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Comprendre le psychotraumatisme

Le psychotraumatisme se produit lorsqu’une personne est confrontée à un événement qui menace son intégrité physique ou psychique, provoquant une réaction de peur intense, d’impuissance ou d’horreur. Ces événements dépassent les capacités d’adaptation normales de l’individu, créant une rupture dans son sentiment de sécurité et sa vision du monde.

Imaginons notre psychisme comme une bibliothèque bien organisée. Un événement traumatique est comme un violent tremblement de terre qui fait s’effondrer les étagères : les souvenirs traumatiques ne peuvent être rangés correctement avec les autres expériences de vie. Ils restent alors « actifs », non intégrés, et continuent d’influencer le présent comme si la menace était toujours d’actualité.

Mécanismes neurobiologiques du trauma

Lors d’un événement traumatique, notre cerveau réagit par une cascade de réponses :

1. L’amygdale, notre « détecteur de danger », s’active immédiatement et déclenche l’alarme.
2. L’hippocampe, responsable de la mémoire contextuelle, est souvent dépassé par l’intensité de l’expérience.
3. Le cortex préfrontal, siège de notre capacité à analyser rationnellement les situations, se trouve temporairement désactivé.

Ces perturbations expliquent pourquoi les souvenirs traumatiques sont stockés différemment des souvenirs ordinaires. Ils sont principalement encodés comme des sensations corporelles, des émotions intenses et des images fragmentées plutôt que comme un récit cohérent. Cette particularité est à la base des symptômes caractéristiques du trouble de stress post-traumatique (TSPT).

Manifestations cliniques des psychotraumatismes

Les symptômes du psychotraumatisme peuvent être regroupés en quatre catégories principales :

1. Reviviscences: Le passé traumatique fait intrusion dans le présent sous forme de flashbacks, cauchemars, ou pensées intrusives. Ces reviviscences sont vécues avec la même intensité émotionnelle que l’événement original, comme si le temps n’avait pas passé.

2. Évitement : La personne développe des stratégies pour éviter tout ce qui pourrait lui rappeler le trauma (lieux, personnes, conversations, pensées). Cet évitement peut s’étendre jusqu’à un détachement émotionnel général.

3. Altérations négatives des cognitions et de l’humeur : Croyances négatives persistantes sur soi-même ou le monde (« je suis brisé », « le monde est dangereux »), culpabilité, honte, diminution d’intérêt pour les activités auparavant appréciées.

4. Hyperactivation neurovégétative: État d’alerte permanent, troubles du sommeil, irritabilité, difficultés de concentration, réactions de sursaut exagérées. Le corps reste physiologiquement « sur ses gardes », comme si le danger était toujours présent.

Dans les cas de traumatismes complexes ou répétés, particulièrement ceux survenus pendant l’enfance, des symptômes additionnels peuvent apparaître, comme des difficultés relationnelles profondes, des problèmes d’identité et de régulation émotionnelle.

Comme le trauma laisse une empreinte profonde dans le corps, plusieurs approches intègrent la dimension corporelle :

Approches thérapeutiques du psychotraumatisme

La prise en charge du psychotraumatisme a considérablement évolué ces dernières décennies, s’orientant vers des approches intégratives qui prennent en compte les dimensions neurobiologiques, psychologiques et sociales du trauma.

1. Psychothérapies validées empiriquement

Thérapie cognitivo-comportementale focalisée sur le trauma (TCC-FT) : Cette approche aide la personne à identifier et modifier les pensées dysfonctionnelles liées au trauma, tout en l’exposant progressivement aux souvenirs traumatiques dans un cadre sécurisant. C’est comme réapprendre au cerveau que le souvenir n’est plus une menace actuelle.

EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) : Développée par Francine Shapiro, cette thérapie utilise des stimulations bilatérales alternées (mouvements oculaires, tapotements) pendant que la personne se concentre sur le souvenir traumatique. Cette méthode facilite le retraitement adaptatif de l’information traumatique, permettant son intégration dans le réseau plus large des souvenirs autobiographiques.

Thérapie par exposition narrative : Particulièrement efficace pour les traumatismes culturels ou collectifs, cette approche aide à construire un récit cohérent de l’expérience traumatique, redonnant un sens et une chronologie aux événements fragmentés.

2. Approches corporelles et sensorimotrices

Thérapie sensorimotrice : Développée par Pat Ogden, elle se concentre sur les sensations physiques et les mouvements bloqués lors du trauma. En complétant ces mouvements inachevés dans un cadre sécurisant, la personne peut libérer l’énergie défensive figée. Bien que des études, comme un essai clinique randomisé pilote de 2020, montrent des effets positifs sur la conscience corporelle, l’anxiété et l’auto-apaisement chez les survivants de traumatismes, la validation scientifique reste limitée. Cette thérapie n’est pas encore considérée comme pleinement fondée sur des preuves, car peu d’études rigoureuses ont été menées. Cependant, elle gagne en crédibilité parmi les professionnels de la santé mentale, et des recherches supplémentaires sont en cours pour évaluer son efficacité, notamment pour les troubles liés au traumatisme complexe.

Neurofeedback : Cette technique permet à la personne de visualiser l’activité de son cerveau en temps réel et d’apprendre à la moduler, aidant ainsi à réguler les circuits neuronaux perturbés par le trauma.

Pratiques de pleine conscience adaptées au trauma : Ces techniques aident à développer une conscience moment-présent non jugeante, permettant graduellement de distinguer les sensations présentes des mémoires traumatiques.

3. Stabilisation et sécurité

Avant d’aborder directement le contenu traumatique, une phase de stabilisation est essentielle :

Psychoéducation : Comprendre les mécanismes du trauma normalise les réactions et redonne un sentiment de contrôle (« ce que je vis a du sens »).

Techniques de régulation émotionnelle : Apprentissage de méthodes pour gérer l’hyperactivation et l’hypoactivation (grounding, respiration diaphragmatique, cohérence cardiaque).

Création d’un espace de sécurité : Développement de ressources internes et externes sur lesquelles s’appuyer lorsque la détresse devient trop intense.

4. Approches pharmacologiques

Les médicaments peuvent jouer un rôle complémentaire :

Antidépresseur : Particulièrement les ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine), qui peuvent atténuer l’hyperréactivité et améliorer l’humeur.

Prazosin : Parfois utilisé spécifiquement pour réduire les cauchemars liés au trauma.

Recherches innovantes : Des études explorent l’utilisation de substances comme la MDMA ou la kétamine en contexte thérapeutique pour faciliter le traitement des souvenirs traumatiques.

Dimensions collectives et sociales du trauma

Le trauma ne se limite pas à une expérience individuelle. Les traumatismes collectifs (guerres, génocides, catastrophes naturelles) et les traumatismes transmis intergénérationnellement nécessitent des approches qui prennent en compte les dimensions sociales, culturelles et politiques.

Les notions de justice réparatrice, de reconnaissance sociale et de rituels communautaires peuvent jouer un rôle crucial dans les processus de guérison collective. De même, la création de récits partagés permet de donner sens aux expériences traumatiques collectives.

