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L’administration pénitentiaire de l’État de Washington (Washington State Department of Corrections (DOC) et  Amend de l’Université de Californie à San Francisco (UCSF) ont lancé un partenariat en octobre 2020 afin de poursuivre les efforts visant à apporter de nouvelles améliorations prosociales dans le système pénitentiaire de l’État de Washington.

Une partie importante de la réalisation de la mission du DOC d’améliorer la sécurité publique en changeant positivement les vies est l’engagement à établir des partenariats avec d’autres organisations pour trouver activement des moyens de réaliser la mission. AMEND est une initiative visant à transformer la culture pénitentiaire afin d’améliorer la santé des personnes qui travaillent et vivent dans les prisons américaines.

Le partenariat du DOC avec AMEND vise à apporter une approche axée sur la santé en fournissant au personnel pénitentiaire des outils et des ressources supplémentaires, en mettant l’accent sur le bien-être du personnel tout en préparant les personnes incarcérées  à devenir de meilleurs voisins lorsqu’ils retournent dans la société. En Norvège, la doctrine est la suivante : « les gens vont au tribunal pour être punis, ils vont en prison pour devenir de meilleurs voisins ». L’objectif de ce partenariat est d’inculquer cette même doctrine au sein du Département de l’administration pénitentiaire de l’État de Washington.

En coordination avec les services correctionnels norvégiens, AMEND à l’université de Californie a développé son programme comme un moyen de mettre en œuvre les principes norvégiens de normalité, de progression et de sécurité dynamique, axés sur la santé publique, dans les systèmes pénitentiaires à travers les États-Unis. Les formateurs d’AMEND rencontrent les principales parties prenantes, identifient les défis et les opportunités, et facilitent les changements structurels spécifiquement adaptés aux besoins d’un environnement particulier.

« Chez AMEND, nous reconnaissons que les prisons américaines ont eu un impact dévastateur sur la santé physique et mentale des personnes détenues et du personnel », a déclaré le Dr Brie Williams, directeur fondateur d’AMEND. « Cette initiative vise à améliorer la santé publique en aidant les responsables politiques et correctionnels à repenser l’objectif de la prison, à aider le personnel correctionnel à exiger davantage de lui-même et de sa profession, et à guider le personnel pour qu’il aide les personnes incarcérées à reconstruire leur vie pour le meilleur ».

Ce partenariat représente une première étape dans un effort commun visant à renforcer l’innovation et le leadership correctionnel de l’État de Washington. AMEND apporte une formation et une assistance technique au département pour soutenir la croissance d’environnements plus sains pour le personnel dans son travail quotidien et pour les individus qui se préparent à retourner auprès de leurs proches et à réintégrer la société.

Le partenariat a débuté par un programme de formation préliminaire introduisant des principes correctionnels axés sur la santé publique et centrés sur le bien-être du personnel, la normalisation (principe de normalité), la sécurité dynamique et la progression. Le partenariat s’est depuis étendu au développement de projets pilotes et de plans d’action dans les prisons et les centres de réinsertion de tout l’État. Les projets pilotes et les plans d’action seront créés par le personnel qui effectue le travail et seront à la fois individualisés et spécifiques à l’unité.

Le concept de normalité est que la punition est la privation de liberté, que personne ne devrait purger une peine dans des circonstances plus strictes que nécessaire et que la vie à l’intérieur de la prison doit ressembler autant que possible à la vie à l’extérieur, notamment en ce qui concerne les vêtements, la nourriture et les visites familiales lorsque cela est possible.

La meilleure façon d’assurer une sécurité dynamique est de faire en sorte que le personnel observe, interagisse et s’engage activement et fréquemment avec les personnes incarcérées afin de mieux les comprendre et les sensibiliser, et d’évaluer en permanence les risques et les besoins qui doivent encore être satisfaits.

La progression est la croyance selon laquelle les personnes devraient traverser l’incarcération en suivant un chemin progressif vers une plus grande liberté en même temps qu’une plus grande responsabilité. L’objectif est de faire passer les personnes d’un établissement de haute sécurité à un logement de transition, dans l’espoir qu’aucune d’entre elles ne passe directement d’un établissement de haute sécurité à la collectivité.

Les premiers domaines sur lesquels le partenariat avec AMEND se concentrera sont les suivants :

  • Formation de l’ensemble du personnel
  • Centres de réinsertion
  • Établissements pour femmes
  • Centre pénitentiaire de Stafford Creek
  • Centre pénitentiaire d’Olympic

Les principaux objectifs du partenariat sont les suivants:

  • Réduction du recours à la force (réactif et planifié)
  • Réduction des agressions commises contre le personnel et de la violence parmi les détenus
  • Réduction de l’utilisation des congés de maladie
  • Réduction du recours à l’isolement
  • Amélioration déclarée de la santé, du bien-être et de la satisfaction professionnelle du personnel
  • Amélioration de l’état de préparation des résidents à leur retour dans la communauté
  • Amélioration du bien-être des familles du personnel.

Que disent les employés du Département de la défense en réponse à la formation virtuelle initiale d’Amend ?
« Je travaille dans l’administration pénitentiaire depuis plus de 25 ans. Depuis le premier jour, c’est une mentalité « nous contre eux ». Faire comprendre au personnel que les temps ont changé et que nos tactiques et notre formation ne semblent pas fonctionner. Mais ce cours montre que l’établissement de relations (actuellement taboues) avec les détenus peut en fait accroître l’efficacité de la sécurité. J’espère que tout le monde pourra s’en rendre compte ». – Lieutenant, établissement pour hommes

« C’est une excellente occasion d’apprendre et de créer une meilleure base pour le travail que nous continuons à faire. Nos statistiques sur la récidive sont lamentables et ce que nous avons fait jusqu’à présent n’accomplit pas ce que nous voulons, à savoir avoir un impact positif sur des vies. Il est temps d’avoir de nouvelles idées et de l’énergie ! » – Superviseur, centre de réinsertion

