Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
Header

FRANCE CULTURE (29/03/2018) Emission « Matières à penser » avec Antoine Garapon: Le basculement dans la barbarie

Comment expliquer que les actes les plus barbares soient souvent commis par des « hommes ordinaires » ?

Daniel Zagury, expert devant les juridictions criminelles, apporte des éléments de réponse à cette question qui a été posée pour la Shoah et qui revient aujourd’hui avec le terrorisme islamiste voire avec les tueries de masse

(La barbarie des hommes ordinaires, L’Observatoire, 2018).

Bibliographie: La barbarie des hommes ordinaires : ces criminels qui pourraient être nousDaniel Zagury Editions de l’Observatoire, 2018

UNITED NATIONS OFFICE ON DRUGS AND CRIME (2016) Handbook on the Management of Violent Extremist Prisoners and the Prevention of Radicalization
to Violence in Prisons (CRIMINAL JUSTICE HANDBOOK SERIES)

I therefore recommend that Member States: (f) Reform national legal frameworks and penitentiary systems to ensure the security of inmates, personnel and facilities and establish procedures to prevent and counter radicalization in prisons based on human rights and the rule of law (Plan of Action to Prevent Violent Extremism–Report of the Secretary-General, A/70/67 (2015), para. 50(f).)

Law and order cannot be established, and the safety and security of citizens and of the State cannot be preserved, without police and other law enforcement agencies operating in conjunction with functioning justice and corrections systems. Functional corrections systems are also a prerequisite to efforts to tackle « new » global threats, such as violent extremism and transnational organized crime, which are affecting an increasing number of conflict and post-conflict settings. (Prison Support in United Nations Peace Operations (2015), United Nations Department of Peacekeeping Operations, Department of Field Support, Ref. 2015.11.)

Obligation to Prevent Terrorism: To ensure that States fulfil their obligation to prevent terrorism, States must provide the responsible authorities the necessary specialized training and technical and material assistance. States must also adopt, as needed, non-punitive counter-radicalization and deradicalization policies and programs that include engaging and working with … prison rehabilitation programs … to ensure effective implementation and sustainability of these related measures. (Principles and Guidelines on Human and Peoples’ Rights while Countering Terrorism in Africa (2015), Part 1,B. )

An effective system for incarcerating convicted terrorists is a critical part of an effective criminal justice response to terrorism. Such a system should … prevent further radicalization of prisoners, prevent terrorist activities from being directed or supported from within the prison system, and provide for the deradicalization and reintegration of prisoners into society where possible and thereby reduce recidivism.  (Global Counter-Terrorism Forum (2012): Rabat Memorandum on Good Practices for Effective Counterterrorism Practice in the Criminal Justice Sector, Good Practice 11.)

Handbook_on_VEPs

The Short-Term Assessment of Risk and Treatability (The START) – exemple d’échelle d’évaluation dynamique

La START, est dans la directe succession de la HCR-20. Elle prend en compte à la fois les facteurs de risque et les facteurs de protection pour la personne (Webster, Brink, Nichols & Middelton, 2004).

The Short-Term Assessment of Risk and Treatability (START) est un outil développé par Webster C.D. et ses collaborateurs. C’est un guide de 20 éléments destinés à l’évaluation dynamique de sept domaines de risque (la violence envers les autres, le suicide, l’automutilation, la négligence de soi, l’absence non autorisée/évasion, l’usage de substances-drogues, et l’exposition à la criminalité). La START présente un raffinement dans l’évaluation des facteurs de risque dynamiques par le fait qu’elle prévoit le codage différentiel des forces ainsi que les besoins des patients, tout en permettant  l’enregistrement des facteurs de risque au cas par cas. Chacun des  20 éléments est évalué en fonction de descriptions succinctes fournies dans le manuel publié. Les 20 éléments évalués lors de l’échelle START sont les suivants :