 Vers une société trauma-informed

De plus en plus, les professionnels de différents secteurs (éducation, santé, justice, services sociaux) adoptent une approche « trauma-informed » qui reconnaît la prévalence élevée des expériences traumatiques et adapte les pratiques en conséquence. Cette approche repose sur quelques principes fondamentaux :

1. Reconnaître l’impact généralisé du trauma
2. Identifier les signes et symptômes du trauma
3. Intégrer les connaissances sur le trauma dans les politiques et pratiques
4. Éviter activement la retraumatisation

Conclusion

La compréhension et la prise en charge du psychotraumatisme ont connu des avancées remarquables ces dernières décennies. D’une vision initialement centrée sur les symptômes, nous sommes passés à une compréhension intégrative qui reconnaît comment le trauma affecte l’être humain dans sa globalité – corps, émotions, cognitions, relations et sens de soi.

La guérison du trauma ne signifie pas nécessairement l’effacement du souvenir traumatique, mais plutôt son intégration dans la trame narrative de la vie. Comme l’a si bien exprimé Pierre Janet, un des pionniers dans l’étude du trauma psychique, il s’agit de transformer la « mémoire traumatique » en « mémoire narrative » – permettant ainsi que l’événement soit perçu comme appartenant véritablement au passé, et non plus comme une menace constamment présente.

Aller plus loin:

Le psychotraumatisme, englobant le traumatisme psychologique, implique plusieurs processus clés qui perturbent le fonctionnement mental :
  • Gestion des Émotions : Les expériences traumatiques conduisent souvent à des difficultés dans la gestion des émotions, entraînant une hypervigilance (réactions de combat ou de fuite) ou une dissociation (engourdissement émotionnel). Ces réponses peuvent se manifester par une hypervigilance, des comportements d’évitement et une instabilité émotionnelle, particulièrement dans le PTSD et les troubles associés. La recherche de Hardy et al. (2016) dans Frontiers in Psychology: Stress post-traumatique dans la psychose souligne comment la gestion des émotions, comme l’hypervigilance, médiatise le lien entre les abus sexuels dans l’enfance et les hallucinations auditives, soulignant son rôle dans les symptômes psychotiques.
  • Processus de Mémoire : Le traumatisme altère l’encodage et la récupération de la mémoire, entraînant des souvenirs fragmentés ou intrusifs vifs. Ceux-ci peuvent inclure des flash-back et des cauchemars, symptômes caractéristiques du PTSD. Brewin et al. (2010)  discutent de la manière dont le traumatisme améliore la mémoire perceptive, potentiellement menant à des intrusions décontextualisées expérimentées comme des hallucinations, comme soutenu par Walters et al. (2010).
  • Appréciations Cognitives : L’interprétation des expériences traumatiques et des symptômes subséquents joue un rôle crucial. Les croyances négatives, comme l’auto-blâme ou la perception de menace, peuvent aggraver les symptômes. 
Ces processus sont interconnectés, la gestion des émotions et la mémoire influençant les appréciations cognitives, créant un cycle qui peut perpétuer les troubles liés au traumatisme.
Processus Neurobiologiques du Psychotraumatisme
L’impact neurobiologique du traumatisme implique des changements systémiques et structurels dans le cerveau, affectant les réponses au stress et la santé mentale :
  • Dérégulation de l’Axe HPA : L’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HPA), responsable de la régulation des hormones de stress, est souvent dérégulé dans le traumatisme. Cela peut entraîner des niveaux élevés de cortisol, contribuant à des réponses de stress persistantes. Heim et al. (2008) dans Profils de l’axe HPA dans la dépression ont trouvé des profils distincts de l’axe HPA chez les femmes atteintes de dépression unipolaire et de traumatisme précoce, avec des concentrations accrues de CRH dans le liquide céphalorachidien liées à des abus physiques.
  • Structure et Fonction Cérébrale : Le traumatisme induit des changements dans des régions clés du cerveau. L’hippocampe, crucial pour la mémoire, montre une réduction du volume et de l’activation, comme vu dans Stein et al. (1997). Le cortex préfrontal, impliqué dans la fonction exécutive, et l’amygdale, centrale pour les réponses de peur, montrent également des altérations. Cross (2017) dans Développement neurobiologique dans le contexte du traumatisme de l’enfance discute de la manière dont l’activation chronique de l’HPA affecte ces régions, impactant les résultats cognitifs et émotionnels.
  • Systèmes de Neurotransmetteurs : Des altérations dans les systèmes de sérotonine, dopamine et noradrénaline sont liées à la régulation de l’humeur et du stress. Akiki et al. (2018) dans Études neurobiologiques de la psychopathologie liée au traumatisme soulignent ces changements de neurotransmetteurs comme cruciaux pour comprendre l’impact du traumatisme.
Ces processus neurobiologiques sous-tendent les symptômes psychologiques, créant une boucle de rétroaction les changements cérébraux exacerbent les difficultés émotionnelles et cognitives.
Traitements Fondés sur des Données Probantes pour le Psychotraumatisme
Des recherches récentes soutiennent plusieurs traitements fondés sur des preuves, adaptés à la nature complexe du traumatisme :
  • Thérapie Cognitive-Comportementale Centrée sur le Traumatisme (TF-CBT) : Cela intègre des techniques cognitives et comportementales, y compris l’exposition aux souvenirs de traumatisme, la restructuration cognitive pour défier les pensées négatives et l’entraînement à la relaxation. Elle est efficace pour les adultes et les enfants, avec des preuves solides des directives de 2017 de l’American Psychological Association.
  • Exposition Prolongée (PE) : La PE implique une exposition systématique aux souvenirs de traumatisme et aux situations connexes, réduisant la peur et l’évitement avec le temps. Elle est particulièrement efficace pour le PTSD, avec des recherches montrant une réduction significative des symptômes, comme noté dans Traiter le PTSD : Interventions fondées sur des preuves.
  • Thérapie de Traitement Cognitif (CPT) : La CPT se concentre sur l’identification et la modification des pensées inappropriées liées au traumatisme, comme l’auto-blâme ou la perception de menace. Elle est recommandée pour les vétérans et les survivants, avec des études comme celles dans Lignes directrices VA/DoD pour le PTSD soutenant son efficacité.
  • Désensibilisation et Reprogrammation par Mouvements Oculaires (EMDR) : L’EMDR implique de se rappeler le traumatisme tout en engageant une stimulation bilatérale (par exemple, mouvements oculaires), aidant à traiter et intégrer les souvenirs. Elle diffère des autres thérapies par le fait qu’elle ne nécessite pas une exposition prolongée, avec des preuves de Lignes directrices de traitement du PTSD de l’APA montrant son efficacité, surtout pour les traumatismes à événement unique.
  • Médicaments : Les inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine (SSRIs), comme la sertraline, sont efficaces pour gérer les symptômes de PTSD, particulièrement lorsqu’ils sont combinés à une psychothérapie. Les directives du National Institute for Health and Clinical Excellence (Lignes directrices NICE sur le PTSD) notent leur rôle, bien que les preuves pour les enfants soient moins robustes, comme vu dans Traitement du PTSD chez l’enfant.
Résumé: 
Catégorie
Processus/Traitements Clés
Détails
Processus Psychologiques
Gestion des Émotions, Processus de
Mémoire, Appréciations Cognitives
Perturbations menant à l’hypervigilance,
souvenirs intrusifs et croyances négatives.
Processus Neurobiologiques
Dérégulation de l’Axe HPA,
Changements Cérébraux,
Systèmes de Neurotransmetteurs
Incluent déséquilibres de cortisol,
altérations des régions cérébrales et chimiques.
Traitements Efficaces
TF-CBT,
PE,
CPT,
EMDR,
Médicaments
Incluent thérapies pour pensées/comportements, 
exposition, traitement de mémoire et SSRIs.

