Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
Header

Test de Dépistage de l’Addiction Sexuelle (Sexual Addiction Screening Test – SAST)

Le SAST un outil également développé pour identifier les comportements sexuels compulsifs et problématiques. Conçu par le Dr. Patrick Carnes, ce test aide à repérer les signes d’addiction sexuelle chez les individus, facilitant ainsi une intervention précoce et un traitement approprié.

Principaux Axes Évalués par le SAST :

  1. Comportements Sexuels Compulsifs :
    • Évalue la présence de comportements sexuels répétés et non contrôlés.
  2. Conséquences Négatives :
    • Analyse les répercussions négatives des comportements sexuels sur la vie de l’individu, comme les problèmes relationnels, professionnels, et juridiques.
  3. Utilisation de la Sexualité comme Échappatoire :
    • Examine si l’individu utilise la sexualité pour fuir les émotions négatives ou les situations stressantes.
  4. Sentiments de Culpabilité et de Honte :
    • Mesure les niveaux de culpabilité et de honte ressentis en lien avec les comportements sexuels.
  5. Efforts pour Contrôler le Comportement :
    • Évalue les tentatives et les échecs pour contrôler ou réduire les comportements sexuels problématiques.

SAST

Échelle d’évaluation des besoins d’intervention et de progrès du traitement des délinquants sexuels (SOTIPS)

Le SOTIPS (Sex Offender Treatment Intervention and Progress Scale, McGrath, R. J., Cumming, G. F. et Lasher, M. P. (2013)) est un instrument dynamique utilisé pour évaluer le risque, les besoins en matière de traitement et de surveillance et les progrès des délinquants sexuels adultes de sexe masculin. Il comprend 16 facteurs de risque dynamiques évalués à l’admission, puis tous les six mois, sur une échelle de 4 points allant d’un besoin d’amélioration minime ou nul à un besoin d’amélioration très important. Le SOTIPS est conçu pour être utilisé par des professionnels de la santé mentale et des agents de probation et de libération conditionnelle. Le SOTIPS doit être associé à une mesure statique du risque telle que le VASOR-2 ou le Static-99R. Le manuel du SOTIPS est disponible gratuitement.

L’échelle SOTIPS  est une mesure dynamique d’origine statistique conçue pour aider les cliniciens, les travailleurs sociaux des services correctionnels et les agents de probation et de libération conditionnelle à évaluer le risque, les besoins en matière de traitement et de supervision et les progrès réalisés par les hommes adultes qui ont été condamnés pour une ou plusieurs infractions sexuelles qualifiées et qui ont commis au moins une de ces infractions sexuelles après leur 18e anniversaire … Les scores des items du SOTIPS sont destinés à refléter les besoins relatifs de traitement et de supervision d’un individu pour chaque facteur de risque. Le score total du SOTIPS est destiné à fournir une estimation du niveau global de risque dynamique d’un individu et de son besoin de supervision et de traitement » (p. 1). Les sections de ce manuel comprennent : la vue d’ensemble et l’administration ; les descriptions des items et les critères de notation ; et la feuille de notation du SOTIPS.

Le SOTIPS peut être utilisé de la manière la plus productive en tant que méthode structurée d’examen périodique du risque, des besoins de traitement et de supervision, et des progrès des délinquants sexuels adultes de sexe masculin par rapport à une liste relativement complète de facteurs de risque empiriques qui ont été étroitement liés à la délinquance sexuelle. L’échelle n’abordant pas tous les facteurs liés aux comportements sexuels abusifs, il convient d’utiliser d’autres outils pertinents et de faire appel au jugement professionnel dans le cadre de la planification du traitement et du processus de supervision.

Manuel
McGrath, R. J., Cumming, G. F. et Lasher, M. P. (2013). Manuel de l’échelle d’intervention et de progrès pour le traitement des délinquants sexuels (SOTIPS). Middlebury, VT : Auteur. Télécharger le manuel SOTIPS.

Feuille de codage
Télécharger la feuille de codage du SOTIPS (ENG)

Télécharger la feuille de codage du SOTIPS + règles de cotation (FR)

 

 

Robert Mc Grath a plus de 35 ans d’expérience dans la prestation de services cliniques, de conseil, de formation et de recherche axés sur l’évaluation, le traitement et la gestion des personnes ayant commis des infractions sexuelles. Il a reçu en 2015 le Lifetime Significant Achievement Award de l’Association for the Prevention and Treatment of Sexual Abuse (ATSA).

