FEDERAL PROBATION JOURNAL, TAFRATE, MITCHELL, MACKEY, APPELTON, WALTERS, LEE, FAYE (dec 2021) Surfer sur les trois vagues de la TCC dans le cadre des suivis de probation en milieu ouvert
Raymond Chip Tafrate, PhD, est psychologue clinicien et professeur au département de criminologie et de justice pénale de la Central Connecticut State University. Il est membre et superviseur de l’Albert Ellis Institute à New York City, NY, et membre du Motivational Interviewing Network of Trainers (réseau de formateurs à l’entretien motivationnel). Il consulte fréquemment des agences et des programmes de justice pénale sur des problèmes difficiles à changer tels que la dysrégulation de la colère et le comportement délinquant. Il est coauteur de nombreux ouvrages et a présenté ses recherches dans toute l’Amérique du Nord, l’Europe, l’Asie et l’Australie. Il est coauteur, avec Howard Kassinove, d’un classique de l’auto-assistance, Anger Management for Everyone (La gestion de la colère pour tous).
Damon Mitchell est psychologue agréé et professeur associé au département de criminologie et de justice pénale de la Central Connecticut State University.
Ses recherches ont été publiées dans diverses revues de psychologie et de justice pénale, notamment International Journal of Offender Therapy and Comparative Criminology, Journal of Criminal Justice, Federal Probation, Journal of Sex Research et Journal of Interpersonal Violence.
Extrait:
La THÉRAPIE COGNITIVO-COMPORTEMENTALE et ses techniques (TCC) sont considérées comme fondées sur des preuves dans le domaine de la justice pénale (ainsi qu’en psychologie, en travail social et dans la plupart des professions d’aide). En 1990, Andrews et ses collègues ont constaté que les programmes correctionnels qui utilisaient la TCC réduisaient davantage la récidive que ceux qui utilisaient d’autres approches thérapeutiques. Cette constatation a été reprise dans de nombreuses méta-analyses qui résument la littérature « what works » (voir Cullen & Jonston, 2012 ; Landenberger & Lipsey, 2005 ; Sherman et al., 1997). La reconnaissance de l’efficacité de la TCC en milieu correctionnel a conduit à l’intégration d’approches fondées sur la TCC dans la surveillance communautaire. L’adaptation de la TCC au travail des agents correctionnels communautaires (agents de probation en milieu ouvert) a contribué à un certain nombre d’initiatives spéciales qui soulignent l’importance des pratiques correctionnelles centrales (CCP) (voir EPICS, Smith et al., 2012 ; PCS, Taxman, 2008 ; STARR, Lowenkamp et al., 2014 ; STICS, Bonta et al., 2021 ; SUSTAIN, Toronjo, 2020). Actuellement, la TCC est reconnue par le National Institute of Corrections comme faisant partie de ses huit principes de réduction de la récidive (https://nicic.gov/implementing-evidence-basedpractice-community-corrections-principleseffective-intervention ).
Malgré son efficacité auprès des populations médico-légales (c’est-à-dire impliquées dans le milieu pénal), la mise en œuvre de la TCC dans les services pénitentiaires en milieu ouvert est complexe. Les agents de probation (CPIP) qui utilisent ces techniques doivent connaître (1) la pensée criminogène et les autres facteurs de criminalité future, (2) les théories comportementales, cognitives et d’apprentissage social, et (3) les techniques de communication efficaces. La mise en œuvre des techniques de TCC exige des CPIP qu’ils assument le rôle de gestionnaire du comportement et/ou d’agent de changement, les entretiens nécessitent des jeux de rôle et la mise en pratique des compétences, et la planification des cas implique une stratégie de réduction de la récidive centrée sur les changements dans la pensée et le comportement du client. Cela peut être très différent des approches traditionnelles qui se concentrent sur le « contrôle » et la surveillance des exigences imposées par le tribunal. Une fois les agents formés, les agences se débattent avec des stratégies pour s’assurer que les compétences nouvellement acquises en matière de TCC sont intégrées dans la pratique de routine et deviennent la nouvelle norme pour la planification des cas et les entretiens réalisés dans le service. Une autre difficulté réside dans le fait qu’il peut être difficile de définir le concept nébuleux de TCC, en particulier en ce qui concerne l’assortiment d’activités que les agents de probation peuvent incorporer dans leurs rendez-vous avec les personnes. Dans cet article, nous passons en revue les trois vagues historiques distinctes de la TCC, nous décrivons les activités de chaque vague que les agents de probation peuvent utiliser pour aider les clients à changer les schémas de pensée et de comportement susceptibles de conduire à la délinquance, et nous donnons quelques conseils pour intégrer les activités de la TCC dans entretiens en milieu ouvert.
