour la surveillance de la probation et de la libération conditionnelle. Elle consiste à former les agents de probation et de libération conditionnelle à la manière de travailler avec les personnes souffrant d’une dépendance aux opiacés et, dans la mesure du possible, à créer des dossiers spécialisés pour les personnes souffrant de toxicomanies et de maladies mentales concomitantes. En ce qui concerne les services d’aide au rétablissement, le logement et d’autres formes de soutien dans la communauté, la meilleure pratique décrite est la fourniture de services d’aide au rétablissement immédiatement après la libération. Ces services de soutien comprennent une série de programmes et de ressources qui aident les personnes à accéder aux systèmes de soins et à rester engagées dans leur traitement et leur processus de rétablissement. Ces services peuvent inclure un soutien à l’emploi, à l’éducation et au logement.

Le nombre croissant de personnes souffrant d’une dépendance aux opioïdes continue d’avoir un impact sur les communautés à travers les États-Unis, qu’il s’agisse de grandes zones urbaines ou de comtés ruraux. Des données récentes montrent que 116 personnes meurent chaque jour d’une overdose d’opioïdes ; en 2016, les overdoses alimentées par les addictions aux opioïdes ont été la principale cause de décès chez les Américains de moins de 50 ans, dépassant les décès dus aux accidents de voiture et aux armes à feu. Les défis associés à l’addiction aux opioïdes peuvent aussi souvent avoir des conséquences dangereuses et bouleversantes pour les personnes qui sortent de prison et réintègrent la communauté. En fait, les personnes qui ont une dépendance aux opioïdes et qui sortent de prison sont confrontées à un risque nettement plus élevé d’overdose et de décès lié à l’overdose : dans le seul État de Washington, des opioïdes ont été détectés dans près de 15 % de tous les décès survenus sur une période de dix ans chez des personnes qui sortaient de prison. Il a également été constaté que le risque de décès par overdose dans les deux premières semaines suivant la sortie de prison était 129 fois supérieur à celui des autres résidents de l’État. Dans le Connecticut, 52 % des personnes décédées d’une overdose en 2016 avaient été incarcérées à un moment ou à un autre en prison.6 Outre ces risques pour la santé et la sécurité personnelle des personnes dépendantes aux opioïdes qui réintègrent la communauté, il peut également y avoir des problèmes de sécurité publique car les personnes dépendantes aux substances ont tendance à avoir un risque plus élevé d’activité criminelle future par rapport aux personnes qui ne sont pas dépendantes. En raison du risque accru de rechute, de décès par overdose et de récidive, la réinsertion est une période critique pour fournir un accès rapide au traitement avant et après la libération, ainsi qu’une supervision aux personnes dépendantes aux opioïdes. Cette fiche d’information décrit les meilleures pratiques que les services correctionnels, les services communautaires de santé comportementale et les services de probation et de libération conditionnelle peuvent mettre en œuvre pour garantir la sécurité et la réussite de la réinsertion des personnes dépendantes aux opiacés. Ces bonnes pratiques sont classées dans les catégories suivantes :

  • Planification et coordination

Partage des informations issues des dépistages de drogues, des évaluations et des traitements Pour améliorer les résultats des traitements, il est essentiel de partager les informations relatives aux dépistages, aux évaluations et aux traitements, ainsi qu’à l’utilisation de la naloxone, avec les personnes concernées par le processus de rétablissement d’une personne. Par exemple, il est important que les programmes de santé comportementale, de santé pénitentiaire et de traitement résidentiel de l’abus de substances (RSAT) dans un établissement pénitentiaire partagent les informations avec les prestataires de santé comportementale de la communauté afin d’éviter les lacunes en matière de couverture des soins de santé et de traitement. Des lois et réglementations fédérales sont en place pour protéger la confidentialité des informations sensibles relatives à la consommation d’opioïdes et à d’autres problèmes de santé. Le Health Insurance Portability and Accountability Act (HIPAA) et le titre du Code of Federal Regulations (CFR) Part 2 donnent des indications sur les conditions dans lesquelles les informations de santé protégées peuvent être partagées. Il est important que les agences et les entités impliquées dans la réinsertion d’une personne comprennent ces directives et travaillent en collaboration pour partager les informations pertinentes entre elles afin de réduire la duplication des efforts de collecte d’informations.

