Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
Header


Principaux types de croyances associées au PTSD

et méthodes pour remettre en question ces croyances

 

(Steven Taylor (2006) Clinician’s guide to PTSD : a cognitive-behavioral approach)

 

Domaines de croyances et exemples de croyances

 Exemples d’interventions

Croyances relatives à la dangerosité des autres et du monde (par exemple, « Je ne peux jamais être en sécurité »), souvent associées à une intolérance à l’incertitude. Ces croyances peuvent résulter d’une remise en cause d’hypothèses antérieures (par exemple, « Les mauvaises choses n’arrivent pas aux bonnes personnes ») ou d’un renforcement de croyances préexistantes (par exemple, « Il y a plus de mal que de bien dans le monde »).

·         Examinez la nature et la qualité des preuves à l’appui des croyances.

·         Établir des lignes directrices raisonnables pour distinguer le danger de la sécurité.

·         Identifier et traiter les idées noires et blanches (par exemple, « Est-il vraiment vrai que l’on n’est jamais en sécurité ? »).

·         Discuter de la capacité d’adaptation de certaines croyances (par exemple : « Le fait de refuser de tolérer toute forme d’incertitude aide-t-il ou nuit-il à votre qualité de vie ?)

Les croyances métaphysiques, telles que les croyances religieuses ou spirituelles particulières (par exemple, « Dieu m’a abandonné », « La vie n’a plus de sens ») et les croyances sur la nature de l’existence après la mort (par exemple, « L’âme de ma soeur décédée continue de souffrir horriblement »).

·         Travailler au sein du système de croyances du patient pour résoudre la crise des croyances religieuses ou spirituelles. Cela peut impliquer de demander l’aide d’un expert religieux ou spirituel pour fournir des informations rassurantes au patient (par exemple : « Dans notre religion, Dieu ne laisserait pas l’âme de votre bonne sœur souffrir dans l’au-delà »).

·         Explorer les moyens de redonner un sens à sa vie (par exemple, s’engager dans des activités qui ont un sens personnel, comme le bénévolat pour aider les autres).

·         Examiner la plausibilité des croyances (par exemple : « Le fait qu’il ait été horriblement assassiné signifie-t-il qu’il continue à souffrir ? Se pourrait-il que son corps mutilé ne soit qu’un réceptacle vide que son âme a abandonné ?)

Croyances associées à la défaite mentale et à l’engourdissement émotionnel. Voici quelques exemples de croyances associées à la défaite mentale : « J’ai été détruit en tant qu’être humain ». »Je suis une personne creuse », « Je n’ai ni volonté ni autonomie ». Parmi les exemples de croyances associées à l’engourdissement, citons : « Je ne me sentirai jamais proche de personne », « Je ne me sentirai jamais passionné par la vie » et « Je ne vivrai pas assez longtemps pour voir mes enfants atteindre l’âge adulte ».

 

·         Décortiquer les croyances afin d’en identifier et d’en clarifier les différentes composantes (par exemple, qu’entend-on par « creux » ?).

·         Identifier ce qui manque dans la vie de la personne et résoudre les problèmes pour trouver des moyens de rendre la vie plus satisfaisante. Il peut s’agir d’activités qui donnent à la personne le sentiment d’agir ou de maîtriser sa vie (par exemple, une formation à l’affirmation de soi pour aider les patients à reconnaître qu’ils ont leur propre volonté).

·         Examiner les preuves de l’existence de croyances susceptibles de contribuer à un sentiment d’éloignement des autres (par exemple : « Les gens pensent que je suis une sorte de monstre ou de bête de foire parce que mon visage a été défiguré par le feu »).

·         Examinez la capacité d’adaptation de croyances telles que « Je ne retrouverai jamais ma passion pour la vie ».

Croyances associées aux traumatismes … .

 

Colère. Il s’agit des croyances concernant (1) la culpabilité d’autrui, (2) les effets positifs ou stimulants de la colère et (c) la responsabilité de sources externes (par exemple, d’autres personnes) dans la provocation de la colère.

 

·         Faire preuve d’empathie avec le patient sur les raisons de sa colère (qui peuvent être tout à fait légitimes), mais aussi explorer les coûts de la colère.

·         Examinez les croyances concernant les aspects positifs de la colère (par exemple, « La colère m’aide à défendre mes droits ») et vérifiez s’il existe des moyens non colériques d’obtenir ces avantages (par exemple, l’affirmation de soi dans le calme).

·         Examinez les preuves de l’intérêt de garder son calme dans les situations provocantes (par exemple, « Quand votre pensée est-elle la plus claire, lorsque vous êtes calme ou lorsque vous êtes extrêmement en colère ?)

