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Kate KEENAN (2003) Le développement et la socialisation de l’agressivité pendant les 5 premières années de la vie

(…) La socialisation de l’agression repose sur un large spectre de processus. Dans l’idéal, elle s’amorce au contact d’une bonne attention parentale dès le début de l’existence; elle s’étend par la suite de manière à englober la socialisation de la maîtrise du comportement, de réactions empathiques et des aptitudes  à la résolution de problèmes. Une réaction parentale inappropriée à la dysrégulation des émotions et des comportements des jeunes enfants semble accroître le risque de problèmes d’agressivité à plus long terme. Cette réaction inappropriée va de la sous-réaction (réactions passives ou détachées) à la sur-réaction (réactions sévères). Shaw, Keenan et Vondra ont par exemple observé que l’absence de réaction maternelle face à un enfant exigeant est prédictive de problèmes de comportements perturbateurs à trois ans. Bates  et al. ont, de leur côté, analysé les conséquences d’un parentage autoritaire ou passif chez un groupe d’enfants d’âge préscolaire « difficiles » et « non difficiles ». Vers la fin de l’enfance, les enfants difficiles dont les parents sont passifs ont obtenu les pires résultats en termes de problèmes d’externalisation ultérieurs tels qu’évalués par les parents et les enseignants. Pour leur part, Campbell et ses collègues ont constaté que le contrôle maternel négatif (soit : « affect négatif et contrôle intrusif  … dans lequel la mère a eu une attitude négative/irritée à l’égard de l’enfant ») et le recours tel que rapporté par les mères à des techniques de discipline négative à l’âge de quatre ans est prédicteur de problèmes d’externalisation à neuf ans, en dépit de correctifs visant à tenir compte des problèmes de comportement antérieurs.

L’étude de l’impact des pratiques de socialisation sur les jeunes enfants a également fait ressortir des différences intéressantes entre les sexes. À la fin de la période préscolaire, les taux d’agressivité sont généralement plus faibles chez les filles que chez les garçons. Smetana a observé que les mères réagissent aux transgressions de leurs filles en faisant ressortir les conséquences de celles-ci sur leurs pairs, alors que les mères de garçons ont recours à la punition. À l’âge de trois ans,  les garçons commettent deux fois plus de transgressions que les filles.Ross et al. rapportent que les mères de garçons prennent le parti de leurs propres enfants dans les conflits avec leurs pairs trois fois plus souvent que les mères de filles. De plus, les mères tendent à ne pas soutenir leurs filles lorsque leur droit de propriété a été violé.

Dans l’ensemble, les données actuelles sur le parentage indiquent qu’un enfant présente un risque plus élevé de développer des comportements agressifs quand les réactions des parents sont inappropriées à son développement, surtout lorsque l’enfant est déjà de tempérament difficile. Les mêmes données soulèvent la possibilité de l’existence d’un mécanisme qui entraîne une divergence des taux d’agressivité chez les garçons et chez les filles pendant les cinq premières années de la vie.

Conclusions

Les comportements agressifs, de même que leur socialisation, émergent tôt. Bien que la plupart des enfants apprennent à les inhiber, les comportements agressifs sont, chez certains, envahissants, fréquents et graves. Le débat sur la détermination d’une période de l’existence propice à la conceptualisation des problèmes de comportements perturbateurs précoces — dont l’agressivité — se poursuit.  Un consensus s’ébauche autour de la perspective de considérer les agissements de l’enfant comme atypiques lorsqu’ils gênent son développement au point où on lui demande de quitter la maternelle, où il manifeste de l’agressivité envers ses parents ou est incapable d’entretenir une relation prosociale avec un pair. Il est néanmoins important d’élaborer des méthodes adéquates et précises d’évaluation de la dysrégulation affective et comportementale précoce de manière à ce qu’un enfant n’ait pas à connaître de sérieux problèmes de développement avant de recevoir des services.

Implications pour l’élaboration des politiques et pour le développement des services

Les chercheurs en psychopathologie du développement ont maintenant l’occasion de faire avancer les politiques touchant la santé mentale des enfants. Des études plus approfondies devraient être menées sur des facteurs qui, dès la petite enfance, peuvent faire courir aux enfants des risques de vivre ultérieurement des problèmes comportementaux et affectifs.

