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Petit focus, dans l’excellent ouvrage de P Van Voorhis et E Salisbury (2022), sur certaines limites auxquelles les professionnels peuvent être confrontés.

EXIGENCES CONTEXTUELLES
« L’environnement correctionnel lui-même est à l’origine d’une foule de questions et d’exigences. Le conseiller y est confronté régulièrement et son travail en est d’autant plus difficile et stressant. La capacité du conseiller à négocier efficacement ces exigences déterminera, dans une large mesure, sa susceptibilité à l’épuisement professionnel qui affecte si souvent les professionnels de l’aide. Plusieurs des exigences contextuelles les plus importantes sont examinées dans cette section.

Travailler dans un environnement bureaucratique
Une prison est l’exemple même de la bureaucratie. C’est une organisation dominée par les règles et la paperasserie, qui ignore souvent les individus au profit des procédures  (Pollock, 1998). En outre, les établissements pénitentiaires adhèrent à un style de gestion paramilitaire avec une chaîne de commandement verticale (Elliott & Verdeyen, 2002). De toute évidence, certaines personnes se sentent plus à l’aise que d’autres dans une telle structure et s’y adaptent plus facilement. Les professionnels du traitement correctionnel peuvent notamment avoir du mal à faire face à la régimentation et à la rigidité si endémiques au fonctionnement des prisons. Les conseillers qui tentent de « contourner le système » se heurtent au proverbial mur de briques et finissent par être frustrés, désillusionnés et peu ou pas utiles aux délinquants. Les conseillers qui, en revanche, consacrent leur temps et leur énergie à se faire une place au sein de la bureaucratie deviendront des membres précieux de l' »équipe » correctionnelle.

Gérer l’excès de paperasserie
Le dossier écrit est l’élément le plus important du système de justice pénale. Quelle que soit l’importance de l’événement, tout ce qui est fait pour, par ou à un délinquant trouve son origine ou son aboutissement dans un rapport ou un dossier correctionnel (Schrink, 1976). La nature et la fonction exactes des rapports et des dossiers, ainsi que le type de personne chargée de les élaborer et de les tenir à jour, varient quelque peu en fonction de l’étape du système de justice pénale concernée. Au niveau correctionnel, c’est le conseiller qui est le plus responsable de la collecte des informations et de la rédaction des rapports. Plusieurs types de dossiers et de rapports différents doivent être élaborés périodiquement pour chaque délinquant. En raison du grand nombre de détenus dans un cas typique, la paperasserie qui en résulte peut souvent être énorme. Le temps consacré à la paperasserie réduit les possibilités pour le conseiller d’interagir avec le client. Malheureusement, certains conseillers inefficaces ont appris à se cacher derrière cette paperasse. Une évolution positive qui peut aider le conseiller correctionnel à mieux gérer la paperasserie est la disponibilité croissante d’ordinateurs personnels et de logiciels relativement bon marché.

Gestion d’un grand nombre de dossiers
Les conseillers doivent souvent s’occuper d’une centaine de détenus. L’ampleur de la charge de travail est encore aggravée par le fait qu’il y a généralement une rotation assez rapide des détenus qui en font partie. Si le séjour moyen d’un détenu dans un établissement est de deux ans et qu’un conseiller a une charge de travail de 125 détenus, il se peut qu’il ne connaisse jamais vraiment l’un d’entre eux avant sa sortie.
Non seulement la charge de travail est importante, mais elle est également très variée. Le conseiller doit accepter tous les détenus qui lui sont assignés, et il existe peu de possibilités de développer une clientèle spécialisée. Souvent, les détenus ont peu de choses en commun, si ce n’est qu’ils ont été reconnus coupables d’un crime et condamnés à un établissement ou à un programme correctionnel. Il n’est pas rare qu’un conseiller d’un établissement hébergeant des délinquants adultes ait à sa charge des détenus qui ont été condamnés pour meurtre, vol, viol, pédophilie, conduite en état d’ivresse, ivresse publique, et bien d’autres délits encore.
Sous une telle pression, le conseiller correctionnel peut être tenté de se concentrer sur les détenus avec lesquels il aime interagir plutôt que sur ceux qui ont le plus besoin d’aide. Les délinquants doivent être vus parce qu’ils ont besoin d’être vus, et non parce qu’ils veulent organiser leur temps libre en fonction du conseiller. De même, ils ne doivent pas être vus uniquement parce que le conseiller aime interagir avec eux et qu’il est capable de rationaliser le fait qu’il ne peut de toute façon pas aider tous les détenus dont il s’occupe.

Répondre à l’asymétrie raciale et ethnique
Aujourd’hui, plus de 60 % des détenus sont noirs ou hispaniques, et rien n’indique que cette asymétrie raciale et ethnique va diminuer de sitôt. Les conseillers correctionnels, comme la plupart des gens, ont tendance à recourir à l’ethnocentrisme lorsqu’ils ont affaire à des personnes différentes d’eux. L’ethnocentrisme consiste à juger les autres sur la base de ses propres croyances plutôt que sur celles des autres. L’ethnocentrisme est étroitement lié à la tendance humaine trop courante à stéréotyper les autres, c’est-à-dire à juger les gens sur la base de caractéristiques de groupe supposées plutôt que de les voir et de réagir à leur égard en tant qu’individus. De toute évidence, l’ethnocentrisme et les stéréotypes sont synonymes d’échec dans un établissement pénitentiaire.
Le conseiller correctionnel peut éviter bon nombre des problèmes liés à l’ethnocentrisme et aux stéréotypes s’il adopte une approche plus sensible à la race et à l’ethnie. Une telle approche est souvent qualifiée de counseling  » interculturel  » ou multiculturel (Dillard, 1987). Plus précisément, les conseillers correctionnels doivent essayer d’élargir et d’approfondir leurs connaissances et leur compréhension des groupes raciaux et ethniques diversifiés afin de pouvoir comprendre d’où viennent ces personnes et de commencer à les voir comme des individus plutôt que comme un groupe plus large. L’ACA a également choisi de s’attaquer à l’ethnocentrisme en modifiant les sections existantes du code de déontologie afin de mieux comprendre les problèmes particuliers associés au conseil multiculturel (ACA, 2005).