« Cette formation montre à quel point il est important d’avoir des interactions plus positives avec le personnel et les personnes incarcérées et comment réorienter les conversations pour qu’elles soient davantage axées sur les solutions. – Officier, établissement pour femmes

« Je suis très enthousiaste car changer des vies a toujours été l’une des principales raisons qui m’ont poussé à faire ce métier. – Sergent, centre de réinsertion

En savoir plus: https://www.doc.wa.gov/news/2022/03302022.htm

(Vidéos avec sous-titres FR: pensez à activer les sous-titres titres dans le lecteur)

En savoir plus:

AMEND : Des agents pénitentiaires d’Oslo (Norvège) en visite dans l’État de Washington
11 janvier 2023

https://www.doc.wa.gov/news/2023/01112023.htm

Le projet Amend est une fois de plus revenu dans l’État de Washington, où des agents pénitentiaires d’Oslo, en Norvège, sont venus visiter nos prisons dans le nord-ouest du Pacifique. Ils se sont notamment arrêtés au Mission Creek Corrections Center for Women, où ils se sont entretenus avec des agents pénitentiaires venus de différentes prisons de l’État de Washington pour les écouter. Le projet Amend vise à abolir les systèmes conçus pour infliger des préjudices et perpétuer l’inégalité d’accès à la santé et aux droits de l’homme. L’objectif est de réduire immédiatement les dommages et de préserver la dignité et le bien-être des personnes incarcérées et du personnel qui travaille à leurs côtés en prison.

Les officiers d’Oslo ont rencontré des officiers pour discuter de ce qui fonctionne pour eux. Ils ont réfléchi à de nombreux sujets et joué des scénarios pour donner aux participants une idée de la manière dont les interactions pourraient se dérouler. Cela a permis de créer un dialogue où les agents ont pu partager leurs opinions sur la manière de gérer correctement une situation stressante. Dans de nombreux cas, ces scénarios ont permis de prendre conscience de certaines choses. Les agents de Washington ont également pu raconter leur histoire et répondre aux questions de leurs pairs, alors qu’ils revenaient tout juste de visiter les installations d’Oslo.

Bien qu’Amend s’inspire du modèle carcéral norvégien, le programme n’a pas pour but de transformer le système carcéral américain en un clone de leur système. Il s’agit plutôt de rechercher et de partager les pratiques qui ont fait leurs preuves dans les établissements, puis de mettre en œuvre ces idées pour créer de meilleurs espaces de travail et de vie. Les visiteurs norvégiens ont également pu observer ce qui fonctionne bien aux États-Unis et partager ces informations avec les membres de l’équipe restés au pays. Le partage de ces idées contribue à créer une nouvelle ressource que les agents peuvent utiliser pour mieux s’occuper des populations incarcérées.

L’un des outils qui a fait ses preuves est l’intégration d’une plus grande interaction entre l’agent pénitentiare et le détenu. De nombreux détenus ont le sentiment que les agents ne se préoccupent pas personnellement de leur bien-être. Cela a creusé un fossé au sein d’une communauté déjà divisée entre « nous » et « eux ». En apprenant de nouvelles façons d’interagir avec les détenus, les agents peuvent contribuer à établir une relation plus personnelle avec eux. Ces relations peuvent ensuite se transformer en confiance, créant ainsi un environnement beaucoup plus paisible.

La Norvège a constaté que lorsqu’ils font preuve d’empathie avec les détenus, ils réduisent considérablement les conflits et le recours à la force. L’empathie est la capacité de comprendre et de partager les sentiments d’une autre personne. Bien qu’un agent ne sache pas vraiment ce que c’est que d’être incarcéré, il en a une idée très proche puisqu’il travaille tous les jours aux côtés de ceux qui le sont. La raison pour laquelle ils purgent une peine n’est pas importante. Le simple fait de comprendre qu’il s’agit de la situation dans laquelle ils se trouvent actuellement et de reconnaître à quel point elle peut être stressante aidera les agents à prendre des mesures supplémentaires pour traiter le problème à la source plutôt que de réagir une fois que le problème s’est aggravé.

Les agents reçoivent également une formation supplémentaire pour être plus attentifs aux comportements des personnes incarcérées.

Norway Trip Gives DOC Team Insight Into Amend Program (September 28, 2022)

By Robert JohnsonDepartment of Corrections

En savoir plus: https://www.doc.wa.gov/news/2022/09282022.htm

La vie du personnel pénitentiaire norvégien a été améliorée par le traitement humain de l’auteur de l’un des crimes les plus odieux de l’histoire de la Norvège.

Cela peut sembler contre-intuitif ou simpliste, mais au sein de l’administration pénitentiaire norvégienne, le traitement des personnes incarcérées a un effet profond et réel sur le bien-être total de chaque personne travaillant dans une prison.

L’administration pénitentiaire norvégienne applique des principes et des politiques axés sur l’amélioration de la vie du personnel grâce au traitement humain des personnes incarcérées. Amend, de l’université de Californie à San Francisco, s’est associé à l’administration pénitentiaire norvégienne pour introduire ces principes dans les prisons américaines afin d’améliorer la vie de tous ceux qui travaillent et vivent ici dans ce système.

« L’impact est profond, non seulement sur le personnel, mais aussi sur leurs familles, les détenus et les bénévoles », a déclaré Chris Poulos, directeur des services centrés sur la personne au Département de l’administration pénitentiaire (DOC). « Il a un effet d’entraînement sur la communauté.

Chris Poulos faisait partie d’un contingent de l’administration pénitentiaire de l’État de Washington qui a visité le système pénitentiaire norvégien en juin, en partenariat avec le projet Amend.

Ils sont rentrés chez eux, désireux d’apporter des changements après l’avoir vu de leurs propres yeux.

« C’était incroyable », a déclaré Melissa Andrewjeski, directrice du centre pénitentiaire de Coyote Ridge. « Au cours des 30 dernières années, ils ont créé un modèle dont les gens devraient s’inspirer.