Sur le plan de la recherche, les programmes sont tellement différents qu’il est difficile de les comparer réellement, et d’en tirer des meta-analyses méthodologiquement solides. Mais les résultats accumulés depuis des années sont prometteurs !

Réduction des Comportements Violents

Une étude menée par Harkrader, Burke et Owen (2004) dans des établissements pénitentiaires américains a démontré que les détenus participant à des programmes de dressage canin présentaient une diminution significative des actes violents et un renforcement de leur sens des responsabilités. Ces activités favoriseraient également l’acquisition de compétences sociales essentielles pour la vie en communauté.

« Grâce à ces programmes de dressage de chiens, les détenus apprennent la responsabilité, la patience, la tolérance et les compétences en tant que dresseurs d’animaux. Les chiens constituent également un lien entre les détenus et les gardiens et réduisent les conflits entre les détenus et le personnel. » (Todd Harkrader; Tod W. Burke; Stephen S. Owen (2004) Pound Puppies: The Rehabilitative Uses of Dogs in Correctional Facilities)

Les chevaux, étant particulièrement sensibles au langage non-verbal, exigent des participants une forme de cohérence émotionnelle. Cette caractéristique permet de travailler sur la régulation émotionnelle, un déficit souvent observé chez les personnes ayant commis des actes délictueux. L’étude de Burgon (2016) a démontré que les participants développaient progressivement une meilleure reconnaissance et gestion de leurs émotions négatives comme la colère ou la frustration.

Développement de l’Empathie

Selon les travaux de Furst (2006), interagir avec des animaux permettrait aux personnes incarcérées de restaurer leur capacité à créer des liens émotionnels sains. Les animaux agissent comme des catalyseurs d’empathie, un élément clé potentiel pour réduire les risques de récidive. (Gennifer Furst (2006) Prison-Based Animal Programs: A National Survey)

Par ailleurs, le travail en groupe autour des chevaux favorise la coopération et l’apprentissage du travail d’équipe. L’étude longitudinale de Hemingway et al. (2015) a mis en évidence comment des détenus initialement isolés développaient progressivement des capacités de collaboration à travers des tâches collectives liées aux soins des équidés.

Impact sur la récidive

La revue des études (19) sur le sujet menée par Bachi (2013) montre clairement des résultats encourageants, mais méthodologiquement encre faibles , et qui nécessitent d’être consolidés :

  • Trois études ont mis en évidence une réduction des taux de récidive. Un examen des dossiers du service de probation (Chianese, 2010) a révélé que les filles qui ont participé à un programme de médiation animal  récidivaient deux fois moins que les filles qui n’avaient pas été exposées à un chiot. Celles qui ont récidivé n’ont été accusées que de violations de la probation et n’ont pas commis de nouveaux délits.
  • le programme carcéral équin « Wild Mustang Program (WMP) » au Nouveau Mexique, a également fait état d’une réduction des taux de récidive parmi les 56 hommes participant au programme (Cushing & Williams, 1995). Seulement 25 % des participants ont récidivé contre un taux de récidive moyen de 38,12 % dans l’État. Il s’agissait d’une à méthodes mixtes, composée d’entretiens qualitatifs et de méthodes quantitatives
  • Ann Hemingway & Kezia Sullivan ont mis en évidence (Grande Bretagne) une diminution des violences domestqiues post intervention avec médiation équine. (Reducing the incidence of domestic violence: An observational study of an equine-assisted intervention) (“Des réductions significatives de la violence domestique et du statut d’enfant dans le besoin ont été constatées pour les familles dont un ou plusieurs membres ont suivi et achevé l’intervention assistée par la médiation équine”)

Les chercheurs attribuent ces effets positifs à plusieurs facteurs: l’acquisition de compétences transférables (patience, constance, responsabilité), le développement d’une relation significative, et l’expérience valorisante d’être en position de « soignant » plutôt que de personne à problèmes.

Henri Laborit, neurobiologiste et chercheur français (1914-1995), a développé des théories fondamentales sur l’inhibition de l’action qui ont considérablement influencé notre compréhension du psychotraumatisme. Ses travaux, bien que datant principalement des années 1960-1980, restent d’une pertinence remarquable et ont été complétés par des recherches plus récentes.

Les concepts fondamentaux de Laborit

Laborit a introduit le concept d' »inhibition de l’action » (système d’inhibition comportementale -SIC) comme une réponse fondamentale face à une menace lorsque ni la fuite ni la lutte ne sont possibles. Selon lui, lorsqu’un organisme est confronté à une situation menaçante et qu’il ne peut ni fuir ni combattre, il adopte une stratégie d’immobilisation, de « faire le mort » ou de soumission. Cette réponse, bien qu’adaptative à court terme, peut devenir pathologique si elle se prolonge.

Sa célèbre expérience avec les rats illustre ce phénomène : un rat placé dans une cage où il reçoit des chocs électriques inévitables finit par développer une immobilité comportementale et des pathologies organiques (ulcères, hypertension).

Application au psychotraumatisme

Cette théorie a permis de comprendre que le psychotraumatisme résulte souvent d’une situation où la personne est confrontée à un danger dont elle ne peut ni s’échapper ni se défendre, conduisant à cette inhibition de l’action. Les symptômes du trouble de stress post-traumatique (TSPT) peuvent être vus comme des manifestations de cette inhibition prolongée : sidération, évitement, repli, dissociation.

Recherches récentes complétant les travaux de Laborit

1. Neurobiologie du trauma

Les recherches récentes de Bessel van der Kolk, Stephen Porges et d’autres ont approfondi notre compréhension des mécanismes neurobiologiques impliqués dans cette inhibition de l’action :

  • Théorie polyvagale (Porges) : Elle précise le rôle du système nerveux parasympathique dans l’immobilisation traumatique. Le nerf vague a deux branches : une branche ventrale (mammalienne) liée à l’engagement social, et une branche dorsale (reptilienne) responsable de l’immobilisation. Le trauma activerait préférentiellement cette dernière.
  • Imagerie cérébrale : Des études en IRM fonctionnelle montrent que lors du rappel traumatique, l’activité diminue dans les zones du cortex préfrontal (responsable de la pensée rationnelle) tandis qu’elle augmente dans l’amygdale (centre de la peur) et dans les zones liées à la perception sensorielle.

2. Mécanismes cellulaires et moléculaires

  • Axe HPA et cortisol : Les recherches récentes (2020-2023) ont affiné notre compréhension des dérèglements de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien lors du trauma, confirmant l’intuition de Laborit sur les impacts hormonaux de l’inhibition de l’action.
  • Épigénétique du trauma : Des études ont démontré que le trauma peut modifier l’expression des gènes sans changer la séquence d’ADN, notamment au niveau des récepteurs aux glucocorticoïdes, expliquant la transmission intergénérationnelle du trauma que Laborit avait intuitivement perçue.

