LIBERATION.FR (8/10/2013) Justice : comment sortir de la prison

Au Service pénitentiaire d’insertion et de probation d’Angers. (Photo Lionel Charrier. Myop)
REPORTAGE : Alors que Christiane Taubira présente ce matin sa réforme en Conseil des ministres, visite d’un service pénitentiaire dédié aux peines alternatives.
«Bon, monsieur T., on reprend tout à zéro. Ça fait un an qu’on se voit : rien n’a changé.» En face de sa conseillère, dans l’un des box du service de probation d’Angers, monsieur T. a l’air sincèrement désolé : «Ben ouais… – Les obligations ne sont pas respectées, vous ne venez qu’une fois sur deux aux rendez-vous… Et avec l’alcool, vous en êtes où?»(…) Questionnaire. En accompagnement de sa réforme pénale, le ministère de la Justice a annoncé l’ouverture de consultations pour doter les services pénitentiaires d’insertion d’outils d’évaluation des condamnés. Le Spip d’Angers est parmi ceux qui se forment à la criminologie auprès d’experts étrangers. Contestée en France, où l’on privilégie l’entretien clinique et les problématiques de réinsertion, la criminologie d’inspiration canadienne entend mettre en forme, plus «scientifiquement», les causes de délinquance et de récidive. Elle s’appuie sur des échelles actuarielles (1), des questionnaires, parfois des statistiques, censées cerner des profils types de délinquants et leurs risques de commettre une nouvelle infraction. «A terme, nous aimerions mettre sur pied une grille d’entretien qui structurerait davantage le choix des conseillers entre les divers programmes d’accompagnement des condamnés. Aujourd’hui, nos observations reposent surtout sur l’expérience», rapporte Yannick Royer.«La même situation n’est pas évaluée de la même manière dans tous les Spip de France faute d’outils plus standardisés, poursuit Elliot Louan, qui a contribué aux travaux de la Conférence de consensus. Les agents ne sont pas formés au repérage des facteurs de risque. Par exemple, ils estiment fréquemment et souvent intuitivement qu’un homme qui ne reconnaît pas les faits a de forts risques de récidive. On lui refuse donc sa conditionnelle. Or, des études internationales montrent que la récidive n’a rien à voir avec le remords.»