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Direction des Affaires Criminelles et des Grâces: Rapport du groupe de travail sur le traitement des crimes en série

Le rapport sur le traitement judiciaire des crimes en série est le fruit des réflexions des membres du groupe de travail créé par le garde des Sceaux en février 2006. Piloté par la direction des affaires criminelles et des grâces (DACG), ce groupe de travail composé de professionnels issus de la police, de la gendarmerie, de la magistrature ainsi que d’experts, avait pour mission de faire toutes propositions utiles pour apporter des réponses rapides et efficaces aux crimes en série.

« Les criminels en série suscitent à la fois une répulsion et une fascination que l’on retrouve dans les médias et dans l’opinion publique : fascination au regard du nombre d’études, d’ouvrages ou de films et séries qui sont consacrés à ces individus, répulsion face à la réalité brute à laquelle sont confrontés les familles des victimes, les enquêteurs, les magistrats et l’ensemble de nos concitoyens. Ce sentiment de répulsion et d’indignation est évidemment renforcé quand l’auteur des faits est non seulement réitérant mais récidiviste : à la gravité intrinsèque de chacune des atteintes à la vie ou à l’intégrité physique des victimes s’ajoute alors le constat de l’échec de la réponse sociale à l’égard de ces criminels hors norme. Commis en état de récidive ou non, les crimes en série constituent une réalité pour laquelle les outils d’analyse apparaissent insuffisants. »

http://www.justice.gouv.fr/art_pix/1_rapportcrimesenserie.pdf

Université de Nice Master 1 en Sciences de l’Information et de la Communication Département Arts Communication Langages

Médiatisation et sur-médiatisation du phénomène des tueurs en série en France : un âge d’or du fait divers, 1980-2005.

Mémoire présenté et soutenu publiquement par Holuigue Blandine

En ouvrant son téléviseur, en lisant son journal ou en écoutant un flash d’information dans sa voiture, toute personne s’est déjà sentie concernée, au moins une fois, par les exactions d’un tueur en série. En tant que cible médiatique, chaque spectateur ou lecteur participe, involontairement, à l’augmentation de l’audimat et des tirages et justifie la médiatisation excessive de ces criminels. Emile Louis, Guy Georges, Francis Heaulme, Michel Fourniret, Patrice Alègre… Ces noms symbolisent l’horreur, la cruauté et l’angoisse. A partir des années quatre-vingt, ces criminels ont, tour à tour, défrayé la chronique au point de devenir familiers. En quelques années, leur statut de tueurs en série et de meurtriers sanguinaires leur a permis d’accéder au rang de véritables vedettes médiatiques. Des films, des séries policières, des ouvrages, des émissions, des interviews, le mythe du tueur en série a complètement intégré notre culture. Par exemple, comment rester indifférent en apprenant que le parcours criminel de Roberto Succo, tueur en série italien, a inspiré l’écriture d’un livre, le scénario d’un film, mais également la création d’une pièce de théâtre ? Devant la multiplication de ce type de productions « culturelles », il est désormais indispensable de se demander jusqu’où les journalistes et les producteurs seront prêts à repousser les frontières de la moralité, et à piétiner le respect dû aux victimes et à leur famille pour satisfaire la fascination ambiguë du public.

http://www.tueursenserie.org/enplus/Memoire_Blandine_Socio.pdf

 

Jean Dozois, Michèle Lalonde et Jean Poupart, Criminologie, vol. 17, n° 2, 1984, p. 25-51.

« Dangerosité et pratique criminologique en milieu adulte »

INTRODUCTION
À l’occasion du colloque que tenait l’Association professionnelle des criminologues du Québec (A.P.C.Q.) en 1979, plusieurs praticiens s’étaient interrogés sur la notion de dangerosité. En réponse à ces interrogations et à l’invitation du comité scientifique de cette association, nous avons entrepris une recherche sur l’usage que les criminologues font (ou ne font pas) de cette notion dans leur pratique professionnelle’. Cette recherche comprend deux volets : le premier porte sur les criminologues qui travaillent au sein du système de justice pour adultes. Le second s’intéresse à ceux qui interviennent auprès des jeunes.

http://www.erudit.org/revue/crimino/1984/v17/n2/017198ar.pdf

ou si le lien est brisé:

Dangerosite_et_pratique_criminologique_en_milieu_adulte

Jean Poupart, Jean Dozois et Michèle Lalonde, Criminologie, vol. 15, n° 2, 1982, p. 7-25.

