Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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Construire une relation collaborative : Modèle EPICS ( Effective Practices in Community Supervision)

Importance d’une APPROCHE ÉQUILIBRÉE
– Les agents de probation formés à l’EPICS qui ont une grande fidélité au modèle (EPICS & CCP) étaient beaucoup plus susceptibles d’être perçus comme fiables par les délinquants dont ils s’occupaient.
– L’étude a montré que plus la confiance entre le délinquant et l’agent augmente, plus les chances d’être arrêté à nouveau diminuent (Labrecque et al. 2013).

IMPORTANCE DE LA CLARIFICATION DES RÔLES
« La recherche suggère qu’un travail efficace avec des clients involontaires se caractérise par des discussions claires, honnêtes et fréquentes sur le rôle de l’intervenant et le rôle du client dans le processus de pratique directe ». (Trotter, 2006)
La clarification des rôles doit être considérée comme l’une des compétences clés dans le travail avec les clients involontaires et a été liée à de meilleurs résultats avec les probationnaires (Andrews et Bonta , 2010).

COMPOSANTES DE LA CLARIFICATION DES RÔLES
– Le double rôle de l’agent de probation
– Éléments flexibles ou inflexibles
– Attentes du délinquant

Exemple: 

« J’ai mentionné qu’une partie de mon travail consisterait à vous aider à travailler sur les pensées et les comportements qui ont pu jouer un rôle dans le fait que vous vous retrouviez en probation. Pendant le temps que vous passerez avec moi, nous utiliserons des outils tels que la chaîne délictuelle, le renforcement des compétences et la résolution de problèmes afin de vous aider à mieux gérer les situations à risque à l’avenir. ».

RÔLE D’AIDANT: Expliquer au PPSMJ que le rôle du personnel est également de l’aider à résoudre les problèmes qu’il rencontre pendant la période de suivi :

  • Aider à fournir des conseils, un soutien et des interventions
  • Identifier les objectifs à atteindre
  • Être ouvert sur les stratégies (interventions) qui seront utilisées au cours des entretiens
  • Aider la personne à reconnaître les situations à risque
  • Travailler avec la personne  pour développer des stratégies à utiliser dans les situations à risque identifiées

 «Une partie de mon travail consiste aussi à m’assurer que vous respectiez les conditions de vos décisions de justice. Cela va impliquer un certain contrôle de ma part. Nous nous rencontrerons régulièrement, je pourrai effectuer des visites à domicile. S’il arrive que vous ne respectiez pas les décisions de justice, je pourrais avoir à en subir les conséquences. Les conséquences possibles d’un non-respect des ordonnances du tribunal sont une révocation de la probation, des peines de prison ou de détention, une augmentation de la fréquence des entretien dans le cadre de votre probation ».

RÔLE DE RESPONSABILISATION è

  • Aider le délinquant à comprendre la nature du travail du personnel
  • Tenir le délinquant pour responsable
  • Contrôler le respect des conditions
  • Il est important d’expliquer clairement au délinquant les conséquences possibles d’un non-respect des attentes.
  • Être clair avec le délinquant sur les attentes en matière de comportement – être direct
  • Préciser les conséquences possibles

 « De même, au cours de nos rencontres il y aura certaines choses qui seront flexibles et d’autres qui ne le seront pas. Par exemple, le fait que nous nous rencontrions chaque mois n’est pas flexible. Cependant, je suis prêt à m’adapter à votre emploi du temps ou à l’horaire du bus pour m’assurer que vous êtes en mesure de vous rendre aux rendez-vous. Par conséquent, l’heure et les jours où nous nous rencontrons sont flexibles. D’autres éléments sont également flexibles, notamment ce sur quoi vous voulez travailler et vous concentrer en premier lieu, ainsi que l’endroit où effectuer votre travail d’intérêt général ».

DOMAINES FLEXIBLES (négociables) ET INFLEXIBLES (non négociables)  :

  • Le personnel doit être clair sur les domaines négociables (heure et jour des réunions de supervision) et les domaines non négociables (fréquence des réunions de supervision, obligation de se présenter).
  • Il est important de comprendre si les exigences non négociables sont basées sur :
    • un mandat légal
    • les attentes de l’organisation
    • les attentes du professionnel

Probationnaire : « Mon dernier CPIP ne semblait pas très intéressé par mes problèmes. Tout ce qui l’intéressait, c’était de savoir si je me présentais à mes rendez-vous et si je payais mes amendes. »

CPIP « Je pense également qu’il est important que vous vous présentiez à vos rendez-vous. Cependant, je me préoccupe des autres choses que vous faites également. En fait, j’espère que nous pourrons travailler sur d’autres problèmes qui semblent avoir conduit à votre sursis probatoire. Quelles sont les autres expériences que vous avez eues en matière de probation ? » (Source= Modèle EPICS : Effective Practices in Community Supervision)

ATTENTES DES PPSMJ :

  • Aider à :
    • Clarifier la nature du rôle du personnel en explorant les idées fausses
    • Clarifier la nature de l’expérience attendue pendant la période de suivi
  • Discuter avec le délinquant de ses expériences antérieures en matière de suivi SPIP
  • Discuter avec le délinquant de ce qu’il attend de son suivi probatoire
  • Discuter avec le délinquant de ce qu’il attend de son CPIP

Sources:

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Le programme Catch22 de lutte contre les gangs au Royaume-Uni est une initiative multidimensionnelle combinant interventions en milieu carcéral et communautaire, avec une approche centrée sur la réduction des risques, la réhabilitation et la prévention.

