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La thérapie comportementale dialectique (TCD) ou Dialectical behavior therapy (DBT).

La thérapie comportementale dialectique (TCD), développée par Marsha Linehan (1993), est un traitement très prometteur pour le traitement des traumatismes. Il a été utilisé très efficacement pour aider les personnes qui ont des difficultés à gérer leurs émotions et à nouer des relations étroites, et avec les personnes qui pensent à se faire du mal. La thérapie comportementale dialectique met l’accent sur les émotions – en particulier la façon dont nous apprenons à gérer les sentiments difficiles. Si vous vous êtes déjà trouvé émotions difficiles, et si ces émotions interfèrent avec vos relations, la TCD peut être très utile. Elle repose sur les hypothèses suivantes :

– Si vos réactions émotionnelles ne sont pas prises en compte (par ceux qui ont pris soin de vous) lorsque vous êtes jeune, vous aurez peut-être des difficultés à identifier, étiqueter et gérer vos émotions à l’âge adulte.

– Lorsque vous avez du mal à gérer vos émotions, cela se répercute sur vos relations avec les autres.

– Nous augmentons souvent notre niveau de détresse en pensant à ce qui s’est déjà produit et à ce qui pourrait se produire dans le futur

– La pleine conscience, qui est un ensemble de techniques permettant de revenir au moment présent, peut vous aider à gérer les émotions et les pensées pénibles.

– Il est parfois efficace d’essayer de changer les émotions négatives, et parfois d’accepter ces émotions difficiles. Vous pouvez développer des compétences pour vous aider à décider de l’approche à adopter dans diverses situations.

Le traitement par la thérapie comportementale dialectique a été développé à l’origine pour traiter les troubles de la personnalité limite. Les personnes chez qui l’on diagnostique un trouble de la personnalité limite ont souvent des difficultés relationnelles et ont souvent des antécédents de pensées et d’actions suicidaires.

Au cours des dernières années, la TCD a été utilisée pour aborder une variété de conditions, y compris le PTSD (Becker et Zayfert 2001). Ce mode de thérapie comporte plusieurs aspects : la pleine conscience, l’efficacité interpersonnelle, la régulation des émotions et la tolérance à la détresse.

LA TCD a également été testée avec des patients en contexte médicolégal, avec des résultats prometteurs dans la réduction de la violence et de la colère:

Analyse de l’étude

Cette étude visait à tester l’efficacité d’une TCD adaptée dans un contexte médico-légal masculin. L’objectif était de maximiser le rendement d’un milieu de pratique dans le cadre d’un essai quasi-contrôlé, et d’évaluer ainsi le potentiel de poursuite d’un essai contrôlé randomisé à grande échelle.

« L’épreuve de vérité pour une intervention ciblant la violence est de savoir si elle réduit les comportements violents. La fréquence des comportements violents n’a pas montré de changement significatif. Cependant, la gravité des comportements violents a diminué plus dans le groupe TCD (53% de réduction vs 22% de réduction), suggérant que la TCD a permis de réduire plus efficacement la gravité des actes que le traitement habituel. Ces gains ont été maintenus et la réduction a augmenté au fur et à mesure que le programme se poursuivait, pour une durée d’au moins six mois.

D’un point de vue anecdotique, le programme adapté de TCD a donné plusieurs résultats intéressants, ce qui indique son potentiel dans le traitement de ce groupe de clients. Le taux d’attrition très faible : un seul patient a quitté le programme, ce qui est inhabituel par rapport aux taux d’attrition observés dans d’autres études (Lipsey, 1995). En outre, lorsque le programme a pris fin, cinq patients ayant suivi la TCD ont mis en place un groupe d’entraide continuant à mettre en pratique leurs compétences et à remplir leur journal, ce qui va à l’encontre des attentes d’un faible engagement dans la thérapie (Warren et Dolan, 1996). Le point de vue du personnel confirme également l’utilité du programme. Ils rapportent que les patients ayant suivi la TCD fonctionnaient mieux dans d’autres traitements, et que les relations thérapeutiques se sont améliorées de manière significative, contrairement aux attentes (Gunderson, 1984). »

Voir l’étude (trad fr de l’étude en question): Practice-based outcomes of dialectical behaviour therapy (DBT) targeting anger and violence, with male forensic patients

FEDERAL PROBATION JOURNAL, TAFRATE, MITCHELL, MACKEY, APPELTON, WALTERS, LEE, FAYE (dec 2021) Surfer sur les trois vagues de la TCC dans le cadre des suivis de probation en milieu ouvert

 

 

Raymond Chip Tafrate, PhD, est psychologue clinicien et professeur au département de criminologie et de justice pénale de la Central Connecticut State University. Il est membre et superviseur de l’Albert Ellis Institute à New York City, NY, et membre du Motivational Interviewing Network of Trainers (réseau de formateurs à l’entretien motivationnel). Il consulte fréquemment des agences et des programmes de justice pénale sur des problèmes difficiles à changer tels que la dysrégulation de la colère et le comportement délinquant. Il est coauteur de nombreux ouvrages et a présenté ses recherches dans toute l’Amérique du Nord, l’Europe, l’Asie et l’Australie. Il est coauteur, avec Howard Kassinove, d’un classique de l’auto-assistance, Anger Management for Everyone (La gestion de la colère pour tous).

Damon Mitchell est psychologue agréé et professeur associé au département de criminologie et de justice pénale de la Central Connecticut State University.

Ses recherches ont été publiées dans diverses revues de psychologie et de justice pénale, notamment International Journal of Offender Therapy and Comparative Criminology, Journal of Criminal Justice, Federal Probation, Journal of Sex Research et Journal of Interpersonal Violence.

Extrait:

La THÉRAPIE COGNITIVO-COMPORTEMENTALE et ses techniques (TCC) sont considérées comme fondées sur des preuves dans le domaine de la justice pénale (ainsi qu’en psychologie, en travail social et dans la plupart des professions d’aide). En 1990, Andrews et ses collègues ont constaté que les programmes correctionnels qui utilisaient la TCC réduisaient davantage la récidive que ceux qui utilisaient d’autres approches thérapeutiques. Cette constatation a été reprise dans de nombreuses méta-analyses qui résument la littérature « what works » (voir Cullen & Jonston, 2012 ; Landenberger & Lipsey, 2005 ; Sherman et al., 1997). La reconnaissance de l’efficacité de la TCC en milieu correctionnel a conduit à l’intégration d’approches fondées sur la TCC dans la surveillance communautaire. L’adaptation de la TCC au travail des agents correctionnels communautaires (agents de probation en milieu ouvert) a contribué à un certain nombre d’initiatives spéciales qui soulignent l’importance des pratiques correctionnelles centrales (CCP) (voir EPICS, Smith et al., 2012 ; PCS, Taxman, 2008 ; STARR, Lowenkamp et al., 2014 ; STICS, Bonta et al., 2021 ; SUSTAIN, Toronjo, 2020). Actuellement, la TCC est reconnue par le National Institute of Corrections comme faisant partie de ses huit principes de réduction de la récidive (https://nicic.gov/implementing-evidence-basedpractice-community-corrections-principleseffective-intervention  ).