(…)
Conclusion
La TCC est un grand parapluie qui contient différentes façons d’envisager le changement. Nous avons passé en revue trois vagues historiques qui clarifient les principes sous-jacents des approches de la TCC et fournissent des exemples de la manière dont elles peuvent se présenter dans un contexte de probation. Chaque vague comprend plusieurs interventions de TCC ; il n’est pas nécessaire de s’en tenir à une seule approche de TCC. Elles peuvent être utilisées en parallèle ou combinées à d’autres approches thérapeutiques (par exemple, l’entretien motivationnel). Une fois que les CPIP se sont familiarisées avec les différentes techniques de TCC, elles peuvent être dispensées de manière flexible; la TCC n’a pas besoin d’être trop manualisée. Les interventions des différentes vagues peuvent être combinées ; cependant, nous recommandons d’introduire progressivement les différentes techniques au cours de plusieurs rendez-vous (en faire trop au cours d’une seule rencontre peut diluer les effets escomptés de n’importe quelle intervention).
La migration des techniques de TCC du domaine de la santé mentale vers les entretiens en probation est un phénomène relativement nouveau. Les adaptations actuelles de la TCC aux services correctionnels en milieu ouvert reposent sur les fondements des trois vagues théoriques discutées dans cet article. Bien que la probation axée sur la TCC en soit encore à ses débuts, les techniques continueront d’être adaptées et affinées pour réduire le comportement délinquant et améliorer les résultats de la probation. Lorsque les agents comprendront les avantages des différentes approches de la TCC, ils seront mieux à même de choisir les techniques spécifiques qui seront les plus bénéfiques pour leurs clients.
FEDERAL PROBATION JOURNAL (2022) L’usage et l’abus de substances chez les personnes sous main de justice : Directives pour la pratique des agents de probation
Scott T. Walters, PhD en psychologie clinique, est professeur de santé comportementale et communautaire à l’école de santé publique du centre des sciences de la santé de l’université du Texas du Nord. Ses recherches portent sur l’utilisation de l’entretien motivationnel et d’autres interventions brèves pour aider les gens à modifier leur consommation de substances psychoactives et d’autres comportements problématiques.
Le Dr Walters, qui a publié de nombreux ouvrages, a été consultant pour plusieurs agences ; il intervient fréquemment devant des groupes universitaires, communautaires et médicaux ; il a reçu des prix nationaux et internationaux pour son travail d’intégration de la recherche et de la pratique.
Extrait:
Que doit savoir le personnel de probation sur l’usage et le mésusage de substances psychoactives?
Un trouble lié à l’usage de substances (TUS) est un mode de consommation d’alcool ou de drogues qui entraîne des déficiences ou des problèmes importants. Bien entendu, toutes les personnes qui consomment des substances ne développent pas forcément un trouble lié à l’usage de substances. Le nombre de personnes qui consomment une substance et qui développent ensuite un TUS est appelé « dépendance conditionnelle ». En moyenne, environ 12 % des personnes qui consomment une substance au moins une fois développeront un TUS, certaines substances (par exemple, l’alcool, la marijuana) ayant des taux de dépendance conditionnelle plus faibles, et d’autres substances (par exemple, la cocaïne, l’héroïne) ayant des taux un peu plus élevés (Lopez-Quintero et al., 2011). L’héroïne et la cocaïne semblent également avoir la progression la plus rapide de la consommation initiale vers un TUS (0-4 mois), tandis que le cannabis et l’alcool prennent souvent plus de temps pour évoluer vers un TUS (1-6 ans et 3-15 ans, respectivement) (Lopez-Quintero et al., 2011). Comme la consommation de substances elle-même, les TUS peuvent aller d’un TUS relativement bénin qui peut être traité par de brefs conseils à un TUS très grave qui peut nécessiter de recourir à des services d’hospitalisation intensifs. C’est l’une des raisons pour lesquelles il est important d’utiliser un outil de dépistage fondé sur des données probantes qui mesure l’usage récent de substances, plutôt que de se fier à des évaluations du risque/besoin criminogène qui mesurent des comportements plus généraux ou un usage de substances qui s’est produit il y a longtemps.