  • compétences sociales (social skills) ;
  • relations avec les autres (relationship) ;
  • occupation et statut professionnel (occupational) ;
  • loisirs (recreational) ;
  • soins personnels/hygiène (self-care) ;
  • état mental (mental state) ;
  • état émotionnel (emotional state) ;
  • abus de substances (substance misuse) ;
  • contrôle des impulsions (impulse control) ;
  • facteurs externes déclenchants (external triggers) ;
  • ressources matérielles (material resources) ;
  • attitudes (attitudes) ;
  • compliance thérapeutique (medication adherence) ;
  • respect des règles (rule adherence) ;
  • conduite (conduct) ;
  • introspection (insight) ;
  • projets (plans) ;
  • Adaptation/faire face (coping) ;
  • soutien social (social support) ;
  • traitabilité (treatability)

Recueil d’information

La START se compose de deux échelles ; une relative aux côtés forts et l’autre aux faiblesses du patient. L’évaluation doit indiquer une valeur pour les deux échelles. En fonction de la présence et de l’intensité des éléments évalués une valeur de 0, 1 ou 2 points est appliquée pour chaque élément évalué. Les évaluations sont réalisées via des formulaires spécifiques, par un personnel qualifié dans l’utilisation de ces outils qui permettent aussi d’estimer les risques dans les sept domaines comme haut, moyen/modéré ou bas

 

Feuille de cotation: start-summary-sheet

Feuille de cotation traduction fr (non officielle) : START-summary_sheet_FR

Short-Term Assessment of Risk and Treatability (START): The case for a new structured professional judgment scheme

RISQUES MULTIPLES

Tel qu’il a été décrit, START diverge de bon nombre de jugements professionnels structurés (JPS) antérieurs en ce sens qu’il vise à guider la prise de décision en ce qui concerne la violence, l’automutilation, le suicide, la toxicomanie, la victimisation, la négligence de soi et les absences non autorisées. La relation entre la violence dirigée contre soi et la violence dirigée contre les autres a été un domaine d’étude relativement négligé (Hillbrand, 1995). Ce manque de recherche existe malgré les demandes d’exploration scientifique de la coexistence de ces deux types d’agression au cours de la dernière décennie (Feinstein & Plutchik, 1990 ; Hillbrand, 1992, 1995 ; Milroy, 1993) et, plus récemment, les affirmations des commentateurs sur la nécessité de juger le risque d’auto-agression en combinaison avec le risque de violence dirigée vers les autres chez les clients (Hillbrand, 2001 ; Links, Gould, & Ratnayake, 2003). Plusieurs cadres théoriques ont été proposés pour expliquer le chevauchement entre ces formes particulières d’agression (pour une revue, voir Hillbrand, 2001). Shaffer (1974) a mis l’accent sur une perspective développementale, indiquant une voie commune vers la violence contre soi et la violence envers les autres, caractérisée par l’abus de substances et les difficultés interpersonnelles. Plus récemment, le modèle de Plutchik et van Praag (1994) reflète une perspective éthologique-évolutive, dans laquelle les auteurs affirment que plusieurs des mêmes facteurs de risque (par exemple, les pertes, les menaces, les défis) mènent à l’agression contre soi et à l’agression contre les autres. D’autres modèles mettent l’accent sur un lien entre la sérotonine et l’agression (voir, par exemple, Coccaro, 1995). Dans une perspective principalement cognitive, Beck (1999) a suggéré que les distorsions cognitives expliquent à la fois les comportements suicidaires et la violence contre les autres.