Ce type de travaux contribuera sans aucun doute à susciter un élan politique favorable à des applications futures en psychopathologie du développement. Les données actuelles indiquent que la plupart des enfants s’abstiennent de recourir à des comportements problématiques. On peut donc considérer  la période préscolaire comme le meilleur moment pour encourager les comportements  prosociaux chez les enfants et pour leur inculquer des types de réponses qui optimisent les chances d’un développement social sain. Cependant, les études sur le développement des comportements chez les enfants et chez les parents devraient commencer pendant la grossesse afin que les facteurs environnementaux puissent être examinés individuellement et de façon interactive dans le temps. Une telle approche reconnaîtrait l’énorme potentiel de changement chez les jeunes enfants. Il pourrait également en découler une meilleure approche qui permettra d’orienter les processus de développement des enfants dans des directions plus positives.

 

http://www.enfant-encyclopedie.com/Pages/PDF/KeenanFRxp.pdf

Peut-on prédire, dans l’enfance, des troubles du comportement violent? les psychologues Richard Tremblay (Montréal) et Evelyne Thommen (lausanne) apportent quelques éléments de réponse.

L’émission suisse Specimen de la RTS reproduit ici l’expérience bien connue de Bandura (1979, « baby doll ») qui traite de l’apprentissage social de la violence .

L’agression est un comportement socialement appris, au même titre que n’importe quel comportement.

Le comportement agressif est appris de deux façons :

  • Il peut être appris directement (expérience personnelle) : un comportement est susceptible de se reproduire si l’on a été récompensé par ce comportement (conséquences positives).
  • Il peut être appris indirectement, par observation puis imitation des modèles auxquels l’individu peut se référer.

Deux mécanismes d’apprentissage indirect de l’agression :

  • En observant un modèle qui manifeste un comportement agressif, l’individu prend tout simplement connaissance de ce type de comportement (acquisition de nouveaux comportements).
  • L’individu observe le comportement et ses conséquences pour le modèle. Si les conséquences sont positives, l’individu apprend que ce comportement peut lui être utile et aura tendance à l’imiter.

Pour vérifier la théorie de l’apprentissage de comportements agressifs par observation et imitation, Bandura fait une expérience auprès d’enfants :

  • Un groupe d’enfants est confronté à un adulte qui se comporte de façon agressive envers une poupée.
  • Un autre groupe d’enfants est confronté à un modèle pacifique, qui joue avec tous les jouets de la salle sans se préoccuper de la poupée.
  • Le troisième groupe, groupe contrôle, n’est confronté à aucun modèle.
  • On observe ensuite les enfants dans la même salle. Les enfants qui ont été confrontés à un comportement agressif ont des comportements plus agressifs que ceux des autres groupes.
    Les enfants qui ont été confrontés à un comportement pacifique ont montré des comportements moins agressifs que ceux du groupe contrôle.

Voir des actes agressifs peut avoir un effet d’apprentissage de comportements et un effet de désinhibition (l’individu apprend que les comportements agressifs peuvent avoir des conséquences positives).

Emission « Specimen » de la chaine suisse RTS sur « La violence »

Un chercheur de Lausanne propose une expérience de frustration qui illustre la contagion de l’agressivité et de la vengeance sur des personnes totalement étrangères au mal qui lui a été fait…
Cette expérience illustre d’une autre façon les expériences sur la frustration-agression  de Leonard Berkowitz en 1969, réalisée avec des rats…

La théorie de la frustration-agression (John Dollard, Leonard Berkowitz)

Postulats :

  •  L’agression présupposerait toujours la présence de frustration, et la frustration provoquerait toujours l’agression. (Frustration : état psychologique qui résulte de l’impossibilité d’atteindre ses objectifs.)
  • L’intensité de l’agression serait proportionnelle à la frustration.
  • L’expression de l’agression aurait un effet cathartique, libérateur.
  • La cible privilégiée de l’agression est la source de la frustration. Cependant, en l’absence de cette source, le comportement agressif sera déplacé vers d’autres cibles, les boucs émissaires.
  • L’agression peut être inhibée totalement ou partiellement par l’anticipation d’une punition.

