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La psychopathie est difficile à traiter, surtout chez les adultes, mais des exercices basés sur la thérapie cognitive-comportementale (TCC) peuvent aider.  Les exercices incluent la gestion de l’impulsivité, le développement de l’empathie et la régulation émotionnelle.
Voici des exercices spécifiques qui peuvent être utilisés pour traiter la psychopathie :
  • Restructuration cognitive : Identifier et remplacer les pensées antisociales par des pensées positives (Psychopathy Treatment Options).
  • Gestion de l’impulsivité : Utiliser la technique STOPP (Stop, Prendre une respiration, Observer, Se retirer, Procéder) pour contrôler les impulsions (CBT for Impulsivity).
  • Développement de l’empathie : Pratiquer la prise de perspective, l’écoute active et les jeux de rôle pour comprendre les émotions des autres (How to Develop Empathy).
  • Pratiques de pleine conscience : Exercices de respiration et de méditation pour améliorer la conscience de soi et la régulation émotionnelle.
  • Travail sur les émotions : Apprendre à reconnaître et exprimer les émotions, y compris via des tâches à la maison pour renforcer les compétences apprises.
Un détail intéressant : Contrairement à ce qu’on pourrait penser, certaines recherches suggèrent que les individus avec des traits psychopathiques peuvent apprendre à comprendre les émotions des autres, même s’ils manquent souvent de disposition à le faire, ce qui ouvre des possibilités pour des interventions ciblées.

Contexte et défis du traitement de la psychopathie
La psychopathie est un trouble de la personnalité qui inclut des traits tels que l’égocentrisme, la manipulation, la violence et un déficit en empathie affective, bien que la capacité à comprendre cognitivement les émotions des autres puisse être présente (Can psychopaths learn to feel empathy?). Les recherches indiquent que les interventions traditionnelles, comme celles administrées en milieu carcéral, sont souvent inefficaces, en partie en raison de la résistance au traitement et de la nature persistante des traits psychopathiques (Reducing psychopathic violence). Cependant, des stratégies ciblant les jeunes avec des symptômes naissants, en profitant de la neuroplasticité, offrent des perspectives plus prometteuses (Psychopathy: Developmental Perspectives).
Approches thérapeutiques et exercices spécifiques
Les exercices efficaces pour le traitement de la psychopathie s’inscrivent généralement dans des cadres thérapeutiques comme la TCC, qui vise à modifier les pensées, émotions et comportements. Voici une liste détaillée des exercices et techniques, avec leurs objectifs et leurs applications :
Exercice/Technique
Description
Objectif Principal
Population Cible
Efficacité Observée
Restructuration cognitive
Identifier et challenger les pensées antisociales, les remplacer par des pensées positives.
Réduire les croyances favorisant les comportements antisociaux.
Adultes et adolescents
Amélioration des attitudes envers le crime et la délinquance (

Psychopathy Treatment Options

).
Technique STOPP
Stop, Prendre une respiration, Observer, Se retirer, Procéder, pour gérer l’impulsivité.
Contrôler les réactions impulsives et violentes.
Adultes et adolescents
Réduction des comportements impulsifs, particulièrement dans des contextes de détention (

CBT for Impulsivity

).
Prise de perspective
Encourager à voir les situations du point de vue d’autrui, via des discussions ou scénarios.
Développer la compréhension des émotions des autres.
Enfants, adolescents, adultes
Amélioration de l’empathie cognitive, surtout chez les jeunes (

How to Develop Empathy

).
Écoute active
Pratiquer une écoute attentive pour comprendre les émotions exprimées par les autres.
Renforcer les compétences interpersonnelles et l’empathie.
Tous âges
Utilisé dans des programmes comme le modèle de décompression à Mendota (

Mendota Juvenile Treatment Center

).
Jeux de rôle
Simuler des interactions sociales pour pratiquer des comportements empathiques.
Apprendre à répondre de manière appropriée dans des contextes sociaux.
Enfants et adolescents
Réduction des traits callous-unemotionnels chez les jeunes (

Possible Interventions

).
Pratiques de pleine conscience
Exercices de respiration, méditation pour augmenter la conscience de soi.
Améliorer la régulation émotionnelle et réduire l’impulsivité.
Tous âges
Réduction des symptômes d’anxiété et amélioration de la régulation émotionnelle (

Using Exercise in Mental Health Treatment

).
Reconnaissance des émotions
Identifier et nommer les émotions chez soi et chez les autres, via des exercices visuels (ex. : images).
Développer la capacité à reconnaître les états émotionnels.
Enfants, adolescents
Utilisé dans des thérapies familiales pour réduire les problèmes de comportement (

New study untangles parenting

).
Tâches à la maison
Exercices assignés pour pratiquer les compétences apprises, comme journaliser les pensées.
Renforcer les changements comportementaux et cognitifs.
Tous âges
Réduction des récidives violentes dans des études sur des populations carcérales (

Reducing psychopathic violence

).

