Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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Le crime (1/5)

Le crime politique

Sous l’Ancien Régime, tout crime est un outrage au souverain. Après la Révolution apparaît la figure du délinquant faisant alors ressortir les caractères propres du crime politique qui vise le corps du roi puis son corps symbolique jusqu’à prendre la forme d’attentats qui ciblent le corps social.

Qu’est-ce qu’un crime ?

Nous le savons tous sans véritablement le savoir. On se le représente le plus souvent comme un attentat à la vie d’autrui.

Il ne faut pas dire qu’un acte froisse la conscience commune parce qu’il est criminel, mais qu’il est criminel parce qu’il froisse la conscience commune. Emile Durkheim

Ainsi, supprimer la vie d’autrui peut être légal – sur un champ de bataille ou en pratiquant l’euthanasie. Le crime ne se réduit pas à un acte immoral – donner la mort – parce qu’il est lié à un contexte social et politique qui lui confère sa nature. Il existe une différence centrale entre le crime privé et le « crime légal » (Camus), entre le crime « encadré » et le crime solitaire, entre le crime individuel et égoïste et le crime collectif et altruiste, c’est-à-dire pour une cause. Entre ces catégories se joue un jeu subtil, chacune tentant de se différencier de l’autre, voire d’en dissimuler sa part maudite.

Derrière l’évidence morale de la réprobation unanime d’un acte, ne tarde pas à se profiler l’inquiétante fragilité de la notion de crime.

Extrait musical choisi par l’invité : « attentat verbal » par Grand corps malade.

BIBLIOGRAPHIE

Le crime (2/5)

Le crime contre l’humanité

Le crime de masse résulte d’une inversion monstrueuse de la légalité : la souveraineté non seulement ne protège plus mais devient meurtrière, massacrant une partie de son peuple, le tiers de justice se fait partisan voire bourreau lui-même. Comment s’en relever ?

FRANCE CULTURE (10/08/2018), Émission « L’Invité des Matins d’été »

  Prisons françaises : un système à bout de souffle

Intervenant: François Bès, Coordinateur du pôle enquête de l’Observatoire international des prisons (OIP)

Confrontée à une vague de suicides à Fleury-Mérogis, l’administration pénitentiaire française pourrait bien devoir reconsidérer les faiblesses de son système. Pour en parler, Julie Gacon reçoit François Bès, coordinateur du pôle enquête de l’Observatoire international des prisons (OIP).

Mercredi 8 août 2018. Un homme de 48 ans se pend dans la prison de Fleury-Mérogis. Le signal d’alerte est lancé, c’est le onzième suicide en huit mois. Si le parquet du tribunal d’Evry affirme ne pas encore pouvoir apporter d’explication claire à ce phénomène, d’autres y voient la conséquence de tensions et de dysfonctionnements du système pénitentiaire, entre surpopulation, grèves, évasions ou manque de moyens.

Les proches sont un peu les oubliés de l’histoire, poursuit-il. Si les détenus ont été condamnés, les familles subissent sans avoir rien fait. Et ça, ça peut arriver à tout le monde. (François Bès, source : Le Parisien)

Des solutions sont envisagées, tant de la part d’organisation comme l’OIP, qui se fait le relais des proches des détenus, que du gouvernement, ne serait-ce qu’avec la réforme pénale annoncée par Macron lors du discours d’Agen, en mars 2018.

France Inter, Émission interception 22/07/2018, déjà diffusée en 2017: Respecto, la prison clés en main

On devrait construire les villes à la campagne, parce que l’air y est plus pur, disait Alphonse Allais. Pour annoncer ce sujet qui avait été diffusé en avril 2017, on pourrait dire sur le même ton : « Pour éviter les inconvénients de la prison, laissons la clé aux détenus. »

Nous allons à Mont-de-Marsan, dans les Landes, au centre pénitentiaire de Pémégnan.

Depuis 3 ans, 200 pensionnaires y bénéficient d’une formule, venue d’Espagne, le module de respect, ou le Respecto…

 Le principe est simple : les détenus volontaires signent une série d’engagements : engagement au respect des codétenus, des locaux et du matériel, respect aussi du personnel pénitentiaire. Ils s’astreignent également à participer à des activités de formation ou de loisirs tout à fait exceptionnelles dans une prison française.