Courtney Grubb, responsable du programme Amend au ministère de la Justice, s’efforce d’introduire les politiques Amend à Washington depuis 2019. La COVID, bien sûr, a ralenti les progrès, mais le voyage en Norvège a beaucoup contribué à accroître le soutien aux politiques visant à rendre le système correctionnel de Washington plus humain.

« Je connaissais déjà le programme, mais le fait de voir les perspectives changer a été très utile », a-t-elle déclaré. « Presque tous ceux qui sont allés ont vu leur point de vue changer et ont eu un moment d’illumination. Le fait de pouvoir le voir en personne et de le mettre en œuvre ici était exactement ce dont j’avais besoin.

Andrewjeski, Grubb et Poulos faisaient partie d’une délégation de Washington composée de Sean Murphy, secrétaire adjoint du ministère de la Justice, Todd Dowler, directeur des ressources humaines, Jason Aldana, administrateur de l’unité de formation et de développement, Sonja Hallum, conseillère principale du gouverneur Jay Inslee en matière de politique de sécurité publique et ancienne médiatrice de l’administration pénitentiaire, Claire Wilson, sénatrice de l’État, Roger Goodman, représentant de l’État, et Barbara Serrano, conseillère principale du gouverneur en matière de politique générale.

Une cohorte de dirigeants et d’agents du centre pénitentiaire de Stafford Creek ainsi qu’un sergent du centre de réinsertion de Tri Cities se sont rendus en Norvège en avril. D’autres employés et responsables de Washington se rendront en Norvège dans les mois à venir pour une introduction aux principes d’Amend et pour se concentrer sur le modèle du surveillant référent, les programmes pour les femmes et le modèle de l’équipe de ressources pour les quartiers d’isolement.

La délégation de Washington a été rejointe par d’autres partenaires Amend de Californie, du Dakota du Nord et de l’Oregon. Le voyage comprenait la visite de cinq prisons et la possibilité d’observer l’approche de l’administration pénitentiaire norvégienne en matière de travail avec les personnes incarcérées dans des unités de logement restrictives, de loisirs, de politiques et de procédures en matière de repas.

L’administration pénitentiaire norvégienne a constaté une réduction drastique de la violence carcérale et de la récidive depuis la mise en œuvre de l’approche centrée sur la personne en 1998. À la fin des années 1980 et au début des années 1990, le taux de retour en prison était supérieur à 60 %, les évasions et les émeutes n’étaient pas rares et deux agents pénitentiaires ont été tués. Depuis ce changement, le personnel pénitentiaire norvégien est plus heureux, plus satisfait de son travail, en meilleure santé et a une espérance de vie plus longue. L’administration pénitentiaire norvégienne ne connaît pas de pénurie de personnel, mais une liste d’attente de candidats.

Amend s’est attaché à transposer aux États-Unis quelques principes et modèles correctionnels norvégiens fondamentaux, parmi lesquels la sécurité dynamique et le principe de normalité. La sécurité dynamique encourage les relations professionnelles entre le personnel et les détenus. Si un membre du personnel interagit étroitement et régulièrement avec une personne incarcérée, les deux apprennent à se considérer comme des êtres humains.

« Traiter les gens comme on veut être traité peut sembler évident, mais notre formation sur la manière de traiter les personnes incarcérées depuis le premier jour a été marquée par la méfiance et la suspicion, ce qui a enraciné les fondements de la sécurité », a déclaré M. Poulos. « La sécurité dynamique repose sur l’établissement de relations et la connaissance des personnes incarcérées. L’ironie de la chose, c’est que certaines personnes penseront que cela met en péril la sécurité, mais si c’est bien fait, cela renforcera la sécurité ».

Le principe qui sous-tend la sécurité dynamique est la normalité, qui vise à rendre la vie en prison aussi semblable à la vie à l’extérieur, afin qu’une personne soit préparée à la vie dans la communauté après sa libération et que le personnel jouisse d’une carrière dans un environnement aussi normal et positif que possible. L’objectif est de « faire sortir la prison de la personne autant que possible avant de faire sortir la personne de la prison ».

« Le modèle est axé sur le bien-être du personnel et sur l’amélioration de sa vie », a déclaré M. Andrewjeski. « C’est extrêmement important, et les concepts sont une meilleure façon pour nous de gérer les environnements correctionnels. Je me soucie du personnel et je veux voir des améliorations pour qu’il soit en bonne santé, en sécurité et qu’il ait un meilleur avenir. Cela ne fera qu’améliorer les interactions et la communication entre le personnel et les personnes que nous hébergeons, ce qui permettra d’améliorer l’environnement à l’intérieur de nos prisons et dans nos communautés. »

La sécurité dynamique et l’établissement de relations professionnelles s’appliquent même aux personnes qui ne sortiront pas de prison. Anders Breivik, qui a tué 77 personnes – dont 69 enfants – lors de deux attaques terroristes nationales le 22 juillet 2011, reçoit le même traitement que les autres personnes incarcérées dans l’administration pénitentiaire norvégienne.

« Ils prennent des précautions tout en le traitant avec dignité et en lui offrant un espace humain », a déclaré M. Poulos.

Comme pour toute initiative importante et tout changement de culture, les changements ne se produiront pas tout de suite. M. Grubb a indiqué que le ministère de la justice avait un plan sur sept ans pour introduire progressivement certains aspects de l’amendement dans les prisons et les centres de réinsertion, et que des travaux étaient en cours pour obtenir le financement de personnel supplémentaire afin de soutenir cet effort au cours de la prochaine année fiscale.

Il faudra du temps et de l’argent pour que la version d’Amendde Washington  devienne une réalité, et la direction du DOC en fait une priorité.

« Nous agissons ainsi parce que c’est la bonne chose à faire et parce que c’est un meilleur moyen de rendre le personnel et les détenus plus en sécurité et plus heureux », a déclaré M. Murphy. « Après avoir vu comment les principes d’Amend sont mis en œuvre, je suis convaincu qu’il s’agit de l’avenir du ministère de la Justice.

