Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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Outils d’Évaluation/Dépistage de la Violence Conjugale


Approuvés par le Domestic Assault and Battery Advisory Board (1ᵉʳ juillet 2018)

Approved_DVEval_Assessment_Tools_7-1-2018

Légende des catégories :

  • R = Évaluation des risques

  • S = Abus de substances

  • M = Santé mentale

  • C = Combiné (Abus de substances/Santé mentale ou les trois)

  • O = Autre

  • V = Informations sur la victime


Tableau des outils approuvés

Type Nom de l’outil Description Qualifications requises Coût Plus d’informations
R Danger Assessment (DA) Aide à déterminer le risque de meurtre d’une femme par son partenaire. Nécessite une formation pour le score pondéré. Disponible en plusieurs langues. Basé sur le rapport de la victime. Formation en ligne (payante possible) Gratuit (copyright détenu par l’auteur) DANGER ASSESSMENT-5 (DA-5)_FR
R Domestic Violence Inventory (DVI) Outil pour évaluer les auteurs de violences conjugales (155 items, 30 min). Mesure : Véracité, Violence, Contrôle, Alcool, Drogues, Gestion du stress. Aucune formation Payant (en ligne) https://www.domestic-violence-inventory.com/dvi.html
R Domestic Violence Screening Instrument (DVSI/DVSI-R) Questions sur les antécédents criminels (violences, violations d’ordonnances). Facteurs : emploi, séparation récente, présence d’enfants. Approche statistique (sans jugement clinique). Aucune formation Sous copyright (autorisation requise) Contact : Joseph.DiTunno@iaud.et.gov