Les TUS sont plus fréquents chez les hommes, les jeunes, les personnes à faible revenu, les chômeurs, les personnes qui ont commencé à consommer des substances à un âge précoce et qui souffrent de certains troubles mentaux (Chen, O’Brien et Anthony, 2005). Dans une enquête nationale, environ 20% des hommes en probation souffraient de troubles liés à la consommation de drogues, 30 % de troubles liés à la consommation d’alcool et 40 % d’un quelconque TUS (données de la Substance Abuse and Mental Health Services Administration, 2014). Dans une autre enquête, environ la moitié des hommes en probation avaient besoin d’un traitement l’addiction, mais seulement un quart d’entre eux ont effectivement reçu un traitement au cours d’une année donnée (K. E. Moore et al., 2019 ; Perry et al., 2015).
Que doit savoir le personnel de probation sur la consommation et l’abus de substances dans le système judiciaire pénal?
Les personnes qui consomment des substances sont beaucoup plus susceptibles d’avoir affaire à la justice (Dellazizzo et al., 2020 ; Hayhurst et al., 2017 ; T. M. Moore et al., 2008 ; Yukhnenko, Blackwood, & Fazel, 2020). Par exemple, près de 40 % des détenus fédéraux et d’État ont déclaré avoir consommé des drogues et 30 % avoir bu de l’alcool au moment de leur infraction (Maruschak, Bronson, & Alper, 2021), et près de la moitié d’entre eux avaient un trouble lié à l’utilisation de substances au cours des 12 mois précédant leur incarcération. La consommation de substances psychoactives est également le principal facteur de risque modifiable de récidive, suivi par les pairs antisociaux, les besoins en matière de santé mentale et les problèmes d’emploi (Yukhnenko et al., 2020). Plusieurs raisons expliquent le lien étroit entre la consommation de substances et la criminalité : les personnes sont plus susceptibles de commettre des crimes lorsqu’elles sont sous influence (p. ex. crimes violents, conduite en état d’ébriété) ; les personnes commettent souvent des crimes lorsqu’elles tentent d’obtenir des substances (p. ex. vols, crimes financiers) ; et les personnes peuvent acheter, vendre ou posséder directement des substances illégales (p. ex. possession, distribution). Lorsqu’elles sont sous surveillance, les personnes qui consomment des substances peuvent avoir plus de mal à respecter leurs obligations professionnelles ou familiales, ou à satisfaire à d’autres exigences.
Points clés à retenir
La consommation de substances psychoactives est fréquente dans le système de justice pénale et est étroitement liée à la criminalité et à la récidive.
Votre agence doit dépister correctement l’usage de substances psychoactives et orienter vers un traitement approprié.
Les traitements fondés sur des données probantes comprennent l’entretien motivationnel, le traitement cognitif et comportemental, la gestion des contingences et, le cas échéant, le traitement médicamenteux.
Vous devez vous concentrer sur les raisons internes, orientées vers l’avenir, qui poussent les personnes à terminer leur probation, afin de faciliter un changement à long terme.
Vous devez utiliser des stratégies motivationnelles et cognitivo-comportementales pour soutenir les concepts de traitement fondés sur des preuves.
Vos interactions avec un probationnaire ouvrent la voie à une bonne relation de travail et à un changement positif.
TAFRATE & MITCHELL (2022) La pensée criminogène chez les personnes sous-main de justice : Guide pratique pour le personnel de probation (FEDERAL PROBATION (juin 2022) Volume 86, N°1)
Raymond Chip Tafrate, PhD, est psychologue clinicien et professeur au département de criminologie et de justice pénale de la Central Connecticut State University. Il est membre et superviseur de l’Albert Ellis Institute à New York City, NY, et membre du Motivational Interviewing Network of Trainers (réseau de formateurs à l’entretien motivationnel). Il consulte fréquemment des agences et des programmes de justice pénale sur des problèmes difficiles à changer tels que la dysrégulation de la colère et le comportement délinquant. Il est coauteur de nombreux ouvrages et a présenté ses recherches dans toute l’Amérique du Nord, l’Europe, l’Asie et l’Australie. Il est coauteur, avec Howard Kassinove, d’un classique de l’auto-assistance, Anger Management for Everyone (La gestion de la colère pour tous).
Damon Mitchell est psychologue agréé et professeur associé au département de criminologie et de justice pénale de la Central Connecticut State University.
Ses recherches ont été publiées dans diverses revues de psychologie et de justice pénale, notamment International Journal of Offender Therapy and Comparative Criminology, Journal of Criminal Justice, Federal Probation, Journal of Sex Research et Journal of Interpersonal Violence.