·         Aidez le patient à produire des déclarations personnelles pour l’aider à faire face aux situations provocantes (par exemple, « Rester calme et en contrôle, avec mon exercice de respiration, est la meilleure façon de faire face aux situations tendues »).

La honte. Il s’agit des croyances relatives à la méchanceté, à l’infériorité ou à la culpabilité d’une personne.

 

·         Discuter de manière adaptée des coûts et des avantages de l’imposition d’étiquettes désobligeantes sur soi-même. Identifier et remettre en question toute croyance concernant les effets motivants positifs de la honte ou de l’autoculpabilisation (par exemple : « Avez-vous vraiment besoin de vous autoculpabiliser tous les jours pour ne pas vous mettre en danger ? Toute cette auto-culpabilisation ne vous fait-elle pas vous sentir si mal que vous ne vous souciez plus de ce qui vous arrive ?)

·         Identifiez et contestez les généralisations abusives (par exemple : « Vous avez fait une erreur en décidant de rentrer chez vous avec lui ce soir-là. Cela fait-il de vous une mauvaise personne qui méritait d’être agressée ? »). Dans le cadre de cette intervention, le patient peut être encouragé à qualifier les actions de bonnes ou de mauvaises, mais pas le soi.

·         Les stratégies de distanciation peuvent aider le patient à prendre du recul (par exemple : « Auriez-vous honte de votre sœur si elle avait été violée ? Pourquoi pas ? »).

La culpabilité. Il s’agit de croyances, souvent exagérées, concernant le rôle de chacun dans la réalisation d’une mauvaise action (c’est-à-dire la responsabilité et le blâme : « J’aurais dû mieux savoir », « Si seulement j’avais été une meilleure épouse, alors il ne m’aurait pas battue tout le temps »).

 

– La série d’interventions cognitives de Kubany, qui comprend le débriefing, l’analyse rétrospective, l’analyse de la justification, l’analyse de la responsabilité et l’analyse de l’acte répréhensible.

Croyances concernant les symptômes ou le fonctionnement psychologique d’une personne. Exemples : « Mes flashbacks signifient que je deviens fou », « Mes problèmes de mémoire indiquent que tout le stress a grillé mon cerveau » et « J’aurai une crise cardiaque si mon cœur bat trop vite ».

 

– Psychoéducation sur la nature et les conséquences réalistes des sensations liées à l’excitation en général (par exemple, palpitations, problèmes de concentration) et des symptômes du syndrome de stress post-traumatique en particulier (par exemple, souvenirs intrusifs ou flashbacks).

– Exercices cognitifs pour tester les croyances concernant les effets d’un effort excessif pour contrôler ses pensées (par exemple, « suppression » vs « non suppression », ou pratique d’exercices de pleine conscience pour apprendre que les pensées indésirables n’ont pas de conséquences négatives).

Principaux types de croyances associées au PTSD et méthodes pour les remettre en question

Les institutions pénales aux Etats-Unis connaissent depuis quelques années une multiplication des usages d’algorithmes prédictifs (« risk-assessment tools ») permettant l’estimation probabiliste des risques de récidive. Plusieurs travaux examinent de façon critique les méthodes de construction de ces algorithmes, ainsi que leurs effets en termes de reproduction des inégalités socio-économiques et raciales dans un système pénal déjà caractérisé par de fortes discriminations, mais on en sait peu sur la façon dont ces algorithmes prédictifs sont utilisés dans les tribunaux américains.

Pour étudier ces algorithmes en pratique, la sociologue Angèle Christin a conduit un terrain ethnographique dans plusieurs tribunaux aux Etats-Unis. Elle a effectué plus de 70 heures d’observations ethnographiques en suivant les juges, les procureurs, les greffiers, les administrateurs des tribunaux et les analystes de données dans leurs activités quotidiennes. En plus de ces observations, elle a mené près de 40 entretiens avec des agents de probation, des juges, des procureurs, des avocats de la défense, des greffiers, des administrateurs de tribunaux et des développeurs impliqués dans la construction d’outils d’évaluation des risques de récidives. A partir de ce terrain, Angèle Christin examine les pratiques décisionnelles des juges et procureurs à l’heure des algorithmes. Ses résultats témoignent de l’écart entre les usages des algorithmes, souhaités par leurs promoteurs, ou critiqués par leurs détracteurs, et leurs usages réels, dont les effets sur l’activité judiciaire sont nuancés. (…)

Alors que les critiques adressées à ces modèles prédictifs portent essentiellement sur leur opacité, votre recherche révèle les résistances des magistrats à ces algorithmes. Pouvez-vous nous préciser quel est l’usage réel des outils de prédiction de la récidive ?

