Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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« Le stress est un tueur silencieux qui fait des ravages » (Sean Murphy, directeur adjoint du Department of Corrections de Washington).

 « Un agent pénitentiaire sur trois présente des symptômes de stress post-traumatique, un sur dix a envisagé de se suicider. Nous avons des taux élevés d’addictions ou de consommation de substances. Nous connaissons la mort environ 15 ans plus tôt que le grand public et ce sont là des statistiques effrayantes ».

Considérant les effets de la détention sur les personnels, en 2020, la département pénitentiaire de l’État de Washington s’est associée à AMEND, de l’Université de Californie à San Francisco. Le personnel s’est rendu en Norvège et dans d’autres États, tels que l’Oregon et la Californie, qui travaillent également avec AMEND.

William Young, officier correctionnel (surveillant pénitentaiire) anime depuis des années sa trés interessante chaine youtube sur le métier de surveillant, depuis la parution de son livre: « when home become a housing unit », que l’on pourrait traduire par « quand tu raménes la prison chez toi ».

Shikoku Juvenile training school

Comment s’organise la prise en charge des mineurs aux japon?

  • Quels modèle de réhabilitation?
  • Quelle philosophie et méthodologie d’intervention?
  • Quelles fonctions dévolues aux personnels?
  • Quels contrôles institutionnels s’exercent sur cette prise en charge des mineurs?

C’est à ces question que répond dans cet article Miyagawa Tsubura, Instructeur en chef (l’équivalent de nos éducateurs)  d’un Juvenile Training Shool (JTS) japonais (l’équivalent d’une unité fermée en France) , qui explique dans les détails le concret de la prise en charge des mineurs dans son pays (Article paru à l’occasion de la publication des actes du 174e séminaire international de l’UNAFEI (United Nations Asia and Far East Institute for the Prevention of Crime and the Treatment of Offenders) de février 2020: 174th International Senior Seminar “Prevention of Reoffending and Fostering Social Inclusion: From Policy to Good Practice”).

Extrait:

TRAITEMENT EFFICACE ET SOUTIEN A LA REHABILITATION DES MINEURS DÉLINQUANTS AU JAPON, (« EFFECTIVE TREATMENT AND SUPPORT FOR REHABILITATION OF DELINQUENT JUVENILES IN JAPAN »), MIYAGAWA Tsubura (feb 2020)

  1. INTRODUCTION

JTS Lifestyle Guidance (groupwork)

Compte tenu du fait que de nombreux mineurs délinquants sont immatures, qu’ils sont issus de familles défavorisées et ont été abusés ou maltraités à la maison, il est important de s’assurer que chaque mineur et ses besoins bénéficient d’une intervention, d’un traitement et d’un soutien adéquats.

Bien que des mesures non privatives de liberté doivent être choisies pour les mineurs à faible risque, les mesures privatives de liberté sont appropriées pour certains mineurs à risque et délinquants.  Ce document aborde le traitement efficace et le soutien à la réadaptation des mineurs délinquants en détention au Japon, en se concentrant principalement sur les fonctions des institutions où ils résident.

  1. APERÇU DE LA DÉLINQUANCE JUVÉNILE AU JAPON
  2. Définition des  » mineurs délinquants  »

La loi sur les mineurs[1] classe les mineurs dont l’affaire est entendue par le tribunal de la famille dans les trois types suivants[2] : les mineurs délinquants, les mineurs non délinquants et les mineurs pré-délinquants.

  • Un mineur délinquant (un mineur âgé de 14 à 20 ans qui a commis une infraction au code pénal).
  • Un mineur ayant un « comportement illégal » (un mineur de moins de 14 ans qui a violé les lois et règlements pénaux)
  • Un mineur pré-délinquant (un mineur qui est susceptible de commettre une infraction ou d’enfreindre les lois et règlements pénaux à l’avenir, compte tenu de sa personnalité ou de son environnement de vie et sa tendance à ne pas se soumettre à la surveillance légitime de son tuteur).

