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Journal fédéral de probation (dec 2020) Favoriser l’adhesion rapide des usagers contraints

En cette ère de pratiques fondées sur des preuves, nous disposons d’un extraordinaire éventail de connaissances sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour améliorer bon nombre de nos processus dans le domaine correctionnel. Nous disposons désormais de nombreuses données sur ce qui est considéré comme les meilleures pratiques pour engager de nouveaux clients dans ce que l’on appelle désormais une alliance ou une relation de travail efficace. Une alliance de travail solide est fonction d’une compréhension et d’un respect partagés des rôles de chacun, de la capacité de l’agent de changement à écouter avec empathie et d’un engagement commun à progresser au nom du client. Selon les recherches, plus l’alliance de travail est forte, meilleurs sont les résultats. Cependant, l’établissement d’une alliance de travail avec des clients contraints peut souvent être difficile.

Lorsqu’une alliance de travail n’est pas établie, la pseudo-conformité et l’attrition sont plus probables. Les recherches[1] [2] [3] sur la compliance et l’attrition des délinquants indiquent que les premières séances sont essentielles pour déterminer l’orientation et le déroulement de la surveillance. L’attrition est la plus forte immédiatement après ces premiers entretiens. Comme tout agent le sait, lorsque des problèmes de compliance surviennent, ni les clients ni l’agent ne tirent profit des complications qui se produisent généralement. En bref, dans la supervision en milieu ouvert, les entretiens où l’on voudrait le moins commettre des erreurs majeures sont les deux ou trois premiers entretiens.

[1] Daley, D.C. and A. Zuckoff, Improving Treatment Compliance: Counseling & Systems Strategies for Substance Abuse & Dual Disorders 1999, Center City, MN: Hazelden. 241.

[2] Kennedy, S.M., Treatment Responsivity: Reducing Recidivism by Enhancing Effectiveness. Forum on Corrections Research, 2000. 12(2): p. 19-23.

[3] McMurran, M. and A. McCulloch, Why Don’t Offenders Complete Treatment? Prisoners’ Reasons for Non-completion of a Cognitive Skills Programme. Psychology, Crime & Law, 2007. 13(4): p. 345-354.

favoriser l’adhesion rapide des pppsmj (Fr)

article original (en): rapid_involuntary_client_engagment

FRANCE2 , Emission Infrarouge (22/02/2021) Première année dehors, journal de bord

Trois hommes sortent de prison, après avoir purgé des peines de 2 à 30 ans. La réalisatrice capte leur trajectoire leur première année dehors, sous la forme d’un journal de bord. Norbert, Raphaël, Yemine se confient sur les étapes de cette nouvelle vie. Tout en délicatesse, nous observons comment leurs projets se heurtent à une réalité sociale, affective et sanitaire et se transforment au fil de leur expérience du dehors. Un film qui explore l’empreinte physique et psychique de l’incarcération et les enjeux qui se posent à la sortie de prison. Peut-on réapprendre à être libre ?

FEDERAL PROBATION (2010) Une enquête établissant un lien entre la personnalité, le style de leadership et la réussite du leadership des directeurs de probation US

 

« Il est essentiel que les administrateurs et les responsables de la probation soient des leaders. Kotter (1996) a noté que « Une transformation réussie est le fait de 70 à 90 % de leadership et seulement 10 à 30 % de gestion ». De là, le leadership transformationnel apporte à l’organisation une nouvelle vision et de nouvelles influences, et toute la culture change, au sein de laquelle la gestion transactionnelle doit suivre la nouvelle vision et s’adapter au changement. Autrement dit, seuls les dirigeants (plutôt que les gestionnaires) peuvent formuler une vision inspirante pour un système de probation efficace, et influencer et transformer le personnel de probation pour qu’il passe d’un rôle passif à un rôle actif dans la construction d’un système plus efficace, ce qui finit par susciter le soutien du public et promouvoir positivement la sécurité publique ».

Etude_Lien_personnalite_style_de_leadership_et_reussite_des_DPIP_US-(trad fr)

Article original 

Cadre législatif (ONU)

RÈGLES MINIMA DES NATIONS UNIES POUR LES MESURES NON PRIVATIVES DE LIBERTÉ

3.1 L’introduction, la définition et l’application des mesures non privatives de liberté doivent être prescrites par la loi.

3.2 La sélection d’une mesure non privative de liberté doit être fondée sur une évaluation critères établis concernant la nature et la gravité de l’infraction, ainsi que la personnalité et les antécédents du délinquant, des objectifs de la de la condamnation et des droits de la victime.

3.3 Le pouvoir discrétionnaire de l’autorité judiciaire ou de toute autre autorité indépendante compétente est exercé à tous les stades de la procédure en garantissant une pleine responsabilité et uniquement dans le respect de la règle de droit.

3.4 Les mesures non privatives de liberté imposant une obligation au délinquant, appliquées avant ou au lieu d’une procédure formelle ou d’un procès, requièrent le consentement du délinquant.