L’image qui se dégage de mon analyse ethnographique soulève la question de la résistance des magistrats aux algorithmes. De nombreux juges et substituts du procureur m’ont en effet expliqué qu’ils ne voyaient pas l’intérêt de se servir de ces outils, qu’ils voyaient d’un œil critique pour un ensemble de raisons : les magistrats les trouvaient opaques, critiquaient leur commercialisation par des entreprises privées cherchant à gagner de l’argent en rognant sur la qualité des outils, se plaignaient de n’avoir pas été formé aux méthodes statistiques, et faisaient finalement plus confiance aux méthodes « traditionnelles », c’est-à-dire la lecture du dossier et l’audience avec le prévenu, pour prendre leur décision. Ce faisant, les magistrats défendaient souvent leur expertise professionnelle contre l’automatisme des algorithmes. Cela pouvait en amener certains à ignorer volontairement les scores de risque de récidive. Ceci dit, et c’est une des limites de la méthode ethnographique, je n’ai observé que quelques tribunaux aux Etats-Unis ; mes résultats ne sont donc pas représentatifs. Mais cela permet en tout cas de nuancer l’idée d’une justice prédictive et entièrement automatisée…

 

Ces résultats témoignent de l’écart entre les usages souhaités (et critiqués) des algorithmes et leurs usages réels et nuancent leurs effets sur l’activité judiciaire. Toutefois, vous indiquez qu’au travers de la mise en œuvre de ces algorithmes se joue un déplacement du pouvoir discrétionnaire des magistrats vers les travailleurs sociaux. En quoi ce déplacement est problématique ?

L’un des éléments frappants qui ressort de mon enquête tient en effet aux formes de déplacements du pouvoir discrétionnaire que l’on observe lorsque les outils algorithmiques sont mis en place. Lors de mes entretiens avec les travailleurs sociaux des services de mise en détention provisoire, il est clairement apparu qu’ils savaient très bien comment manipuler l’algorithme afin d’obtenir le résultat qu’ils pensaient approprié. A force d’utiliser ces instruments, ces travailleurs sociaux avaient acquis un savoir pratique précieux : ils comprenaient quelles étaient les variables qui comptaient le plus pour le calcul du score. Mais les magistrats, eux, étaient généralement démunis face aux algorithmes, dont ils ne comprenaient pas le fonctionnement. C’est finalement à ce niveau-là que s’effectue la transformation la plus problématique : en essayant de « rationaliser » un point précis de la chaîne pénale (ici, la décision judiciaire prise par les magistrats) via les algorithmes, on se retrouve face à un déplacement du pouvoir discrétionnaire vers des segments de l’institution qui sont finalement moins visibles que ceux que l’on essayait de réformer. C’est l’une des ironies de nombreux projets de réformes par les algorithmes, et c’est également pour cette raison qu’il est important de regarder de près ce que j’appelle les « algorithmes en pratiques ».

L’article complet: https://linc.cnil.fr/angele-christin-les-methodes-ethnographiques-nuancent-lidee-dune-justice-predictive-et-entierement

(merci Hans!)

A propos de l’auteure:

Angèle Christin est assistant professor au département de Communication et professeure affiliée au département de Sociologie et au programme en Sciences, Technologie et Société de l’Université Stanford ; et chercheure associée de l’institut Data & Society. Elle est également titulaire de la Chaire Sorbonne Université – IEA de Paris « Changements majeurs » au titre de l’année 2019-2020. Angèle Christin est l’une des spécialistes du champ des études algorithmiques aux Etats-Unis qu’elle étudie au travers d’une approche ethnographique pour analyser comment les algorithmes transforment les valeurs professionnelles, l’expertise et les pratiques de travail.

Pour aller plus loin :

Exercice de prise en charge des PTSD: Remise en question des croyances dysfonctionnelles liées au trauma