Malgré son efficacité auprès des populations médico-légales (c’est-à-dire impliquées dans le milieu pénal), la mise en œuvre de la TCC dans les services pénitentiaires en milieu ouvert est complexe. Les agents de probation (CPIP) qui utilisent ces techniques doivent connaître (1) la pensée criminogène et les autres facteurs de criminalité future, (2) les théories comportementales, cognitives et d’apprentissage social, et (3) les techniques de communication efficaces. La mise en œuvre des techniques de TCC exige des CPIP qu’ils assument le rôle de gestionnaire du comportement et/ou d’agent de changement, les entretiens nécessitent des jeux de rôle et la mise en pratique des compétences, et la planification des cas implique une stratégie de réduction de la récidive centrée sur les changements dans la pensée et le comportement du client. Cela peut être très différent des approches traditionnelles qui se concentrent sur le « contrôle » et la surveillance des exigences imposées par le tribunal. Une fois les agents formés, les agences se débattent avec des stratégies pour s’assurer que les compétences nouvellement acquises en matière de TCC sont intégrées dans la pratique de routine et deviennent la nouvelle norme pour la planification des cas et les entretiens réalisés dans le service. Une autre difficulté réside dans le fait qu’il peut être difficile de définir le concept nébuleux de TCC, en particulier en ce qui concerne l’assortiment d’activités que les agents de probation peuvent incorporer dans leurs rendez-vous avec les personnes. Dans cet article, nous passons en revue les trois vagues historiques distinctes de la TCC, nous décrivons les activités de chaque vague que les agents de probation peuvent utiliser pour aider les clients à changer les schémas de pensée et de comportement susceptibles de conduire à la délinquance, et nous donnons quelques conseils pour intégrer les activités de la TCC dans entretiens en milieu ouvert.

(…)

Conclusion

La TCC est un grand parapluie qui contient différentes façons d’envisager le changement. Nous avons passé en revue trois vagues historiques qui clarifient les principes sous-jacents des approches de la TCC et fournissent des exemples de la manière dont elles peuvent se présenter dans un contexte de probation. Chaque vague comprend plusieurs interventions de TCC ; il n’est pas nécessaire de s’en tenir à une seule approche de TCC. Elles peuvent être utilisées en parallèle ou combinées à d’autres approches thérapeutiques (par exemple, l’entretien motivationnel). Une fois que les CPIP se sont familiarisées avec les différentes techniques de TCC, elles peuvent être dispensées de manière flexible; la TCC n’a pas besoin d’être trop manualisée. Les interventions des différentes vagues peuvent être combinées ; cependant, nous recommandons d’introduire progressivement les différentes techniques au cours de plusieurs rendez-vous (en faire trop au cours d’une seule rencontre peut diluer les effets escomptés de n’importe quelle intervention).

La migration des techniques de TCC du domaine de la santé mentale vers les entretiens en probation est un phénomène relativement nouveau. Les adaptations actuelles de la TCC aux services correctionnels en milieu ouvert reposent sur les fondements des trois vagues théoriques discutées dans cet article. Bien que la probation axée sur la TCC en soit encore à ses débuts, les techniques continueront d’être adaptées et affinées pour réduire le comportement délinquant et améliorer les résultats de la probation. Lorsque les agents comprendront les avantages des différentes approches de la TCC, ils seront mieux à même de choisir les techniques spécifiques qui seront les plus bénéfiques pour leurs clients.

Surfer sur les trois vagues de la TCC dans le cadre des suivis de probation en milieu ouvert

Article original (ENG): https://www.uscourts.gov/sites/default/files/85_3_3_0.pdf

 

Gestion de la colère pour les clients souffrant de troubles liés à l’utilisation de substances psychoactives et de troubles mentaux : Manuel du participant

U.S. DEPARTMENT OF HEALTH AND HUMAN SERVICES
Substance Abuse and Mental Health Services Administration
Center for Substance Abuse Treatment

AVANT-PROPOS
La colère et les troubles liés à l’utilisation de substances psychoactives coexistent souvent, ce qui augmente le risque de conséquences négatives comme l’agression physique, l’automutilation, des relations perturbées, la perte d’un emploi ou l’implication dans la justice pénale. Selon une méta-analyse de 23 études réalisée en 2014, près de la moitié des personnes ayant commis un homicide étaient sous l’influence sous l’influence de l’alcool et 37 % étaient en état d’ébriété (Kuhns, Exum, Clodfelter, & Bottia, 2014). La colère, la violence et le stress traumatique associé peuvent souvent être en corrélation avec l’initiation à la consommation de drogues et d’alcool et peuvent être une conséquence de la consommation de substances. Les personnes qui vivent des événements traumatisants, par exemple, peuvent éprouver de la colère et agir de manière violente, ainsi que faire un usage abusif de drogues ou d’alcool. Les cliniciens constatent souvent que la colère et la violence sont liées à la consommation de substances (Shopshire & Reilly, 2013).
De nombreux clients souffrant de problèmes de santé mentale et de toxicomanie ont vécu des événements traumatisants qui entraînent à leur tour une consommation de substances, de la colère et un risque accru de violence. Des méta-analyses ont démontré de manière fiable l’efficacité de la thérapie cognitivo-comportementale dans le traitement des addictions et d’autres problèmes de santé mentale, tels que la dépression, le stress post-traumatique et l’anxiété.
Afin de fournir aux cliniciens des outils pour les aider à traiter cette question importante, le Center for Substance Abuse Treatment (Centre de traitement de l’abus de substances,  Substance Abuse and Mental Health Services Administration) a le plaisir de présenter des versions révisées et mises à jour de l’ouvrage « Anger Management for Substance Use Disorder and Mental Health Clients (Gestion de la colère pour les clients souffrant de troubles liés à l’utilisation de substances psychoactives et de troubles mentaux) : Manuel du participant, qui ont été publiés à l’origine en 2002.
La conception du traitement de la gestion de la colère dans ce manuel, qui a été appliquée à des milliers de clients au cours des trois dernières décennies, a été très apprécié des cliniciens et des clients. Le format du manuel se prête à une utilisation dans une variété de contextes cliniques ; il peut être adapté à différents groupes minoritaires raciaux et ethniques et des sexes, ainsi que des divers contextes de traitement, et sera un outil utile pour le domaine.

Elinore F. McCance-Katz, M.D., Ph.D.
Assistant Secretary for Mental Health and Substance Use
Substance Abuse and Mental Health Services Administration

https://store.samhsa.gov/sites/default/files/d7/priv/anger_management_manual_508_compliant.pdf

Si le lien est brisé: anger_management_manual_508_compliant

Luc Isebeart (2015) Solution-Focused Cognitive and Systemic Therapy , The Bruges Model, ed Routledge

https://www.routledge.com/Solution-Focused-Cognitive-and-Systemic-Therapy-The-Bruges-Model/Isebaert/p/book/9781138677685

Tâches d’observation

Dans ces tâches, le client observe les séquences de problèmes dans leurs différents aspects : dans quelles circonstances les problèmes apparaissent, ce qui se passe  quand ils sont là, et comment ils se terminent ; quelles sont les variations déjà présentes , et quel contrôle le client exerce déjà.

