Ressources en psychocriminologie, psychologie forensique et criminologie
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A RELAPSE PREVENTION APPROACH TO REDUCING AGGRESSIVE BEHAVIOUR
Peter Prisgrove, Clinical Psychologist, Western Australian Department of Corrective Services

P. Prisgrove, « A relapse prevention approach to reducing aggressive behavior, » Serious Violent Offenders: Sentencing, Psychiatry and Law Reform, S. A. Gerrull and W. Lucas, Eds. (Canberra: Australian Institute of Criminology, 1993).

Applying a Relapse Prevention Model in a Correctional System
RP approaches are particularly viable within a correctional framework. The reasons for this span the areas of correctional philosophy, policy and practice. From a philosophical point of view, there is a growing community impatience with an approach that puts expensive correctional resources into servicing the psychotherapeutic needs of violent offenders at the expense, as it is perceived, of services to the victims. The focus of RP methods on the reduction of violent behaviour rather than on broader psychotherapeutic goals is therefore attractive. In addition, some broader psychotherapeutic approaches tend to see offenders as being themselves the victims of their developmental histories, and thereby imply a lessened capacity for self-determination and culpability. The RP approach maintains a clear focus on the offender as fully responsible for their behaviour and for maintaining their efforts to improve it.
The rehabilitation ideal has taken a battering over the last two decades and in its current form asserts that nothing works for everybody, but that some interventions are effective for particular offender groups (Gendreau & Ross 1987). The RP emphasis on identifying each offender’s idiosyncratic offence pattern(s) and identifying what will achieve change for them is consistent with this ‘some things work for some people’ approach.
It has been suggested that some forms of programs for offenders tend to be built around a somewhat middle class view of the world and therapeutic style. Because an RP approach requires each offender to be fully involved in identifying the patterns of events and behaviour that does in fact lead to particular
offences, and then identify the ways in which these sequences could be coped with in a non-offending manner, there is less room for workers to impose such an imperialistic framework on offending clients.

prisgrove

Daniel Reisel étudie le cerveau des psychopathes criminels (et des souris). Et il pose une question importante : au lieu d’entreposer ces criminels, ne devrions-nous pas utiliser ce que nous savons sur le cerveau pour les aider à se réhabiliter ? En d’autres termes : si le cerveau peut développer de nouveaux circuits de neurones après une blessure, pourrions-nous aider le cerveau à recréer un sens moral ?

J’aimerais parler aujourd’hui de la façon dont nous pouvons modifier notre cerveau et notre société.

Voici Joe. Il a 32 ans et est un meurtrier. Je l’ai rencontré il y a 13 ans dans l’unité des perpétuités à la prison haute sécurité de Wormwood Scrubs à Londres. J’aimerais que vous imaginiez ce lieu. Ça ressemble exactement à l’idée qu’on s’en fait en entendant son nom : Wormwood Scrubs. Construite à la fin de l’ère victorienne par les détenus eux-mêmes, c’est l’endroit d’Angleterre où les prisonniers les plus dangereux sont détenus. Ces individus ont commis des actes d’une barbarie innommable. J’étais là pour étudier leurs cerveaux. Je faisais partie d’une équipe de chercheurs de l’University College de Londres,sur une subvention du Département de la Santé du Royaume-Uni. Ma tâche était d’étudier un groupe de détenus qui avaient été diagnostiqués cliniquement comme psychopathes. Cela voulait dire qu’ils étaientles plus durs et les plus agressifs de la population carcérale. Qu’y a-t-il à l’origine de leur comportement ? Y avait-il une cause neurologique à leur condition ? S’il y avait une cause neurologique, pourrions-nous trouver un remède ?

Donc, je voudrais parler de changement et en particulier de changement émotionnel. En grandissant, j’ai toujours été intrigué par la façon dont les gens changent. Ma mère, une psychothérapeute clinique,recevait des patients de temps à temps à la maison dans la soirée. Elle fermait la porte de la salle à manger, et j’imaginais les choses magiques qui se passaient dans cette pièce. À l’âge de cinq ou six ans,je sortais de mon lit en pyjama et m’asseyais à l’extérieur, l’oreille collée à la porte. Plus d’une fois, je me suis endormi et ils devaient me pousser hors du passage à la fin de la session.