« L’expertise de la dangerosité »

L’habitude de recourir à l’expertise professionnelle repose sur les deux grandes doctrines qui ont donné naissance au système pénal occidental. Dans l’optique du droit pénal classique, il fallait, pour établir la culpabilité, que le juge puisse déterminer le degré de responsabilité morale du criminel. Toutefois, cette tâche s’avérait difficile pour certaines catégories de délinquants, tels les anormaux mentaux, et c’est sans doute à cette difficulté que les psychiatres doivent leur venue dans l’appareil de justice. Ces derniers avaient dès lors la mission d’aider le juge à évaluer la part de responsabilité que l’individu pouvait avoir de ses actes. L’avènement de la doctrine positiviste à la fin du XIXe siècleest venu renforcer le statut de l’expertise professionnelle. Selon la philosophie positiviste, il ne suffisait pas de délimiter la responsabilité du délinquant; il fallait surtout préciser son degré de dangerosité de manière à s’assurer que ce dernier soit mis hors d’état de nuire par des mesures de neutralisation, ou de réhabilitation. Le psychiatre se voyait ainsi assigner une double fonction : en plus de conseiller le juge sur la responsabilité du délinquant, il se devait également de le renseigner sur les risques sociaux de ce dernier et sur les meilleures dispositions à prendre.

http://www.erudit.org/revue/CRIMINO/1982/v15/n2/017157ar.pdf

ou si le lien est brisé:

L’expertise de la dangerosité POUPART 1982

Philippe Bessoles (dir.) , Criminalité et récidive, Évaluation. Clinique. Thérapeutique. Interculturel
« Hors collection Psychologie »

La récidive criminelle au carrefour des épistémologies cliniques, juridiques et médico-légales, Philippe Bessoles
Introduction
L’ouvrage que nous avons le plaisir de diriger s’inscrit dans l’héritage d’une collaboration déjà ancienne avec chacun des universitaires et professionnels de la clinique, du juridique et du médical contribuant à la recherche du phénomène criminel récidivant. Cet ouvrage prolonge une dynamique ancienne de travaux interuniversitaires que le Conseil scientifique de l’université Pierre Mendès France a bien voulu soutenir par le
biais du séminaire transversal sur le thème « Récidive et criminalité » (2005-2006). Ce partenariat fructueux nous a conduit à institutionnaliser ces échanges avec les universités de Nice II Sophia Antipolis (professeur Claude Miollan), Paris VII (professeur Mareike Wolf-Fédida) et Liège en Belgique (professeur Christian Mormont).  Il nous amène depuis quelques années à échanger nos interrogations de travail et à partager certains de nos enseignements. Ainsi, notre partenariat se concrétise depuis trois ans maintenant avec l’échange d’enseignants en clinique expertale entre le DESS d’expertise de l’université de Liège (Belgique) et le master Clinique option victimologie et psychocriminologie de l’université Grenoble II. Il s’ouvre aujourd’hui sur des collaborations internationales en clinique interculturelle et humanitaire en Asie du Sud-Est (Cambodge, Thaïlande, Laos, Viêt-nam, Timor. MM. Grégoire Rochigneux et Pierre Le Roux), Océan Indien (Dr Gilles Beullier. Île de la Réunion), Pacifique Sud (Polynésie, Mme Lucette Taero) et en Amérique latine (OMS. OCHA Mmes Patricia Lavagne et Raquel Zurita, Bolivie et Équateur, professeur D. Maldavsky, Argentine) à propos de la criminalité organisée et le trafic d’êtres humains. Cette collaboration interuniversitaire de recherche s’efforce de coordonner les champs épistémologiques de la clinique, du juridique, du médical, du culturel, de l’humanitaire dans ses capacités à tisser des liens heuristiques pour la connaissance des facteurs et processus criminels récidivants. Elle illustre la volonté des collaborateurs de cet ouvrage
à clarifier et à discuter les référentiels propres à leur champ de recherche dans un souci de lisibilité et de rigueur scientifique.