Gray, Hill, McGleish, Timmons, MacCulloch et Snowden (2003) ont récemment administré plusieurs grilles d’évaluation à des patients en contexte médico-légal (N¼34), détenus dans deux unités de sécurité minimale au Royaume-Uni. Ils ont utilisé les échelles H et C du HCR-20 (HC-15), le BPRS, le Hare PCL-R et l’échelle de désespoir de Beck (BHS, Beck, Weissman, Lester, & Trexler, 1974) en 20 points. L’agressivité et l’automutilation à l’unité ont été mesurées à l’aide d’une échelle à remplir chaque semaine sur une période de trois mois. En ce qui concerne l’agression physique, le BPRS a donné une corrélation r=0.61 (aire sous la courbe (AUC=0.84). Il était suivi par le HC-15 à r=0.53 (AUC=0.81) et le Hare PCL-R à 0.35 (AUC=0.70). Dans les trois cas, les corrélations étaient statistiquement significatives. Les scores du BHS n’ont pas donné lieu à un effet significatif lorsque l’agression physique servait de mesure de résultat (r=0,18, AUC=0.53). En d’autres termes, les échelles conçues en grande partie pour prédire la violence envers les autres ont donné les résultats escomptés ; la seule échelle incluse pour mesurer l’automutilation n’a pas eu de pouvoir prédictif en ce qui concerne la prévision de la violence envers les autres. Pourtant, comme on pouvait s’y attendre, cette même échelle a produit une corrélation significative avec le comportement cible d’automutilation (r=0.67, AUC=0.86). Aucune des trois autres échelles n’a montré de résultat significatif lorsque le critère d’automutilation était utilisé. Pour obtenir leurs effets, Gray et al. (2003) ont utilisé quatre échelles. Celles-ci étaient composées de 71 items (HC-15=15 ; Hare PCL-R=20 ; BPRS=16 ; BHS=20). Le START est composé de 20 items définis plus 10 items historiques (ou plus) fortement recommandés (voir Webster et al., 2004, annexe B). Les infirmières travaillant dans des établissements médico-légaux, civils et correctionnels doivent être constamment attentives aux sept risques principaux, et souvent à d’autres aussi (par exemple, infecter d’autres personnes par des rapports sexuels non protégés). Bien que l’on puisse dire que cela est également vrai pour les psychiatres et les psychologues, par exemple, il n’en demeure pas moins que,  » sur le moment « , il appartient aux infirmières et aux autres professionnels en contact étroit avec les clients d’agir immédiatement pour atténuer le risque. Avec les changements d’équipe, il est vital que les risques, les forces et les plans de traitement soient clairement définis et convenus pour chaque client. START vise à faire tenir l’essentiel de cette tâche complexe sur une seule feuille (voir annexe 1), acceptée par les membres de toutes les disciplines. La question à laquelle il faudra répondre dans les recherches futures est la suivante : avec 20 items définis, est-il possible de reproduire ou de dépasser les résultats de Gray et al. (2003 ; voir Nicholls et al., 2006) ?

 

VARIABLES DYNAMIQUES

Jusqu’à récemment, la recherche et les instruments d’évaluation du risque de violence étaient axés sur des facteurs de risque stables et à long terme (par exemple, les troubles de la personnalité) et sur des facteurs de risque statiques, immuables et invariants (par exemple, le sexe) (Douglas et Skeem, 2005 ; Hagga˚rd, Gumpert et Grann, 2001 ; Mulvey, Lidz, Gardner et Shaw, 1996). Ces variables ont été testées principalement dans le cadre d’études de suivi communautaire à long terme, à l’exclusion presque complète des facteurs dynamiques (pour les exceptions, voir Hanson et Harris, 2000 ; Philipse et al., 2005) qui peuvent être traités. Comme l’expliquent Hanson et Harris (2000),  » les facteurs de risque dynamiques sont des caractéristiques qui peuvent changer et qui, lorsqu’elles sont modifiées, entraînent une augmentation ou une diminution correspondante du risque de récidive «  (p. 7). Bien que certaines recherches scientifiques suggèrent que les facteurs dynamiques peuvent prédire la récidive aussi bien ou mieux que les facteurs statiques (Gagliardi, Lovell, Peterson, & Jemelka, 2004 ; Gendreau, Little, & Goggin, 1996 ; Gilgun, Klein, & Pranis, 2000), des recherches supplémentaires sont nécessaires. Il est clair que les variables dynamiques sont particulièrement pertinentes dans l’immédiat et à court terme et devraient être de bons indicateurs proximaux de la violence future (McNiel et al., 2003).