Résumé
Face aux défis et aux luttes de la vie chacun peut avoir envie de stimulations, de se trouver des excuses à une mauvaise conduite, ou de ne pas prendre suffisamment en considération l’impact de ses actions sur la souffrance d’autrui. Pour certaines personnes, ces schémas deviennent de plus en plus fréquents et automatiques, préparant le terrain pour les décisions qui sont susceptibles de conduire à un comportement criminel, de causer du tort à soi-même et à autrui, et de créer un cycle d’implication dans la justice. En reconnaissant et en évaluant les schémas de pensée criminogènes lorsqu’ils apparaissent dans le cadre d’un suivi de probation, il y a une possibilité de réduire un facteur de risque important. Il s’agit d’un processus qui implique d’aborder directement (mais sans porter de jugement), en portant à la conscience des clients ces schémas destructeurs et d’utiliser des techniques cognitivo-comportementales pour affaiblir les pensées criminogènes qui précèdent les mauvaises décisions, tout en renforçant la pensées prosociales qui précèdent les meilleures décisions. Comme les schémas de pensée criminogènes sont susceptibles d’exister depuis longtemps et d’avoir une longue histoire de renforcement, les modifier est un processus graduel. De même, le renforcement des schémas de pensée plus sains prendra du temps, car les clients font l’expérience du réinvestissement dans le monde réel de nouvelles façons de penser. Ainsi, intervenir sur la pensée criminogène se fait au cours de de tout le suivi plutôt qu’au cours d’un ou deux rendez-vous.
Cours en ligne gratuit sur la Gestion des conflits (Centre Suisse de Compétence en matière d’exécution des Sanctions Pénales)
Profitez de ces programmes de cours assistés par ordinateur pour acquérir des connaissances efficacement, à n’importe quelle heure et n’importe quel endroit. Les cours en e-learning sont gratuits ; une fois l’inscription effectuée, ils sont accessibles à tout le monde, y compris à celles et ceux qui ne suivent pas de formation auprès du CSCSP actuellement.
Le cours montre comment il est possible de régler les conflits de manière active et constructive. Les participant·e·s se penchent sur leur propre comportement en cas de conflit et acquièrent des outils permettant de mieux comprendre et résoudre les conflits.
Structure : Ce cours en e-learning se compose de six modules d’environ 15 minutes chacun. Combiné à deux séquences en ligne d’une heure et demie chacune et d’une journée d’apprentissage en présentiel, il peut donner lieu à l’obtention d’un certificat pour une formation continue de deux jours sur le thème de la gestion des conflits.
Langues disponibles : français, allemand, italien
Durée : env. 120 minutes
À noter : Les contenus théoriques peuvent être approfondis en association avec deux séquences en ligne et une journée de cours en présentiel. Voir le programme de formation continue du CSCSP.
Film sur la Formation dans l’exécution des peines: Un film en trois épisodes, prenant le point de vue de trois enseignant·e·s, montre comment des cours sont donnés aux personnes incarcérées dans les établissements de détention. Le projet du film a été mis en œuvre par la Communication. Le tournage s’est déroulé dans la prison de Pfäffikon (Zurich), l’établissement pénitentiaire de Soleure et l’Établissement de détention fribourgeois (site de Bellechasse)
« Le stress est un tueur silencieux qui fait des ravages », a déclaré Sean Murphy, directeur adjoint du Department of Corrections (DOC). « Un agent pénitentiaire sur trois présente des symptômes de stress post-traumatique, un sur dix a envisagé de se suicider. Nous avons des taux élevés de toxicomanie ou de consommation de substances. Nous connaissons la mort environ 15 ans plus tôt que le grand public et ce sont là des statistiques effrayantes.
Prenant ces statistiques à cœur et constatant la nécessité d’un changement positif, en 2020, la département pénitentiaire de l’État de Washington s’est associée à AMEND, de l’Université de Californie à San Francisco, et des programmes pilotes sont actuellement en cours dans plusieurs établissements de l’État de Washington. Le personnel s’est rendu en Norvège et dans d’autres États, tels que l’Oregon et la Californie, qui travaillent également avec AMEND.
AMEND est un programme conçu par le personnel pour répondre aux besoins de chaque établissement. Il permet au personnel de trouver de nouvelles idées et de contribuer à l’amélioration de la vie des personnes dont il a la charge et la garde. Par exemple, un membre du personnel du Washington Corrections Center for Women (WCCW) a récemment soumis une idée pour un événement AMEND qui a rassemblé le personnel pour chanter des chants de Noël pour les personnes incarcérées (https://youtu.be/MOWrYHQ_1xI).
Aider les personnes incarcérées aide le personnel en donnant plus de sens à leur travail et en créant un environnement plus sûr dans les prisons en mettant l’accent sur la communication entre le personnel et les personnes incarcérées.
