Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
Header

B. Gravier: Dangerosité: données actuelles, évaluation 

DIU de Psychiatrie Criminelle et médico-légale Poiters , 13/01/2012

Les jugements cliniques structurés
• Développés à partir de la critique des instruments actuariels qui figent le sujet dans une image statique
• Associent des facteurs dynamiques susceptibles d’évoluer sous l’effet du traitement aux facteurs statiques
• Permettent de développer des stratégies de gestion du risque
• Associent maintenant des échelles d’évaluation du risque à des échelles évaluant des facteurs de protection

http://www.senon-online.com/

Nicole Maestracci (04/02/2013) Récidive : « Les peines alternatives à la prison sont de vraies peines », (Article à voir sur Rue 89)

Extraits:

Nicole Maestracci est le visage de la conférence de consensus sur la prévention de la récidive, lancée en septembre par la ministre de la Justice. Pourtant, la magistrate rechigne à l’incarner. Elle dit « nous » et pas « je ». Précise, plusieurs fois, que ce n’est pas elle qui décide. Que si elle préside bien le comité d’organisation de la conférence, ce n’est pas son avis qui prévaut, mais celui du jury (…)

Certains pays, comme la Suède, prévoient des libérations conditionnelles systématiques. Là-bas, le condamné sort de toute façon aux deux tiers de la peine. L’évaluation ne sert pas à décider s’il doit sortir, mais à déterminer le contenu du suivi. La différence, c’est qu’en Suède, un conseiller d’insertion et de probation suit entre 25 et 35 cas par an. En France, c’est plutôt de 80 à 130 dossiers. Ce n’est pas tout à fait la même chose (…)

 

Quel bilan faites-vous des travaux de la conférence de consensus jusqu’à présent ?

Au départ, la conférence se heurtait à un certain scepticisme, parce que c’est une méthode très inhabituelle dans le monde judiciaire. C’était assez difficile à comprendre. Ce processus fait intervenir beaucoup de gens, c’est un pari sur l’intelligence collective et le croisement des regards.

Tous les professionnels avaient le souci de débattre et de contribuer, de trouver des solutions. Ils ont aussi exprimé un sentiment de perte de sens, due à l’impression de gérer des flux et à la surcharge de travail. Des magistrats et fonctionnaires nous ont dit : « A la fin de la journée, on ne sait plus ce qui est important et ce qui ne l’est pas ».

En France, on dispose de beaucoup de mesures, soit en pré-sentenciel (les réponses pénales apportées par le parquet), soit en post-sentenciel. Mais au fond, même si on peut avoir le sentiment que telle ou telle mesure est plus ou moins efficace, les connaissances des acteurs sont très empiriques. On ne dispose pratiquement d’aucune évaluation sur la prison ou sur les mesures alternatives en milieu ouvert.

L’importation de la conférence de consensus, issue du monde médical, dans le domaine de la justice, témoigne-t-elle d’une mutation de la répression vers le soin ?

J’y verrais plutôt l’idée que pour mener une politique pénale, on doit se fonder sur des données scientifiques, même s’il ne s’agit pas là de sciences dures mais de sciences humaines et sociales. Il y a toujours une part d’humain et d’émotion dans l’accompagnement de quelqu’un. Néanmoins, on a suffisamment de données aujourd’hui pour dire : ce n’est pas possible de continuer comme ça.

Aujourd’hui, tous les textes successifs ont rendu l’accès aux mesures d’aménagement plus difficile pour les récidivistes. Résultat, les récidivistes, qui sont les personnes les plus en risque de récidive, bénéficient le moins des mesures propres à réduire les risques. C’est une absurdité, une contradiction relevée par beaucoup des intervenants qu’on a entendus.

http://www.rue89.com/2013/02/04/recidive-les-peines-alternatives-la-prison-sont-de-vraies-peines-239076

Claude-Olivier Doron (juin 2007) Gouverner la dangerosité : sur quelques légitimations de l’injonction de soin

Communication au colloque « La politique des faux semblants », Pratiques de la folie, juin 2007