Formations: Robert Mc Grath a fourni des services de formation et de consultation à des groupes de santé mentale, de justice pénale et de défense des victimes dans plus de 45 États et à travers le Canada, l’Europe et l’Asie. Il a fait partie des comités consultatifs de traitement et des groupes d’accréditation des programmes nationaux de traitement des délinquants sexuels au Canada, au Royaume-Uni et à Hong Kong. Aux États-Unis, il a conseillé douze programmes d’engagement civil pour les prédateurs sexuels violents et de nombreux programmes de prison, de probation et de libération conditionnelle. Dans le Vermont, il est consultant auprès de la Developmental Disabilities Division et du Department of Children and Families.

Administration de programmes. De 1996 à 2015, Robert Mc Grath a été directeur clinique du réseau intégré de programmes de traitement des délinquants sexuels en prison et dans la communauté, mis en place par l’administration pénitentiaire du Vermont. Il a été directeur clinique des services de santé mentale pour adultes et directeur des programmes d’abus de substances dans des établissements de santé mentale communautaires. Il a été président du conseil d’administration de la Safer Society Foundation.

Services cliniques. En tant que psychologue diplômé, Robert Mc Grath a fourni des services directs d’évaluation et de traitement des délinquants sexuels dans des environnements communautaires et carcéraux pendant plus de 30 ans. Il a été co-président du Comité des questions professionnelles qui a élaboré les lignes directrices 2014 de l’Association for the Treatment of Sexual Abusers (ATSA) pour l’évaluation, le traitement et la prise en charge des agresseurs sexuels adultes de sexe masculin.

Recherche. Parmi ses plus de 50 publications, Robert Mc Grath est co-auteur des livres Supervision of the Sex Offender et Current Practices and Emerging Trends in Sexual Abuser Management (Supervision des délinquants sexuels et pratiques actuelles et tendances émergentes dans la prise en charge des auteurs d’abus sexuels). Il est coauteur des instruments d’évaluation du risque ROSAC, SOTIPS et VASOR-2. Ses recherches ont été soutenues par des subventions du ministère de la Justice des États-Unis, du Centre de gestion des délinquants sexuels et de la Recherche sur l’administration pénitentiaire de Sécurité publique Canada.

Le traitement de la délinquance sexuelle fonctionne-t-il ? (Tyler, Gannon, Olver 2021)

 
L’efficacité des traitements des AICS a souvent été questionné. L’artcile ici reprend les donées les plus récents pour répondre à cette question: le traitement de la délinquance sexuelle fonctionne t-il? Mais encore sur les personnels les plus appropriés pour délivrer ces intervention, sur l’effcicaité des groupes vs individuel, sur le « dosage » des interventions, sur l’importance des CCP dans la délivrance des programmes… une recension des écrits indispensable à lire!

Conclusions
« D’une manière générale, les recherches récentes suggèrent que le traitement psychologique spécifique des infractions sexuelles a un certain effet sur la réduction de la récidive sexuelle et générale et que les résultats peuvent être optimisés sous certaines conditions, par exemple en adhérant aux principes RBR, en incorporant des principes cognitivo-comportementaux, y compris le reconditionnement comportemental pour l’excitation sexuelle inappropriée, en faisant participer un psychologue agréé à la mise en œuvre du traitement, en assurant la supervision du personnel du programme et en mettant en œuvre le traitement dans des environnements communautaires. En outre, les personnes classées comme présentant un risque élevé et qui s’engagent volontairement dans le traitement (c’est-à-dire qui ne sont pas obligées d’y participer) sont susceptibles de réaliser les gains les plus importants. En revanche, l’utilisation du détecteur de mensonges dans le cadre du traitement et la supervision mixte par un psychologue et un praticien non psychologue se sont avérées associées à de moins bons résultats. Il semble également que l’achèvement partiel ou incomplet du traitement ait des effets néfastes, conformément à la littérature générale sur le traitement correctionnel. Bien que les recherches existantes nous fournissent certains indicateurs sur les conditions nécessaires à la réussite du traitement, il y a un manque d’accord entre les études concernant certains facteurs, tels que le mode de prestation (par exemple, en groupe ou individuel), le moment du traitement et l’intensité du traitement, tandis que d’autres facteurs de traitement ont été négligés jusqu’à présent (par exemple, la composition homogène ou hétérogène du groupe, les qualifications du thérapeute et le ratio thérapeute-client) [26-]. Les recherches futures gagneraient à explorer plus avant les ingrédients clés d’un traitement réussi ainsi que le rôle des caractéristiques individuelles, afin de déterminer « ce qui fonctionne le mieux pour qui? » En particulier, davantage d’études différentielles de haute qualité sont nécessaires pour permettre de tirer des conclusions plus solides sur les effets plus larges du traitement, pour trancher le débat sur l’impact de certaines caractéristiques du traitement lorsque les résultats actuels sont contradictoires ou peu concluants, ainsi que pour poursuivre le développement des connaissances sur « ce qui fonctionne le mieux pour qui » ».