Travailler avec des délinquants ayant des besoins particuliers
Les conseillers correctionnels novices sont souvent surpris de constater que leur charge de travail se compose de délinquants souffrant de maladies mentales graves, de troubles du développement et de problèmes de toxicomanie. De plus en plus, ces « délinquants à besoins spéciaux » se retrouvent dans les populations carcérales et présentent des besoins de traitement et des défis uniques pour les conseillers. Les conseillers qui travaillent avec des femmes délinquantes seront confrontés à des exigences supplémentaires, car ces délinquantes présentent souvent une variété de problèmes familiaux et sociaux, y compris leurs relations avec leurs enfants et des antécédents d’abus physiques ou sexuels. L’une des sous-populations qui a connu la croissance la plus rapide depuis les années 1960 est celle des délinquants souffrant de maladies mentales. En 1998, on estimait à près de 300 000 le nombre de détenus souffrant de maladies mentales.
mentaux étaient hébergés dans les prisons et les centres pénitentiaires, ce qui représentait 15 % de la population carcérale (Schwartz, 2003). Les institutions correctionnelles ont souvent eu du mal à répondre aux besoins de ce groupe. En 1991, on estimait que seulement 50 % des personnes souffrant d’une maladie mentale grave et 25 % de celles souffrant d’une maladie mentale modérée dans les prisons américaines recevaient un niveau de soins approprié (Schwartz, 2003).
Un autre groupe important de détenus particulièrement vulnérables aux abus dans les prisons est celui des personnes souffrant de troubles du développement. Les détenus souffrant d’un retard mental ou d’autres déficiences cognitives peuvent être des cibles tentantes pour les abus physiques ou sexuels. En outre, le premier auteur a observé que ces personnes sont souvent enrôlées par d’autres détenus pour aider à commettre des crimes au sein de l’institution. Elles peuvent également avouer des infractions dont elles ne sont pas coupables.
Sur les 1,3 million de prisonniers incarcérés dans les établissements pénitentiaires américains, 21 % des prisonniers d’État, 57 % des détenus fédéraux et 21 % des détenus de prison sont incarcérés pour des délits liés à la drogue (Bureau of Justice Statistics, 2006a).
En outre, de nombreux liens ont été établis entre l’abus de substances et le comportement criminel (Walters, 1998). Les toxicomanes font état d’une activité criminelle beaucoup plus importante et ont des casiers judiciaires plus chargés que les non-consommateurs, tandis que les personnes ayant des antécédents criminels plus importants sont plus susceptibles de faire état d’un abus de substances antérieur (Peters & Matthews, 2003). Compte tenu de l’ampleur des problèmes d’abus de substances chez les détenus, les conseillers correctionnels devraient considérer le traitement de l’abus de substances comme un élément essentiel des services de counseling offerts à la population carcérale.
population carcérale. Walters (1998) propose des lignes directrices complètes et spécifiques pour la construction et la mise en œuvre d’un traitement efficace de l’abus de substances.

L’une des conclusions les plus largement acceptées dans la recherche criminologique est que les hommes sont arrêtés à un taux plus élevé que les femmes (Holtfreter, Reisig, & Morash, 2004). Bien que l’écart entre les sexes reste important, il s’est réduit au cours des trois dernières décennies (Pollock, 1998). Les délinquantes sont beaucoup plus susceptibles de demander des services de conseil, bien qu’elles ne soient pas plus motivées par un changement sincère que leurs homologues masculins (Elliott & Verdeyen, 2002). En outre, les délinquantes recherchent activement des services de conseil pour aborder les questions d’abus sexuels/physiques antérieurs et de séparation d’avec leurs enfants (Hislop, 2001). Par conséquent, le conseiller correctionnel qui travaille dans une prison pour femmes devra fournir une variété de services de conseil à une partie importante de la population.

Fournir des services d’intervention en cas de crise
Conseiller des délinquants incarcérés ayant des tendances criminelles profondément ancrées est une tâche ardue, et un véritable changement cognitif et comportemental peut s’avérer impossible dans de nombreux cas (Harris, 1995). En effet, la pathologie du délinquant typique est considérée par certains comme non modifiable (McMackin, Tansi, & LaFratta, 2004). Par conséquent, le travail avec ces délinquants, en particulier dans les institutions, se résume souvent à une intervention en cas de crise, c’est-à-dire à aider les détenus à gérer les crises naissantes.
Les établissements correctionnels sont incontestablement des environnements stressants et les délinquants doivent faire face à toute une série de problèmes résultant de l’incarcération. Il s’agit notamment, mais pas exclusivement, de la séparation d’avec les membres de la famille, de l’imposition d’une structure dans la vie d’une personne, de la perte des stratégies d’adaptation antérieures (par exemple, la consommation d’alcool et de drogues) et de la peur de l’environnement carcéral lui-même (par exemple, la violence physique ou sexuelle) (Morgan, 2003). Certains délinquants s’épanouissent dans la structure environnementale et le « code du détenu » (c’est-à-dire les règles de conduite non écrites) (Elliott & Verdeyen, 2002). Beaucoup s’adaptent simplement et se fondent dans l’environnement, tandis que d’autres éprouvent d’importantes difficultés d’adaptation et une détresse intérieure. En conséquence, des services d’intervention en cas de crise et des services de conseil de soutien de courte durée sont nécessaires pour aider ce dernier groupe à s’adapter à sa nouvelle vie de détenu.
Les difficultés d’adaptation ne se limitent évidemment pas aux détenus nouvellement incarcérés ; au contraire, l’anxiété et le stress chroniques sont des sous-produits inévitables de l’incarcération (Morgan, 2003). Les délinquants condamnés à des peines de courte ou de longue durée sont confrontés à divers facteurs de stress et à des problèmes de vie qu’ils doivent gérer.
Par exemple, il n’est pas rare que les membres de la famille ou les proches cessent de communiquer avec les délinquants, privant ainsi ces derniers d’une précieuse source de soutien social (Lynch & Sabol, 2001). Même les délinquants proches de leur libération éprouvent de l’appréhension et de l’anxiété, ce que l’on appelle « se mettre à l’abri ». Des questions telles que la reprise de contact avec les membres de la famille, la recherche d’un emploi et l’évitement d’un comportement criminel deviennent les principaux sujets de préoccupation.
Le conseiller correctionnel sera, à un moment ou à un autre de sa carrière, appelé à fournir des services de soutien en cas de crise à des détenus suicidaires. Le suicide est la première cause de décès dans les centres de détention et les prisons, et la deuxième cause de décès dans les prisons (Morgan, 2003). Il est donc nécessaire que les conseillers connaissent parfaitement les facteurs de risque démographiques, historiques, situationnels et psychologiques du suicide (White, 1999). En outre, le conseiller devra être prêt à fournir des services de soutien aux délinquants ayant des besoins particuliers, dont il a été question dans une sous-section précédente. Enfin, le conseiller correctionnel devra sans aucun doute amené à offrir des services de soutien aux délinquants qui sont victimes d’abus physiques ou sexuels de la part de détenus prédateurs.

Survivre à la brutalité de l’environnement carcéral
Il est évident que les prisons sont des environnements brutaux. Les agents pénitentiaires assistent à des manifestations de violence de la part des détenus, reçoivent des insultes et des menaces de la part des délinquants et observent ou, si nécessaire, participent à l’application de la force physique pour maîtriser un détenu perturbateur. Une telle exposition à la violence et à l’agression peut être une pilule amère à avaler pour de nombreux conseillers ; après tout, beaucoup entrent dans le secteur correctionnel pour « aider » les délinquants et « trouver ce qu’il y a de bon » en eux. Cependant, presque tous ceux qui ont fait carrière dans le milieu correctionnel ont connu un processus de « normalisation » (Welo, 2001) qui peut atténuer le choc, le dégoût, la peur et la colère ressentis après avoir été témoins de violence et d’autres comportements antisociaux. Malheureusement, les conseillers correctionnels sont encore  confrontés à la violence et à la destruction perpétrées par les délinquants. On attend des conseillers qu’ils se familiarisent avec les rapports d’enquête et autres documents concernant les délinquants qui leur sont confiés. Ces rapports regorgent d' »histoires d’horreur sur les crimes [des délinquants], les déclarations des victimes, l’angoisse des membres de leur famille et [leur] degré de criminalité » (Welo, 2001, p. 166). L’exposition répétée aux récits de la douleur et de la misère causées par les délinquants peut conduire au cynisme, à la désillusion et, en fin de compte, à l’épuisement professionnel (Elliott & Verdeyen, 2002).