Exemples d’exercices:

  • Entraînement à la reconnaissance des émotions
    Exercice : Identifier les émotions (peur, tristesse) et interpréter les contextes sociaux. (possibilité également de mobiliser le test d’empathie de Baron Cohen) (reponses et cotation au test de Baron Cohen)
    Objectif : Améliorer l’empathie cognitive en renforçant les compétences de décodage émotionnel.
  • Approche cognitivo-comportementale (TCC) adaptée
    Exercices: Restructuration cognitive: Identifier et corriger les distorsions de pensée (ex : justification de la manipulation).
    Jeux de rôle : Simulation de situations sociales pour pratiquer des réponses prosociales (ex : résolution de conflits sans agression).
  •  Entraînement à la régulation émotionnelle
    Mindfulness : Techniques de respiration et méditation guidée pour mieux gérer la colère ou la frustration.
    Biofeedback: Utilisation de capteurs physiologiques (fréquence cardiaque, conductance cutanée) pour visualiser et contrôler les réactions émotionnelles. (exemple: application « RespiRelax+« )
  •  Programmes de renforcement prosocial
    Contrats comportementaux et renforcements positifs : Récompenses concrètes (ex : privilèges) pour des actions empathiques ou coopératives.
    bénévolat et actions carritataives : Participation à des activités d’aide aux autres (ex : bénévolat) pour développer un sentiment de responsabilité.
    Cible provilégiée : Adolescents présentant des traits callo-émotionnels (manque d’empathie)
  • Interventions basées sur la mentalisation (MBT)
    Analyse de scénarios : Réflexion guidée sur les intentions et émotions d’autrui dans des histoires fictives.
    Journal émotionnel : Tenir un carnet pour décrire ses propres états mentaux et ceux des autres.
    Objectif: Amélioration modérée de l’autorégulation (Bateman & Fonagy, 2023).

Pharmacothérapie complémentaire

1. Modulation de la sérotonine: La sérotonine module l’inhibition comportementale et les réponses émotionnelles.

    • ISRS (Paroxétine, Fluoxétine) : Augmentent la disponibilité de la sérotonine, réduisant l’impulsivité et l’agressivité réactive.
    • Trazodone : Agoniste partiel de la 5-HT₁A, utilisé pour les comportements hostiles.

2. Régulation de la noradrénaline: Système de réponse au stress et régulation de l’attention.

    • Guanfacine (agoniste α₂-adrénergique) : Réduit l’hyperactivité amygdalienne et l’impulsivité.
    • Propranolol (bêta-bloquant) : Atténue les réponses physiologiques au stress (ex : agression préméditée).

3. Antipsychotiques atypiques :  Principalement en cas de comorbidité avec des troubles psychotiques ou un TPL (trouble de la personnalité limite).

    • RisperidoneOlanzapine : Bloquent les récepteurs dopaminergiques D₂ et sérotoninergiques 5-HT₂A, réduisant l’agressivité et l’hostilité.

4. Stabilisateurs de l’humeur et antiépileptiques: Efficacité modérée dans les essais en prison (ex : réduction des crises de rage).

    • Lithium : Réduit les comportements agressifs via la modulation du glutamate et de la neuroplasticité.
    • Valproate : Augmente les niveaux de GABA, inhibant l’hyperexcitabilité limbique.

5. Médicaments expérimentaux

    • Ocytocine intranasale : Augmente temporairement l’empathie et la reconnaissance des émotions chez certains sujets (effets transitoires). (MAIS Risque de détournement (ex : manipulation accrue).
    • Psychédéliques (Psilocybine sous contrôle) : En cours d’étude pour « réinitialiser » les réseaux émotionnels (ex : essai de l’Imperial College London, 2023).

6. Approches combinées

    • Exemple : ISRS + TCC : La médication réduit l’impulsivité, permettant une meilleure engagement dans la thérapie.
    •  Combinaison de Propranolol et d’entraînement à l’empathie en milieu carcéral.

 

Bases neurobiologiques et développementales

Les recherches récentes, notamment en neurosciences, montrent que les individus avec des traits psychopathiques présentent des altérations dans les régions cérébrales impliquées dans la régulation émotionnelle, comme l’insula et le cortex préfrontal ventromédian (Brain Basis of Psychopathy). Ces découvertes suggèrent que des exercices comme l’imagination de soi en situation de douleur pourraient déclencher des réactions émotionnelles plus fortes, servant de point de départ pour des thérapies cognitives (Neurological basis for lack of empathy). De plus, les traits psychopathiques émergent souvent avant 10 ans, avec des influences génétiques et environnementales, rendant les interventions précoces cruciales (Longitudinal evidence).
Efficacité et limites
Les interventions précoces, comme les programmes de formation parentale et les thérapies familiales, montrent des réductions significatives des traits callous-unemotionnels chez les enfants, avec des tailles d’effet importantes (Possible Interventions). Cependant, pour les adultes, les traitements traditionnels sont moins efficaces, et les exercices doivent être adaptés aux schémas uniques de conditionnement comportemental des individus (Reducing psychopathic violence). Par exemple, le modèle de décompression utilisé au Mendota Juvenile Treatment Center a démontré une réduction de la récidive violente chez les jeunes délinquants, en combinant sécurité et orientation en santé mentale (Mendota Juvenile Treatment Center).

Modéle triarchique de la psychopathie (Partick, 2009)

La psychopathie est un trouble complexe, souvent caractérisé par un manque d’empathie, des comportements antisociaux et une régulation émotionnelle altérée. Les recherches récentes utilisent le modèle triarchique (désinhibition, audace, méchanceté) pour mieux comprendre ses dimensions, montrant que la désinhibition est liée à des problèmes d’impulsion, l’audace à des résultats mixtes (positifs et négatifs), et la méchanceté à des comportements agressifs.