Article original (ENG): https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8249288/

ou ici: 11920_2021_Article_1259.pdf
Article traduit (FR): le traitement de la delinquance sexuelle fonctionne t il?

Auteurs:

  • Nichola Tyler: School of Psychology, Victoria University of Wellington, New Zealand
  • Theresa A. Gannon: Centre of Research and Education in Forensic Psychology (CORE-FP), School of Psychology, University of Kent, Canterbury, UK
  • Mark E. Olver: Department of Psychology, University of Saskatchewan, Saskatoon, Canada

Prise en charge des délinquants sexuels (AICS) : livret d’André Ciavaldini

Ce livret est rédigé sur la base d’une expérience des soins psychiques qui se déroule en France auprès des auteurs d’infractions à caractère sexuel (AICS). Il y est donc fait référence à des éléments de droit qui sont différents entre la Belgique et la France quant à la prise en charge de ces sujets et plus généralement quant au fonctionnement du système de santé en prison.

Pour éclairer le lecteur, en Belgique, la prise en charge thérapeutique n’intervient qu’à la libération sous conditions. Il arrive toutefois qu’un juge ordonne une prise en charge thérapeutique mais celle-ci ne se fera jamais en prison. Elle se substitue alors à la peine ou à une partie de celle-ci. Il arrive donc qu’un auteur ne rencontre aucun intervenant thérapeutique entre le moment de son incarcération et le moment de son admissibilité aux soins. Le modèle français est différent, il s’inspire des travaux faits à la fin des années 1980 montrant tout l’intérêt à commencer une prise en charge thérapeutique pour les AICS le plus rapidement possible dès leur arrivée en incarcération après le jugement. Cela est rendu possible par le fonctionnement pénitentiaire français où la santé mentale en prison ne relève pas du Ministère de la Justice mais est sous la juridiction du Ministère de la Santé. Cela assure aux équipes de santé exerçant en prison une autonomie et une confidentialité des soins qu’ils procurent.

yapaka.be/delinquant-sexuels-ciavaldini

Un « victim scrapbook » (album de victimes)  dans le contexte du travail avec des délinquants sexuels semble être une compilation de matériaux liés aux victimes, comme des déclarations d’impact, des photos ou des souvenirs, utilisée pour aider l’infracteur à comprendre les conséquences de ses actions. Cela peut servir à développer l’empathie, à prendre conscience de la gravité des crimes et à prévenir la récidive.
Dans le cadre du traitement, l’objectif principal est de favoriser l’empathie et la prise de conscience de l’impact des crimes sur les victimes. Par exemple, des programmes comme ceux décrits par l’Office of Sex Offender Sentencing, Monitoring, Apprehending, Registering, and Tracking (SMART) soulignent l’importance de développer l’empathie chez les infracteurs , souvent à travers des exercices où ils doivent réfléchir aux conséquences de leurs actes (Chapter 7: Effectiveness of Treatment for Adult Sex Offenders).
Par exemple, cela pourrait inclure :
  • Des lettres d’excuse ou des réflexions écrites sur les victimes, visant à développer la responsabilité et l’empathie.
  • Des extraits de déclarations d’impact des victimes, si disponibles et autorisées, pour confronter l’offender à la réalité des souffrances causées.
  • Des dessins ou des représentations symboliques, comme des collages, pour exprimer des émotions liées à leurs actes, comme mentionné dans certains curriculums de traitement (Victim Impact Statements).
Cependant, l’utilisation de tels outils est controversée. D’un côté, elle peut aider à réduire la récidive en renforçant la responsabilité de l’auteur, comme le suggère la recherche sur les programmes de prévention de la rechute (Treating Sex Offenders: An Introduction to Sex Offender Treatment Programmes). D’un autre côté, cela peut être perçu comme intrusif pour les victimes, risquant de réactiver des traumatismes, et soulève des questions éthiques sur le consentement et la confidentialité.

La recherche sur l’importance psychologique de la proximité avec les autres a été entravée par l’absence d’une mesure fiable et valide de cette variable. Ce qui aentrainé le développement de l’échelle d’intimité sociale de Miller (MSIS), une mesure en 17 points du niveau maximum d’intimité actuellement ressenti. Les preuves de la cohérence interne et de la fiabilité test-retest, ainsi que de la validité convergente, discriminante et conceptuelle sont discutées dans le contexte de la nécessité d’une exploration scientifique plus poussée de ce phénomène important.

Le MSIS est censé mesurer la fréquence de certains comportements dans les relations ainsi que l’affect dans les relations étroites (Miller & Lefcourt, 1982).

Miller, R. S., & Lefcourt, H. M. (1982). The assessment of intimacy. Journal of Personality Assessment, 46,514-518.