Interventions en milieu carcéral

  • Identification précoce et gestion des risques : Les équipes de Catch22 rencontrent les nouveaux détenus dans les 48 heures suivant leur arrivée en prison pour évaluer leur affiliation aux gangs, identifier les tensions communautaires et recommander des mesures préventives (comme des restrictions de mouvement). Cette phase inclut une collaboration avec la police, les services de probation et d’autres agences pour gérer les détenus à haut risque.
  • Programme R.O.A.D. (Rehabilitation Offering Another Direction) : Un programme phare sur 5 jours, conçu pour réduire les attitudes pro-criminelles. Il utilise une approche trauma-informed et restaurative pour aider les participants à réfléchir à leurs choix passés, améliorer leurs compétences communicationnelles et fixer des objectifs prosociaux. En 2023, 80 % des participants ont montré une amélioration de leur comportement en détention et une réduction des attitudes criminelles .
  • Résolution de conflits et médiation : Catch22 facilite des médiations entre détenus impliqués dans des incidents violents, avec un taux de résolution positif de 100 % en 2023. Cela inclut la gestion de rivalités entre gangs et la prévention des récidives .
  • Gestion de cas complexes : Un suivi individualisé pour les détenus à haut risque (comme ceux sous surveillance pour automutilation ou pour violence), avec 100 % d’amélioration des attitudes prosociales chez les participants en 2023 .
  • Formation du personnel pénitentiaire : Des modules sur la culture des gangs, la violence juvénile et les stratégies de désengagement, augmentant de 63 % la confiance des participants à signaler des activités liées aux gangs .

 Interventions communautaires

  • Prévention et désengagement : Travail avec les jeunes à risque (jusqu’à 25 ans) pour éviter leur entrée dans les gangs, via des programmes sur les relations saines, les conséquences des choix, ou la santé sexuelle. Par exemple, le service Kent County Lines and Gangs cible l’exploitation criminelle et les « county lines » (réseaux de trafic de drogues) avec des interventions sur mesure .
  • Soutien aux familles et aux écoles : Implication des proches et des institutions éducatives pour créer un environnement stable, en utilisant des outils comme l’**Outcome Star** pour mesurer les progrès des jeunes .
  • Réinsertion post-carcérale : Collaboration avec les services de probation et les employeurs pour offrir des opportunités d’éducation, de formation et d’emploi. Le programme **Straight Up** à Birmingham, financé par le gouvernement, propose des plans personnalisés incluant des activités de diversion (musique, sport) .

Approche holistique et partenariats

  • Modèle « 3P » (Place, Purpose, People) : Catch22 vise à garantir à chacun un logement stable, un but (éducation/emploi) et un réseau relationnel positif, considérés comme essentiels pour rompre avec les gangs .
  • Collaboration académique : Partenariats avec des universités (ex. Cambridge) pour évaluer l’efficacité des interventions. Par exemple, une recherche menée à HMP Leeds a confirmé l’impact positif des services Catch22 sur la réduction des violences .
  • Formation des professionnels: Des sessions pour les travailleurs sociaux, enseignants et policiers sur la culture des gangs et les stratégies de désengagement, avec 99 % des participants rapportant une meilleure compréhension post-formation .

Résultats et reconnaissance

  • Réduction de la violence : À HMP Thameside, les incidents violents mensuels sont passés de 86 à 26 après l’intervention de Catch22, évitant 60 victimes potentielles par mois .
  • Récompenses : Prix Butler Trust en 2015 pour les services à HMP Thameside; Certificat d’excellence en 2018 pour le modèle jeunesse à HMYOI Feltham, avec des changements comportementaux positifs chez plus de la moitié des participants .

Financeurs : Soutien du Ministère de la Justice, des Commissaires de police (ex. Kent VRU), et de donateurs privés. Le programme Kent County Lines est cofinancé par le PCC (Police and Crime Commissioner) .

Catch22 se distingue par son modèle intégré, alliant suppression des risques immédiats et travail sur les causes profondes de l’adhésion aux gangs, avec des résultats quantifiables en termes de réduction de la violence et de réinsertion sociale.

Exclusion scolaire et risque de violence grave (Cornish & Brennan, 2025)

Depuis longtemps, on suspecte que l’exclusion scolaire aggrave le risque de délinquance chez les jeunes, mais il est éthiquement impossible de randomiser ce type d’intervention . Les politiques éducatives récentes au Royaume-Uni ont vu une hausse significative des exclusions permanentes au terme d’automne 2023-24, suscitant des débats sur leurs effets délétères The Guardian.

Les chercheurs Cornish & Brenan ont constitué un “essai cible” en appariant étroitement chaque élève exclu avec un élève non exclu aux caractéristiques sociodémographiques et scolaires identiques . Ils ont ensuite suivi ces paires sur 12 mois, en mesurant la survenue d’infractions violentes graves et d’homicides ou quasi-homicides.