LES CONTESTATIONS EMPIRIQUES
« Les discussions empiriques aident les patients à examiner les preuves pour et contre leurs croyances dysfonctionnelles. Des croyances alternatives et adaptatives sont générées par le patient et le thérapeute. Les preuves permettant d’évaluer les croyances sont recueillies à partir des expériences du patient et d’autres sources. Les patients peuvent se poser plusieurs questions pour faciliter le processus :
– « Quelles sont les preuves que j’ai de cette croyance ? »
– Existe-t-il des preuves incompatibles avec cette croyance ?
– Existe-t-il une autre explication ou une autre façon de voir les choses ?
Une fois les preuves produites, le patient et le thérapeute décident de la croyance la mieux étayée. Pour déterminer si cet exercice est convaincant, on peut demander au patient d’évaluer la force (0-100) des croyances dysfonctionnelles et alternatives avant et après l’examen des preuves. Si l’exercice est efficace, il devrait réduire la force de la croyance dysfonctionnelle et augmenter la force de la croyance alternative. Les points clés des exercices peuvent être synthétisés sous la forme d’une déclaration lapidaire écrite sur une carte que le patient porte sur lui et qu’il consulte au besoin. Les contestations empiriques peuvent être menées à l’aide de la fiche d’exercice (voir ci dessous) , qui est utilisée pendant les séances de thérapie et comme devoir à la maison.
Pendant la séance de traitement, le patient et le thérapeute peuvent générer des déclarations d’adaptation, qui expriment la croyance adaptative et sont révisées si nécessaire. Prenons l’exemple de la croyance selon laquelle « un ouragan peut frapper à tout moment ». Une déclaration d’adaptation appropriée pourrait être la suivante : « Les ouragans sont des événements rares et les météorologues peuvent les prévoir longtemps à l’avance. Je peux donc supposer que je suis en sécurité jusqu’à ce que je reçoive des informations contraires ».

Les discussions empiriques sont plus efficaces lorsqu’elles se concentrent sur des croyances clairement définies. Cela permet au thérapeute et au patient d’identifier les preuves qui soutiennent ou réfutent sans ambiguïté les croyances. Il arrive cependant que les patients éprouvent des difficultés à formuler leurs croyances parce qu’ils en sont gênés ou parce que le fait d’en parler les rend anxieux. On peut soupçonner une dérobade délibérée (évitement) lorsque le patient est visiblement angoissé à l’idée de parler de ses croyances et qu’il tente de déplacer le sujet de la conversation. Le thérapeute peut aborder ce problème en le soulevant directement, mais avec tact, avec le patient, puis en cherchant des solutions en collaboration.
Le thérapeute doit être attentif à la qualité de la relation thérapeutique et à la manière dont les discussions empiriques sont mises en œuvre. Les patients hésiteront à s’engager dans un traitement s’ils se sentent attaqués ou critiqués pour avoir révélé leurs croyances.
Un autre problème qui peut survenir lors de la conduite de discussions empiriques concerne la question de la réfutation de l’information négative. Un patient pourrait dire : « Comment savez-vous que je ne serai pas dans un avion détourné par des terroristes ? ». Ce type de question contient une demande implicite de certitude. Lorsqu’elles surviennent au cours de discussions empiriques, le thérapeute peut essayer d’utiliser une discussion qui remet en question la demande de certitude.

 

LES CONTESTATIONS ADAPTATIVES

Mettre en évidence le coût des croyances dysfonctionnelles
Les discussions adaptatives impliquent une analyse des coûts et des avantages de certaines croyances. des croyances particulières. Par exemple, Marc a été battu et volé par une bande de jeunes. Pour éviter que cela ne se reproduise, il a essayé d’éviter de quitter son appartement. Bien que Mark vive dans une ville où le taux de taux de criminalité relativement bas, il pensait que « les rues sont très dangereuses ; le meilleur moyen de rester en sécurité est de rester chez soi ». Il a été demandé à Mark de réfléchir à l’adaptabilité de cette croyance en se demandant s’il était possible de l’adapter. Il a été demandé à Mark de réfléchir à la capacité d’adaptation de cette croyance en se posant la question suivante : « Comment cette croyance nuit-elle à ma qualité de vie ? Existe-t-il une autre croyance plus utile que je pourrais plus utile que je pourrais envisager ? »

Remettre en question la demande de certitude
Même lorsque les risques de subir un autre événement traumatique sont très faibles, les patients peuvent encore s’inquiéter de la possibilité que cela se produise. Dans ce cas, il peut être utile d’évaluer si le patient a une demande irréaliste de certitude. Cette dernière se traduit par des croyances telles que « Je ne peux jamais me détendre tant que je sais que ____ pourrait se produire ». Pour remettre en question les exigences de certitude, le patient peut se poser les questions suivantes : Est-il utile pour moi de m’inquiéter à propos de ____ ou mes inquiétudes me gâchent-elles la vie ? Quelles sortes d’incertitudes suis-je prêt à tolérer ? Ai-je appris à tolérer d’autres incertitudes ? Comment y suis-je parvenu ? Le patient et le thérapeute peuvent passer en revue les « risques » quotidiens à faible probabilité que le patient prend déjà, comme respirer de l’air enfumé, conduire sur autoroute ou emprunter les passages pour piétons. Ces exemples peuvent aider les patients à comprendre qu’ils tolèrent déjà toutes sortes d’incertitudes et qu’ils peuvent donc apprendre à accepter d’autres incertitudes à faible probabilité.