PROBLÉMATIQUE GÉNÉRALE Criminalité sexuelle et récidive, Philippe BESSOLES

Le degré de dangerosité, particulièrement flou à circonscrire tant sur le plan sémiologique que sur le plan psychopathologique, semble cependant un critère majeur pour les magistrats quand à leurs décisions d’incarcération ou de placement en structure psychiatrique (C.Mormont, 2003). La dangerosité d’une personne semble consister à sa propension à commettre des actes dangereux à l’encontre d’autrui ou de lui même. Certains auteurs ajoutent à cette définition très générique la notion d’imprévisibilité et d’incontrôlabilité (P. Scott 1977, J. A. Monahan 1981, J. A. Monahan et H. J. Steadman, 1994), incluent les menaces sans passages à l’acte (S. A. Shah, 1981, N. Walker, 1996) ou encore l’assimilent simplement à une infraction contre les personnes et les biens (C. Debuys, 1984). Deux pondérations majeures ajoutent à la complexité de la problématique : . Nous savons que les prédictions de dangerosité sont parfaitement aléatoires (C. Montandon, 1979, J. Proulx, 1993, 1996, 1999). Les travaux de J. A. Monahan (rapportés par C. Montandon, 1979 puis par C. Mormont, 2003) « indiquent que les fausses prédictions de dangerosité varient entre 54 et 99 %, que les méthodes de prédiction soient des examens psychiatriques, des tests psychologiques, des indicateurs comportementaux ou des analyses multivariées ». D’autres recherches (V. L. Quincey, 1984, D. A. Crighton, 1997, G. J. Towl et coll., 1997) montrent que « les malades mentaux ne commettent pas plus de faits de violence que la population ordinaire ». La notion de dangerosité n’est pas non plus indépendante des normes et valeurs psycho-sociales et socio-politiques, du caractère surdéterminé de ses actes médico-légaux, de la multiplicité et du caractère composite de sa psycho-genèse,… Comme le souligne C. Mormont (1988, 2003) « la dangerosité peut présenter un caractère immédiat et critique ou être une disposition dont l’actualisation peut survenir même après un long délai ». Il serait hasardeux dans un tel contexte de prédire les risques de récidive d’une criminalité quelle que soit sa qualification et, à partir de là, élaborer des stratégies y compris thérapeutiques sans avoir au préalable clarifier a minima les enjeux à l’œuvre. Sur le plan clinique, les référentiels nosographiques ajoutent à cette complexité. Les notions de « psychopathies », « paraphilies », « états-limites », « perversions », « sujets anti-sociaux », etc. complexifient l’analyse et l’évaluation des risques. Le pronostic s’avère, de fait, dépendre plus d’une probabilité incertaine ou aléatoire. La revue bibliographique montre 12 –que des individus estimés dangereux n’adoptent jamais de conduites délictueuses ni criminelles (« faux positifs ») une fois leur incarcération accomplie ; alors que d’autres (« faux négatifs ») ne présentant pas de facteurs de risques particuliers (qui restent à préciser) commettent des délits dès leur libération.

 http://www.champsocial.com/extrait-Victime-Agresseur_Tome_4,548.pdf?champsocial_panier=c9b67163c523521d436ae24701a8323f

André Normandeau et Maurice Cusson, criminologues, École de criminologie, Centre international de criminologie comparée, Université de Montréal

“Une criminologie francophone en Amérique depuis 1960: bilan et perspectives” (1996) 

Au début des années ’60, le Québec fut, dans bien des domaines, et certainement dans celui des universités, la région du monde témoignant d’un taux de développement comptant parmi les plus élevés. La marginalité, le caractère exceptionnel de la société québécoise en a été encore accentué : tout ou presque y a été possible. De nouveaux projets foisonnaient, les esprits étaient insatiables après la grande tranquillité des décennies précédentes. 11 y eut ainsi une rencontre unique entre la marginalité personnelle de Denis Szabo et la communauté québécoise. Son propre éclectisme intellectuel s’est épanoui dans un milieu en quête d’une nouvelle image de lui-même. Bâtir une nouvelle société prête à toutes les expériences pour s’aménager : voilà un de ces rares moments privilégiés de l’histoire où une telle aventure peut se transformer dans un projet collectif réaliste. C’est ainsi que la criminologie québécoise des années ’60, sous le souffle de son fondateur, Denis Szabo, s’est par la suite développée au rythme du champignon, à
l’image de la société québécoise des années ’60 et ’70 et de sa « Révolution tranquille »

La criminologie_francophone_depuis_1960