Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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Sylvain CHATELET (2014) « Si on ne veut rien faire pour les longues peines, il faut le dire clairement »; Dedans Dehos n°23 « Projet de réforme pénale :  aussi indispensable qu’inabouti »; Mars 2014

Durant sa détention à la centrale d’Arles, Sylvain Chatelet a pu observer les effets positifs d’une gestion particulière dans cet établissement, favorisant la consultation des détenus et leur participation à la vie collective. Il demande la généralisation de ce modèle, plaide aussi pour la réduction de l’échelle des peines et la suppression des périodes de sûreté, qui rendent vains les efforts de réinsertion des condamnés à de longues peines. Des sujets soulevés lors de la conférence de consensus et ignorés par le projet de réforme pénale. Suscitant chez les détenus « frustration et incompréhension ».

« Même ceux qui font le plus les cadors vous prennent la main si vous la leur tendez. Il n’y en a pas un qui n’ait envie de changer de vie. »

La loi devrait affirmer un droit à la réinsertion, dans tous les types d’établissements pénitentiaires. Qu’il soit clair que la fonction de la prison est de réinsérer les gens, pas de fermer la porte, prendre la clé et la jeter ! Dans la plupart des centrales, on vous donne une cellule et on vous dit de vous démerder, de ne pas ennuyer l’administration, de faire votre vie tranquille et ça ira très bien. Ce n’est pas un hasard si ce sont des détenus d’Arles qui ont été choisis pour participer à la conférence de consensus. Depuis la réouverture de la centrale en 2009, la direction a essayé de mettre en place un autre type de gestion. Par exemple, j’ai été à l’initiative, avec l’ancien directeur, de la mise en place des « détenus facilitateurs ». Leur rôle est d’être attentifs aux autres, d’intervenir en cas de difficulté pour atténuer les conflits entre détenus ou avec des surveillants. Souvent les détenus ont une attitude de rejet vis-à-vis de l’administration. Mais avec un autre détenu, ils parlent toujours. Je leur expliquais : « si tu as un problème, tu viens me voir, on boit un café, tu m’exposes ton problème et je verrai de quelle manière je peux intervenir pour toi ». Au début, certains ont pensé qu’il s’agissait de « prévôts ». Progressivement, notre rôle a été compris et accepté.

Quelles sont les autres spécificités à Arles ?

La direction organise des journées de formation animées par des intervenants extérieurs – sur la criminologie, les addictions, la réforme pénale, etc. On se retrouve en comité restreint, dont les facilitateurs, et parfois des personnels pénitentiaires acceptent de participer. Ces rencontres se déroulent dans une pièce à part et le repas est pris en commun. Certains détenus n’ont pas partagé un repas depuis dix ans, ils ont l’habitude de manger en cellule en 5 minutes. Il n’y a pas une seule journée de formation dont je n’ai vu des participants sortir sans être transformés. Je pèse bien le mot : un véritable changement s’effectue en eux, une dynamique se met en place, ils voient les choses autrement et ils se montrent tels qu’ils sont. A Arles, ils font aussi rentrer des chevaux. Le contact avec ces animaux, ça vous renvoie à ce que vous ressentez, votre façon d’être, on ne peut pas tricher. Il y aurait beaucoup à dire encore sur ce qui est fait dans cette centrale. De manière générale, si vous coupez les gens de toute forme de rapports sociaux, vous en faites des animaux. Si vous essayez de garder le contact avec quelque chose qui se rapproche de l’extérieur, c’est plus facile ensuite de les remettre dans le monde réel. J’espère que ces actions importantes vont se répandre dans les autres centrales.

Article OIP Sylvain Chatelet

UNODC1

L’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a publié en avril 2014 son nouveau rapport sur les homicides dans le monde (Global Study on Homicide 2013, qui couvre les événement de 2012).

Selon les régions, le nombre d’homicides a évolué différemment entre ces deux dates: ils ont diminué en Europe et en Océanie (de 11% à 14%) et augmenté de 8,5% sur le continent américain.

Voir la très parlante infographie sur ce sujet réalisée par slate.fr

This review of the evidence on reducing reoffending has been produced to support policy makers, practitioners and others who work with offenders.

transformingThis summary provides an overview of key evidence relating to reducing the reoffending of adult offenders. It has been produced to support the work of policy makers, practitioners and other partners involved in offender management and related service provision. The first version of this summary was published in September 2013, and this version has been updated to reflect recent evidence.

The summary outlines evidence on factors associated with reoffending as well as desistance. It also presents evidence on aspects of general offender management and supervision, and on particular interventions and approaches that can reduce reoffending. These include drug and alcohol treatment, accommodation, education, mental health services, offending behaviour programmes and mentoring.

The summary does not aim to be exhaustive and is not a formal systematic review. Evidence is drawn from the UK where possible, and reference is also made to international studies.