 

 

Prison et violence sont souvent associées : comme d’autres institutions d’enfermement, les prisons constituent à la fois des espaces de régulation et de production de violence. Il s’agit de comprendre la complexité des articulations entre l’institution carcérale et la violence afin de mieux identifier ce qui participe de la violence et ce qui peut permettre de la contenir, voire de l’endiguer. À partir des principaux travaux sur la violence en prison menés au cours des dernières années, nous interrogeons dans ce texte les définitions de la violence et nous mettons en avant la pluralité de ses causes avant de rendre compte des facteurs susceptibles de la réguler. Ce travail de synthèse souligne le caractère systémique de la violence en détention : comprendre le phénomène et élaborer des politiques pénitentiaires adaptées suppose d’interroger le fonctionnement même de la prison.

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01961016/document

La santé incarcérée: enquête sur l’accès aux soins spécialisés en prison

« Problèmes dentaires, ophtalmologiques, traumatologiques, gynécologiques, dermato-logiques : autant de sujets sur lesquels des personnes détenues sollicitent l’OIP quotidiennement, parfois en urgence. Les difficultés d’accès aux soins spécialisés rapportées sont de différentes natures : délais d’attente pour obtenir un rendez-vous à l’unité sanitaire ou au centre hospitalier de rattachement, annulations d’extraction, renoncement à des soins pour éviter des conditions d’extraction indignes, impossibilité de faire entrer en détention le matériel médical pourtant prescrit par les soignants… Les freins à une prise en charge de qualité sont nombreux, et le suivi requis par certaines pathologies semble à bien des égards incompatible avec les restrictions imposées par la détention, tant en termes d’offre médicale que d’adaptation du cadre de vie.
La carence de soins spécialisés :
un phénomène connu, mais peu documenté
Le principe de l’égalité des soins entre personnes détenues et population générale est inscrit
dans la réforme du 18 janvier 1994 qui a transféré la responsabilité de la prise en charge sanitaire des personnes détenues du ministère de la Justice à celui de la Santé. Mais si cette réforme « a été à l’origine d’une amélioration notable de la prise en charge médicale en milieu carcéral », elle n’a pas permis de répondre aux besoins d’une population qui «cumule des facteurs de risques socio-sanitaires qui la rendent plus vulnérable aux problèmes de santé que la population générale »1. En plus d’un état de santé dégradé par rapport à la population générale, les personnes détenues voient leur santé fragilisée par des conditions de détention éprouvantes, l’insalubrité et l’absence d’activité physique favorisant la survenue et le développement de pathologies.
Malgré le caractère alarmant de ces constats, les enquêtes documentant l’état de santé des
personnes détenues et les problématiques auxquelles elles sont confrontées sont pour la plupart très anciennes, rendant illusoire toute adaptation de l’offre de soins aux besoins de la population carcérale. C’est dans ce contexte que l’OIP a décidé de conduire une étude, afin de dessiner un état des lieux de l’accès aux soins spécialisés en détention, d’en identifier les points critiques et les freins, tant pour les soins délivrés à l’intérieur qu’à l’extérieur. Cette étude se concentre sur les soins somatiques, car la situation des soins psychiatriques, bien que tout aussi préoccupante, est mieux documentée. Les données sur l’offre de soins étant difficilement accessibles, voire inexistantes, cet état des lieux ne peut certes être exhaustif, mais il permet d’avoir une vision plus précise de la problématique spécifique de l’accès aux soins spécialisés dans les établissements pénitentiaires français(…) »

https://oip.org/wp-content/uploads/2022/07/oip-rapport-soinsspe-07-2022-planches.pdf

 

[Les journées d’études des éducateurs pénitentiaires de l’AP de 1958 exposent les problémes de formation, de pratique des éducateurs pénitentiaires . Mais elles ont été également  l’occasion d’un exposé du Dr LAFFON exposant les théories (datées) et les méthodes de prise en charge de l’époque concernant les prisonniers. On y parle observation, méthode d’intervention, distinctions subtiles en les regrets et les remords ou comment aborder les prisonniers aux « abords difficiles »… Mais ce qu’on peut y lire 64 plus tard sur le suicide, l’homosexualité, la masturbation est… parfois ahurissant, parfois choquant…  mais trés éclairant sur l’époque…  ]

Mardi  24  juin  1958: Résumé  de  l’exposé  présenté  par  M.  le  Docteur  LAFON

Médecin-Chef  de  la  Section  Henry  COLLIN  à  l’hôpital  psychiatrique  de  Ville juif

Problèmes  psychopathologiques posés  par  les  détenus

En  cette  matière,  l ’éducateur  est  l ’assistant  du  médecin  psychiatre  de  l ’établissement;  il  doit,  par  une  observation  particulière des  manifestations  psychopathologiques  du  sujet  dont  il  communiquera  les  détails  au  praticien,  permettre  à  celui-ci  de  mieux étayer  son  diagnostic  et,  éventuellement,  d ’établir  un  traitement dont  les  effets  seront  suivis  et  contrôlés.

1— MÉTHODE  D ’OBSERVATION

L’étude  du  dossier,  du  passé  du  sujet,  ses  antécédents,  son milieu.

  • L ’observation  proprement

A )  L ’étude  du  dossier :

En  premier  lieu,  il  est  bon  d ’avoir  une  bonne  connaissance  du dossier.  Certains  crimes  ou  délits  révèlent  parfois  une  anomalie certaine.

Les  antécédents  mentaux,  personnels,  doivent  être  recherchés.

L ’hérédité  ne  se  manifeste  pas  de  façon  frappante,  le  plus  souvent,  mais  explique  une  certaine  fragilité  qui  rend  le  sujet  plus vulnérable  lors  d ’une  attaque  par  la  maladie  (exemple  fièvre typhoïde).

