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Le rapport de l’OSCE, publié en décembre 2023, explore le rôle des femmes dans le crime organisé à travers des données et des études de cas dans plusieurs États participants. Il met en lumière leur implication dans divers marchés criminels, comme les crimes économiques et la traite des êtres humains, et souligne l’importance de reconnaître leur agence pour mieux lutter contre ce phénomène.
Le rapport propose des actions comme augmenter la sensibilisation, développer des programmes de prévention et de sortie adaptés aux femmes, et améliorer la collecte de données désagrégées par sexe. Ces mesures visent à répondre aux défis spécifiques auxquels elles sont confrontées.
Pour plus de détails, consultez le rapport complet ici : Understanding the Role of Women in Organized Crime.
Le rapport a été publié le 13 décembre 2023 et offre des preuves empiriques et des études de cas sur le rôle des femmes dans les groupes de crime organisé (OCG) à travers la zone OSCE. Il vise à comprendre comment les femmes sont recrutées, leurs rôles au sein de ces groupes, et les raisons de leur sortie, tout en mettant en évidence les stéréotypes de genre persistants qui nuisent à leur reconnaissance comme actrices actives.
Analyse des données et conclusions clés
Le rapport présente des données détaillées sur les arrestations de femmes pour diverses activités de crime organisé entre 2018 et 2021, couvrant des pays comme la Belgique, la Finlande, l’Italie, la République kirghize, la Serbie et l’Espagne.
Pourcentage de femmes arrêtées pour crime organisé en Belgique (2018–2021)
Année
Crime financier OC
Drogues illicites
Trafic de migrants
Traite des êtres humains
2018
15%
14%
11%
47%
2019
0%
16%
19%
14%
2020
17%
11%
9%
9%
2021
5%
15%
25%
12%

Pourcentage de femmes arrêtées pour drogues illicites et traite des êtres humains en Finlande (2018–2021)

Année
Drogues illicites
Traite des êtres humains
2018
18%
33%
2019
19%
33%
2020
15%
67%
2021
50%
17%

Ces tableaux illustrent la variabilité des taux d’arrestation selon les pays et les types de crimes, avec des pics notables, comme 47 % des arrestations pour traite des êtres humains en Belgique en 2018, ou 67 % en Finlande en 2020.

  • Les femmes sont impliquées dans tous les marchés du crime organisé, avec une moyenne de 20 % des arrestations (plage de 11 % à 31 %) dans 9 États participants, notamment dans les crimes économiques et la traite des êtres humains.
  • Le genre est rarement pris en compte dans les politiques ou les opérations policières, bien que les organisations de la société civile (OSC) y prêtent plus d’attention.
  • Contrairement aux stéréotypes, les femmes peuvent utiliser ou ordonner la violence, comme en témoigne une augmentation de 21 % des agressions dans les prisons pour femmes au Royaume-Uni en 2022 par rapport à 2021.
  • Les femmes exercent une agence à tous les niveaux de la hiérarchie du crime organisé (leaders, gestionnaires, soldats de base, facilitateurs), souvent via des liens familiaux ou sentimentaux, transmettant la culture et l’idéologie du crime organisé.
  • Il existe un chevauchement entre victimes et auteurs, avec des transitions fréquentes, par exemple dans les cas de « county lines » (réseaux de distribution de drogue) et de traite.
  • Les voies de recrutement diffèrent selon le genre : les femmes entrent souvent par la famille ou les relations, tandis que les hommes le font via le contexte social ; des facteurs socio-économiques comme la pauvreté affectent les deux.

Recommandations et actions proposées

Le rapport propose six recommandations principales, chacune accompagnée d’actions spécifiques, comme détaillé ci-dessous :

Recommandations et actions du rapport OSCE

Recommandation
Actions
Augmenter la sensibilisation sur le rôle des femmes dans le crime organisé
– Développer des matériaux de sensibilisation sensibles au genre, abordant les biais, dynamiques et avantages.
– Mettre en œuvre des activités de sensibilisation pour les praticiens sur l’agence des femmes dans les marchés et la hiérarchie.
Améliorer la justice pénale sensible au genre
– Développer des matériaux de formation pour identifier, enquêter et poursuivre le crime organisé avec une focale sur le genre.
– Offrir des formations durables, intégrer dans des programmes plus larges.
– Soutenir des plateformes de discussion sur les biais de genre au sein et entre les autorités et les OSC.
Renforcer la prévention sensible au genre
– Favoriser la compréhension des aspects de genre dans le recrutement, se concentrer sur les risques comme la violence domestique.
– Élaborer des pratiques basées sur des preuves pour l’identification et le suivi des risques via une approche multi-acteurs.
– Sensibiliser les femmes et les filles aux conséquences du crime organisé, utiliser les expériences vécues.
– Investir dans des compétences professionnelles et en alphabétisation financière pour l’indépendance économique des femmes à risque.
Promouvoir des programmes de sortie inclusifs selon le genre
– Augmenter la compréhension des moteurs et exigences spécifiques au genre pour sortir du crime organisé.
– Impliquer les femmes comme agents indépendants dans les initiatives judiciaires et non judiciaires de sortie, pas seulement comme partenaires.
– Assurer que les stratégies de sortie tiennent compte de la victimisation antérieure (par exemple, violence sexuelle/émotionnelle).
Promouvoir la collecte de données désagrégées par sexe
– Initier/améliorer la collecte et l’analyse régulières de données complètes désagrégées par sexe sur le crime organisé.
– Promouvoir le partage de données entre agences, conformément aux normes de confidentialité, pour la prévention, la perturbation et la sortie.
– Intégrer les données dans le policing basé sur le renseignement pour des efforts sensibles au genre basés sur des preuves.
Construire des partenariats efficaces
– Établir des plateformes multi-acteurs pour l’échange de stratégies sensibles au genre.
– Promouvoir l’échange d’informations régional et transrégional sur les réponses sensibles au genre au crime organisé.