« Lorsque vous travaillez dans cet environnement, vous vous sentez mieux dans votre peau, vous aidez les autres au lieu d’avoir l’impression de les contrôler et de les punir », a déclaré Todd Dowler, directeur des ressources humaines au département pénitentiaire de Washington.
Mme Garcia n’est qu’une des nombreuses personnes qui se sont rendues en Norvège et qui ont vu leur vision de leur travail et de la manière dont elles pouvaient travailler avec des personnes incarcérées bouleversée. La réinsertion commence dès le premier jour », explique Kabrina Riley, sergent pénitentiaire au WCCW. « Les gens vont au tribunal pour être punis, ils viennent en prison pour devenir de meilleurs voisins. Je pense que c’est très puissant, car cela signifie que notre travail a un but. Nous ne sommes pas là uniquement pour enfermer les gens derrière des portes et leur servir de la nourriture. Nous sommes là pour avoir un effet positif sur la façon dont ils vont revenir dans la communauté ».
AMEND n’en est qu’à ses débuts à Washington et prévoit de s’étendre à l’avenir à d’autres établissements.
L’administration pénitentiaire de l’État de Washington (Washington State Department of Corrections (DOC) et Amend de l’Université de Californie à San Francisco (UCSF) ont lancé un partenariat en octobre 2020 afin de poursuivre les efforts visant à apporter de nouvelles améliorations prosociales dans le système pénitentiaire de l’État de Washington.
Une partie importante de la réalisation de la mission du DOC d’améliorer la sécurité publique en changeant positivement les vies est l’engagement à établir des partenariats avec d’autres organisations pour trouver activement des moyens de réaliser la mission. AMEND est une initiative visant à transformer la culture pénitentiaire afin d’améliorer la santé des personnes qui travaillent et vivent dans les prisons américaines.
Le partenariat du DOC avec AMEND vise à apporter une approche axée sur la santé en fournissant au personnel pénitentiaire des outils et des ressources supplémentaires, en mettant l’accent sur le bien-être du personnel tout en préparant les personnes incarcérées à devenir de meilleurs voisins lorsqu’ils retournent dans la société. En Norvège, la doctrine est la suivante : « les gens vont au tribunal pour être punis, ils vont en prison pour devenir de meilleurs voisins ». L’objectif de ce partenariat est d’inculquer cette même doctrine au sein du Département de l’administration pénitentiaire de l’État de Washington.
En coordination avec les services correctionnels norvégiens, AMEND à l’université de Californie a développé son programme comme un moyen de mettre en œuvre les principes norvégiens de normalité, de progression et de sécurité dynamique, axés sur la santé publique, dans les systèmes pénitentiaires à travers les États-Unis. Les formateurs d’AMEND rencontrent les principales parties prenantes, identifient les défis et les opportunités, et facilitent les changements structurels spécifiquement adaptés aux besoins d’un environnement particulier.
« Chez AMEND, nous reconnaissons que les prisons américaines ont eu un impact dévastateur sur la santé physique et mentale des personnes détenues et du personnel », a déclaré le Dr Brie Williams, directeur fondateur d’AMEND. « Cette initiative vise à améliorer la santé publique en aidant les responsables politiques et correctionnels à repenser l’objectif de la prison, à aider le personnel correctionnel à exiger davantage de lui-même et de sa profession, et à guider le personnel pour qu’il aide les personnes incarcérées à reconstruire leur vie pour le meilleur ».
Ce partenariat représente une première étape dans un effort commun visant à renforcer l’innovation et le leadership correctionnel de l’État de Washington. AMEND apporte une formation et une assistance technique au département pour soutenir la croissance d’environnements plus sains pour le personnel dans son travail quotidien et pour les individus qui se préparent à retourner auprès de leurs proches et à réintégrer la société.
Le partenariat a débuté par un programme de formation préliminaire introduisant des principes correctionnels axés sur la santé publique et centrés sur le bien-être du personnel, la normalisation (principe de normalité), la sécurité dynamique et la progression. Le partenariat s’est depuis étendu au développement de projets pilotes et de plans d’action dans les prisons et les centres de réinsertion de tout l’État. Les projets pilotes et les plans d’action seront créés par le personnel qui effectue le travail et seront à la fois individualisés et spécifiques à l’unité.
Le concept de normalité est que la punition est la privation de liberté, que personne ne devrait purger une peine dans des circonstances plus strictes que nécessaire et que la vie à l’intérieur de la prison doit ressembler autant que possible à la vie à l’extérieur, notamment en ce qui concerne les vêtements, la nourriture et les visites familiales lorsque cela est possible.