Domestic-Violence-Screening-Inventory-Revised-DVSI-R.pdf

R Idaho Risk Assessment of Dangerousness (IRAD) Identifie les risques futurs et indices de létalité. 7 domaines : antécédents, menaces de mort/suicide, séparation, comportement contrôlant, contact policier, abus d’alcool/drogues. Aucune formation Gratuit (en ligne) 262RiskAssessme_00000002800.pdf
R Ontario Domestic Assault Risk Assessment (ODARA) Outil actuariel (13 facteurs) : menaces, isolement de la victime, antécédents violents, enfants en commun, violences pendant la grossesse, etc. Formation en ligne (payante possible) Gratuit (autorisation requise) ODARA_feuille_cotation
R Spousal Assault Risk Appraisal Guide (SARA) Checklist pour évaluer les facteurs de risque chez les auteurs de violences familiales. Sources multiples. Formation disponible (payante possible) Payant (en ligne) COTATION SARA
S Global Appraisal of Individual Needs (GAIN-I) Évaluation biopsychosociale complète (diagnostic, traitement). Axé sur l’abus de substances (AXIS I). Formation requise Payant (varie) GAIN%20I%205.7.0%20full.pdf
S GAIN Short Screener (GAIN-SS) Dépistage rapide (5 min) des troubles de santé comportementale. Aucune formation Payant (varie) GAIN-SS%20Manual.pdf
S Substance Abuse Subtle Screening Inventory (SASSI) Détecte les troubles liés aux substances (items subtils et explicites). Échelles de validité/défensivité. Formation disponible Payant https://www.pearsonclinical.ca/
S Adult Substance Use Survey (ASUS-R) Enquête d’auto-évaluation (alcool/drogues). Inclut santé mentale et non-conformité sociale/légale. Module de formation en ligne (payant)
S Addiction Severity Index (ASI) Entretien semi-structuré (7 domaines : médical, emploi, drogues, alcool, légal, familial, psychiatrique). Aucune Gratuit echelle_asi-annexe_2_des_recommandations.pdf
S Drug Abuse Screening Test (DAST) Dépiste les problèmes liés aux drogues (versions : DAST-10/20/28). Combinable avec l’AUDIT. Aucune Gratuit DAST-10-drug-abuse-screening-test.pdf
S Alcohol Use Disorders Identification Test (AUDIT) Identifie la consommation dangereuse d’alcool. Administration écrite/orale. Aucune Gratuit questionnaire-audit
S CAGE / CAGE-AID Dépistage ultra-bref de l’alcoolisme (CAGE) ou des drogues (CAGE-AID). Aucune Gratuit questionnaires-dautodepistage/consommation-problematique-cage-aid
S Michigan Alcohol Screening Test (MAST) Outil ancien (1971) pour identifier les buveurs dépendants. Aucune Gratuit depistage-des-problemes-dalcool
M Personality Inventory for DSM-5 (PID-5) Auto-évaluation des traits de personnalité (25 facettes : anhéronie, hostilité, impulsivité, etc.). Professionnel qualifié Gratuit APA_DSM5_The-Personality-Inventory-For-DSM-5-Full-Version-Adult.pdf
M PID-5 Brief Form (PID-5-BF) Version courte du PID-5 (5 domaines : affect négatif, détachement, etc.). Professionnel qualifié Gratuit APA_DSM5_The-Personality-Inventory-For-DSM-5-Brief-Form-Adult.pdf
C Millon Clinical Multiaxial Inventory (MCMI-IV) Évalue les difficultés émotionnelles/interpersonnelles (25 échelles). Aligné sur le DSM-5. Diplôme avancé + formation Payant https://onlinelibrary.wiley.com
C Minnesota Multiphasic Personality Inventory (MMPI-2) Test de personnalité pour diagnostiquer les troubles mentaux (567 items). Diplôme avancé + formation Payant https://www.pearsonclinical.fr
C DSM-5 Level 1 Cross-Cutting Symptom Measure Mesure transdiagnostique (23 questions, 13 domaines : dépression, anxiété, etc.). Professionnel qualifié Gratuit https://www.psychiatry.org
C Domestic Violence Risk Appraisal Guide (DVRAG) Échelle actuarielle (14 facteurs). Combinée au score PCL-R. Professionnel qualifié Gratuit (autorisation requise) Violences conjugales : un outil d’évaluation, la DVRAG
C Hare Psychopathy Checklist-Revised (PCL-R) Évalue la psychopathie et risque de récidive (20 items). Diplôme avancé + formation Payant Psychopathy Checklist-Revised (PCL-R)
C Hare PCL-Screening Version (PCL-SV) Version de dépistage du PCL-R (12 items). Diplôme avancé + formation Payant
C Personality Assessment Inventory (PAI) Test multifonction (22 échelles : dépression, anxiété, agression). Diplôme avancé + formation Payant https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/38461694/
O Stalking Assessment and Management (SAM) Évalue le harcèlement criminel (nature, facteurs de risque/vulnérabilité). Aucune formation Payant
O Violence Risk Appraisal Guide (VRAG) Mesure du risque de violence générale (12 items, inclut PCL-R). Professionnel qualifié Gratuit (autorisation requise) VRAG-R-scoring-sheet-1.pdf
O Buss-Perry Aggression Questionnaire (AGQ) Questionnaire sur 4 dimensions de l’agression (29 items). Aucune formation Gratuit Questionnaire d’Agression de Buss & Perry (1993)
O Experiences in Close Relationships (ECR-R) Évalue l’attachement adulte (36 items). Formation requise Gratuit Attachment-ExperienceinCloseRelationshipsRevised
O Level of Service Inventory-Revised™ (LSI-R) Prédit la récidive et succès en probation (54 items). Aucune formation Payant (varie)
O Inventory of Offender Risk, Needs, Strengths (IORNS) Mesure les risques statiques/dynamiques et forces (130 items). Diplôme/licence sanitaire Payant https://www.nzcer.org.nz
O Patient Health Questionnaire (PHQ) Dépistage des problèmes physiques, dépression, anxiété, troubles alimentaires. Aucune formation Gratuit PHQ9_French_for_France
O Intimate Justice Scale Détecte les abus psychologiques/physiques (15 items). Aucune formation Gratuit IJS – The Intimate Justice Scale

Intimate Justice Scale _FR

V Psychological Malreatment Toward Women Scale (PMTW) Mesure la maltraitance psychologique (58 items). Auto-évaluation par la victime Gratuit (autorisation requise) Psychological Maltreatment of Women Inventory (PMWI)_ Tolman_combined with instrument
V HITS Outil de dépistage (Hurt, Insult, Threaten, Scream). Auto-évaluation par la victime Gratuit HITS_eng
V Women’s Experiences with Battering (WEB) Mesure l’expérience des victimes (non les comportements de l’agresseur). Auto-administré ou en entretien Gratuit E.9-Relationship_Assessment_Tool_Instructions

Note importante :
Une formation et/ou un diplôme spécifique peuvent être requis pour l’administration et l’interprétation de ces outils. Les évaluateurs doivent respecter les exigences éthiques, légales et de formation propres à leur juridiction.

