Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
Header

Rapport BURGELIN (2005), « Santé, justice et dangerosité »

Dans son acception criminologique, la dangerosité peut se définir comme « un phénomène psychosocial caractérisé par les indices révélateurs de la grande probabilité de commettre une infraction contre les personnes ou les biens ». L’évaluation de l’état dangereux se confond alors avec le pronostic de la réitération et de la récidive. Plus précisément, il importe de ne pas confondre la dangerosité en milieu ouvert et en milieu fermé. Ainsi, la bonne adaptation à l’univers carcéral ne saurait être systématiquement considérée comme le gage d’une absence de dangerosité en milieu libre. De fait, des détenus présentant un pronostic élevé de récidive, comme ceux condamnés pour des infractions à caractère sexuel, peuvent avoir un bon comportement en prison sur le plan de la discipline ; inversement, la réaction à l’emprisonnement peut se traduire chez certaines personnes par un rejet des règles et de la hiérarchie pénitentiaires, attitude qui, pour autant, n’est pas forcément le signe d’une dangerosité criminologique en milieu ouvert. La dangerosité psychiatrique, quant à elle, se définit comme un risque de passage à l’acte principalement lié à un trouble mental, et notamment au mécanisme et à la thématique de l’activité délirante (…)

 Le renforcement des outils propres aux champs judiciaire et sanitaire: (…) L’ensemble de ces statistiques ne suffit pas à évaluer la proportion de la population pénale pouvant être qualifiée de dangereuse. En effet, ces données sont parcellaires, le nombre d’acquittements* résultant de l’abolition du discernement de l’accusé ne pouvant être estimé, compte tenu de l’absence de motivation des arrêts des cours d’assises. De même, les personnes condamnées, non détenues et souffrant de troubles mentaux ne peuvent pas être dénombrées. En outre, même des statistiques affinées sur ces points s’avèreraient peu exploitables, les individus atteints de troubles mentaux ne pouvant être systématiquement assimilés à des personnes dangereuses. Surtout, ces chiffres ne tiennent pas compte des circonstances dans lesquelles les infractions recensées ont été commises. Or, on ne peut déduire du seul caractère criminel d’un acte le risque de réitération* ou de récidive* de celui qui le commet : la dangerosité de l’auteur d’un parricide peut ainsi être considérée comme relativement faible, tandis que celle d’un tueur en série ou même de l’auteur d’un vol avec violences est susceptible de s’avérer particulièrement élevée. Toutefois, si aucun outil statistique n’apparaît susceptible de prendre l’entière mesure de la notion de dangerosité, eu égard au caractère protéiforme de cette dernière, il n’en demeure pas moins essentiel de définir des indicateurs permettant de mieux circonscrire la population pénale dangereuse (proposition n°9).

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/054000449/0000.pdf

FRANCE CULTURE (2011) LE BIEN COMMUN ; Peut-on éduquer et punir en même temps ? (01.09.2011)

Antoine Garapon s’entretient avec le sociologue Gilles Chantraine, du Centre lillois d’études et de recherches économiques et sociologiques (CLERSE), qui a publié en juillet 2011 un rapport intitulé : « Les Prisons pour mineurs, controverses sociales, pratiques professionnelles, expériences de réclusion ». Ensemble, ils évoquent le récent rapport de la Commission des lois du Sénat, « Enfermer et éduquer : quel bilan pour les centres éducatifs fermés et les établissements pénitentiaires pour mineurs? (EPM) »

Modèle d’évaluation et de réadaptation des délinquants fondé sur les principes du risque, des besoins et de la réceptivité (2007)

big8Résumé
Élaboré dans les années 1980 et présenté officiellement en 1990, le modèle fondé sur les principes du risque, des besoins et de la réceptivité est utilisé avec de plus en plus de succès pour l’évaluation et la réadaptation des criminels, au Canada et partout dans le monde. Comme son nom le sous-entend, ce modèle est fondé sur trois principes :

1) le principe du risque fait valoir que le comportement criminel peut être prédit de manière fiable et que le traitement doit être centré sur les délinquants qui présentent le risque le plus élevé;

2) le principe des besoins fait ressortir l’importance des facteurs criminogènes dans la conception et la prestation du traitement; et

3) le principe de la réceptivité décrit comment le traitement doit être fourni.

Le présent document résume le rôle de ces principes dans l’élaboration des instruments d’évaluation du risque. Il explique également pourquoi certaines interventions donnent de bons résultats et d’autres pas.

http://www.securitepublique.gc.ca/cnt/rsrcs/pblctns/rsk-nd-rspnsvty/rsk-nd-rspnsvty-fra.pdf

Actes de la Conférence nord-américaine de psychologie de la justice pénale et criminelle 2007