3. Traitements basés sur ces découvertes

Les travaux de Laborit ont inspiré des approches thérapeutiques innovantes :

  • EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) : Cette thérapie utilise la stimulation bilatérale pour aider le cerveau à retraiter les souvenirs traumatiques.
  • Thérapies sensorimotrices (Pat Ogden) : Ces approches incorporent le corps dans le traitement du trauma, reconnaissant que l’inhibition de l’action se manifeste physiquement.
  • Thérapie par la cohérence cardiaque : Basée sur la régulation du système nerveux autonome, cette approche vise à contrecarrer les effets de l’inhibition prolongée.

4. Développements conceptuels

  • Trauma complexe : La notion de trauma complexe (développée par Judith Herman puis par Christine Courtois) élargit la compréhension du trauma au-delà de l’événement unique, reconnaissant l’impact cumulatif de traumatismes répétés et relationnels.
  • État de stress post-traumatique complexe : Récemment reconnu dans la CIM-11 (2018), ce diagnostic prend en compte les altérations de la régulation émotionnelle, de la perception de soi et des relations interpersonnelles résultant de traumatismes prolongés.
  • Trauma développemental : Les travaux d’Allan Schore et Daniel Siegel ont montré comment les traumatismes précoces affectent le développement cérébral, particulièrement les systèmes de régulation affective.

Aller plus loin: 

Des recherches plus récentes, comme celles d’Allen et al. (2019) dans Inhibited Personality Temperaments Translated Through Enhanced Avoidance and Associative Learning Increase Vulnerability for PTSD, montrent que l’inhibition comportementale (Behavioral Inhibition: BI), un biais temporel à répondre à des stimuli nouveaux par des comportements d’évitement, est un facteur de risque pour le Trouble de Stress Post-Traumatique (TSPT).
Cette étude a révélé que seulement 15–24 % des individus exposés à un traumatisme développent un TSPT, avec une prévalence de BI de 76 % chez les vétérans de la Garde côtière atteints de TSPT contre 30 % sans TSPT. L’enfance avec inhibition de l’action augmente le risque de TSPT, lié à un apprentissage d’évitement accru chez les humains et les rats WKY, avec une acquisition plus rapide et une extinction plus lente sous renforcement partiel. Cela complète le modèle de Laborit en montrant comment les tendances inhérentes à l’inhibition amplifient les effets de l’inhibition d’action induite par le traumatisme, fournissant un modèle de diathèse pour la vulnérabilité au TSPT.
Déficits de Contrôle Inhibiteur dans le TSPT
Haller et al. (2015) dans Posttraumatic Psychological Symptoms are Associated with Reduced Inhibitory Control, not General Executive Dysfunction ont trouvé que les symptômes de TSPT sont spécifiquement liés à une réduction du contrôle inhibiteur, en particulier l’inhibition de réponse et la suppression des distracteurs, plutôt qu’à un dysfonctionnement exécutif général.  Cela enrichit le modèle de Laborit en suggérant que l’inhibition chronique d’action pendant le traumatisme conduit à des déficits cognitifs durables dans le contrôle des impulsions, potentiellement exacerbant la détresse psychologique, en alignement avec ses observations de conséquences négatives sur la santé dues à l’inhibition d’action.
« Bien qu’il y ait de plus en plus de preuves que des symptômes de SSPT plus importants sont associés à un fonctionnement exécutif réduit, on ne comprend pas très bien si cette association est plus globale ou spécifique à certains sous-domaines de la fonction exécutive, tels que le contrôle inhibiteur. Nous avons étudié la généralité de l’association entre les symptômes du SSPT et les fonctions exécutives en administrant une large batterie de tâches sensibles de fonctionnement exécutif à une cohorte d’anciens combattants de l’opération Enduring Freedom/Operation Iraqi Freedom de retour au pays et présentant des symptômes variés de SSPT. Seules les tâches liées au contrôle inhibiteur ont permis d’expliquer une variance significative des symptômes du SSPT ainsi que des symptômes de dépression, alors que les mesures de la mémoire de travail, les mesures de commutation et les mesures évaluant simultanément plusieurs sous-domaines de la fonction exécutive ne l’ont pas fait. Notamment, les deux mesures du contrôle inhibiteur qui ont montré la plus forte corrélation avec les symptômes du SSPT et de la dépression, les mesures de l’inhibition de la réponse et de la suppression du distracteur, ont expliqué une variance indépendante. Ces résultats suggèrent que des symptômes psychologiques post-traumatiques plus importants ne sont pas associés à un déclin général des fonctions exécutives, mais qu’ils sont plus spécifiquement liés à l’arrêt des réponses automatiques et à la résistance aux distractions internes et externes. »

Mécanismes Neurobiologiques

Krompinger et al. (2020) dans The Specificity of Inhibitory Control Deficits in Post-Traumatic Stress Disorder: A Dissociation Between the Speed and Reliability of Stopping ont exploré des aspects spécifiques du contrôle inhibiteur dans le TSPT, trouvant une dissociation entre la vitesse et la fiabilité de l’arrêt, indiquant des mécanismes de contrôle cognitif altérés. Cette étude, utilisant des tâches de signal d’arrêt, a montré que les patients TSPT présentent un arrêt plus lent et moins fiable, lié à une réduction de l’activation dans les régions du cortex frontal inférieur, dorsolatéral (PFC) et orbitofrontal (OFC), comme vu dans des études précédentes comme Falconer et al. (2008). Cela fournit une base neurobiologique pour le modèle de Laborit, montrant comment le traumatisme affecte les réseaux cérébraux, potentiellement expliquant les réponses de stress chronique observées dans ses expériences sur les rats.
Impuissance et Activation du SIC
Van Prooijen et Krouwel (2023) dans The threat of powerlessness: Consequences for affect and (social) cognition lient directement l’impuissance pendant le traumatisme à l’activation du SIC, faisant l’hypothèse qu’elle conduit à des défenses accrues contre les menaces via une activation accrue du SIC, confirmée par des résultats méta-analytiques sur quatre études. Cette étude, publiée en 2023, montre un lien indirect entre l’impuissance et les conséquences cognitives/affectives, aligné avec l’accent de Laborit sur l’activation du SIC dans des scénarios d’inhibition d’action. Cela enrichit son modèle sur la manière dont l’impuissance dans des contextes de traumatisme active les systèmes de stress, potentiellement menant au TSPT et à d’autres problèmes de santé mentale.
Résumé des études clés et leurs contributions au modèle de Laborit :
Auteurs de l’Étude
Année
Intitulé et Insight
Contribution au Modèle de Laborit
DOI/URL
Allen et al.
2019
Inhibited personality temperaments increase PTSD vulnerability via avoidance learning
Montre BI comme facteur de risque, aligné avec effets d’inhibition d’action
Haller et al.
2015
PTSD symptoms linked to reduced inhibitory control, not general executive dysfunction
Met en évidence déficits cognitifs de l’inhibition induite par traumatisme
Krompinger et al.
2020
Specificity of inhibitory control deficits in PTSD, dissociation in stopping speed
Fournit base neurobiologique pour effets d’inhibition dans traumatisme
Van Prooijen & Krouwel
2023
Powerlessness activates BIS, linking to cognitive/affective consequences in trauma
Connecte impuissance à BIS, enrichissant modèle de stress
En conclusion, la recherche contemporaine sur les psychotraumatismes a significativement enrichi le modèle d’Henri Laborit sur l’inhibition de l’action, offrant des insights sur les dimensions comportementales, cognitives et neurobiologiques du TSPT. Ces études valident non seulement ses observations, mais les étendent également à des contextes humains, fournissant un cadre robuste pour comprendre et traiter les troubles liés au traumatisme. Un détail inattendu est l’accent mis sur les comportements d’évitement dans le TSPT, offrant une perspective comportementale sur les découvertes physiologiques de Laborit, qui pourrait guider les approches thérapeutiques futures.