Le BARR-2002R : évaluer le risque de récidive générale et violente des AICS

Kelly M. Babchishin, R. Karl Hanson, & Julie Blais (Janvier 2024)

Le BARR-2002R (Brief Assessment for Recidivism Risk – 2002R) est une échelle actuarielle conçue pour estimer le risque de récidive générale et violente (y compris sexuelle) chez les hommes ayant commis une infraction sexuelle saarna.org . Il s’adresse spécifiquement aux délinquants sexuels adultes (réclusion ou peine majeure) et ne convient pas aux contrevenants non sexuels. Son développement s’appuie sur les mêmes populations que les échelles Static-99R et Static-2002R (hommes condamnés pour des infractions sexuelles commises à l’âge adulte). En pratique, le BARR-2002R aide à cibler le risque de récidive non sexuelle, un besoin souvent sous-estimé, puisque les récidives sexuelles ne sont qu’une partie du risque global.

Composantes de l’échelle

Le BARR-2002R est très concis : 6 éléments au total (score total de –2 à 8). Il comprend :

  • Âge au moment de la libération (barème pondéré) : les plus jeunes reçoivent un score plus élevé (par ex. +2 pour 18–34 ans, –2 pour 60 ans et plus).

  • 6 items de criminalité générale issus du Static-2002R (antécédents judiciaires)rma.scot. Par exemple : l’existence d’antécédents pénaux, le nombre d’occasions antérieures de condamnation, toute violation de surveillance, le laps de temps sans infraction avant l’acte sexuel index, et l’existence de condamnations antérieures pour violences non sexuellessaarna.org.

Chaque critère donne un point ou deux selon la situation. Le total cumulé (age+criminalité) constitue le score BARR, que l’on reporte sur les grilles normatives.

Normes et niveaux de risque

Le score total du BARR-2002R varie de –2 à 8. Plus le score est élevé, plus le risque estimé de récidive est grand. Par exemple, selon les études de Babchishin et coll. (2016), un score de 0 correspond à environ 7% de probabilité de récidive générale sur 5 ans, tandis qu’un score de 4 atteint ~40% et qu’un score de 7 dépasse 75% (ces pourcentages incluent les récidives de toute nature sur cinq ans). En pratique, on peut regrouper les scores en catégories de risque standardisées (ex. faible, modéré, élevé). Par exemple, un système à cinq niveaux de risque (I = très faible à V = très élevé) a été proposé pour harmoniser la communication du risque; dans ce cadre le BARR-2002R couvre essentiellement les niveaux I à IV (aucun cas classé niveau V extrême)pubmed.ncbi.nlm.nih.gov.

  • Score BARR 0 ≈ 6–7% de récidive générale à 5 ans (risque faible).

  • Score 4 ≈ 40% de récidive générale (risque modéré).

  • Score ≥7 ≈ 75%+ de récidive générale (risque élevé).

Ces résultats permettent aux évaluateurs de communiquer clairement le niveau de risque.

Différences avec Static-99R et Static-2002R

  • Static-99R est une échelle actuarielle historique (10 items) visant spécialement la récidive sexuelle chez les hommes condamnés pour abus sexuels. Elle ne donne pas d’information directe sur le risque de récidive violente ou générale.

  • Static-2002R est une version mise à jour du Static-99R (14 items) incorporant également la criminalité générale et l’âge. Sa finalité reste de prédire la récidive sexuelle, bien qu’il évalue aussi certains facteurs criminogènes plus larges.

  • BARR-2002R, en revanche, a été spécialement conçu pour la récidive non sexuelle. Il utilise un sous-ensemble des items généraux du Static-2002R (plus l’âge). En pratique, on recommande d’utiliser le BARR plutôt que les Static classiques pour estimer le risque général/violent. Autrement dit, le Static-99R/static-2002R est privilégié pour le risque sexuel, alors que le BARR-2002R complète l’évaluation en ciblant le risque d’autres infractions. Cette distinction est importante car de nombreuses études montrent que les délinquants sexuels récidivent plus souvent par des crimes non sexuels.

Validité scientifique et fiabilité

Plusieurs études confirment la solidité psychométrique du BARR-2002R. Ses performances prédictives sont élevées : la capacité à distinguer récidivistes et non-récidivistes (mesurée par l’aire sous la courbe ROC, AUC) se situe aux alentours de 0,72–0,77 pour la récidive générale et non sexuelle, ce qui est supérieur à Static-99R/Static-2002R sur ce critère. En revanche, pour la seule récidive sexuelle, le BARR (AUC ≈0,65) est moins performant que Static-2002R/99R (AUC ≈0,68–0,69), ce qui illustre sa focalisation sur le risque global plutôt que sexuel.