Parfois, les patients reconnaissent volontiers le caractère inadapté de leurs croyances, mais insistent sur le fait qu’ils ne peuvent pas s’empêcher de s’inquiéter. Dans ce cas, le thérapeute peut passer à une autre intervention cognitive, telle qu’une discussion empirique pour remettre en question les croyances ou une stratégie de contrôle de l’inquiétude.

methode_matricielle_de_remise_en_question_des_crotances_dysfonctionnelles

 

3 sources de traumas infantiles (ACE)

3 sources de traumas infantiles (ACE)

Le champ pénal intégre désormais de plus en plus la dimension psychotraumatiques dans ses prises en charge, compte tenu de  la base traumatique considérable de la population sous main de justice.

les « Trauma-Informed Practices » (Pratiques tenant compte des traumatismes) plaide en faveur d’une pratique et d’une réflexion tenant compte des traumatismes au cœur des services médico-légaux.

Il fournit un cadre théorique compatissant pour comprendre les liens entre les traumatismes et la délinquance. Il donne également des conseils pratiques sur la manière de travailler avec les problèmes qui sont particulièrement associés à des antécédents de traumatismes en milieu pénal et médico-légal, tels que l’automutilation et la toxicomanie, ainsi que sur la manière de travailler avec des groupes qui sont particulièrement vulnérables aux traumatismes.

Ce cadre théorique balaye également les aspects organisationnels de la fourniture de soins tenant compte des traumatismes, non seulement pour les usagers, mais aussi pour le personnel qui travaille dans des environnements médico-légaux difficiles et dangereux.

Trauma-informed-Care-et-Alliance-Therapeutique – AICS

Pratique prenant en compte les psychotraumatismes

Le traumatisme fait référence à l’expérience d’une menace réelle ou perçue sur la vie ou l’intégrité corporelle d’une personne ou d’un proche. Le traumatisme provoque un sentiment écrasant de terreur, d’horreur, d’impuissance et de peur. Le traumatisme « ponctuel » implique l’expérience d’un événement unique au cours duquel une personne a été menacée, tandis que le « traumatisme complexe » fait référence à un stress cumulatif, répétitif et généré par la personne elle-même (par exemple, des abus continus dans le contexte de relations familiales ou intimes).

Compte tenu de la nature de la population pénale, une grande partie d’entre eux auront probablement subi des traumatismes importants au cours de leur vie.

Les enfants issus de milieux négligents ou abusifs, ce qui est relativement courant parmi les populations délinquantes, éprouvent généralement des sentiments de dévalorisation, d’appréhension, de colère, de peur, d’isolement et de solitude. Ces sentiments peuvent entraîner des difficultés à établir et à maintenir des relations, à faire confiance aux autres ou à s’engager dans une affection significative et saine avec les autres.

Impacts du traumatisme :

  • Symptômes émotionnels (anxiété, peur, cauchemars, tristesse, isolement, dévalorisation, impuissance, culpabilité, honte, colère, troubles du sommeil)
  • Symptômes comportementaux et cognitifs (confusion, difficultés de concentration, retrait des autres, méfiance à l’égard des autres, perte d’intérêt pour les activités, évitement).

Les pratiques tenant compte des traumatismes font référence aux services qui sont conscients et sensibles à la dynamique des traumatismes. Malgré la prévalence des traumatismes dans notre société, de nombreuses personnes et organisations qui fournissent un soutien professionnel ne prennent pas en compte ou ne reconnaissent pas l’impact des traumatismes, et ne réagissent donc pas de manière sensible à l’expérience d’un individu.

Dans les établissements pénitentiaires en particulier, les individus peuvent souffrir de troubles de l’identité, de dysrégulation des affects, de difficultés relationnelles et ont souvent fait l’objet de plusieurs diagnostics antérieurs (par exemple, trouble de la personnalité limite, trouble intellectuel). L’intégration d’une approche des soins et de la facilitation tenant compte des traumatismes est donc très importante dans le contexte pénitentiaire. Une pratique tenant compte des traumatismes reconnaît l’importance des traumatismes pour l’individu et leur impact sur son bien-être émotionnel, psychologique et social. Si le traumatisme est négligé ou n’est pas traité avec sensibilité, il y a un risque de préjudice ou de retraumatisation pour l’individu et l’efficacité du traitement en cours s’en trouve réduite.

Objectifs d’une pratique tenant compte des traumatismes :

  • Créer un sentiment de contrôle et de responsabilisation, permettant aux individus de commencer à guérir et à aller de l’avant par rapport à leur victimisation passée.
  • Créer un environnement physiquement, émotionnellement et culturellement sûr pour toutes les personnes impliquées, en minimisant le potentiel de préjudice supplémentaire ou de retraumatisation.
  • Aider les individus à développer des méthodes prosociales et saines pour gérer les émotions fortes.