Au Japon, la police et les procureurs renvoient tous les cas de mineurs délinquants au tribunal de la famille.  Le gouverneur de la préfecture ou les directeurs des centres d’orientation pour enfants peuvent également saisir le tribunal de la famille pour les mineurs qui ont un comportement illégal et les mineurs pré-délinquants de la famille.

  1. Tendances de la délinquance au Japon

JTS Academic Instruction (classroom)

Le nombre de mineurs délinquants dont l’affaire a été classée sans suite pour des infractions au Code pénal en 2017 était de 35 108, ce qui indique une baisse significative par rapport aux 178 950 en 1997, soit une diminution de près de 80 % en deux décennies.  Parmi ces 35 108 mineurs, les vols représentent le plus grand pourcentage de la délinquance, soit environ 60 % (21 340).  10,7 % (3 810) de ces mineurs ont vu leur affaire classée pour détournement de fonds, 7,2 % (2 553) pour dommages corporels, 4,3 % (1 546) pour agression. Le nombre de mineurs prédélinquants et le nombre de mineurs renvoyés par la police pour être poursuivis pour usage ou possession de drogues ont également diminué[3]. Cette baisse peut s’expliquer en partie par la diminution d’environ 30 % de la population totale des mineurs de 10 à 19 ans au cours des deux dernières décennies[4].  Bien qu’il puisse y avoir d’autres explications liées aux changements

Bien qu’il puisse y avoir d’autres explications liées aux changements expliquant la diminution des mineurs délinquants, telles que le développement de la protection sociale et des médias sociaux, ce document ne les examinera pas davantage.

  1. Évaluation des mesures de protection

Le tribunal de la famille peut ordonner à un agent enquêteur du tribunal de la famille de mener une enquête sur l’environnement social du mineur délinquant.  En plus de l’enquête, lorsqu’il est nécessaire de tenir une audience, le juge aux affaires familiales détermine si une détention préventive est nécessaire. Cette décision permet de placer le mineur délinquant dans un foyer de classification pour mineurs (Juvenile  Classification  Home – JCH), et le tribunal de la famille peut exiger une évaluation complète par des psychologues au JCH. Il existe un outil d’évaluation unifié d’évaluation unifié appelé Ministry of Justice Case Assessment tool (MJCA), développé par le bureau correctionnel du ministère de la justice et mis en œuvre en 2013. Le MJCA est basé sur les principes Risque-Besoins-Receptivité et estime le risque de récidive du mineur. La JCH procède à une classification sur la base des résultats de l’évaluation et soumet un rapport au tribunal de la famille.

  1. Aperçu des mesures de protection

A la lumière des résultats de l’enquête et de la classification, le tribunal de la famille peut placer le mineur sous l’une des trois mesures de protection suivantes :

  • Supervision probatoire ;
  • Placement dans une institution de protection de l’enfance ;
  • Placement dans les écoles de formation pour mineurs (JTS- Juvenile Training School).

En outre, les mineurs qui commettent des crimes particulièrement odieux peuvent être inculpés et poursuivis comme des adultes.

Le JTS est une institution placée sous la juridiction du ministère de la justice dans laquelle les mineurs délinquants sont placés sur décision du tribunal de la famille.  Les JTS présentent les caractéristiques suivantes :

  • Ils accueillent des mineurs délinquants âgés de 12 à 20 ans[5] environ ;
  • Ce sont des établissements non mixtes qui accueillent soit des garçons, soit des filles ;
  • Il y a 51 JTS au Japon et 9 d’entre eux, y compris les antennes, sont destinés aux filles.
  • Ils fonctionnent en vertu de la loi sur les mineurs et de la loi sur les écoles de formation pour mineurs[6]
  • Ils sont dirigés par un gouverneur et divisés principalement en deux sections : la section d’éducation et de soutien (également divisée en Unité d’éducation et Unité de soutien) et la Section des affaires générales.

Les sections suivantes résument le système du JTS et analysent comment le système fonctionne efficacement pour soutenir la réinsertion des mineurs délinquants dans la société.

[1] Act No.168 of 15 July 1948.

[2] Dans le présent document, le terme « mineur délinquant » désigne les trois types de mineurs, sauf indication contraire

[3] Voir le « Livre blanc sur la criminalité 2018 » publié par l’Institut de recherche et de formation du ministère de la Justice pour des chiffres détaillés.