TABLE DES MATIÈRES

Section A : Enjeux de la psychologies de la justice pénale et criminelle
Problèmes systémiques et résultats correctionnels : Élargir le champ de la psychologie correctionnelle (C.B. Clements, R. Althouse, R.J. Ax, P.R. Magaletta, T.J. Fagan, & J. S. Wormith)
Élargissement du champ d’application du modèle d’évaluation et de traitement correctionnel fondé sur les principes du risque, des besoins et de la réceptivité (RBR) (D.A. Andrews)
Lignes directrices structurées pour l’évaluation de la qualité des études (L. Helmus)
Conflit sexuel et coercition (V. Quinsey)
Section B : Évaluation du risque
Le point sur l’évaluation du risque de violence : Le jugement clinique a-t-il un rôle à jouer? (M. Rice)
Comparaisons entre les sexes fondées sur le Questionnaire d’autoévaluation (QAE) : Un instrument d’évaluation du risque de récidive violente et non violente)
Évaluation de la validité prédictive de l’outil Youth Level of Service/Case Management Inventory (K. Bechtel, C.T. Lowenkamp, & E. Latessa)
Prévision de la récidive chez les délinquants adultes : Étude prospective en quatre phases (S.L. Brown & E. Zamble)
Conversion de l’échelle d’évaluation des besoins des délinquants sexuels en instrument d’autoévaluation (SONAR-SR) (M. Chajewski & K.A. Markus)
Section C : Interventions )
Risque, besoins et réceptivité : méthode heuristique d’évaluation de la qualité des interventions auprès des délinquants (G. Bourgon, R.K. Hanson, & J. Bonta)
Le traitement empire-t-il l’état des psychopathes? Examen méta-analytique (C.L. Tanasichuk & J.S. Wormith)
Méta-analyse éclairée du point de vue de la psychologie des études sur les résultats des traitements donnés aux délinquants sexuels (R.K. Hanson & G. Bourgon)
Le programme d’auto-modification du comportement cognitif du Vermont : argument en faveur d’une classification adaptée aux risques (C.M. Sadler & T.A. Powell)
Prédiction du décrochage des programmes intensifs de traitements des délinquants violents au canada (R. Gobeil & R. Serin)

NACCJPC20Proceedings_Fr_Feb20081.pdf

 

Nous détaillerons dans un instant avec Laure de Vulpian  les 12 propositions remises ce soir à Jean Marc Ayrault et Christianne Taubira. 12 propositions issues de la conférence de consensus sur la récidive, pierre angulaire d’un futur projet de loi annoncé pour le mois de Juin.

Podcast FRANCE INTER 03.04.2012 Emission « Du grain à moudre« 

 » La criminologie a-t-elle toute sa place à l’université? »

On connaissait la guerre des polices.Voici la guerre des criminologues.Un conflit qui agite ces jours-ci le petit monde des universitaires français.
Il y a une quinzaine de jours, la criminologie faisait son entrée au Conseil national des universités (CNU), devenant ainsi une discipline à part entière, ayant donc vocation à être désormais enseignée de manière totalement autonome. Le résultat, selon le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, d’une consultation publique ayant conduit à la conclusion suivante : « il existe une demande de formation ad hoc en ce domaine ».
A première vue, rien que de très normal.
Contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays, la criminologie n’était considérée jusque là, en France, que comme une sous-catégorie, liée à d’autres disciplines. Sa reconnaissance officielle permettrait donc de rattraper le retard. Sauf que cette initiative est loin, très loin, de faire l’unanimité dans la communauté scientifique. Même l’association française de criminologie est contre.Et ce pour plusieurs raisons. Sur la forme d’abord : la consultation, revendiquée par le ministère, n’aurait pas vraiment eu lieu, en tout cas les résultats n’ont pas été communiqués. Ensuite sur le fond : nombreux sont ceux qui considèrent que l’autonomisation de la criminologie ne répond pas à une nécessité pédagogique, que cette discipline ne peut en aucun cas être dissociée du droit par exemple, ou de la psychologie. Enfin, et c’est ce qui rend la problématique intéressante pour l’ensemble de la population, la reconnaissance de la criminologie comme discipline à part entière masquerait des intentions plus strictement politiques : une façon de faire passer un discours et des pratiques sécuritaires, en les faisant valider par des « spécialistes » pas vraiment au-dessus de tout soupçon, puisque proches de l’actuel pouvoir.

Invité(s) :
Alain Bauer, titulaire de la chaire de criminologie au CNAM
Martine Herzog-Evans, professeur de droit pénal et d’exécution des peines
Philippe Conte, professeur et directeur de l’Institut de criminologie de Paris
Fabien Jobard, directeur du Centre de recherches sociologiques

Les risques assumables : récidive et libération conditionnelle

Pierre Tremblay, Chloé Leclerc et Sylvie Boudreau
Criminologie, vol. 42, n° 2, 2009, p. 195-221.

Pierre Tremblay: Professeur, École de criminologie, Université de Montréal (pierre.tremblay@umontreal.ca)

Chloé Leclerc; Candidate au doctorat, École de criminologie, Université de Montréal (chloe.leclerc@umontreal.ca)

Sylvie Boudreau; Candidate à la maîtrise, École de criminologie, Université de Montréal (boudreau_sylvie@hotmail.com)

Résumé: Les décisions de remise en liberté conditionnelle reposent sur une évaluation du risque de récidive qui s’élabore autour des antécédents d’arrestations ou de condamnations du détenu. Les risques de récidive « réels » ne sont jamais vraiment étudiés. La présente étude fait état d’une enquête auprès d’un échantillon d’étudiants universitaires (N =274) sur les chances de récidive qu’ils jugeraient acceptables ou « assumables » dans une décision de libération conditionnelle. Confrontée à des mises en situation très spécifiques, la règle adoptée par les répondants semble être une règle de prépondérance : lorsque les chances de récidive sont jugées prépondérantes (70 % ou plus), ils ne prennent pas le risque de libérer le détenu ; lorsqu’elles sont jugées faibles (30 à 40 %), ils acceptent de courir ce risque. L’étude dégage le profil des décisions déviantes (trop prudentes et trop imprudentes).

Mots-clés : récidive, prise de risque, libération conditionnelle, aménagement des peines, sentencing, réhabilitation

Les risques assumables  : récidive et libération conditionnelle