Bases cérébrales
Des études montrent que les personnes avec des traits psychopathiques, qu’elles soient criminelles ou non, présentent des altérations dans les zones cérébrales liées à la régulation émotionnelle. Ces différences sont aussi visibles chez des individus fonctionnels sans antécédents criminels .
Trajectoire développementale
Les traits psychopathiques émergent souvent avant 10 ans, influencés par des facteurs génétiques et environnementaux. Ils sont persistants, et des scores précoces prédisent la psychopathie adulte. Les interventions précoces, comme les programmes de formation parentale, peuvent réduire ces traits chez les enfants.
Interventions et traitements
Pour les adultes, les traitements traditionnels sont peu efficaces, mais les interventions précoces, notamment via des thérapies familiales, montrent des résultats prometteurs pour réduire les traits chez les enfants, avec des réductions significatives des problèmes de comportement.

La recherche récente s’appuie fortement sur le modèle triarchique de la psychopathie, proposé par Patrick et al. (2009), qui divise le trouble en trois domaines : la désinhibition (problèmes de contrôle des impulsions), l’audace (dominance sociale, résilience émotionnelle) et la méchanceté (comportements agressifs et exploitants).
Une étude de 2023 (The personal cost of psychopathy) a examiné l’impact de ces traits sur les déficiences, les troubles internalisés et la satisfaction de vie, montrant que la désinhibition est liée à des déficiences significatives dans plusieurs domaines fonctionnels, tandis que l’audace présente des résultats variables, incluant des aspects positifs comme une meilleure qualité de vie et des aspects négatifs comme des déficiences en empathie et en intimité.
Une méta-analyse de 2019 (An examination of the Triarchic Model) a également exploré les relations entre ces domaines et d’autres mesures de psychopathie, telles que la Psychopathy Checklist-Revised (PCL-R) et la Levenson Self-Report Psychopathy Scale (LSRP). Les résultats indiquent des corrélations modérées à fortes, avec l’audace associée à des résultats adaptatifs comme le bien-être et le leadership, tandis que la méchanceté et la désinhibition sont liées à des résultats maladaptatifs comme l’agression et l’usage de substances.

Bases neurobiologiques

Une étude de 2021 de l’Université de Turku (Brain Basis of Psychopathy) a révélé des altérations structurelles et fonctionnelles dans les zones cérébrales impliquées dans la régulation émotionnelle, tant chez les délinquants criminels psychopathiques que chez des individus fonctionnels avec des traits psychopathiques. Chez les délinquants, la densité des zones impliquées dans le contrôle cognitif et la régulation émotionnelle était compromise, avec des réactions plus fortes lors de la visualisation de films violents. Chez les participants non condamnés, plus les traits psychopathiques étaient prononcés, plus leur cerveau ressemblait à celui des criminels, suggérant un continuum de la psychopathie dans la population générale.

Trajectoire développementale et facteurs étiologiques

Les recherches développementales soulignent que les traits psychopathiques peuvent être identifiés avant l’âge de 10 ans, avec des influences génétiques significatives. Une étude de 2007 (Longitudinal evidence that psychopathy scores in early adolescence predict adult psychopathy) a montré que les scores de psychopathie à l’adolescence précoce prédisent la psychopathie à l’âge adulte, indiquant une persistance des traits. Les facteurs environnementaux, tels que les pratiques parentales, jouent également un rôle crucial, comme le montre une étude de 2023 (New study untangles the links between parenting practices), qui a trouvé des relations uniques entre les pratiques parentales et les traits psychopathiques, même après avoir tenu compte des problèmes de conduite.
Interventions précoces et traitements
Les interventions précoces sont essentielles pour prévenir le développement complet de la psychopathie. Une étude de 2022 (Possible Interventions for Preventing the Development of Psychopathic Traits among Children and Adolescents?) a détaillé plusieurs stratégies, notamment :
Stratégie
Description
Groupe d’âge
Efficacité/Résultats
Programmes de formation parentale
Enseignent l’implication positive, les éloges, l’encouragement, et la gestion des conflits.
Enfants
Réduit les problèmes de comportement ; moins d’effet avec des sanctions pour les traits CU (callous−unemotional= manque d’empathie), plus avec l’encouragement prosocial.
Thérapie d’interaction parent-enfant (PCIT-CU)
Version adaptée, axée sur les stratégies basées sur la récompense et le développement émotionnel.
Enfants d’âge préscolaire
Réductions significatives des problèmes de comportement et augmentation de l’empathie (étude pilote, n=23).
Thérapie multisystémique (MST)
Approche familiale et réseau, intensive (3-5 mois, plusieurs réunions/semaine).
Adolescents
Bénéfices pour les adolescents avec des traits CU élevés, réductions rapportées par les parents.

Les interventions précoces ciblant les enfants présentant des traits callo-émotionnels sont plus prometteuses que les traitements adultes, avec des effets durables sur la récidive.

Les traitements traditionnels sont donc moins efficaces sur les adultes, avec des résultats mitigés, comme indiqué également dans une revue de résultats de recherche de 2018 (Reducing psychopathic violence: A review of the treatment literature), qui souligne la nécessité d’interventions spécifiques et adaptées.
Une recherche recente (Blair, 2023, Psychopathy: Cognitive and neural dysfunction) vient par ailleurs préciser encore davantage les mécanismes neurobiologiques de la psychopathie:

