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Liste des facteurs de risque de violence domestique: Manuel PROTECT (WAVE 2011)

La liste suivante de facteurs de risque a été compilée à partir de recherches et de l’expérience des praticiens de la violence domestique.

Elle fournit un cadre pour recueillir plus systématiquement des informations sur les facteurs de risque et pour aider à identifier les risques et les éventuelles mesures de sécurité appropriées.

Pour les sources et une comparaison des différents instruments d’évaluation des risques, ainsi que les recherches et les preuves concernant les facteurs de risque respectifs, veuillez consulter le manuel PROTECT (WAVE 2011).

Facteur de RISQUE Catégorie de risque
I. Antécédents de violence
1 Violence domestique antérieure à l’égard des femmes Dans toutes les études sur les facteurs de risque de violence domestique à l’égard des femmes, la violence domestique antérieure s’avère être le facteur de risque le plus commun.
2 Violence envers les enfants ou d’autres membres de la famille La violence fréquente au sein du foyer s’étendra aux autres membres de la famille, y compris les enfants. Les préoccupations initiales concernant la sécurité d’un enfant peuvent révéler des schémas de violence bien plus étendus au sein d’une famille. Les enfants peuvent également être utilisés par l’agresseur pour manipuler et contrôler émotionnellement la survivante. (Modèle Duluth de la violence domestique).
3 Comportement généralement violent Les auteurs de violence domestique ont souvent des attitudes et des comportements antisociaux et recourent à la violence en dehors de la sphère familiale. Le recours à la violence en dehors de la famille indique une tendance générale à la violence, peut augmenter le risque pour la femme survivante et pose un risque pour les autres personnes, y compris les praticiens.
4 Violation des ordonnances de protection La violation des ordonnances de protection (par la police, les tribunaux pénaux ou civils) et des ordonnances de contact ou de non-contact sont associées à un risque accru de violence future.
II. Formes et caractéristiques de la violence
5 Gravité et fréquence des actes de violence L’augmentation de la gravité et de la fréquence des actes de violence est l’un des facteurs de risque les plus significatifs d’agressions graves et potentiellement mortelles.
6 Utilisation/menaces d’utilisation d’armes L’utilisation effective d’armes ou les menaces d’utilisation d’armes constituent un facteur de risque important de violence grave et potentiellement mortelle. Dans les cas de violence domestique, toutes les armes, y compris les armes à feu, les couteaux et tout objet dangereux pouvant être utilisé pour blesser la victime, doivent être prises en compte dans l’évaluation des risques.
7 Comportement de contrôle et isolement Le comportement de contrôle est considéré comme un facteur de risque important de violence grave et potentiellement mortelle répétée. L’isolement est une stratégie courante de contrôle et peut prendre des formes graves comme la privation de liberté (enfermer les femmes).
8 Le harcèlement criminel Le harcèlement criminel est lié à la violence mortelle et grave contre les femmes, et lorsqu’il est associé à une agression physique, il est significativement associé au meurtre et à la tentative de meurtre.
9 Violence sexuelle La violence sexuelle est souvent vécue comme faisant partie de la violence domestique à l’égard des femmes. Les femmes qui sont agressées sexuellement sont plus susceptibles de subir des blessures plus graves et des violences domestiques plus importantes.
10 Menaces de mort, menaces de préjudice, coercition L’expérience pratique a montré que les violences graves sont souvent précédées de menaces. La coercition peut prendre différentes formes graves, dont le mariage forcé.
11 Strangulation et étouffement La strangulation et l’étouffement sont des formes de violence très dangereuses ; environ la moitié des victimes d’homicide ont été confrontées à une tentative de strangulation dans l’année précédant leur décès.
III. Facteurs de risque liés au comportement de l’auteur
12 Problèmes liés à l’abus de drogues et d’alcool Bien que l’abus de drogues et d’alcool ne soit pas une cause ou une excuse à la violence domestique à l’égard des femmes, l’abus d’alcool et de drogues d’un auteur est associé à un risque accru d’homicide et de violence plus grave.
13 Possession, jalousie extrême et autres formes d’attitudes nuisibles La jalousie extrême et la possessivité sont associées à une violence grave. En outre, les attitudes patriarcales de l’auteur, telles que des concepts très rigides de l’honneur masculin ou familial et un sentiment de propriété sur les femmes, peuvent augmenter le risque.
14 Les problèmes liés à une mauvaise santé mentale, y compris menaces et tentatives de suicide Les problèmes de santé mentale de l’auteur des violences, y compris la dépression, sont associés à un risque accru de violence répétée et grave. Les menaces de suicide et la mauvaise santé mentale de l’auteur sont des facteurs de risque dans les cas d’homicide-suicide. Dans 32% des cas de féminicide/homicide, l’auteur s’est suicidé par la suite.
15 Stress économique Les changements dans la situation financière de l’auteur et le chômage sont des facteurs de risque importants dans les cas d’homicides liés à la violence domestique et sont liés aux concepts de masculinité et de rôles de genre.
IV. La perception du risque par la survivante
16 Peur pour elle-même et pour les autres Les recherches montrent qu’il existe une forte corrélation entre l’auto-évaluation du risque par la survivante et le recours effectif à la violence par l’auteur. Cependant, certaines victimes de violence peuvent également minimiser et sous-estimer la violence. Dans une étude sur le féminicide menée par Campbell et al (2003), environ la moitié des survivants ne percevaient pas qu’il y avait un risque que l’agresseur les tue.
V. Facteurs aggravants
17 Séparation La séparation est communément considérée comme un facteur de risque significatif de préjudice grave ou d’homicide.
18 Contact avec l’enfant Les conflits relatifs au contact avec l’enfant sont fréquents après la séparation et représentent souvent un risque de violence répétée pour les femmes et les enfants.
19 Beau-fils ou belle-fille vivant dans la famille Les facteurs de risque de la violence du partenaire intime incluent tout beau-fils ou belle-fille de l’auteur vivant dans le foyer.
20 Violence pendant la grossesse Environ 30 % des violences domestiques commencent pendant la grossesse. La violence pendant la grossesse est un facteur de risque de violence grave et mortelle. Les femmes enceintes courent un plus grand risque de violence mineure et grave que les femmes non enceintes.