Exemple : Si une personne est frustrée sur son lieu de travail par son supérieur hiérarchique, elle ne peut pas s’en prendre à ce supérieur (anticipation de punition) donc elle peut déplacer son comportement agressif sur ses collègues ou son entourage familial.

Cette théorie de la frustration-agression s’est rapidement avérée être trop simpliste pour rendre compte de la complexité du comportement agressif : elle ne fait pas appel à beaucoup de facteurs psychosociaux.

  • La frustration ne peut en aucun cas être le seul facteur déterminant du comportement agressif. Des facteurs liés à l’environnement physique peuvent être source d’agressivité (chaleur, foule…) sans qu’il y ait forcément frustration à la base.
  • Si la frustration peut favoriser des comportements agressifs, elle ne leur donne pas toujours lieu.

La théorie de la frustration-agression a été remaniée par Berkowitz : il explique dans quelles conditions la frustration aboutit à l’agression.

  • La frustration incite à l’agression uniquement lorsqu’elle suscite une émotion de colère.
  • La relation entre frustration et agression n’est pas linéaire puisqu’un taux important de frustration peut provoquer la résignation plutôt que la colère. La résignation ne provoque pas de comportement agressif.
  • La frustration, même lorsqu’elle suscite de la colère, augmente la tendance à être agressif mais ne déclenche pas forcément ce comportement.

Les facteurs déclencheurs du comportement d’agression seraient liés à des facteurs environnementaux appelés Indices Externes Facilitateurs. Ces indices peuvent être liés aux personnes présentes (cibles possibles de l’agression), à la situation dans laquelle le sujet se trouve, aux objets présents.
Berkowitz vérifie sa théorie dans une série d’expériences célèbres, dans lesquelles il montre que la présence d’indices externes facilitateurs favorise le comportement agressif chez l’individu frustré.

Expérience:

  • Les participants doivent réaliser une tâche quelconque.
  • Ils reçoivent ensuite peu ou beaucoup de chocs électriques, indépendamment de leur réussite à cette tâche.
  • Ils doivent ensuite administrer des chocs.
  • Pour la moitié des participants, des armes à feu sont visibles dans la pièce.

Résultats

  •  Les sujets frustrés infligent plus de chocs que les sujets non frustrés.
  • Pour les sujets non frustrés, le nombre de chocs administrés est plus important lorsque des armes à feu se trouvent dans la pièce.

 

 


 

psychopathes2Nahlah Saimeh (* 1966 à Münster ) est une psychiatre légiste Allemande. Depuis 2004 , elle est directrice médicale duLWL -Zentrum en psychiatrie légale.

Nahlah Saimeh a étudié la médecine humaine à Bochum et Essen . De 1992 à 1997 elle a complété sa formation à l’ Université Heinrich-Heine à Düsseldorf. En 1998, elle était là Oberärztin au Département de psychiatrie générale. Après avoir reçu son doctorat à Bochum en 1999 , elle était de 2000 à 2004 médecin chef de la clinique de psychiatrie légale et de psychothérapie à la Klinikum Bremen-Ost .

Écrits :

  • Einstellungen betroffener psychiatrischer Patienten zur Unterbringung nach dem PsychKG NW. 1998 (Dissertation, Universität Bochum, 1999).
  • Jeder kann zum Mörder werden: Wahre Fälle einer forensischen Psychiaterin. Piper, München 2012.

Comme rédacteur en chef:

  • >Gesellschaft mit beschränkter Haftung. Maßregelvollzug als soziale Verpflichtung. Psychiatrie-Verlag, Bonn 2006.
  • Motivation und Widerstand. Herausforderungen im Maßregelvollzug. Psychiatrie-Verlag, Bonn 2009.
  • mit Jürgen L. Müller, Norbert Nedopil, Elmar Habermeyer, Peter Falkai: Sicherungsverwahrung – wissenschaftliche Basis und Positionsbestimmung. Was folgt nach dem Urteil des Bundesverfassungsgerichts vom 04.05.2011?Medizinisch-Wissenschaftliche Verlagsgesellschaft, Berlin 2012.