Il n’existe pas de base empirique solide permettant de déterminer la période optimale pour l’évaluation des variables dynamiques et pour quelles périodes de risque (aiguës, à court terme, à long terme) les variables dynamiques sont les plus pertinentes. Contrairement aux recherches impliquant des suivis à long terme (par exemple Douglas, Ogloff, Nicholls, & Grant, 1999 ; Skeem & Mulvey, 2001), McNiel et al. (2003) ont rapporté que seule la sous-échelle clinique du HCR-20 et la liste de contrôle de dépistage de la violence (VSC, McNiel & Binder, 1994) contribuaient indépendamment à la prédiction de la violence à court terme. Il convient de noter que la VSC et la sous-échelle clinique de la HCR-20 ont apporté des contributions indépendantes, ce qui suggère qu’elles pourraient se compléter mutuellement dans l’évaluation du risque de violence à court terme. Alors que l’on peut s’attendre à ce que les facteurs de risque dynamiques stables restent inchangés pendant des mois ou des années, les facteurs de risque dynamiques aigus liés au moment de la récidive peuvent avoir peu de rapport avec le potentiel de risque à long terme (Hanson & Harris, 2000). Les méthodologies des études existantes n’ont pas permis d’éclairer cette question. Gagliardi et al. (2004) l’ont bien exprimé en disant :  » Malheureusement, lorsque des facteurs cliniques ou dynamiques ont été comparés à des facteurs statiques dans des études de prévision du risque, ils n’ont généralement été évalués qu’une seule fois, ce qui les oblige nécessairement à fonctionner comme des variables statiques dans des équations de prédiction «  (p. 150 ; voir également Douglas & Skeem, 2005). De même, Gagliardi et al. (2004), en parlant des délinquants atteints de troubles mentaux (mentally ill offenders : MIO), ont noté qu’aucun outil n’est encore disponible qui  »satisfait réellement les besoins des prestataires cliniques chargés de traiter les MIO dans la communauté, à savoir la nécessité d’évaluer le risque de manière continue sur des mois, voire des années » (p. 151). La fluidité des facteurs dynamiques pose un défi considérable à la recherche. La difficulté réside dans le fait que les « données », au sens de « données de base » (data), peuvent devenir « captives » (capta), en ce sens qu’elles ont tendance à devenir des « événements saisis » une fois qu’elles sont écrites ou enregistrées d’une autre manière (c’est-à-dire qu’elles prennent une qualité statique). Il est probablement vrai que les infirmières, les travailleurs sociaux et les autres professionnels de la santé mentale et des services correctionnels qui se placent en première ligne « voient » des types de comportement et d’expression émotionnelle quelque peu différents de ceux qui sont pris en compte par les psychiatres et les psychologues.

L’un des objectifs de START est de fournir un espace de discussion interdisciplinaire afin que les plans de traitement éventuels aient une chance réaliste de réussir. Un autre objectif connexe est d’assurer une répartition appropriée des tâches (c’est-à-dire que le ludothérapeute assumera des responsabilités spécifiques qui correspondent au plan convenu, que le travailleur social organisera un financement de transition jusqu’à ce que le plan ait une chance de se stabiliser, que le psychiatre examinera les effets iatrogènes possibles des médicaments, et ainsi de suite).

FACTEURS HISTORIQUES

Les variables historiques devraient constituer le fondement de toute évaluation des risques. À cet égard particulier, le START n’est pas indépendant de l’échelle H du HCR-20 ou d’une analyse historique similaire à grande échelle. Si, au départ, le risque semble manifestement lié et limité à d’autres, il est essentiel de compléter l’échelle H10 du HCR-20. Si, par contre, d’autres risques sont impliqués, il sera nécessaire d’élargir cette liste d’éléments. Certains de ces items candidats pourraient être les suivants : automutilation antérieure, pertes personnelles, désespoir, pauvreté/sans-abri, tentatives de suicide antérieures ou victimisation antérieure. De plus, les auteurs suggèrent que d’autres dispositifs soient utilisés pour améliorer le processus d’évaluation avec START. Par exemple, si le client présente une dépression, il serait prudent d’utiliser d’autres instruments d’évaluation qui évaluent spécifiquement la dépression.

