Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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Campagne soutenue par le conseil de l’Europe

ENVOYE SPECIAL (28/01/2021) « Parler pour ne plus frapper »

Condamnés à suivre un stage de responsabilisation pénale de deux jours, des auteurs de violences conjugales mettent des mots sur leurs actes. De quoi faire vaciller la mécanique de la violence ?

« Je n’avais pas les mots », « pour la justice ce sont toujours les hommes les coupables », « je ne savais pas que même une gifle c’est interdit »… Parfois pour la première fois, ces auteurs de violences conjugales mettent des mots sur leurs actes. Ils ont tous été condamnés à suivre un stage de responsabilisation pénale de deux jours, par le parquet de Vesoul.

Confrontés aux conséquences de leurs gestes

Des éducateurs, des psychologues vont tenter de les confronter aux conséquences de leurs gestes, sur leur famille, sur eux-mêmes. Deux jours pour essayer de faire vaciller la mécanique de la violence.

Un reportage de Perrine Bonnet, Claire-Marie Denis et Mikael Bozo diffusé dans « Envoyé spécial » le 28 janvier 2021.  

(suite…)

Kurt BUMBY accusé de viol sur mineur

janvier 30th, 2021 | Publié par crisostome dans AICS - (0 Commentaire)

D’après l’article du Columbia Missourian daté du 19 décembre 2019 (lien fourni), Kurt Bumby, psychologue spécialisé dans le traitement des délinquants sexuels à Columbia (Missouri), a été inculpé pour sodomie au premier degré et attouchements sexuels sur une victime majeure. Ces accusations remontent à un incident survenu en 2018, selon les documents judiciaires.

État des suites judiciaires  :

Procédure pénale :

  • Les charges retenues (sodomie au premier degré, un crime de classe B au Missouri passible de 5 à 15 ans de prison) suggéraient une affaire grave. Cependant, aucune information publique récente (procès, condamnation ou classement de l’affaire) n’est disponible en ligne.

Cette affaire soulève des questions sur la cohérence entre l’expertise professionnelle et les comportements personnels. Si les charges étaient confirmées, cela illustrerait un cas rare mais grave de « expert-délinquant« , un phénomène étudié en criminologie.

Pour en savoir plus sur ses travaux:

Evaluation des distorsions cognitives des abuseurs sexuels d’enfants: la Molest Scale de Bumby (1996)

FRANCE INTER (29/12/2020) Emission grand bien vous fasse; « Pourquoi transgresse-t-on les règles ? »

Vous aussi, vous avez précisément envie de faire ce que l’on vous interdit de faire ? Enfants comme adultes, la tentation de la transgression est universelle. Mais pourquoi diable ?

Qui n’a pas une fois dans sa vie transgressé les règles établies ? Dépasser un peu la vitesse autorisée ? Mentir pour défendre ses intérêts ou, en ces temps de confinement, ne pas vraiment respecter le kilomètre de sortie réglementaire autour du domicile.  Car oui : il y a toujours un degré de fraude qu’on juge acceptable, pour un motif personnel.

Tout  le monde triche/un peu, s’arrange… et vous ? Quel est votre degré acceptable ? Quelles sont les règles que vous avez déjà transgressées ? Dîtes-nous tout au 0145247000 ou sur l’appli de France Inter !

On s’intéresse ce matin à ces petites transgressions du quotidien, mais aussi à celles beaucoup plus puissantes, ces lames de fond qui changent le monde, celles qui ont poussées par exemple Rosa Parks à ne pas céder sa place dans un bus…

Avec :

  • Caroline Péneau, chef de service environnement; psychologie au magazine Ca m’intéresse
  • Daniel Marcelli, professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, président de la Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et des professions associées, auteur de Moi je!, de l’éducation à l’individualisme Ed. Albin Michel
  • Yves-Alexandre Thalmann, psychologue suisse, auteur de Faire changer les autres sans les manipuler Ed. Jouvence

 

European Network for the Work with Perpetrators of Domestic Violence

 

Lignes directrices pour l’élaboration de normes en matière de programmes de prise en charge des auteurs de violence conjugales

lignes directrices pour les programmes de prevention de la violence conjugale

La violence masculine envers les femmes se produit dans tous les pays européens et constitue un problème grave et répandu. La violence à l’égard des femmes est une manifestation des relations de pouvoir historiquement inégales entre les hommes et les femmes, qui ont conduit à la domination et à la discrimination des hommes à l’égard des femmes et à l’empêchement de la pleine promotion des femmes, et représente une violation généralisée des droits de l’homme et un obstacle majeur à la réalisation de l’égalité des sexes [1].