Transforming Rehabilitation: a summary of evidence on reducing reoffending (second edition) PDF, 428KB, 60 pages

Le NIC (National Institute of Correction) a intégralement mis en ligne (supports, ppt, vidéos) son programme « Thinking for a change » dispensé massivement dans les prisons américaines, destiné à acquérir des compétences sociales et développer les capacités de résolution de problème.

T4CThinking for a Change (T4C) is an integrated, cognitive behavior change program for offenders that includes cognitive restructuring, social skills development, and development of problem solving skills.

T4C is designed for delivery to small groups in 25 lessons and can be expanded on to meet the needs of specific participant group. The curriculum was developed by Barry Glick, Ph.D., Jack Bush, Ph.D., and Juliana Taymans, Ph.D., in cooperation with the National Institute of Corrections.

The T4C program is used in prisons, jails, community corrections, probation, and parole supervision settings. Participants include adults and juveniles, males and females. More than 8,000 correctional staff have been trained as T4C group facilitators. More than 400 trainers in 80-plus agencies are preparing additional staff to facilitate the program with offenders.

Correctional agencies can consider Thinking for a Change as one option in a continuum of interventions to address the cognitive, social, and emotional needs of their offender populations.

Programme Thinking for a change

Thinking for a change Curriculum.pdf

Ambroise-Rendu-203x300Parution de Anne-Claude Ambroise-Rendu, Histoire de la pédophilie, XIXe-XXe siècle, Paris, Fayard, 2014, 352 p. ISBN 978-2-213-67232-8, 24 €

Présentation de l’éditeur

La reconnaissance des crimes sexuels perpétrés sur les plus jeunes est récente. Il a fallu le long travail des médecins, des magistrats et des intellectuels pour que, une fois les actes déterminés et les caractéristiques de la pédophilie établies, la société se soucie de protéger les enfants. Véritable baromètre des mœurs, les réactions au crime sexuel sur enfant esquissent l’histoire morale, culturelle et juridique d’une si longue indifférence envers les agressions sexuelles. Ce livre en donne les clés.

Indispensable prise de conscience, le livre d’Anne-Claude Ambroise-Rendu ne se contente pas de faire choir de leur piédestal quelques amateurs de jeunes chairs qui, à l’instar d’André Gide, profitèrent de l’aveuglement des parents, il nous révèle comment hier encore le silence écrasait les victimes et profitait aux agresseurs. Il nous apprend surtout que le « pédophile », identifié par la psychiatrie, n’a pas toujours été condamné par les médias qui en font aujourd’hui la figure du mal absolu.

Il était temps qu’un livre d’histoire fasse la lumière sur des comportements aussi anciens et répandus et nous rappelle que la criminalité sexuelle n’est pas le fruit amer d’une époque dépravée. Cette époque, notre époque, aura eu le mérite d’affronter ce problème.

Sommaire

  • Introduction, “Viens derrière la haie”
  • Chapitre premier. 1810-1832 : le temps du déni ?
  • Chapitre 2. Du cabinet du juge à celui du médecin (1832-1880)
  • Chapitre 3. La IIIe République aux aguets
  • Chapitre 4. Le pervers saisi par la science (1896-1970)
  • Chapitre 5. Tant de plaisirs littéraires
  • Chapitre 6. Mythomanes ou séductrices ?
  • Chapitre 7. Les seventies et la plaidoirie pédophile
  • Chapitre 8. Le tournant des années 1980 : les associations, les journalistes et le législateur
  • Chapitre 9. 1995-2005 : lucidité nouvelle ou panique morale ?
  • Chapitre 10. Le crime sexuel entre deux hystéries ? La menace de l’affabulation et le “tous pédophiles”
  • Conclusion

L’auteur

Anne-Claude Ambroise-Rendu est professeure à l’université de Limoges. Elle est co-rédactrice en chef de la revue Le Temps des médias. Elle a notamment publié Crimes et Délits. Histoire de la violence de la Belle Époque à nos jours (Nouveau Monde, 2006), et Petits récits des désordres ordinaires. Les faits divers dans la presse française des débuts de la Troisième République à la Grande Guerre (Seli Arslan, 2004).

Gilles Rondeau ; Jocelyn Lindsay ; Serge Brochu ; Normand Brodeur (2006) Application du modèle transthéorique du changement à une population de conjoints aux comportements violents

criviff_mLe modèle transthéorique soutient que les individus doivent passer par cinq stades de changement appelés précontemplation, contemplation, préparation, action et maintien pour arriver à modifier un comportement problématique. Il stipule également que le passage d’un stade à l’autre s’accompagne d’une évolution de la perception des coûts et des bénéfices associés au changement, ainsi que du sentiment d’efficacité personnelle. L’étude réalisée visait d’abord à vérifier si ces concepts s’appliquent à des hommes ayant des comportements violents envers leur partenaire, une problématique où le modèle suscite un intérêt grandissant. Elle visait également à vérifier s’il existe une relation entre la violence rapportée par les individus, leur tendance à blâmer leur partenaire et les stades de changement. Elle visait finalement à déterminer l’utilité du modèle pour prédire quels hommes choisissent de ne pas s’inscrire aux programmes d’aide qui leur sont proposés suite à des entrevues d’évaluation et lesquels décident d’abandonner avant la fin.