Les études de validation (Babchishin et al. 2016 ; Jung, Wielinga & Ennis 2018-19, etc.) ont rapporté des résultats cohérents et « larges effect sizes » pour le risque général et violent. Par ailleurs, le BARR-2002R montre une excellente fiabilité inter-évaluateurs : dans l’étude initiale, chaque critère a obtenu des kappa de .61 à 1.00 et des ICC (coefficient de corrélation intraclasse) de .65 à 1.00 (médiane ≈.91). L’accord global était en moyenne de 99%. En résumé, l’outil est simple à appliquer, bien documenté et soutenu par des études indépendantes, ce qui renforce sa confiance clinique.

Extrait du manuel: 

« Étant donné que les personnes qui ont été jugées pour une infraction sexuelle sont plus susceptibles de récidiver avec un crime non sexuel qu’avec un crime sexuel (Hanson & Bussière, 1998), les évaluations du risque pour cette population (c’est-à-dire les hommes jugés pour une infraction sexuelle) devraient également tenir compte du risque de récidive générale et de récidive violente. La récidive violente comprend les infractions sexuelles, et la récidive générale comprend tous les types de récidive. Même lorsque l’accent est mis exclusivement sur le risque de récidive sexuelle, il est utile de comprendre la source du risque de récidive. Ce document résume le développement et le soutien empirique de la Brève évaluation du risque de récidive-2002R (BARR-2002R) et présente la feuille de codage de la BARR-2002R ainsi que les normes relatives à son utilisation. Nous recommandons aux évaluateurs d’utiliser le BARR-2002R pour évaluer la probabilité de récidive violente et générale chez les hommes qui ont été jugés pour une infraction à caractère sexuel, plutôt que d’utiliser les scores totaux de la Statique-99R ou de la Statique-2002R à cette fin. Le BARR-2002R diffère de ces échelles en ce sens qu’il ne comprend pas d’éléments relatifs aux caractéristiques d’un délit sexuel ; le BARR-2002R n’a pas été conçu pour évaluer la probabilité d’une récidive sexuelle. En revanche, la Static-2002R et la Static-99R comportent des éléments relatifs à la criminalité sexuelle, ce qui dilue l’évaluation de la criminalité générale. Bien que certaines études aient montré que le BARR-2002R prédit la récidive sexuelle aussi bien que d’autres échelles d’évaluation du risque (Jung & Wielinga, 2019 ; Jung, Wielinga et al., 2018), le BARR-2002R n’est pas recommandé pour cette utilisation. Il convient plutôt d’utiliser les scores totaux de Static-2002R ou d’autres échelles de risque de récidive sexuelle validées. Le BARR-2002R est une échelle de risque actuarielle qui permet d’évaluer le risque de récidive générale et violente (y compris sexuelle) chez les hommes jugés pour une infraction à caractère sexuel. Le BARR-2002R se compose d’une mesure de la criminalité générale tirée de Static-2002R (Helmus et al., 2012) et de l’âge au moment de la libération. Les analyses de développement du BARR-2002R ont été menées sur un vaste échantillon de personnes ayant commis des infractions sexuelles (Babchishin et al., 2016), en utilisant des échantillons tirés du projet de renormalisation STATIC (Helmus et al., 2012). Comparé au score total du Static-2002R, le BARR-2002R était plus fortement associé à la récidive violente et générale (Babchishin et al., 2016). Le BARR-2002R a également prédit la récidive générale et violente tout aussi bien que des mesures plus complexes spécifiquement conçues pour ces résultats (Level of Service/Case Management Inventory [LS/CMI ; Andrews et al., 2004] ; Statistical Information on Recidivism [SIR ; Nafekh & Motiuk, 2002) et a prédit la récidive violente non sexuelle significativement mieux que le Static-2002R et le Static-99R (Babchishin et al., 2016).