La meilleure façon d’assurer une sécurité dynamique est de faire en sorte que le personnel observe, interagisse et s’engage activement et fréquemment avec les personnes incarcérées afin de mieux les comprendre et les sensibiliser, et d’évaluer en permanence les risques et les besoins qui doivent encore être satisfaits.
La progression est la croyance selon laquelle les personnes devraient traverser l’incarcération en suivant un chemin progressif vers une plus grande liberté en même temps qu’une plus grande responsabilité. L’objectif est de faire passer les personnes d’un établissement de haute sécurité à un logement de transition, dans l’espoir qu’aucune d’entre elles ne passe directement d’un établissement de haute sécurité à la collectivité.
Les premiers domaines sur lesquels le partenariat avec AMEND se concentrera sont les suivants :
Formation de l’ensemble du personnel
Centres de réinsertion
Établissements pour femmes
Centre pénitentiaire de Stafford Creek
Centre pénitentiaire d’Olympic
Les principaux objectifs du partenariat sont les suivants:
Réduction du recours à la force (réactif et planifié)
Réduction des agressions commises contre le personnel et de la violence parmi les détenus
Réduction de l’utilisation des congés de maladie
Réduction du recours à l’isolement
Amélioration déclarée de la santé, du bien-être et de la satisfaction professionnelle du personnel
Amélioration de l’état de préparation des résidents à leur retour dans la communauté
Amélioration du bien-être des familles du personnel.
Que disent les employés du Département de la défense en réponse à la formation virtuelle initiale d’Amend ? « Je travaille dans l’administration pénitentiaire depuis plus de 25 ans. Depuis le premier jour, c’est une mentalité « nous contre eux ». Faire comprendre au personnel que les temps ont changé et que nos tactiques et notre formation ne semblent pas fonctionner. Mais ce cours montre que l’établissement de relations (actuellement taboues) avec les détenus peut en fait accroître l’efficacité de la sécurité. J’espère que tout le monde pourra s’en rendre compte ». – Lieutenant, établissement pour hommes
« C’est une excellente occasion d’apprendre et de créer une meilleure base pour le travail que nous continuons à faire. Nos statistiques sur la récidive sont lamentables et ce que nous avons fait jusqu’à présent n’accomplit pas ce que nous voulons, à savoir avoir un impact positif sur des vies. Il est temps d’avoir de nouvelles idées et de l’énergie ! » – Superviseur, centre de réinsertion
« Cette formation montre à quel point il est important d’avoir des interactions plus positives avec le personnel et les personnes incarcérées et comment réorienter les conversations pour qu’elles soient davantage axées sur les solutions. – Officier, établissement pour femmes
« Je suis très enthousiaste car changer des vies a toujours été l’une des principales raisons qui m’ont poussé à faire ce métier. – Sergent, centre de réinsertion
Le projet Amend est une fois de plus revenu dans l’État de Washington, où des agents pénitentiaires d’Oslo, en Norvège, sont venus visiter nos prisons dans le nord-ouest du Pacifique. Ils se sont notamment arrêtés au Mission Creek Corrections Center for Women, où ils se sont entretenus avec des agents pénitentiaires venus de différentes prisons de l’État de Washington pour les écouter. Le projet Amend vise à abolir les systèmes conçus pour infliger des préjudices et perpétuer l’inégalité d’accès à la santé et aux droits de l’homme. L’objectif est de réduire immédiatement les dommages et de préserver la dignité et le bien-être des personnes incarcérées et du personnel qui travaille à leurs côtés en prison.
Les officiers d’Oslo ont rencontré des officiers pour discuter de ce qui fonctionne pour eux. Ils ont réfléchi à de nombreux sujets et joué des scénarios pour donner aux participants une idée de la manière dont les interactions pourraient se dérouler. Cela a permis de créer un dialogue où les agents ont pu partager leurs opinions sur la manière de gérer correctement une situation stressante. Dans de nombreux cas, ces scénarios ont permis de prendre conscience de certaines choses. Les agents de Washington ont également pu raconter leur histoire et répondre aux questions de leurs pairs, alors qu’ils revenaient tout juste de visiter les installations d’Oslo.
Bien qu’Amend s’inspire du modèle carcéral norvégien, le programme n’a pas pour but de transformer le système carcéral américain en un clone de leur système. Il s’agit plutôt de rechercher et de partager les pratiques qui ont fait leurs preuves dans les établissements, puis de mettre en œuvre ces idées pour créer de meilleurs espaces de travail et de vie. Les visiteurs norvégiens ont également pu observer ce qui fonctionne bien aux États-Unis et partager ces informations avec les membres de l’équipe restés au pays. Le partage de ces idées contribue à créer une nouvelle ressource que les agents peuvent utiliser pour mieux s’occuper des populations incarcérées.