Les  antécédents  sociaux,  la  vie  du  milieu  familial  forment aussi  une  source  intéressante  de  renseignements.

B) L ’observation proprement  dite  :

Elle  est  pratiquée  d ’abord  sur  un  sujet  détenu  en  cellule. Cette  méthode  présente  certains  avantages  :  facilité  des  contacts, confiance,  qui  éliminent  les  réactions  d ’amour-propre  (plus  précisément  de  «fausse  honte»),  l ’interaction  du  groupe. Mais  aussi  des  inconvénients  :  une  vue  factice  du  sujet  en raison  du  comportement  artificiel  qu’impose  ce  régime,  ce  qui  peut fausser  le  jugement. En  particulier :  certains  s’adaptent  trop  bien  à  ce  régime. Trop  passifs,  trop  indifférents,  ils  laissent  présager  des  tendances schizoïdes  qui  peuvent  s’aggraver  et  les  conduire  à  la  démence précoce. Certains  sont  tout  simplement  opportunistes. D ’autres  réagissent,  s’aigrissent,  car  le  régime  est  éprouvant, surtout  pour  ceux  qui  ont  des  tendances  psycho-pathologiques.

Le  régime  cellulaire  est  strict,  disciplinaire;  il  fausse  donc  le comportement. A   Villejuif,  le  malade  isolé  n ’a  ni  vin,  ni  alcool,  ni  possibilité matérielle  d ’action  indisciplinée.  La  « sagesse»  est  ainsi  « obligatoire ».  On  ne  peut  en  tirer  aucune  indication  qui  permette  de présumer  du  comportement  futur.

En  conclusion,  se  méfier  pendant  cette  période  d ’une  vue  subjective  du  sujet  qui  pourra  être  démentie  par  la  suite  dans  la  vie du  groupe.

Le  délit :  Les  motifs  que  donne  le  détenu  de  son  délit  sont  à noter.  Cependant,  personne  n’accepte  une  dévalorisation  totale; le  détenu  utilisera  donc  le  plus  souvent  un  système  d’excuses  pour la  société,  mais  aussi  pour  lui-même,  afin  de  se  revaloriser  à  ses propres  yeux. Il  convient  de  ne  pas  démolir  ce  système  brutalement  mais, plus tard,  lentement  autant que possible, sans qu’il  en ait  conscience.

Les  abords  difficiles  :  Aborder  les  sujets  difficiles  par  la  bande, en  les  laissant  venir  eux-mêmes  au  sujet  brûlant.  Les faire  écrire (correspondance,  autobiographie,  romans  même).  Ils  se  livrent assez  facilement,  inconsciemment.  Les  délirants  surtout.

L ’observation  visuelle,  par  le  judas,  est  à  prohiber.  Elle  est sans  intérêt  et  déplaisante;  elle  n ’apporte  rien  à  l ’observateur.

L ’observation  en  commun :  Cette  nouvelle  période  présente pour  l ’observation  quelques  inconvénients,  contrepartie  des  avantages  de  l ’isolement.

Le  codétenu est un peu  le  confident naturel  du sujet ;  il échappe un  peu  à  l ’observateur. Mais  elle  a  l ’avantage  de  rendre  plus  objective  l ’observation. Les  faits  journaliers;  attitude  au  travail,  goûts,  affinités  pour  certains  groupes,  minutie,  désordre,  etc.,  seront  consignés  et  permettront  de  dégager  les  tendances,  la  personnalité  du  sujet.

2— LES RÉACTIONS QUE  PEUT PRÉSENTER LE  DÉTENU

Il  n ’y  a  pas  discontinuité  dans  les  différentes  manifestations réactionnelles,  mais  une  progressivité  qui  va  des  réactions  subnormales  aux  réactions  pathologiques. Tout  délinquant  est  déjà  un  peu  déséquilibré,  surtout  les multidélinquants.

Il  ne  faut  pas  ainsi  songer  à  obtenir  d ’eux  une  adaptation  trop parfaite.  Les « mous »  sont  anormaux  eux  aussi  ! Les différentes  catégories  de  réactions  que  l ’on  peut  observer sont  :

  • a) Réactions d ’excitation;
  • b) Réactions de  dépression;
  • c) Réactions de  persécution;
  • d) Réactions discordantes;
  • e) Réactions de  caractère  sexuel;
  • f) Réactions de simulation

a) Réactions d’excitation.

Fréquentes  en  cellule,  à  l ’isolement,  chez  ceux  qui  sont  un peu  déséquilibrés,  frustes,  petits  débiles,  à  la  vie  antérieure  semi-sauvage.  Leur  comportement  peut  être  comparé  à  celui  d’une  bête sauvage  que  l ’on  vient  de  mettre  en  cage.  Ces  réactions  s’atténuent  par  la  suite.  Chez  les  hyperémotifs  également,  à  la  suite  de contrariété,  énervement,  dû  à  diverses  causés  souvent  ignorées. Le  praticien  dispose  dans  ces  cas  de  médicaments  inoffensifs  :  les « tranquillisants »,  qui  atténuent  rapidement  ces  manifestations  et les  font  disparaître. La crise  de  nerfs  :  une  réaction  d ’excitation  plus  grave  est  la crise  de nerfs,  décharge  d ’une  tension  nerveuse  qui  s’est  accumulée. Elle  se  présente  sous  la  forme  de  cris,  mouvements  désordonnés d ’une  certaine  ampleur,  elle  ressemble un  peu à la crise épileptique. La  différence  est  parfois  difficile  à  déceler  pour  un  observateur:  non  qualifié.  Notons  que  « la  crise  de  nerfs »  est  consciente, annoncée;  elle  a  une  cause,  elle  est  choisie,. spectaculaire,  bruyante, et  peut  être  assez  longue. La  crise  épileptique  est  brutale,  imprévue,  discrète  dans  ses manifestations,  de  peu  de  durée,  5  minutes  environ,  sauf  dans  le cas  de  crises  en. chaîne,  fait  qui ‘est  très  rare.