Liste des facteurs de risque VIF

Taylor-Myles, Jacqueline (1998) The development and implementation of a victim empathy program for use with young offenders and at-risk youth. Masters thesis, Memorial University of Newfoundland.

Ce projet représente un programme de réadaptation qui pourrait être utilisé avec des délinquants juvéniles ou des jeunes à risque. L’un des objectifs des personnes travaillant avec des jeunes délinquants est de les voir se réhabiliter et mener une vie productive. Il existe un certain nombre de programmes de réadaptation des délinquants, mais peu d’entre eux tentent de développer un sentiment d’empathie chez le jeune délinquant. Ce programme de 16 séances a été élaboré et révisé après qu’un projet pilote ait été mené avec un groupe de délinquants au Newfoundland and Labrador Youth Center. Les résidents et un co-facilitateur ont apporté des commentaires critiques qui ont été incorporés dans ce programme. Le programme reflète la conviction que si les jeunes délinquants reconnaissent la douleur et la souffrance qu’ils ont causées aux autres, ils sont moins susceptibles de récidiver. Le projet tente d’enseigner la signification des termes « victime », « empathie envers la victime » et « victimisation », et demande aux participants d’appliquer ces connaissances à des situations courantes de victimisation.

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Violence conjugale: Programme de traitement intensif de la violence familiale (Lynn Stewart, Jim Hill, Tom Gorman, Ida Jane Graham, Déc 1999)

LE SERVICE CORRECTIONNEL DU CANADA ET L’INITIATIVE DE LUTTE CONTRE LA VIOLENCE FAMILIALE
En 1988, dans le cadre de l’Initiative de lutte contre la violence familiale, le Service correctionnel du Canada (SCC) a commencé à s’attaquer au problème de la violence familiale chez les délinquants sous responsabilité fédérale. Le but de l’initiative, qui est de réduire l’incidence de la violence familiale chez les délinquants, devait être réalisé par les moyens suivants :
1. la mise en oeuvre de programmes éducatifs et la création de documents d’information destinés à contester et à réfuter les croyances et les attitudes sexistes et favorables à la violence familiale;
2. la mise en oeuvre de programmes de traitement en établissement et dans la communauté, et la mise sur pied de groupes d’entraide pour les partenaires et les enfants des délinquants;
3. l’adoption et la mise en application d’une norme nationale régissant la formation des intervenants correctionnels en violence familiale; et
4. l’exécution de travaux de recherche sur l’efficacité des programmes.