Les tâches d’observation sont un élément essentiel de la thérapie cognitive axée sur les solutions. Dans d’autres

Dans d’autres formes de thérapie, les tâches d’observation servent principalement à obtenir une vision plus claire du problème. Ici, leur but est plutôt d’examiner les compétences, les réalisations et les ressources du client. Les clients observent ce qu’ils font déjà bien, en d’autres termes, comment ils font déjà leur auto-thérapie. L’accent est mis sur les exceptions, les variations dans les habitudes problématiques, et sur la fin de la séquence des symptômes, c’est-à-dire sur le degré de contrôle que les clients exercent déjà.

Les tâches d’observation peuvent suivre (et suivent souvent) une question de cadrage :

– « Puis-je vous demander de prêter attention, jusqu’à notre prochain rendez-vous, aux occales occasions où vous êtes un peu plus haut, un point ou un demi-point de plus sur l’échelle.  Si vous pouviez observer ce qui se passe exactement à ce moment-là, ce que vous et peut-être les autres faites, comment vous vous sentez, quelles pensées vous viennent à l’esprit. »

Ou encore :

– « Je voudrais vous suggérer de prendre cinq minutes tous les soirs – ou si vous le préférez tous les deux soirs – pour regarder votre journée et voir  s’il y a eu des moments où vous étiez un peu plus haut, un ou peut-être même deux points plus haut sur l’échelle, et de prêter attention à ce qui s’est passé :

ce que vous avez fait, ce que votre femme (votre mari, etc.) a contribué à ce petit pas en avant. Comment vous êtes-vous senti, et qu’en avez-vous pensé ? »

Ou encore :

– « Je voudrais suggérer quelque chose qui pourrait être utile.  Il y aura des moments où les choses seront encore pires et où vous descendrez un peu sur l’échelle. La vie est comme ça ; parfois, c’est très dur. Mais après cela, il y aura des moments où vous reviendrez sur l’échelle au niveau où vous êtes maintenant, , peut-être même des moments où vous monterez un peu plus haut, où vous réussissez quelque chose à quoi vous ne vous attendiez pas. Si vous pouviez regarder et peut-être écrire en quelques mots ce qui s’est passé lorsque vous êtes monté sur l’échelle : à nouveau, ce que vous avez fait, comment les autres vous ont aidé, ce que vous avez ressenti, et ce que vous en avez pensé, cela m’intéresserait beaucoup. »

Différentes tâches d’observation peuvent permettre de mieux comprendre les modalités des problématiques : comment elles commencent, comment elles se terminent, comment elles varient.

Prenons comme premier exemple une tâche d’observation pour les alcooliques. J’utilise ici deux tableaux. Sur le premier, le client note les moments où il a ressenti un certain degré d’envie (Craving), mais n’a pas bu (figure 8.1). Il s’agit d’exceptions complètes, des moments où le comportement problématique n’a pas été produit.

 

 

JOURNAL DE CRAVING (envie de boire)

« Si vous n’avez pas bu » : journal de craving

Nom : …………………………………………..  Semaine du ………………………..    au ……………………………

 

Jour Heure Intensité du Craving

1-100

Où ? Avec qui ? Quelles émotions/sentiments ? Comment j’ai arrêté ? Ça a été difficile à combien ?

1-100

Lundi
Mardi
Mercr.
Jeudi
Vend.
Samedi
Diman.

 

Sur le second tableau, le client note les occasions où il a bu. Les occasions où il a perdu tout contrôle sont notées, ainsi que les moments où il a bu moins que d’habitude. Ces derniers sont des exceptions partielles ; ce sont des cas où le contrôle a été exercé jusqu’à un certain point.

Examinons les différentes colonnes de ces deux tableaux.

  1. Jour : Tous les jours de la semaine sont pris en compte, ceux qui ont réussi comme ceux qui ont échoué.
  2. Heure : Certains clients commencent dès le matin et boivent toute la journée. D’autres gros buveurs ne boivent jamais pendant les heures de travail en semaine et ils commencent après le travail. Cela peut être considéré (et commenté) comme une forme de contrôle partiel.
  3. L’intensité du besoin est enregistrée : plus le besoin est fort, plus le mérite du client qui a résisté est grand.
  4. La quantité d’alcool consommée est enregistrée en unités d’alcool (1 unité = 0,34 fl. oz.). Le nombre exact n’est pas très important. Si le client a bu beaucoup d’alcool, il peut avoir oublié la quantité consommée ou mentir. Dans tous les cas, le client a trop bu. Les entrées importantes sont les exceptions, les occasions où le client a bu moins que d’habitude: Comment a-t-il fait cela ?
  5. Où ? Avec qui ? Ces colonnes traitent des circonstances, de l’oikos dans lequel le comportement symptomatique se produit : Le client est-il seul ou en compagnie d’amis lorsqu’il a envie de boire ou même lorsqu’il commence à boire ? Boit-il à la maison, pendant un repas ou dans un bar ? Les changements de comportement peuvent souvent être organisés assez facilement.
  6. Quel sentiment ? Quelles émotions, quel pathos, ont conduit à cette envie ou à ce comportement ? Le client avait-il simplement soif ? Avait-il envie d’une bière fraîche par une journée chaude ou un verre de vin rouge avec le fromage ? Était-il ou elle chez quelqu’un d’autre et sentait qu’il ne pouvait pas refuser ? Était-il ou elle nerveux, stressé(e), seul(e) ou déprimé(e) ?  L’abus d’alcool est souvent non seulement une dépendance et une habitude, mais aussi une solution à d’autres problèmes. Il peut être nécessaire d’aborder ces derniers.
  7. Et puis la colonne la plus importante : Comment le client a-t-il réussi à arrêter son comportement de boire? Qu’a-t-il fait pour arrêter après n verres ? Ou: Comment l’envie de boire a-t-elle disparu sans que le client ne boive d’alcool ?

En général, certaines des réponses ne sont pas exploitables : Le client a arrêté de boire parce qu’il s’est endormi ou qu’il était tellement ivre qu’il ne se souvient de rien. D’autres réponses n’offrent pas de solution en soi, mais peuvent être un bon point de départ pour la discussion: Par exemple, le client a bu du vin au dîner. La bouteille était vide, et il a arrêté de boire. Le client a-t-il ouvert une autre bouteille ? Si non, pourquoi ? Comment y est-il parvenu ?  Un client a quitté le bar et ses amis lorsque la partie de cartes s’est terminée. Comment a-t-il réussi à ne pas rester dans le bar où le propriétaire est un si bon ami ? Une autre cliente ne boit que pendant les jours où elle a ce qu’elle appelle ses « terreurs », c’est-à-dire ses souvenirs des abus sexuels qu’elle a subis. Sur ces jours-là, elle va au magasin et achète deux bouteilles de vin qu’elle boit l’une après l’autre. Lorsque sa fille rentre de l’école, elle trouve sa mère endormie et elle doit s’occuper des tâches ménagères. La cliente se sent extrêmement coupable de cette situation. Alors, pourquoi n’achète-t-elle que deux bouteilles et pas trois ? Si elle se limite déjà à deux bouteilles, ne pourrait-elle pas, en rentrant chez elle, verser une demi-bouteille dans l’évier et ne boire qu’une bouteille et demie ? Ou bien après la première bouteille, pourrait-elle aller se coucher et essayer de dormir ? Ou peut-être boire un peu plus lentement et, pendant ce temps, s’occuper des tâches ménagères ? Elle a une ami proche, la seule à qui elle a confié son passé. Pourrait-elle appeler cette amie avant d’ouvrir la première bouteille et lui parler afin de se sentir moins seule ?