La restructuration cognitive est une technique clé de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), visant à identifier et modifier les pensées irrationnelles ou déformées qui influencent les émotions et comportements. Pour les délinquants sexuels, elle cible spécifiquement les distorsions cognitives, telles que la minimisation du mal causé, le blâme de la victime, ou la croyance en des mythes sur le viol, qui soutiennent leur comportement délinquant. Ces distorsions incluent des idées comme « la victime le voulait » ou « ce n’est pas si grave », souvent observées dans la littérature, par exemple dans Assessment and Modification of Cognitive Distortions in Sex Offenders.
Que dit la recherche? 
Les recherches, comme celles publiées dans Recent advances in therapy for sexual offenders, indiquent que la TCC, incluant la restructuration cognitive, est l’une des interventions les plus efficaces pour réduire la récidive. Elle vise à défier les rationalisations et minimisations, à améliorer l’empathie pour la victime, et à développer des compétences de prévention de la rechute. Cependant, l’impact à long terme reste débattu, avec des études comme Sexual Offender Treatment Effectiveness Within Cognitive-Behavioral Programs montrant des résultats hétérogènes.
Les distorsions cognitives spécifiques aux délinquants sexuels incluent la perception des enfants comme des êtres sexuels, la minimisation du préjudice, ou la croyance en l’entitlement sexuel, comme détaillé dans Review of the Cognitive Distortions in Child Sex Offenders. Ces croyances sont souvent explorées dans des programmes comme le Sex Offender Treatment Program (SOTP) aux États-Unis, mentionné dans Rehabilitation Programs Division – Sex Offender Rehabilitation Programs, qui intègre la restructuration cognitive dans un cadre thérapeutique.

Exemple d’Exercice

L’exercice suit une structure en cinq étapes, dérivée de ressources comme Cognitive Restructuring – Psychology Tools, qui propose des techniques pour changer les pensées.
Les étapes incluent:
  • l’identification de l’infraction,
  • la liste des distorsions cognitives (pensées déformées),
  • l’évaluation des preuves,
  • le développement de pensées alternatives,
  • et la pratique régulière.
Cette approche est soutenue par des études comme Sex Offender Treatment – iResearchNet, qui décrivent des interventions cognitives pour défier les rationalisations.
Une attention particulière a été portée à inclure l’empathie pour la victime, souvent intégrée dans les traitements, comme mentionné dans Enhancing Victim Empathy for Sex Offenders. Bien que l’exercice principal se concentre sur les pensées, il encourage les délinquants à considérer la perspective de la victime, par exemple en évaluant l’impact de leurs actions. Des recherches comme Issues in the Assessment of Sexual Offenders’ Cognitive Distortions soulignent l’importance de mesurer ces distorsions pour guider le traitement.
L’exercice est conçu pour être utilisé avec un thérapeute, comme recommandé dans Cognitive Behavioral Therapy Interventions With Sex Offenders, pour assurer son efficacité. Il inclut des instructions claires, comme répéter les nouvelles pensées quotidiennement, pour renforcer le changement cognitif, aligné avec des pratiques décrites dans Treatment And Sexual Offence Recidivism.
Exemple:
Description de l’infraction
Pensée Déformée
Preuves Pour
Preuves Contre
Pensée Alternative Rationnelle
Impact sur Émotions/Comportement
Touché une enfant de 10 ans
Elle était séductrice
Elle souriait
Elle est un enfant, pas de consentement
Elle était juste amicale
Plus de remords, compréhension
Ce n’est pas grave
Pas de réaction immédiate
Abus a des effets à long terme
Abus sur enfant est un crime grave
Reconnaissance de la gravité
Je ne pouvais pas m’arrêter
Forte libido
Contrôle en d’autres situations
Je peux contrôler mes impulsions
Prendre responsabilité
Ce tableau aide à structurer la réflexion, facilitant l’identification et le défi des distorsions, comme suggéré dans Cognitive distortions and blame attribution in sex offenders against adults and children.
L’exercice est une adaptation des fiches de travail générales de restructuration cognitive, comme celles trouvées sur Cognitive Restructuring Worksheets & Example, ajustées pour les délinquants sexuels. Il reconnaît la complexité du sujet, avec des preuves variées sur l’efficacité à long terme, et recommande une supervision thérapeutique pour maximiser les bénéfices. Cette approche est cohérente avec les lignes directrices des programmes comme le Sex Offender Treatment Programme (STOP) au Royaume-Uni, mentionné dans Recent advances in therapy for sexual offenders.
La question de la relation entre les abus sexuels subis dans l’enfance et le devenir agresseur sexuel est un sujet sensible et complexe, avec des implications importantes pour la prévention, le traitement et les politiques publiques. Les abus sexuels sur mineurs (ASM) sont un problème mondial, avec des prévalences estimées à environ 1 enfant sur 10 dans la population générale, selon des études comme celle de Darkness to Light (Prevalence of Child Sexual Abuse). Cependant, parmi les agresseurs sexuels, cette prévalence semble plus élevée, ce qui a conduit à l’hypothèse « victime-agresseur », suggérant un cycle d’abus.

Que dit la recherche?

  1. Méta-analyse de Jespersen et al. (2009): Cette étude, publiée dans Child Abuse & Neglect, a comparé les historiques d’abus sexuels chez 1 037 agresseurs sexuels adultes et 1 762 autres délinquants (Sexual abuse history among adult sex offenders and non-sex offenders: A meta-analysis). Les résultats montrent que les agresseurs sexuels sont 3,36 fois plus susceptibles d’avoir été abusés sexuellement enfants comparés à d’autres délinquants.
    • Nous avons observé une prévalence plus élevée d’antécédents d’abus sexuels chez les délinquants sexuels adultes que chez les non-délinquants sexuels (Odds Ratio=3,36, intervalles de confiance à 95% de 2,23-4,82). Les deux groupes ne diffèrent pas de manière significative en ce qui concerne les antécédents d’abus physiques (OR=1,50, 95% CI=0,88-2,56). La prévalence des antécédents d’abus sexuels était significativement plus faible chez les délinquants sexuels contre des adultes que chez les délinquants sexuels contre des enfants (OR=0,51, IC à 95%=0,35-0,74), alors que l’inverse a été constaté pour les abus physiques (OR=1,43, IC à 95%=1,02-2,02). L’hypothèse de l’abusé sexuel / abuseur sexuel est confirmée, en ce sens que les délinquants sexuels sont plus susceptibles d’avoir été abusés sexuellement que les autres délinquants, mais pas plus susceptibles d’avoir été abusés physiquement.