Ces recommandations visent à combler les lacunes dans la compréhension et la réponse au rôle des femmes, en insistant sur une approche inclusive et basée sur des données.

Implications pour les politiques et pratiques

Le rapport souligne que l’absence de reconnaissance de l’agence des femmes dans le crime organisé entrave la compréhension de la complexité du paysage criminel et limite la capacité des États participants à lutter contre le crime organisé transnational ou à soutenir les femmes pour quitter ces groupes. Par exemple, les programmes de protection des témoins d’État, comme en Italie, montrent une faible participation féminine (3-5 % entre 1996 et 2015, 4 % en mars 2023), soulignant le besoin de stratégies plus inclusives.

Understanding the role of women in organized crime

Dans le paysage de la criminologie, la réinsertion des personnes incarcérées reste un défi complexe. Parmi les 500 000 parents détenus dans les prisons américaines, plus de 1,25 million d’enfants subissent les conséquences de cette séparation . Le programme Parenting Inside Out (PIO), conçu spécifiquement pour les parents impliqués dans le système judiciaire, émerge comme une solution evidence-based pour briser le cycle de la criminalité intergénérationnelle.

Fondements et Contexte du Programme

  1. Une réponse à un besoin critique :
    Développé en 2002 en collaboration avec l’Oregon Department of Corrections, PIO est le seul programme de compétences parentales fondé sur des preuves scientifiques destiné aux parents sous main de justice . Son objectif ? Atténuer l’impact dévastateur de l’incarcération sur les liens familiaux.

  2. Base théorique :
    Inspiré du Parent Management Training (PMT) de l’Oregon Social Learning Center, PIO s’appuie sur une approche cognitive-comportementale . Il intègre :

    • Les neurosciences affectives

    • La théorie de l’attachement

    • Les dynamiques de la coparentalité en contexte de séparation

Structure et Méthodologie

A. Trois Versions Adaptées aux Contextes Carcéraux

Version Durée Public Cible
Prison 60-90 heures Parents incarcérés
Communauté 48 heures Sous probation/parole
Prison locale 24 heures Détention préventive

B. Composantes Clés du programme Parenting Inside out

  • Compétences parentales fondamentales :

    • Implication positive

    • Fixation de limites non-violentes

    • Résolution de problèmes

  • Soutien psychosocial :

    • Régulation émotionnelle (gestion du stress, dépression)

    • Communication active avec les proches aidants

    • Éducation au développement de l’enfant

  • Outils concrets :

    • Ateliers de jeux de rôles

    • Feuilles d’exercices personnalisées
      Exemple : Un père apprend à rédiger des lettres hebdomadaires à ses enfants pour maintenir le lien malgré la détention .

C. Mécanismes d’Intervention Innovants

  • Parenting Coaches : Des formateurs qualifiés (bac+4 en sciences sociales) animent des groupes interactifs .

  • Approche holistique : Intègre des services complémentaires comme :

    • Visites à domicile (PIO 1:1)

    • Plaidoyer parental (navigation dans les systèmes judiciaires/sociaux et accompagnements de parents)

    • Mentorat par les pairs (parents ayant vécu l’incarcération) .

Résultats et Impact Évalués

A. Chiffres Clés

  • Réduction de 40% des récidives chez les participants

  • Diminution significative du stress parental et des symptômes dépressifs

  • Amélioration des contacts parent-enfant dans 78% des cas

B. Témoignages Éloquents

« Grâce à PIO, j’ai renoué avec mes 5 enfants après 14 ans de séparation. Les compétences acquises m’ont permis de redevenir leur père. » – Heather Jo, participante .

C. Validation Scientifique

    • Critères d’inclusion : Parents d’enfants de 3-11 ans, ayant un rôle parental pré-incarcération, sans antécédents de crimes sexuels ou contre des enfants, et avec moins de 9 mois avant la libération2.