« La psychopathie est un trouble du développement caractérisé par des déficits émotionnels et un risque accru de comportement antisocial. Elle n’est pas équivalente au diagnostic de trouble de la personnalité antisociale, qui se concentre uniquement sur le risque accru de comportement antisocial et non sur une cause spécifique, à savoir la réduction de l’empathie et de la culpabilité qui constitue le déficit émotionnel. La présente étude examine les données relatives aux adultes atteints de psychopathie en ce qui concerne les principaux comptes rendus cognitifs du trouble qui soulignent soit un déficit d’attention primaire, soit un déficit d’émotion primaire. En outre, la présente étude examine les données relatives à la neurobiologie de ce trouble. Le dysfonctionnement du rôle de l’amygdale dans l’apprentissage par renforcement et le rôle du cortex frontal ventromédian dans la représentation de la valeur du renforcement sont soulignés. Des données sont également présentées indiquant des difficultés potentielles dans certaines parties du cortex temporal et du cortex cingulaire postérieur. (…)

Il est important de noter qu’en spécifiant les déficiences au niveau des systèmes informatiques et neuronaux qui sont associées à ce trouble, nous disposons désormais de biomarqueurs de dysfonctionnement. Ces biomarqueurs ne sont pas seulement utiles pour la classification diagnostique – les déficiences fonctionnelles d’un patient agressif peuvent être très différentes de celles d’un autre – mais aussi pour l’évaluation de l’efficacité du traitement. Actuellement, ce trouble est considéré comme extrêmement difficile à traiter. En outre, les études sur le traitement sont difficiles à réaliser lorsque la mesure du résultat peut être la récidive ou l’incidence des épisodes agressifs. Toutefois, il devient possible d’utiliser des biomarqueurs appropriés pour déterminer l’efficacité du traitement. Le domaine en est actuellement à ce stade passionnant. Il nous faut maintenant identifier des traitements efficaces » (Blair 2023).

Implications et perspectives futures

Ces résultats soulignent l’importance d’une approche intégrée, combinant des recherches biobehaviorales et développementales pour mieux comprendre et traiter la psychopathie. Les interventions précoces, en particulier, offrent un potentiel pour réduire l’impact sociétal de la psychopathie, en ciblant les enfants à risque avant que les traits ne deviennent profondément enracinés. 
En conclusion, la recherche récente sur la psychopathie met en lumière sa complexité multidimensionnelle, ses bases neurobiologiques et son potentiel de prévention par des interventions précoces, offrant des perspectives prometteuses pour réduire son impact à long terme.

La Médiation Animale en Contexte Pénal : Un Outil de Réinsertion Efficace ?

Des programmes de médiation animale sont déployés dans les prisons pour faciliter la réinsertion des détenus . Aujourd’hui les programmes sont tellement différents qu’il est difficile de les comparer réellement, et d’en tirer des meta-analyse methodologiquement solides. Donc l’ensemble des résultats compilés jusqu’à presents sont au mieux « prometteurs », mais non consolidés « EBP » (for now…).

Réduction des Comportements Violents

Une étude menée par Harkrader, Burke et Owen (2004) dans des établissements pénitentiaires américains a démontré que les détenus participant à des programmes de dressage canin présentaient une diminution significative des actes violents et un renforcement de leur sens des responsabilités. Ces activités favoriseraient également l’acquisition de compétences sociales essentielles pour la vie en communauté

« Les programmes de formation en détention peuvent concerner les chiens guides, les chiens auditifs et les chiens d’assistance. Les chiens d’aveugle sont utilisés pour aider les malvoyants et les chiens auditifs pour aider les sourds et les malentendants. Les chiens d’assistance aident les personnes souffrant d’un handicap physique qui limite ou entrave leurs mouvements. En outre, il existe des programmes pour animaux dans les prisons qui prennent des animaux qui seraient autrement euthanasiés et les confient à des détenus, qui leur apprennent les rudiments de l’obéissance, ce qui les rendra plus attrayants pour les familles qui les adopteront. Grâce à ces programmes de dressage de chiens, les détenus apprennent la responsabilité, la patience, la tolérance et les compétences en tant que dresseurs d’animaux. Les chiens constituent également un lien entre les détenus et les gardiens et réduisent les conflits entre les détenus et le personnel. (…)

L’un des nombreux avantages des programmes de dressage de chiens pour détenus est qu’ils permettent d’établir d’excellentes relations publiques au sein de la communauté. Ces programmes donnent à la communauté l’occasion de voir les détenus faire de bonnes actions. Nancy Bouchard, ancienne commissaire adjointe de la DOC du Maine, a déclaré au Blethen Main Newspapers que les programmes de dressage de chiens pour détenus donnent à ces derniers « l’occasion de regarder à l’extérieur d’eux-mêmes et d’apprendre à donner de façon désintéressée ». Bien que l’impact des programmes de dressage de chiens pour détenus sur la récidive n’ait pas fait l’objet d’études formelles, une telle transformation chez un détenu offre une excellente occasion d’introspection et sert de motivation puissante pour avancer dans sa vie et réussir à l’extérieur à sa sortie de prison.

Selon le site Web du projet « Prison Dog », les détenus « apprennent la responsabilité, la patience, la tolérance, ainsi qu’à être de bons dresseurs avec gentillesse et amour » et les chiens servent de « pont entre les détenus et les gardiens » et contribuent à apporter un « sentiment général de calme dans l’environnement institutionnel ». C’est ce qui s’est passé au Joseph Harp Correctional Center, un établissement de moyenne sécurité situé à Lexington, dans l’Oklahoma. Le programme a permis de réduire le nombre d’incidents agressifs dans la prison et d’observer un changement marqué chez les détenus chroniquement déprimés et reclus. Les responsables de la prison ont examiné les effets des chiots sur leur unité de santé mentale en comptant le nombre d’incidents agressifs quatre mois avant l’arrivée des chiots dans la prison et en le comparant au nombre d’incidents agressifs quatre mois après l’instauration du programme. Selon l’article de 1991 de Corrections Today, « Pet Therapy : Program Lifts Spirits, Reduces Violence in Institution’s Mental Health Unit », par Marcia Haynes, il y a eu un total de 68 incidents agressifs dans les quatre mois précédant l’arrivée des chiots, dont 12 étaient des altercations physiques. Quatre mois après l’arrivée des chiots dans la prison, il n’y a eu que 39 incidents agressifs, dont seulement six étaient des altercations physiques. Cela représente une diminution de 43 % du nombre total d’incidents agressifs. Bien que le personnel de la prison ait noté qu’un nouveau psychologue engagé pendant la durée de l’étude avait été bénéfique pour les détenus de l’établissement, l’article indique qu’il ne pouvait pas nier que les chiots avaient eu un impact profond sur la baisse des niveaux d’agression dans la prison.

