Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
Header

Parution du dernier livre de Martine Herzog-Evans  (2013) LE JUGE DE L’APPLICATION DES PEINES, Monsieur Jourdain de la désistance

Restant sur un corps qui n’avait jamais été étudié de manière aussi approfondie, cet ouvrage porte sur ce que les juges d’application des peines disent d’eux-mêmes, sur ce qu’en disent leurs partenaires et sur ce qu’ils font, que ce soit lors des débats et autres rencontres avec les condamnés et dans leurs jugements.

Cet ouvrage porte sur la culture professionelle des JAP (avec la désistance comme compas), leur recrutement, leur formation, leurs aspirations, objectifs, leur attitude envers les justiciables, leurs relations avec les parquetiers et les agents de probation (cette partie est particulièrement complexe), comment tous les praticiens avec lesquels ils sont en contact les perçoivent (et par ex en plus des deux précédents, les cadres de la probation et les avocats), comment ils parviennent à maintenir le cap sur le procès équitable et les débats contradictoires intimistes dans un contexte de charge de travail délirante de la justice et de pauvreté terrible ainsi que de problèmes en termes de « territoires » avec les SPIP et les établissements pénitentiaires.

Disponible chez l’Harmattan

Voilà que même LCI parle de la désistance… qui aurait parié là dessus il y a trois ans…?

« Prendre le problème par le côté positif plutôt que par la négative »…

La désistance est le processus qui consiste à abandonner un parcours de délinquance. Des chercheurs ont décelé plusieurs facteurs déclencheurs. Alors que l’objectif de la réforme Taubira, dont le contenu sera décidé ce vendredi, est la lutte contre la récidive, cet axe de recherche vient alimenter le débat.

La désistance, c’est tout ce qui amène un homme à abandonner la voie de la délinquance et non tout ce qui amène un homme à récidiver. La plupart des études sur le sujet sont anglo-saxonnes. Depuis quelques années, elles se développent timidement en France. « C’est un paradigme plus enthousiasmant que celui de la récidive, indique à MYTF1News Martine Herzog-Evans (1), professeure de droit et de criminologie à l’université de Reims. On ne cherche plus seulement à comprendre pourquoi les condamnés retombent dans la délinquance, mais comment ils en sortent ».

Les études montrent en effet que les taux de criminalité sont au plus haut à la fin de l’adolescence et diminuent avec le temps. L’âge moyen de l’arrêt de la délinquance est de 28 ans. « Tous les éléments de sociabilisation, de stabilité et de maturation cérébrale sont là, explique Martine Herzog-Evans. Souvent à 30 ans, les délinquants ont d’autres envies. »

« Après l’arrêt de la délinquance, le condamné se retrouve souvent seul »

Alors comment se couper de sa « bande » ? Sans surprise, avoir un logement et un travail, favorise la réinsertion. « L’emploi permet aux délinquants de ne plus se définir comme condamnés, mais comme des travailleurs », indique la chercheuse. De ce point de vue là, le travail à temps complet est plus efficace que le temps partiel car « lorsque les copains viendront klaxonner le soir, ils seront trop fatigués pour aller voler des voitures. »

« Pour sortir de la délinquance, une des premières choses à faire est d’apprendre à dire non à ses amis, explique Martine Herzog-Evans. C’est difficile car dans la désistance, le condamné se retrouve souvent seul. »

Désistance, trois ans loin de la délinquance

D’autres facteurs, plus intimes et peu étudiés en France, ont un rôle essentiel, comme la vie de couple et le mariage. « Les délinquants ont souvent des problèmes affectifs donc la rencontre amoureuse peut s’avérer déterminante, reconnaît Yazid Kherfi. Cela permet de choisir sa femme plutôt que ces copains ». Déménager ou restaurer les liens familiaux sont d’autres axes importants de la désistance, toujours avec le même souci d’éloigner les délinquants de leur univers amical.

L’arrêt de la délinquance est un processus long, qui dépend de la volonté de la personne, des circonstances, mais aussi du système pénal. « Nous n’avons jamais la certitude que les gens ne retomberont jamais dans la délinquance, concède Martine Herzog-Evans. On considère que la désistance s’installe vraiment quand la personne n’a pas commis de délit ou de crime pendant trois ans ».

Un manque de moyens humains et financiers

D’où l’importance d’une prise en charge après l’incarcération, la récidive ayant souvent lieu dans les premiers mois de la sortie de prison. « Dès que l’on met des gens en prison, ne pas travailler sur la réinsertion n’est pas acceptable, dit la chercheuse. En France, on le fait très peu, mais je ne jette pas la pierre à l’administration pénitencière car elle manque de moyens financiers et humains. »

L’article complet sur lci.tf1.fr

Roland COUTENCEAU & Joanna SMITH (03 juillet 2013) Troubles de la personnalité – Ni psychotiques, ni névrotiques, ni pervers, ni normaux..

troubles_perso

 

On estime que de 5 à 15% de la population adulte présente un trouble de la personnalité. Ni psychotique, ni névrotique, ni pervers, ni normal : qui est véritablement concerné?

C’est à cette question que répond le nouvel ouvrage coordonné par Roland Coutanceau et Johanna Smith en traitant le sujet sous tous ses angles: la clinique, la psychopathologie, l’évaluation, la victimologie, la prise en charge, l’aspect institutionnel.

Car mieux appréhender le type de fonctionnement de ces sujets est nécessaire pour mieux les accompagner dans une sociabilisation adaptée.