 

FACTEURS DE PROTECTION (FORCES)

Les auteurs affirment que le domaine est actuellement en transition, avec une tendance à intégrer les points forts dans les évaluations du risque de violence (Borum et al., 2003 ; Webster et al., 2004). Les avancées théoriques (Seligman & Steen, 2005), les débats conceptuels en psychologie légale et en criminologie (Andrews & Bonta, 2003 ; Ward & Stewart, 2003), les critiques de la pratique actuelle (voir, par exemple, Rogers, 2000) et les preuves empiriques croissantes (Gagliardi et al., 2004 ; Hagga˚rd et al., 2001 ; Hanson & Harris, 2000) démontrent que l’évaluation et la gestion du risque devraient inclure un examen des forces des clients. Belfrage, Fransson et Strand (2004) n’ont constaté aucune différence dans les scores de risque malgré une diminution significative de la violence institutionnelle, citant la nécessité de prendre en compte les facteurs de protection. Les forces peuvent être définies comme des atouts à la disposition de l’individu (par exemple, une famille qui le soutient), qui deviennent des facteurs de protection lorsque le client s’en sert pour réduire le risque (Gilgun et al., 2000) ou le gérer. Comme nous l’avons noté, avant le START, seul un guide d’évaluation du risque de SPJ pour les adolescents (SAVRY, Borum et al., 2003) incitait les évaluateurs à se concentrer sur les forces du client en plus des risques qu’il présente. Bien que les recherches préliminaires sur START soient prometteuses (Nicholls et al., 2006), il reste à voir si une évaluation plus complète qui permet aux évaluateurs d’entretenir les points forts améliorera sensiblement les jugements professionnels par rapport à une focalisation sélective sur les seuls facteurs de risque. Les recherches menées auprès des délinquants sexuels (Hanson & Harris, 2000), des détenus masculins et féminins (Belfrage et al, 2004 ; Gilgun et al., 2000), les délinquants souffrant de troubles mentaux (Gagliardi et al., 2004), et les délinquants violents jugés à haut risque qui réussissent à se désister (Hagga˚rd et al., 2001) suggèrent que la prévision du risque de violence bénéficiera de la prise en compte des forces du client. Il est également prévu que l’accent mis sur les points forts améliorera l’alliance thérapeutique, favorisera le rétablissement, servira à motiver les clients et réduira les cognitions négatives non seulement chez les clients mais aussi chez certains membres du personnel.

SIGNES DE RISQUE « SIGNATURES »

Les cliniciens expérimentés et les membres des équipes de traitement sont familiers avec l’idée de signes précoces de rechute psychotique ou dépressive ; cependant, peu d’attention a été accordée à la notion de ce que les auteurs ont appelé les signes de risque « signature ». Chez un nombre petit mais important de personnes souffrant de troubles mentaux ou de la personnalité et ayant des antécédents de violence, l’émergence d’un ensemble spécifique de croyances, de symptômes, de comportements ou d’inquiétudes, qui au départ ne semble pas lié aux troubles mentaux ou de la personnalité, peut avec le temps être reconnu comme un signal précoce mais fiable, unique et invariable de « signature » d’une rechute imminente et d’une augmentation du risque pour soi-même ou pour les autres. En fait, le concept de  » signature  » ne vient pas du domaine de l’évaluation du risque en santé mentale, mais de la littérature sur les homicides sexuels en série. Plus précisément, l’analyse des liens (Hazelwood et Warren, 2003) fait référence à l’identification non seulement du modus operandi d’un délinquant, où un modèle longitudinal de caractéristiques comportementales relativement stables peut caractériser le  » comment faire  » du criminel, mais aussi de la signature ou d’une combinaison particulière de comportements (comme par exemple, laisser une carte à jouer spécifique sur le corps des victimes d’homicide sexuel). De telles actions suggèrent qu’une série de crimes a été perpétrée par le même délinquant. La  » signature  » constitue donc un ensemble caractéristique de comportements idiosyncrasiques qui sert de  » carte de visite  » fiable et immédiatement reconnaissable de l’implication d’un tueur dans un meurtre (Keppel, 1995).