Les scores totaux de BARR-2002R peuvent être interprétés en fonction du système des cinq niveaux de risque et de besoins – un système normalisé pour communiquer le risque général de récidive (voir ci-dessous pour plus de détails ; Blais et al., 2022 ; Hanson et al., 2017). Étant donné que le BARR-2002R est une mesure de la criminalité générale, le centre de la distribution du risque BARR-2002R a été fixé à la médiane des taux de récidive générale sur deux ans pour l’ensemble de l’échantillon de personnes dans le système de justice pénale, et non au taux pour le sous-ensemble de personnes ayant des antécédents de délinquance sexuelle (Blais et al., 2022). Les personnes ayant des antécédents de délinquance sexuelle ont tendance à obtenir des résultats plus faibles en matière de criminalité générale que celles qui n’ont pas d’antécédents de délinquance sexuelle. Ainsi, le risque moyen de récidive générale est défini en fonction de la population générale des individus dans le système judiciaire, et non pas seulement en fonction des individus ayant des antécédents de délinquance sexuelle. Les scores BARR-2002R peuvent être utilisés pour classer les individus dans 4 des 5 niveaux de risque possibles du système des cinq niveaux de risque et de besoins (risque très faible, risque inférieur à la moyenne, risque moyen et risque supérieur à la moyenne). Le BARR-2002R ne permet pas de classer les individus dans le niveau de risque le plus élevé (niveau V ; « pratiquement certain de récidiver »). Une autre limite à l’application du système à cinq niveaux est que Blais et al. (2022) ont constaté que les individus appartenant au niveau de risque « très faible » présentaient des quantités plus que négligeables de facteurs de risque psychologiquement significatifs, bien qu’ils aient une très faible probabilité de récidive. »

BARR-2002R User Guide Version 2024 01

BARR-2002R_FR

La criminologie s’intéresse de près à la prédiction de la récidive, surtout chez les délinquants sexuels. Pourquoi ? Parce qu’une évaluation précise du risque permet de mieux protéger la société, d’adapter les peines et de cibler les interventions thérapeutiques. Mais *comment* prédire ce risque avec rigueur ? Une méta-analyse majeure, réalisée par le chercheur R. Karl Hanson et publiée en 2007, apporte des réponses éclairantes.

Une étude clé : Une méta-analyse de 118 recherches

L’article The Accuracy of Recidivism Risk Assessments for Sexual Offenders (Hanson, 2007) synthétise 118 études menées entre 1970 et 2006, impliquant plus de 45 000 délinquants sexuels.

Objectif : évaluer la fiabilité des outils utilisés pour prédire la récidive.

Les méthodes d’évaluation comparées:
1. L’approche clinique : Basée sur le jugement subjectif des professionnels (médecins, psychologues).
2. Les outils actuariels : Des échelles statistiques objectivées (ex : Static-99, RRASOR) croisant des facteurs de risque (âge, antécédents, type d’infraction…).

Résultats marquants
1. La supériorité des outils actuariels :
– Ils prédisent la récidive avec une précision modérée mais significative (AUC ≈ 0,67 à 0,75).
– Les échelles comme la Static-99 sont plus fiables que le jugement clinique seul, car elles éliminent les biais cognitifs.

2. Les limites du jugement clinique :
– Les évaluations subjectives (jugement professionnel non structuré) sont moins précises (AUC ≈ 0,58), souvent influencées par des stéréotypes ou l’expérience individuelle du clinicien.

Implications pratiques

Pour la justice :
Les outils actuariels aident à prioriser les ressources (surveillance renforcée, thérapies) pour les individus à **haut risque**, évitant la sur-surveillance des profils à faible risque.

Pour la réinsertion :
Combiner outils actuariels et évaluations dynamiques (comportement en détention, progrès thérapeutiques) offre une vision plus complète.

Pour les cliniciens :
Hanson souligne la nécessité de former les professionnels à l’usage des échelles validées, sans négliger le contexte individuel.

Les défis persistants
1. Le risque de stigmatisation :
Un score élevé ne doit pas conduire à une exclusion définitive. L’étude rappelle que la majorité des délinquants sexuels ne récidivent pas (taux moyen de récidive à 5 ans : 10-15%).

2. L’évolution des outils :
Les recherches récentes intègrent désormais des facteurs de protection (soutien social, emploi) pour affiner les prédictions (ex : outils STABLE-2007).

La méta-analyse de Hanson confirme que la science a progressé dans l’évaluation du risque de récidive, mais elle rappelle une évidence : aucun outil n’est infaillible. L’avenir ? Allier la rigueur des données à une approche humaine, où l’évaluation sert avant tout la prévention et la réinsertion.

Hanson, R. K. (2009). The accuracy of recidivism risk assessments for sexual offenders: a meta-analysis of 118 prediction studies. Psychological Assessment, 21(1), 1–21.