Les hypothèses de l’étude ont été vérifiées auprès de deux échantillons d’hommes québécois fréquentant des programmes d’aide aux conjoints aux comportements violents. Le premier était composé de 255 hommes déjà engagés dans des groupes d’aide et le second de 302 hommes reçus en entrevue d’accueil et d’évaluation. Dans le cadre de la recherche, trois instruments de mesure développés aux États-Unis par Levesque et Pro-Change ont été traduits en français, soit le University of Rhode Island Change Assessment for Domestic Violence (URICA-DV2), l’Échelle de balance décisionnelle et l’Échelle des tentations.

 

Des analyses de regroupement effectuées à partir de l’URICA-DV2 ont fait ressortir six profils empiriques de répondants. Les profils Réticent, Non engagé et Action contradictoire correspondent au stade de précontemplation et forment de 22 à 30% de l’échantillon. Le profil Préparticipation représente le stade de contemplation et regroupe de 24 à 31% des répondants. Les profils Action – faible crainte de rechute et Action – crainte élevée de rechute constituent deux variantes du stade d’action et comptent pour 47% des répondants. Comme prévu, les stades étaient reliés à deux des variables étudiées, soit les bénéfices que les répondants associent à la modification de leur comportement et la tendance à blâmer la partenaire. Dans le premier cas, les répondants du stade d’action percevaient nettement plus de bénéfices au changement que leurs pairs du stade de précontemplation. Dans le second cas, ils étaient moins portés à jeter le blâme sur leur partenaire. Les stades n’étaient toutefois pas reliés aux tentations de recourir à la violence ou à l’exercice de la violence de la façon dont on s’y attendait. Les répondants du stade de précontemplation se sont en effet déclarés moins tentés d’utiliser la violence et ont rapporté moins de violence verbale que ceux du stade d’action. Ces résultats doivent être interprétés avec prudence, car les précontemplateurs ont obtenu des scores plus élevés que leurs pairs sur l’échelle de désirabilité sociale qui leur a été administrée. Finalement, il a été impossible de prédire les différentes formes de désistement des programmes à l’aide des stades de changement. L’emploi d’une stratégie de changement appelée prise de conscience a été la seule variable du modèle transthéorique utile pour prédire la décision des répondants d’abandonner leur groupe d’aide avant la fin.

https://www.raiv.ulaval.ca/sites/raiv.ulaval.ca/files/publications/fichiers/pub_103.pdf

Si le lien est brisé: application modele transtheorique

Voir aussi: Thèse Normand Brodeur (2006) LES STRATÉGIES DE CHANGEMENT EMPLOYÉES PAR DES HOMMES AYANT DES COMPORTEMENTS VIOLENTS ENVERS LEUR CONJOINTE

rokeachDans  The  Nature  of  Human  Values  (1973),  Milton  Rokeach,  professeur  de  psychologie  à l’Université  de  l’État  du  Michigan  qui  a  consacré  sa  carrière  à  définir  la  notion  de « valeurs »  avance  les  postulats  suivants :  a)  le  nombre  total  de  valeurs  qu’une  personne possède  est  relativement  faible,  b) les valeurs sont organisées en système et elles sont hiérarchisées,  c) les valeurs humaines proviennent de la culture, de la société et de ses institutions, et de la personnalité, d) les conséquences des valeurs humaines se manifestent dans à peu près tous les phénomènes étudiés en sciences sociales.Dans  son  approche,  Rokeach  a  retenu  36  valeurs,  qu’il  a  distinguées  en  deux  types.  On trouve  tout  d’abord  les  valeurs  terminales,  qui  sont  les  buts  ou  les  finalités  de  lʹexistence. Elles  se  répartissent en valeurs ayant trait à : a) l’absence de conflits internes et externes (ex. : le plaisir, la sécurité dans son environnement ou le bonheur), b) l’universalisme social (ex. : l’égalité, la fraternité ou la paix), c) l’accomplissement adulte (ex. : le sentiment d’avoir réussi, le respect et l’admiration), d) la sincérité des liens interpersonnels (ex. :l’amitié authentique, l’intimité sexuelle ou spirituelle), et e) une motivation intrinsèque (ex: une vie active, la liberté, la capacité de prendre soin de ceux qu’on aime).Viennent ensuite les valeurs instrumentales ou les modes de comportement qui permettent d’atteindre les buts poursuivis en fonction des valeurs terminales. Rokeach les a réparties en des valeurs ayant trait : a) à la compétence (ex. : le courage, l’imagination ou la logique), b) au conformisme (ex. : la courtoisie, l’ordre ou l’autodiscipline), et c) à lʹintérêt social (ex. : l’indulgence, le sens des responsabilités ou l’honnêteté). Selon Day et Casey, il importe de réintroduire les valeurs dans le domaine de l’intervention psycholégale et correctionnelle. (Source Denis Lafortune)

valeurs.pdf