Un dernier point de discussion concerne les avantages que les programmes d’élevage de chiots en prison peuvent apporter aux détenus qui cherchent un emploi après leur incarcération. Outre les compétences de base en dressage de chiens qu’ils acquièrent, les détenus peuvent acquérir des compétences plus poussées et chercher un emploi en dehors de la prison en travaillant avec des animaux. Après avoir travaillé avec des chiots au Coleman Federal Correctional Complex en Floride, une détenue purgeant une peine de 16 mois pour fraude bancaire a obtenu un certificat d’assistance vétérinaire et a l’intention d’obtenir un certificat de technicien vétérinaire de deux ans après sa libération. Avec de telles preuves de réussite, il est clair qu’un programme de dressage de chiens pour détenus bien géré peut être une expérience bénéfique pour les détenus, les établissements pénitentiaires et la société dans son ensemble.(Todd Harkrader; Tod W. Burke; Stephen S. Owen (2004) Pound Puppies: The Rehabilitative Uses of Dogs in Correctional Facilities)

 

Développement de l’Empathie

Selon les travaux de Furst (2006), interagir avec des animaux permettrait aux personnes incarcérées de restaurer leur capacité à créer des liens émotionnels sains. Les animaux agissent comme des catalyseurs d’empathie, un élément clé potentiel pour réduire les risques de récidive.

Les résultats de l’enquête ont révélé que la plupart des États disposent de PAP (prison-based animal programs) et que la plupart d’entre eux utilisent un service communautaire faisant appel à des chiens. Les participants sont essentiellement des hommes et la plupart des programmes ont été mis en œuvre après 2000. Les personnes interrogées ont, dans leur grande majorité, une perception positive des PAP. Le problème le plus fréquemment identifié est la réticence du personnel pénitentiaire à mettre en œuvre les PAP. (…) Lorsqu’on leur a demandé s’ils recommanderaient ce type de programme à d’autres administrateurs de prison, 60 des 61 répondants (98,4 %) ont répondu par l’affirmative. Un suivi auprès du directeur de l’établissement qui a répondu par la négative a révélé qu’il « aime le programme, mais qu’il ne génère pas de revenus, donc cela dépend de ce que vous attendez du programme » (communication personnelle, 8 avril 2005).
Dans une question ouverte, on a demandé aux répondants d’indiquer comment le programme profite aux détenus qui y participent. L’avantage le plus souvent cité est le sentiment de responsabilité que procure le fait de s’occuper d’un animal dépendant (f = 40). Une question ouverte demandait aux répondants d’identifier les aspects négatifs associés au programme – pour les détenus, le personnel ou l’établissement. La plupart (f = 42 ; 60,0 %) n’ont signalé aucun aspect négatif associé au PAP. L’aspect négatif du programme le plus souvent mentionné était la résistance du personnel à l’égard du PAP (f = 8 ; 10,1 %). Les difficultés liées aux animaux (f = 7 ; 8,9%), telles que la peur qu’ils inspirent aux gens et le désordre et le bruit qu’ils peuvent créer, et le manque de ressources (f = 7 ; 8,9%), y compris d’espace et de personnel, sont les autres aspects négatifs des programmes les plus fréquemment cités. Les contraintes ou les difficultés liées à l’administration d’un programme au sein d’un établissement fermé (f = 5 ; 6,3 %) ont également été mentionnées par les répondants.

(…) Non seulement certains des plus de 2 millions de personnes incarcérées pourraient en bénéficier, mais les programmes qui associent des détenus à des animaux sans abri permettent également d’aider un nombre démesuré d’animaux. Les animaux sans abri et les détenus sont tous deux des « populations jetables », abandonnées par une société qui ne se préoccupe pas de leur sort (et préfère qu’ils soient gardés à l’abri des regards). L’entraide entre les détenus et les animaux dans le cadre d’une relation symbiotique aboutit à une situation gagnant-gagnant. Le détenu et l’animal en bénéficient, mais aussi la communauté dans son ensemble.  Gennifer Furst (2006) Prison-Based Animal Programs: A National Survey

 

Preuves par les Méta-Analyses

Une revue systématique publiée dans Frontiers in Psychology (Kamioka et al., 2014) a évalué 27 études sur la médiation animale. Les conclusions soulignent des effets positifs sur la santé mentale, l’estime de soi et la gestion du stress, des facteurs déterminants pour une réinsertion réussie.

Dans un environnement d’étude limité aux personnes qui aiment les animaux, la TTA (thérapie assistée par l’animal) peut être un traitement efficace pour les troubles mentaux et comportementaux tels que la dépression, la schizophrénie et les dépendances à l’alcool et aux drogues, et est basé sur une approche holistique par le biais de l’interaction avec les animaux dans la nature.