Résultats principaux

L’exclusion scolaire s’est traduite par un doublement du risque de commettre des violences graves (Hazard Ratio = 2,05 ; IC 95 % : 1,83–2,29) dans l’année suivant la décision.  
Le risque d’homicide ou quasi-homicide était également majoré (HR = 2,36 ; IC 95 % : 1,04–5,36).
Concrètement, sur 20 000 jeunes exclus, on observe près de 990 infractions violentes et 20 homicides/quasi-homicides, contre environ 500 infractions et moins de 10 homicides dans le groupe non exclu.

Implications

Ces résultats renforcent le modèle causalo-comportemental liant exclusion et passage à l’acte violent, suggérant un effet nocif direct de l’exclusion scolaire .
Ils plaident pour réduire les exclusions, tout en offrant des alternatives de soutien (interventions ciblées, accompagnement social et scolaire) aux élèves à risque .
Du point de vue de la justice pénale, l’étude invite à mieux coordonner écoles et services de probation pour prévenir la marginalisation et la délinquance juvénile .

Conclusion

En émulation d’essai randomisé, cette étude démontre que l’exclusion scolaire n’est pas un simple outil disciplinaire, mais un facteur de risque accru de violences graves et d’homicides chez les jeunes. Elle contribue à la discussion sur les politiques éducatives et la prévention de la criminalité, en soulignant la nécessité d’approches plus inclusives et préventives

Le rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE), intitulé « La réinsertion des personnes détenues : l’affaire de tous et toutes » (2019), offre une analyse approfondie des défis liés à la réinsertion des personnes détenues en France, avec des recommandations concrètes pour améliorer les politiques publiques.
Le rapport s’inscrit dans un contexte de préoccupations croissantes sur l’efficacité du système pénitentiaire français en matière de réinsertion. Adopté le 26 novembre 2019, il fait suite à une saisine du Premier ministre et s’appuie sur un précédent avis de 2006 qui avait déjà alerté sur les lacunes en matière de réinsertion. Malgré des avancées, comme la création du Contrôleur général des lieux de privation de liberté et la loi pénitentiaire de 2009, les progrès restent insuffisants. La surpopulation carcérale est un enjeu majeur, avec près de 71 000 personnes détenues en 2019, contre 60 000 en 2006, et des établissements souvent surchargés (occupation moyenne des maisons d’arrêt à 138 %). Cette situation est exacerbée par une politique centrée sur la sécurité plutôt que sur la réinsertion, avec un ratio d’un conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP) pour 80 personnes sous supervision, loin des normes européennes.
Le rapport souligne que la prison peut avoir des effets désocialisants, déresponsabilisants, créant ou aggravant des ruptures sociales, familiales et professionnelles. Cela est particulièrement marqué pour les courtes peines, qui représentent 62 % des condamnations (inférieures à deux ans) et 46 % (inférieures à un an), mais qui ne permettent pas une préparation adéquate à la sortie.
Données et statistiques
Les données présentées dans le rapport offrent un éclairage précis sur la situation. Les taux de récidive varient fortement selon le type de libération :
  • 63 % pour les sorties sèches (sans accompagnement), ce qui reflète les difficultés de réinsertion sans soutien.
  • 39 % pour les libérations conditionnelles, indiquant un effet protecteur du suivi post-libération.
  • 34 % pour les peines de travail d’intérêt général (TIG), montrant l’efficacité relative des mesures communautaires.
D’autres chiffres soulignent les obstacles à la réinsertion :
  • Seulement 28 % des détenus ont un travail rémunéré en prison, contre 46,2 % en 2000, avec 1 205 postes pour 2 294 opérateurs dans des secteurs comme la confection, le bois ou la métallurgie, souvent des emplois peu qualifiés (tri, nettoyage) ne développant pas de compétences transférables.
  • 14 % des détenus bénéficient d’une formation professionnelle, malgré un coût mensuel moyen de 200 € par détenu pour des services comme la cantine, la télévision ou le téléphone.
  • En 2017, 28 % des personnes libérées n’avaient pas de logement, un facteur aggravant le risque de récidive.
  • Le profil des détenus montre que 44 % ont entre 18 et 30 ans, 76 % ont un niveau d’éducation inférieur ou égal au CAP, et 9 % sont sans domicile fixe, ce qui complique leur réinsertion.
Le budget de la justice en France (65,9 € par habitant) est également inférieur à celui de pays comparables comme l’Allemagne (121,9 €), les Pays-Bas (119,2 €) ou la Suède (118,6 €), limitant les ressources pour des programmes de réinsertion.
Recommandations et axes d’action
Le rapport propose quatre axes principaux pour transformer le système et favoriser la réinsertion, avec des mesures concrètes et des objectifs chiffrés :
  1. Développer les alternatives à l’incarcération :
    • Faire des alternatives une priorité de la politique pénale, avec des outils comme la surveillance électronique (2 376 peines en 2019), le TIG (36 614 peines) et les sursis avec mise à l’épreuve (120 572).
    • Atteindre 5 000 places en semi-liberté et en placement externe, contre 903 et 1 643 respectivement en 2019.
    • Améliorer la visibilité via des tableaux de bord et des indicateurs, et envisager de baisser le seuil d’ajustement des peines à deux ans (proposition rejetée par le ministre).
    • S’inspirer de modèles comme la Finlande, qui a réduit sa population carcérale de trois en 50 ans.
  2. Mettre en œuvre les moyens de la réinsertion :
    • Organiser les peines autour de la réinsertion, avec une individualisation des parcours.
    • Améliorer l’accès aux soins de santé, notamment avec des bilans de santé à l’entrée en détention, et garantir l’accès aux droits sociaux (identité, papiers de résidence).
    • Maintenir les liens familiaux, essentiels pour la réinsertion, et promouvoir la culture, le sport et l’expression des détenus.
    • Favoriser l’emploi et la formation, en transformant les contrats de travail en prison en outils couvrant les droits au chômage, à la retraite et à la formation. Par exemple, proposer des contrats spécifiques pour les détenus, avec des incitations pour les employeurs via la responsabilité sociétale des entreprises (RSE).
    • Adresser les problèmes de logement, avec des référents SIAO (Service d’Insertion et d’Accès au Logement) et des structures de transition, notamment pour les courtes peines, en facilitant l’accès au logement social.
  3. Faire de la réinsertion un objectif partagé :
    • Créer un comité interministériel pour fixer des objectifs et des indicateurs de réinsertion, avec un service national autonome pour le suivi des personnes libérées.
    • Développer des comités locaux de réinsertion pour coordonner les acteurs (associations, collectivités, services publics).
    • Augmenter le nombre de CPIP pour respecter les normes européennes, avec un objectif d’un conseiller pour 60 personnes (contre jusqu’à 130 actuellement), nécessitant le recrutement de 1 300 nouveaux postes en 2019, dont 400 pour les SPIP (Services pénitentiaires d’insertion et de probation).
    • Assurer une diversité des profils dans le recrutement et la formation des CPIP, avec actuellement 60 % de diplômés en droit et seulement 7 % en travail social.
  4. Encourager le débat public et l’analyse :
    • Demander à la Cour des Comptes de comparer les coûts de la détention et des alternatives, pour démontrer l’efficacité économique des mesures communautaires.
    • Étudier les profils pénaux et sociaux des détenus, leur santé mentale et physique, et leurs parcours de réinsertion, pour mieux adapter les politiques.
    • Fixer des objectifs de réduction de la population carcérale par juridiction, avec des indicateurs clairs pour mesurer les progrès.
Le rapport souligne que la France reste en retard par rapport aux standards européens en matière de réinsertion, avec des conditions de détention souvent critiquées pour leur indignité. La ministre de la Justice, présente lors du vote, s’est engagée à une expertise des propositions, mais des doutes subsistent sur la mise en œuvre, notamment en raison des contraintes budgétaires et des priorités sécuritaires. Le vote a été largement approuvé (153 voix pour, 0 contre, 2 abstentions), reflétant un consensus sur l’urgence d’agir.