 

le ZAN-BPD : SRV (Zanarini Rating Scale for Borderline Personality Disorder)

La Zanarini Rating Scale for Borderline Personality Disorder (ZAN-BPD) est un outil diagnostique standardisé pour évaluer la sévérité des symptômes du TPB (trouble de la personnalité borderline), développé par le Dr Mary C. Zanarini, une spécialiste reconnue dans le domaine du TPB.
L’échelle ZAN-BPD permet de :
  • Diagnostiquer la présence du trouble borderline selon les critères du DSM.

  • Évaluer l’intensité des symptômes sur une courte période (généralement les 2 semaines précédentes).

  • Suivre l’évolution clinique dans le temps, notamment en contexte de recherche ou de suivi thérapeutique.

La version auto-évaluée, ZAN-BPD-SRV, sortie en 2015, permet aux patients de noter eux-mêmes leurs symptômes sur une semaine.
Elle comprend neuf items, chacun correspondant à un critère du DSM-IV pour le TPB, notés de 0 (aucun symptôme) à 4 (symptômes graves), donnant un score total de 0 à 36.

Score total: 0 (aucun symptôme) à 36 (sévère dans toutes les catégories)

Elle inclut aussi des scores sectoriels pour les domaines affectif, cognitif, impulsif et interpersonnel.

Contenu des items évalués

Les items évaluent des dimensions clés du TPB :

  1. Peurs d’abandon réelles ou imaginées

  2. Relations interpersonnelles instables

  3. Image de soi instable

  4. Impulsivité (ex : dépenses, sexualité, toxicomanie)

  5. Comportements suicidaires et automutilations

  6. Instabilité émotionnelle / réactivité de l’humeur

  7. Sentiments chroniques de vide

  8. Colère intense ou inappropriée

  9. Idéation paranoïde transitoire ou dissociation sévère liée au stress

Utilisation

  • Entretien semi-structuré mené par un clinicien formé.

  • Adapté pour les études longitudinales, cliniques et de recherche.

  • Peut être utilisé pour évaluer la réponse au traitement ou la progression naturelle de la maladie.

Avantages

  • Spécifiquement conçu pour le trouble borderline.

  • Permet une quantification des symptômes.

  • Facile à administrer et reproductible.

  • Bonne sensibilité au changement clinique.

PANSS (Positive and Negative Syndrome Scale)

Un  diagnostic de  schizophrénie repose sur une évaluation clinique, qui évalue la présence de symptômes caractéristiques de la schizophrénie, tels que :
  • Symptômes positifs : Hallucinations (souvent auditives), délires, pensée désorganisée.
  • Symptômes négatifs : Aplasie émotionnelle, anhédonie, retrait social.
  • Symptômes cognitifs : Troubles de la mémoire, de l’attention, des fonctions exécutives.
  • Durée : Les symptômes doivent persister pendant au moins 6 mois, avec au moins 1 mois de symptômes actifs.
  • Exclusion : Les symptômes ne doivent pas être attribuables à une autre condition (ex. : trouble bipolaire, usage de substances, lésions cérébrales).

Certains questionnaires et échelles comme la PANSS sont utilisés pour évaluer les symptômes, faciliter le dépistage ou soutenir le diagnostic.

L’échelle PANSS est l’outil le plus utilisé pour évaluer les symptômes de la schizophrénie. Elle mesure 30 items répartis en trois sous-échelles : symptômes positifs (7 items), symptômes négatifs (7 items) et psychopathologie générale (16 items).
Utilisation : Administrée lors d’un entretien semi-structuré. Elle aide à confirmer la présence de symptômes psychotiques et à évaluer leur sévérité.
Exemple : Évalue l’intensité des délires, des hallucinations, du retrait social ou de la désorganisation de la pensée.

Il peut également être trés utile d’utilser des outils de dépistage précoce, pour reperer les signes prodromiques (signes précoces avant un épisode psychotique complet) de la maladie, chez des personnes à risque de psychose ou présentant des symptômes prodromiques :

C’est le cas du trés interessant PQ-16:

PQ-16 (Prodromal Questionnaire – 16 items) :

Il s’agit d’un questionnaire court d’auto-évaluation conçu pour dépister les symptômes prodromiques de la psychose, comme des expériences perceptives inhabituelles, des pensées paranoïdes ou des difficultés cognitives.
Utilisation : Utilisé dans des populations à risque (ex. : jeunes adultes avec antécédents familiaux ou symptômes légers). Un score élevé indique un besoin d’évaluation clinique approfondie.