  1. Étude de Drury et al. (2019) : cette recherche a examiné une population quasi complète de clients correctionnels en liberté surveillée dans le Midwest des États-Unis (Childhood sexual abuse is significantly associated with subsequent sexual offending: New evidence among federal correctional clients).  
    • Résultats clés : Bien que 95 % des victimes d’agressions sexuelles ne deviennent pas agresseurs sexuels, les hommes victimes d’agressions sexuelles étaient plus de huit fois plus susceptibles que la population générale de commettre une infraction sexuelle.
  2. Étude prospective de Widom et Massey (2015): Cette étude a suivi prospectivement des cas documentés d’abus et de négligence dans l’enfance, comparés à un groupe témoin, jusqu’à un âge moyen de 51 ans. Elle a trouvé que les individus avec des historiques d’abus physique ou de négligence avaient un risque accru d’arrestation pour crimes sexuels, mais pour des antécédents d’agressions sexuelles, l’odds ratio ajusté de 2,13 n’était pas significatif (IC 95 % : 0,83-5,47).
    • Interprétation : Cette étude ne soutient pas l’hypothèse que les enfants abusés sexuellement sont particulièrement à risque de devenir agresseurs sexuels, contrairement aux victimes d’abus physique ou de négligence.
Pour estimer la prévalence, des calculs basés sur l’odds ratio de Jespersen et al. (2009) ont été effectués. Si la prévalence d’antécédents de victimisation par agression sexuelle parmi les autres délinquants est de 10 % (proche de la population générale selon RAINN, Children and Teens: Statistics), alors la prévalence parmi les agresseurs sexuels serait d’environ 27 %. Ces estimations varient, mais suggèrent que 20-30 % des agresseurs sexuels ont un historique de victimisation par agression sexuelle, ce qui est significativement plus élevé que dans la population générale.
Ces résultats soulignent l’importance de programmes de prévention et de soutien pour les victimes d’agressions sexuelles, mais il est crucial de noter que la majorité des victimes (95 % selon Drury et al.) ne deviennent pas agresseurs.
Cela indique que d’autres facteurs, comme les expériences de vie, les troubles de personnalité ou les environnements sociaux, jouent également un rôle. Les interventions devraient donc être multidimensionnelles, ciblant non seulement les victimes potentielles, mais aussi les facteurs de risque associés.
Résumé 
Étude
Année
Type d’étude
Échantillon
Résultats clés
Limites
Jespersen et al.
2009
Méta-analyse
1 037 agresseurs sexuels, 1 762 autres délinquants
OR = 3,36 pour l’ASM chez agresseurs sexuels vs autres délinquants
Hétérogénéité des études
Drury et al.
2019
Étude correctionnelle
Clients correctionnels fédéraux
Association significative entre ASM et infractions sexuelles, contrôles inclus
Population spécifique
Widom et Massey
2015
Étude prospective
908 cas, 667 contrôles
Pas d’association significative pour l’ASM, mais pour abus physique/négligence
Taille d’échantillon limitée
En conclusion, la recherche suggère que les agresseurs sexuels ont souvent été victimes d’agressions sexuelles pendant leur enfance, avec une prévalence estimée à 20-30 %, bien que cela varie selon les études et les sous-groupes. Cette association est plus marquée pour les hommes et les agresseurs contre des enfants, mais reste controversée, notamment pour les femmes. Ces résultats soulignent la nécessité d’une approche nuancée dans la prévention et le traitement, en tenant compte de la complexité des facteurs en jeu.
Sources:
La prévention de la récidive chez les délinquants sexuels est un domaine spécialisé nécessitant des interventions structurées pour réduire le risque de récidive et promouvoir une réintégration sociale réussie. Les plans de sécurité, souvent appelés plans de prévention des rechutes, sont basés sur des approches cognitivo-comportementales (TCC) et visent à modifier les pensées, émotions et comportements déviants. Une recherche récente, comme celle de McGrath et al. (2010), indique qu’en 2008, 1 307 programmes spécifiques aux délinquants sexuels opéraient aux États-Unis, avec un accent sur la TCC et la prévention des rechutes (Chapter 7: Effectiveness of Treatment for Adult Sex Offenders).
Les plans de sécurité sont conçus pour répondre aux besoins spécifiques de cette population, en s’appuyant sur des techniques telles que l’identification des facteurs de risque, le développement de compétences d’adaptation et la mobilisation d’un réseau de soutien, documentées comme efficaces pour réduire la récidive (Practice Profile: Treatment for Adults Who Have Committed Sex Offenses).

Exemple de composantes possibles d’un plan de sécurité: 

 Un plan de prévention de la rechute peuvent inclurent différents domaines à explorer avec la personne, incluant par exemple: :