Cinq principes clés de la pratique éclairée par les traumatismes :

  1. Sécurité – Les professionnels et les bénéficiaires se sentent physiquement et psychologiquement en sécurité.
  2. Confiance (et transparence)- Les sentiments de méfiance, en particulier à l’égard des figures d’autorité, sont fréquents. Le traitement doit donc être fondé sur la transparence et l’ouverture, dans le but d’instaurer la confiance et la sécurité.
  3. Choix – Le choix dans le traitement permet aux clients de reprendre le contrôle de leur vie. Bien que le choix soit limité pour les clients sous mandat judiciaire, les professionnels doivent être attentifs aux possibilités d’offrir un choix aux bénéficiaires, par exemple en ce qui concerne l’heure et le lieu des rendez-vous, les objectifs du traitement, les stratégies de traitement préférées, etc.
  4. Collaboration – Développer un partenariat avec les bénéficiaires pour comprendre leurs besoins, favoriser le respect, l’efficacité et la dignité. La collaboration fait également référence au service au niveau de l’organisation, où toutes les politiques et interactions avec les personnes doivent se faire dans un cadre tenant compte des traumatismes.
  5. Pouvoir d’agir-Autonomisation – Les personnes ayant subi un traumatisme peuvent se sentir impuissantes et désespérées dans leur situation actuelle. Permettre à la personne de jouer un rôle actif dans le traitement en s’appuyant sur ses propres forces peut favoriser la résilience, le rétablissement et la guérison.

Et ajoutons un 6e critère: (Enjeux culturels, historiques et liés au genre) : Ce sixième aspect est noté intelligemment par Janssen (2018), mais absent, quoique discuté, dans d’autres articles, dont celui de Levenson (2017). Il est indispensable de penser aussi aux traumas ou EME vécus par l’individu sur le plan culturel (p. ex.,
autochtones), historique (p. ex., violence intergénérationnelle) ou « genral » (p. ex., être intimidé et mégenré
pendant plusieurs années).

Aborder les traumatismes révélés au cours du traitement :

  • Prendre en compte et valider les sentiments et les expériences des personnes
  • Reconnaître directement le traumatisme de la personne et y répondre avec empathie.
  • Éviter de demander trop de détails sur le traumatisme (évoquer des sentiments forts dans un contexte inapproprié peut conduire à une nouvelle traumatisation).
  • Respecter les révélations des persones (éviter de minimiser l’importance des expériences des individus)
  • Encourager l’auto-efficacité et donner aux personnes les moyens de contrôler leur vie actuelle.
  • Encourager une vision optimiste et pleine d’espoir de l’avenir.
  • Être conscient que les expériences antérieures d’une personne peuvent influencer sa volonté de s’engager dans un traitement ou une alliance thérapeutique.
  • Aider la personne à replacer ses problèmes dans le contexte de sa victimisation passée.

Comment développer une relation thérapeutique bénéfique :

  • Aborder toutes les relations thérapeutiques en tenant compte des traumatismes (que la personne  se présente ou non comme ayant vécu un traumatisme).
  • Donner la priorité à l’engagement et à l’établissement de rapports dès le début du traitement (les personnes peuvent essayer de recréer une dynamique relationnelle problématique à laquelle ils sont habitués).
  • Créez un environnement thérapeutique sûr pour la personne et pour vous-même.
  • Faire preuve de transparence, d’authenticité, de cohérence et de fiabilité
  • Veillez à rester dans votre rôle et à maintenir des limites (le sentiment d’urgence d’un individu peut conduire les cliniciens à agir d’une manière qui dépasse leur rôle).
  • Travaillez sur les ruptures de la relation (par exemple, lorsque les personnes tentent de saboter la relation d’aide).
  • Favoriser un environnement calme dans lequel la personne peut éviter le stress et accéder à un fonctionnement d’ordre supérieur (par exemple, utiliser des techniques d’ancrage et de pleine conscience, encourager l’exercice physique).
  • Essayez de prévoir les périodes de déstabilisation et planifiez en conséquence (cela peut aider les personnes à se sentir contenus).
  • Soyez conscient de la manière dont l’environnement de prise en charge peut affecter les personnes (par exemple,elles peuvent être sensibles aux aspects sensoriels de la pièce tels que le niveau de bruit, la capacité à voir les autres ou à ce que les autres les voient).
  • Prendre soin de soi régulièrement (si vous ne pouvez pas vous contrôler, vous ne pouvez pas aider les personnes à se contrôler).
  • Accéder régulièrement à la supervision
  • Veiller à ce que le traitement soit sûr sur le plan culturel (comprendre tous les facteurs susceptibles d’influencer les besoins/la présentation de la personne).