 

disponible sur amazon
 

TED TALK (2012) Leslie Morgan Steiner : Pourquoi les victimes de violence conjugales ne partent pas

Leslie Morgan Steiner a vécu un “crazy love” — c’est-à-dire être éperdument amoureuse d’un homme qui abusait d’elle régulièrement et menaçait sa vie. Steiner nous raconte la sombre histoire de sa relation, corrigeant les idées fausses à propos des victimes de violences conjugales et expliquant comment nous pouvons tous aider à rompre le silence. (Filmé à TEDxRainier.)

Leslie Morgan Steiner is a writer and outspoken advocate for survivors of domestic violence — which includes herself

Maurice Cusson (IPJ; Aout 2013) Exécution des peines et morts violentes : les leçons de la criminologie comparée

Cahiers Etudes et analyses n°18 de l’institut pour la justice

Maurice CUSSON, criminologue, est professeur à l’Université de Montréal.

Résumé
Dans cette étude, Maurice Cusson analyse, au travers de trois comparaisons criminologiques, les effets de l’exécution des peines sur le recul de la criminalité. Tout d’abord, il observe une décroissance des homicides entre la fin du Moyen âge et la période contemporaine, en raison de la consolidation des organisations policières, de l’institutionnalisation de la justice, du développement du système carcéral, et de l’apport des sciences criminelles. Il met ensuite en lumière la corrélation existante entre la performance policière et la fréquence des homicides : plus les niveaux de la première sont faibles, plus les taux des seconds sont élevés; inversement, plus les niveaux de la première sont élevés, plus les taux des seconds sont faibles. Enfin, l’utilisation des nouvelles technologies appliquées à l’exécution des peines, en particulier l’instauration des contrôles radars automatisés en France, permet de renforcer l’effet dissuasif de sanctions systématiquement appliquées et de faire significativement baisser la mortalité.

EA-N%C2%B018-web1.pdf

FRANCE INTER, Emission « Interception »  (18/08/2013) La prison est dans le pré

coucy copieIl n’y a jamais eu autant de prisonniers en France – 66 126 détenus au 1er septembre dernier – mais 20% seulement des personnes condamnées pour un crime ou un délit peuvent bénéficier d’un aménagement de peine qui facilite leur réinsertion. Pour tous les autres détenus, la sortie de prison se fait sans accompagnement. La difficulté à se réinsérer, surtout après une longue peine, est d’autant plus grande et peut mener tout droit à la récidive.

La ministre de la Justice, Christiane Taubira, souhaite réorienter la politique pénale et rendre plus systématique les aménagements de peine. Elle a chargé une commission, créée en septembre dernier, de faire des propositions dans ce sens pour un projet de loi à venir.

Pour que ces aménagements ne soient pas un simple moyen de vider les prisons et de coûter moins cher à l’administration (un bracelet électronique coûte 12€ par jour contre 80€ pour une journée de prison…), il faut qu’existent des lieux de réinsertion. La ferme de Moyembrie offre un exemple de ce qu’il est possible de faire en la matière. C’est une ferme biologique installée à Coucy-le-Château, dans l’Aisne, qui alimente deux Amap. Au départ, c’était un projet un peu utopique, lancé par un couple qui s’était lié d’amitié avec un détenu. Aujourd’hui, c’est une association liée à Emmaüs qui travaille en collaboration étroite avec la Justice et l’administration pour accueillir une petite vingtaine de détenus, encadrés par une équipe de bénévoles et de salariés. Les résidents de la ferme retrouvent le goût de la vie en société, parfois après de longues années en prison.

un reportage de Mathilde Dehimi

SCIENCE ET VIE (15/05/2013) Analyser le cerveau pour évaluer les risques de récidive criminelle

IRMÉvaluer le risque de récidive criminelle chez des délinquants, en analysant leur activité cérébrale ? Des neurologues de l’université de Duke (Durham, États-Unis) l’ont fait. Ce résultat, qui n’est pas sans rappeler le film de science-fiction Minority Report réalisée par Steven Spielberg, a été publié le 27 mars 2013 dans la revue des Annales de l’Académie Américaine des Sciences (PNAS) .

Pour parvenir à ce résultat, Eyal Aharoni et ses collègues ont analysé le niveau d’activation cérébrale de 96 détenus à leur sortie de prison via imagerie à résonance magnétique fonctionnelle. Ces derniers ont été ensuite suivis pendant quatre ans par les chercheurs, afin de relever d’éventuels actes de récidive.

Résultat ? Les neurologues de l’université de Duke ont découvert que les délinquants qui présentaient un faible niveau d’activation dans le cortex cingulaire antérieur (une zone cérébrale située dans les zones dites « frontales » de notre cerveau, soit la partie avant de notre crâne) présentaient un taux de récidive deux fois supérieur à celui des anciens détenus caractérisés par un niveau d’activation normale du cortex cingulaire antérieur.

Ce résultat était si surprenant que cela ? En réalité, pas vraiment. En effet, le cortex cingulaire antérieur, une zone notamment impliquée dans la réaction empathique à la douleur physique d’autrui, ou encore dans l’inhibition dite des « réponses surapprises » (par exemple, être capable de répondre « rouge » à la question « quelle est la couleur de l’encre qui a été utilisée pour écrire ce mot ? » lorsque le mot BLEU, écrit en rouge, est présenté), est une aire cérébrale bien connue des neurobiologistes spécialisés dans l’analyse du comportement criminel (lire à ce titre l’article « neurobiologie de l’impulsivité, de l’agressivité et de la violence » ).

Lire l’intégralité de l’article sur Science-et-vie.com