La  crise  d’agitation  se  présente  sous  la  forme  de  coups  désordonnés,  bris  de  matériel,  carreaux,  etc. Pour  arrêter  ces  manifestations,  neutraliser  le  sujet  au  moyen d’une  grande  couverture  ou un  grand  drap,  jeté  sur  la tête,  ce  qui permettra  de  le  ligoter,  sans  lui  faire  de  mal. On  dispose  dans  ce  cas  aussi  d ’un  médicament  (le  Largactil) ;  administré  en  injection,  il  donne  de  bons  résultats  et  évite  le  ficelage,  le camisolage.

La  psychose  carcérale,  qui  se  présente  sous  forme  de  confusion mentale.  Il s ’agit d ’un  état pathologique ;  le malade doit être interné.

b) Réactions de  dépression.

La  tristesse  légitime  :  Elle  est  due  à  l ’incarcération,  la  frustration,  la  peine;  le  sujet  raisonne,  ne  manifeste  pas  de  confusion.

Le  remord,  qu’il  faut  différencier  du  regret,  est  extrêmement rare.  Purement  moral,  intérieur,  indépendant  du  châtiment,  il  est presque  anormal,  car  il  donne  une  impression  d’indignité  reconnue,  d ’une  auto-accusation  qui  prélude  le  plus  souvent  au  cafard, à  la  mélancolie,  et  peut  conduire  au  suicide.

Le  suicide  : Distinguer la tentative de  suicide vraie  de la fausse, celle  qui  est  simulée. Celle-ci,  d’ailleurs,  peut  quand  même  aboutir  à  la mort  de  son auteur,  quand  il  «rate»  sa  démonstration;  cela  s’est  souvent  produit. La  tentative  de  suicide  vraie  est  une  manifestation  que  l ’on peut  difficilement,  prévenir. Une  fouille  soignée  permettant  de  soustraire  tout  objet  dangereux,  une  surveillance  étroite  sont  les  moyens  matériels  dont  on dispose.,   On  peut  faire  appel  au  médecin  psychiatre  qui,  lui,  dispose de  l ’excellente  médication  qu’est  le  Largactil.  Ses  effets  sont  anesthésiants;  abattent  les.  nerfs;  permettent  de  faire  passer  au  sujet un  « cap »  difficile.  Cependant  Sénèque;  très  justement-,  déjà  écrivait  :  «En  vain  retient-on celui qui a envie de mourir… ».  Un  cas  récent  démontre jusqu’à quel point  peut  mener  l ’obstination  d ’un  candidat  au  suicide  :  « Un  désespéré  s ’est  suicidé  en  se  perçant  le  cœur  avec  une aiguille,  après plusieurs tâtonnements,  plusieurs essais infructueux ».

L ’automutilation  :  Courante  en  prison,  elle  est  difficile  à  caractériser  du  point  de  vue  psychologique.  Certaines  motivations  peuvent  être  facilement  décelées  :  désir  d ’hospitalisation  pour  tenter une  évasion,  besoin  d ’attirer  l ’attention,  réaction  mélancolique. Dans  ce  dernier  cas,  cela  peut  être  très  grave.

Le  refus  d’aliments  :  Leurs  auteurs  sont  des  opposants,  des déprimés  ou  des  délirants. Les  opposants,  les  « grévistes  de  la  faim »,  se  manifestent  d ’une façon  spectaculaire;  ils  ne  sont  pas,  le  plus  souvent,  passibles  d ’un traitement  médical  et  si  on  associe,  à  leur  grève  de  la  faim,  la  grève de  la  soif  obligatoire,  ils  se  lassent  très  rapidement,  car  le  corps humain  peut  supporter  beaucoup  plus  longtemps  le  manque  d ’alimentation  solide  que  liquide. Les  autres  cas  peuvent  être  soumis  au  médecin  psychiatre qui  dispose  de  :

1°  L ’alimentation  forcée,  par  sonde  (moyen  peu  élégant  bien sûr,  quelquefois  indispensable) ;

2°  Le  Largactil  déjà  cité,  plus  pratique,  plus  efficace  aussi clans  ce  cas.

Le  plus  important  reste  l ’alimentation  liquide.  Dans  les  cas graves,  on  pratique  l ’injection  liquide  sous-cutanée.

c) Réactions de  persécution.

Le  paranoïaque  se  caractérise  par  une  fausseté  de  jugement, une  surestimation  du  moi,  une  impression  de  persécution,  une  certaine  psychorigidité.  C ’est  le  plaideur-né.  Il  s’agit  chez  lui  d’une disposition  d ’esprit.  On  en  rencontre  beaucoup,  atteints  à  des  degrés différents  allant  jusqu ’aux  cas  les  plus  graves,  pathologiques. Chez  les  détenus  cela  peut  se  traduire  par  des  sentiments exprimés  que  l ’on  juge  exagérés.  Cependant,  il  faut  rechercher la  réalité  des  faits.  Ceux  qui  amplifient,  déforment sont :

Les  persécutés,  qui  font  un  délire  de  persécution,  accompagné quelquefois  d ’un  refus  d’aliment, causé  par  la  peur  irraisonnée.

Les  hallucinés,  qui  parlent,  entendent  des  voix, , comme si  une autre  personne  partageait  leur  cellule.; Ne  pas  confondre  avec  certaines  personnes. Parlant  seules,  sans but,  sans  raison.  Normales, celles-ci  n’ont  pas l ’attitude d’écoute.

Il  ne  s’agit  que  d ’un  monologue. L’halluciné  dialogue,  écoute.  Dans  les  réactions  de  persécution  il  ne  s’agit,  pour  lui,  que  de  « reproches »,  de  « différends ».

d) Réactions discordantes

Il  faut  penser  au  cas  des  trop  « bons »  détenus,  trop  calmes, trop  faciles,  trop  mous. Il  s  agit  d ’une  attitude  de  repli.  L ’indifférence  morale,  matérielle  est  totale,  vis-à-vis  de  tout,  famille,  entourage…  Elle  laisse présager  un  processus  dissociatif.