RAISON D’ÊTRE DU PROGRAMME DE TRAITEMENT INTENSIF EN VIOLENCE FAMILIALE
En 1998, un examen des programmes de prévention de la violence familiale offerts aux délinquants au sein du SCC a permis de constater que tous ces programmes étaient de faible ou moyenne intensité. La norme d’accréditation des programmes correctionnels du SCC régissant le dosage de l’intervention prévoit la participation des délinquants à des programmes assez intensifs pour répondre à leurs besoins. D’après la littérature actuelle sur le sujet, une intervention d’au moins 100 heures convient pour les délinquants à risque élevé. La recension de tous les programmes connus de traitement en violence familiale n’a pas permis de dégager un seul programme de cette intensité. La Division des programmes de réinsertion sociale du SCC a donc entrepris d’élaborer l’actuel Programme de traitement intensif en violence familiale, qui a été mis à l’essai à l’établissement de Springhill en 1998-1999. En septembre 1999, la version provisoire du manuel et le cadre d’évaluation du programme ont été soumis à un groupe consultatif composé d’experts en la matière d’Angleterre, du Canada et des États-Unis. La manuel a été révisé à partir des résultats du projet pilote et des commentaires du groupe consultatif. Le programme sera lancé à l’échelle nationale en novembre 1999. Il sera offert à un établissement dans chacune des régions. Dans la région des Prairies, un Programme de traitement intensif en violence familiale pour délinquants autochtones sera offert dans un deuxième établissement.

Le Programme de traitement intensif en violence familiale est un programme de traitement cognitivo-comportemental. Contrairement aux programmes axés exclusivement sur l’apprentissage d’habiletés, il oblige les participants à révéler des renseignements personnels et leur fait comprendre comment leurs antécédents ont contribué à leur attitude et à leur comportement de violence. Le programme est animé par deux facilitateurs (un homme et une femme) : un psychologue et un agent de prestation de programme. Lors de son évaluation initiale, chaque délinquant admis au programme devrait être confié à un conseiller principal. Ce conseiller est la personne qui accueillera le participant en séances individuelles et qui l’aidera à rédiger son autobiographie et son plan de prévention des rechutes. La première phase du programme se compose d’environ 75 séances de groupe de 2,5 heures chacune (le nombre effectif de séances variera selon la taille du groupe, mais ne dépassera jamais 78) et de 8 à 10 séances individuelles. Cinq séances de groupe devraient être dispensées par semaine, et ce, pendant environ 13 semaines. L’horaire des séances devrait être adapté au régime interne de l’établissement, mais il est recommandé de tenir une séance en matinée et une autre en après-midi un jour par semaine, puis une en matinée seulement trois jours par semaine. Ainsi, les délinquants seront libres un jour par semaine pour d’autres rendez-vous. La séance de groupe du matin est consacrée principalement à l’étude de nouveaux éléments de la matière et à la révision des devoirs de la séance précédente. Les après-midi sont réservés aux séances individuelles et aux devoirs. Les délinquants qui terminent le programme devraient participer tous les quinze jours aux séances de suivi qui en constituent la deuxième phase, jusqu’à ce qu’ils soient mis en liberté ou transférés à un autre établissement. Dans la communauté, ils devraient être orientés vers des formes de traitement qui les aideront à conserver leurs acquis. Beaucoup de bureaux de libération conditionnelle ont négocié des marchés de services avec des organismes qui offrent de tels programmes. De plus, les délinquants qui ont conservé le contact avec leurs propres enfants ou avec les enfants de leur conjointe devraient être incités à participer au Programme d’acquisition des compétences familiales et parentales, qui est animé par des facilitateurs du Programme d’acquisition de compétences psychosociales.

