Il convient également de signaler l’existence, dans la plupart des pays considérés, de cours de formation professionnelle rattachés aux universités ou aux diverses administrations intéressées. C’est ainsi que l’Université de Londres et de nombreuses autres universités britanniques ont organisé un enseignement d’«extension» destiné notamment aux policiers et aux assistants sociaux. De leur côté, le Home Office et le Scottish Home Department s’occupent de la formation des fonctionnaires de probation, du personnel de police, de celui des prisons, des Borstal Houses et des approved schools. En Belgique, on signale l’existence d’un enseignement de la criminologie dans les écoles d’infirmières et de service social. En France, il existe une école pénitentiaire, des écoles de police et des écoles d’éducateurs, organisées par les administrations compétentes, où des rudiments de criminologie sont enseignés. Il en est de même en Italie, où l’on trouve une école supérieure de police scientifique ainsi qu’une école et des cours de perfectionnement à l’intention des assistants sociaux. Aux États-Unis, l’instruction du personnel de la police et des services pénitentiaires est organisée dans les universités, le plus souvent dans des divisions séparées (école de Berkeley en Californie, notamment). Un enseignement est également prévu pour les travailleurs sociaux. En Suède, enfin, on trouve un institut pour assistants sociaux à Göteborg, avec des cours de psychiatrie judiciaire et de criminologie juvénile.
Auteur de plusieurs ouvrages sur la criminalité, Bernard Harcourt ne craint pas d’aller à contre-courant de théories consensuelles. Dans « L’illusion de l’ordre. Incivilités et violences urbaines. Tolérance zéro ? », il démonte la fameuse thèse des « Broken windows » (ou tolérance zéro) appliquée par l’ancien maire de New York Rudi Giuliani dès le milieu des années 90. « Personne n’a jamais pu démontrer le prétendu lien qui existe entre les petits crimes et désordres et la grande criminalité. Cette thèse ne tient pas la route ». Il affirme, statistiques à l’appui, que la tolérance zéro n’a eu aucun impact réel sur l’évolution de la criminalité à New York. Entre 1991 et 1998, les taux d’homicides et de vols ont respectivement baissé à New York de 70% et de 60%. Remarquable. Sauf que ces taux ont baissé dans des proportions identiques dans les autres métropoles américaines que sont Houston, San Diego, Boston ou Los Angeles.
« Comment expliquer qu’à L.A. les taux respectifs ont diminué de 60 et de 61% alors que la police était à cette époque complètement dysfonctionnelle, corrompue et déstabilisée par l’affaire Rodney King (lynchage d’un noir par la police). « La théorie des « broken windows » n’est qu’un formidable coup médiatique orchestré par Rudy Giuliani », affirme Bernard Harcourt.
COMMISSION NATIONALE CONSULTATIVE DES DROITS DE L’HOMME (Assemblée plénière – 21 février 2013) Avis sur la prévention de la récidive
A l’occasion de la conférence de consensus sur la prévention de la récidive, la CNCDH a lancé une réflexion sur les meilleurs moyens de prévenir la récidive. Si elle n’a jamais réalisé d’étude ou d’avis spécifiquement sur cette question, elle s’est prononcée à maintes reprises sur des lois qui prétendaient apporter une réponse à ce phénomène. Elle entend par cet avis proposer quelques pistes pour une prévention de la récidive qui soit pleinement conforme aux droits de l’homme.
Elle souhaite également que le Gouvernement s’éloigne du postulat selon lequel la récidive est le résultat d’une réponse laxiste de la justice aux actes de délinquance, et en conséquence, qu’il convient de durcir cette réponse. Le durcissement des sanctions pénales n’a pas permis de faire baisser de manière significative la délinquance. Il s’agit donc pour la CNCDH de prendre acte de ces échecs, ainsi que de proposer de nouvelles pistes et de valoriser certaines bonnes pratiques qui permettent de mieux prévenir la récidive. Si une prévention de la récidive plus efficace nécessitera sans aucun doute des efforts budgétaires, la CNCDH veillera à prendre en compte le contexte budgétaire difficile. L’élaboration d’une politique de prévention de la récidive efficace est du reste un exercice difficile, eu égard au manque de connaissance des causes de ce phénomène. Si les acteurs de terrains partagent un ressenti sur plusieurs des causes de la délinquance, ces ressentis ne sont que très rarement étayés par des études scientifiques. Or, une connaissance scientifique quantitative et qualitative de ce phénomène et de ses causes est nécessaire pour concevoir au mieux les réponses à celui-ci. De même, des données manquent concernant l’efficacité de la réponse pénale, et notamment s’agissant des peines effectuées en milieu ouvert, ventilées par infractions. Ce manque de données empêche de concevoir avec précision une politique pénale efficace au niveau national, et nuit également aux acteurs de terrain, qui se retrouvent contraints de tâtonner pour apporter une réponse appropriée à un acte de délinquance. La CNCDH recommande de soutenir la recherche scientifique sur le sujet, et de permettre une meilleure diffusion des savoirs.
PIERRE CANNAT (1949) La réforme pénitentiaire : cours enseigné au Centre d’études de Fresnes, « Leçons pénitentiaires »
Juin 1946 : ouverture aux prisons de Fresnes d’un Centre d’études pénitentiaires P. CANNAT (magistrat, contrôleur général des services pénitentiaires) est l’animateur de ce centre d’études qui reçoit en 1946 et en 1947 en deux promotions, tous les sous-directeurs.
Entre 1945 et 1950 moins de mille agents auront bénéficié d’un passage à l’école créée à Fresnes, en priorité il s’agit des éducateurs et des surveillants des établissements réformés et de quelques sous-directeurs ou chefs de détention qui sont chargés de transmettre ce qu’ils ont appris aux surveillants. (voir l’article de criminocorpus)
Leçon 1: Définition et avenir de la science pénitentiaire
Ainsi comprise, la peine privative de liberté faite pour des hommes et destinée à améliorer des hommes, prend visage humain, c’est-à-dire forme intelligente. Elle a un sens, refaire des êtres sociables. C’est alors qu’on peut vraiment parler de science pénitentiaire: le science des peines, l’ensemble des lois qui par le moyen des peines -permettra de parvenir à cette fin, les méthodes par lesquelles, en ségréguant provisoirement un individu hors de la société qu’il a bafouée, on redressera en lui les erreurs de jugement ou de conscience.