Nous pouvons distinguer deux types de questions dans ces exemples

Il y a d’abord des questions comme : « Comment avez-vous réussi à faire cela ? »

Le thérapeute vise à mettre en doute la conviction du client qu’il est impuissant et irresponsable, qu’il manque de volonté et de force de caractère. Acter avec eux que les clients pratiquent déjà un contrôle partiel, même si eux-mêmes et leurs proches ne le voient pas ainsi.

L’objectif du traitement est donc de les aider à améliorer ce contrôle. Les clients ont déjà des compétences et des ressources ; il sera plus facile pour eux de les utiliser que de suivre un protocole préétabli qui exige d’en acquérir de nouvelles.

Ce n’est pas un problème si – comme c’est très souvent le cas – les clients n’ont pas de réponse à la question : « Comment avez-vous fait ? » L’important est d’abord qu’ils aient reçu un compliment indirect sur leur efficacité personnelle, et ensuite que leur attention se porte sur les compétences plutôt que sur les imperfections.

Deuxièmement, nous avons des questions qui suggèrent un changement possible dans le comportement, l’ethos, c’est-à-dire soit la fin des séquences de symptômes, soit l’oikos, le contexte dans lequel ils apparaissent : « Que se passerait-il si vous… ? . . ? » Il n’est pas nécessaire que les clients agissent en fonction de ces suggestions. S’ils choisissent de le faire, pourquoi pas ? Mais il est plus important qu’ils soient inspirés pour essayer de nouvelles approches de leurs problèmes, qu’ils se concentrent sur les changements positifs et qu’ils prennent conscience du fait qu’ils peuvent choisir. C’est pourquoi il est utile d’offrir plusieurs, et non une seule, suggestions et/ou devoirs parmi lesquels ils peuvent choisir.

Pour revenir au 2e tableau, dans la dernière colonne, les clients peuvent écrire les remarques qu’ils souhaitent faire. Cela donne à nouveau l’occasion de les féliciter pour leurs succès et leurs progrès.

Presque tous les symptômes peuvent être documentés au moyen d’une tâche d’observation. (Des exemples prêts à imprimer de tous les formulaires abordés dans ce chapitre peuvent être télécharger sur korzybski-international.com et drisebaert.org).

Par exemple, le formulaire pour la boulimie se présente comme suit :

– Dans la première colonne, les clients notent toutes les occasions où ils auraient pu succomber à une crise de boulimie, qu’elle ait eu lieu ou non.

– Dans la deuxième colonne, il note les circonstances (c’est-à-dire le lieu, l’heure, etc.).

– Dans la troisième, ils notent la nature et l’intensité de leurs sentiments indésirables (envie, faim, colère, solitude, etc.) sur une échelle de 0 à 100.

– Dans la quatrième, ils notent ce qu’ils ont fait (comportement boulimique ou autre chose).

– Dans la cinquième, s’ils ont eu un épisode boulimique, ils notent la force de celui-ci (100 = la crise la plus forte qu’ils aient jamais eue).

– Dans la sixième, ils décrivent comment la séquence de symptômes s’est terminée.

– Dans la septième, ils réfléchissent à la réussite de ce qu’ils ont fait (céder à la boulimie ou à autre chose) a permis de réduire les sentiments indésirables.

Il apparaît souvent qu’une crise de boulimie ne donne pas de meilleurs résultats qu’un autre comportement ou une autre technique. Le fait de réaliser cela aide le client à rester motivé lorsque l’envie est forte.

Un formulaire pour l’anxiété et la panique se compose de sept colonnes, comme décrit ici.

– Dans la première colonne, les clients notent la date ou le jour de la semaine.

– Dans la deuxième, ils notent l’heure.

– Dans la troisième, ils notent le sujet de la peur, ce dont ils avaient peur.

– La quatrième colonne indique qui était présent avec le client.

– Dans la cinquième, les clients notent l’intensité de la peur ou de la panique sur une échelle de 0 à 100.

– Dans la sixième, ils décrivent la méthode qu’ils ont utilisée pour maîtriser leur peur.

– La septième documente les résultats : Quelle a été l’efficacité de la méthode choisie pour calmer l’anxiété ?  (Échelle de 0 à 10)

Les partenaires qui se disputent beaucoup peuvent utiliser un double formulaire. La première partie du formulaire concerne les occasions où les clients auraient pu se disputer mais ne l’ont pas fait, la seconde pour les cas où ils se sont disputés.

– Dans la première colonne, les clients notent le moment où une bagarre aurait pu éclater mais a été évitée (premier formulaire),  ou lorsqu’une bagarre a eu lieu (deuxième formulaire).

– Dans la deuxième colonne, ils décrivent les circonstances.

– Dans la troisième, ils décrivent la nature des émotions (par exemple, l’irritation face à un comportement non désiré, la contrariété d’un comportement indésirable, l’agacement de ne pas se sentir compris, le sentiment de manque de respect, etc.

– Dans la quatrième, ils évaluent l’intensité du sentiment sur une échelle de 0 à 100.

– Dans la cinquième colonne, ils décrivent l’occasion, l’événement direct qui a suscité le sentiment.

– Dans la sixième colonne, dans le premier formulaire, ils indiquent ce qu’ils ont fait au lieu de se battre.; dans la deuxième colonne, ils décrivent la violence de la bagarre sur une échelle de 0 à 100.

– Dans la septième colonne, dans les deux formulaires, ils notent à quel point le résultat était satisfaisant.  (Échelle de 0 à 10)

– Dans la huitième colonne, dans le premier tableau ,  ils notent ce qui s’est passé après le combat.

Dans la deuxième colonne, ils décrivent comment le combat s’est terminé.

Un dernier exemple est un formulaire d’observation d’automutilation. La plupart de ces La plupart de ces clients sont convaincus que se faire du mal est la seule méthode efficace pour  lutter contre une souffrance psychique insupportable (comme un retour en arrière sur un passé traumatique) : La douleur physique l’emporte sur l’angoisse mentale.

– Dans la première colonne, les clients notent le moment où l’envie de s’infliger des blessures est apparue.

– Dans la deuxième colonne, le client note les circonstances (où était-il, était-il seul ou non, s’est-il passé quelque chose qui l’a poussé à se faire du mal ?

– Dans la troisième, il note la nature de l’émotion qui a conduit à l’automutilation.

– Dans la quatrième, ils évaluent l’intensité de cette émotion sur une échelle de 0 à 100).

– Dans la cinquième, ils notent s’ils se sont automutilés et si oui, quelle était la profondeur de la coupure ou de la brûlure.

– Dans la sixième, ils notent ce qu’ils ont fait différemment s’ils ne se sont pas automutilés.

– Dans la septième partie, ils notent le degré de réussite de la méthode choisie (automutilation ou autre, par exemple une technique comme 54321).