De même, comme nous l’avons déjà mentionné, chez certaines personnes souffrant de troubles mentaux ou de la personnalité et ayant des antécédents de violence ou d’automutilation, on peut identifier un ensemble de tendances ou de signes très spécifiques et  » caractéristiques  » (par exemple, une préoccupation pour les verrues ou un changement de coiffure), qui constituent une « carte de visite » de leur maladie mentale et du risque potentiel de violence envers soi-même ou envers les autres (Fluttert, 2005). Il ne fait aucun doute que l’identification précoce et la communication fiable d’informations concernant les signes de risque « signatures » aux cliniciens et aux équipes de traitement qui assurent le suivi d’une telle personne sont cruciales.

Par conséquent, la feuille de résumé START invite les cliniciens, les autres membres de l’équipe de traitement et les chercheurs à documenter les  » signes de risque signatures  » afin de faciliter la communication de ces informations vitales à toutes les personnes impliquées dans les soins du client.

 

pour aller plus loin:

START en grande Bretagne: Kent – short_term_risk_and_treatibility.ppt

Doyle M, Lewis G, Brisbane M  : Implementing the short-term Assessment Risk and Treatability (START) in a forensic mental health service. Psychiatric Bulletin 2008 ; 32 : 406-8

Webster CD, Nicholls TL, Martin M-L, Desmarais SL, Brink J : Short-Term Assessment of Risk and Treatability (START) : The
Case for a New Structured Professional Judgment Scheme. Behavioral Science and the Law 2006 ; 24 : 747-66

Nicholls TL, Brink J, Desmarais SL, Webster CD, Martin M-L : The Short-Term Assessment of Risk and Treatability (START), A Prospective Validation Study in a Forensic Psychiatric Sample, Assessment 2006 ; 13 : 313-27

Référenceshttps://www.amub.be/revue-medicale-bruxelles/download/794

START-AV (ADOLESCENT VERSION)

Feuille de cotation START-AV ( Adolescent Version): START-AV_Summary_sheet

référenceshttp://www.sfu.ca/psyc/faculty/viljoen/STARTOverview.pdf

Bref questionnaire d’évaluation des risques en cas de violence conjugale (B-SAFER)

Le bref questionnaire d’évaluation des risques en cas de violence conjugale (B-SAFER) a été élaboré en collaboration par le British-Columbia Institute Against Family Violence, P. Randall Kropp, Ph.D., Stephen D. Hart, Ph.D., Henrik Belfrage, Ph.D. et le ministère de la Justice du Canada.

L’élaboration du B-SAFER visait les objectifs suivants : faciliter le travail des professionnels du système de justice pénale dans l’évaluation des risques dans les situations de violence conjugale, aider les professionnels à obtenir les renseignements nécessaires pour évaluer les risques, aider les victimes à se donner un plan pour assurer leur sécurité, et finalement prévenir les incidents de violence futurs ou plus graves.

Cet outil comprend une liste de dix (10) facteurs de risque et un guide d’entrevue. Les cinq (5) premiers facteurs de risque se rapportent aux antécédents de violence conjugale de l’agresseur :

  • 1. Actes de violence
  • 2. Menaces ou idées de violence
  • 3. Intensification de la violence
  • 4. Manquements aux ordonnances des tribunaux
  • 5. Attitudes violentes

La deuxième partie concerne les problèmes d’ajustement psychologique (personnels) et social (interpersonnels) de l’agresseur :

  • 6. Criminalité générale
  • 7. Difficultés dans la relation intime
  • 8. Problèmes professionnels
  • 9. Toxicomanie
  • 10. Problèmes de santé mentale

Le B-SAFER comprend également une section sur les stratégies de gestion des risques recommandées en ce qui concerne la surveillance et le contrôle, l’évaluation et le traitement, de même que la planification de la sécurité de la victime, en plus d’une section sur les opinions concernant la priorité accordée au dossier, la violence mettant la vie en danger, la violence imminente et les victimes probables.

Au Nouveau-Brunswick, le B-SAFER est utilisé par le Tribunal pour l’instruction des causes de violence conjugale de Moncton, la GRC et des services de police municipaux. La Colombie-Britannique a adopté une version révisée de B-SAFER (licence exclusive) qui comprend une section comportant des questions précises concernant les facteurs de vulnérabilité de la victime.