En échange, ils bénéficient d’une véritable  liberté de mouvement : ils ont leur propre clé de cellule dans la poche.

L’objectif de l’opération est double : il s’agit à la fois de réduire le niveau de violence dans le milieu carcéral, tout en offrant aux détenus de meilleures chances de réinsertion à leur sortie.

A Mont-de-Marsan, une partie de la prison est soumise à ce régime, alors que l’autre conserve un mode de fonctionnement plus traditionnel. Car le Respecto implique l’adhésion des détenus, mais il exige également l’implication des gardiens, et tous ne sont pas volontaires.

Pour ce reportage, Clémence Fulléda et Julien Grenault ont pu être témoins de scènes qu’il est très rare de pouvoir enregistrer. Pour ces raisons vous l’entendrez nous avons dû, à un moment, déformer la voix de certains intervenants.

COLLOQUE Psychiatrie en prison Organisé par Esther Benbassa, sénatrice EELV de Paris en partenariat avec l’Association des secteurs de psychiatrie en milieu pénitentiaire (ASPMP) le 25 juin, au Palais du Luxembourg

Première table ronde :

  •   Ouverture du colloque

 Esther Benbassa, sénatrice EELV de Paris et directrice d’études à l’EPHE (Sorbonne)

  • Adeline Hazan, contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL)

« L’accès aux soins psychiatriques en milieu carcéral »

  • Sébastien Saetta, sociologue, auteur d’une thèse sur les experts psychiatres dans les affaires criminelles et membre du conseil d’administration de l’ « OIP »

« Entre pénalisation et médicalisation »

  • Dr Thomas Bosetti, médecin psychiatre à l’Habitat Alternatif Social de Marseille, coordinateur chez « Médecins du monde »

« Proposition de recherche interventionnelle d’alternative à l’incarcération des personnes vivant avec des troubles psychiatriques, sans domicile et déférées en comparution immédiate »

  • Eric Pechillon, professeur de droit public à l’Université Bretagne-Sud

« Le droit peut-il être un instrument utile pour améliorer la qualité du soin en détention? »

  • Juliane Pinsard, secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature

« Coopération interprofessionnelle durant l’incarcération et après la sortie »

Deuxième table ronde :

  • Dr Michel David: président de l’ « Association des Secteurs de Psychiatrie en Milieu Pénitentiaire (ASPMP) » et psychiatre à la maison d’arrêt de Coutances

« La psychiatrie en milieu pénitentiaire : maintenir le cap sanitaire »

  • Dr Emeline Chaigne, présidente du Syndicat des praticiens exerçant en prison, praticienne hospitalière, responsable de l’unité sanitaire du centre de détention de Bédenac

« La prise en charge sanitaire globale des personnes détenues  et des profils sanitaires spécifiques et particuliers »

  • Dr Fadi Meroueh, praticien hospitalier, chef de service de l’unité sanitaire de la maison d’arrêt de Villeneuve -les- Maguelone

« État des lieux et problématique en évolution au sein des UCSA »

  • Dr David Touitou, psychiatre intervenant au Pôle SMPR-UHSA à la prison de Fresnes

« Soins spécifiques en UHSA »

  • Jean-Marie Delarue, ancien contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL)

« L’effet des soins psychiatriques en détention »

  • Conclusion

 

Toutes les infos sur: https://estherbenbassa.eelv.fr/videos-du-colloque-psychiatrie-en-prison-qui-a-eu-lieu-le-25-juin-au-senat/

FRANCE CULTURE (2018) cycle d’émissions « A voix nues », consacrées à l’expert Daniel ZAGURY (Fevrier 2018)

Daniel Zagury (1/5) : Un avenir à Chevilly-Larue

Pour comprendre ce qui pousse certains hommes à commettre des actes monstrueux, la justice fait appel à l’expert psychiatre Daniel Zagury, ainsi amené à écouter et décrypter de nombreux tueurs en série comme Guy Georges, Patrice Alègre ou Michel Fourniret, et plus récemment des terroristes.

