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FRANCE INTER, Emission « le téléphone sonne » (5/09/2013) Comment va s’appliquer la réforme pénale de Christiane Taubira ?

Mise en place d’une contrainte pénale alternative à l’incarcération, suppression des peines planchers, fin des sorties sèches des condamnés. Objectif principal : lutter contre la récidive.

Invités:

  • Ludovic Fossey, Juge d’application des peines à Paris, représentant de l’Association nationale des Juges d’Application des Peines
  • Géraldine Blin, Directrice du SPIP du Val d’Oise (Service pénitentiaire d’insertion et de probation), ex-directrice de prison et membre du Syndicat des directeurs pénitentiaires (SNDP)
  • Frédéric Lauféron, Directeur général de l’APCARS, l’Association de Politique Criminelle Appliquée et de Réinsertion Sociale

Dedans Dehors n°80 (juin 2013)  Dossier « Ils sont nous » Parcours de vie d’anciens détenus

 » La prison voudrait nous faire croire que l’homme qu’elle contient ne nous ressemble plus», écrivait le fondateur de l’OIP, Bernard Bolze. Pour lutter contre cette dissolution de l’homme dans le prisonnier, il faut accepter de regarder de plus près les parcours singuliers des personnes cachées derrière les termes génériques de «délinquant» ou «détenu». Vouloir comprendre comment, derrière des statistiques et des faits divers, se forge un parcours délinquant. Comment, au croisement de facteurs personnels et sociaux, la prison survient dans une existence. Et enfin voir les traces qu’elle y laisse…

Cinq personnes ayant connu la prison ont accepté de parler. De leur vie avant, pendant et après. Chacune livre de son parcours un aperçu nécessairement subjectif, dont les creux et les zones d’ombres disent autant que ce qui est exposé. Autant d’histoires que de personnes, pour tenir à distance lieux communs et idées reçues, pour échapper à toute tentative de simplification. Comment Marie-Hélène, coiffeuse, née dans une famille « très normale » bascule en quelques minutes dans le meurtre de l’homme qui la maltraitait. Comment Olivier, cadre bancaire, devient un multirécidiviste incapable de lutter contre ses « failles psychologiques ». Comment Virginie, trouvant dans l’alcool un refuge contre la misère et la maladie, atterrit en prison pour ne pas avoir su respecter son obligation de soins. Comment Yazid et Philippe, qui ont très tôt connu la prison, sont finalement devenus consultant en prévention urbaine pour l’un et animateur sportif pour l’autre. L’exercice, inspiré de la technique du récit de vie, contribue à ce que chacun se réapproprie son histoire. Ce regard des intéressés sur leur propre cheminement donne chair aux statistiques… et tord le cou à bien des préjugés.

Ne pas être réduit à sa délinquance passée
« Je m’en suis sorti, affirme Philippe, parce que j’ai voulu prouver que je pouvais ne pas être réduit à ma délinquance passée ». Pour le chercheur écossais Fergus McNeill (in «Les sorties de délinquance», 2012), « la sortie de délinquance est une question de rédemption personnelle, pas forcément dans le sens spirituel ou théologique du terme, mais plutôt au sens de trouver une façon de réparer un passé troublé et troublant en participant de façon positive à la vie de la famille ou de la collectivité ».  Le déclic, pour Yazid, vient lorsque témoignent en sa faveur le maire de sa commune et « plusieurs personnes, venues dire que je n’étais pas un ‘irrécupérable’. C’était la première fois de ma vie que j’entendais que je pouvais être un type bien ». Ce processus sera facilité s’il est reconnu par les autres, et plus particulièrement par les autorités ayant condamné l’acte, entérinant un « dés-étiquetage ». « Il ne suffit pas que pour s’amender une personne accepte la société conventionnelle, il faut également que la société conventionnelle reconnaisse le changement intervenu chez cette personne », souligne le chercheur Shadd Maruna. Une interaction dont témoigne Yazid Kherfi, qui apporte la preuve «qu’on peut avoir été délinquant et changer, quand le regard posé sur vous change ».