Un exemple Concret : Le Prison Pet Partnership Program (États-Unis)

Ce programme, créé en 1981, associe des détenues à l’éducation de chiens d’assistance. Résultats ? Un taux de récidive inférieur de 20% chez les participantes, par rapport à la moyenne de l’état (The recidivism rate for program participants is less than 3% compared to Washington State’s rate of 22.2%).

Pourquoi y croire ?

La médiation animale ne se substitue pas aux approches traditionnelles, mais elle offre un levier complémentaire pour travailler l’humain « par » l’humain. Et si l’avenir de la justice pénale passait aussi par… des pattes et des museaux ?

https://www.youtube.com/shorts/HC0Q76s-vQs

Criminologie & Psychopathie : Quand la Neurosciences Éclaire les Comportements

La psychopathie est un trouble de la personnalité étroitement lié au comportement criminel. Alors que la recherche sur la psychopathie s’est largement concentrée sur les dysfonctionnements socio-affectifs, des données récentes suggèrent que la prise de décision aberrante pourrait également jouer un rôle important. Cependant, les mécanismes au niveau des circuits qui sous-tendent la prise de décision inadaptée dans la psychopathie ne sont toujours pas clairs.

Une étude fascinante de Hosking et al. (20XX), « Disrupted Prefrontal Regulation of Striatal Subjective Value Signals in Psychopathy« , révèle un mécanisme clé derrière les comportements psychopathiques : un dysfonctionnement de la régulation préfrontale des signaux de valeur subjective dans le striatum.

Schéma des quatre domaines fonctionnels et de leurs séquelles comportementales. Les dysfonctionnements « empathie réduite » et “réaction aiguë accrue à la menace” sont représentées comme s’excluant mutuellement. (christopher. J. Patrick 2015)

« Les psychopathes sont agressifs et impulsifs, ont un mauvais contrôle de leur comportement, n’ont pas d’objectifs réalistes à long terme et n’acceptent pas la responsabilité de leur comportement gravement antisocial. Ces symptômes révèlent de profondes déficiences dans la prise de décision, en particulier lorsqu’il s’agit de concilier les coûts futurs d’une action avec ses avantages immédiats. Nous utilisons ici une stratégie d’imagerie multimodale sur un échantillon de délinquants incarcérés pour détailler un mécanisme spécifique au niveau du circuit qui peut expliquer de tels déficits dans la prise de décision. Plus précisément, nous montrons que la psychopathie est associée à une signalisation accrue de la valeur subjective au niveau du striatum ventral et à une connectivité fonctionnelle cortico-striatale médiane compromise. Chez tous les sujets, une connectivité plus faible est liée à une signalisation de valeur striatale plus forte, ce qui suggère que la connectivité cortico-striatale module l’ampleur de ces signaux. Il est important de noter que la psychopathie a modéré de manière significative la relation entre la connectivité cortico-striatale et l’activité liée aux valeurs dans le striatum ; à des niveaux plus élevés de psychopathie, la régulation supposée des représentations de valeurs striatales par la connectivité NAcc-vmPFC a été perturbée. Enfin, le modèle de dysfonctionnement évident chez les participants présentant des niveaux élevés de psychopathie a permis de prédire le nombre de condamnations pénales chez les sujets, établissant ainsi un lien avec la prise de décision inadaptée dans le monde réel.

Ces résultats s’appuient sur un nombre croissant de travaux antérieurs suggérant que la psychopathie est associée à une augmentation du volume de matière grise striatale et à une activation accrue du NAcc liée à la récompense (Bjork et al., 2010 ; Buckholtz et al., 2010 ; Glenn et al., 2010 ; Schiffer et al., 2011). Les résultats actuels convergent pour soutenir l’idée que les signaux d’évaluation striatale sont déréglés dans la psychopathie et étendent les travaux antérieurs dans ce domaine en démontrant la pertinence de ces signaux pour la prise de décision. Dans l’ensemble, ces données confirment la généralisation d’associations antérieures dans des échantillons de commodité à des individus présentant des niveaux cliniquement pertinents de psychopathie, révèlent les mécanismes au niveau des circuits qui entraînent une dysrégulation striatale, et lient la dysrégulation cortico-striatale et l’hyperréactivité striatale à la prise de décision inadaptée dans le monde réel.’

Pourquoi est-ce crucial pour la criminologie ?

La psychopathie est souvent associée à des prises de décision impulsives, une absence d’empathie et une recherche de récompenses à tout prix. Cette recherche montre que chez les individus psychopathes, le cortex préfrontal (siège du contrôle cognitif) ne module plus correctement l’activité du striatum (centre de la récompense). Résultat ? Une évaluation biaisée des conséquences, où le gain immédiat prime sur le risque ou l’éthique.

Les implications :

  • Compréhension des prises de risque extrêmes : Vol, violence, manipulation… Ces actes pourraient découler d’une surestimation de la « valeur » perçue de la récompense.
  • Interventions ciblées : En identifiant ces dysrégulations neurales, des approches thérapeutiques pourraient cibler ces circuits pour restaurer un équilibre décisionnel.
  • Prévention & Détection : Mieux évaluer les profils à risque grâce aux marqueurs neuroscientifiques.

Le lien avec la criminologie moderne :

Cette avancée rappelle que la délinquance n’est pas uniquement un « choix » moral, mais parfois le reflet de mécanismes cérébraux altérés. Pour autant, cela n’excuse pas les actes – cela invite à repenser les stratégies de réhabilitation, en combinant justice et science.