 

CONSIDÉRATIONS FINALES
Ce chapitre a été consacré à l’exploration des défis nombreux et diversifiés auxquels est confronté le conseiller correctionnel. Nous espérons que le lecteur a maintenant une bonne compréhension des complexités inhérentes à l’élaboration de stratégies de conseil efficaces auprès d’une population hostile et résistante, à la résolution des divers dilemmes éthiques endémiques au conseil dans un établissement correctionnel et à la négociation des exigences contextuelles uniques du conseil en milieu carcéral. Toutefois, cette discussion serait incomplète si l’on n’abordait pas la question de la prévention de l’épuisement professionnel.
Dans un effort concerté pour aider le conseiller correctionnel à ne pas succomber à l’épuisement professionnel et à ses conséquences physiques et émotionnelles délétères, Elliott et Verdeyen (2002) ont proposé 10 stratégies de prévention de l’épuisement professionnel et de satisfaction professionnelle. Ces stratégies, appelées « Les dix commandements pour le personnel pénitentiaire », sont énumérées dans la figure suivante:

Dix commandements pour le personnel pénitentiaire. Elliott & Verdeyen, 2002.
1. Rentrer chez soi sain et sauf à la fin de la journée
2. Établir des attentes réalistes (pour soi-même, les délinquants et les autres membres du personnel).
3. Fixer des limites fermes et cohérentes.
4. Éviter les luttes de pouvoir.
5. Gérer les limites interpersonnelles.
6. Ne pas prendre les choses personnellement.
7. S’efforcer d’adopter une attitude de scepticisme sain.
8. Ne vous battez pas contre la bureaucratie.
9. Demandez de l’aide (à vos supérieurs et à vos collègues).
10. N’emportez pas votre travail chez vous.

Enfin, les auteurs de ce chapitre recommandent au conseiller correctionnel de faire de son mieux pour conserver et exercer un bon sens de l’humour. e Même l’humour dit « de mauvais goût » peut être un moyen efficace de se distancier des situations choquantes, dégoûtantes ou dangereuses, et d’éviter des réactions émotionnelles et comportementales injustifiées à de telles situations (Kauffman, 1988). De même, l’un des meilleurs moyens de faire face à la tromperie et à la manipulation de l’agresseur est de réfléchir aux leçons à tirer d’une telle victimisation, de rire de soi et de passer à autre chose (Elliott & Verdeyen, 2002). »

QUESTIONNAIRE SUR LA CODEPENDANCE (CdQ)

CODEPENDENT QUESTIONNAIRE (Patricia V. Roehling and Eva Gaumond, 1996)

AUTEURS : Patricia V. Roehling et Eva Gaumond

OBJECTIF : mesurer la codépendance

DESCRIPTION : Le CdQ est un instrument de 36 questions conçu pour mesurer la codépendance dans les familles dont au moins un membre souffre d’un trouble psychologique tel que l’abus d’alcool. Le CdQ a été conçu pour mesurer quatre caractéristiques essentielles de la codépendance, à savoir :

  • la responsabilité (assumer la responsabilité de répondre aux besoins des autres à l’exclusion de la reconnaissance de ses propres besoins),
  • le contrôle (investissement continu dans l’estime de soi et la capacité d’influencer et/ou de contrôler les sentiments et les comportements chez soi et chez les autres face à des conséquences négatives évidentes),
  • l’enchevêtrement (« enmeshment » : enchevêtrement dans des relations avec des personnes souffrant de troubles de la personnalité, de toxicomanie ou de troubles des impulsions)
  • et l’intimité (anxiété et distorsions des limites dans des situations d’intimité et de séparation).

Le CdQ permet aux praticiens d’évaluer la codépendance, d’établir un lien entre la codépendance et d’autres troubles éventuels et de suivre les progrès réalisés dans le traitement de la codépendance.

Normes : Le CdQ a été élaboré dans le cadre de deux études. La première étude a été menée auprès de 48 étudiants en psychologie de premier cycle, dont 37 femmes, toutes de race blanche. L’âge moyen de ce groupe était de 21 ans. La seconde étude a été menée auprès de 42 clients recevant une psychothérapie dans une clinique externe privée ; 33 étaient des femmes, 9 des hommes. L’âge moyen des clients était de 38 ans, avec une fourchette de 23 à 63 ans. Les normes réelles n’ont pas été fournies.

Échelle : Le CdQ comporte quatre sous-échelles : intimité (items 1, 10, 12, 17, 21, 22, 24, 30, 32 et 35), contrôle (items 2, 4, 7, 16, 18, 25, 26, 27, 29 et 34), responsabilité (items 3, 5, 6, 8, ll, 14, 15, 19 et 28) et enchevêtrement (items 9, 13, 20, 23, 31, 33 et 36). Les scores du CdQ et des sous-échelles sont obtenus en additionnant simplement les scores individuels de l’échelle totale ou des sous-échelles, après avoir inversé les scores des items 9, 18, 27 et 30.

Les scores totaux vont de 36 à 180, les scores les plus élevés indiquant une plus grande codépendance.

FIABILITÉ : Le CdQ présente une bonne cohérence interne avec un alpha global de 0,85 pour l’échelle totale ; les alphas des sous-échelles sont plus faibles, allant de 0,50 pour l’intimité à 0,77 pour la responsabilité. Le CdQ présente une très bonne fiabilité test-retest, avec une fiabilité test-retest sur trois semaines de 0,80 pour l’échelle totale et une fiabilité test-retest sur trois semaines allant de 0,46 pour le contrôle à 0,85 pour la responsabilité.

VALIDITÉ : Le CdQ a une bonne validité liée au critère, les scores des clients au CdQ étant en corrélation significative avec les évaluations des thérapeutes de la codépendance pour l’échelle totale ainsi que pour toutes les sous-échelles. Le CdQ fait également preuve d’une bonne validité concomitante sur la base d’un certain nombre de corrélations significatives entre le score global du CdQ, les scores des sous-échelles et plusieurs items de l’Inventaire clinique multiaxial de Miloon.

RÉFÉRENCE PRIMAIRE : Roehling, P. V. et Gaumond, E., (1996). Reliability and validity of the codependent questionnaire, Alcoholism Treatment Quarterly, 14, 85-95.

DISPONIBILITÉ : P.V. Roehling, Ph.D., Comell University, Comell Careers Institute, G21, MVR Hall, Ithaca, NY, 14853-4401.

QUESTIONNAIRE SUR LA CODEPENDANCE (CdQ)

Qu’est-ce que le métier d’assistant de justice ?