  • Traitement de santé comportementale et interventions cognitivo-comportementales

Proposer des interventions cognitivo-comportementales dans l’établissement pénitentiaire et dans la communauté pour traiter les facteurs de risque et de besoin criminogènes. Les interventions cognitivo-comportementales (ICC) sont conçues pour réduire le risque de récidive en s’attaquant aux facteurs de risque criminogènes tels que la pensée criminelle, les pairs antisociaux et les schémas de personnalité antisociale. Les programmes CBI aident les participants à traiter ces facteurs de risque en améliorant les capacités de réflexion critique, la résolution de problèmes, le raisonnement moral, la maîtrise de soi et la gestion des impulsions.24 Les personnes souffrant d’une dépendance aux opiacés présentent souvent plusieurs facteurs de risque criminogènes qui, s’ils ne sont pas traités, peuvent contribuer à la probabilité d’une récidive. Associés au traitement de la toxicomanie, les TCC jouent un rôle essentiel dans la réduction de la probabilité de récidive. Les TCC devraient être proposés dans les établissements pénitentiaires ainsi que dans la communauté afin d’aborder la question de la pensée criminelle tout au long du processus de réinsertion et de réduire la probabilité d’un nouveau comportement criminel. Relier les personnes dépendantes aux opioïdes à la couverture des soins de santé. Le personnel des établissements pénitentiaires, les prestataires communautaires de traitements de santé comportementale et les autres organismes de services sociaux doivent s’assurer que les personnes souffrant d’une dépendance aux opiacés sont affiliées à une couverture médicale ou que leur couverture sera rétablie dès leur sortie de l’établissement. Cela permet de réduire la probabilité d’interruption du traitement. De nombreux États ont mis en place des procédures permettant au personnel pénitentiaire et de réinsertion d’aider les personnes à remplir les formulaires de demande de couverture médicale et à mettre en œuvre les politiques permettant de bénéficier de Medicaid dès leur libération. Dans d’autres cas, des dispositions sont prises pour une couverture limitée dans le temps pour les personnes qui sont sur le point de quitter la prison ou la maison d’arrêt mais qui n’ont pas reçu la décision finale d’éligibilité au moment de leur libération. S’assurer que les personnes bénéficient d’une couverture médicale dès leur libération peut réduire les lacunes dans l’accès au traitement des addictions, réduisant ainsi le risque de rechute et augmentant les chances d’un rétablissement durable.

  • Supervision de la probation et de la libération conditionnelle

Former les agents de probation et de libération conditionnelle à travailler avec les personnes dépendantes aux opioïdes et, dans la mesure du possible, créer des dossiers spécialisés pour les personnes souffrant de toxicomanie et de maladies mentales concomitantes. Compte tenu de la prévalence de la dépendance aux opioïdes aux États-Unis, tous les agents de probation et de libération conditionnelle devraient recevoir une formation sur la supervision des personnes dépendantes aux opioïdes afin de pouvoir les superviser efficacement et les orienter vers un traitement. Certaines juridictions ont mis au point des dossiers spécialisés pour la surveillance de cette population, avec des protocoles spécifiques pour le dépistage des drogues lorsqu’une personne a reçu des MAT et une surveillance étroite des personnes dans les deux premières semaines suivant leur libération de l’établissement pénitentiaire pour détecter les signes d’overdose. Étant donné que de nombreuses personnes dépendantes aux opiacés souffrent également de maladies mentales concomitantes, les agences de probation et de libération conditionnelle devraient, dans la mesure du possible, mettre en place des dossiers spécialisés pour les personnes souffrant de maladies mentales et de toxicomanies concomitantes, afin que la surveillance et les programmes puissent répondre efficacement à leurs facteurs de risque criminogènes et à leurs besoins spécifiques.

  • Services de soutien au rétablissement, logement et autres services de soutien dans la communauté.