Les États membres d’organisations internationales telles que les Nations unies et le Conseil de l’Europe, ainsi que les pays de l’UE, sont tenus par le droit international et national d’exercer une diligence raisonnable pour prévenir, enquêter sur et punir les actes de violence, que ces actes soient perpétrés par l’État ou par des personnes privées, et d’assurer la protection des victimes [2].

La violence domestique à l’égard des femmes est un comportement de contrôle de la part du partenaire intime ou de l’ex-partenaire, qui comprend, sans s’y limiter, la violence physique et sexuelle, la violence psychologique, l’isolement, l’abus économique, les menaces, l’intimidation et le harcèlement [3]. La violence contre les femmes au sein de la famille affecte également les enfants qui ont également le droit d’être protégés et de recevoir un soutien.

Les organismes qui gèrent les programmes de prise en charge des auteurs de violences portent une grande responsabilité pour toutes les personnes concernées. Le travail avec les hommes auteurs de violence domestique vise à mettre fin à la violence et à renforcer la sécurité des victimes de la violence domestique (femmes et enfants), mais il doit également être considéré comme s’inscrivant dans un processus plus large de changement culturel et politique visant à abolir les hiérarchies entre les sexes, la violence sexiste et la discrimination sexuelle ainsi que d’autres formes de violence et de discrimination personnelles et structurelles.

Des normes sont nécessaires pour assurer la qualité du travail et surtout pour garantir que la sécurité des victimes est une priorité et que le travail ne met pas en danger les partenaires ou les enfants des participants.

Références

[1] See United Nations Declaration on Violence against women 1993.

[2] See Recommendation Rec(2002)5 of the Committee of Ministers to member States on the protection of women against violence adopted on 30 April 2002.

[3] See Respect Statement of Principles and Minimum Standards of Practice 2004.

Lignes directrices 2018

Des lignes directrices pour établir des normes sont nécessaires pour assurer la qualité d’un travail efficace et sûr avec les auteurs de violence domestique. La sécurité des victimes est une priorité et les interventions doivent garantir que le travail ne met pas en danger les femmes ou les enfants.

Les programmes dans les pays européens sont différents en ce qui concerne le groupe cible, le financement, la base juridique et de nombreux autres aspects et conditions de travail. C’est pourquoi les présentes lignes directrices n’ont pas pour but de donner des instructions détaillées. Elles visent plutôt à offrir aux programmes destinés aux auteurs de délits un cadre permettant de développer des normes spécifiques pour un travail responsable et responsable.

Des mises à jour sont continuellement nécessaires pour intégrer les nouveaux résultats de la recherche et les meilleures pratiques. En tant que tel, le présent document est conçu pour être un document vivant et dynamique, soumis à un processus continu de consultation et de révision.

lignes directrices pour les programmes de prevention de la violence conjugale

version originale

Comment faire naître des idées saines chez le détenu ?

(Leçon pénitentiaire sur la « rééducation des détenus », 1949, dispensée alors à l’école nationale supérieure de l’administration pénitentiaire, précurseur de l’ENAP. On y découvre notamment la philosophie d’intervention et la conception de la fonction de l’éducateur pénitentiaire de l’époque.  )

Pierre Cannat 1903-1998

Pierre Cannat 1903-1998

« La rééducation morale doit se faire par des contacts de sympathie entre le détenu et une personne chargée de lui apporter ce qui lui manque. Il faut énormément parler aux détenus. Jamais on ne consacrera : assez de temps, assez d’efforts assez bonnes volontés diverses à cette tâche qui est au centre même de toute transformation morale.

