Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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FRANCE CULTURE (29/03/2018) Emission « Matières à penser » avec Antoine Garapon: Le basculement dans la barbarie

Comment expliquer que les actes les plus barbares soient souvent commis par des « hommes ordinaires » ?

Daniel Zagury, expert devant les juridictions criminelles, apporte des éléments de réponse à cette question qui a été posée pour la Shoah et qui revient aujourd’hui avec le terrorisme islamiste voire avec les tueries de masse

(La barbarie des hommes ordinaires, L’Observatoire, 2018).

Bibliographie: La barbarie des hommes ordinaires : ces criminels qui pourraient être nousDaniel Zagury Editions de l’Observatoire, 2018

Volker Dittmann (* 1951 ) est un psychiatre médico-légal allemand . Il a été professeur en psychiatrie légale et médecine légale à l’ Université de Bâle de 1996 à 2014 .

Expert médico-légal reconnu, il a développé avec d’autres une liste de critères importants en psychiatrie légale pour l’appréciation de la «dangerosité» et du risque futur que pourrait constituer l’auteur d’un délit. Cette liste, qui vise une standardisation de l’évaluation des risques en matière criminelle, est souvent appelée en psychiatrie médico-légale la «liste de Dittmann» ou « critères de Dittmann ».

Les critères de Dittmann visent à appréhender l’ensemble des paramètres d’une situation en terme favorables ou défavorables:

  • 1. Évolution délinquante jusqu’à présent, analyse du délit commis
  • 2. Troubles psychiques, personnalité
  • 3. Degré de conscience de la maladie ou du trouble
  • 4. Compétences sociales
  • 5. Type de comportement dans les situations conflictuelles spécifiques
  • 6. Capacité de l’auteur à se confronter avec ses actes
  • 7. Possibilités thérapeutiques générales
  • 8. Possibilités thérapeutiques concrètement disponibles
  • 9. Accessibilité de l’auteur à une mesure thérapeutique
  • 10. Étayage social disponible en cas de libération ou de congé

critères de Dittmann

criteres_de_dittman -trad_fr_unofficial

 

 

Camille Lancelevee (Thèse EHESS 2016) « Quand la prison prend soin »

« Comparaison  n’est  pas  raison »  rappelle  avec  justesse  Franz  Schultheis  :  la comparaison est en effet chose difficile. Toujours située, elle met en miroir deux réalités résultant d’histoires sociales différentes et suggère que les objets comparés pourraient être les révélateurs d’un illusoire  « modèle »  national.  La  comparaison  proposée  dans  cette  thèse  ne  sera  pas  une comparaison  « terme  à  terme »  qui  analyserait  les  situations  française  et  allemande  à  l’aune  de modèles prédéfinis mais une comparaison « méthodologique » : l’éclairage de la situation allemande permettra de mettre à l’épreuve les représentations sociales françaises. Il s’agira de déconstruire le problème social des « prisons asiles » en France. Ma thèse montrera que ce problème social résulte d’une construction sociale pétrie de représentations devenues évidentes, qui s’interposent comme un voile  « entre  les  choses  et  nous,  et  qui  nous  les  masque  d’autant  mieux  qu’on  le  croit  plus transparent »  (Lenoir).  C’est  pour  lever  ce  voile  que  je  propose  de  porter  le  regard  sur l’Allemagne, pays dans lequel la défense sociale s’est matérialisée dès le début du XXème siècle en un dispositif  cohérent.  La  comparaison  avec  la  situation  allemande  permettra  ainsi  de  mettre  en perspective les transformations à l’œuvre en France, qui participent, comme le montrera cette thèse, à  produire  un  dispositif  similaire  de  défense  sociale,  c’est-à-dire  un  dispositif  qui  tente  d’allier protection  de  la  société  et  traitement  des  individus  identifiés  comme  « dangereux ».  Ces transformations seront saisies en un point du système pénal – les prisons de Grünstadt (Allemagne) et de Tourion (France) – où j’étudierai ces tensions constantes entre soigner et punir.

 

Ces paradoxes se traduisent pour ces différents professionnel·le·s du soin et de la peine en des dilemmes moraux permanents, que les institutions carcérales françaises et allemandes cherchent à résoudre en tentant d’ordonner les pratiques professionnelles autour d’un mode d’intervention sur autrui unique, univoque  et  uniforme,  qui  mettrait  le  traitement  au  service  d’un  programme  de  réhabilitation psycho-criminologique.  Au  nom  de  cette  ambition,  qui  s’inscrit  dans  une  recherche  d’efficience institutionnelle,  il  s’agit,  en  France  comme  en  Allemagne,  d’améliorer  la  coordination  des  acteurs professionnels et la circulation des informations relatives aux personnes détenues. La comparaison franco-allemande  permet  ici  de  réfléchir  aux  enjeux  de  l’institutionnalisation  du  care :  en  France, l’analyse montre ainsi que la place accordée aux soins psychiatriques a paradoxalement pour effet de freiner la mise en place d’un suivi plus pénitentiaire ; en Allemagne au contraire, le solide ancrage de ce  suivi  individualisé  rend  difficile  l’instauration  de  relations  de  soins  dégagée  d’un  objectif  de réhabilitation  psycho-criminologique.