Comment (et pourquoi) développer des approches mobilisant la VR en détention ?

Ce manuel (projet VISION), financé par l’Europe, a été conçu pour fournir aux praticiens des connaissances essentielles sur la mise en œuvre du projet VISION, en particulier sur l’application de la réalité virtuelle pour l’éducation, la formation et la réinsertion dans des établissements pénitentiaires.

Support pour l’acquisition de compétences

VISION cherche à améliorer les compétences des personnes détenues par la formation professionnelle avec l’aide de la réalité virtuelle.
Les objectifs principaux du projet sont les suivants :
1️⃣ Augmenter l’adhésion des personnes détenues aux programmes d’enseignement
et de formation professionnels par le développement de scénarios virtuels liés à l’inscription aux cours et à la motivation
2️⃣ Accroître l’engagement des personnes détenues dans l’enseignement et la formation professionnels.
3️⃣ Accroître leur réussite (préparation des personnes détenues à intégrer le marché
du travail après leur libération, à la réinsertion et à la prévention de la récidive).
4️⃣ Améliorer les compétences des formateurs et des éducateurs intervenant auprès des personnes détenues.

Pour travailler des besoins criminogènes

Exemple : Un programme, lancé en 2022 par le Service correctionnel norvégien (Kriminalomsorgen), utilise des casques VR pour aider les détenus à développer de l’empathie, à se préparer à des situations de la vie réelle (comme des entretiens d’embauche) et à comprendre l’impact de leurs crimes sur les victimes.

Fonctionnement :

1️⃣ Les détenus participent à des scénarios virtuels simulés, comme des conflits familiaux ou des interactions sociales complexes.
2️⃣ Un module spécifique les expose à des expériences immersives du point de vue des victimes, afin de favoriser la prise de conscience.

Objectif : Réduire la récidive en travaillant sur les compétences psychosociales et l’intelligence émotionnelle.

Hervey Cleckley et le masque de la normalité : comprendre la psychopathie derrière l’apparence

Dans l’univers fascinant et parfois glaçant de la psychocriminologie, peu de noms résonnent aussi fort que celui d’Hervey Cleckley. Ce psychiatre américain, méconnu du grand public mais culte chez les professionnels, a révolutionné notre compréhension de la psychopathie dans les années 1940. Loin des clichés hollywoodiens du « tueur en série », Cleckley a dépeint un profil bien plus insidieux : celui d’individus capables de charmer leur entourage tout en étant émotionnellement vides. Retour sur un héritage scientifique qui éclaire encore aujourd’hui les zones d’ombre de l’âme humaine.

Le Masque de la normalité : une révolution conceptuelle

En 1941, Cleckley publie The Mask of Sanity (« Le Masque de la normalité »), un ouvrage fondateur basé sur des années d’observations cliniques. Sa thèse centrale ? Les psychopathes ne sont pas des monstres grotesques, mais des êtres en apparence normaux, voire séduisants.

  • Le paradoxe psychopathique : Ils excellent à imiter les émotions humaines (amour, regret, empathie) sans jamais les ressentir.
  • Une façade impeccable : Intelligence, charme et éloquence cachent un chaos interne – impulsivité, mensonges pathologiques, et incapacité à maintenir des relations authentiques.

Pour Cleckley, c’est cette dissociation entre l’apparence et le fonctionnement interne qui rend la psychopathie si dangereuse. Contrairement aux criminels « ordinaires », le psychopathe ne commet pas des actes violents par passion ou nécessité, mais par ennui, curiosité, ou désir de domination.

Les 16 traits de la psychopathie : 
Cleckley a identifié 16 caractéristiques clés, dont certaines restent des piliers du diagnostic moderne :
1. Charme superficiel et intelligence élevée.
2. Absence de nervosité ou d’anxiété (même en situation de crise).
3. Mensonges compulsifs, même sans raison pratique.
4. Manque de remords ou de honte.
5. Émotions superficielles : une joie ou une tristesse de façade, jamais profondes.
6. Incapacité à aimer ou à éprouver de l’empathie.
7. Comportement impulsif et irresponsable (dettes, abandon de projets, etc.).

Ces traits ne se résument pas à des actes criminels : Cleckley a aussi étudié des psychopathes « fonctionnels » – avocats, médecins ou hommes d’affaires réussis, mais tout aussi dépourvus de conscience.

L’héritage de Cleckley : de la clinique aux tribunaux

  • La Psychopathy Checklist (PCL-R) : Le psychologue Robert Hare a formalisé les idées de Cleckley dans un outil d’évaluation mondialement utilisé, notamment en criminologie.
  • Psychopathie vs Trouble de la Personnalité Antisociale (DSM) : Le DSM-5 se focalise sur les comportements criminels (vols, agressions), tandis que Cleckley insistait sur l’absence d’émotion comme noyau du trouble.
  • Applications pratiques : Ses travaux aident les profilers à identifier les prédateurs sociaux (escrocs, manipulateurs) et les tribunaux à évaluer la dangerosité des accusés.

Critiques et débats contemporains

Cleckley n’est pas exempt de reproches :

  •  Biais de sélection : Ses études portaient sur des patients hospitalisés, souvent issus de milieux aisés, occultant les psychopathes violents ou marginalisés.
  • Subjectivité : Ses conclusions reposaient sur des cas cliniques, non sur des données statistiques.

Distinction avec le TPL (DSM) : Cleckley a souligné la différence entre la psychopathie (trouble de la personnalité) et le Trouble de la Personnalité Antisociale (TPL) du DSM, qui se concentre davantage sur les comportements criminels.