L  apragmatisme  :  Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  la  paresse naturelle,  habituelle. C ’est  un  processus  de  désadaptation,  il  peut  s’y  ajouter  quelques  bizarreries,  tics,  mimiques   discordantes,  rires  immotivés.  Il  peut  amorcer,  soit  lui  aussi  une  espèce  de  schizophrénie,  soit  une psychose  qui  se  manifestera  par  un  refus  d ’aliments,  par  des  réactions  impulsives,  gifles,  coups  irraisonnés.

e) Réactions de caractère sexuel

La  masturbation  banale,  peu  fréquente,  est  normale,  elle  ne pose  pas  de  problème. Trop  renouvelée,  elle  devient  anormale.  On  la  constate  chez les  débiles  mentaux,  chez  les  sujets  aux  réactions  d ’énervement par  une  espèce  de  « compensation ».

L ’homosexualité  :  Les  homosexuels  catalogués  «pédophiles» sont  le  plus  souvent  de  bons  détenus.  Ils  agissent  sur  des  enfants, ne  s’adressent  pas  aux  adultes,  en  général.  Ce  sont  des  timides, inhibés. Les  pratiquants  avec  des  adultes  posent  plus  de  problèmes

Parmi  eux  : Certains  sont  des  habituels, d’autres  acquièrent  ces  habitudes.  Ils  avaient  certainement  des tendances.  L ’incarcération  les  place  en  milieu  plus  propice  à  se laisser  aller  à  celles-ci.  On  ne  croit  guère  à  la  contamination  des adultes,  qui  n ’ont  aucune  tendance  anormale. Dans  les  habituels  distinguons  :  l ’initiative  ou  les  attaquants, la  passivité  ou  les  attaqués,  plutôt  que  les  actifs,  les  passifs. Les  attaquants  sont  les  plus  redoutables,  mais  les  attaqués, les  efféminés  en  particulier  cherchant  l ’initiative  d ’un  partenaire peuvent  être  provocants.

Quelle  attitude  adopter ?

D ’abord  ne  pas  avoir  la  hantise  de  la  possibilité  de  ces  actes en  prison.  Il  ne  faut  pas  faire  une  «psychose»  de  l ’homosexualité.  On  risquerait  de  la  créer  !  Chez  les  hommes,  elle  est  essentiellement  l ’expression  d ’un  besoin  physiologique.  L ’affectivité,  les sentiments,  interviennent  peu. Chez les  femmes,  au  contraire,  elle  est  sentimentale,  à  base d affectivité,  elle  est  le  plus  souvent  très  spectaculaire,  étalée  au grand  jour.

f) Réactions de simulation

Pure,  elle  est  rare.  Elle  survient  :  au  stade  prévention  d ’un crime  ou  d ’un  délit,  uniquement  utilitaire. Après  la  condamnation  elle  est  plus  rare,  elle  a  un  but  utilitaire  aussi,  envoi  dans  un  hôpital  en  vue  d ’une  tentative  d ’évasion  (par  exemple). En  fait,  il  y  a_le  plus  souvent,  fausse  simulation,  troubles  mal relatés,  sursimulation…,  ces  sujets  exagèrent  volontairement  des troubles  réels,  dont  ils  ont  conscience. La  simulation  est  en  réalité  difficile.  Le  simulateur,  profane  et pressé,  choisi  des  manifestations  spectaculaires,  immédiates,  qui  le fatiguent  rapidement.  Une  observation  prolongée,  le  lasse.

Un  « bon  simulateur »  devrait  procéder  lentement,  par  petites  touches, bien connaitre tous  les  symptômes  de  l ’état  pathologique choisi. Elle  est,  de  toute  façon,  pénible  au  sujet,  lui  crée  des  malaises, certains  troubles  même,  qui  le  gênent.

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Après le corps de la magistrature, Esprit de justice explore les métiers de l’encadrement social et pénitentiaire avec un ancien directeur de prison, devenu agrégé de philosophie, et une spécialiste de la protection de l’enfance. Récits entrecroisés de leurs deux parcours professionnels.

Un surveillant ouvrant une cellule au Centre pénitentiaire de Fresnes.
Un surveillant ouvrant une cellule au Centre pénitentiaire de Fresnes. Crédits : Philippe Lopez – AFP

Pendant la fermeture des écoles, en raison de l’épidémie de Covid-19, France Culture a décidé de réorienter ses programmes vers les élèves, collégiens et lycéens restant chez eux. Esprit de justice a choisi de présenter les différents métiers de la justice.

Après avoir donné la parole à des magistrats, cette seconde émission va s’intéresser aux métiers de la justice qui ont en charge les personnes : cela va des familles qui font l’objet d’une enquête sociale jusqu’aux personnes incarcérées en passant par les jeunes en foyer.

Quels sont ces métiers qui s’occupent de ces gens « sous main de justice » ? Comment vivent-ils cette part d’exercice de la souveraineté sur autrui par délégation de la justice ?

Avec Anne Devreese, directrice générale adjointe déléguée à l’enfance, la famille et la jeunesse du département du Nord, après avoir été responsable d’un centre d’hébergement pour adolescents sous mandat judicaire et Bertrand Kaczmarek, ancien directeur adjoint de maison d’arrêt à Saint-Etienne et à Grenoble,  qui est aujourd’hui professeur de philosophie dans le sud de la France.

 

Catalogne: La formation spécialisée des psychologues impliqués dans l’application des sanctions et mesures

Il s’agit d’un guide explicatif de la manière dont le le Centre d’Etudes Juridiques et de Formation Spécialisée Catalan (CEJFE) conçoit et structure la formation spécialisée des psychologues dans le domaine correctionnel.
Le guide contient la base des programmes annuels  qui constituent la formation spécialisée disponible au Centre pour ce groupe de professionnels.