Découvrez dans les vidéos ci-dessous en quoi consiste le métier d’assistant de justice et ses différentes missions :

Les missions pénales et la médiation et mesures :

Les missions civiles et l’accueil des victimes :

Les missions de l’assistant de justice présentent 4 axes principaux : les missions pénales, les missions civiles, l’accueil aux victimes et l’accueil social.

Dans le cadre des missions pénales, l’assistant de justice mène 2 missions : une mission d’enquête et une mission de guidance.

D’une part, l’assistant de justice réalise des enquêtes sociales à la demande d’un juge, d’un directeur de prison ou du procureur du Roi. Ces rapports fournissent des informations sur la situation familiale, sociale et professionnelle du justiciable et aident les autorités judiciaires et administratives à prendre une décision appropriée relative à une peine, une mesure (ex. : probation [1], libération conditionnelle, congé pénitentiaire, surveillance électronique, etc.) ou une modalité d’exécution d’une peine.

D’autre part, l’assistant de justice accompagne l’auteur d’infraction(s) dans l’exécution de la peine ou de la mesure décidée par le juge. Un travail de suivi est réalisé au travers d’entretiens réguliers. L’objectif est d’éviter la récidive et de favoriser la réussite de l’insertion sociale du justiciable.

Quant aux missions civiles, elles consistent principalement en la réalisation d’études sociales civiles. Elles permettent de mettre en relief la situation de vie actuelle des familles et des enfants pour soutenir des décisions du tribunal de la famille liées à l’exercice de l’autorité parentale et à l’hébergement des enfants. Ces missions sont souvent réalisées dans le cadre de divorces ou de séparations.

L’assistant de justice est également chargé de l’accueil des victimes. Avec l’accord du magistrat, il peut leur donner des informations sur les étapes de la procédure et sur les décisions prises dans le cadre de leur dossier. Il peut être présent lors de l’audience ou pendant la restitution des pièces à conviction.

Enfin, lors des missions d’accueil social de première ligne, l’assistant de justice accueille, informe et répond aux questions des citoyens. Il intervient dans les domaines pour lesquels les Maisons de justice sont compétentes. Ce service est gratuit et anonyme. Pour autant, l’assistant de justice ne propose pas de conseils juridiques. Pour cela, il oriente les victimes et les proches vers un service approprié. Il peut également les diriger vers une aide psychologique si ceux-ci en ressentent le besoin.

 [1] Alternative à la peine de prison qui peut être prononcée par le juge comme modalité d’exécution d’une peine principale (généralement l’emprisonnement).

 

Compétences & actions

  • Maîtriser les techniques d’entretien et la méthodologie de rédaction de rapports suivant les principes de déontologie
  • Connaître le domaine juridique et des notions de criminologie, de victimologie, de pénologie, de sociologie, de psychologie et de psychiatrie
  • Analyser une situation familiale, sociale et professionnelle
  • Responsabiliser le justiciable
  • Créer un sentiment de confiance
  • Annoncer des nouvelles difficiles
  • Gérer des situations conflictuelles
  • Conseiller et aider
  • Analyser, évaluer et intégrer de l’information
  • Respecter le cadre professionnel

 

Savoir-être

  • Sens du contact
  • Sens de l’écoute et de la communication
  • Tolérance et ouverture d’esprit
  • Goût pour le travail en équipe
  • Patience et calme
  • Résistance au stress
  • Flexibilité
  • Fermeté
  • Autonomie
  • Esprit d’initiative

 

Cadre professionnel

Les Maisons de justice ont été créées en 1999 pour rendre la Justice plus accessible et efficace. En 2011, lors de la 6ème réforme de l’Etat, leurs compétences ont été transférées aux communautés. En Belgique, il existe 28 Maisons de justice dont 13 réparties sur le territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles. En 2015, elles prenaient en charge près de 65.000 dossiers par an. L’assistant de justice est engagé en tant que salarié au sein des Maisons de justice. Ses horaires de travail sont réguliers.

L’assistant de justice entretient également de bonnes relations avec un réseau de partenaires constituant des aides à la réinsertion.

« L’utilisation du conseil correctionnel (suivi pénitentiaire) par opposition à la psychothérapie est un sujet de débat permanent.  Des arguments ont été soulevés concernant la différenciation des deux selon la théorie qui sous-tend la technique (par exemple, la psychanalyse comme psychothérapie), le degré de perturbation émotionnelle et de psychopathologie (c’est-à-dire que les perturbations plus graves nécessitent une psychothérapie), le cadre de travail clinique (par exemple, médical ou éducatif) et le niveau de diplôme et de formation professionnelle (par exemple, le psychiatre est un psychothérapeute, le psychologue titulaire d’un doctorat et le psychologue-conseil, titulaire d’une maîtrise, est un conseiller). En général, les psychothérapeutes sont titulaires d’un doctorat (M.D., Ph.D., Psy.D.).

Cependant, dans un sens fondamental, il est souvent difficile de déterminer où s’arrête le conseil et où commence la psychothérapie, en particulier dans les établissements correctionnels où la plupart des praticiens du traitement sont des conseillers titulaires d’une maîtrise (M.A.) ou des travailleurs sociaux titulaires d’une maîtrise en travail social (M.S.W.). Cela ne veut pas dire qu’il y a peu de différence entre le psychiatre titulaire d’un doctorat en médecine, qui peut prescrire des médicaments et qui a effectué un internat en psychiatrie, et le conseiller titulaire d’une maîtrise. Il existe des différences évidentes et significatives entre les deux. Il s’agit plutôt de souligner qu’en réalité, la plupart des professionnels du traitement clinique des établissements et des agences qui fournissent des services de conseil ou de psychothérapie aux délinquants sont formés au niveau de la maîtrise.

EFFICACITÉ DU CONSEIL ET DU TRAITEMENT DES DÉLINQUANTS

L’efficacité du conseil et du traitement des délinquants a fait l’objet d’un débat considérable parmi les praticiens et les chercheurs. Cependant, l’efficacité du conseil aux délinquants peut dépendre dans une large mesure du sens que l’on donne au mot « efficace ». Pour certains, un conseil et un traitement efficaces sont ceux qui permettent à la routine de la prison de se dérouler sans heurts, sans se soucier de préparer le délinquant à retourner et à se réadapter à la communauté extérieure. Pour d’autres, les programmes de traitement efficaces sont assimilés aux programmes les moins chers à mettre en œuvre et à maintenir en termes de coûts financiers. Enfin, pour de nombreux décideurs, membres du grand public et praticiens du système correctionnel, la réduction de la récidive représente la mesure de référence de l’efficacité.

Quel que soit le point de vue, le rôle, la fonction et le degré de réussite des programmes de traitement des délinquants ont fait l’objet de vives controverses, le soutien allant de l’accent mis sur la réadaptation et la réintégration dans la collectivité (Andrews et Bonta, 2010 ; Cullen et Gendreau, 2000; Cullen, Wright et Applegate, 1996 ; MacKenzie, 2006 ; Lipsey, 2009 ; Palmer, 1992 ; Smith, Gendreau et Schwartz, 2009) et la justice réparatrice (Van Ness et Strong, 2010) à une très faible confiance, voire aucune, dans les programmes de counseling et de traitement correctionnels (DiIulio, 1991 ; Farabee, 2005 ; Gaes et coll. , 1999 ; Whitehead et Lab, 1989).