Tout l’enjeu du travail thérapeutique va être justement convertir ce mode de rapport à soi sous un mode pulsionnel en un mode de rapport à soi sous un mode responsable et coder ce rapport à soi sous un mode pulsionnel comme une « résistance », une manière qu’a le sujet de se dédouaner de sa responsabilité, de « se trouver des excuses » ; on va impliquer à tout les niveaux le sujet dans le processus de soin et ainsi le responsabiliser. On désactive la problématique pulsionnelle pour passer à une problématique relationnelle. Cette position est très claire dans la prise en charge mise en place dans les SPIP et l’on comprend bien pourquoi. Le pulsionnel ne regarde absolument pas les CIP ; par contre, ils peuvent travailler sur le relationnel, où ils servent de médiateurs de la loi. « On essaye de leur faire admettre l’idée que s’ils ont agi mal, c’est qu’ils n’avaient pas suffisamment réfléchi à ce qu’ils faisaient […] leur problème, c’est l’intégration de la loi au sens fort du terme […] On s’efforce de rendre le sujet responsable de son acte, de la sanction et du suivi qui lui sont corrélatifs…

 

La présence, tout au long du suivi, d’une obligation sanctionnée par un dispositif judiciaire offre au sujet une forme « d’étayage » qui lui permet de persévérer dans sa thérapie. « La sanction ouvrant sur l’obligation, sous la forme d’une injonction pénale, prendra tout son sens : elle soutiendra le sujet dans son travail psychique, dans la peine qu’il prendra pour mettre en place puis partager les valeurs de ses contemporains. Ce travail , qui ne pourra se réaliser qu’avec un professionnel formé et averti, voit les termes de soin, de surveillance et de sanction devenir des partenaires indissociables. » En vérité, « le soin et la surveillance sont cousins germains. On conçoit mal un soin sans surveillance et une surveillance qui ne prenne pas soin sous une forme ou sous une autre. » Le thérapeute n’a donc pas à trop se préoccuper s’il occupe une fonction de surveillance ; elle coïncide plutôt qu’elle ne s’oppose à sa fonction de soignant. Quant au partage des informations entre justice et médecine, point si brûlant dans la prise en charge des AVS, il convient de l’envisager dans le cadre plus large du partage des informations entre soignants et la notion de « secret médical partagé » qui est l’un des principes décisifs de la prise en charge établi par l’ARTAAS. « On ne peut pas travailler seul avec ces sujets. ». En effet, le sujet est marqué par le clivage et le déni. Multiplier les points de vue, les instances d’observation et d’examen, autour de lui, constitue un moyen de briser ce clivage. C’est évident dans le transfert des informations entre justice et psychiatrie : le développement de « liens » entre justice et psychiatrie, dans le respect des limites déontologiques de chacun, facilite le travail thérapeutique en permettant de s’attaquer au clivage et au déni, en confrontant par exemple le sujet à la réalité des faits pour lesquels il a été condamné.

Gouverner la dangerosité

si le lien est brisé:DORON gouverner_la_dangerosite

Denis Lafortune et Brigitte Blanchard (2010): « Parcours  : un programme correctionnel adapté aux courtes peines » , Criminologie, vol. 43, n° 2, 2010, p. 329-349.

RÉSUMÉ :
Denis LafortuneCet article présente les composantes du programme correctionnel Parcours et la façon dont elles ont été implantées dans les prisons provinciales. On a confié au premier auteur le mandat d’élaborer un programme correctionnel de courte durée, encourageant les contrevenants à prendre conscience des conséquences de leur comportement et à amorcer un cheminement personnel axé sur le sens des responsabilités.  Parcours repose sur trois modules prévoyant chacun huit heures d’intervention. Le premier vise la conscientisation et la responsabilisation des personnes incarcérées par l’entremise de certaines applications de l’approche motivationnelle. Le deuxième vise à amener les participants à prendre conscience des raisonnements moraux et des autojustifications qui viennent banaliser leurs comportements criminels. Quant au dernier, il vise à mieux comprendre le processus de passage à l’acte et à élaborer un plan de prévention de la récidive. Un premier bilan de l’implantation montre que le programme Parcours est introduit à des degrés variables dans 95 % des établissements de détention du Québec. Néanmoins, la plupart des participants n’ont bénéfi cié que de deux des trois modules prévus. Une conclusion s’impose : dans un avenir rapproché, il faudra uniformiser l’implantation du programme et évaluer ses effets.

http://www.erudit.org/revue/crimino/2010/v43/n2/1001780ar.pdf

HERZOG EVANS (25/01/2013)  Communication au Sénat dans le cadre de la conférence organisée par le CREDOF, l’Observatoire international des prisons et la CNCDH sur « La défense et la dimension collaborative de l’application des peines »

Vm
P

Evans presentation Powerpoint

Voir la page sur le site de MHE

 

Kelly Hannah-Moffat & Margaret Shaw (2001) Situation risquée : le risque et les services correctionnels au Canada

Kelly Hannah-Moffat, Professeur, Département de sociologie, Université de Toronto
Margaret Shaw, Professeur, Département de sociologie et d’anthropologie, Université Concordia