– Dans la huitième, ils notent ce qu’ils ont fait après.

Dans la plupart des cas, après un court laps de temps, le client découvre que l’intensité de l’angoisse mentale n’est pas en corrélation directe avec la mutilation : parfois, la souffrance a été très intense et le client a réussi à la contrôler d’une autre manière; à d’autres moments, l’émotion n’était pas aussi intense et pourtant le client s’est automutilé. Le client s’aperçoit également que les autres méthodes qu’il utilise pour contrer la fascination douloureuse ne sont pas moins efficaces que la mutilation.

Le client commence alors à douter que l’automutilation soit nécessaire et inévitable, et il arrête souvent assez rapidement de se faire du mal.

Les cas les plus utiles sont généralement les moments où le symptôme est présent (les circonstances dans lesquelles l’habitude problématique est produite) mais les symptômes ne sont pas apparus. Par exemple, l’alcoolique était dans un pub et a bu un soda; une querelle domestique menaçait d’éclater, mais les partenaires se sont mis d’accord pour revenir sur le sujet à un moment plus calme. Au lieu du comportement symptomatique, « le client fait autre chose » (de Shazer, 1985). Ici, une nouvelle chaîne interactionnelle est mise en mouvement, ce qui peut donner lieu à une nouvelle habitude.

Parfois, les tâches d’observation acquièrent leur efficacité thérapeutique grâce à l’attention que les clients ont accordée à leur problème. Les alcooliques sont parfois surpris de constater la quantité d’alcool qu’ils ont réellement consommée en une semaine. Cela les aide à se ressaisir et à entrer dans une relation d’expert avec le thérapeute.

Une dernière remarque : Les tâches d’observation sont toujours des pré-scriptures indirectes des symptômes. Le symptôme doit être produit si l’on veut l’observer. Très rarement, cela conduit au résultat paradoxal que le comportement du symptôme cesse d’être produit.  Un exemple de cela est un couple qui se disputait souvent de manière assez agressive, bien qu’ils s’aimaient beaucoup et qu’ils ne voulaient pas se disputer. L’attention portée aux toutes premières interactions à l’origine des querelles a permis d’accroître leur créativité en inventant des solutions alternatives. En peu de temps, ils ont réussi à réduire considérablement la fréquence de leurs disputes.

 

« Si vous avez bu » :   Journal de consommation

Nom : …………………………………………..  Semaine du ………………………..    au ……………………………

 

Jour Heure Quoi ? Où ? Avec qui ? Quelles émotions/sentiments ? Comment j’ai arrêté ? Remarques
Lundi
Mardi
Mercr.
Jeudi
Vend.
Samedi
Diman.

https://www.routledge.com/Solution-Focused-Cognitive-and-Systemic-Therapy-The-Bruges-Model/Isebaert/p/book/9781138677685

Patricia Van Voorhis, Emily J . Salisbury: Correctionnal Counseling and Rehabilitation,

Cognitive Restructuring Approaches

Groupes de personnalité délinquante

Il est important à ce stade de discuter des stratégies de restructuration cognitive qui ont été développées pour cibler spécifiquement les schémas cognitifs dysfonctionnels des délinquants.  Un certain nombre d’explications du comportement criminel suggèrent que les délinquants font preuve d’orientations criminelles caractéristiques, telles que blâmer les victimes, affirmer leur droit à la propriété et à la sécurité personnelle d’autrui, ainsi que d’autres styles de pensée qui servent à soutenir leur comportement criminel.

Yochelson et Samenow (1976), et plus tard Samenow (1984, 2001), ont identifié plus de 50 de ces « erreurs de pensée » dans leur travail avec les délinquants à l’hôpital St Elizabeth. Selon Yochelson et Samenow, les criminels présentent les caractéristiques suivantes :

  1. Ils blâment les autres pour leur comportement criminel, en soutenant, par exemple, qu’ils « ne pouvaient pas s’en empêcher », ou que quelqu’un d’autre « les a poussés à le faire ».
  2. Ils développent une attitude de « je ne peux pas » face à leurs propres responsabilités.
  3. Ils ne comprennent souvent pas le concept de préjudice causé aux autres.
  4. Ils ne parviennent pas à faire preuve d’empathie ou à se mettre à la place d’une autre personne, en particulier leurs victimes.
  5. Ils ne font pas assez d’efforts pour atteindre les objectifs nécessaires. Parfois, ils semblent ne pas savoir combien d’efforts sont suffisants.
  6. Ils refusent d’accepter leur responsabilité.
  7. Ils adoptent une attitude de propriété ou de droit sur les biens d’autrui, traitant les biens des autres comme s’ils leur appartenaient déjà.
  8. Ils ne semblent pas comprendre ce qui constitue un comportement digne de confiance.
  9. ils s’attendent souvent à ce que les autres  » rentrent dans le rang  » pour satisfaire leurs propres désirs.
  10. Ils prennent des décisions irresponsables en ne rassemblant pas assez de faits, en faisant des suppositions et en blâmant les autres.
  11. La fierté est plus importante que de reconnaître ses erreurs ou de permettre aux autres de faire passer un message.
  12. Ils ont une définition erronée du succès et du temps qu’il faut pour réussir, croyant, par exemple, qu’ils devraient réussir du jour au lendemain.
  13. De nombreux délinquants ne semblent pas pouvoir accepter la critique.
  14. Ils nient leur propre peur et ne reconnaissent pas que la peur peut être constructive.
  15. Ils utilisent la colère pour contrôler les autres et ne parviennent pas à reconnaître leur colère de manière appropriée.
  16. Ils tentent de manière excessive d’obtenir du pouvoir, en faisant preuve de « poussées de pouvoir » de manière inappropriée.

D’autres ont identifié des schémas cognitifs quelque peu similaires chez les délinquants (voir, par exemple, Barriga et al., 2000 ; Elliot & Verdeyen, 2002 ; Ross & Fabiano, 1985 ; Sykes et Matza, 1957 ; Walters, 1990), mais le travail de Yochelson et Samenow est particulièrement utile aux conseillers en raison du nombre d’erreurs de pensée identifiées et des suggestions proposées aux conseillers pour les corriger.