3.5 Les décisions relatives à l’imposition de mesures non privatives de liberté sont soumises à révision par une autorité judiciaire ou une autre autorité indépendante compétente, sur demande du délinquant.

3.6 Le délinquant a le droit de déposer une demande ou une plainte auprès d’une autorité judiciaire ou d’une autre autorité indépendante compétente sur des questions touchant à ses droits individuels dans le cadre de l’exécution de mesures non privatives de liberté.

3.7 Des mécanismes appropriés sont prévus pour le recours et, si possible, la réparation des griefs liés au non-respect des droits de l’homme internationalement reconnus.

3.8 Les mesures non privatives de liberté ne doivent pas impliquer d’expériences médicales ou psychologique sur le délinquant ou un risque excessif d’atteinte à son intégrité physique ou mentale.

3.9 La dignité du délinquant doit être protégée à tout moment.

3.10 Lors de l’exécution des mesures non privatives de liberté, les droits du délinquant ne doivent pas être restreints au-delà de ce qui a été autorisé par l’autorité compétente qui a rendu la décision initiale.

http://www.antoniocasella.eu/archica/Unicri_Probation_handbook_1998.pdf

Comment faire naître des idées saines chez le détenu ?

(Leçon pénitentiaire sur la « rééducation des détenus », 1949, dispensée alors à l’école nationale supérieure de l’administration pénitentiaire, précurseur de l’ENAP. On y découvre notamment la philosophie d’intervention et la conception de la fonction de l’éducateur pénitentiaire de l’époque.  )

Pierre Cannat 1903-1998

Pierre Cannat 1903-1998

« La rééducation morale doit se faire par des contacts de sympathie entre le détenu et une personne chargée de lui apporter ce qui lui manque. Il faut énormément parler aux détenus. Jamais on ne consacrera : assez de temps, assez d’efforts assez bonnes volontés diverses à cette tâche qui est au centre même de toute transformation morale.

« Tout contact entre deux personnes a une portée éducative positive ou négative, parfois insignifiante il est vrai, rarement négligeable pour qui sait analyser les mystérieux facteurs d’influence qui, se combinant ou s’opposant, s’entrecroisent dans l’infinie variété des rapports sociaux.  Je le rencontre… Je vais parler… Il va parler… Je vais prendre une attitude… il prendra une attitude… et pas là inévitablement lorsque nous nous séparerons il y aura quelque chose de changé dans l’absolu de nos personnes. Effrayante responsabilité de chacun envers chacun pour qui a le cœur d’y songer. » (HENRY, article 1947 sur la portée éducative de l’action du JE)

Non seulement il faut se garder d’abandonner le détenu à ses pensées, mais il importe de lui suggérer des idées, de lui apporter des sujets de réflexion. Lucas disait encore : « il faut préparer leur esprit à l’ordre d’idées vers lequel on veut appeler et concentrer l’activité de leur réflexion ». Ce qui a manqué à ces délinquants, quand ils étaient dans la vie libre, c’est souvent l’influence éducative, bienfaisante, d’un ami bien choisi, d’une personne de bonne moralité capable de prendre sur eux l’ascendant.    

Dans les maisons centrales, chaque détenu doit être pris en charge au point de vue moral par une sorte de guide dont le rôle consiste à lui rendre fréquemment visite, à le suivre tout le long de sa peine pour orienter ses pensées, à gagner sa confiance, à le soutenir dans ses chutes, à l’exalter dans ses efforts, à lui parler de sa libération et de ses projets au-delà de la prison. Cet éducateur doit devenir son confident et son ami.

Il faut pour cela disposer d’un certain nombre de fonctionnaires spécialisés entre lesquels sont répartis les détenus dès leur arrivée dans l’établissement et leur mise à l’isolement cellulaire. Libéré de tout autre souci, il doit concentrer toute son activité sur les détenus dont il a la responsabilité, préparer soigneusement à l’avance les conversations qu’il aura, dans les cellules, avec chacun d’eux, demeurer longuement avec ses détenus et par un roulement régulier apporter de cellule en cellule l’apaisement de son contact.

Dégagé de tout rôle disciplinaire, uniquement préoccupé de capter par des moyens honorables la sympathie de ses détenus — on ne saurait tolérer de lui ni connivence ni démagogie – il doit être pour les délinquants que leur crime n’a pas encore entièrement noyés, la bouée de sauvetage dans le naufrage. »

 P_CANNAT_L14_reeducation_des_detenus_1949.pdf

Les 7 commandements de la probation

décembre 16th, 2020 | Publié par crisostome dans CCP | DESISTANCE | PROBATION - (0 Commentaire)

WEBINAR correct-tech: Les 7 commandements de la probation

Le site Correcttech a publié un très intéressant « webinar »  sur les ‘7 commandements de la probation’ (vost) . 