L’un des outils qui a fait ses preuves est l’intégration d’une plus grande interaction entre l’agent pénitentiare et le détenu. De nombreux détenus ont le sentiment que les agents ne se préoccupent pas personnellement de leur bien-être. Cela a creusé un fossé au sein d’une communauté déjà divisée entre « nous » et « eux ». En apprenant de nouvelles façons d’interagir avec les détenus, les agents peuvent contribuer à établir une relation plus personnelle avec eux. Ces relations peuvent ensuite se transformer en confiance, créant ainsi un environnement beaucoup plus paisible.
La Norvège a constaté que lorsqu’ils font preuve d’empathie avec les détenus, ils réduisent considérablement les conflits et le recours à la force. L’empathie est la capacité de comprendre et de partager les sentiments d’une autre personne. Bien qu’un agent ne sache pas vraiment ce que c’est que d’être incarcéré, il en a une idée très proche puisqu’il travaille tous les jours aux côtés de ceux qui le sont. La raison pour laquelle ils purgent une peine n’est pas importante. Le simple fait de comprendre qu’il s’agit de la situation dans laquelle ils se trouvent actuellement et de reconnaître à quel point elle peut être stressante aidera les agents à prendre des mesures supplémentaires pour traiter le problème à la source plutôt que de réagir une fois que le problème s’est aggravé.
Les agents reçoivent également une formation supplémentaire pour être plus attentifs aux comportements des personnes incarcérées.
Norway Trip Gives DOC Team Insight Into Amend Program (September 28, 2022)
La vie du personnel pénitentiaire norvégien a été améliorée par le traitement humain de l’auteur de l’un des crimes les plus odieux de l’histoire de la Norvège.
Cela peut sembler contre-intuitif ou simpliste, mais au sein de l’administration pénitentiaire norvégienne, le traitement des personnes incarcérées a un effet profond et réel sur le bien-être total de chaque personne travaillant dans une prison.
L’administration pénitentiaire norvégienne applique des principes et des politiques axés sur l’amélioration de la vie du personnel grâce au traitement humain des personnes incarcérées. Amend, de l’université de Californie à San Francisco, s’est associé à l’administration pénitentiaire norvégienne pour introduire ces principes dans les prisons américaines afin d’améliorer la vie de tous ceux qui travaillent et vivent ici dans ce système.
« L’impact est profond, non seulement sur le personnel, mais aussi sur leurs familles, les détenus et les bénévoles », a déclaré Chris Poulos, directeur des services centrés sur la personne au Département de l’administration pénitentiaire (DOC). « Il a un effet d’entraînement sur la communauté.
Chris Poulos faisait partie d’un contingent de l’administration pénitentiaire de l’État de Washington qui a visité le système pénitentiaire norvégien en juin, en partenariat avec le projet Amend.
Ils sont rentrés chez eux, désireux d’apporter des changements après l’avoir vu de leurs propres yeux.
« C’était incroyable », a déclaré Melissa Andrewjeski, directrice du centre pénitentiaire de Coyote Ridge. « Au cours des 30 dernières années, ils ont créé un modèle dont les gens devraient s’inspirer.
Courtney Grubb, responsable du programme Amend au ministère de la Justice, s’efforce d’introduire les politiques Amend à Washington depuis 2019. La COVID, bien sûr, a ralenti les progrès, mais le voyage en Norvège a beaucoup contribué à accroître le soutien aux politiques visant à rendre le système correctionnel de Washington plus humain.
« Je connaissais déjà le programme, mais le fait de voir les perspectives changer a été très utile », a-t-elle déclaré. « Presque tous ceux qui sont allés ont vu leur point de vue changer et ont eu un moment d’illumination. Le fait de pouvoir le voir en personne et de le mettre en œuvre ici était exactement ce dont j’avais besoin.
Andrewjeski, Grubb et Poulos faisaient partie d’une délégation de Washington composée de Sean Murphy, secrétaire adjoint du ministère de la Justice, Todd Dowler, directeur des ressources humaines, Jason Aldana, administrateur de l’unité de formation et de développement, Sonja Hallum, conseillère principale du gouverneur Jay Inslee en matière de politique de sécurité publique et ancienne médiatrice de l’administration pénitentiaire, Claire Wilson, sénatrice de l’État, Roger Goodman, représentant de l’État, et Barbara Serrano, conseillère principale du gouverneur en matière de politique générale.