Quand la prison prend soin

Nicolas Derasse et Jean-Claude Vimont (2014) Observer pour orienter et évaluer. Le CNO-CNE de Fresnes de 1950 à 2010

Résumé

Au tout début des années cinquante, l’Administration pénitentiaire se dota d’un outil essentiel et primordial afin de réussir la Réforme pénitentiaire. Examiner la personnalité des détenus afin de mieux les orienter vers des établissements diversifiés était l’application concrète d’une philosophie pénale progressiste. L’article se propose de suivre l’histoire de cette institution pendant une soixantaine d’années, instititution qui a su évoluer au fil des politiques pénales afin de mettre en commun des compétences pluridisciplinaires pour orienter, mais aussi pour observer et évaluer des détenus condamnés à de longues peines. À partir des dossiers des détenus-stagiaires, il est possible également de révéler les non-dits de ces missions, les tâtonnements et les exclusions, les stéréotypes des observateurs comme les évolutions de la population observée. Individualiser les peines pour réinsérer au mieux fut l’objectif initial tout en préservant la société des risques de récidive. Préserver la société de la dangerosité de certains récidivistes semble la préoccupation contemporaine.

https://criminocorpus.revues.org/2728

https://criminocorpus.revues.org/pdf/2728

REVUE DE SCIENCE CRIMINELLE ET DE DROIT PÉNAL COMPARÉ (1952) , CHRONIQUE DE CRIMINOLOGIE par Jean PINATEL Inspecteur général de l’Administration, Secrétaire Général de la Société Internationale de Criminologie.

Il est aujourd’hui admis que le diagnostic de responsabilité ne présente point de valeur scientifique et que la criminologie doit s’orienter vers d autres horizons. L’un d’entre eux est le diagnostic de personnalité : depuis que la notion de responsabilité décline, celle de personnalité monte. (…) Pourtant ce mouvement enthousiaste et unanime vient d’être sérieusement , sinon arrêté du moins  troublé dans sa marche ascendante par M. E. de Greeff qui, à Bruxelles, s’est déclaré adversaire de l’introduction de cet examen dans la procédure judiciaire. Il a ajouté que si quelqu’un à l’heure actuelle affirme « qu’il peut faire des examens définitifs, on peut le considérer comme incompétent et dangereux », car, « dans ce domaine, les choses importantes changent encore tous les jours ».

Pinatel_Revue_science_criminelle_4_1952.pdf

crime-scene_v1

 

psychopathes2Nahlah Saimeh (* 1966 à Münster ) est une psychiatre légiste Allemande. Depuis 2004 , elle est directrice médicale duLWL -Zentrum en psychiatrie légale.

Nahlah Saimeh a étudié la médecine humaine à Bochum et Essen . De 1992 à 1997 elle a complété sa formation à l’ Université Heinrich-Heine à Düsseldorf. En 1998, elle était là Oberärztin au Département de psychiatrie générale. Après avoir reçu son doctorat à Bochum en 1999 , elle était de 2000 à 2004 médecin chef de la clinique de psychiatrie légale et de psychothérapie à la Klinikum Bremen-Ost .

Écrits :

  • Einstellungen betroffener psychiatrischer Patienten zur Unterbringung nach dem PsychKG NW. 1998 (Dissertation, Universität Bochum, 1999).
  • Jeder kann zum Mörder werden: Wahre Fälle einer forensischen Psychiaterin. Piper, München 2012.

Comme rédacteur en chef:

  • >Gesellschaft mit beschränkter Haftung. Maßregelvollzug als soziale Verpflichtung. Psychiatrie-Verlag, Bonn 2006.
  • Motivation und Widerstand. Herausforderungen im Maßregelvollzug. Psychiatrie-Verlag, Bonn 2009.
  • mit Jürgen L. Müller, Norbert Nedopil, Elmar Habermeyer, Peter Falkai: Sicherungsverwahrung – wissenschaftliche Basis und Positionsbestimmung. Was folgt nach dem Urteil des Bundesverfassungsgerichts vom 04.05.2011?Medizinisch-Wissenschaftliche Verlagsgesellschaft, Berlin 2012.

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