  • L’identification du cycle d’agression personnalisé
  • Le repérage des situations à haut risque
  • Les stratégies d’adaptation alternatives aux comportements problématiques
  • Le réseau de soutien et les ressources mobilisables
  • Les signes précurseurs d’une rechute potentielle
1. Motivation
  • Objectif: Clarifier pourquoi l’individu est engagé à ne pas récidiver, en s’appuyant sur ses valeurs personnelles et ses objectifs de vie.
  • Contenu: Inclut une réflexion sur les valeurs (comme la famille, l’honnêteté) et les conséquences négatives de la récidive (sur soi, sur les victimes, sur la société). Par exemple, l’individu peut écrire : “Je veux être un bon parent et ne pas décevoir ma famille.”
  • Méthode: Exercices de réflexion personnelle, discussions avec un thérapeute, ou ateliers de groupe pour identifier les motivations intrinsèques.
2. Évaluation
  • Objectif: Identifier les facteurs de risque et les déclencheurs basés sur l’historique des infractions.
  • Contenu: Analyse des infractions passées pour repérer les patterns, comme être seul avec des enfants, consommer certains médias, ou ressentir de la colère. Inclut aussi une liste de situations actuelles à haut risque.
  • Méthode: Remplir un tableau pour lister les situations, pensées et émotions, basé sur des exercices comme le “mappage des chaînes d’offense” (Relapse Prevention With Sexual Offenders – A Treatment Manual).
Catégorie
Exemples
Situations
Être seul avec des enfants, lieux publics
Pensées
“Ce n’est pas grave”, fantasmes déviants
Émotions
Colère, solitude, stress
3. Compétences d’Adaptation
  • Objectif: Développer des stratégies pour gérer ou éviter les facteurs de risque.
  • Contenu: Inclut des techniques comme la restructuration cognitive pour contester les pensées déformées, des exercices de relaxation (respiration profonde, pleine conscience), et des comportements alternatifs (hobbies, sport).
  • Méthode: Simulations de rôle pour pratiquer ces stratégies, comme dire non à une situation à risque, ou tenir un journal pour noter les progrès.
Stratégie
Exemple
Éviter les situations
Ne pas fréquenter des parcs pour enfants
Gestion des pensées
Remplacer “Ce n’est pas grave” par “Cela peut faire du mal”
Gestion des émotions
Pratiquer 10 minutes de respiration
Comportements alternatifs
S’inscrire à un cours de peinture
4. Interactions Sociales
  • Objectif: Promouvoir des relations saines et éviter celles qui pourraient poser un risque.
  • Contenu: Inclut des exercices pour définir des limites personnelles, pratiquer une communication assertive, et cultiver des relations positives avec des amis ou la famille.
  • Méthode: Simulations de rôle, comme répondre à une invitation ambiguë, et discussions de groupe pour partager des expériences.
  • Pourquoi c’est important : Les interactions sociales saines réduisent les comportements à risque, comme le montre la recherche sur les compétences sociales (Effective Treatment Techniques for Sex Offenders).
5. Mode de Vie Quotidien
  • Objectif: Construire une routine stable et épanouissante pour réduire les risques.
  • Contenu: Inclut des activités comme des hobbies (peinture, sport), une bonne hygiène de vie (nutrition, sommeil), et une stabilité socio-économique (emploi, logement).
  • Méthode: Planification hebdomadaire d’activités, suivi avec un thérapeute, et journal pour noter les bénéfices.
  • Pourquoi c’est important : Une vie épanouissante réduit l’attrait pour les comportements déviants, en s’appuyant sur le modèle des “Good Lives” (Recent advances in therapy for sexual offenders).
6. Réseau de Soutien
  • Objectif: Identifier et utiliser des ressources pour obtenir du soutien.
  • Contenu: Liste des contacts, comme un thérapeute, un groupe de soutien, ou des amis fiables, avec des fréquences de contact (par exemple, rendez-vous mensuel avec le thérapeute).
  • Méthode: Créer une carte avec les noms, numéros de téléphone et rôles, et planifier des check-ins réguliers.
Rôle
Contact
Fréquence
Thérapeute
Dr. Martin, 06 12 34 56 …
Mensuel
Groupe de Soutien
Réunion hebdomadaire
Hebdomadaire
Ami de Confiance
Paul, 06 98 76 54 …
Au besoin
7. Plan d’Urgence
  • Objectif: Définir des actions immédiates en cas de situation à haut risque ou de rechute imminente.
  • Contenu: Inclut la reconnaissance des signaux d’alerte (pensées intrusives, émotions fortes), des actions comme appeler un thérapeute, se rendre dans un lieu sûr, ou pratiquer une technique de relaxation, et une liste de contacts d’urgence.
  • Méthode: Rédiger un plan écrit avec des étapes claires, comme : “Si j’ai des pensées intrusives, j’appelle immédiatement mon thérapeute à 06 12 34 56 ….”
  • Pourquoi c’est important : Ce plan est essentiel pour gérer les crises, en s’appuyant sur des recherches sur l’effet de violation de l’abstinence (Relapse Prevention for Sexual Offenders: Considerations for the “Abstinence Violation Effect”).
8. Évaluation et Mise à Jour
  • Objectif: Assurer que le plan reste pertinent et efficace au fil du temps.
  • Contenu: Inclut une auto-évaluation régulière (par exemple, mensuelle), des feedbacks du réseau de soutien, et des mises à jour basées sur de nouveaux insights ou changements de circonstances.
  • Méthode: Réunions avec le thérapeute pour discuter des progrès, ajuster les sections si nécessaire, et documenter les modifications.
  • Pourquoi c’est important : La flexibilité du plan est cruciale pour s’adapter aux évolutions, comme le souligne le site Sex Offender Resource, qui recommande de mettre à jour le plan aussi souvent que nécessaire.
Pour mieux structurer les informations, voici un tableau récapitulatif des sections, leurs objectifs et méthodes :
Section
Objectif
Méthode
Motivation
Clarifier l’engagement à ne pas récidiver
Réflexion personnelle, discussions
Évaluation
Identifier les facteurs de risque et déclencheurs
Analyse historique, tableau des situations
Compétences d’Adaptation
Gérer ou éviter les risques
Techniques de relaxation, simulations de rôle
Interactions Sociales
Promouvoir des relations saines
Exercices de communication, discussions
Mode de Vie Quotidien
Construire une vie stable et épanouissante
Planification d’activités, journal
Réseau de Soutien
Obtenir du soutien et de l’accountability
Liste de contacts, check-ins réguliers
Plan d’Urgence
Gérer les crises
Plan écrit, liste de contacts d’urgence
Évaluation et Mise à Jour
Maintenir le plan efficace
Auto-évaluation, feedbacks, mises à jour
Voir aussi, concernant les plan de sécurité destinés aux AICS:

Exemple: Plan de sécurité d’un pédophile homosexuel (B. Maletzky)

  • Je ne serai jamais seul avec un autre enfant de moins de dix-huit ans.
  • Si, dans certaines circonstances, il est possible que je sois seul(e) avec un enfant, je m’échapperai immédiatement de cette situation.
  • Je continuerai à utiliser mon odeur nauséabonde et ma pilule au goût nauséabond si j’ai des pensées ou des fantasmes sexuels à l’égard d’un enfant.
  • Si de telles pensées réapparaissent, j’appellerai immédiatement le personnel de soutien suivant :
    • Mon parrain _____________ [nom] à _______________________ [numéro de téléphone]
    •  Mon thérapeute __________________ à _____________________
    • Mon pasteur ____________________ à _____________________
    • Mon meilleur ami ________________ à ______________________
    • Ma tante _____________________ à _______________________
  • Lorsque je m’ennuie ou que je suis seul(e) à la maison, je vais.. :
    1.  Aller au gymnase pour faire du basket.
    2.  Aller en moto chez un ami.
    3.  Relire des parties de mon cahier d’exercices.
    4.  Écrire sur mes sentiments.
  • Lorsque je suis en colère, j’appelle mon réseau de soutien et j’écris ce que je ressens ainsi qu’un plan pour faire face à la situation.
  • Je continuerai à sortir avec des amis dans des clubs sans alcool et des fêtes avec des adultes.
  • J’irai à l’église chaque semaine.
  • Je planifierai une sortie mensuelle avec des amis, par exemple un rafting, une randonnée ou une visite de l’océan.
  • Je continuerai à travailler à l’établissement de mon entreprise de transport indépendante.
  • Je poursuivrai mes cours d’informatique au collège communautaire.
  • Je reverrai mon cahier de traitement, avec mes exercices, chaque semaine.
  • Je ne naviguerai pas sur Internet à la recherche de pornographie ou d’images d’enfants.
  • Je me masturberai uniquement sur des fantasmes d’adultes appropriés.
  • J’éviterai les parcs, les terrains de jeux, les cours d’école, les fast-foods, les centres commerciaux et autres lieux où les enfants peuvent se rassembler.
  • Je ne fréquenterai pas les magasins « pour adultes » ou « classés X ».
  • Je ne fréquenterai pas les établissements où l’on pratique le topless, les clubs de strip-tease ou les salons de massage.
  • J’installerai un logiciel de blocage du porno sur ma connexion Internet.