 

Le site autralien « blue knot » oeuvre à diffuser les « trauma informed principles » de façon simple et synthétique

La fiche d’information « Appliquer les principes de l’information sur les traumatismes aux conversations sur les traumatismes » a été conçue pour aider les amis et les membres de la famille à mieux soutenir les survivants dans leur vie. Elle présente les principes de l’information sur les traumatismes : la sécurité, la fiabilité, le choix, la collaboration et l’autonomisation. Ces principes constituent un bon cadre pour soutenir des relations de guérison saines. Elle montre l’importance de l’espoir et de l’optimisme dans la guérison, ainsi que l’importance de prendre soin de soi pour tous. Cette fiche d’information fait partie d’une série de ressources destinées à soutenir les personnes qui soutiennent les survivants.

Communauté professionnelle
En construisant une communauté professionnelle informée des traumatismes, qui comprend la nature des traumatismes, leurs impacts et les possibilités de rétablissement, non seulement nous soutenons et responsabilisons ceux qui travaillent avec des personnes ayant vécu des traumatismes, mais nous apprenons également à rester en bonne santé et à créer de la sécurité dans nos organisations.

Fiches d’information
La Blue Knot Foundation a élaboré plusieurs séries de fiches d’information. Celles-ci répondent aux besoins des différents groupes touchés par les traumatismes complexes, y compris les traumatismes et les abus subis pendant l’enfance. Il s’agit notamment des personnes qui en ont fait l’expérience et de celles qui les soutiennent sur le plan personnel et professionnel.

Découvrir ici les differentes fiches (EN)

 

Leur plaquette traduite reprenant l’essentiel des grands principes à aplliquer dans la conversation avec une personne ayant des sequelles post-traumatiques:

principes d’intervention prenant en compte les traumatismes__

Voir aussi: Trauma-Informed Probation Practice

https://www.russellwebster.com/trauma-informed-probation/


DÉBATDOC – HOMMES VIOLENTS : COMMENT PRÉVENIR LA RÉCIDIVE ? (LCP)

80% des hommes condamnés pour violences conjugales nient les faits qui leur sont reprochés, et 40% d’entre eux récidivent. Les conclusions du rapport annuel 2023 du Haut Conseil à l’égalité sur l’état des lieux du sexisme en France, publié le 23 janvier, s’inquiète de la prégnance du sexisme et même de la progression de la pensée masculiniste chez les 25-34 ans dans le pays. Que révèlent les groupes de parole et de sensibilisation aux violences conjugales auxquels peuvent participer les auteurs de ces violences ? Déni, traumatisme, injonctions à la virilité, quels sont les schémas qui se répètent ? Comment prévenir la récidive ?
Pour en parler, Jean-Pierre Gratien reçoit Aline De Rolao, psychologue clinicienne , spécialisée notamment en violence conjugale et intrafamiliale, psychologue au sein du CPCA IDF (Centre de Prise en Charge des Auteurs de violences conjugales) et Mathieu Palain, journaliste et romancier, auteur de Nos pères, nos frères, nos amis, Dans la tête des hommes violents (Les Arènes), une enquête immersive dans groupes de parole, dans une Maison des femmes et à des auditions judiciaires.

LCP fait la part belle à l’écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales….autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l’occasion d’un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.

Les croyances sur les émotions influencent la façon dont les gens se sentent, agissent et sont en relation avec les autres.


Au cours des dernières années, des théories ont mis l’accent sur le lien entre les croyances et les émotions. De nouvelles recherches empiriques ont permis d’approfondir les effets de certaines croyances. Pour commencer, un certain nombre de psychologues ont créé des échelles d’auto-évaluation. L’Emotion Beliefs Questionnaire (EBQ), par exemple, demande aux gens dans quelle mesure ils sont d’accord avec des affirmations telles que « Les émotions négatives ne servent pas à grand-chose » et « Les gens ont beau faire, ils ne peuvent pas changer leurs émotions positives ». Une autre échelle, Individual Beliefs about Emotion (IBAE), se concentre sur des variations plus subjectives telles que « Je ne veux pas admettre que j’éprouve certains sentiments, mais je sais que je les éprouve » et « Si je me laisse aller à certains de ces sentiments, je crains d’en perdre le contrôle ».

Jennifer Veilleux, co-créatrice de l’IBAE et psychologue clinicienne à l’université de l’Arkansas, trouve ce questionnaire utile en thérapie. Si les gens pensent qu’ils doivent garder leurs sentiments pour eux, par exemple, ils risquent de ne pas les révéler, même dans le cadre d’une thérapie. Si c’est le cas, ils ne peuvent pas travailler à changer leurs sentiments, dit-elle.