[4] Se référer à l' »Annuaire statistique du Japon 2019″ publié par le Bureau statistique du Japon pour des chiffres détaillés.

[5] Strictement parlant, un jeune adulte âgé de moins de 26 ans peut être hébergé dans un JTS. Pour connaître l’âge limite de résidence, il faut se référer à l’article 4 de la loi sur les écoles de formation pour mineurs.

[6] Act No. 58 of 11 June 2014.

 

Article complet (traduction): TRAITEMENT EFFICACE ET SOUTIEN A LA REHABILITATION DES MINEURS DÉLINQUANTS AU JAPON

Article original (ENG): No111_12_IP_Tsubura.pdf (unafei.or.jp)

En savoir plus: The Ministry of Justice:Juvenile Training Schools (moj.go.jp)

A lire également, à propos de la transposition du modèle RBR au japon, dans un contexte non-occidental: Conditions of effective correctional treatment for reducing recidivism: Focusing on risk principle. Takemi Mori( Konan Women’ s University ); Masaru Takahashi ( Research and Training Institute, Ministry of Justice); Ken-ichi Ohbuchi ( Tohoku University )

« La recherche sur le traitement correctionnel basé sur le principe du risque (Andrews & Bonta, 2010) a montré que l’intensité de l’intervention adaptée au niveau de risque de récidive des délinquants réussit à réduire la récidive. Cependant, il n’existe aucune étude traitant de cette question dans un contexte non occidental. L’objectif de cette étude était d’examiner la validité du principe de risque dans la réadaptation des jeunes délinquants japonais. L’échantillon était composé de 321 détenus japonais de sexe masculin dans des centres de détention et d’évaluation pour mineurs. Ils ont été suivis pendant une moyenne de 573 jours après leur sortie pour évaluer la récidive. Parmi les délinquants juvéniles à haut risque, ceux qui ont été traités dans l’école de formation juvénile (Juvenile Training School) ont montré une baisse  significativement plus faibles que ceux qui ont été placés sous supervision communautaire, tandis que chez les mineurs à faible risque, il n’y avait pas de différence significative de récidive entre les deux conditions de traitement. Les résultats indiquent que le principe de risque est valable pour le traitement correctionnel des jeunes délinquants japonais, ce qui suggère son universalité interculturelle. Les implications pour les politiques de justice juvénile et les orientations de la recherche future sont discutées. The Japanese Journal of Psychology, 2016, Vol.87, No.4, 325-333. doi.org/10.4992/jjpsy.87.15016

La Thérapie Focalisée sur l’Émotion (EFT), également appelée Thérapie Centrée sur les Émotions en français, est une approche psychothérapeutique développée dans les années 1980 par Susan Johnson et Leslie Greenberg, inspirée par la théorie de l’attachement de John Bowlby. Elle vise à traiter des problèmes individuels, conjugaux et familiaux en s’appuyant sur la science des émotions et des liens d’attachement (Institut Français de la Thérapie Centrée sur les Émotions (IFTCE

Historique et Développement

L’EFT a émergé comme une réponse aux besoins de psychothérapie basés sur des observations empiriques, notamment à travers l’analyse de vidéos de séances de thérapie de couple. Susan Johnson et Leslie Greenberg, influencés par les approches humanistes comme celles de Carl Rogers et Fritz Perls, ont intégré la théorie systémique et la théorie de l’attachement pour créer cette méthode. Une distinction importante est à noter : Leslie Greenberg a par la suite initié l’Emotion Focused Therapy, légèrement différente, en raison de divergences avec Johnson.

Fondements Théoriques

L’EFT repose sur l’idée que les émotions sont centrales dans la construction de soi et la régulation des relations. Elles sont considérées comme des principes organisateurs de la vie, fournissant des informations sur l’environnement et le bien-être. Le modèle distingue plusieurs types d’émotions, offrant une carte pour des interventions différentielles, avec six principes principaux de traitement émotionnel : conscience, expression, régulation, réflexion, transformation et acceptation. Ces principes sont détaillés dans des études comme celles de Greenberg et al. (1997), citées dans Emotion–Focused Therapy – GoodTherapy.