C’est quoi les CCP?

avril 30th, 2025 | Publié par crisostome dans CCP - (0 Commentaire)
Les CCP sont un ensemble de pratiques fondées sur des preuves scientifiques utilisées dans les contextes correctionnels pour améliorer les résultats des personnes sous surveillance, tant en milieu carcéral qu’en supervision communautaire (probation ou libération conditionnelle).
Elles s’inscrivent dans un cadre plus large de pratiques basées sur des preuves, visant à réduire la récidive en favorisant des relations thérapeutiques efficaces et en appliquant des techniques cognitivo-comportementales.
Une source clé, un rapport du Bureau of Justice Assistance (BJA) du département de la Justice des États-Unis, évalue l’application des CCP dans le programme West Virginia Offender Reentry Initiative (WVORI), en se concentrant sur les services de pré-libération et leur conformité aux pratiques efficaces. Les CCP sont décrites comme enracinées dans les caractéristiques du personnel et les relations staff-détenus, ayant un impact significatif sur la réduction de la récidive.
Composantes des CCP
Les CCP incluent cinq dimensions principales, telles que détaillées dans le rapport BJA et corroborées par des études comme celles de Dowden et Andrews (2004).

La première composante des CCP est l’utilisation efficace de l’autorité et peut être résumée de manière convaincante comme une approche « ferme mais juste » pour interagir avec les délinquants. Plus précisément, les fournisseurs de traitements correctionnels devraient expliciter les règles formelles associées au milieu correctionnel de manière à les rendre plus visibles, compréhensibles et non ambiguës dans leur application. En outre, les prestataires de traitement doivent chercher à faire respecter ces règles par le biais d’un renforcement positif tout en évitant la domination interpersonnelle ou les abus.

La deuxième composante des CCP implique que les prestataires de traitement modèlent et renforcent de manière appropriée les attitudes et les comportements anticriminels par un renforcement positif et/ou négatif directif. L’objectif sous-jacent de cette approche est que les délinquants apprennent des modèles d’attitudes, de cognitions et de comportements prosociaux et anticriminels grâce à leurs interactions régulières avec le personnel de première ligne. Cette composante est largement basée sur la perspective du renforcement personnel, interpersonnel et communautaire (PIC-R) du comportement criminel développée par Andrews (1982). Selon cette perspective, la probabilité qu’un individu adopte un comportement criminel dépend directement des modes de communication ou des types de comportement qui sont modélisés, répétés et renforcés pour le délinquant. En d’autres termes, les délinquants doivent avoir un comportement et/ou des sentiments anticriminels modélisés et renforcés de manière appropriée pour que le traitement correctionnel soit efficace. Les membres du personnel qui renforcent ou ne contrecarrent pas les sentiments ou les comportements procriminels compromettent gravement l’intégrité des efforts de réadaptation et peuvent même accroître la récidive criminelle.