Je suppose que c’est comme ça que je me suis retrouvé dans le parloir sécurisé, dès mon premier jour à Wormwood Scrubs. Joe était assis à une table en acier et me salua avec cette expression vide. Le gardien de prison, tout aussi indifférent, dit : « En cas de problème, appuyez simplement sur le bouton rouge, et nous serons là aussi vite que possible. » (Rires)

Je me suis assis. La lourde porte de métal se referma derrière moi. J’ai levé les yeux vers le buzzer rougeloin derrière Joe sur le mur opposé. (Rires)

J’ai regardé Joe. Détectant peut-être mon inquiétude, il se pencha en avant et dit, de façon la plus rassurante possible : « Ah ne vous inquiétez pour le buzzer, il ne marche pas de toute façon. » (Rires)

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Dan Pacholke (2014, TEDxMonroeCorrectionalComplex) How prisons can help inmates live meaningful lives

In the United States, the agencies that govern prisons are often called ‘Department of Corrections.’ And yet, their focus is on containing and controlling inmates. Dan Pacholke, Deputy Secretary for the Washington State Department of Corrections, shares a different vision: of prisons that provide humane living conditions as well as opportunities for meaningful work and learning.

Nous sommes perçus comme une organisation qui est la poubelle de l’échec de la politique sociale. Je ne peux pas définir qui vient ni pour combien de temps. Nous recevons les personnes pour lesquelles rien d’autre n’a fonctionné, qui sont passées au travers des autres filets sociaux de sécurité. Ils ne peuvent les contenir, donc nous devons le faire. C’est notre travail : les contenir, les contrôler.

Au fil des ans, en tant que système carcéral, en tant que nation, et en tant que société, nous sommes devenus très bons à cela, mais cela ne devrait pas vous réjouir. Nous incarcérons un taux de population plus élevé que n’importe quel autre pays du monde. Nous avons aujourd’hui plus d’hommes noirs en prison que sous l’esclavage en 1850. Nous logeons les parents de près de trois millions d’enfants de notre communauté, et nous sommes devenus le nouvel asile, le plus grand centre de soins de toute cette nation. Lorsque nous enfermons quelqu’un, ce n’est pas une petite chose. Et pourtant, nous sommes appelés le Département des Corrections. Aujourd’hui, je veux parler de changer notre point de vue sur les corrections. Je crois, et mon expérience me le dit, que si nous changeons notre manière de penser,nous créons de nouvelles possibilités, ou de nouveaux futurs, et les prisons ont besoin d’un avenir différent.

Ismael Nazario (TED New york, nov 2014) « Ce que j’ai appris en tant qu’enfant en prison » (VOST)

As a teenager, Ismael Nazario was sent to New York’s Rikers Island jail, where he spent 300 days in solitary confinement — all before he was ever convicted of a crime. Now as a prison reform advocate he works to change the culture of American jails and prisons, where young people are frequently subjected to violence beyond imagination. Nazario tells his chilling story and suggests ways to help, rather than harm, teens in jail.

Nous devons changer la culture dans prisons et pénitenciers, particulièrement pour les jeunes détenus.L’État de New York est l’un des deux seuls États aux États-Unis, à arrêter et juger les jeunes de 16-17 ans comme des adultes. Cette culture de la violence prend ces jeunes gens et les place dans un environnement hostile, et les agents de correction laissent les choses se poursuivre. Ces jeunes ne peuvent pas faire grand chose pour mettre en valeur leur talent et se réinsérer. En attendant d’atteindre à 18 ans l’âge de la responsabilité pénale, nous devons changer la vie quotidienne de ces jeunes.

Je le sais d’expérience. Avant mes 18 ans, j’ai passé environ 400 jours à Rikers Island, et à ça s’ajoutent presque 300 jours en isolement cellulaire, et laissez-moi vous dire ceci : crier à plein poumons toute la journée à travers la porte ou la fenêtre de votre cellule, c’est fatiguant. Puisque vous n’avez pas grand chose à faire quand vous y êtes, vous commencez à faire les cent pas, vous parlez tout seul, vos pensées vagabondent, et puis vos pensées deviennent votre pire ennemi. Les prisons sont censées réinsérer une personne, pas la rendre plus en colère, frustrée ou la faire se sentir désespérée. Puisqu’aucun plan de décharge n’est mis en place pour ces jeunes, ils réintègrent la société avec rien. Et ils n’ont rien à faire qui pourrait les tenir éloignés des récidives.

FRANCE CULTURE (« Le magazine de la rédaction »; 18/12/2015) »Paroles du dedans », quand des détenus montent sur scène

Reportage sur un projet artistique mené dans puis hors de la maison d’arrêt d’Osny (Val d’Oise) : des détenus ont participé à l’écriture d’un texte sur le thème de la prison, et d’autres détenus devaient dire ce texte sur scène, avec des comédiens professionnels, à l’extérieur de la prison, au théâtre de l’Apostrophe à Cergy.