Processus Thérapeutique 

Le processus thérapeutique est structuré en trois stages avec neuf étapes :
Stage
Description
Stage 1 : Désescalade
Évaluation, identification du cycle négatif, accès aux émotions non reconnues, reformulation en termes d’attachement.
Stage 2 : Restructuration
Identification des besoins d’attachement, promotion de l’acceptation, facilitation de l’expression, création d’engagement.
Stage 3 : Consolidation
Émergence de nouvelles solutions, consolidation des nouveaux comportements d’attachement pour des relations durables.
Cette structure est particulièrement adaptée aux thérapies de couple, avec une durée typique de 8 à 15 sessions, mais elle s’étend aussi aux thérapies individuelles et familiales, chacune avec des adaptations spécifiques. Par exemple, en thérapie individuelle, l’accent est mis sur les schémas d’attachement et les stratégies de régulation, tandis que la thérapie familiale analyse l’impact de la régulation émotionnelle sur l’ensemble du système familial.

Applications 

L’EFT est utilisée pour traiter une variété de troubles, notamment l’anxiété, le traumatisme, les troubles de l’alimentation et la dépression. Une étude de Dessaulles et al. (2003), évaluée par Zimmerman et al. (1986) avec l’Inventory, a montré que l’EFT combinée à la médication réduit davantage les scores de dépression que la médication seule. Elle est également applicable transculturellement, bien qu’elle ne soit pas recommandée comme première ligne pour les déficits fonctionnels sévères. Des ressources comme Emotion-Focused Therapy: A Clinical Synthesis | Focus soulignent son efficacité dans des cas cliniques spécifiques, comme surmonter la honte et l’insécurité dans le traitement de la dépression.

Types d’Attachement 

L’EFT identifie quatre types d’attachement, influençant les interventions :
  • Sécure : Disponibilité et containment des soignants, équilibre dans l’attachement.
  • Évitant : Soignants indisponibles, tendance à l’évitement.
  • Anxieux : Disponibilité instable, sur-sollicitation.
  • Désorganisé : Inversion des rôles, l’enfant sécurise le soignant.
Ces types guident les stratégies thérapeutiques, notamment dans la création de liens sécurisés.

Limites

Malgré ses avantages, l’EFT fait face à des critiques méthodologiques. Patihis (2015) a souligné des faiblesses comme des échantillons trop petits et des résultats non significatifs après ajustement des variables dans des études sur la dépression. Des différences de genre dans les stratégies d’adaptation ont été observées, avec des effets inversés à 18 mois selon McQueeney et al. (1997), et un manque d’études dans des contextes non cliniques, comme le milieu professionnel, est également noté.

Le Psychological Inventory of Criminal Thinking Styles (PICTS) est un instrument d’auto-évaluation de 80 questions conçu pour évaluer les schémas cognitifs favorisant la délinquance.

Le PICTS vise à identifier et à évaluer les schémas cognitifs spécifiques associés aux comportements délinquants. Il aide les professionnels à comprendre les processus de pensée sous-jacents qui contribuent aux actes délinquants, ce qui permet de concevoir des interventions et des stratégies de traitement efficaces. Le PICTS évalue huit styles distincts de pensée délinquante

Recherche/validation: Les données recueillies auprès d’hommes (N = 450) et de femmes (N = 227) délinquants indiquent que les échelles de pensée, de validité et de contenu du PICTS présentent une cohérence interne et une stabilité test-retest modérées à moyennement élevées. Les méta-analyses des études dans lesquelles le PICTS a été administré révèlent qu’en plus d’être en corrélation avec les mesures de la criminalité passée, plusieurs des échelles de pensée et de contenu du PICTS sont capables de prédire l’adaptation future/le résultat de la libération à un niveau faible mais statistiquement significatif, et deux échelles (En, CUR) sont sensibles au changement assisté par le programme au-delà de ce que les sujets de contrôle atteignent spontanément. La structure factorielle du PICTS est ensuite examinée à l’aide d’une analyse factorielle exploratoire et confirmatoire, dont les résultats indiquent la présence de deux facteurs majeurs et de deux facteurs mineurs. (The Psychological Inventory of Criminal Thinking Styles (PICTS): a review and meta-analysis – PubMed (nih.gov) )