La troisième composante des CCP consiste à enseigner au délinquant des techniques concrètes de résolution des problèmes. Il s’agit de tirer parti des connaissances et des compétences du prestataire de traitement pour amener le délinquant à résoudre les principaux obstacles qui entraînent une diminution des niveaux de satisfaction et de récompense pour les activités non criminelles. Ces efforts de résolution de problèmes peuvent être mieux classés dans deux sphères d’influence, à savoir les problèmes communautaires/interpersonnels (travail, famille, éducation, pairs, financement et logement) et les problèmes récréatifs ou personnels/émotionnels.

L’utilisation efficace des ressources communautaires est la quatrième composante majeure des CCP. Elle est également communément désignée sous le nom de défense des intérêts/intermédiation (advocacy/brokerage) et est considérée comme un sous-ensemble particulier de la composante de résolution des problèmes des CCP. Le prestataire de traitement (ou plus souvent l’agent de probation) doit participer activement à la mise en place des services correctionnels les plus appropriés (c’est-à-dire l’orientation vers un emploi ou un service médical) pour le client. Il convient toutefois de noter que la valeur de ces services dépend de la mesure dans laquelle ils sont disponibles dans la communauté environnante.

La cinquième et dernière composante des CCP, les facteurs relationnels, est sans doute la plus importante. Essentiellement, cette approche soutient que l’influence interpersonnelle exercée par le membre du personnel correctionnel est maximisée dans des conditions caractérisées par une communication ouverte, chaleureuse et enthousiaste. Une considération tout aussi importante est le développement d’un respect mutuel et d’une sympathie entre le délinquant et le membre du personnel correctionnel. Cette approche affirme que les interventions correctionnelles seront plus efficaces lorsque ces types de relations existent au sein du programme de traitement.

Il convient de noter que l’utilité thérapeutique de cette dimension est étayée par la littérature sur la psychothérapie, où elle est qualifiée de capacité à favoriser une alliance thérapeutique. Dans une étude récente, Lambert et Barley (2001) ont constaté que jusqu’à 30 % de l’amélioration des patients était attribuable à ces facteurs, ce qui appuie son application dans le domaine du traitement correctionnel. » Dowden & Andrews 2004

Autre description des CCP dans la prise en charge des mineurs (Youth Justice Board (2013) A retrouver dans l’ouvrage : Evidence-Based Skills in criminal Justice)

Modélisation prosociale:

  • Modélisation d’attitudes et de comportements prosociaux à l’aide de jeux de rôle adaptés afin d’encourager les jeunes à apprendre de nouveaux comportements.
  • Utiliser des modèles d’adaptation pour montrer de manière vivante aux jeunes les stratégies prosociales qui peuvent être utilisées pour faire face à des situations problématiques.
Renforcement efficace:

  • Utiliser des renforcements positifs tels que les valorisations et les récompenses pour renforcer un comportement prosocial spécifique, plutôt que d’utiliser des mesures punitives.
  • Offrir des renforcements clairement décrits et un soutien accru immédiatement après que le jeune ait adopté le comportement souhaité.
  • Encourager le jeune à réfléchir aux raisons des renforcements et aux avantages à long terme du comportement souhaité.
Désapprobation efficace: 

  • Remettre en question une attitude ou un comportement antisocial spécifique en manifestant sa désapprobation sans porter de jugement ou d’accusation.
  • Montrer sa désapprobation d’une manière non culpabilisante immédiatement après un comportement ou un discours négatif et en expliquant les raisons de la désapprobation.Modéliser des alternatives prosociales et encourager le jeune à réfléchir aux raisons pour lesquelles le comportement est inacceptable et sur les conséquences à long terme d’un tel comportement.
  • Cesser la désapprobation une fois que le comportement est corrigé et en approuvant l’effort du jeune pour changer de comportement.
Résolution de problèmes:

  • Travailler avec les jeunes pour les aider à acquérir des compétences en matière de résolution de problèmes ou des compétences sociales pour faire face à divers problèmes ou situations qui les exposent à un risque de délinquance. Il s’agit de l’identification des problèmes qui affectent le comportement, d’identifier et d’évaluer les objectifs et les solutions, et de concevoir, de mettre en œuvre et d’évaluer un plan d’action clair (sans critiquer le jeune à aucun moment).
  • Utile pour aider les jeunes à se rendre compte qu’ils ont les compétences d’identifier leurs objectifs et de résoudre leurs problèmes. Cela peut leur donner un sentiment de force personnelle, de contrôle et d’autodétermination, autant d’éléments considérés comme des dimensions clés de la désistance (voir, par exemple, Maruna et LeBel  2010 ; McNeill, 2006).
Renforcement des compétences prosociales (à l’aide de procédures structurées):