Pour obtenir des renseignements supplémentaires sur cet outil, veuillez consulter les sites Web suivants :
http://www.justice.gc.ca/fra/pr-rp/lf-fl/famil/rr05_vf1-rr05_fv1/index.html

http://www.proactive-resolutions.com/

Manuel de l’utiisateur: http://www.justice.gc.ca/fra/pr-rp/lf-fl/famil/rr05_vf1-rr05_fv1/rr05_vf1.pdf

Si le lien est brisé: B-SAFER- CANADA

feuille de codage: Feuille_codage_B-safer

Evidence‐Based Practices in the Criminal Justice System

Prepared by the NIC Information Center
Date created January 2013, Updated August 2017

What Is the Evidence? Evidence‐based policy and practice is focused on reducing offender risk,
which in turn reduces new crime and improves public safety. Of the many available approaches to
community supervision, a few core principles stand out as proven risk reduction strategies. Though
not all of the principles are supported by the same weight of evidence, each has been proven to
influence positive behavior change. To organize the research, these core principles have been
compiled… into the 8 Principles of evidence‐based practice in corrections (Clawson & Guevara,
2010).

This bibliography is not a complete list of “EBP” citations, but a mere selection based on questions
we receive at the Information Center. Please feel free and even inclined to contact us with additions
to this bibliography, as we plan to continuously update it:  support@nicic.gov

https://s3.amazonaws.com/static.nicic.gov/Library/026917.pdf

https://nicic.gov/evidence-based-practices-criminal-justice-system-annotated-bibliography

Expérience de FransDeWaal (2011) sur le sens moral des primates

L’éthologue FransDeWaal (2011) présente ici sa célèbre expérience réalisée avec des singes capucins. Il introduit une situation d’iniquité entre les deux primates et le capucin lésé réagit violemment…
Ainsi, il existe des instincts naturels de coopération et d’empathie: le sentiment de « justice » présent chez les primates supérieurs s’avère être une notion à la fois universelle et très puissante, génératrice de violence quand elle est lésée…

« La morale humaine n’est pas imposée d’en haut, elle nous vient de l’intérieur. Il est faux que le comportement moral commence et finisse avec la religion ; c’est en fait le produit de l’évolution »:  c’est la thèse que défend Frans de Waal.

Pendant des années, raconte-t-il, il a vu des chimpanzés réconforter des voisins en détresse et des bonobos partager leurs aliments. Autant d’éléments qui pour lui renforcent la thèse des origines biologiques du sens humain de l’équité.

Frans de Waal cherche à expliquer la morale par un processus venu d’en bas, en insistant sur ce qui nous lie aux animaux.

Kate KEENAN (2003) Le développement et la socialisation de l’agressivité pendant les 5 premières années de la vie

(…) La socialisation de l’agression repose sur un large spectre de processus. Dans l’idéal, elle s’amorce au contact d’une bonne attention parentale dès le début de l’existence; elle s’étend par la suite de manière à englober la socialisation de la maîtrise du comportement, de réactions empathiques et des aptitudes  à la résolution de problèmes. Une réaction parentale inappropriée à la dysrégulation des émotions et des comportements des jeunes enfants semble accroître le risque de problèmes d’agressivité à plus long terme. Cette réaction inappropriée va de la sous-réaction (réactions passives ou détachées) à la sur-réaction (réactions sévères). Shaw, Keenan et Vondra ont par exemple observé que l’absence de réaction maternelle face à un enfant exigeant est prédictive de problèmes de comportements perturbateurs à trois ans. Bates  et al. ont, de leur côté, analysé les conséquences d’un parentage autoritaire ou passif chez un groupe d’enfants d’âge préscolaire « difficiles » et « non difficiles ». Vers la fin de l’enfance, les enfants difficiles dont les parents sont passifs ont obtenu les pires résultats en termes de problèmes d’externalisation ultérieurs tels qu’évalués par les parents et les enseignants. Pour leur part, Campbell et ses collègues ont constaté que le contrôle maternel négatif (soit : « affect négatif et contrôle intrusif  … dans lequel la mère a eu une attitude négative/irritée à l’égard de l’enfant ») et le recours tel que rapporté par les mères à des techniques de discipline négative à l’âge de quatre ans est prédicteur de problèmes d’externalisation à neuf ans, en dépit de correctifs visant à tenir compte des problèmes de comportement antérieurs.