Module 1: Renforcement de la motivation

Séance 1: Orientation
Séance 2 : Comment bâtir de saines relations interpersonnelles
Séance 3 : Introduction à l’analyse coûts-avantages
Séance 4 : Application concrète de l’analyse coûts-avantages et définition des buts personnels
Séance 5 : Assumer la responsabilité de son comportement

Module 2 : Sensibilisation et éducation 

Séance 1: Types de comportements violents et ampleur du problème de la violence familiale
Séance 2 : Abus sexuel, respect sexuel et la Roue de l’égalité
Séance 3 : Les attitudes et les croyances qui sous-tendent la violence familiale
Séance 4 : Deux modèles pour comprendre la voilence familiale: le, Modèle ABC et la prévention des rechutes

Module 3 : Autobiographie

Séance 1: La violence  dans la famille
Séanee 2 : Présentatation des autobiographies

Module 4 : Dimension culturelle (généralités)

Séânce 1 : Messages culturels 1
Séance 2 : Messages culturels 2
Séance 3 : Changement
Séance 4: Culture et relations
Séance 5 : Les rôles de l’homme et de la femme dans une relation : Les effets d’un changement sur la communauté
Séance 6 : Valeurs exemplaires et préservation de la culture

Module 5 : Habiletés cognitives

Séance 1: a) Le modèle de traitement en violence dans les relations de couple ; b) Comment déceler ses pensées nuisibles
Séance 2 : Mettre en question ses pensées nuisibles
Séance 3 : Mettre en question ses pensées nuisibles – Séance pratique
Séance 4 : La résolution de problèmes I
Séance 5 : La résolution de problèmes II 3
Séance 6 : La résolution de problèmes III
Séance 7 : La résolution de problèmes IV – Mise en pratique
Séance 8 : La résolution de problèmes – Mise en pratique
Séance 9 : Se blanchir – Techniques de neutralisation 1
Séance 10 : Techniques de neutralisation

Module 6 : Maîtrise des émotions

Séance 1: Apprendre à reconnaître les émotions clés associées à la violence
Séance 2 : Émotions associées à la violence – suite
Séance 3 : États affectifs qui rendent la maîtrise des émotions plus difficile
Séance 4 : Apprendre à maîtriser ses émotions – Compétences qui aident à combattre le stress
Séance 5 : Autres techniques pour maîtriser ses émotions : Le temps d’arrêt et l’arrêt des pensées
Séance 6 : Comment maîtriser sa jalousie
Séance 7 : Comment maîtriser sa peur et sa dépendance

Module 7: Compétences sociales

Séance 1: Habiletés d’écoute
Séance 2 : Comment réagir aux critiques
Séance 3 : Styles de communication
Séance 4 : Mise en perspective aux fins de communication
Séance 5 : Résolution de conflits : négociation
Séance 6 : Comment réagir à un comportement difficile?
Séance 7 : Comment réagir dans une situation provocante?

Module 8 : Rôle parental

Séance 1: Comprendre les effets de la violence familiale sur les autres
Séance 2 : Remplir son rôle de parent sans violence
Séance 3 : Le partage des responsabilités parentales

Module 9 : Prévention des rechutes – Gestion des risques – Rester sur le droit chemin « à l’extérieur»

Séance 1: Comment modifier les schèmes de comportement violent
Séance 2 : Prévention des rechutes : De quoi s’agit-il?
Séance 3 : Prévention des rechutes : Chaînes comportementales
Séance 4 : Planification de la prévention des rechutes
Séance 5 : Comment faire face aux situations à risque élevé : changement dans les relations
Séance 6: Comment faire face aux situations à risque élevé • 2
Séance 7: Attitudes et émotions dangereuses
Séance 8 : Conséquences d’un mode de vie violent
Séances 9-15 : Présentation des plans de prévention des rechutes

Module 10 : Les relations saines

Séance 1 : Qu’est-ce qu’une relation saine?
Séance 2 : Qu’est-ce qui a changé?
Séance 3 : Révision du programme et tests
Séance 4: Cérémonie de fin de cours et célébration

https://www.securitepublique.gc.ca/lbrr/archives/rc%20569.5.f3%20s74%201999%20f-fra.pdf

si le lien est brisé: programme de traitement intensif de la violence famillial stewart hill 1999.pdf

CICC, Ian McPhail (2022) Pedophilia: Recent and emerging research
Conference of Ian McPhail, postdoctoral fellow in the Centre International de Criminologie Comparée (CICC) at the Université de Montréal

Résumé de la conférence

La pédophilie est un intérêt sexuel pour les enfants prépubères et constitue un facteur de risque important pour comprendre pourquoi certaines personnes commettent des infractions sexuelles contre des enfants. Dans cette conférence, les questions empiriques et conceptuelles fondamentales dans notre compréhension de la pédophilie sont identifiées et les résultats d’un programme de recherche abordant ces questions sont présentés. L’exposé examine la structure latente des intérêts pédophiles, l’efficacité des interventions thérapeutiques pour traiter les intérêts pédophiles et le rôle du stress lié à la stigmatisation dans la vie des personnes pédophiles. Les orientations futures de ce programme de recherche sont également discutées.