Découvrez ici la synthèse des 8 styles de pensée du PICTS réalisé par le psychologue forensique Lars Bang Madsen (Lars Madsen est le directeur clinique du Forensic Clinical Psychology Centre. Sa formation et ses compétences lui ont permis de travailler dans des contextes cliniques, communautaires et carcéraux en Australie et au Royaume-Uni en tant que psychologue clinicien et légiste).

PICTS_styles de pensée délinquante_

Prise en charge des délinquants sexuels (AICS) : livret d’André Ciavaldini

Ce livret est rédigé sur la base d’une expérience des soins psychiques qui se déroule en France auprès des auteurs d’infractions à caractère sexuel (AICS). Il y est donc fait référence à des éléments de droit qui sont différents entre la Belgique et la France quant à la prise en charge de ces sujets et plus généralement quant au fonctionnement du système de santé en prison.

Pour éclairer le lecteur, en Belgique, la prise en charge thérapeutique n’intervient qu’à la libération sous conditions. Il arrive toutefois qu’un juge ordonne une prise en charge thérapeutique mais celle-ci ne se fera jamais en prison. Elle se substitue alors à la peine ou à une partie de celle-ci. Il arrive donc qu’un auteur ne rencontre aucun intervenant thérapeutique entre le moment de son incarcération et le moment de son admissibilité aux soins. Le modèle français est différent, il s’inspire des travaux faits à la fin des années 1980 montrant tout l’intérêt à commencer une prise en charge thérapeutique pour les AICS le plus rapidement possible dès leur arrivée en incarcération après le jugement. Cela est rendu possible par le fonctionnement pénitentiaire français où la santé mentale en prison ne relève pas du Ministère de la Justice mais est sous la juridiction du Ministère de la Santé. Cela assure aux équipes de santé exerçant en prison une autonomie et une confidentialité des soins qu’ils procurent.

yapaka.be/delinquant-sexuels-ciavaldini

Un « victim scrapbook » (album de victimes)  dans le contexte du travail avec des délinquants sexuels semble être une compilation de matériaux liés aux victimes, comme des déclarations d’impact, des photos ou des souvenirs, utilisée pour aider l’infracteur à comprendre les conséquences de ses actions. Cela peut servir à développer l’empathie, à prendre conscience de la gravité des crimes et à prévenir la récidive.
Dans le cadre du traitement, l’objectif principal est de favoriser l’empathie et la prise de conscience de l’impact des crimes sur les victimes. Par exemple, des programmes comme ceux décrits par l’Office of Sex Offender Sentencing, Monitoring, Apprehending, Registering, and Tracking (SMART) soulignent l’importance de développer l’empathie chez les infracteurs , souvent à travers des exercices où ils doivent réfléchir aux conséquences de leurs actes (Chapter 7: Effectiveness of Treatment for Adult Sex Offenders).
Par exemple, cela pourrait inclure :
  • Des lettres d’excuse ou des réflexions écrites sur les victimes, visant à développer la responsabilité et l’empathie.
  • Des extraits de déclarations d’impact des victimes, si disponibles et autorisées, pour confronter l’offender à la réalité des souffrances causées.
  • Des dessins ou des représentations symboliques, comme des collages, pour exprimer des émotions liées à leurs actes, comme mentionné dans certains curriculums de traitement (Victim Impact Statements).
Cependant, l’utilisation de tels outils est controversée. D’un côté, elle peut aider à réduire la récidive en renforçant la responsabilité de l’auteur, comme le suggère la recherche sur les programmes de prévention de la rechute (Treating Sex Offenders: An Introduction to Sex Offender Treatment Programmes). D’un autre côté, cela peut être perçu comme intrusif pour les victimes, risquant de réactiver des traumatismes, et soulève des questions éthiques sur le consentement et la confidentialité.

Qu’est-ce que le métier d’assistant de justice ?