La formation spécialisée des psychologues est basée sur 5 principes de base :

  1.  La prise en compte permanente des droits de l’homme et des recommandations internationales pour la formation du personnel travaillant dans le domaine correctionnel.
  2. La mission des psychologues dans ce domaine de travail :
    Faire une évaluation psychologique des personnes impliquées dans les processus pénaux afin de planifier, réaliser et évaluer l’intervention en vue de l’amélioration de la qualité de vie et la réinsertion dans la société des personnes qui ont été accusés ou condamnés, ou l’assistance et le soutien des victimes; Informer et/ou conseiller l’autorité judiciaire et/ou administrative sur la situation psychologique des personnes impliquées dans les processus pénaux.
  3. Adaptation de la formation aux exigences du lieu de travail dans une perspective d’excellence (compétence professionnelle).
  4. La volonté de service du Département de Recherche et de formation sociale et criminologique du CEJFE, afin d’adapter la formation spécialisée aux besoins changeants des services pénitentiaires, de probation et de justice juvénile, et de promouvoir leurs projets stratégiques.
  5. Un engagement envers l’amélioration, la mise à jour et l’innovation qui fait que ce guide est en évolution permanente.

En outre, il convient de souligner que le cadre de référence pour la planification et la mise en œuvre des activités de formation incluses dans ce guide est le règlement actuel sur la formation.

Ce guide est la réglementation actuelle de la formation énoncée dans les documents suivants :

  • Accord général sur les conditions de travail du personnel dans le champ d’application de la table de négociation générale de l’administration du gouvernement catalan.
  • Accord sur les conditions de travail du personnel pénitentiaire.

https://www.cep-probation.org/wp-content/uploads/2018/10/1Psychologists_ENG_WEB.pdf

Le programme ART (Aggression replacement training) est une intervention cognitivo-comportementale visant à réduire les comportements agressifs et violents. Il s’agit d’un programme multimodal qui comporte trois composantes : les habiletés sociales, l’entraînement au contrôle de la colère et le raisonnement moral. ART a été développé aux États-Unis dans les années 1980 par Arnold P. Goldstein et Barry Glick et est maintenant utilisé dans toute l’Amérique du Nord ainsi qu’en Europe, en Amérique du Sud et en Australie.

Informations générales

Le programme ART a été conçu par Arnold P. Goldstein et Barry Glick dans les années 1980 (Glick, Barry; Goldstein, Arnold P. (1 March 1987). « Aggression Replacement Training ». Journal of Counseling & Development. 65 (7): 356–362). Ils ont repris les concepts d’un certain nombre d’autres théories de travail avec les jeunes et ont synthétisé la théorie, la pratique et les techniques en un système complet. Chacune des trois composantes utilise un processus pour s’assurer que les jeunes apprennent les compétences pendant le programme et transfèrent ces compétences à de nouvelles situations en dehors du groupe. Le modèle se concentre également sur le concept de Jean Piaget d’apprentissage par les pairs. Il a été démontré que les jeunes apprennent mieux des autres jeunes.

ART est un programme de 10 semaines, se réunissant trois fois par semaine pendant une heure pour chacune de ses composantes. Pour obtenir les meilleurs résultats, il est animé et co-animé par des animateurs de groupe formés. L’aménagement de la salle, la présentation du matériel, le nombre de participants et les antécédents des participants sont autant de facteurs qui contribuent à la réussite du groupe.

Formation à la maîtrise de la colère

La formation au contrôle de la colère est la composante affective de l’ART. Il s’agit de passer de l’enseignement des compétences sociales à l’extinction des compétences antisociales et à leur remplacement par des compétences prosociales. La formation au contrôle de la colère utilise la chaîne de contrôle de la colère. Il s’agit d’un processus enseigné aux participants pour faire face aux situations qui les mettent en colère. Une fois encore, un segment de la chaîne de contrôle de la colère est enseigné chaque semaine et les animateurs et les jeunes mettent en pratique les nouvelles compétences dans le cadre d’activités de la vie courante. La chaîne de maîtrise de la colère est la suivante ;

  1. Déclencheurs (externes et internes) – La situation qui déclenche la colère et le discours personnel qui l’alimente.
  2. Indices – signes physiques de la colère
  3. Réducteurs de colère – trois méthodes (respiration profonde, comptage à rebours et images agréables) pour nous aider à réduire ou à oublier la situation.
  4. Rappels (ou autosuggestions) – courtes déclarations positives que l’on se dit à soi-même pour réduire davantage les impulsions de colère.
  5. Penser à l’avenir, Anticiper – Identifier les conséquences de nos comportements.
  6. Compétences sociales : mettre en œuvre une aptitude pro-sociale dans la situation (comme négocier un accord).
  7. Évaluation – Revenir sur l’utilisation de la chaîne de contrôle de la colère et évaluer la façon dont elle a été mise en œuvre.

La recherche sur ART a considérablement progressé depuis sa création par Goldstein et ses collègues, il y a plus de vingt ans. Le programme a été mis en œuvre dans au moins 45 États, six provinces canadiennes et de nombreux pays étrangers et il est utilisé avec une variété de populations juvéniles (Glick, 2006). ART s’est progressivement imposé comme un traitement fondé sur des preuves, efficace pour accroître le comportement prosocial et les capacités de raisonnement moral, et réduire l’impulsivité et le comportement antisocial (Goldstein, Nensen, Deleflod, & Kalt, 2004).  La recherche sur l’efficacité suggère fortement que l’ART est efficace pour enseigner les compétences sociales, améliorer les compétences en matière de gestion de la colère et réduire la colère autodéclarée et des taux de récidive chez les jeunes délinquants (Goldstein et al., 2004).

Pour en savoir plus:

Eva Feindler, Emily Engel  & Meghann Gerber (2016) Program Evaluation Challenges: Is Aggression Replacement Training (ART) Effective?

Journal des querelles-hassle log