 

Découvrir l’article sur les « 7 commandements de la probation » : ici 

Si le lien est brisé: CorrectTech-7commandments-3

L’excellent site correcttech propose un limpide descriptif simplifié de la démarche EBP (Evidence Bases Principle) dans le domaine de la probation. 

Introduction aux principes basés sur les preuves (EBP, Evidence Bases Principle).

Compte tenu de l’importance accordée aux principes fondés sur des données probantes, il semble utile de définir les différents éléments en jeu.  En d’autres termes, qu’est-ce que l’EBP exactement ?

Preuve : ce qui tend à prouver ou à réfuter quelque chose ; motif de croyance, probant. 

En d’autres termes, il n’est plus acceptable de se contenter d' »improviser » et de baser les interventions auprès des délinquants sur « mon expérience personnelle » ou « ce qui semble avoir le plus de sens ».  Heureusement, il y a un groupe croissant d’experts de l’EBP qui publie régulièrement des conclusions et des explications.  La quantité de preuves s’accroît !

Basé : un principe fondamental ou un travail de fond ; fondement ; base.

Lorsque des interventions éprouvées (c’est-à-dire des preuves) font partie du fondement d’un programme de traitement, il est impossible d’identifier où commence et où finit le traitement.  Le traitement n’est pas un événement, ni même une série d’événements.  Le traitement est fondamental.  Chaque activité, chaque décision et chaque moment fait partie du processus de traitement.

Principe : une base de conduite ou de gestion.

De larges segments des services correctionnels communautaires ont depuis longtemps approuvé les idées de l’EBP.  Tout cela a du sens, et à mesure que la dynamique politique s’intensifie, cela prend de plus en plus de sens.  Il est important d’apprendre le langage de l’EBP, mais malheureusement, c’est là que de nombreux organismes s’arrêtent.  Ils ont maintenu leurs pratiques actuelles, mais utilisent désormais le langage EBP pour se référer à diverses composantes.

Cela ne fonctionne pas ainsi !  En fin de compte, l’EBP ne consiste pas seulement à croire, à utiliser le jargon ou à prêcher.

Il s’agit d’un principe directeur de conduite, et non de croyance.

Inhérent à l’idée de l’EBP, mais pas nécessairement incarné dans ses initiales, est le concept que le l’objectif des services correctionnels communautaires est de réduire la récidive des délinquants.  Ce n’est pas une mince affaire, car il pourrait y avoir des principes fondés sur des preuves qui reposent uniquement sur l’idée que tout le champ pénal concerne la neutralisation ou la rétribution.  L’auteur accepte l’idée que le but de la communauté est de réduire les futurs comportements criminels et écrit sur l’EBP avec cet objectif en tête.

Dans « Mise en œuvre des principes fondés sur des données probantes dans les établissements pénitentiaires communautaires : Les principes de l’intervention efficace », l’auteur principal, Brad Bogue, et ses co-auteurs ont fait un travail remarquable de définition des principes nécessaires à un programme de traitement efficace. Selon l’auteur, il s’agit de l’article correctionnel le plus influent depuis l’infâme article de Robert Martinson « Rien ne marche » de 1974.  Intitulé en fait « Qu’est-ce qui marche ?  Questions et réponses sur la réforme de la prison ».  Les interprétations des diverses tendances des données ont inauguré des décennies de réforme correctionnelle qui niait explicitement la valeur de tout effort de réhabilitation.  Alors que de nombreux auteurs ont publié de nombreux questionnement et recherches allant à l’encontre du concept « Rien ne marche », M. Bogue et ses collègues a fourni un résumé de la recherche sur la réhabilitation des délinquants d’une manière qui permettait aux praticiens, aux décideurs politiques et aux autres chercheurs à adhérer à ses conclusions et à aller de l’avant ensemble.  En fait, à moins que vous n’ayez vécu sous un rocher, vous avez sans doute vu le graphique correspondant ci-dessous.

Une approche simplifiée et appliquée. 

Nous avons tenté ci-dessous de donner une vue « simplifiée » et « appliquée » des huit principes originaux, plus trois concepts supplémentaires d’intervention efficace que nous avons ajoutés pour les souligner.

Pour être clairs, nous ne sommes en désaccord avec rien dans l’article original. Notre point de vue est tout à fait conforme aux huit principes originaux, mais nous mettons l’accent sur les endroits où l’expérience clinique ou de formation suggère que le travail original a laissé des questions ou des concepts sous silence qui, selon nous, doivent être explicitement abordés. En d’autres termes, nous essayons de simplifier les concepts pour le personnel de première ligne et de fournir une perspective appliquée pour les opérations quotidiennes sur le terrain (Bogue et al. 2004).

L’intégralité de l’article est à retrouver ici: EBP_correcttech_fr

l’article original en anglais est à retrouver ici

Article US si le lien est brisé: CorrectTech-EBP-Simplified_(NEW)