Lire le récit de vie de Yazid Kherfi

Désigné comme un « bon à rien » dans sa famille, puis à l’école, Yazid Kherfi a trouvé dans la bande de jeunes «voyous» une seconde famille, un moyen d’exister et d’être valorisé. Après 15 ans de vols et braquages, il est devenu animateur social, puis consultant en prévention urbaine. Il interpelle institutions et professionnels sur la nécessité d’entendre l’appel au secours des jeunes délinquants des quartiers.
yazidkherfi.pdf

Lire le récit de vie de Marie-Hélène

Après avoir subi les violences de son conjoint pendant 18 ans, Marie-Hélène s’empare une nuit de la carabine qu’il garde, chargée, au pied de son lit, et le tue de plusieurs coups de feu. Elle vit son arrestation puis sa détention comme un « soulagement ». Condamnée à dix ans d’emprisonnement, elle est désormais en libération conditionnelle. Mais c’est au tour de son fils d’être incarcéré…
mariehelene.pdf

Voir le dossier complet sur le site de l’OIP

Parution du dernier livre de Martine Herzog-Evans  (2013) LE JUGE DE L’APPLICATION DES PEINES, Monsieur Jourdain de la désistance

Restant sur un corps qui n’avait jamais été étudié de manière aussi approfondie, cet ouvrage porte sur ce que les juges d’application des peines disent d’eux-mêmes, sur ce qu’en disent leurs partenaires et sur ce qu’ils font, que ce soit lors des débats et autres rencontres avec les condamnés et dans leurs jugements.

Cet ouvrage porte sur la culture professionelle des JAP (avec la désistance comme compas), leur recrutement, leur formation, leurs aspirations, objectifs, leur attitude envers les justiciables, leurs relations avec les parquetiers et les agents de probation (cette partie est particulièrement complexe), comment tous les praticiens avec lesquels ils sont en contact les perçoivent (et par ex en plus des deux précédents, les cadres de la probation et les avocats), comment ils parviennent à maintenir le cap sur le procès équitable et les débats contradictoires intimistes dans un contexte de charge de travail délirante de la justice et de pauvreté terrible ainsi que de problèmes en termes de « territoires » avec les SPIP et les établissements pénitentiaires.

Disponible chez l’Harmattan

Voilà que même LCI parle de la désistance… qui aurait parié là dessus il y a trois ans…?

« Prendre le problème par le côté positif plutôt que par la négative »…

La désistance est le processus qui consiste à abandonner un parcours de délinquance. Des chercheurs ont décelé plusieurs facteurs déclencheurs. Alors que l’objectif de la réforme Taubira, dont le contenu sera décidé ce vendredi, est la lutte contre la récidive, cet axe de recherche vient alimenter le débat.

La désistance, c’est tout ce qui amène un homme à abandonner la voie de la délinquance et non tout ce qui amène un homme à récidiver. La plupart des études sur le sujet sont anglo-saxonnes. Depuis quelques années, elles se développent timidement en France. « C’est un paradigme plus enthousiasmant que celui de la récidive, indique à MYTF1News Martine Herzog-Evans (1), professeure de droit et de criminologie à l’université de Reims. On ne cherche plus seulement à comprendre pourquoi les condamnés retombent dans la délinquance, mais comment ils en sortent ».

Les études montrent en effet que les taux de criminalité sont au plus haut à la fin de l’adolescence et diminuent avec le temps. L’âge moyen de l’arrêt de la délinquance est de 28 ans. « Tous les éléments de sociabilisation, de stabilité et de maturation cérébrale sont là, explique Martine Herzog-Evans. Souvent à 30 ans, les délinquants ont d’autres envies. »

« Après l’arrêt de la délinquance, le condamné se retrouve souvent seul »

Alors comment se couper de sa « bande » ? Sans surprise, avoir un logement et un travail, favorise la réinsertion. « L’emploi permet aux délinquants de ne plus se définir comme condamnés, mais comme des travailleurs », indique la chercheuse. De ce point de vue là, le travail à temps complet est plus efficace que le temps partiel car « lorsque les copains viendront klaxonner le soir, ils seront trop fatigués pour aller voler des voitures. »