Le PQ-16 vise à repérer les personnes qui présentent des symptômes perceptifs ou cognitifs inhabituels (hallucinations légères, idées de référence, etc.) afin de déterminer si une évaluation plus approfondie est nécessaire.

Structure :

Le questionnaire contient 16 questions à choix dichotomique (oui/non), centrées sur des expériences psychotiques ou quasi-psychotiques, telles que :

  • Avoir entendu des voix que les autres ne peuvent pas entendre

  • Se sentir observé sans raison

  • Croire que certains événements sont spécialement destinés à soi

  • Difficultés de concentration ou confusion mentale inhabituelle

Pour chaque réponse « oui », un niveau de détresse associé à cette expérience est souvent évalué sur une échelle de 1 à 4 (non systématiquement dans toutes les versions).

Exemple de question :
  • « Entendez-vous parfois des voix ou des sons que d’autres ne semblent pas entendre ? »
  • « Vous est-il arrivé de penser que des gens pouvaient lire dans vos pensées ? »
  • « Avez-vous eu l’impression que les choses autour de vous n’étaient pas réelles, comme dans un rêve ? »

Durée : environ 5 à 10 minutes

  • Suivi : un score élevé nécessite généralement une évaluation clinique approfondie, souvent avec une entrevue comme le SIPS (Structured Interview for Prodromal Syndromes) ou le CAARMS (Comprehensive Assessment of At-Risk Mental States).

Cyber Pornography Use Inventory (CPUI)

Une étude publiée en février 2015 présente une nouvelle version du Cyber Pornography Use Inventory (CPUI), inventaire composé au départ de 32 items. Les chercheurs ont procédé à la validation d’une version de 9 items (CPUI-9) regroupés sous trois facteurs : la perception de la compulsion (items 1 à 3), les efforts reliés à l’accès (items 4 à 6) et la détresse émotionnelle (items 7 à 9).

L’inventaire permet de mesurer rapidement la dépendance à la pornographie en ligne perçue par le consommateur. L’inventaire peut se répondre sur une échelle de 1 à 7 (Pas du tout à Extrêmement) ou par Vrai ou Faux.


Inventaire de l’utilisation de cyberpornographie (Traduction libre)
(The Cyber Pornography Use Inventory-9; Grubbs et al., 2015)

1. Je crois que je suis accro à la pornographie sur Internet.
2. Même si je ne veux pas visionner de la pornographie en ligne, je me sens attiré(e) par elle.
3. Je suis incapable de cesser mon utilisation de pornographie en ligne.
4. Il m’arrive de planifier mon horaire afin d’être en mesure de me retrouver seul pour visionner de la pornographie en ligne.
5. J’ai refusé de sortir avec des amis ou d’assister à des activités sociales pour avoir l’occasion de visionner de la pornographie en ligne.
6. J’ai laissé de côté des priorités pour visionner de la pornographie en ligne.
7. Je me sens honteux(se) après avoir visionné de la pornographie en ligne.
8. Je me sens déprimé(e) après avoir visionné de la pornographie en ligne.
9. Je me sens mal après avoir visionné de la pornographie en ligne.


Sources.

Grubbs, J. B., Sessoms, J., Wheeler, D. M., & Volk, F. (2010). The Cyber-Pornography Use Inventory: The development of a new assessment instrument. Sexual Addiction & Compulsivity, 17, 106-126.

Grubbs, J. B., Volk, F., Exline, J. J., & Pargament, K. I. (2015). Internet Pornography Use: Perceived Addiction, Psychological Distress, and the Validation of a Brief Measure. Journal of Sex & Marital Therapy, 41(1), 83-106.

CPUI_FR

Criminologie et escrocs pathologiques

Les escrocs pathologiques sont souvent étudiés à travers le prisme des troubles de la personnalité, qui peuvent expliquer leur propension à commettre des fraudes répétées. Ces recherches aident à comprendre les causes profondes et à développer des stratégies de prévention.