  • Une partie du processus consistant à aider les jeunes à acquérir des compétences en matière de résolution de problèmes consiste à travailler en collaboration avec le jeune pour identifier et mettre en pratique de nouvelles compétences prosociales.
  • Cela implique de définir clairement la compétence pour le jeune, de modéliser la compétence, utiliser le jeu de rôle pour encourager le jeune à pratiquer les compétences dans plusieurs scénarios, y compris des scénarios qui deviennent de plus en plus difficiles à gérer pour le jeune de manière prosociale.
  • Cela aide le jeune à acquérir des compétences prosociales pour répondre à des situations problématiques. Un retour d’information et des recommandations d’amélioration doivent également être proposés.
Utilisation efficace de l’autorité:

  • Se concentrer sur le comportement du jeune plutôt que sur le jeune, en donnant des directives claires, en utilisant une voix normale plutôt qu’une voix intimidante ou élevée, en clarifiant les rôles et en maintenant un équilibre adéquat entre dimensions d’attention et de contrôle de la pratique, en étant encourageant, fiable et orienté vers l’action, respectueux même lorsque des problèmes de respect des règles se posent, récompensant et louant le respect des règles.
Restructuration cognitive:

  • Encourager le jeune à identifier et à décrire les situations qui déclenchent des pensées, des sentiments et des émotions à risque, qui pourraient donner lieu à des comportements délinquants.
  • Encourager le jeune à acquérir les compétences nécessaires pour les remplacer par des pensées alternatives rationnelles et prosociales.
  • Offrir au jeune la possibilité de mettre en pratique les compétences qu’il est en train d’acquérir.
Pratiques relationnelles:

  • Être optimiste quant à la capacité du jeune à obtenir un changement positif; faire preuve de respect, d’empathie, de chaleur, d’enthousiasme, de flexibilité et d’engagement à fournir de l’aide et du soutien ;
  • être axé sur la recherche de solutions;
  • faire preuve de maturité ;
  • montrer sa capacité à utiliser des jeux de rôle pour modéliser un comportement prosocial ;
  • se concentrer sur les solutions et non sur les problèmes;
  • ne pas porter de jugement.
  • De bonnes relations de travail sont considérées comme vitales pour la désistance.
L’entretien motivationnel: 

  • Pratique centrée sur le client impliquant une bonne relation de supervision qui engage le jeune, en suscitant la motivation à changer en utilisant des questions évocatrices et d’autres pour mettre en évidence les divergences entre l’état actuel et l’état souhaité, en utilisant des techniques de questionnement plutôt que de confrontation pour contrer la résistance, en aidant le jeune à développer son efficacité personnelle et en faisant preuve d’empathie.
Communication interinstitutionnelle /utilisation des ressources communautaires:

  • Offrir des services de défense et d’intermédiation en facilitant l’accès aux services d’aide sociale qui peuvent aider à résoudre les problèmes liés à la toxicomanie, les problèmes socio-économiques et les problèmes liés à l’abus de substances, les problèmes socio-économiques tels que les difficultés liées à l’éducation, au logement et à l’emploi, ainsi que d’autres problèmes connexes. (Voir Andrews et Kiessling, 1980 ; Miller et Rollnick, 2012 ; Dowden et Andrews, 2004 ; Lipsey, 2009 ; Gendreau et al, 2010)
Évaluation et Mesures des CCP
Les CCP sont souvent évaluées à travers des échelles et des indicateurs spécifiques pour mesurer leur adhérence et leur efficacité. Le rapport BJA fournit des données détaillées à partir d’une enquête auprès des détenus, avec des corrélations entre les perceptions des CCP et la préparation à la libération. Voici un tableau des mesures composites et leurs corrélations (Pearson’s R) avec la préparation à la libération, extrait du rapport :
Mesure Composite des CCP
Corrélation de Pearson (R)
Valeur p
Utilisation de stratégies de développement de compétences et de résolution de problèmes
.262
<.001
Modélisation et renforcement appropriés
.188
<.001
Qualité des relations interpersonnelles
.177
<.001
Utilisation efficace des ressources communautaires
.166
<.001
Engagement du personnel
.157
<.001
Utilisation efficace de l’autorité
.190
<.001
Discipline ferme mais juste
.156
<.001
Échelle de respect
.183
<.001
Échelle de jeu de rôle/répétition
.322
<.001
Échelle de compétence du personnel
.135
<.001
Échelle d’ouverture
.183
<.001
Échelle de structure
.183
<.001
Échelle de développement des compétences cognitives
.261
<.001
Échelle de modélisation
.165
<.001
Échelle de résolution de problèmes
.215
<.001
Échelle de confiance
.180
<.001
Échelle de renforcement efficace
.145
<.001
Échelle d’avocatie ou de mise en relation
.166
<.001
Échelle de désapprobation efficace
.145
<.01
Échelle de domination interpersonnelle
-.116
<.001
Ces corrélations montrent que les CCP, en particulier le jeu de rôle/répétition (.322, p<.001), sont fortement associées à une meilleure préparation à la libération, soutenant l’idée que leur adhérence améliore les résultats de réinsertion.
Impact et Mise en Œuvre
  • Une étude montre que les CCP améliorent la qualité de l’environnement carcéral et augmentent les chances de succès lors de la réinsertion (Use of Core Correctional Practice and Inmate Preparedness for Release). Par exemple, dans le cadre du WVORI (West Virginia’s Offender Reentry Initiative), 56,9 % des détenus ont suivi un cours d’orientation à la libération conditionnelle, mais seulement 12,9 % ont examiné leur plan de suivi dans les 90 jours précédant une possible libération. Ces chiffres soulignent des lacunes dans l’application, avec moins de 10 % des détenus recevant des informations sur les fournisseurs de services communautaires.
  • Etudes d’impact dans l’ouvrage Evidence based skills in Criminal Justice:

 

« Les CCP sont associés à une réduction de l’attrition, à un plus grand engagement des utilisateurs des services et à une réduction des taux de récidive (Dowden et Andrews, 2004 ; Lipsey, 2009 ; Trotter et Evans, 2012 ; Trotter, 2013 ; Raynor et al, 2014 ; Trotter et al, 2015). Comme le notent Latessa et ses collègues (2013) : « Ces CCP ont été validés sur plus de 700 programmes individuels pour adultes et mineurs en corrélant les scores avec la récidive des délinquants » . Ils ont été introduits pour la première fois par Andrews et Kiessling (1980), mais ont été développés par Gendreau et Andrews (1989) dans une version antérieure du CPAI, et le tableau ci dessous présente la version développée. La section G du CPAI-2010 évalue l’utilisation de toutes les CCP énumérées dans le tableau, à l’exception de la communication inter-agences/utilisation des ressources communautaires, qui est évaluée à l’aide de la section H du CPAI-2010. La plupart des CCP énumérées dans le tableau sont implicitement inscrites dans les compétences et connaissances actuelles de la justice des mineurs. dans la matrice actuelle des compétences et des connaissances en matière de justice de la jeunesse publiée par le Youth Justice Board (2013), qui stipule que les compétences devraient être utilisées pour évaluer les besoins de développement professionnel et de formation du personnel.

Les compétences ont également été conservées dans la dernière matrice (Youth Justice Board, 2016).

A notre connaissance, aucune autre étude n’a exploré l’utilisation de ces compétences dans le cadre de la justice pour mineurs en Angleterre et au Pays de Galles. dans d’autres juridictions ont montré que les CCP fondés sur des preuves ne sont pas systématiquement utilisées dans la pratique. Dowden et Andrews (2004) ont constaté que les CCP étaient «rarement » utilisés dans les programmes ou interventions dans leur méta-analyse. Ils ont constaté que l’utilisation des CCP n’était présente que dans 16% des études portant sur des interventions impliquant des gestionnaires de cas, et ils ont conclu que « la majorité des programmes qui ont incorporé des CCP dans leurs programmes sont des programmes d’intervention » : La majorité des programmes qui intégraient des éléments de CCP étaient associés à des tailles d’effet moyennes substantiellement plus élevées que les programmes qui n’en intégraient pas » . Dowden et Andrews (2004) ont également constaté que, parmi les quelques programmes qui utilisaient les dimensions des CCP, la plupart parvenaient à réduire considérablement la récidive par rapport aux programmes qui n’utilisaient pas les CCP, en particulier si les CCP étaient utilisées parallèlement aux principes Risque-Besoins-Receptivité (voir également Robinson et al, 2012). Des études récentes montrent également que les utilisateurs de services supervisés par des praticiens qui appliquent les CCP pendant la supervision de routine tendent à réduire les taux de recondamnation dans les contextes de supervision des adultes (Bonta et al, 2008 ; Raynor et al, 2014 ; Chadwick et al, 2015) et dans des contextes de justice pour mineurs (Trotter 2013, 2015). »

Défis et Controverses
Malgré leurs bénéfices, la mise en œuvre des CCP peut varier selon les contextes institutionnels et culturels. Des études, comme celle sur l’initiative WVORI, indiquent que de nombreux détenus perçoivent une faible qualité des relations interpersonnelles avec le personnel, ce qui limite l’efficacité des CCP. De plus, des défis liés à la formation et à l’allocation de ressources peuvent entraver leur application, avec des débats sur la meilleure manière de standardiser leur utilisation à travers différents systèmes correctionnels.
Conclusion
Les Correctional Core Practices sont un cadre essentiel pour améliorer l’efficacité des interventions correctionnelles et réduire la récidive. Leur application nécessite une formation adéquate du personnel, une évaluation régulière et une attention particulière aux relations staff-détenu. Au 30 avril 2025, leur impact est bien documenté, mais des efforts continus sont nécessaires pour surmonter les défis d’implémentation et maximiser leur potentiel.