Echelle d’intimité sociale-miller_

Pour en savoir plus:

the-assessment-of-social-intimacy_compress

 

FRANCE CULTURE (2022)Émission LSD, « Viole-és, une histoire de dominations »

Épisode 1/4 : Poser ses mots

Lundi 10 octobre 2022 (première diffusion le lundi 7 décembre 2020)

Ici, après, des victimes cherchent à formuler le trauma.

« C’est en même temps ce qui me défigure et ce qui me constitue”, écrit Virginie Despentes dans « King-Kong Théorie » pour qualifier son viol.

Mathilde, Baptiste, Marcia & Sol, des victimes de viol ont la parole, elles racontent l’après, les chemins semés d’embûches, les traumatismes — après l’amnésie parfois —, l’isolement social, mais aussi l’ampleur des violences hétérosexistes, l’inertie des pouvoirs publics, leurs luttes et la colère, qu’elles réhabilitent.

Épisode 2/4 : Rompre les silences

Mardi 11 octobre 2022 (première diffusion le mardi 8 décembre 2020)

Des mythes résonnent comme des injonctions au silence pour les minorités : le violeur noir ou arabe, l’homosexuel-pédophile, la lesbienne qui regrette, la conjointe et la prostituée forcément consentantes, la femme handicapée forcément reconnaissante… À elles de dire “moi aussi”.

En octobre 2017, en 24h, plus de 2 millions de femmes témoignent en ligne des violences sexuelles qu’elles ont subi. Leurs récits sont réunis par un “mot-dièse”, #Metoo. L’onde de choc est mondiale. Depuis, d’autres vagues ont déferlé : #Metoo dans le sport, dans la musique, la cuisine… Mais Mathilde Forget précise « Ce n’est pas la parole qui se libère. C’est l’écoute qui est en train d’évoluer, d’être interrogée et interpellée. Il faut continuer. Elle est exigeante, cette écoute. Elle est fuyante, mais il faut l’entraîner ».

Les minorités sexuelles et racisées et les victimes d’inceste et/ou de violences dans l’enfance, sont proportionnellement surreprésentées parmi les victimes de violences à caractère sexuel. Les écouter, c’est comprendre les rouages d’un système où le viol n’est pas affaire de sexe ou de sexualité, mais de pouvoir. Matthieu Foucher constate que “Dans beaucoup de cas, la famille choisit la famille plutôt que de protéger la personne qui a été victime de ces violences”

Épisode 3/4 : Fabriquer d’autres récits

Mercredi 12 octobre 2022 (première diffusion le mercredi 9 décembre 2020)

Celles et ceux qui s’expriment ont fabriqué d’autres récits, proposés d’autres imaginaires. En racontant leurs réalités, elles et ils reprennent le pouvoir sur des narrations longtemps confisquées.

“Les premières années après le viol, surprise pénible : les livres ne pourront rien pour moi” écrit Virginie Despentes dans King-Kong Théorie, mais d’autres récits s’écrivent comme celui d’Annie Ernaux “Pourquoi je vais employer le terme « consenti » ? Ce terme de consentir va devenir depuis #MeToo le verbe clé”.

Annie Ernaux a longtemps craint de mourir avant d’avoir écrit son roman Mémoire de fille, “le trou inqualifiable, le texte toujours manquant”. Dans ce documentaire, elle emploie le terme “viol”, qu’elle a longtemps refusé, pour décrire l’expérience vécue par La fille de 58, “Quand vous prononcez ces mots, maintenant j’en vois l’ampleur, l’ampleur de la violence, l’inadmissible. Vous avez raison et maintenant, j’ai raison de dire viol ».

Épisode 4/4 : Se défendre

Jeudi 13 octobre 2022 (première diffusion le jeudi 10 décembre 2020)

Interroger la lutte contre le viol, émergé dans les années 70, et penser, comme cela a été fait dès les prémices de cette lutte féministe, des alternatives au système pénal et carcéral.

Depuis les années 70, le viol est devenu un sujet féministe, et politique à part entière. La loi reconnaît le viol comme un crime. Pourtant, seulement 1/10e des plaintes aboutit à une condamnation, et la correctionnalisation, la requalification des viols en “agressions sexuelles” est légion.

Les failles de la justice en matière de lutte contre les violences sexuelles sont régulièrement dénoncées, comme le précise Marcia Burnier “La justice a une vision du viol complètement déconnectée de la réalité et arrive très peu à punir. 1% des violeurs vont en prison, ça laisse quand même 99% de victimes qui n’obtiennent pas la réparation via le processus judiciaire.” et Mathilde Forget rajoute “En fait, mon intimité n’a jamais été protégée jusqu’ici. Et maintenant, qu’on va le condamner, lui, on va faire ça caché. Je ne comprends pas le projet.”