« Pour sortir de la délinquance, une des premières choses à faire est d’apprendre à dire non à ses amis, explique Martine Herzog-Evans. C’est difficile car dans la désistance, le condamné se retrouve souvent seul. »

Désistance, trois ans loin de la délinquance

D’autres facteurs, plus intimes et peu étudiés en France, ont un rôle essentiel, comme la vie de couple et le mariage. « Les délinquants ont souvent des problèmes affectifs donc la rencontre amoureuse peut s’avérer déterminante, reconnaît Yazid Kherfi. Cela permet de choisir sa femme plutôt que ces copains ». Déménager ou restaurer les liens familiaux sont d’autres axes importants de la désistance, toujours avec le même souci d’éloigner les délinquants de leur univers amical.

L’arrêt de la délinquance est un processus long, qui dépend de la volonté de la personne, des circonstances, mais aussi du système pénal. « Nous n’avons jamais la certitude que les gens ne retomberont jamais dans la délinquance, concède Martine Herzog-Evans. On considère que la désistance s’installe vraiment quand la personne n’a pas commis de délit ou de crime pendant trois ans ».

Un manque de moyens humains et financiers

D’où l’importance d’une prise en charge après l’incarcération, la récidive ayant souvent lieu dans les premiers mois de la sortie de prison. « Dès que l’on met des gens en prison, ne pas travailler sur la réinsertion n’est pas acceptable, dit la chercheuse. En France, on le fait très peu, mais je ne jette pas la pierre à l’administration pénitencière car elle manque de moyens financiers et humains. »

L’article complet sur lci.tf1.fr

Roland COUTENCEAU & Joanna SMITH (03 juillet 2013) Troubles de la personnalité – Ni psychotiques, ni névrotiques, ni pervers, ni normaux..

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On estime que de 5 à 15% de la population adulte présente un trouble de la personnalité. Ni psychotique, ni névrotique, ni pervers, ni normal : qui est véritablement concerné?

C’est à cette question que répond le nouvel ouvrage coordonné par Roland Coutanceau et Johanna Smith en traitant le sujet sous tous ses angles: la clinique, la psychopathologie, l’évaluation, la victimologie, la prise en charge, l’aspect institutionnel.

Car mieux appréhender le type de fonctionnement de ces sujets est nécessaire pour mieux les accompagner dans une sociabilisation adaptée.

 

disponible sur amazon
 

TED TALK (2012) Leslie Morgan Steiner : Pourquoi les victimes de violence conjugales ne partent pas

Leslie Morgan Steiner a vécu un “crazy love” — c’est-à-dire être éperdument amoureuse d’un homme qui abusait d’elle régulièrement et menaçait sa vie. Steiner nous raconte la sombre histoire de sa relation, corrigeant les idées fausses à propos des victimes de violences conjugales et expliquant comment nous pouvons tous aider à rompre le silence. (Filmé à TEDxRainier.)

Leslie Morgan Steiner is a writer and outspoken advocate for survivors of domestic violence — which includes herself

Maurice Cusson (IPJ; Aout 2013) Exécution des peines et morts violentes : les leçons de la criminologie comparée

Cahiers Etudes et analyses n°18 de l’institut pour la justice

Maurice CUSSON, criminologue, est professeur à l’Université de Montréal.

Résumé
Dans cette étude, Maurice Cusson analyse, au travers de trois comparaisons criminologiques, les effets de l’exécution des peines sur le recul de la criminalité. Tout d’abord, il observe une décroissance des homicides entre la fin du Moyen âge et la période contemporaine, en raison de la consolidation des organisations policières, de l’institutionnalisation de la justice, du développement du système carcéral, et de l’apport des sciences criminelles. Il met ensuite en lumière la corrélation existante entre la performance policière et la fréquence des homicides : plus les niveaux de la première sont faibles, plus les taux des seconds sont élevés; inversement, plus les niveaux de la première sont élevés, plus les taux des seconds sont faibles. Enfin, l’utilisation des nouvelles technologies appliquées à l’exécution des peines, en particulier l’instauration des contrôles radars automatisés en France, permet de renforcer l’effet dissuasif de sanctions systématiquement appliquées et de faire significativement baisser la mortalité.

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