GUIDE D’ÉVALUATION DE LA QUALITÉ pour les rapports présentenciels (Gelsthorpe, Raynor and Tisi, 1992)

In Peter Raynor, David Smith, Maurice Vanstone (1994) – Effective Probation Practice-Macmillan Education UK

« Au cours de l’été 1992, dans les dernières semaines avant la mise en œuvre de la loi sur la justice pénale, le Home Office a commandé une étude sur ces questions dans l’espoir qu’une approche nationale cohérente de l’assurance qualité puisse être développée, et l’un des auteurs y a participé (Gelsthorpe, Raynor et Tisi, 1992).
Cette étude comprenait une vaste enquête sur les systèmes de contrôle et de suivi de la qualité appliqués par les services de probation aux rapports d’enquête sociale, ou développés par eux en vue de l’introduction imminente des rapports pré-sentenciels, et a révélé une grande diversité de systèmes utilisés, allant de très sophistiqués à des systèmes disparates et idiosyncrasiques. Il y avait peu de signes d’une approche commune entre les services de probation, sauf lorsque plusieurs services avaient adopté indépendamment des dispositifs similaires, comme les échelles de ‘risque de détention’, et même celles-ci étaient souvent utilisées de manière variable et étaient en tout cas pour la plupart destinées à être remplacées par des échelles de ‘gravité’. Dans certaines régions, des procédures et des critères très différents étaient utilisés, même dans des équipes voisines, avec parfois très peu de liens ou de cohérence avec les critères ou les processus au niveau du comté. L’équipe de recherche est arrivée à la conclusion qu’un système plus cohérent basé sur une gamme plus complète de critères avec, si possible, une base empirique plus claire serait préférable, et le Guide d’évaluation de la qualité  a été développé et testé en tant qu’approche à cet égard.

Dans l’avenir, il sera peut-être possible de constituer une base de données utile sur le contrôle de la qualité des rapports préalables à l’exécution des peines en utilisant des méthodes et des critères comparables, de manière à pouvoir évaluer, par exemple, l’impact des normes nationales sur la pratique ; toutefois, au moment de la rédaction de ce document, ce type de travail n’en est qu’à ses débuts et il reste encore beaucoup de recherches à effectuer.
Ce qui est clair, cependant, c’est que grâce à une approche empirique de la pratique, la qualité des rapports adressés aux tribunaux peut désormais être, dans une certaine mesure au moins, identifiée et mesurée par des critères cohérents qui trouvent leur origine dans une bonne pratique du travail social et dans une compréhension de la fonction du rapport dans le processus de la justice pénale. Ces méthodes d’évaluation peuvent être utilisées dans le cadre de la formation et du suivi, et certains éléments indiquent qu’elles peuvent désormais être liées aux perceptions des personnes condamnées et à l’efficacité des rapports ».

Evaluation_rapport_presentenciel

FRANCE CULTURE (émission les pieds sur terre, 2025) « Je vous appelle depuis la prison d’Evin »

Détenu par la République islamique d’Iran depuis le 12 octobre 2022, Olivier Grondeau a été libéré jeudi 20 mars 2025. Nous avions commencé un dialogue avec lui, il y a quelques mois, où il nous racontait son arrestation, son procès et ses conditions de détention.

Cela faisait deux ans et cinq mois qu’Olivier Grondeau était détenu en Iran. Depuis la prison d’Evin à Téhéran, il imaginait ses premiers jours de liberté. « Ce dont je rêve, c’est d’entrer dans une petite pièce, de fermer la porte derrière moi, et d’être seul. »

Nous nous entretenions avec lui par téléphone depuis un peu moins de trois mois. Olivier Grondeau avait décidé d’intervenir dans les médias pour exiger sa libération ainsi que celle de Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus, eux aussi, en Iran. Ces entretiens ont été aussi l’occasion pour lui de raconter son histoire. « Quand j’ai été arrêté, j’avais 31 ans. J’ai voyagé pendant des années d’Europe en Asie, presque toujours par la route, en traversant la Turquie, le Caucase, l’Iran et le sous-continent indien. […] J’étais parti en Inde à l’été 2014, et le voyage s’est transformé en un mode de vie qui me convenait. »

« Ces messieurs désiraient voir ma chambre, c’étaient des gens des services de renseignement »

C’est en Iran qu’il est arrêté. « C’était le matin du 12 octobre 2022 à Shiraz, grande ville du sud de l’Iran. J’étais sur le pas de ma porte, devant ma chambre, à l’auberge de jeunesse. Ça faisait une dizaine de jours que j’étais installé là-bas. Un matin, j’avais la mousse du dentifrice dans la bouche et il y avait quatre mecs en chemise qui tournaient sur la terrasse sur laquelle donnait ma chambre. Moi, je les ai pris pour des touristes au début. »

Sans beaucoup plus d’explication, Olivier Grondeau est escorté hors de l’auberge de jeunesse. « On est sorti de la chambre, ils m’encadraient, les quatre. On a traversé la terrasse où les touristes, les clients de l’hôtel commençaient à s’installer pour prendre leur petit-déjeuner. Je n’arrivais même pas à parler. Je voulais leur dire ‘mon prénom, c’est ça, je suis français, j’ai une ambassade, appelez-les’, mais j’étais tétanisé, donc j’ai rien dit. On a traversé la rue, il y avait leur voiture qui nous attendait. On est parti des petites ruelles du centre-ville, on a gagné le boulevard. À ce moment-là, ils m’ont tendu un bandeau. »

Dans les locaux des services de renseignement, menotté, il est interrogé. « On m’a demandé une sorte de résumé biographique. Tout ça, c’était en anglais. Après mes études, après mon métier, on en est arrivé à la période des voyages. Les questions se sont fait un petit peu plus précises. Ils m’ont demandé d’écrire une liste exhaustive de tous les pays dans lesquels j’étais allé avec les dates. Vous avez la consigne expresse de surtout ne pas vous retourner si jamais vous n’avez pas les yeux bandés. »