    • Intervention PIO :

      • 36 séances de 2,5 heures (90h total) basées sur la théorie de l’apprentissage social.

      • Compétences ciblées : communication positive, discipline non violente, gestion du stress, coopération avec les aidants familiaux816.

      • Méthodes : jeux de rôle, études de cas, résolution de problèmes en groupe.

    • Mesures des résultats :

      • Entretiens à 6 mois post-libération (comportements autodéclarés).

      • Données officielles d’arrestation à 12 mois.

📊 Résultats clés

    1. Problèmes liés aux substances :

      • Réduction de 40% dans le groupe PIO vs témoin à 6 mois post-libération (*p* < 0.05).

    2. Comportements criminels :

      • 35% moins d’engagements dans des activités criminelles chez les participants PIO à 6 mois (*p* < 0.05).

    3. Taux d’arrestation :

      • Diminution de 25% à 12 mois dans le groupe intervention (*p* < 0.05)216.

    4. Mécanismes d’impact :

      • L’amélioration des relations parent-aidant familial et des compétences parentales pendant l’incarcération a médié les résultats post-libération.

En Bref la recherche de Burraston & Eddy, 2022 met en évidence :

      • Une amélioration des relations parent-aidant familial

      • Des effets positifs sur l’adaptation post-libération .

      • Efficacité prouvée : PIO est le premier programme parental en milieu carcéral à démontrer une réduction significative de la récidive via un essai randomisé.

      • Recommandations :

        • Intégrer PIO dans les stratégies de réinsertion.

        • Combiner le programme avec un soutien post-libération (emploi, santé mentale)8.

      • Impact sociétal : Réduire la récidive améliore le bien-être des enfants de parents incarcérés (1,25 million aux 🇺🇸) et diminue les coûts carcéraux.

Importance en Criminologie

  1. Prévention de la criminalité intergénérationnelle :
    En renforçant la résilience familiale, PIO réduit les risques de comportements antisociaux chez les enfants de détenus .

  2. Modèle économiquement viable :
    Coûts de formation réduits (12 heures en webinaire), matériels disponibles en anglais et espagnol .

  3. Approche systémique :
    Le programme agit sur trois leviers :

    • Individuel (compétences parentales)

    • Relationnel (médiation familiale)

    • Communautaire (réseaux de soutien post-carcéral)

Limites et Défis Futurs

  • Suivi à long terme : Peu de données au-delà de 12 mois post-libération .

  • Accessibilité : Besoin d’étendre les versions adaptées aux prisons locales.

  • Intégration culturelle : Développement de modules pour populations autochtones/latino-américaines .

Parenting Inside Out incarne une avancée majeure en criminologie réparatrice. En reconnaissant que la parentalité ne s’arrête pas aux portes des prisons, ce programme transforme des vies brisées en histoires de résilience – comme celle de cette mère redevenue « la parente que ses enfants méritaient » . Son déploiement à grande échelle pourrait révolutionner les politiques de réinsertion, rappelant qu’investir dans les familles, c’est investir dans la sécurité collective.

Parenting Inside out EN

LEARNING_SESSION_Parenting_Inside-Out.pdf

Parenting Inside Out_PIO_FR

L’entretien motivationnel : une approche empathique pour favoriser le changement

L’entretien motivationnel (EM) est une méthode d’accompagnement psychologique centrée sur la personne. Développé par William R. Miller et Stephen Rollnick à la fin des années 1980, ce style de communication collaboratif vise à faire émerger la motivation intrinsèque d’un individu pour changer un comportement. Plutôt que d’imposer des solutions ou d’ordonner des actions, l’EM invite le praticien à écouter avec empathie les raisons personnelles du client et à explorer son langage du changement. Dans un climat d’acceptation et de non-jugement, l’intervenant aide la personne à élaborer et renforcer elle-même ses propres raisons et projets d’évolution.

Principes clés de l’EM : empathie, autonomie et ambivalence

  • Écoute empathique et bienveillance – L’agent ou thérapeute adopte une posture d’acceptation, cherchant à comprendre les sentiments et le point de vue du client sans le juger. L’écoute dite réflexive (reformulations, résumés) renforce la connexion empathique et rassure la personne, ce qui facilite l’émergence de son discours sur le changement.
  • Partenariat et autonomie – L’EM repose sur un vrai partenariat : conseiller et client sont co-constructeurs de la discussion. Les valeurs fondamentales de l’EM (non-jugement, autonomie, liberté, responsabilité) placent le pouvoir de décision entre les mains de la personne suivie. Le rôle du praticien est de soutenir la personne dans ses choix, et non de la diriger de manière autoritaire. Ainsi, l’approche valorise un changement auto-dirigé : on part du postulat que le client possède en lui les ressources et le désir de changer, dès que l’on sait les faire émerger.
  • Résolution de l’ambivalence – Tout changement comporte des ambivalences (par exemple vouloir conserver une vie « normale » d’un côté et renoncer à la criminalité de l’autre). L’EM considère que l’ambivalence est une étape normale vers le changement. Le praticien se place aux côtés du client pour explorer ces sentiments contradictoires plutôt que de les contrer. L’objectif est de faire surgir le discours de changement (les arguments en faveur de l’évolution) et de diminuer les arguments du statu quo, en questionnant subtilement et en soutenant les convictions positives du client. Les « résistances » du client sont perçues comme des signaux normaux et opportunités de discussion, non comme des oppositions inamovibles.
  • Soutien au sentiment d’efficacité personnelle – L’EM cherche à renforcer la confiance du client en sa capacité à changer. L’intervenant utilise des questions ouvertes et des affirmations valorisantes pour souligner les réussites passées et les compétences du client. Il incite à exprimer les petites victoires (ex. « j’ai déjà réussi à arrêter par le passé ») pour bâtir la conviction qu’il est possible de réussir à nouveau.