Ces croyances sont importantes. Les recherches montrent que les personnes qui pensent pouvoir modifier leurs émotions éprouvent un plus grand bien-être à court et à long terme. Si elles se sentent tristes ou en colère, par exemple, elles peuvent utiliser une stratégie de régulation des émotions telle que la réévaluation cognitive pour réduire leurs sentiments douloureux.

Diversement appelée recadrage cognitif, réévaluation ou remise en question, cette technique populaire s’est avérée efficace. Un étudiant qui se sent triste de sa mauvaise note, par exemple, peut se rappeler qu’il n’a pas beaucoup étudié pour cet examen, mais que s’il étudie davantage la prochaine fois, il aura de meilleures chances de réussir. Un employé qui n’est pas promu peut se demander si l’avancement d’un collègue ayant plus d’ancienneté était juste. Il en résulte une diminution des sentiments douloureux tels que la tristesse, la colère ou la honte.

 

Voir la traduction de l’EBQ: Emotion belief Questionnaire:

EBQ croyances sur les émotions

Version originale: ebq_questionnaire_and_scoring_instructions_042020

Pour en savoir plus sur l’interêt d’investiguer les croyances sur les émotions: https://www.scientificamerican.com

« Beliefs about Emotions Influence How People Feel, Act and Relate to Others.Thinking about a range of emotions as friends rather than foes improves the quality of our life »

Ou encore:

Brett Q. Ford and James J. Gross (2019) Why Beliefs About Emotion Matter: An Emotion-Regulation Perspective

ford-gross-2018-why-beliefs-about-emotion-matter-an-emotion-regulation-perspective

Résumé de « L’importance des croyances sur les émotions : Une perspective de régulation des émotions »
« Le monde est compliqué et nous avons un grand nombre de croyances sur son fonctionnement. Ces croyances sont importantes car elles déterminent la façon dont nous interagissons avec le monde. L’un des ensembles de croyances qui a le plus d’impact est centré sur les émotions, et une littérature restreinte mais croissante a commencé à documenter les liens entre les croyances en matière d’émotions et un large éventail de croyances émotionnelles, interpersonnelles et cliniques. Nous passons ici en revue la littérature qui a commencé à examiner les croyances concernant sur les émotions, en nous concentrant sur deux croyances fondamentales, à savoir si les émotions sont bonnes ou mauvaises et si elles sont contrôlables ou incontrôlables. Nous examinons ensuite un mécanisme sous-jacent qui, selon nous, peut relier ces croyances sur les émotions aux résultats en aval, à savoir la régulation des émotions. Enfin, nous soulignons le rôle des croyances sur les émotions dans diverses disciplines psychologiques et nous esquissons plusieurs orientations prometteuses pour la recherche future.

ARTE Regards (2023) : Des prisons sans murs, un autre modèle carcéral

Émission du 13/10/2023

Surpopulation carcérale, pénurie de personnel pénitentiaire et taux de récidive élevé… le système pénitentiaire en Europe ne fait pas ses preuves. En quoi des structures ouvertes pourraient-elles permettre de sortir de l’impasse ?

Les peines d’emprisonnement sur le mode classique de l’incarcération dans un établissement pénitentiaire ont rarement un effet bénéfique sur les détenus. Nombreux sont ceux qui, à leur libération, ne parviennent pas à se réintégrer et finissent par récidiver. Pourtant, des expériences prometteuses montrent qu’un autre modèle de prison est possible.

Près de Stuttgart, l’association Seehaus prend en charge des mineurs qui ont commis des délits. La détention n’est pas ici synonyme de privation totale de liberté et d’isolement : chaque adolescent partage le quotidien d’une famille et les journées sont bien remplies grâce aux activités sportives, ménagères et culinaires, à une formation, à des temps de repos et de lecture obligatoires, l’association espère aider ces jeunes délinquants à se reconstruire.

Irmela Abrell, qui a cofondé Seehaus, a eu l’idée originale de proposer également des séances de justice restaurative. L’occasion pour ces jeunes de dialoguer avec des victimes de faits similaires à ceux qu’ils ont commis.

La Finlande a instauré un modèle de prison dite « ouverte ». 33 % des établissements du pays n’ont ni murs, ni barbelés, ni verrous. Contrairement à l’Allemagne où le régime ouvert précède la réinsertion, en Finlande, les détenus peuvent purger l’intégralité de leur peine en prison ouverte, car leur réhabilitation sociale est l’objectif majeur de la politique carcérale.

https://www.arte.tv/fr/videos/111747-003-A/arte-regards/