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psychopathesDr. Stephen Porter received his Ph.D. in forensic psychology at UBC and currently is a researcher and consultant in the area of psychology and law. After working as a prison psychologist, Dr. Porter spent a decade as a professor at Dalhousie. In 2009, he transferred to UBC Okanagan, where he assumed a position as a professor of psychology and the Director of the Centre for the Advancement of Psychological Science & Law (CAPSL).  Dr. Porter has published numerous scholarly articles on psychopathy and violent behaviour, deception detection, and forensic aspects of memory with funding from the Social Sciences and Humanities Research Council of Canada (SSHRC) and the Natural Sciences and Engineering Research Council of Canada (NSERC). As a registered forensic psychologist in British Columbia, Dr. Porter is frequently consulted by Canadian courts and has been qualified as an expert witness in various areas, including « dangerousness and risk for violence » and « memory and the factors involved in credibility assessments ». He has been consulted by police in serious crime investigations and provides training in deception detection and psychopathy to law enforcement, mental health professional groups, government agencies, journalists, trial judges, and other adjudicators. He proudly hails from Deer Lake, NL.

Mike Woodworth, PhD, is an Professor at UBC Okanagan. He received his Doctor of Philosophy in 2004 from Dalhousie University. His primary areas of research include psychopathy, criminal behaviour, and deception detection. Along with his colleagues, Dr. Stephen Porter and Dr. Zach Walsh, Dr. Woodworth was recently awarded Canadian Foundation for Innovation (CFI) funding to create the “Centre for the Advancement of Psychological Science and Law (CAPSL)”. This facility is a state-of-the-art, world-class research center in which faculty and students conduct cutting-edge studies with relevance to the legal system. Dr. Woodworth was also recently awarded a three-year SSHRC Insight Grant (2012-15) to study language and psychopathy. He was also previously awarded a three-year SSHRC Standard Research Grant (2006-09) to study deception detection in on-line environments. Dr. Woodworth has collaborated on numerous research projects with the RCMP (Royal Canadian Mounted Police) and CSC (Correctional Services of Canada), as well as forensic psychiatric services in both British Columbia and Nova Scotia. He regularly presents at national and international psychology conferences, consults with law enforcement agencies such as the RCMP and the FBI, and serves as an expert witness for the courts.

Une sanitarisation du pénal ?La mobilisation de la maladie dans des procès pénaux

par Lara Mahi ; Sociologie, philosophie et socio-anthropologie politiques (SOPHIAPOL), Université Paris Ouest Nanterre-La Défense, Revue française de sociologie2015/4 (Vol. 56)

Résumé

Cet article interroge l’intégration d’une approche sanitaire dans les décisions judiciaires à travers l’analyse des procédés par lesquels justiciables, magistrats et avocats mobilisent des événements de santé au cours de procès pénaux. À partir d’observations conduites pendant un an dans les trois sections d’une chambre de comparution immédiate et de la constitution d’une base de données issue de ces observations (n = 290), nous montrons que la maladie est un registre d’exploration pour les magistrats qui, poursuivant une logique d’individualisation de la peine, incitent les justiciables à révéler un « problème de santé ». Ceux qui révèlent être malades sont ensuite systématiquement questionnés sur leur engagement dans une prise en charge médicale. Les analyses de régression font apparaître que cette dernière détermine fortement la sanction pénale. Les justiciables engagés dans une démarche de soins sont « protégés » de la prison tandis que ceux qui ne se soignent pas y sont plus souvent directement conduits à l’issue de leur procès. Ces résultats et l’analyse des procédés argumentatifs par lesquels ces « problèmes de santé » sont mobilisés au cours des débats d’audience mettent en évidence les attentes à partir desquelles les juges construisent leurs décisions, qui prennent la forme de trois impératifs normatifs pesant sur l’ensemble des justiciables et conduisant à une surincarcération des plus désaffiliés d’entre eux, parmi lesquels les malades qui ne se soignent pas.