Pourtant, son intuition centrale – la psychopathie comme trouble de l’émotion, pas du comportement – reste incontournable. Des chercheurs comme Jennifer Skeem soulignent aujourd’hui que tous les psychopathes ne sont pas criminels, et que tous les criminels ne sont pas psychopathes.

Pour aller plus loin:

Prise en charge groupale ou individuelle des addictions: l’approche « Seeking Safety » (Najajits 2002)

Comment fonctionnent les séances?

Format des séances:

INTRODUCTION

1. Arrivée
Pour savoir comment vont les patients. Les patients répondent à cinq questions.

Depuis la dernière séance :

  • (a) « Comment vous sentez-vous ? »
  • (b) « Qu’avez-vous fait de bien ? »
  • (c) « Avez-vous consommé des substances ou adopté d’autres comportements dangereux ? »
  • (d) « Avez-vous respecté votre engagement ? »
  • et (e) « Mise à jour des ressources communautaires » (jusqu’à 5 minutes par patient).

2. La citation
Pour aider les patients à s’engager émotionnellement dans la session. Un patient lit la citation à haute voix. Le thérapeute demande, « Quel est le point principal de la citation ? », et fait le lien avec la séance (2 minutes).

THÈME DE LA SÉANCE

3. Relier le sujet à la vie des patients
Relier le sujet de manière significative à l’expérience des patients. C’est le cœur de la session, en utilisant des exemples spécifiques et actuels de la vie des patients et en offrant un soutien intensif aux patients.
exemples spécifiques et actuels tirés de la vie des patients et en offrant une répétition intensive du matériel (30-40 minutes).
Protocole :

  • A. Demandez aux patients de consulter les documents (jusqu’à 5 minutes).
  • B. Relier le matériel aux problèmes actuels et spécifiques de la vie des patients.

FERMETURE

4. Vérification
Pour renforcer les progrès des patients et donner au thérapeute un retour d’information. Les patients répondent à trois questions :

  • (a)  « Citez une chose que vous avez retirée de la séance d’aujourd’hui (et tout problème lié à la séance) » ;
  • (b) « Quel est votre nouvel engagement ? »;
  • et (c) « Quelle ressource communautaire allez-vous appeler ? (jusqu’à 5 minutes)

Vérification en debut et en fin de séance

Vérification en debut (check-in)

Depuis la dernière session . . .
1. Comment vous sentez-vous ?
2. Qu’avez-vous fait de bien ?
3. Avez-vous consommé de l’alcool ou d’autres drogues ou adopté d’autres comportements dangereux ?
4. Avez-vous respecté votre engagement ?
5. Mise à jour des ressources communautaires ?

Vérification en fin de séance (CHECK-OUT)

1. Citez une chose que vous avez retirée de la session d’aujourd’hui (et les problèmes éventuels liés à la session).
2. Quel est votre nouvel engagement ?
3. Quelle ressource communautaire allez-vous appeler ?

Concepts fondamentaux du traitement

  • Rester en sécurité
  • Se respecter soi-même
  • Utiliser des moyens d’adaptation – et non des substances – pour échapper à la douleur
  • Faire en sorte que le présent et l’avenir soient meilleurs que le passé
  • Apprendre à faire confiance
  • Prenez soin de votre corps
  • Demandez de l’aide à des personnes sûres.
  • Pour guérir complètement du syndrome de stress post-traumatique, ne consommez plus de substances.
  • Si une méthode ne fonctionne pas, essayez-en une autre.
  • Ne jamais, jamais, jamais, jamais, jamais, jamais, jamais, jamais, jamais abandonner !

Lisa M. Najavits, PhD, est professeur adjoint à l’école de médecine Chan de l’université du Massachusetts (Worcester, MA) et directrice des innovations en matière de traitement. Elle a fait partie du corps enseignant de la Harvard Medical School (McLean Hospital) pendant 25 ans et de la Boston University School of Medicine (VA Boston) pendant 12 ans. Elle est spécialisée dans le développement de nouveaux modèles de conseil pour les traumatismes et les dépendances, la recherche sur les essais cliniques et les soins de proximité. Elle est l’auteur de plus de 200 publications professionnelles, ainsi que des livres Seeking Safety : A Treatment Manual for PTSD and Substance Abuse ; Finding Your Best Self : Recovery from Addiction, Trauma, or Both ; A Woman’s Addiction Workbook ; et Creating Change : A Past-Focused Treatment for Trauma and Addiction. Elle a été présidente de la Society of Addiction Psychology de l’American Psychological Association et a mené de nombreuses consultations sur les efforts de santé publique en matière de traumatisme et de toxicomanie, tant au niveau national qu’international, notamment auprès des National Institutes of Health, du Surgeon General, des Nations unies et de la Substance Abuse Mental Health Services Administration (administration des services de santé mentale et de toxicomanie). Elle fait partie de divers conseils consultatifs et a reçu plusieurs prix, dont le Betty Ford Award de l’Addiction Medical Education and Research Association, le Young Professional Award de l’International Society for Traumatic Stress Studies, le Early Career Contribution Award de la Society for Psychotherapy Research, le Emerging Leadership Award de l’American Psychological Association Committee on Women et le Distinguished Alumna Award du Barnard College (Université de Columbia). Elle est psychologue agréée dans le Massachusetts et exerce la psychothérapie. Elle a obtenu un doctorat en psychologie clinique à l’université Vanderbilt et une licence d’histoire avec mention au Barnard College (université de Columbia).