Le travail du conseiller, selon Yochelson et Samenow, est de corriger ces erreurs de pensée, et la tâche du traitement correctionnel est de fournir un environnement dans lequel ces erreurs peuvent être corrigées à la fois par le personnel de traitement et de garde et par les détenus dans le cadre du travail de groupe ou de la vie quotidienne dans l’établissement.  Le personnel et les détenus apprennent à identifier et à corriger ces erreurs de pensée chez eux et chez les autres.  Les techniques de correction substituent la pensée rationnelle aux erreurs identifiées ci-dessus. Voici des exemples de certaines de ces corrections :

  1. Ne pas accepter d’excuses pour des attitudes ou des comportements irresponsables.
  2. Ne pas permettre aux délinquants de se décharger de leurs responsabilités.
  3. Indiquez comment le délinquant fait du mal aux autres et faites-lui comprendre ce que c’est que d’avoir mal.
  4. Enseignez au délinquant le processus de « prise de rôle », ou de prise en compte du point de vue des autres.
  5. Sensibiliser les délinquants à ce qui constitue un effort suffisant pour des tâches données. Leur montrer que la responsabilité implique parfois de faire ce que l’on ne veut pas faire et que le fait de ne pas faire d’effort peut avoir des conséquences négatives.
  6. Indiquez les moyens par lesquels le délinquant peut refuser d’assumer ses responsabilités.
  7. Visualisez le renversement de l’irresponsabilité du délinquant (par exemple, ce qui se passerait si les autres n’assumaient pas leurs responsabilités envers le délinquant).
  8. Enseignez au délinquant que la confiance doit être gagnée et attirez son attention sur les cas où il trahit la confiance des autres.
  9. Apprenez aux délinquants à communiquer ouvertement leurs attentes, à évaluer s’ils n’en demandent pas trop et à gérer les déceptions.
  10. Enseigner les principes d’une bonne prise de décision.
  11. Apprenez-leur à accepter les erreurs et le fait que nous en faisons tous, et que nous devons les admettre.
  12. Montrez aux délinquants qu’ils doivent planifier et accepter une séquence graduelle d’étapes vers la réalisation de leurs objectifs. Découragez les notions de rattrapage rapide du statut des autres.
  13. Enseignez que la critique est quelque chose dont on apprend, si elle est méritée. Si elle est injustifiée, il faut l’ignorer.
  14. Rassurer les délinquants sur le rôle important de la peur dans notre vie et sur la manière de différencier les peurs saines des peurs malsaines.
  15. Enseigner les techniques appropriées de gestion de la colère.
  16. Attirer l’attention sur les « coups de force » et ne pas les accepter.

Le Paint Creek Youth Center, un établissement développé par Vicky Agee au milieu des années 1980, a intégré les principes de Yochelson et Samenow dans l’économie de jetons ou le système de points de l’établissement.  Des points étaient attribués aux jeunes qui, entre autres, s’abstenaient de commettre des erreurs de raisonnement. Ces points pouvaient ensuite être échangés contre des privilèges. Le programme de Paint Creek utilisait plusieurs autres modules de programme, comme la thérapie familiale, un programme pour les délinquants sexuels et des groupes de sensibilisation aux victimes. Les résultats de l’évaluation du programme ont été favorables lorsque les conclusions ont été limitées aux jeunes qui ont suivi le programme dans son intégralité (Greenwood & Turner, 1993).

Ce que nous avons vu dans ces deux exemples de restructuration cognitive, c’est que le conseil, selon ces perspectives, cible et cherche à changer les pensées irrationnelles, erronées et dysfonctionnelles. Les types de pensées irrationnelles identifiés par la thérapie émotive rationnelle sont ceux qui peuvent conduire à un malheur généralisé et à la dépression. Les groupes de personnalité antisociale, quant à eux, corrigent les erreurs de pensée criminelle.  Il est clair que ces erreurs ne rendent pas les délinquants malheureux, mais elles servent à soutenir, excuser et parfois renforcer le comportement criminel. L’utilisation de ces erreurs libère les inhibitions qu’une personne pourrait avoir à l’égard de la perpétration d’un crime, ce qui la « libère » de se comporter de manière criminelle.

Malgré la popularité de ces programmes, certaines précautions s’imposent.  Que se passe-t-il, par exemple, si des délinquants qui ne manifestent pas de pensée criminelle sont admis dans un programme cognitivo-comportemental pour délinquants ? Ces délinquants sont nombreux. Les délinquants qui possèdent des valeurs prosociales et qui sont moins enclins à la pensée criminelle ne devraient pas participer à ces groupes de restructuration cognitive. Cela ne servirait qu’à enseigner la pensée criminelle.

Là encore, l’effet du risque est probablement à l’œuvre. Les programmes de cette nature sont efficaces chez les délinquants à haut risque, mais aggravent souvent la situation des délinquants à faible risque (voir Andrews & Bonta, 2010 ; Lipsey, 2009 ; Smith, Gendreau, & Swartz, 2009).

 

EXERCICES pour les conseillers

Exercice 1 : Thérapie rationnelle et émotionnelle

Voici un exercice à faire en groupe, élaboré par le professeur Paula Smith, l’un des collaborateurs de ce livre. Il vise à démontrer certaines des composantes de la thérapie rationnelle et émotionnelle.

Rappelons que la thérapie émotive rationnelle apprend aux clients à reconnaître comment des pensées ou des croyances irrationnelles peuvent entraîner des états émotionnels négatifs qui nuisent à notre existence. Cet exercice de participation a pour but de vous aider à prendre conscience de la façon dont vos propres pensées influencent vos émotions.

Au cours des prochains jours, chaque fois que vous ressentirez une émotion forte (positive ou négative), réfléchissez à ce que vous pensiez à ce moment-là. Notez l’évènement déclencheur, vos pensées et croyances, et l’état émotionnel qui en résulte.

Exemple :

Événement déclencheur Pensées

 

État émotionnel
Vous recevez une mauvaise note pour un devoir

 

« Je ne serai jamais capable de réussir ce cours ».

« Je devrais peut-être abandonner l’école – je ne réussirai jamais ».

« Je n’arriverai jamais à rien. »

« Je ne vaux rien. »

 

Dépression/pitié

 

 

  1. Cet exercice vous a-t-il permis de prendre conscience de vos pensées et de vos croyances ?
  2. Examinez les pensées que vous avez énumérées dans la deuxième colonne. Pouvez-vous identifier le type de pensée irrationnelle (par exemple, pensée en tout ou rien, filtre mental, exagération, etc.)
  3. Avez-vous remarqué le lien entre vos pensées et votre état émotionnel ?
  4. Si le monologue intérieur a entraîné un état émotionnel négatif, pouvez-vous penser à d’autres pensées qui pourraient être utilisées pour contester ou remplacer ces pensées irrationnelles ?

 

Exercice de participation 2 : Mode de Pensée antisocial

Appliquons maintenant cet exercice aux délinquants. Lisez la liste ci-dessous qui décrit certaines des pensées et croyances antisociales souvent affichées par les délinquants.  Ensuite, examinez la liste des erreurs de pensée de Samenow (1984, 2001) présentée plus haut sous la rubrique « Groupes de personnalité délinquante » et identifiez quel type d’erreur de pensée est évident dans chacune des déclarations des délinquants. Veuillez noter que certaines déclarations peuvent correspondre à plus d’une catégorie de Samenow.

« Je me fiche de l’avoir volé ; il est riche et son assurance le couvrira ».

« Je ne l’ai pas frappée si fort. Elle a juste des bleus facilement. »

« Les flics sont aussi malhonnêtes que les criminels qu’ils arrêtent. »

« Je n’aurais pas à voler à l’étalage si le magasin ne demandait pas autant d’argent. »

« Je ne laisse personne me manquer de respect. Je vais lui donner une leçon pour qu’il sache qu’il ne peut pas me marcher dessus. »

« J’étais ivre. Je ne me souviens même pas l’avoir fait. »

« Je n’avais aucun contrôle – je suis passé de 0 à 100 et ma réponse était juste automatique. »

« Il m’a poussé en premier. Il l’a bien cherché. »

« Je me fiche de ce que vous me faites. Je n’ai pas peur de la mort. »

Exercice de participation 3 : Compétences cognitives

Dans cet exercice de participation, vous allez mettre en pratique certaines des étapes de la résolution de problèmes dans le cadre de deux situations à haut risque courantes pour les délinquants. Pour chacune des situations décrites ci-dessous, imaginez que vous êtes l’agent de probation. Décrivez ensuite ce que le délinquant doit faire pour franchir chacune des étapes de la résolution de problèmes.