http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=RFS_564_0697

Jean PINATEL (1952) « Les délinquants mentalement anormaux », Traité de science pénitentiaire

LES DELINQUANTS MENTALEMENT ANORMAUX

Chapitre II

PinatelLe problème des délinquants anormaux constitue, sur le terrain de la défense sociale, un centre d’intérêt primordial. C’est qu’en effet, il se relie, d’une part, à la lutte contre la grande criminalité dans la mesure où celle-ci est l’œuvre des délinquants de tempérament et d’autre part, à la lutte contre la délinquance d’habitude, dans la mesure où des individus catalogués aujourd’hui comme délinquants d’habitude sont des anormaux.

Le délinquant mentalement anormal n’est pas un malade, il ne rentre pas dans Je cadre de la définition de l’article 64 du Code pénal, il ne relève pas de l’hôpital psychiatrique.

Dans ces conditions, il ne saurait être acquitté, mais au contraire, une mesure pénale doit être prise contre lui. Mais il est évident que cette mesure pénale doit revêtir un caractère particulier, elle doit être une mesure de sûreté.

Ces données du problème paraissaient devoir s’imposer à tous, lors­qu’elles ont, été remises en question sous l’influence de deux mouvements. Le premier est d’origine judiciaire et a pour objet de faire entrer les malades mentaux dans le cadre du droit pénal, grâce à la notion de mesure de sûreté. Cette solution, si elle était admise, ne  constituerait pas — loin de là — un progrès de la civilisation, et d’ailleurs, en pratique, on serait bien obligé de laisser les malades mentaux dans les hôpitaux psychiatriques.

Le deuxième, lui, est sans aucun doute d’une origine différente. Il se présente avant tout comme voulant sauvegarder la notion de responsabilité dans le domaine de la défense sociale. Aussi bien, deman­de-t-il que l’on inflige à l’anormal une peine, avec cette réserve que le traitement pénitentiaire doit être subi sous un régime spécial.

Cette position qui, sur le terrain de l’opportunité, a F avantage de respecter les assises traditionnelles du droit pénal français, présente, du point de vue théorique, lincontestable défaut de contribuer à mélanger les notions de peine et de mesure de sûreté. Or, cette confusion est des plus dangereuses, car l’expérience prouve que La peine se dénature au contact de la mesure de sûreté. Si l’on veut sauver la peine, et partant, l’idée de responsabilité, il faut au contraire séparer ce qui doit être séparé et prévoir des institutions différentes selon que l’on veut réprimer, c’est-à-dire avoir en vue parfois la prévention individuelle, mais toujours la prévention collective, ou traiter, c’est-à-dire n’avoir en vue que la prévention individuelle.

La méconnaissance de ces notions provoque une décadence de la peine par le jeu de la théorie de la responsabilité atténuée. Celle-ci, sous le couvert d’individualisation de la peine, énerve la répression en faisant aux anormaux un traitement de faveur, sans pour cela leur être d’une utilité quelconque. La prison, dans l’hypothèse la plus favorable, ne peut que ne pas empirer l’état de l’anormal. Le plus souvent, elle l’aggrave. Il suffit de songer à l’exemple du pervers sexuel dans le cadre du problème de la vie sexuelle dans les prisons, pour qu’il soit inutile de s’appesantir davantage là-dessus.

À l’inverse, lorsque le souci de l’exemplarité l’emporte, des peines sévères sont prononcées’ contre des individus pour lesquels le problème de la responsabilité — en admettant qu’il se pose pour eux — se présente sous des aspects très particuliers.

Ainsi apparaît à l’évidence la nécessité absolue du dualisme des institutions pénales. Or, la distinction nécessaire de la peine et de la mesure de défense sociale exige l’organisation de l’observation scien­tifique des délinquants, préalablement à toute décision judiciaire, la mise au point d’un régime pénal et pénitentiaire particulier pour les anormaux. On peut, enfin, considérer qu’au problème des délinquants mentalement anormaux se rattachent ceux de l’eugénisme, de l’alcoolisme et de la prostitution.

(suite…)