Ian McPhail est un psychologue agréé qui est actuellement boursier postdoctoral au Centre International de Criminologie Comparée (CICC) de l’Université de Montréal. Ses recherches au CICC portent sur la compréhension du processus de changement psychothérapeutique dans le traitement des délinquants sexuels. Le Dr McPhail a un programme de recherche actif qui se concentre sur la compréhension de la pédophilie et des facteurs de risque psychologiques de la délinquance sexuelle contre les enfants. Il est également un clinicien qui a travaillé dans une variété de milieux correctionnels, de santé mentale médico-légale et de santé mentale générale.

CICC (Dec 2021) Le désistement assisté en établissement carcéral : une réalité ou une fiction?

Le désistement assisté en établissement carcéral : une réalité ou une fiction? Point de vue des jeunes ayant fait l’objet d’une incarcération sur les interventions qu’ils ont reçues

Conférence co-organisée par le CICC et le (RÉ)SO 16-35 présentée le 1er décembre 2021 par Isabelle F.-Dufour, professeure titulaire au programme de psychoéducation de l’Université Laval.

Résumé

Dans le cadre du programme de recherche partenarial RÉ(SO) 16-35, nous avons interviewé 146 jeunes judiciarisés de 16 à 35 ans afin de comprendre quelles sont les interventions qui sont favorables (ou défavorables) à leurs processus de désistement du crime. Connu désormais sous les termes de désistement assisté (F-Dufour et Villeneuve, 2020) ces interventions doivent, entre autres, viser le développement d’une trame narrative qui soit conciliable avec le processus de désistement. Or, si l’on a quelques études qui portent sur le rôle des agents de probation dans ces processus (Farrall, 2002 ; Rex, 1999 ; F.-Dufour, 2016 ; Villeneuve, F.-Dufour et Farrall, 2020), on a très peu de littérature sur le rôle des intervenants carcéraux. Le but de cette présentation est donc d’illustrer le point de vue des 64 répondant.es de cet échantillon qui ont fait l’expérience de l’emprisonnement. On y verra :  1) comment les personnes qui ont été détenues ont perçu les services offerts ; 2) le rôle qu’ont joué ces interventions dans le développement d’une nouvelle trame narrative (le cas échéant) et 3) les impacts de ces interventions qu’ils perçoivent (ou pas) dans leurs processus de désistement du crime. Ces résultats, qui seront mis en parallèle avec les rares données disponibles ailleurs dans le monde sur les interventions de désistement assisté en milieu carcéral, pourront apporter des pistes d’interventions qui sont facilement conciliables avec celles déjà offertes en vue de faciliter la (ré)intégration sociocommunautaire des personnes qui ont été incarcérées, mais, surtout, de permettre l’amorce de leurs processus d’abandon de la criminalité.

 

Bas Vogelvang, Jo Clarke, Aleid Sperna, Nanne Vosters, Lori Button (2014). Resilience of Dutch probation officers: A critical need for a critical profession, European Journal of Probation , Vol. 6(2) 126 –146

Résumé audio de cette passionnante recherche par Martine Herzog Evans:

 

Conclusion de l’article :