Situation 1

Jean est en probation et doit s’abstenir de consommer de l’alcool et d’autres drogues, selon une ordonnance du tribunal. Il participe à une fête avec certains de ses amis, et ceux-ci commencent à le pousser à consommer de la marijuana avec eux.

Situation n° 2

Marie se présente à l’heure à son rendez-vous avec son agent de probation. Elle indique qu’elle a quitté son emploi, car elle a décidé qu’elle ne l’aimait pas. Mary ne sait pas quand elle commencera à chercher un nouvel emploi, mais elle ne s’en inquiète pas. Obtenir et conserver un emploi est une condition de la probation.

  1. S’arrêter et réfléchir (STOP and THINK) : se taire, prendre de la distance et se calmer.
  2. Définir le problème et déterminer les objectifs de sa résolution : Qu’est-ce qui ne va vraiment pas ?

Qu’est-ce que je veux ?

  1. 3. Recueillir des informations et des idées sur le problème : Veillez à différencier les faits des opinions.
  2. Identifier les alternatives d’action : Quels sont mes choix, et quelles sont les conséquences probables de chaque choix ?
  3. Choisissez un plan d’action : Quel est le meilleur choix ? Quel est mon plan ?
  4. Évaluer les résultats : Ai-je atteint mon objectif ? Qu’ai-je appris ?

https://www.routledge.com/Correctional-Counseling-and-Rehabilitation/Salisbury-Van-Voorhis/p/book/9780367406455

Biographie des auteurs
Emily J. Salisbury, Ph.D., est professeur associé et directrice du Utah Criminal Justice Center à l’University of Utah College of Social Work. Elle a une formation de criminologue appliquée et concentre ses recherches sur la science des interventions de traitement correctionnel, en particulier chez les femmes impliquées dans le système. Le Utah Criminal Justice Center est un centre de recherche interdisciplinaire qui fournit aux organisations des recherches, des formations et une assistance technique fondées sur des preuves scientifiques afin de prévenir et de réduire la criminalité et la victimisation au sein de toutes les communautés, étant entendu que les approches doivent être adaptées aux besoins contextuels des organisations et des diverses populations qu’elles desservent.

Les recherches de Mme Salisbury portent sur la politique correctionnelle, l’évaluation des risques et des besoins et les stratégies d’intervention en matière de traitement, avec un accent particulier sur les femmes impliquées dans le système, les pratiques tenant compte du genre et les soins tenant compte des traumatismes. Grâce à ses travaux sur les femmes, elle a reçu le prix Marguerite Q. Warren et Ted B. Palmer Differential Intervention Award de l’American Society of Criminology Division on Corrections and Sentencing.

Patricia Van Voorhis est professeure émérite de justice pénale à l’université de Cincinnati. Elle a publié de nombreux ouvrages, dont deux livres et de nombreux articles dans les principales revues de criminologie et de justice pénale. Elle a apporté son expertise à des agences fédérales, étatiques et locales sur des sujets liés à l’efficacité correctionnelle, à la mise en œuvre de programmes, aux techniques d’évaluation, aux femmes délinquantes, à l’évaluation des risques et à la classification correctionnelle. Elle a dirigé de nombreux projets de recherche financés par l’État et le gouvernement fédéral sur la classification des détenus, l’évaluation sexospécifique, la mise en œuvre de programmes et les interventions cognitivo-comportementales, et continue de mener un programme rigoureux de conseil et de recherche à la retraite. Mme Van Voorhis a reçu de nombreux prix, dont le prestigieux prix August Vollmer de la Société américaine de criminologie, qui récompense un criminologue dont les travaux de recherche ont contribué à la justice ou au traitement ou à la prévention des comportements criminels ou délinquants.

Violence conjugale: Programme de traitement intensif de la violence familiale (Lynn Stewart, Jim Hill, Tom Gorman, Ida Jane Graham, Déc 1999)

LE SERVICE CORRECTIONNEL DU CANADA ET L’INITIATIVE DE LUTTE CONTRE LA VIOLENCE FAMILIALE
En 1988, dans le cadre de l’Initiative de lutte contre la violence familiale, le Service correctionnel du Canada (SCC) a commencé à s’attaquer au problème de la violence familiale chez les délinquants sous responsabilité fédérale. Le but de l’initiative, qui est de réduire l’incidence de la violence familiale chez les délinquants, devait être réalisé par les moyens suivants :
1. la mise en oeuvre de programmes éducatifs et la création de documents d’information destinés à contester et à réfuter les croyances et les attitudes sexistes et favorables à la violence familiale;
2. la mise en oeuvre de programmes de traitement en établissement et dans la communauté, et la mise sur pied de groupes d’entraide pour les partenaires et les enfants des délinquants;
3. l’adoption et la mise en application d’une norme nationale régissant la formation des intervenants correctionnels en violence familiale; et
4. l’exécution de travaux de recherche sur l’efficacité des programmes.

RAISON D’ÊTRE DU PROGRAMME DE TRAITEMENT INTENSIF EN VIOLENCE FAMILIALE
En 1998, un examen des programmes de prévention de la violence familiale offerts aux délinquants au sein du SCC a permis de constater que tous ces programmes étaient de faible ou moyenne intensité. La norme d’accréditation des programmes correctionnels du SCC régissant le dosage de l’intervention prévoit la participation des délinquants à des programmes assez intensifs pour répondre à leurs besoins. D’après la littérature actuelle sur le sujet, une intervention d’au moins 100 heures convient pour les délinquants à risque élevé. La recension de tous les programmes connus de traitement en violence familiale n’a pas permis de dégager un seul programme de cette intensité. La Division des programmes de réinsertion sociale du SCC a donc entrepris d’élaborer l’actuel Programme de traitement intensif en violence familiale, qui a été mis à l’essai à l’établissement de Springhill en 1998-1999. En septembre 1999, la version provisoire du manuel et le cadre d’évaluation du programme ont été soumis à un groupe consultatif composé d’experts en la matière d’Angleterre, du Canada et des États-Unis. La manuel a été révisé à partir des résultats du projet pilote et des commentaires du groupe consultatif. Le programme sera lancé à l’échelle nationale en novembre 1999. Il sera offert à un établissement dans chacune des régions. Dans la région des Prairies, un Programme de traitement intensif en violence familiale pour délinquants autochtones sera offert dans un deuxième établissement.