Ces principes – empathie, collaboration, autonomie et travail sur l’ambivalence – constituent l’« esprit » de l’EM. Par exemple, Miller et Rollnick définissent l’EM comme « un style de counseling centré sur la personne pour aborder le problème commun de l’ambivalence au changement ». L’empathie et la responsabilité du client envers son propre parcours sont centrales : c’est la personne elle-même qui choisit sa direction, le praticien se contentant de l’y accompagner.

Applications en criminologie : probation et prévention de la récidive

En criminologie, l’EM s’inscrit dans les approches modernes de la désistance et de la réinsertion. Plutôt que de se focaliser uniquement sur la sanction, l’EM aide à engager le changement personnel en travaillant sur la motivation interne de la personne ayant commis une infraction. Des études internationales soulignent son efficacité : selon Taxman et al. (2015), l’EM est « une pratique prometteuse pour augmenter la motivation, la rétention au traitement et réduire la récidive » chez les publics délinquants. En pratique, cela signifie qu’un agent de probation qui utilise l’EM va, par exemple, demander à un détenu libéré ce qui est important pour lui dans sa vie (famille, avenir professionnel, santé), puis l’aider à faire le lien entre ses buts personnels et les comportements à changer. Au lieu d’ordonner « vous devez suivre ce programme », l’agent dira plutôt : « Vous semblez vouloir rester proche de votre famille. Selon vous, que changeriez-vous dans votre vie pour y parvenir ? », encourageant ainsi le discours en faveur du changement.

Plusieurs pays ont structuré des formations EM pour les acteurs pénitentiaires. En France, une formation de niveau 1 à l’EM est ainsi devenue obligatoire pour tous les conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation depuis 2016. Des programmes spécialisés (par ex. le SSP au Royaume-Uni) intègrent plusieurs sessions d’EM au sein d’un parcours global de probation. L’évaluation du SSP montre qu’il prend en compte « les inquiétudes et les espoirs de la personne » tout en conservant la rigueur des programmes de probation. Plus largement, des approches basées sur la Good Lives Model (focalisation sur les ressources et objectifs positifs du sujet) et sur l’EM visent à développer chez chaque personne des compétences psychosociales et des réseaux sociaux positifs, dans l’esprit de la recherche sur la désistance.

L’EM permet aux intervenants criminels d’établir une alliance de travail efficace avec les personnes suivies, en favorisant un discours interne de changement plutôt qu’une simple conformité externe. Les recherches indiquent que cette méthode peut accroître la motivation des probationnaires à participer aux programmes d’insertion et, in fine, réduire leur risque de récidive. Par exemple, un suivi qui intégre l’ EM pourra aider un délinquant multi-récidiviste à élaborer lui-même un plan réaliste pour accéder à une formation ou un emploi, en valorisant ses forces (compétences, soutiens familiaux) et en minimisant les ambivalences (peur de l’échec, croyance en un changement difficile).

Principes-clés de l’EM en un coup d’œil :

  • Écoute empathique (reflets, résumés).
  • Partenariat actif et non-jugement (autonomie du client).
  • Exploration de l’ambivalence (normale) et renforcement du discours de changement.
  • Soutien du sentiment d’efficacité personnelle (Miller & Rogers sur l’autodétermination).

Dan Pink (2009) sur la « sur la surprenante science de la motivation »

Le TED Talk de Dan Pink , « La surprenante science de la motivation »,  éclaire à sa façon la pratique de l’entretien motivationnel (EM) :

  1. Repenser les leviers de motivation
    Dan Pink montre qu’il existe un décalage (« mismatch ») entre ce que la recherche scientifique révèle et ce que pratiquent souvent les organisations : les récompenses et punitions extrinsèques (argent, menaces) sont efficaces pour des tâches très routinières, mais dégradent la performance dès qu’il s’agit de créativité ou de réflexion complexe lingq.com.