« En ce qui concerne notre première question de recherche (facteurs influençant la résilience des agents de probation), l’enquête et les groupes de discussion ont permis de conclure que, pour les Agents de probation néerlandais, ce ne sont pas principalement les clients qui ont un impact négatif sur leur résilience. Il s’agit d’un résultat frappant de l’étude SPORE. La force de l’organisation de probation réside dans l’énorme engagement des agents de probation (AP) envers le client et le travail. Les AP ont choisi cette ligne de travail avec les délinquants, souvent sur la base de fortes valeurs personnelles et professionnelles liées à la prudence et au dévouement.
La résilience des travailleurs, mesurée dans cette étude par la satisfaction au travail et un style d’adaptation résilient, est principalement menacée, mais aussi développée et renforcée, par les caractéristiques de l’organisation et de l’équipe, ainsi que par les caractéristiques du travailleur lui-même.
Cette étude montre également clairement qu’il est important de ne pas se focaliser sur le niveau psychologique de l’individu, mais d’examiner également l’influence de l’équipe et de l’organisation sur la résilience.
En ce qui concerne notre deuxième question (pratiques efficaces ou prometteuses pour renforcer et entretenir la résilience), le service néerlandais de probation équipe bien ses employés pour qu’ils puissent faire face à des situations stressantes spécifiques, et la structure organisationnelle générale et la structure du travail aident les travailleurs à garder la maîtrise de leur travail. Ces deux aspects donnent aux travailleurs un sentiment d’autonomie, ce qui les prépare mieux à faire face à de nouveaux stress futurs. D’après les enquêtes et les groupes de discussion, nous devons également souligner l’importance d’une équipe résiliente et d’une organisation qui fournit à ces équipes le soutien approprié.  C’est également un moyen efficace pour répondre aux préoccupations exprimées concernant la culture et la structure du travail.
En ce qui concerne notre troisième question, sur le soutien à la résilience, une série de recommandations détaillées ont été formulées à partir de l’analyse de l’enquête et des groupes de discussion. Elles ont été adoptées par la direction du service néerlandais de probation comme programme d’un plan d’action national sur la résilience des OP, à partir de 2014. À partir de ces recommandations, nous présentons ci-après une sélection de points généraux que nous considérons comme importants pour le lectorat international.
Premièrement, pour améliorer la satisfaction au travail, nous recommandons d’aborder le climat organisationnel et l’environnement physique de travail:  Le climat organisationnel et l’environnement physique de travail sont apparus comme les facteurs les plus prédictifs de la satisfaction au travail. Le climat organisationnel, mesuré par le C-SURV, mesure quatre facettes : le style de gestion, l’autonomisation, la charge de travail et la communication. La compréhension des caractéristiques du climat organisationnel devrait permettre aux dirigeants d’examiner les caractéristiques de leur propre organisation qui pourraient nécessiter une attention particulière pour améliorer la satisfaction au travail de leur personnel. Nous encourageons une évaluation détaillée du climat organisationnel par unité ou région.
L’environnement physique de travail a été mesuré à l’aide du PWESQ et a évalué la satisfaction à l’égard des installations, des caractéristiques du travail et du système et des caractéristiques du lieu de travail. Les items du PWESQ sont étroitement liés aux questions fréquemment soulevées par les répondants concernant les bons et les mauvais jours au travail, ce qui renforce l’importance de ces questions pour les agents de probation. L’attention et la correction des facteurs de l’environnement physique de travail qui sont sous-estimés pourraient avoir un impact positif disproportionné sur le bien-être des travailleurs et peuvent être considérés comme des gains rapides pour les dirigeants.
Notre deuxième recommandation est de développer un pro forma psychologique pour le personnel de probation afin d’identifier les domaines personnels de force et de vulnérabilité. L’évaluation psychométrique des caractéristiques de résilience peut être utile pour permettre aux personnels de réfléchir à leur propre bien-être. Reconnaître comment différents styles d’adaptation et d’autres attributs peuvent avoir un impact sur la santé émotionnelle et la performance permet aux individus de développer des styles d’adaptation et de reconnaître quand et pourquoi ils peuvent être vulnérables. Un pro forma sur la résilience peut également servir de point de référence pour la supervision, permettant aux managers et autres cadres supérieurs de mieux soutenir les travailleurs de première ligne. Les superviseurs et les cadres devraient également être encouragés à surveiller leur propre bien-être.
Troisièmement, pour améliorer la capacité d’adaptation, nous soulignons l’importance de la formation au détachement pour les agents de probation. Le détachement a été mesuré à l’aide des éléments pertinents du Coping Styles Questionnaire (Roger et al., 1993). Roger et al. décrivent le détachement comme la capacité de se désengager d’une émotion écrasante et de garder les choses en perspective. La recherche sur l’impact de la formation du personnel au détachement a donné des résultats encourageants (par exemple, Roger et Hudson, 1995), y compris des augmentations significatives de la satisfaction au travail, une réduction de l’absentéisme et  la diminution de la rotation du personnel.