Un certain nombre d’approches ont été utilisées pour tenter de mesurer l’efficacité du traitement des délinquants.  Les approches les plus respectées comprennent les mesures de suivi à long terme, après le traitement, les modèles expérimentaux (utilisant des groupes de comparaison) et les changements de personnalité ou d’attitude mesurés par des tests psychologiques.  En examinant ces approches, il apparaît que les techniques d’évaluation les plus acceptées reposent sur une méthodologie quantitative (Van Voorhis, 2006).  L’une des méthodologies d’évaluation les plus respectées utilise la technique statistique de la méta-analyse.  La méta-analyse permet de résumer les résultats de nombreuses études, combinant ainsi plusieurs échantillons de recherche en un seul grand échantillon et créant une statistique sommaire (taille de l’effet) qui évalue l’efficacité de tous les types de programmes ou de certains d’entre eux.  Les méta-analyses corrigent bon nombre des problèmes méthodologiques des études individuelles, notamment les faibles taux de base et les échantillons de petite taille (Lipsey et Wilson, 2001).  Une série de méta-analyses offre de solides recommandations concernant l’efficacité des interventions comportementales, d’apprentissage social et cognitivo-comportementales pour les délinquants (par exemple, Andrews et al., 1990 ; Lipsey, 1992, 2009 ; MacKenzie, 2006 ; Sherman et al., 1997).

Il ne fait aucun doute que les praticiens et les chercheurs continueront à débattre des mérites des techniques d’évaluation des programmes. Il est également probable qu’ils continueront à remettre en question l’efficacité des programmes de conseil et de traitement correctionnels. Cependant, il semble y avoir un consensus général parmi de nombreux praticiens et chercheurs concernant les éléments qui composent un programme de conseil ou de traitement efficace. Ces éléments sont les suivants

  1. la concentration des interventions intensives sur les délinquants à haut risque plutôt que sur les délinquants à faible risque qui sont souvent mis à mal par la rencontre d’autres délinquants et l’interruption des influences prosociales dans leur vie (voir chapitre 7) ;
  2. l’utilisation d’interventions comportementales et cognitivo-comportementales (voir chapitres 4, 8, 9) ;
  3. un haut degré d’intégrité du traitement et de qualité du programme, où le personnel adhère à la conception du programme et aux normes professionnelles (voir chapitre 16) ;
  4. une méthode permettant de faire correspondre les caractéristiques du délinquant, du thérapeute et du programme – appelée principe de réceptivité (voir chapitre 7) ;
  5. une communauté de traitement coopérative où les professionnels des soins de santé, de l’éducation, de la formation professionnelle, des loisirs, de la santé mentale et de la toxicomanie travaillent ensemble dans le cadre d’une approche globale et intégrée pour intervenir auprès des délinquants et promouvoir un comportement prosocial et productif ;
  6. un soutien administratif et institutionnel permettant de fournir des ressources et des possibilités adéquates pour élaborer et mettre en œuvre un traitement significatif et des programmes connexes;
  7. une variété de compétences pratiques à la vie quotidienne et d’expériences de traitement qui renforcent la responsabilité personnelle et la pertinence tant au sein de l’établissement que dans la communauté ;
  8. l’évaluation des programmes afin (a) d’identifier et de comprendre les programmes qui fonctionnent et ceux qui ne fonctionnent pas, (b) de surveiller les forces et les faiblesses des programmes efficaces, et (c) d’identifier les possibilités d’amélioration ;
  9. des stratégies de prévention des rechutes pour aider le délinquant dans la communauté à la fin de la phase formelle d’un programme de traitement dans un établissement correctionnel ; et
  10. un personnel de traitement bien formé qui a obtenu les titres de compétences appropriés.

 

CONCLUSION

Les conseillers correctionnels participent aux programmes communautaires et institutionnels destinés aux délinquants.  La nature de leur travail implique à la fois des fonctions de sécurité et de traitement. Le fait que ces fonctions soient souvent en conflit les unes avec les autres peut être frustrant pour les conseillers. Malgré tout, l’objectif principal de la plupart des conseillers correctionnels reste l’intervention pour traiter l’adaptation à la prison, la réinsertion du détenu, le risque de récidive, la toxicomanie, les traumatismes, les préoccupations familiales, la santé mentale et l’emploi.

La portée et l’objectif du conseil aux délinquants couvrent une gamme dynamique d’expertise et de responsabilité professionnelle qui continue d’évoluer et de défier les énergies créatives du conseiller qui choisit de travailler dans un environnement correctionnel.  Malgré tout, les conseillers qui réussissent possèdent de bonnes aptitudes à la communication et à la synchronisation, ainsi que la capacité de motiver les délinquants à changer. Ces compétences doivent faire appel à l’empathie, à la capacité d’écouter les préoccupations des clients de manière réfléchie et à la capacité d’aider les clients à découvrir comment leurs comportements interfèrent avec leurs espoirs et leurs objectifs.  Un conseil réussi implique également d’aider les clients à « risquer » le processus et les perspectives de changement d’une manière réaliste et planifiée. L’intention thérapeutique est essentielle et implique l’utilisation par le conseiller de l’engagement, du bon modèle, de l’empathie et de l’authenticité. Enfin, les conseillers doivent faire preuve d’humilité professionnelle, car ils comprennent et acceptent que certains délinquants changeront et d’autres non, et que la plupart des délinquants passeront par une série d’objectifs à atteindre et d’échecs.

Le débat permanent sur l’efficacité des traitements est en train d’être résolu par un certain nombre d’études impressionnantes qui montrent que certains types de programmes de conseil et de réinsertion changent effectivement certains types de délinquants. Il est clair, cependant, que les programmes qui réussissent doivent faire preuve d’un grand professionnalisme, d’une qualité élevée et d’une fidélité à leur conception sous-jacente.

Questions de discussion

  1. Quels sont les défis auxquels les conseillers correctionnels sont confrontés et que les autres conseillers n’appartenant pas au domaine correctionnel n’ont pas à affronter ?
  2. Quelles sont les capacités essentielles qu’un conseiller ou un thérapeute en milieu correctionnel doit posséder ?
  3. Qu’est-ce que l’entretien motivationnel et pourquoi peut-il être utile aux délinquants ?
  4. Qu’entend-on par sensibilité au genre et comment peut-on la démontrer ?
  5. Quels sont les six éléments de base de la communication et quel est leur lien avec les « capacités » de la question 2 ?
  6. Quelles sont les quatre façons dont les conseillers correctionnels peuvent devenir plus sensibles à la diversité ethnique et culturelle des délinquants ?
  7. Discutez du rôle crucial que jouent les spécialistes de l’éducation et des loisirs au sein de l’équipe de counseling et de traitement correctionnel. »

https://www.routledge.com/Correctional-Counseling-and-Rehabilitation/Salisbury-Van-Voorhis/p/book/9780367406455

Biographie des auteurs
Emily J. Salisbury, Ph.D., est professeur associé et directrice du Utah Criminal Justice Center à l’University of Utah College of Social Work. Elle a une formation de criminologue appliquée et concentre ses recherches sur la science des interventions de traitement correctionnel, en particulier chez les femmes impliquées dans le système. Le Utah Criminal Justice Center est un centre de recherche interdisciplinaire qui fournit aux organisations des recherches, des formations et une assistance technique fondées sur des preuves scientifiques afin de prévenir et de réduire la criminalité et la victimisation au sein de toutes les communautés, étant entendu que les approches doivent être adaptées aux besoins contextuels des organisations et des diverses populations qu’elles desservent.