  2. Trois piliers de la motivation intrinsèque
    Pour susciter un engagement profond, Pink identifie trois composantes clés :

    • Autonomie : le désir d’« agir avec choix », de décider quoi, comment et quand on fait une tâche.
    • Maîtrise : l’aspiration à s’améliorer continuellement dans une compétence qui compte.
    • Finalité (« purpose ») : la volonté de contribuer à quelque chose de plus grand que soi. ashleydanyew.com

Application à l’EM

    • Favoriser l’autonomie : en EM, on aide le client à choisir librement ses objectifs et stratégies de changement, plutôt que de prescrire.
    • Encourager la maîtrise : on valorise les petits progrès, on souligne les compétences déjà acquises, renforçant le sentiment de compétence (« self‑efficacy »).
    • Mobiliser le sens : intégrer dans l’entretien la question du « pourquoi », c’est‑à‑dire les valeurs et le but ultime du client (liaison entre ses aspirations profondes et le comportement à changer).

Impacts pratiques

    • En probation ou en réinsertion, interroger la personne sur ses motivations intrinsèques (ex. protéger sa famille, retrouver un statut social) permet d’engager un discours de changement plus solide.
    • Pour lutter contre l’ambivalence, on peut faire ressortir ses progrès passés et ses aspirations futures, créant ainsi un écart motivant entre « où je suis » et « où je veux aller ».
    • Le passage à l’action s’appuie sur des étapes choisies, qui respectent l’autonomie et offrent un sentiment de maîtrise à chaque réussite partielle.

Au final, Dan Pink nous rappelle que, pour être durable, la motivation doit venir de l’intérieur : l’EM, en cultivant l’autonomie, la maîtrise et la finalité du projet de changement, est l’approche idéale pour traduire ces enseignements en pratique.

Grâce à sa base scientifique solide et à son adaptabilité, l’entretien motivationnel constitue aujourd’hui un outil précieux pour les professionnels de la probation et de la criminologie. En plaçant l’empathie et l’autonomie au cœur de l’entretien, il complète utilement les pratiques traditionnelles et contribue à accompagner vers la désistance et la réinsertion, en phase avec les attentes contemporaines de la prévention de la récidive.

 

1. Qui est Faye S. Taxman ?

University Professor Faye Taxman outside the Fairfax County Courthouse. Photo by Alexis Glenn/Creative Services/George Mason University

Faye Taxman est professeure à l’université George Mason et directrice du Center for Advancing Correctional Excellence (ACE!) (content.sitemasonry.gmu.edu). Experte en criminologie des services de santé, elle est reconnue pour ses travaux pionniers sur l’implémentation de pratiques fondées sur les données scientifiques dans le système correctionnel, notamment les modèles de probation innovants et l’articulation entre justice et santé publique.

2. CCP & RNR : définitions clés

Les Core Correctional Practices (CCP), développées à la fin des années 1970, regroupent cinq dimensions essentielles d’intervention en probation/parole, fondées sur les théories de l’apprentissage social et de la gestion comportementale. Elles s’inscrivent dans le cadre du modèle Risk‑Need‑Responsivity (RNR), qui préconise d’adapter les interventions selon le niveau de risque, les besoins criminogènes spécifiques et la capacité de réception du client .

3. Les composantes centrales du CCP

D’après Andrews & Kiessling (1980), les CCP incluent :

  • Renforcement positif : encourager les comportements prosociaux.
  • Modélisation prosociale : illustrer les comportements attendus.
  • Résolution de problèmes : aider à repérer et traiter les causes sous-jacentes de la délinquance.
  • Entretien motivationnel et restructuration cognitive : techniques pour favoriser l’engagement du client ( cep-probation.org).

Durant des contacts en face‑à‑face, l’agent supervision doit aller au‑delà des simples contrôles : c’est l’occasion d’évaluer les facteurs criminogènes et de soutenir la motivation du client vers le changement .

4. L’apport de Taxman : formations et impacts

Professeure Taxman a intégré ces pratiques dans des dispositifs de formation pour agents corretionnels et probation, avec évaluation par essais contrôlés :

  • Environ 16 % de réduction de la récidive chez les personnes encadrées par un agent formé aux CCP vs. intensifs sans CCP (tandfonline.com).
  • Une réduction de 13 points de pourcentage des taux de récidive lorsque les agents utilisent ces compétences .

Elle a aussi appliqué ses méthodes dans le Global Institute, en dispensant une formation axée sur les CCP et le modèle RBR, notamment dans un programme européen à Barcelone .

5. Taxman : mise en œuvre et outils

Outre ses publications, Taxman a conçu des outils pratiques comme le RNR Simulation Tool ou CJ-TRAK, permettant aux agences de :

  1. Diagnostiquer les besoins criminogènes.
  2. Cartographier leurs programmes disponibles.
  3. Repérer les lacunes et ajuster leurs interventions.

Elle s’est aussi impliquée avec le Global Community Corrections Initiative, promouvant l’implémentation des CCP à l’échelle internationale.