L’étude de l’impact des pratiques de socialisation sur les jeunes enfants a également fait ressortir des différences intéressantes entre les sexes. À la fin de la période préscolaire, les taux d’agressivité sont généralement plus faibles chez les filles que chez les garçons. Smetana a observé que les mères réagissent aux transgressions de leurs filles en faisant ressortir les conséquences de celles-ci sur leurs pairs, alors que les mères de garçons ont recours à la punition. À l’âge de trois ans,  les garçons commettent deux fois plus de transgressions que les filles.Ross et al. rapportent que les mères de garçons prennent le parti de leurs propres enfants dans les conflits avec leurs pairs trois fois plus souvent que les mères de filles. De plus, les mères tendent à ne pas soutenir leurs filles lorsque leur droit de propriété a été violé.

Dans l’ensemble, les données actuelles sur le parentage indiquent qu’un enfant présente un risque plus élevé de développer des comportements agressifs quand les réactions des parents sont inappropriées à son développement, surtout lorsque l’enfant est déjà de tempérament difficile. Les mêmes données soulèvent la possibilité de l’existence d’un mécanisme qui entraîne une divergence des taux d’agressivité chez les garçons et chez les filles pendant les cinq premières années de la vie.

Conclusions

Les comportements agressifs, de même que leur socialisation, émergent tôt. Bien que la plupart des enfants apprennent à les inhiber, les comportements agressifs sont, chez certains, envahissants, fréquents et graves. Le débat sur la détermination d’une période de l’existence propice à la conceptualisation des problèmes de comportements perturbateurs précoces — dont l’agressivité — se poursuit.  Un consensus s’ébauche autour de la perspective de considérer les agissements de l’enfant comme atypiques lorsqu’ils gênent son développement au point où on lui demande de quitter la maternelle, où il manifeste de l’agressivité envers ses parents ou est incapable d’entretenir une relation prosociale avec un pair. Il est néanmoins important d’élaborer des méthodes adéquates et précises d’évaluation de la dysrégulation affective et comportementale précoce de manière à ce qu’un enfant n’ait pas à connaître de sérieux problèmes de développement avant de recevoir des services.

Implications pour l’élaboration des politiques et pour le développement des services

Les chercheurs en psychopathologie du développement ont maintenant l’occasion de faire avancer les politiques touchant la santé mentale des enfants. Des études plus approfondies devraient être menées sur des facteurs qui, dès la petite enfance, peuvent faire courir aux enfants des risques de vivre ultérieurement des problèmes comportementaux et affectifs.

Ce type de travaux contribuera sans aucun doute à susciter un élan politique favorable à des applications futures en psychopathologie du développement. Les données actuelles indiquent que la plupart des enfants s’abstiennent de recourir à des comportements problématiques. On peut donc considérer  la période préscolaire comme le meilleur moment pour encourager les comportements  prosociaux chez les enfants et pour leur inculquer des types de réponses qui optimisent les chances d’un développement social sain. Cependant, les études sur le développement des comportements chez les enfants et chez les parents devraient commencer pendant la grossesse afin que les facteurs environnementaux puissent être examinés individuellement et de façon interactive dans le temps. Une telle approche reconnaîtrait l’énorme potentiel de changement chez les jeunes enfants. Il pourrait également en découler une meilleure approche qui permettra d’orienter les processus de développement des enfants dans des directions plus positives.

 

http://www.enfant-encyclopedie.com/Pages/PDF/KeenanFRxp.pdf

Peut-on prédire, dans l’enfance, des troubles du comportement violent? les psychologues Richard Tremblay (Montréal) et Evelyne Thommen (lausanne) apportent quelques éléments de réponse.