Découvrez dans les vidéos ci-dessous en quoi consiste le métier d’assistant de justice et ses différentes missions :

Les missions pénales et la médiation et mesures :

Les missions civiles et l’accueil des victimes :

Les missions de l’assistant de justice présentent 4 axes principaux : les missions pénales, les missions civiles, l’accueil aux victimes et l’accueil social.

Dans le cadre des missions pénales, l’assistant de justice mène 2 missions : une mission d’enquête et une mission de guidance.

D’une part, l’assistant de justice réalise des enquêtes sociales à la demande d’un juge, d’un directeur de prison ou du procureur du Roi. Ces rapports fournissent des informations sur la situation familiale, sociale et professionnelle du justiciable et aident les autorités judiciaires et administratives à prendre une décision appropriée relative à une peine, une mesure (ex. : probation [1], libération conditionnelle, congé pénitentiaire, surveillance électronique, etc.) ou une modalité d’exécution d’une peine.

D’autre part, l’assistant de justice accompagne l’auteur d’infraction(s) dans l’exécution de la peine ou de la mesure décidée par le juge. Un travail de suivi est réalisé au travers d’entretiens réguliers. L’objectif est d’éviter la récidive et de favoriser la réussite de l’insertion sociale du justiciable.

Quant aux missions civiles, elles consistent principalement en la réalisation d’études sociales civiles. Elles permettent de mettre en relief la situation de vie actuelle des familles et des enfants pour soutenir des décisions du tribunal de la famille liées à l’exercice de l’autorité parentale et à l’hébergement des enfants. Ces missions sont souvent réalisées dans le cadre de divorces ou de séparations.

L’assistant de justice est également chargé de l’accueil des victimes. Avec l’accord du magistrat, il peut leur donner des informations sur les étapes de la procédure et sur les décisions prises dans le cadre de leur dossier. Il peut être présent lors de l’audience ou pendant la restitution des pièces à conviction.

Enfin, lors des missions d’accueil social de première ligne, l’assistant de justice accueille, informe et répond aux questions des citoyens. Il intervient dans les domaines pour lesquels les Maisons de justice sont compétentes. Ce service est gratuit et anonyme. Pour autant, l’assistant de justice ne propose pas de conseils juridiques. Pour cela, il oriente les victimes et les proches vers un service approprié. Il peut également les diriger vers une aide psychologique si ceux-ci en ressentent le besoin.

 [1] Alternative à la peine de prison qui peut être prononcée par le juge comme modalité d’exécution d’une peine principale (généralement l’emprisonnement).

 

Compétences & actions

  • Maîtriser les techniques d’entretien et la méthodologie de rédaction de rapports suivant les principes de déontologie
  • Connaître le domaine juridique et des notions de criminologie, de victimologie, de pénologie, de sociologie, de psychologie et de psychiatrie
  • Analyser une situation familiale, sociale et professionnelle
  • Responsabiliser le justiciable
  • Créer un sentiment de confiance
  • Annoncer des nouvelles difficiles
  • Gérer des situations conflictuelles
  • Conseiller et aider
  • Analyser, évaluer et intégrer de l’information
  • Respecter le cadre professionnel

 

Savoir-être

  • Sens du contact
  • Sens de l’écoute et de la communication
  • Tolérance et ouverture d’esprit
  • Goût pour le travail en équipe
  • Patience et calme
  • Résistance au stress
  • Flexibilité
  • Fermeté
  • Autonomie
  • Esprit d’initiative

 

Cadre professionnel

Les Maisons de justice ont été créées en 1999 pour rendre la Justice plus accessible et efficace. En 2011, lors de la 6ème réforme de l’Etat, leurs compétences ont été transférées aux communautés. En Belgique, il existe 28 Maisons de justice dont 13 réparties sur le territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles. En 2015, elles prenaient en charge près de 65.000 dossiers par an. L’assistant de justice est engagé en tant que salarié au sein des Maisons de justice. Ses horaires de travail sont réguliers.

L’assistant de justice entretient également de bonnes relations avec un réseau de partenaires constituant des aides à la réinsertion.