Les recherches de Mme Salisbury portent sur la politique correctionnelle, l’évaluation des risques et des besoins et les stratégies d’intervention en matière de traitement, avec un accent particulier sur les femmes impliquées dans le système, les pratiques tenant compte du genre et les soins tenant compte des traumatismes. Grâce à ses travaux sur les femmes, elle a reçu le prix Marguerite Q. Warren et Ted B. Palmer Differential Intervention Award de l’American Society of Criminology Division on Corrections and Sentencing.

Patricia Van Voorhis est professeure émérite de justice pénale à l’université de Cincinnati. Elle a publié de nombreux ouvrages, dont deux livres et de nombreux articles dans les principales revues de criminologie et de justice pénale. Elle a apporté son expertise à des agences fédérales, étatiques et locales sur des sujets liés à l’efficacité correctionnelle, à la mise en œuvre de programmes, aux techniques d’évaluation, aux femmes délinquantes, à l’évaluation des risques et à la classification correctionnelle. Elle a dirigé de nombreux projets de recherche financés par l’État et le gouvernement fédéral sur la classification des détenus, l’évaluation sexospécifique, la mise en œuvre de programmes et les interventions cognitivo-comportementales, et continue de mener un programme rigoureux de conseil et de recherche à la retraite. Mme Van Voorhis a reçu de nombreux prix, dont le prestigieux prix August Vollmer de la Société américaine de criminologie, qui récompense un criminologue dont les travaux de recherche ont contribué à la justice ou au traitement ou à la prévention des comportements criminels ou délinquants.

Maisons de Justice: Méthodologie de travail

L’Administration générale des Maisons de justice (AGMJ) appuie l’exercice de ses missions sur des principes méthodologiques.

Les principes de base méthodologiques des Maisons de justice sont : l’approche émancipatrice, la responsabilisation, la non-normativité, la non-substitution et la limitation des dommages éventuels causés par l’intervention pénale.

  • L’approche émancipatrice : elle se fixe comme but le développement des compétences de l’individu, au sein de son environnement interactionnel et contextuel, pour qu’il soit de plus en plus à même de prendre position de manière autonome, spécifiquement dans le cadre de l’intervention judiciaire et du mandat ou des conditions imposées.
  • La responsabilisation : elle vise à donner au justiciable la possibilité d’agir (ou de ne pas agir) dans la voie qu’il choisit avec ses moyens personnels en toute connaissance de cause. Il s’agit pour lui d’avoir une réelle connaissance du système judiciaire, des conséquences qu’il encourt s’il ne respecte pas les conditions, de la façon dont le contrôle du respect des conditions sera fait et dont l’autorité mandante sera informée.
  • La non-normativité : elle vise à construire la relation nécessaire à la guidance sociale au départ de la « vision du monde » du justiciable, de ce qu’il comprend et ressent, de ce qui fait sens pour lui, de la reconnaissance complète de son propre vécu. C’est à ce prix qu’au sein d’un cadre contraignant et normalisateur l’attitude non normative de l’assistant de justice permet la prise en compte complète du point de vue du justiciable. Cette compréhension permet au justiciable d’entrer à part entière dans la relation et d’y donner un contenu qui fasse sens pour lui.
  • La non-substitution : elle empêche l’assistant de justice d’imposer sa volonté au justiciable, de savoir à sa place ce qui est bon pour lui et d’étouffer ainsi toute autonomisation et toute responsabilisation véritable. Elle empêche également l’assistant de justice d’agir à la place du justiciable, sans l’empêcher de lui apporter l’aide dont il a besoin.
  • La limitation des dommages éventuels causés par l’intervention pénale : elle traduit dans la guidance sociale les principes de l’intervention minimale et de proportionnalité de l’intervention pénale. Elle veille aussi à attirer l’attention des autorités mandantes sur la nécessité de suspendre ou d’adapter des conditions dont l’imposition devient contre-productive voire nocive pour le justiciable.

 

A retrouver sur: Méthodologie de travail – Portail des maisons de justice en Fédération Wallonie-Bruxelles

Exercice de prise en charge des PTSD: Remise en question des croyances dysfonctionnelles liées au trauma

LES CONTESTATIONS EMPIRIQUES
« Les discussions empiriques aident les patients à examiner les preuves pour et contre leurs croyances dysfonctionnelles. Des croyances alternatives et adaptatives sont générées par le patient et le thérapeute. Les preuves permettant d’évaluer les croyances sont recueillies à partir des expériences du patient et d’autres sources. Les patients peuvent se poser plusieurs questions pour faciliter le processus :
– « Quelles sont les preuves que j’ai de cette croyance ? »
– Existe-t-il des preuves incompatibles avec cette croyance ?
– Existe-t-il une autre explication ou une autre façon de voir les choses ?
Une fois les preuves produites, le patient et le thérapeute décident de la croyance la mieux étayée. Pour déterminer si cet exercice est convaincant, on peut demander au patient d’évaluer la force (0-100) des croyances dysfonctionnelles et alternatives avant et après l’examen des preuves. Si l’exercice est efficace, il devrait réduire la force de la croyance dysfonctionnelle et augmenter la force de la croyance alternative. Les points clés des exercices peuvent être synthétisés sous la forme d’une déclaration lapidaire écrite sur une carte que le patient porte sur lui et qu’il consulte au besoin. Les contestations empiriques peuvent être menées à l’aide de la fiche d’exercice (voir ci dessous) , qui est utilisée pendant les séances de thérapie et comme devoir à la maison.
Pendant la séance de traitement, le patient et le thérapeute peuvent générer des déclarations d’adaptation, qui expriment la croyance adaptative et sont révisées si nécessaire. Prenons l’exemple de la croyance selon laquelle « un ouragan peut frapper à tout moment ». Une déclaration d’adaptation appropriée pourrait être la suivante : « Les ouragans sont des événements rares et les météorologues peuvent les prévoir longtemps à l’avance. Je peux donc supposer que je suis en sécurité jusqu’à ce que je reçoive des informations contraires ».