C’est poussé par son appréhension du corps en souffrance et par la peur de la mort que Daniel Zagury s’intéressera à la psychiatrie pendant ses études de médecine.

En associant très tôt ses impressions littéraires avec cette discipline, il se passionne pour la clinique et rejette l’intellect dépourvu d’affect.

Attentif à ce qu’il va transmettre, il pense qu’il est possible d’apaiser la souffrance de l’autre.

Liens

Publications de Daniel Zagury (cairn.info)

Daniel Zagury, passion psy, article de Flore Thomasset (la-croix.com)

Docteur Daniel Zagury : «Chez les terroristes islamistes, il y a très peu de malades mentaux avérés» – Propos recueillis par Eric Favereau (liberation.fr)

Daniel Zagury (2/5) : La psychiatrie ordinaire

Depuis 1997 Daniel Zagury est chef de service du centre psychiatrique du Bois de Bondy en Seine Saint-Denis. Tout au long de son parcours à l’hôpital ou en prison, il a exploré et analysé les actes médicaux légaux des malades mentaux psychotiques, et ceux présentant des troubles graves de la personnalité.

Daniel Zagury (3/5) : L’expertise de l’horreur

Psychiatre des hôpitaux, spécialiste de psychopathologie et de psychiatrie légale mais aussi expert auprès de la Cour d’appel de Paris, Daniel Zagury cherche à mieux saisir le fonctionnement de certains hommes qui commettent des actes atroces « ce qui l’amène à côtoyer le plus effroyable de l’humanité ». 

Daniel Zagury (4/5) : Le procès pénal

Expert auprès des tribunaux Daniel Zagury a régulièrement témoigné dans d’importantes affaires criminelles mettant en cause des tueurs en série.

Retour sur une expertise qui consiste à mettre en lumière les caractéristiques, les aspects particuliers de la personnalité du tueur, les circonstances et les mobiles affectifs qui déclenchent une telle conduite.

Tout l’enjeu est de regarder le mal en face en entrant en relation avec l’autre sans aucune fascination.

Daniel Zagury (5/5) : La banalité du mal

Auteur de plusieurs ouvrages et de nombreux articles consacrés au parricide, au crime passionnel et aux tueurs en série, Daniel Zagury oblige la société à admettre que l’horreur absolue n’est pas étrangère à l’homme ordinaire.

En allant au delà des acquis psychiatriques, il tente de comprendre comment sont fabriqués de tels êtres humains.

FRANCE CULTURE (juin 2018) Emission Entendez-vous l’éco ? , « Économiser et punir »: Semaine consacrée aux prisons

Prison : économiser et punir (1/4) : Rentabiliser le système carcéral

Sur fond de surpopulation carcérale et restriction budgétaire, le système de gestion se transforme peu à peu. Quel est l’impact de l’externalisation sur la politique carcérale ? Comment le monde pénitentiaire s’adapte et se structure-t-il pour consentir aux contraintes budgétaires ?

« 78 % des gens libérés en 2014 ont passé moins d’un an en prison. D’où la  question posée depuis un moment : est-ce que ça vaut le coup de  construire des nouvelles prisons pour des gens qui y restent si peu de  temps ? » (Christian Mouhanna)

Premier jour de notre série sur les prisons intitulée « économiser et punir ». Des prisons surpeuplées, à la ceinture budgétaire trop serrée, desquelles émane une souffrance générale du personnel et de ses occupants. Si la violence institutionnelle mise en évidence par Michel Foucault est toujours le cœur du débat, on voit pointer, au sein du système pénitentiaire, des formes de « violences économiques ».

Prison : économiser et punir (2/4) : Le travail en prison

La volonté de réformation morale des prisonniers s’accompagne du façonnement d’un sujet économique : l’organisation économique interne des prisons s’inscrit au cœur d’une tension entre rationalité pénitentiaire et rationalité économique, qui fait écho à l’organisation du marché capitaliste national.