Barry Maletzky est titulaire d’une licence de l’université de Columbia et d’un doctorat de l’université de l’État de New York, Stony Brook Medical School. Il a effectué un internat en psychiatrie à l’université des sciences de la santé de l’Oregon (Oregon Health Sciences University) en 1971. Après deux ans de service dans l’armée , il a commencé à pratiquer la psychiatrie à Portland, OR, en 1973. Le Dr Maletzky a commencé à se spécialiser dans plusieurs domaines de la psychiatrie, notamment le traitement de la dépression sévère, l’utilisation de la thérapie électroconvulsive, ainsi que l’évaluation et le traitement des délinquants sexuels. En 1978, il a fondé la Sexual Abuse Clinic pour traiter les délinquants sexuels et leurs victimes.  Depuis lors, la clinique est devenue l’une des plus importantes et les mieux établies au monde. Le Dr Maletzky mène des projets de recherche clinique depuis sa résidence. Il est l’auteur de plus de soixante-cinq articles parus dans des revues médicales à comité de lecture, et de dix chapitres de manuels édités et de six manuels originaux de psychiatrie dans diverses spécialités. Il a reçu de nombreuses récompenses militaires et civiles, dont le Dean’s Award de l’OHSU. Il a pris une retraite partielle en 2007 afin de consacrer plus de temps à l’enseignement, à la recherche, au bénévolat et de conseil, y compris son travail avec les personnes sortant de prison, de celles qui vivent en dessous du seuil de pauvreté et de celles qui font partie de la communauté LGBT.

 

L’impact du déni sur la récidive et le traietement des AICS est une question complexe et souvent débattue. Pas de lien avec la récidive nous dit-on, alors que souvent la première phase des traitements passe par la conscientisation… Alors que nous disent les recherches?

Impact du déni sur la récidive: absence de lien significatif avec la récidive

  • Hanson & Morton-Bourgon (2005): Dans une méta-analyse de 82 études (Predictors of Sexual Recidivism), les auteurs concluent que le déni n’est pas un prédicteur fiable de récidive sexuelle. Les facteurs de risque cliniques (troubles de la personnalité, impulsivité) sont plus déterminants. (Hanson, R. K., & Morton-Bourgon, K. E. (2005). Predictors of sexual recidivism: An updated meta-analysis)
  • Nunes et al. (2007): Une méta-analyse de 7 155 délinquants sexuels montre que le déni n’est pas associé à une augmentation de la récidive, sauf pour les infracteurs à bas risque (ex inceste ou abus intra familliaux: deni=plus d’interactions futures avec des victimes potentielles). Les auteurs soulignent que d’autres variables (antécédents criminels, déviance sexuelle) sont plus pertinentes. (Nunes, K. L. et al. (2007). Denial predicts recidivism for some sexual offenders. Sexual Abuse: A Journal of Research and Treatment, 19(2), 91-105.)
    • « Cette étude a examiné s’il existait des variables qui modéraient la relation entre le déni et la récidive chez les délinquants sexuels adultes de sexe masculin. La première étude (N = 489) a montré que la relation avec la récidive sexuelle était modérée par le risque (mesuré par le Rapid Risk Assessment for Sexual Offense Recidivism) mais pas par la psychopathie (mesurée par le Psychopathy Checklist-Revised). Contrairement aux attentes, le déni a été associé à une augmentation de la récidive sexuelle chez les délinquants à faible risque et à une diminution de la récidive chez les délinquants à haut risque. Des analyses post hoc ont suggéré que l’élément de risque le plus responsable de l’interaction était la « relation avec les victimes ». Pour les auteurs d’inceste, le déni était associé à une augmentation de la récidive sexuelle, mais le déni n’était pas associé à une augmentation de la récidive pour les auteurs dont les victimes n’avaient aucun lien de parenté. Ces interactions ont été largement reproduites dans deux échantillons indépendants (N = 490 et N = 73). Les résultats suggèrent que le déni mérite d’être pris en compte par les chercheurs ainsi que par les personnes impliquées dans l’évaluation appliquée du risque des délinquants sexuels. »

Impact du déni sur le traitement: Défi pour l’engagement thérapeutique & Efficacité du traitement malgré le déni

  • Marshall et al. (2001): Le déni est identifié comme un obstacle à la prise de responsabilité, nécessaire pour progresser en thérapie. Les auteurs recommandent des approches motivationnelles pour aider les délinquants à surmonter leur résistance. (Marshall, W. L. et al. (2001). reatment of Sexual Offenders Who Are in Categorical Denial: A Pilot Project)
  • Harkins et al. (2010): Une étude sur 180 délinquants sexuels montre que les participants qui dénient peuvent bénéficier des programmes thérapeutiques, surtout si le traitement est adapté (ex. : travail sur la gestion des émotions plutôt que l’aveu) (Harkins, L. et al. (2010). The influence of denial on treatment completion and recidivism in offenders convicted of sexual crimes. Journal of Sexual Aggression, 16(2), 183-197.)
    • « Cette étude a examiné la relation entre le déni, la motivation, le risque statique (Risk Matrix 2000) et la récidive sexuelle. Le déni a été mesuré de trois manières : Un indice de déni (résultant de la combinaison de plusieurs mesures de différents aspects du déni), le déni absolu et le déni du risque. La motivation pour le traitement a également été examinée. Des analyses de régression logistique effectuées sur un échantillon de 180 délinquants sexuels avec un suivi fixe de 10 ans ont montré que le risque modérait les relations entre l’indice de déni, le déni absolu et la récidive sexuelle. En particulier, chez les délinquants à haut risque, le déni prédit une diminution de la récidive sexuelle. Une tendance opposée a été observée chez les délinquants à faible risque qui étaient dans le déni, bien que ces différences ne soient pas significatives. En ce qui concerne le déni du risque, les personnes qui niaient présenter un risque futur de délinquance (c’est-à-dire qui avaient un niveau de déni du risque plus élevé) étaient moins susceptibles de récidiver que celles qui déclaraient se considérer comme présentant un risque élevé. La motivation pour le traitement était positivement corrélée à la récidive, mais l’effet disparaissait une fois le risque statique contrôlé. »

Controverses et recommandations

  • Yates (2009): Une revue critique argue que **l’exclusion des délinquants en déni des programmes de traitement est contre-productive**, car elle prive ces individus d’une opportunité de réduire leurs risques. (Yates, P. M. (2009). Is sexual offender denial related to sex offence risk and recidivism? A review and treatment implications. Psychology, Crime & Law, 15(2-3), 183–199)
    • Le présent article passe en revue la littérature relative au déni chez les délinquants sexuels et à son impact sur la récidive sexuelle et les progrès du traitement. Il conclut que la recherche ne démontre pas de manière convaincante que le déni est un facteur de risque de récidive, ni que le fait de cibler le déni dans le traitement est associé à une amélioration des résultats du traitement. Il est proposé de considérer le déni comme un facteur de réceptivité et comme un processus de distorsion cognitive commun aux délinquants sexuels, et de s’efforcer de maintenir ces individus en traitement afin qu’ils puissent potentiellement réduire leur probabilité de récidive. Des suggestions sont faites pour aborder cliniquement le déni dans le cadre du traitement.

  • Correctional Service Canada (2018): Les lignes directrices canadiennes recommandent de ne pas exclure les délinquants en déni, mais d’adapter les interventions (ex. : travail sur les distorsions cognitives). Source : Correctional Service Canada (2018). Standards and Guidelines for Correctional Programs.*

Conclusion

Le consensus actuel suggère que :
1. Le déni n’est pas un prédicteur fiable de récidive sexuelle.
2. Bien qu’il complique l’engagement thérapeutique, des approches adaptées permettent de réduire les risques même sans aveu.
3. Les politiques excluant systématiquement les délinquants en déni manquent de soutien empirique.

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