Les études se concentrent sur les traits psychologiques, comme la manipulation et le manque d’empathie, et sur les carrières criminelles des récidivistes. Par exemple, des travaux montrent que le mensonge pathologique peut être associé à certaines fraudes, notamment celles impliquant l’usurpation d’identité (Pathological lying revisited).
Les escrocs pathologiques ne sont pas un terme standard dans la littérature académique, mais ils peuvent être compris comme des fraudeurs récidivistes dont le comportement est influencé par des conditions pathologiques, telles que des troubles de la personnalité. Ces troubles, notamment ceux du groupe B (narcissique, antisocial, borderline, hystérique), sont souvent associés à des comportements criminels, y compris la fraude. La recherche internationale en criminologie vise à comprendre ces liens pour améliorer la prévention, la détection et la gestion de ces offenses.

Revue de la littérature

Les études examinées incluent des analyses des traits de personnalité, des carrières criminelles et des aspects psychiatriques de la fraude. Par exemple, une étude publiée dans Advances in Psychiatric Treatment (Winder & Winder, 2012) souligne que les troubles narcissiques et antisociaux sont particulièrement associés à la fraude, avec des traits comme la grandiosité, le manque d’empathie et la manipulation qui facilitent les actes frauduleux. Cette recherche identifie deux motivations principales : la contrainte financière et le besoin de renforcer l’ego ou le pouvoir.
Une autre étude, disponible sur ScienceDirect (Author, 2024), explore le concept de psychopathie corporative et son rôle comme antécédent théorique à la fraude. Elle décrit comment les leaders avec des traits psychopathes peuvent influencer négativement le climat éthique d’une organisation, augmentant ainsi les risques de fraudes à grande échelle. Cette perspective est particulièrement pertinente pour comprendre les fraudes économiques complexes.
De plus, une analyse des carrières criminelles des fraudeurs, publiée dans Iranian journal of psychiatry (Shokouhi-Moqhaddam et al., 2017), montre que 51,8 % des prisonniers étudiés pour fraude présentaient des troubles de la personnalité, avec une surreprésentation des troubles narcissiques et antisociaux. Cette étude souligne la versatilité des fraudeurs, qui commettent souvent d’autres crimes, et leur spécialisation dans des types de fraude comme la falsification (48,1 %) et l’escroquerie (22,9 %).

Aspects psychologiques spécifiques

Un aspect clé est le mensonge pathologique, ou pseudologia fantastica, mentionné dans une revue de The Journal of the American Academy of Psychiatry and the Law (Dike, Baranoski, & Griffith, 2005).
Ce comportement, potentiellement lié à des troubles sous-jacents, est associé à certaines fraudes impliquant l’usurpation d’identité, comme se faire passer pour un policier ou un médecin. Le mensonge pathologique se distingue des mensonges normaux par son absence d’avantage évident, ce qui peut indiquer une pathologie plus profonde.
Les recherches sur les récidivistes en fraude, bien que moins spécifiques, fournissent des indices sur les trajectoires criminelles. Par exemple, une étude sur les trajectoires développementales des fraudeurs  montre que les récidivistes présentent des taux élevés de récidive, souvent liés à des traits psychopathes, avec des implications pour la justice pénale et les coûts sociaux (estimés à environ 460 milliards de dollars par an aux États-Unis pour les psychopathes criminels).

Limites et besoins de recherche

Malgré ces avancées, la relation entre la maladie mentale et la fraude reste sous-étudiée, comme le note un article juridique australien (Fraud and Mental Illness). Les chercheurs soulignent le besoin de plus d’études pour mieux comprendre les causes sous-jacentes, ce qui pourrait aider les tribunaux à structurer des sentences prenant en compte les problèmes de santé mentale. Par exemple, les troubles de la personnalité, bien qu’associés à la fraude, ne sont généralement pas considérés comme une défense d’insanité en droit, limitant les options de traitement.
Implications pratiques et internationales
Ces recherches ont des implications pour la prévention et la réhabilitation. Comprendre les traits pathologiques peut guider les stratégies de détection, comme le monitoring continu des employés à risque, et informer les politiques de justice pénale. Sur le plan international, des études comme celles menées aux États-Unis, en Iran et au Royaume-Uni montrent une convergence dans l’identification des troubles de personnalité comme facteurs clés, bien que les contextes culturels et juridiques varient.
En résumé, la recherche internationale en criminologie sur les escrocs pathologiques met en évidence le rôle crucial des troubles de la personnalité, notamment narcissiques et antisociaux, dans les comportements frauduleux répétés. Bien que les preuves soient encore limitées, elles soulignent l’importance d’une approche intégrée, combinant psychologie et criminologie, pour adresser les causes profondes et améliorer les interventions. Des études supplémentaires sont nécessaires pour combler les lacunes et offrir des solutions plus efficaces.