Les discussions empiriques sont plus efficaces lorsqu’elles se concentrent sur des croyances clairement définies. Cela permet au thérapeute et au patient d’identifier les preuves qui soutiennent ou réfutent sans ambiguïté les croyances. Il arrive cependant que les patients éprouvent des difficultés à formuler leurs croyances parce qu’ils en sont gênés ou parce que le fait d’en parler les rend anxieux. On peut soupçonner une dérobade délibérée (évitement) lorsque le patient est visiblement angoissé à l’idée de parler de ses croyances et qu’il tente de déplacer le sujet de la conversation. Le thérapeute peut aborder ce problème en le soulevant directement, mais avec tact, avec le patient, puis en cherchant des solutions en collaboration.
Le thérapeute doit être attentif à la qualité de la relation thérapeutique et à la manière dont les discussions empiriques sont mises en œuvre. Les patients hésiteront à s’engager dans un traitement s’ils se sentent attaqués ou critiqués pour avoir révélé leurs croyances.
Un autre problème qui peut survenir lors de la conduite de discussions empiriques concerne la question de la réfutation de l’information négative. Un patient pourrait dire : « Comment savez-vous que je ne serai pas dans un avion détourné par des terroristes ? ». Ce type de question contient une demande implicite de certitude. Lorsqu’elles surviennent au cours de discussions empiriques, le thérapeute peut essayer d’utiliser une discussion qui remet en question la demande de certitude.

 

LES CONTESTATIONS ADAPTATIVES

Mettre en évidence le coût des croyances dysfonctionnelles
Les discussions adaptatives impliquent une analyse des coûts et des avantages de certaines croyances. des croyances particulières. Par exemple, Marc a été battu et volé par une bande de jeunes. Pour éviter que cela ne se reproduise, il a essayé d’éviter de quitter son appartement. Bien que Mark vive dans une ville où le taux de taux de criminalité relativement bas, il pensait que « les rues sont très dangereuses ; le meilleur moyen de rester en sécurité est de rester chez soi ». Il a été demandé à Mark de réfléchir à l’adaptabilité de cette croyance en se demandant s’il était possible de l’adapter. Il a été demandé à Mark de réfléchir à la capacité d’adaptation de cette croyance en se posant la question suivante : « Comment cette croyance nuit-elle à ma qualité de vie ? Existe-t-il une autre croyance plus utile que je pourrais plus utile que je pourrais envisager ? »

Remettre en question la demande de certitude
Même lorsque les risques de subir un autre événement traumatique sont très faibles, les patients peuvent encore s’inquiéter de la possibilité que cela se produise. Dans ce cas, il peut être utile d’évaluer si le patient a une demande irréaliste de certitude. Cette dernière se traduit par des croyances telles que « Je ne peux jamais me détendre tant que je sais que ____ pourrait se produire ». Pour remettre en question les exigences de certitude, le patient peut se poser les questions suivantes : Est-il utile pour moi de m’inquiéter à propos de ____ ou mes inquiétudes me gâchent-elles la vie ? Quelles sortes d’incertitudes suis-je prêt à tolérer ? Ai-je appris à tolérer d’autres incertitudes ? Comment y suis-je parvenu ? Le patient et le thérapeute peuvent passer en revue les « risques » quotidiens à faible probabilité que le patient prend déjà, comme respirer de l’air enfumé, conduire sur autoroute ou emprunter les passages pour piétons. Ces exemples peuvent aider les patients à comprendre qu’ils tolèrent déjà toutes sortes d’incertitudes et qu’ils peuvent donc apprendre à accepter d’autres incertitudes à faible probabilité.

Parfois, les patients reconnaissent volontiers le caractère inadapté de leurs croyances, mais insistent sur le fait qu’ils ne peuvent pas s’empêcher de s’inquiéter. Dans ce cas, le thérapeute peut passer à une autre intervention cognitive, telle qu’une discussion empirique pour remettre en question les croyances ou une stratégie de contrôle de l’inquiétude.

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3 sources de traumas infantiles (ACE)

3 sources de traumas infantiles (ACE)

Le champ pénal intégre désormais de plus en plus la dimension psychotraumatiques dans ses prises en charge, compte tenu de  la base traumatique considérable de la population sous main de justice.

les « Trauma-Informed Practices » (Pratiques tenant compte des traumatismes) plaide en faveur d’une pratique et d’une réflexion tenant compte des traumatismes au cœur des services médico-légaux.

Il fournit un cadre théorique compatissant pour comprendre les liens entre les traumatismes et la délinquance. Il donne également des conseils pratiques sur la manière de travailler avec les problèmes qui sont particulièrement associés à des antécédents de traumatismes en milieu pénal et médico-légal, tels que l’automutilation et la toxicomanie, ainsi que sur la manière de travailler avec des groupes qui sont particulièrement vulnérables aux traumatismes.

Ce cadre théorique balaye également les aspects organisationnels de la fourniture de soins tenant compte des traumatismes, non seulement pour les usagers, mais aussi pour le personnel qui travaille dans des environnements médico-légaux difficiles et dangereux.

Trauma-informed-Care-et-Alliance-Therapeutique – AICS

Pratique prenant en compte les psychotraumatismes

Le traumatisme fait référence à l’expérience d’une menace réelle ou perçue sur la vie ou l’intégrité corporelle d’une personne ou d’un proche. Le traumatisme provoque un sentiment écrasant de terreur, d’horreur, d’impuissance et de peur. Le traumatisme « ponctuel » implique l’expérience d’un événement unique au cours duquel une personne a été menacée, tandis que le « traumatisme complexe » fait référence à un stress cumulatif, répétitif et généré par la personne elle-même (par exemple, des abus continus dans le contexte de relations familiales ou intimes).

Compte tenu de la nature de la population pénale, une grande partie d’entre eux auront probablement subi des traumatismes importants au cours de leur vie.

Les enfants issus de milieux négligents ou abusifs, ce qui est relativement courant parmi les populations délinquantes, éprouvent généralement des sentiments de dévalorisation, d’appréhension, de colère, de peur, d’isolement et de solitude. Ces sentiments peuvent entraîner des difficultés à établir et à maintenir des relations, à faire confiance aux autres ou à s’engager dans une affection significative et saine avec les autres.

Impacts du traumatisme :

  • Symptômes émotionnels (anxiété, peur, cauchemars, tristesse, isolement, dévalorisation, impuissance, culpabilité, honte, colère, troubles du sommeil)
  • Symptômes comportementaux et cognitifs (confusion, difficultés de concentration, retrait des autres, méfiance à l’égard des autres, perte d’intérêt pour les activités, évitement).

Les pratiques tenant compte des traumatismes font référence aux services qui sont conscients et sensibles à la dynamique des traumatismes. Malgré la prévalence des traumatismes dans notre société, de nombreuses personnes et organisations qui fournissent un soutien professionnel ne prennent pas en compte ou ne reconnaissent pas l’impact des traumatismes, et ne réagissent donc pas de manière sensible à l’expérience d’un individu.

Dans les établissements pénitentiaires en particulier, les individus peuvent souffrir de troubles de l’identité, de dysrégulation des affects, de difficultés relationnelles et ont souvent fait l’objet de plusieurs diagnostics antérieurs (par exemple, trouble de la personnalité limite, trouble intellectuel). L’intégration d’une approche des soins et de la facilitation tenant compte des traumatismes est donc très importante dans le contexte pénitentiaire. Une pratique tenant compte des traumatismes reconnaît l’importance des traumatismes pour l’individu et leur impact sur son bien-être émotionnel, psychologique et social. Si le traumatisme est négligé ou n’est pas traité avec sensibilité, il y a un risque de préjudice ou de retraumatisation pour l’individu et l’efficacité du traitement en cours s’en trouve réduite.