6. Perspectives et défis

  1. Former les agents avec rigueur et suivi continu (booster sessions, coaching).
  2. Réconcilier supervision et bien-être : Taxman insiste sur l’équilibre entre conditionnel et encouragement, afin d’éviter l’alourdissement des exigences.
  3. Déployer les outils comme le RNR tool dans divers contextes (jails, probation, traitement des addictions).

7. Pourquoi s’intéresser aux CCP aujourd’hui ?

  • Efficacité prouvée : baisse significative de la récidive à court et moyen terme.
  • Fondement scientifique : ancrage dans des théories comportementales bien établies.
  • Transférabilité : applicables globalement, avec adaptation locale.

 Conclusion

L’œuvre de Faye Taxman avec les Core Correctional Practices incarne une avancée majeure dans la transformation des pratiques correctionnelles, son approche s’appuyant sur des preuves solides, des outils d’évaluation pragmatiques et un accent fort sur la formation des intervenants. Sa méthodologie, éprouvée par la recherche et l’expérimentation, constitue aujourd’hui un modèle international pour allier sécurité publique et réinsertion efficace.

Pour aller plus loin :

  • Tools of the Trade: A Guide to Incorporating Science into Practice de Taxman (2004)
  • Implementing Evidence‑Based Community Corrections and Addiction Treatment (2012, avec Belenko)

 

DASH : Un outil central pour évaluer le risque en matière de violences conjugales

Dans le champ de la criminologie appliquée et de la protection des victimes, disposer d’outils fiables pour évaluer le risque est essentiel. L’un des instruments les plus utilisés dans le monde anglo-saxon est le DASH, acronyme de Domestic Abuse, Stalking and Honour-Based Violence. Développé au Royaume-Uni par Laura Richards, ancienne analyste comportementale à Scotland Yard, cet outil s’est imposé comme une référence dans l’évaluation du risque de violence domestique, de harcèlement criminel et de violences liées à l’honneur.

Qu’est-ce que le DASH ?

Le DASH est un outil standardisé de repérage et d’évaluation des risques, utilisé principalement par les forces de l’ordre, les services sociaux, les professionnels de la santé et les associations spécialisées. Il a été conçu pour :

  • Identifier les facteurs de risque immédiats dans les situations de violence domestique ;
  • Faciliter une communication interprofessionnelle claire et rapide ;
  • Déclencher si nécessaire une mise à l’abri urgente ou un plan de protection de la victime.

L’outil s’appuie sur 27 questions standardisées, posées directement à la victime (ou remplies par un professionnel selon le contexte), et permet de mesurer l’imminence du danger.

Sur quels risques s’appuie-t-il ?

Le DASH évalue une série de facteurs de danger reconnus par la recherche scientifique comme prédictifs d’une aggravation de la violence ou d’un passage à l’acte létal. Parmi eux :

  • La récence et la fréquence des violences ;
  • Les menaces de mort, de suicide ou de violences contre les enfants ;
  • La présence d’armes ou l’accès à celles-ci ;
  • La jalousie excessive, le contrôle coercitif ou le harcèlement après séparation ;
  • Les conduites à risque (addictions, troubles mentaux, isolement social) chez l’auteur ;
  • Le contexte culturel ou familial favorisant des violences liées à l’honneur.

Pourquoi est-il utile ?

Le DASH permet une approche structurée, fondée sur des données probantes, pour identifier les situations où le danger est élevé. Il facilite la prise de décision rapide, notamment en matière de protection judiciaire (ordonnances d’éloignement, intervention des services sociaux, mesures d’hébergement d’urgence, etc.).

Dans certains cas, il permet de mobiliser une conférence MARAC (Multi-Agency Risk Assessment Conference), réunissant différents professionnels autour des cas à haut risque afin d’assurer une réponse coordonnée.

Limites et enjeux

Comme tout outil, le DASH ne remplace pas le jugement clinique. Il est un aide à la décision, mais son efficacité dépend :

  • De la formation des professionnels à son usage ;
  • Du climat de confiance permettant aux victimes de répondre honnêtement ;
  • De sa mise à jour en fonction des nouvelles connaissances sur la dynamique des violences conjugales.

En France, bien que des outils similaires existent (comme le VIOLENCI ou les grilles du protocole de repérage du danger imminent), l’usage du DASH est encore rare, mais inspirant pour les pratiques professionnelles en développement.

Pour aller plus loin

  • Télécharger la grille DASH (en anglais) : SafeLives UK – DASH RIC
  • Formation gratuite en ligne : certaines plateformes proposent une initiation à l’utilisation du DASH pour les professionnels intervenant auprès de victimes.
  • Richards, L. (2009). Domestic Abuse, Stalking and Harassment and Honour-Based Violence Risk Identification Checklist (DASH).