Fournir des services d’aide au rétablissement dès la libération. Les services d’aide au rétablissement sont un ensemble de programmes et de ressources qui aident les personnes à accéder aux systèmes de soins et à rester engagées dans leur traitement et leur processus de rétablissement. Il peut s’agir de services d’aide à l’emploi, à l’éducation et au logement, de services de gestion de la maladie et de services dirigés par des pairs. Les services fournis varieront d’une personne à l’autre car le rétablissement est un processus individuel, mais toutes les personnes qui ont une dépendance aux opiacés et qui réintègrent la communauté devraient être connectées à ces services dès que possible dans le cadre de leur plan de réinsertion afin que leurs besoins puissent être pris en compte et que leur rétablissement puisse être soutenu.

SourceBest-Practices-Successful-Reentry-Opioid-Addictions.pdf

 

Quelle est la différence entre délinquants réactionnels et psychopathes? C’est la réponse à laquelle propose de répondre (entre autres)  A. T Beck dans son ouvrage de réference, en nous proposant ce tableau synthétique et concis:

Source: A.T. Beck (2002) Prisonniers de la haine , les racines de la violence

Aaron T. Beck est professeur émérite de psychiatrie à l’université de Pennsylvanie à Philadelphie

« D’après A T. BECK (2002), il est possible de bien distinguer le psychopathe primaire du délinquant réactionnel en fonction de termes selon lesquels ils contrastent, à savoir : la conception des autres, la conception de soi et la stratégie.

Cependant, tous les deux ont une basse tolérance à la frustration et ils punissent la source de celle-ci ; dès lors, l’approche clinique de ces deux types de délinquants diffère :

  • pour le sujet délinquant réactionnel, cette approche clinique est dirigée vers une aide par rapport à son sens de l’inadéquation et vers un entraînement à s’affirmer lui-même de manière constructive et à résoudre les problèmes ;
  • pour le sujet psychopathe, l’approche clinique est plus difficile mais utilise la formation à l’empathie, l’accroissement de la sensibilité au feed-back et l’incitation à davantage de réflexion quant aux effets à long terme de son comportement antisocial. « 

Source: Stéphane Boiron (2012) Au sujet du passage à l’acte délinquant chez les adolescents contemporains issus de populations migrantes, quels sont les liens avec l’intégration des parents et l’intégration des jeunes (telles qu’elles sont perçues par les adolescents), le niveau d’estime de soi et l’anxiété. 

Délinquants réactionnels Psychopathes
Conception de soi
  • Vulnérable
  • Fluctuant
  • Droits fragiles
  • Invulnérable
  • Supérieur
  • Prééminence de ses propres droits
Conception des autres
  • Hostiles
  • Opposants
  • L’ennemi
  • Dupes
  • Inférieurs
  • Faibles
Stratégie
  • Résolution de problèmes Inadéquate
  • Violence « défensive »
  • Manipulation
  • Violence

Quelques points de reference:

Personnalité dyssociale (CIM10)

  • Indifférence froide envers les sentiments d’autrui
  • Attitude irresponsable, mépris des normes, règles et contraintes sociales
  • Incapacité à maintenir des relations durables
  • Intolérance à la frustration, abaissement du seuil de décharge de l’agressivité, violence
  • Incapacité à éprouver de la culpabilité ou à tirer un enseignement des expériences (sanctions)
  • Tendance à blâmer autrui

PINATEL et sa personnalité délinquante (1960)

Selon Pinatel, les criminels se distinguent des gens normaux sur quatre dimensions du « noyau central de la personnalité criminelle » :

    • l’égocentrisme,
    • la labilité,
    • l’agressivité
    • et l’indifférence affective.

Ces quatre traits doivent tous être présents pour qu’un crime grave soit commis

Psychopathie

Quelques facteurs:

    • Traits narcissiques pathologiques (grandiosité et perception égocentrique de soi, omnipotence etc.),
    • détachement émotionnel (émotion= signe de faiblesse),
    • comportements antisociaux,
    • Impulsivité