Objectifs d’une pratique tenant compte des traumatismes :

  • Créer un sentiment de contrôle et de responsabilisation, permettant aux individus de commencer à guérir et à aller de l’avant par rapport à leur victimisation passée.
  • Créer un environnement physiquement, émotionnellement et culturellement sûr pour toutes les personnes impliquées, en minimisant le potentiel de préjudice supplémentaire ou de retraumatisation.
  • Aider les individus à développer des méthodes prosociales et saines pour gérer les émotions fortes.

Cinq principes clés de la pratique éclairée par les traumatismes :

  1. Sécurité – Les professionnels et les bénéficiaires se sentent physiquement et psychologiquement en sécurité.
  2. Confiance (et transparence)- Les sentiments de méfiance, en particulier à l’égard des figures d’autorité, sont fréquents. Le traitement doit donc être fondé sur la transparence et l’ouverture, dans le but d’instaurer la confiance et la sécurité.
  3. Choix – Le choix dans le traitement permet aux clients de reprendre le contrôle de leur vie. Bien que le choix soit limité pour les clients sous mandat judiciaire, les professionnels doivent être attentifs aux possibilités d’offrir un choix aux bénéficiaires, par exemple en ce qui concerne l’heure et le lieu des rendez-vous, les objectifs du traitement, les stratégies de traitement préférées, etc.
  4. Collaboration – Développer un partenariat avec les bénéficiaires pour comprendre leurs besoins, favoriser le respect, l’efficacité et la dignité. La collaboration fait également référence au service au niveau de l’organisation, où toutes les politiques et interactions avec les personnes doivent se faire dans un cadre tenant compte des traumatismes.
  5. Pouvoir d’agir-Autonomisation – Les personnes ayant subi un traumatisme peuvent se sentir impuissantes et désespérées dans leur situation actuelle. Permettre à la personne de jouer un rôle actif dans le traitement en s’appuyant sur ses propres forces peut favoriser la résilience, le rétablissement et la guérison.

Et ajoutons un 6e critère: (Enjeux culturels, historiques et liés au genre) : Ce sixième aspect est noté intelligemment par Janssen (2018), mais absent, quoique discuté, dans d’autres articles, dont celui de Levenson (2017). Il est indispensable de penser aussi aux traumas ou EME vécus par l’individu sur le plan culturel (p. ex.,
autochtones), historique (p. ex., violence intergénérationnelle) ou « genral » (p. ex., être intimidé et mégenré
pendant plusieurs années).

Aborder les traumatismes révélés au cours du traitement :

  • Prendre en compte et valider les sentiments et les expériences des personnes
  • Reconnaître directement le traumatisme de la personne et y répondre avec empathie.
  • Éviter de demander trop de détails sur le traumatisme (évoquer des sentiments forts dans un contexte inapproprié peut conduire à une nouvelle traumatisation).
  • Respecter les révélations des persones (éviter de minimiser l’importance des expériences des individus)
  • Encourager l’auto-efficacité et donner aux personnes les moyens de contrôler leur vie actuelle.
  • Encourager une vision optimiste et pleine d’espoir de l’avenir.
  • Être conscient que les expériences antérieures d’une personne peuvent influencer sa volonté de s’engager dans un traitement ou une alliance thérapeutique.
  • Aider la personne à replacer ses problèmes dans le contexte de sa victimisation passée.

Comment développer une relation thérapeutique bénéfique :

  • Aborder toutes les relations thérapeutiques en tenant compte des traumatismes (que la personne  se présente ou non comme ayant vécu un traumatisme).
  • Donner la priorité à l’engagement et à l’établissement de rapports dès le début du traitement (les personnes peuvent essayer de recréer une dynamique relationnelle problématique à laquelle ils sont habitués).
  • Créez un environnement thérapeutique sûr pour la personne et pour vous-même.
  • Faire preuve de transparence, d’authenticité, de cohérence et de fiabilité
  • Veillez à rester dans votre rôle et à maintenir des limites (le sentiment d’urgence d’un individu peut conduire les cliniciens à agir d’une manière qui dépasse leur rôle).
  • Travaillez sur les ruptures de la relation (par exemple, lorsque les personnes tentent de saboter la relation d’aide).
  • Favoriser un environnement calme dans lequel la personne peut éviter le stress et accéder à un fonctionnement d’ordre supérieur (par exemple, utiliser des techniques d’ancrage et de pleine conscience, encourager l’exercice physique).
  • Essayez de prévoir les périodes de déstabilisation et planifiez en conséquence (cela peut aider les personnes à se sentir contenus).
  • Soyez conscient de la manière dont l’environnement de prise en charge peut affecter les personnes (par exemple,elles peuvent être sensibles aux aspects sensoriels de la pièce tels que le niveau de bruit, la capacité à voir les autres ou à ce que les autres les voient).
  • Prendre soin de soi régulièrement (si vous ne pouvez pas vous contrôler, vous ne pouvez pas aider les personnes à se contrôler).
  • Accéder régulièrement à la supervision
  • Veiller à ce que le traitement soit sûr sur le plan culturel (comprendre tous les facteurs susceptibles d’influencer les besoins/la présentation de la personne).

 

Le site autralien « blue knot » oeuvre à diffuser les « trauma informed principles » de façon simple et synthétique

La fiche d’information « Appliquer les principes de l’information sur les traumatismes aux conversations sur les traumatismes » a été conçue pour aider les amis et les membres de la famille à mieux soutenir les survivants dans leur vie. Elle présente les principes de l’information sur les traumatismes : la sécurité, la fiabilité, le choix, la collaboration et l’autonomisation. Ces principes constituent un bon cadre pour soutenir des relations de guérison saines. Elle montre l’importance de l’espoir et de l’optimisme dans la guérison, ainsi que l’importance de prendre soin de soi pour tous. Cette fiche d’information fait partie d’une série de ressources destinées à soutenir les personnes qui soutiennent les survivants.

Communauté professionnelle
En construisant une communauté professionnelle informée des traumatismes, qui comprend la nature des traumatismes, leurs impacts et les possibilités de rétablissement, non seulement nous soutenons et responsabilisons ceux qui travaillent avec des personnes ayant vécu des traumatismes, mais nous apprenons également à rester en bonne santé et à créer de la sécurité dans nos organisations.

Fiches d’information
La Blue Knot Foundation a élaboré plusieurs séries de fiches d’information. Celles-ci répondent aux besoins des différents groupes touchés par les traumatismes complexes, y compris les traumatismes et les abus subis pendant l’enfance. Il s’agit notamment des personnes qui en ont fait l’expérience et de celles qui les soutiennent sur le plan personnel et professionnel.

Découvrir ici les differentes fiches (EN)

 

Leur plaquette traduite reprenant l’essentiel des grands principes à aplliquer dans la conversation avec une personne ayant des sequelles post-traumatiques:

principes d’intervention prenant en compte les traumatismes__

Voir aussi: Trauma-Informed Probation Practice

https://www.russellwebster.com/trauma-informed-probation/