 

https://safelives.org.uk/wp-content/uploads/Dash-risk-checklist-quick-start-guidance.pdf 

SafeLives Dash risk checklist_FR

« La prison est une école du crime » : un vieil adage conforté par une étude publiée en 2024 à partir d’un échantillon norvégien. Analysant 140 000 séjours carcéraux, cette recherche dévoile comment les interactions entre détenus alimentent la récidive et créent des réseaux criminels durables. Voici 4 enseignements clés pour repenser la gestion carcérale.

Julian Vedeler Johnsen, Laura Khoury (2024) Peer Effects in Prison 

1. L’effet « contagion criminelle »

  • +1.5% de risque de récidive sous 5 ans quand l’expérience criminelle moyenne des pairs augmente d’un écart-type.
  • +6%du nombre d’infractions commises (effet « marge intensive »).
  • Pics à la sortie : L’influence des pairs est maximale la 1ère année post-détention (voir graphique ci-dessous), puis décline.

2. L’effet « parrain »

Les « criminels chevronnés » (top 10% en expérience) exercent une influence disproportionnée :

  • +0.7% de récidive par écart-type d’exposition à ces profils.
  • Un effet indépendant de l’expérience moyenne des pairs.
  • Profil type : Jeunes, faible éducation, spécialisés dans les crimes contre les biens (77% des arrestations).

« Ces ‘experts’ agissent comme des mentors illicites, transmettant savoir-faire et connexions » .

3. La fabrique des réseaux criminels

La co-détention génère des liens durables :

  • +38% de probabilité de co-délinquance future après un séjour commun.
  • Effet amplifié par la recherche de profils « qui nous ressemblent » ou « qui nous sont proches » (homophilie) :
    • Pairs de même commune : +76% d’effet réseau
    • Pairs de même nationalité : +68%
    • Les prisons ouvertes (prisons sans barreaux) sont des incubateurs : liberté de mouvement = interactions accrues .

 4. Publics vulnérables et paradoxes

  • Primo-délinquants et auteurs d’infractions routières :
    • Jusqu’à +7.5% de récidive à 1 an (vs +3.2% en moyenne).
  • Effet « diversification » :
    • Les auteurs de violences/trafic développent de nouvelles spécialités (crimes économiques, stupéfiants) sous influence.
    • Paradoxe norvégien : Le modèle réputé « humain » (prisons ouvertes) renforce les effets de pairs négatifs .

 💡 Implications politiques

1. Segmenter les affectations : Isoler les « criminels chevronnés » et protéger les profils vulnérables (primo-entrants).
2. Surveiller les interactions dans les prisons ouvertes.
3. Développer des contre-réseaux : Programmes pro-sociaux exploitant la dynamique de groupe.
4. Réévaluer les courtes peines : La forte rotation carcérale multiplie les expositions à pairs négatifs.

La prison norvégienne, pourtant modèle de réhabilitation, révèle un angle mort : les interactions entre détenus peuvent systématiser la criminalité. Une piste ? Transformer les « effets de pairs » en levier de réinsertion, via un ciblage fin des groupes.

Source : Johnsen & Khoury (2024). « Peer Effects in Prison ». IZA Discussion Paper No. 17114.

Si le lien est brisé: dp17114

Un débat criminologique oppose depuis des décennies deux approches pour lutter contre la récidive des conducteurs en état d’ivresse : la punition (amendes, prison, suspension de permis) et la réhabilitation (éducation, traitement de l’alcoolisme, groupes de parole). Une étude fondatrice de Faye S. Taxman et Alex Piquero (1998), analysant des milliers de cas dans le Maryland, apporte des réponses surprenantes qui éclairent encore notre compréhension aujourd’hui. (Taxman, F. S., & Piquero, A. (1998). On preventing drunk driving recidivism: An examination of rehabilitation and punishment approachesJournal of Criminal Justice, 26(2), 129–143)

 L’Étude Clé : Méthode et Découvertes

Les chercheurs ont analysé les dossiers de 3 671 conducteurs condamnés pour CEA entre 1985 et 1993 dans le Maryland, suivant leur parcours pendant 3 ans pour mesurer la récidive. Leur outil principal : une analyse de survie de Cox, permettant d’évaluer l’impact relatif de différentes sentences tout en contrôlant des facteurs comme l’âge, le sexe ou les antécédents.

Voici ce qu’ils ont découvert :

1. La Réhabilitation l’emporte (Globalement) : Contre toute attente, les sentences axées sur la réhabilitation se sont révélées plus efficaces que les punitions pures pour réduire la récidive tous conducteurs confondus.

  • La psychoéducation sur l’Alcool réduisait le risque de récidive de 22% (RR = 0.78).
  • Le Traitement de l’Alcoolisme (souvent ambulatoire) réduisait le risque de 17% (RR = 0.83).
  • En revanche, les approches comme l’abstinence imposée ou l’obligation d’aller aux Alcooliques Anonymes n’avaient aucun effet significatif.