« Tout contact entre deux personnes a une portée éducative positive ou négative, parfois insignifiante il est vrai, rarement négligeable pour qui sait analyser les mystérieux facteurs d’influence qui, se combinant ou s’opposant, s’entrecroisent dans l’infinie variété des rapports sociaux.  Je le rencontre… Je vais parler… Il va parler… Je vais prendre une attitude… il prendra une attitude… et pas là inévitablement lorsque nous nous séparerons il y aura quelque chose de changé dans l’absolu de nos personnes. Effrayante responsabilité de chacun envers chacun pour qui a le cœur d’y songer. » (HENRY, article 1947 sur la portée éducative de l’action du JE)

Non seulement il faut se garder d’abandonner le détenu à ses pensées, mais il importe de lui suggérer des idées, de lui apporter des sujets de réflexion. Lucas disait encore : « il faut préparer leur esprit à l’ordre d’idées vers lequel on veut appeler et concentrer l’activité de leur réflexion ». Ce qui a manqué à ces délinquants, quand ils étaient dans la vie libre, c’est souvent l’influence éducative, bienfaisante, d’un ami bien choisi, d’une personne de bonne moralité capable de prendre sur eux l’ascendant.    

Dans les maisons centrales, chaque détenu doit être pris en charge au point de vue moral par une sorte de guide dont le rôle consiste à lui rendre fréquemment visite, à le suivre tout le long de sa peine pour orienter ses pensées, à gagner sa confiance, à le soutenir dans ses chutes, à l’exalter dans ses efforts, à lui parler de sa libération et de ses projets au-delà de la prison. Cet éducateur doit devenir son confident et son ami.

Il faut pour cela disposer d’un certain nombre de fonctionnaires spécialisés entre lesquels sont répartis les détenus dès leur arrivée dans l’établissement et leur mise à l’isolement cellulaire. Libéré de tout autre souci, il doit concentrer toute son activité sur les détenus dont il a la responsabilité, préparer soigneusement à l’avance les conversations qu’il aura, dans les cellules, avec chacun d’eux, demeurer longuement avec ses détenus et par un roulement régulier apporter de cellule en cellule l’apaisement de son contact.

Dégagé de tout rôle disciplinaire, uniquement préoccupé de capter par des moyens honorables la sympathie de ses détenus — on ne saurait tolérer de lui ni connivence ni démagogie – il doit être pour les délinquants que leur crime n’a pas encore entièrement noyés, la bouée de sauvetage dans le naufrage. »

 P_CANNAT_L14_reeducation_des_detenus_1949.pdf

The Coping Using Sex Inventory (CUSI; Cortoni & Marshall, 2001)

Le Coping Using Sex Inventory (CUSI ; Cortoni & Marshall, 2001) a été utilisé pour évaluer l’autorégulation par le sexe. Le CUSI évalue l’utilisation du sexe comme stratégie d’adaptation pour faire face aux états négatifs associés aux situations stressantes.  L’échelle comprend 16 items relatifs à des activités sexuelles consenties et non consenties avec des adultes et des enfants. Les items décrivent quatre types d’activités sexuelles : les fantasmes, la masturbation, l’utilisation de la pornographie et le comportement sexuel réel avec un partenaire. Les répondants indiquent, sur une échelle de 5 points, la fréquence à laquelle ils se livrent à ces activités sexuelles lorsqu’ils se trouvent dans des situations stressantes ou difficiles.  Le CUSI est une échelle multidimensionnelle qui contient trois facteurs liés aux activités sexuelles consensuelles (CUSI consentement), aux comportements de viol (CUSI viol) et aux abus sexuels sur des enfants (CUSI enfant). La cohérence interne de l’échelle globale est de 0,88, et il a été constaté qu’elle permettait de distinguer les délinquants sexuels des délinquants non sexuels (Cortoni & Marshall, 2001).

CUSI utilisation du sexe comme strategie adaptation

source: Les-cognitions-soutenant-la-cyberdelinquance-sexuelle-commise-envers-les-enfants-leur-nature-leur-mesure-et-leur-role.pdf