CRIMINOLOGIE, VOL. 34 N° 1 (2001)

RÉSUMÉ • Les auteurs avancent que la tendance à généraliser la gestion du risque comme une caractéristique répandue dans les sociétés modernes néglige la spécificité des constructions, des histoires et des applications particulières du terme risque dans un contexte social donné. L’article s’interroge sur le concept de risque dans le cadre de la recherche et de la politique du gouvernement fédéral canadien en matière correctionnelle. Plus particulièrement, il traite de la façon dont la construction du risque dans la recherche correctionnelle et dans les politiques visant l’évaluation et la gestion de tels risques fait référence à une norme d’homme blanc, de classe moyenne, ou, en d’autres mots, comment le risque est défini selon le genre et la race. Il aborde également la manière dont l’hybridation du risque et de la réhabilitation (évidente dans les concepts d’évaluation risque/besoin et de gestion risque/besoin) contribue à la réaffirmation de la réhabilitation, faisant ainsi apparaître un modèle mixte de gestion.

 

Les connaissances sur le risque fournissent de l’information pour les pratiques correctionnelles. Alors que les facteurs de risque constituent des artefacts statistiques qui reflètent certaines caractéristiques de population, il arrive souvent que l’on attribue ces facteurs à des individus et qu’on les utilise pour légitimer un vaste éventail d’interventions, y compris la responsabilisation des délinquants. Cette attribution du risque à des individus découle du développement d’outils d’évaluation, ainsi que de l’administration et de l’interprétation desdits outils. Nos observations sur ce processus révèlent des tendances inquiétantes qui demandent que l’on procède à d’autres examens critiques des critères à la base des technologies d’évaluation du risque et des méthodes proposées pour la réduction du risque. Les chercheurs et les praticiens qui se font les défenseurs des technologies du risque définissent souvent le risque en se fondant sur une moralité de classe moyenne de race blanche. Subtilement, on institutionnalise et on reproduit les désavantages sociostructurels autant que les stéréotypes basés sur le genre et les dimensions ethno-culturelles. À première vue, le risque et l’initiative de sa gestion apparaissent non moralisateurs, efficaces, objectifs et non discriminatoires ; mais tout autre est la réalité.

http://www.erudit.org/revue/crimino/2001/v34/n1/004755ar.pdf

FRANCE CULTURE (12.01.2013)  Emission « Concordance des temps »: Le viol : histoire d’un crime

Le 16 décembre dernier, une jeune étudiante indienne a été victime d’un viol collectif dans un autobus de New Delhi pendant que son compagnon, qui tâchait de la protéger, était frappé avec une barre de fer. La police a mis longtemps à venir les secourir et à l’hôpital les médecins les ont traités avec une condescendance ostensible. La jeune femme est morte de ses blessures deux semaines plus tard à Singapour où elle avait été transportée. Un puissant mouvement de protestation depuis lors, parcourt le pays. Un mouvement qui est sans précédent et qui réveille le féminisme. Il ne réclame pas la protection des femmes mais d’abord leur liberté de se mouvoir sans danger dans l’espace public.

Or il se trouve que ces évènements font un écho douloureux au manifeste retentissant qu’en France 313 femmes ont signé derrière Clémentine Autain dans Le Nouvel Observateur du 22 novembre pour dire avec éclat qu’elles avaient été elles-mêmes violées et que la réponse de la société, notamment par le fait de la police et de la justice, demeurait en dépit des progrès de la législation, gravement insuffisante, alors qu’il y aurait en France, nous dit-on, un viol toutes les sept minutes. Georges Vigarello, mon invité ce matin, a publié naguère en 1998, une Histoire du viol, qui a été saluée à l’époque et depuis lors comme une contribution majeure et très neuve, à la connaissance de ce crime et de ses effets depuis le XVIe siècle jusqu’à nos jours. Nous allons voir ensemble que la manière dont la société, de siècle en siècle, l’a considéré, châtié, ignoré, éventuellement refoulé ou excusé, que cette manière est destinée à apprendre beaucoup dans le long terme sur les relations entre les hommes et les femmes, le poids des hiérarchies sociales, la place de cette violence parmi toutes les autres, notamment durant les guerres, et en définitive à faire comprendre comment un impératif moral tout simplement élémentaire a pu être étouffé par les préjugés, les hypocrisies, et, derrière le fragile vernis de la civilisation, les cynismes souvent complaisamment tolérés. Jean-Noël Jeanneney (suite…)

phpMyVisites