2. La Punition a Peu d’Impact (Globalement) : Aucune des mesures punitives étudiées (amende, prison, suspension de permis, probation simple ou supervisée) n’a montré d’effet déterrent significatif sur la récidive dans l’échantillon global. Certaines semblaient même légèrement augmenter le risque (RR > 1), bien que de manière non significative.

3. Première Infraction : La Clémence Intelligente Fonctionne : Pour les premiers délinquants, l’approche la plus efficace s’est avérée être le « Probation Before Judgement » (PBJ). Cette mesure clémente (l’infraction est effacée du casier si la probation est réussie) a réduit la récidive de 27% comparée à une condamnation classique (« guilty disposition »). Cela suggère qu’une sanction moins formelle et stigmatisante, axée sur une seconde chance et potentiellement liée à une forme de « honte réintégrative » (Braithwaite), peut être très dissuasive pour les primo-délinquants. Les approches réhabilitatives n’ont pas montré d’effet spécifique significatif pour ce groupe.

4. Facteurs Individuels Prédictifs :

  • L’Âge : Les conducteurs plus âgés récidivent moins.
  • Le Sexe : Les hommes récidivent plus que les femmes (surtout parmi les primo-délinquants).
  • Antécédents Routiers : Le nombre de condamnations pour infractions routières antérieures (excès de vitesse, etc.) est un prédicteur fort de la récidive de CEA. Ceci corrobore la « Théorie Générale du Crime » (Gottfredson & Hirschi) suggérant qu’un faible contrôle de soi sous-tend divers comportements à risque, incluant les infractions routières et la conduite en état d’ivresse.

 Implications Criminologiques et Politiques : Un Équilibre à Trouver

Cette étude pionnière, malgré ses limites (données des années 80-90, manque d’info sur la sévérité exacte des sanctions ou l’observance des traitements), offre des leçons cruciales :

  • La Réhabilitation Mérite Sa Place : Ignorer les traitements éducatifs et thérapeutiques de la dépendance alcoolique dans la lutte contre la récidive DWI est une erreur stratégique, notamment pour les récidivistes. Cibler la cause sous-jacente (l’abus d’alcool) porte ses fruits.
  • La Punition Pure a des Limites : Compter uniquement sur la sévérité des sanctions (amendes légères, courtes peines de prison) pour dissuader les conducteurs ivres semble inefficace, voire contre-productif dans certains cas. La certitude de la sanction et sa nature (comme la perte effective du permis) pourraient être plus importantes que sa simple sévérité.
  • Adapter la Réponse au Profil : Distinguer primo-délinquants et récidivistes est essentiel. Une approche clémente et réintégrative (comme le PBJ) fonctionne bien pour les premiers, tandis qu’une combinaison de sanctions et de réhabilitation profonde semble nécessaire pour les seconds.
  • Au-Delà des CEA : Le lien fort entre les infractions routières « banales » et la conduite sous influence souligne que les comportements à risque sur la route forment souvent un continuum. La prévention globale de l’insécurité routière doit en tenir compte.

Vers une Approche Équilibrée et Fondée sur les Preuves

L’étude de Taxman et Piquero rappelle avec force que la criminologie doit guider les politiques pénales. Dans le cas complexe de la conduite en état d’ivresse, ni la punition pure ni la réhabilitation seule ne sont des solutions miracles. L’efficacité maximale semble résider dans :

1. Une combinaison judicieuse des deux approches.
2. Un ciblage précis basé sur le profil du délinquant (primo vs récidiviste, antécédents).
3. La priorité aux interventions ayant fait leurs preuves : l’éducation sur l’alcool et les traitements pour les récidivistes, et des sanctions alternatives réintégratives pour les premiers délits.

Plus de 25 ans après sa publication, cette recherche reste un pilier pour comprendre comment lutter efficacement contre un fléau routier persistant, en rappelant que la réponse la plus « dure » n’est pas toujours la plus intelligente ni la plus efficace.

 

Professor Faye Taxman, Mason University

Faye S. Taxman est professeur à l’université George Mason. Elle est reconnue pour son travail dans le développement de modèles de systèmes de soins continus qui relient la justice pénale à d’autres systèmes de prestation de services, ainsi que pour la réorganisation des services de probation et de surveillance des libérations conditionnelles, et pour les modèles de changement organisationnel. Elle a mené une enquête organisationnelle à plusieurs niveaux sur les systèmes correctionnels et de traitement de la toxicomanie afin d’examiner l’utilisation des pratiques fondées sur des données probantes dans les établissements correctionnels et de traitement de la toxicomanie et les facteurs qui influent sur l’adoption de processus et d’interventions fondés sur des données scientifiques. Elle a réalisé plusieurs études qui examinent l’efficacité de divers modèles de transfert de technologie et de processus d’intégration du traitement et de la supervision. Dans une étude, elle explore l’utilisation de la gestion des contingences et des systèmes d’incitation pour les dé