Une cohorte de dirigeants et d’agents du centre pénitentiaire de Stafford Creek ainsi qu’un sergent du centre de réinsertion de Tri Cities se sont rendus en Norvège en avril. D’autres employés et responsables de Washington se rendront en Norvège dans les mois à venir pour une introduction aux principes d’Amend et pour se concentrer sur le modèle du surveillant référent, les programmes pour les femmes et le modèle de l’équipe de ressources pour les quartiers d’isolement.
La délégation de Washington a été rejointe par d’autres partenaires Amend de Californie, du Dakota du Nord et de l’Oregon. Le voyage comprenait la visite de cinq prisons et la possibilité d’observer l’approche de l’administration pénitentiaire norvégienne en matière de travail avec les personnes incarcérées dans des unités de logement restrictives, de loisirs, de politiques et de procédures en matière de repas.
L’administration pénitentiaire norvégienne a constaté une réduction drastique de la violence carcérale et de la récidive depuis la mise en œuvre de l’approche centrée sur la personne en 1998. À la fin des années 1980 et au début des années 1990, le taux de retour en prison était supérieur à 60 %, les évasions et les émeutes n’étaient pas rares et deux agents pénitentiaires ont été tués. Depuis ce changement, le personnel pénitentiaire norvégien est plus heureux, plus satisfait de son travail, en meilleure santé et a une espérance de vie plus longue. L’administration pénitentiaire norvégienne ne connaît pas de pénurie de personnel, mais une liste d’attente de candidats.
Amend s’est attaché à transposer aux États-Unis quelques principes et modèles correctionnels norvégiens fondamentaux, parmi lesquels la sécurité dynamique et le principe de normalité. La sécurité dynamique encourage les relations professionnelles entre le personnel et les détenus. Si un membre du personnel interagit étroitement et régulièrement avec une personne incarcérée, les deux apprennent à se considérer comme des êtres humains.
« Traiter les gens comme on veut être traité peut sembler évident, mais notre formation sur la manière de traiter les personnes incarcérées depuis le premier jour a été marquée par la méfiance et la suspicion, ce qui a enraciné les fondements de la sécurité », a déclaré M. Poulos. « La sécurité dynamique repose sur l’établissement de relations et la connaissance des personnes incarcérées. L’ironie de la chose, c’est que certaines personnes penseront que cela met en péril la sécurité, mais si c’est bien fait, cela renforcera la sécurité ».
Le principe qui sous-tend la sécurité dynamique est la normalité, qui vise à rendre la vie en prison aussi semblable à la vie à l’extérieur, afin qu’une personne soit préparée à la vie dans la communauté après sa libération et que le personnel jouisse d’une carrière dans un environnement aussi normal et positif que possible. L’objectif est de « faire sortir la prison de la personne autant que possible avant de faire sortir la personne de la prison ».
« Le modèle est axé sur le bien-être du personnel et sur l’amélioration de sa vie », a déclaré M. Andrewjeski. « C’est extrêmement important, et les concepts sont une meilleure façon pour nous de gérer les environnements correctionnels. Je me soucie du personnel et je veux voir des améliorations pour qu’il soit en bonne santé, en sécurité et qu’il ait un meilleur avenir. Cela ne fera qu’améliorer les interactions et la communication entre le personnel et les personnes que nous hébergeons, ce qui permettra d’améliorer l’environnement à l’intérieur de nos prisons et dans nos communautés. »
La sécurité dynamique et l’établissement de relations professionnelles s’appliquent même aux personnes qui ne sortiront pas de prison. Anders Breivik, qui a tué 77 personnes – dont 69 enfants – lors de deux attaques terroristes nationales le 22 juillet 2011, reçoit le même traitement que les autres personnes incarcérées dans l’administration pénitentiaire norvégienne.
« Ils prennent des précautions tout en le traitant avec dignité et en lui offrant un espace humain », a déclaré M. Poulos.
Comme pour toute initiative importante et tout changement de culture, les changements ne se produiront pas tout de suite. M. Grubb a indiqué que le ministère de la justice avait un plan sur sept ans pour introduire progressivement certains aspects de l’amendement dans les prisons et les centres de réinsertion, et que des travaux étaient en cours pour obtenir le financement de personnel supplémentaire afin de soutenir cet effort au cours de la prochaine année fiscale.
Il faudra du temps et de l’argent pour que la version d’Amendde Washington devienne une réalité, et la direction du DOC en fait une priorité.
« Nous agissons ainsi parce que c’est la bonne chose à faire et parce que c’est un meilleur moyen de rendre le personnel et les détenus plus en sécurité et plus heureux », a déclaré M. Murphy. « Après avoir vu comment les principes d’Amend sont mis en œuvre, je suis convaincu qu’il s’agit de l’avenir du ministère de la Justice.