Deuxième jour de notre série sur les prisons intitulée « économiser et punir ». Hier, nous avons parlé de la privatisation de certaines missions du secteur pénitentiaire et des conséquences de celle-ci sur les décisions politiques. Aujourd’hui, c’est le marché du travail, celui-ci qui s’infiltre dans la prison et la relie à l’industrie du dehors, que nous examinons à la loupe. Si l’idée d’un travail expiatoire est présente dès les origines de la prison moderne, on constate qu’à cette vertu – soit disant moralisatrice – s’ajoute une dimension productive non négligeable. Ainsi, les prisonniers-travailleurs sont-ils soumis à une sélection, dont les critères semblent aussi flous que le droit qui encadre leur condition. Une situation faisant de cette main d’oeuvre une variable d’ajustement, tant pour l’administration pénitentiaire que pour les entreprises profitant de leurs services. Un régime d’exception interrogeant la suprématie de l’économie sur le droit du travail.

Prison : économiser et punir (3/4) : Fictions carcérales

Du film « Le Trou » de Jacques Becker à « Un prophète » de Jacques Audiard, et, côté séries, d' »Oz » à « Orange Is the New Black », la fiction cinématographie et télévisuelle s’empare très tôt de la prison comme objet de représentation. Mais que disent ces images sur la réalité sociologique des prisons ?

Troisième jour de notre série sur les prisons intitulée « économiser et punir ». Après avoir traité hier de la zone de flou qui entoure le travail en prison, nous prenons, aujourd’hui le biais de la fiction pour évoquer le quotidien en milieu carcéral. On le sait, la prison est, depuis son invention, un motif artistique – littéraire et cinématographique – qui oscille entre témoignage et dénonciation. Si l’enfermement, la promiscuité des corps, la violence incitent aux récits, la recherche esthétique n’en reste pas moins au service d’une réflexion socioéconomique fondamentale. Ainsi, les représentations de l’expérience pénitentiaire que nous livrent le cinéma – mais aussi désormais les séries – sont autant d’occasions de s’interroger sur les capacités de l’institution à remplir à sa mission.

Prison : économiser et punir (4/4) : Les fonctions de l’enfermement

Quelles sont les origines, la fonction et les usages de la prison ? Peut-elle être réformée, alors qu’empirent les causes d’un dispositif qui permet à l’Etat de tourner la tête face à son incapacité d’assumer ses responsabilités économiques et sociales ?

« Économiser et punir » ! Cette semaine, nous avons examiné les rouages économiques propres au monde carcéral : ceux de l’institution et ceux à l’oeuvre dans l’enceinte-même, à l’abri des regards. Un système condamné à une double peine : d’un côté l’augmentation du nombre de détenus et de l’autre des politiques budgétaires particulièrement restrictives. D’où la privatisation progressive de certaines missions. Des privatisations largement critiquées et parfois même condamnées, tout comme les conditions de vie et de détention. Au cœur du débat éthique et économique : l’absence de droit du travail en milieu carcéral et la mise à disposition d’une main d’oeuvre – pour les entreprises – défiant toute concurrence. Ainsi, loin de rester à la porte des prisons, l’économique et le politique – visiteurs privilégiés – éclairent le rapport qu’entretient la société avec ses marges. Si depuis plus de deux siècles, la prison est devenue la forme de punition dominante, tout incite pourtant à réfléchir aux fonctions – avouées ou non – de l’enfermement…

Washington State DOC (Departement of Corrections): Formation des surveillants de prisons US à l’entretien motivationnel et aux CCP (sous titres FR)

Les surveillants jouent un rôle primordial dans et en dehors des salles de classe ou des programmes de réhabilitation dispensés derrière les barreaux.
Dans cette vidéo découvrez comment les surveillants du Centre Airway Heigths Corrections de l’état de Washington ont implanté des programmes basés sur des données probantes dans leur unité de détention, à travers la formation des agents à l’Entretien Motivationnel et aux CCP.

Ces nouvelles approches et postures professionnelles ont modifié en profondeur le travail des personnels et a contribue à reduire les violences .