Le Programme de traitement intensif en violence familiale est un programme de traitement cognitivo-comportemental. Contrairement aux programmes axés exclusivement sur l’apprentissage d’habiletés, il oblige les participants à révéler des renseignements personnels et leur fait comprendre comment leurs antécédents ont contribué à leur attitude et à leur comportement de violence. Le programme est animé par deux facilitateurs (un homme et une femme) : un psychologue et un agent de prestation de programme. Lors de son évaluation initiale, chaque délinquant admis au programme devrait être confié à un conseiller principal. Ce conseiller est la personne qui accueillera le participant en séances individuelles et qui l’aidera à rédiger son autobiographie et son plan de prévention des rechutes. La première phase du programme se compose d’environ 75 séances de groupe de 2,5 heures chacune (le nombre effectif de séances variera selon la taille du groupe, mais ne dépassera jamais 78) et de 8 à 10 séances individuelles. Cinq séances de groupe devraient être dispensées par semaine, et ce, pendant environ 13 semaines. L’horaire des séances devrait être adapté au régime interne de l’établissement, mais il est recommandé de tenir une séance en matinée et une autre en après-midi un jour par semaine, puis une en matinée seulement trois jours par semaine. Ainsi, les délinquants seront libres un jour par semaine pour d’autres rendez-vous. La séance de groupe du matin est consacrée principalement à l’étude de nouveaux éléments de la matière et à la révision des devoirs de la séance précédente. Les après-midi sont réservés aux séances individuelles et aux devoirs. Les délinquants qui terminent le programme devraient participer tous les quinze jours aux séances de suivi qui en constituent la deuxième phase, jusqu’à ce qu’ils soient mis en liberté ou transférés à un autre établissement. Dans la communauté, ils devraient être orientés vers des formes de traitement qui les aideront à conserver leurs acquis. Beaucoup de bureaux de libération conditionnelle ont négocié des marchés de services avec des organismes qui offrent de tels programmes. De plus, les délinquants qui ont conservé le contact avec leurs propres enfants ou avec les enfants de leur conjointe devraient être incités à participer au Programme d’acquisition des compétences familiales et parentales, qui est animé par des facilitateurs du Programme d’acquisition de compétences psychosociales.

Module 1: Renforcement de la motivation

Séance 1: Orientation
Séance 2 : Comment bâtir de saines relations interpersonnelles
Séance 3 : Introduction à l’analyse coûts-avantages
Séance 4 : Application concrète de l’analyse coûts-avantages et définition des buts personnels
Séance 5 : Assumer la responsabilité de son comportement

Module 2 : Sensibilisation et éducation 

Séance 1: Types de comportements violents et ampleur du problème de la violence familiale
Séance 2 : Abus sexuel, respect sexuel et la Roue de l’égalité
Séance 3 : Les attitudes et les croyances qui sous-tendent la violence familiale
Séance 4 : Deux modèles pour comprendre la voilence familiale: le, Modèle ABC et la prévention des rechutes

Module 3 : Autobiographie

Séance 1: La violence  dans la famille
Séanee 2 : Présentatation des autobiographies

Module 4 : Dimension culturelle (généralités)

Séânce 1 : Messages culturels 1
Séance 2 : Messages culturels 2
Séance 3 : Changement
Séance 4: Culture et relations
Séance 5 : Les rôles de l’homme et de la femme dans une relation : Les effets d’un changement sur la communauté
Séance 6 : Valeurs exemplaires et préservation de la culture

Module 5 : Habiletés cognitives

Séance 1: a) Le modèle de traitement en violence dans les relations de couple ; b) Comment déceler ses pensées nuisibles
Séance 2 : Mettre en question ses pensées nuisibles
Séance 3 : Mettre en question ses pensées nuisibles – Séance pratique
Séance 4 : La résolution de problèmes I
Séance 5 : La résolution de problèmes II 3
Séance 6 : La résolution de problèmes III
Séance 7 : La résolution de problèmes IV – Mise en pratique
Séance 8 : La résolution de problèmes – Mise en pratique
Séance 9 : Se blanchir – Techniques de neutralisation 1
Séance 10 : Techniques de neutralisation

Module 6 : Maîtrise des émotions

Séance 1: Apprendre à reconnaître les émotions clés associées à la violence
Séance 2 : Émotions associées à la violence – suite
Séance 3 : États affectifs qui rendent la maîtrise des émotions plus difficile
Séance 4 : Apprendre à maîtriser ses émotions – Compétences qui aident à combattre le stress
Séance 5 : Autres techniques pour maîtriser ses émotions : Le temps d’arrêt et l’arrêt des pensées
Séance 6 : Comment maîtriser sa jalousie
Séance 7 : Comment maîtriser sa peur et sa dépendance

Module 7: Compétences sociales

Séance 1: Habiletés d’écoute
Séance 2 : Comment réagir aux critiques
Séance 3 : Styles de communication
Séance 4 : Mise en perspective aux fins de communication
Séance 5 : Résolution de conflits : négociation
Séance 6 : Comment réagir à un comportement difficile?
Séance 7 : Comment réagir dans une situation provocante?

Module 8 : Rôle parental

Séance 1: Comprendre les effets de la violence familiale sur les autres
Séance 2 : Remplir son rôle de parent sans violence
Séance 3 : Le partage des responsabilités parentales

Module 9 : Prévention des rechutes – Gestion des risques – Rester sur le droit chemin « à l’extérieur»

Séance 1: Comment modifier les schèmes de comportement violent
Séance 2 : Prévention des rechutes : De quoi s’agit-il?
Séance 3 : Prévention des rechutes : Chaînes comportementales
Séance 4 : Planification de la prévention des rechutes
Séance 5 : Comment faire face aux situations à risque élevé : changement dans les relations
Séance 6: Comment faire face aux situations à risque élevé • 2
Séance 7: Attitudes et émotions dangereuses
Séance 8 : Conséquences d’un mode de vie violent
Séances 9-15 : Présentation des plans de prévention des rechutes

Module 10 : Les relations saines

Séance 1 : Qu’est-ce qu’une relation saine?
Séance 2 : Qu’est-ce qui a changé?
Séance 3 : Révision du programme et tests
Séance 4: Cérémonie de fin de cours et célébration

https://www.securitepublique.gc.ca/lbrr/archives/rc%20569.5.f3%20s74%201999%20f-fra.pdf

si le lien est brisé: programme de traitement intensif de la violence famillial stewart hill 1999.pdf

L’économie de nos erreurs : Daniel Kahneman

octobre 7th, 2021 | Publié par EL dans ACC | ICC - (0 Commentaire)

Noise - Pourquoi nous faisons des erreurs de jugement et comment les éviter

Dès qu’il y a jugement, il y a bruit. Quand deux médecins posent des diagnostics différents pour le même patient, quand deux juges attribuent des peines plus ou moins lourdes pour le même crime, quand deux responsables de ressources humaines prennent des décisions opposées à propos d’un candidat à un poste, nous sommes face au bruit.
Daniel Kahneman, Olivier Sibony et Cass R. Sunstein montrent dans ce livre que le bruit exerce des effets nocifs dans de nombreux domaines : médecine, justice, protection de l’enfance, prévision économique, recrutement, police scientifique, stratégie d’entreprise… Pourtant, le bruit reste méconnu. Il est la face cachée de l’erreur de jugement. Noise nous propose des solutions simples et immédiatement opérationnelles pour réduire le bruit dans nos jugements et prendre de meilleures décisions.

 

 

https://podcasts.podinstall.com/france-culture-linvitee-des-matins/202110050646-leconomie-de-nos-erreurs-daniel-kahneman-est-linvite-des-mat.html