Ensuite, nous recommandons aux organisations de probation (et plus particulièrement à leur département des ressources humaines) de comprendre les niveaux d’exposition du personnel à un traumatisme potentiel. Cela permettrait de cibler de manière rentable les ressources pour soutenir le personnel dans ses efforts pour maintenir une performance élevée. S’il est reconnu que le risque d’exposition est élevé, la réalité peut être différente. Les informations relatives à la fréquence et à l’intensité des expositions aux traumatismes peuvent permettre une réponse organisationnelle proportionnée et adaptée.
Notre cinquième recommandation est de considérer la valeur d’un partage approprié des informations personnelles sur le lieu de travail. Il a été prouvé que les traumatismes survenus en dehors du lieu de travail ont un effet négatif sur le bien-être au travail. C’est pourquoi il est souhaitable que les employeurs et les employés soient conscients des événements potentiellement traumatisants qui peuvent avoir un impact sur le bien-être et les performances. Il est clair que cette question doit être traitée de manière sensible, mais il est proposé que, traitées de manière appropriée, de telles procédures peuvent atténuer les malentendus potentiels et permettre la mise en œuvre d’infrastructures de soutien adéquates. Un certain nombre d’options sont disponibles, telles que des conseils spécialisés aux superviseurs, des pro formas de bien-être personnel régulièrement mis à jour, la formation de mentors par les pairs ou le recours à des programmes d’assistance aux employés.
Notre dernière recommandation aux organisations de probation est d’œuvrer au développement d’une main-d’œuvre responsabilisée. Même si l’autonomisation, telle que mesurée dans ce projet, n’est pas apparue comme un prédicteur significatif de la résilience, il existe des preuves solides et complètes de son caractère central dans les professions critiques.
preuves de sa centralité dans les professions critiques. En outre, la mesure du climat organisationnel utilisée dans cette étude, et si clairement prédictive de la résilience, contient une mesure fiable de l’autonomisation. Par conséquent, les organisations peuvent être sûres qu’un personnel responsabilisé est un personnel résilient. Vous trouverez ci-dessous (voir le tableau 6) un certain nombre d’actions, glanées dans une série de documents et, dans de nombreux cas, soutenues par les données des groupes de discussion, que les organisations peuvent prendre pour promouvoir une bonne santé psychologique ».

L’autonomisation en pratique.
1. Fixez des objectifs inspirants et significatifs
2. Exprimez votre confiance dans vos subordonnés, ainsi que vos attentes en matière de performances.
3. Favoriser les occasions pour les subordonnés de participer à la prise de décision.
4. Fournir une autonomie par rapport aux contraintes bureaucratiques
5. Nommer des cadres qui utilisent le pouvoir de manière positive
6. Introduire des systèmes de récompense qui mettent en valeur les performances innovantes et inhabituelles.
7. Assurer la variété des tâches
8. Assurer la pertinence personnelle en effectuant des audits de compétences/tâches
9. Permettre et encourager une autonomie appropriée
10. Maintenir au minimum les niveaux de routine et de règles établies.
11. Fixer des objectifs de plus en plus difficiles mais atteignables.
12. Favorisez l’expérience indirecte – le fait de voir d’autres personnes similaires réussir peut être très motivant.
13. Utilisez la persuasion verbale telle que l’éloge
14. Aidez le personnel à gérer ses propres émotions par la formation, en définissant clairement les rôles, réduisant la surcharge d’informations et en offrant une assistance technique et administrative.

Article consultable sur SAGEPUB

FRANCE CULTURE (2021) Série documentaire LSD: « Les bandes de jeunes sont éternelles »

Les affaires de rixes récurrentes à Paris ou en banlieue relancent régulièrement la peur des bandes de jeunes que l’on perçoit souvent comme de plus en plus violentes et de plus en plus nombreuses. Or, au-delà du flou qui entoure la notion de bande, quand on regarde ça de plus près, c’est presque le contraire : les bandes de jeunes il y en a toujours eu et si elles ressemblent beaucoup aux bandes de jeunes d’aujourd’hui, leur violence autrefois était sans commune mesure. Mais ce qui est intéressant c’est de mesurer la peur qu’elles suscitent, une peur qui dit beaucoup sur la place que les sociétés laissent à la jeunesse et sur le regard qu’elles portent sur elle.