Les dangers afférents à la prison ont été perçus dès qu’au XIXème siècle, la prison s’est généralisée. A l’époque, on insistait déjà sur la promiscuité, la corruption… Aujourd’hui, on dit : radicalisation, surpeuplement – 14 000 places manquent dans les maisons d’arrêt… Souvent inefficace, la prison alimente la récidive.
La récidive, c’est le grand souci, surtout depuis que l’invention du casier judiciaire, en 1850, permet de la mesurer.
Demain arrive à l’Assemblée un projet de loi qui voudrait développer les peines alternatives. Il s’agit d’étendre le domaine de la contrainte pénale, laquelle permettrait de rendre la peine immédiatement exécutable mais en évitant la case prison : bracelet électronique, travaux d’intérêt général, procédures de réparation etc… La République, dira la Garde des Sceaux à la tribune, croit à la possibilité d’amender les individus.
Ce n’est, ce ne fut pas toujours le cas. Pour les délits graves passibles des travaux forcés, Louis-Napoléon Bonaparte avait institué la transportation en Guyane mais c’est la Troisième République qui, en 1885, à sa plus glorieuse époque, sur une idée de Gambetta, invente la relégation. Elle est destinée à éloigner ceux qui, déjà lestés d’un casier, récidivent. Peu importe le nouveau délit commis. Bien souvent il s’agit seulement de vagabondage, dans 80% des cas, l’affaire relève de la correctionnelle mais qui a volé un bœuf peut voler un œuf. Et tombe le couperet, la guillotine sèche : la Guyane toujours, sans espoir de retour.
Jusqu’à son abandon, très tardif, après la Libération, la relégation dans le Maroni a concerné 17 000 personnes qu’il faut ajouter aux quelques centaines de déportés des îles et aux quelque 50 000 transportés à Saint-Laurent.
Christiane Taubira, qui s’apprête à un débat difficile sur la réforme pénale, est élue de Guyane.