 

Finalement, à trois semaines du spectacle, 2 détenus sur 8 ont obtenu l’autorisation de sortir de la prison pour jouer (un effet collatéral, sans doute, des attentats de Paris…).  Olivier Brunhes a revu son projet, il a fait entrer dans la prison des comédiens supplémentaires, et ils ont pris le relais des détenus, qui les ont abreuvés de conseils. A eux de porter la parole du « dedans »…

Le spectacle a bien eu lieu, il y a eu deux représentations les 10 et 12 décembre, et les deux fois, la salle était comble.

Pour prolonger et élargir le débat sur la culture en prison, 2 invités :

–    Adeline Hazan, contrôleure générale des lieux de privation de libertés

–   Julien Morel d’Arleux, sous-directeur de l’administration pénitentiaire en charge de direction des métiers et de l’organisation des services

–  David François Moreau, musicien et compositeur, revient sur la façon dont l’équipe de lacompagnie L’Art Eclair est allée à la rencontre des détenus de la maison d’arrêt du Val d’Oise.

Etat d’urgence, radicalisation des jeunes : Mourad Benchellali répond à Alexandra Bensaïd

L’ancien détenu français de Guantanamo est l’invité d’Alexandra Bensaid pour aborder la question de la constitutionnalisation de l’état d’urgence et la déchéance de la nationalité.

Mourad Benchellali avait été détenu à Guantanamo entre 2002 et 2004, après son retour d’Afghanistan où il avait suivi son grand frère à l’été 2001. Lui a toujours dit que ce voyage était « une erreur de jeunesse », et qu’il avait été « pris au piège des camps de Ben Laden ». De retour de Guantanamo, il avait été condamné en France pour les mêmes faits à une peine d’un an de prison, qu’il a purgée il y a dix ans.

« La radicalisation n’est qu’un symptôme d’un malaise beaucoup plus global chez les jeunes »

 

L’EXPRESS (24/12/2015)Rencontres détenus-victimes: une justice « restaurative » pour sortir de la douleur

Paris – Faire dialoguer victimes et auteurs de crimes ou de délits pour apaiser, responsabiliser, prévenir la récidive et rétablir la paix sociale: « la justice restaurative » tente de s’implanter en France après avoir fait ses preuves à l’étranger.

Alain Ghiloni, père d’un jeune de 20 ans tué en 1995 par un autre de 21 ans pour avoir refusé de lui donner son baladeur, a tenté l’expérience en 2014.

« J’étais sorti frustré du procès d’assises. Peu de temps pour s’exprimer, pas de réponse à mes questions: pourquoi ce meurtre gratuit, cette violence’« , explique l’homme à l’AFP.

 Alors, pour comprendre et exprimer sa douleur, il a accepté de rencontrer trois détenus condamnés pour meurtre à la centrale de Poissy. Six entretiens avec à ses côtés deux victimes d’agressions, un animateur-psychologue et deux membres de la société civile.

« La première fois, c’est oppressant. Quand l’un des meurtriers s’est présenté comme une victime avec ses années de prison, j’ai pas supporté. Il ne faut pas inverser les rôles, tu avais le choix de ne pas tuer, nous, on subit, on est condamné à perpétuité. Mais au final, de part et d’autre, cela a permis un apaisement, une prise de conscience« , dit-il.

« Il fallait que je raconte pourquoi j’étais en prison. Les victimes étaient là pour chercher une réponse, moi aussi« , constate Roméo, un détenu interrogé par l’association d’aide aux victimes INAVEM. « J’y suis allé pour pouvoir dire ce que j’ai sur le coeur. Ça m’a enlevé les clichés que je pouvais avoir sur les victimes« , ajoute Thomas, autre détenu.

« Le principe, c’est d’offrir aux auteurs et aux victimes qui n’en ont pas eu la possibilité pendant le procès pénal un espace de parole, où ils vont pouvoir échanger, sans jugement et dans le respect de la dignité de chacun sur le pourquoi du crime, sur comment s’en sortir, cheminer vers un apaisement« , explique Robert Cario, professeur de criminologie et président de l’Institut français pour la justice restaurative (IFJR).

– « Reconstruction« –

« Ces personnes en souffrance peuvent, en présence de professionnels formés, se redécouvrir comme des personnes, non réductibles à l’acte qu’elles ont commis ou subi. Il en découle une responsabilisation des auteurs et des victimes qui peuvent avancer dans leur reconstruction« , précise-t-il.

C’est en août 2014 que la réforme pénale a consacré dans le droit français ces rencontres détenus-victimes, déjà développées au Canada, aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni, après deux expériences jugées positives à Poissy en 2010 et 2014.

La formule met en relation des personnes qui ne se connaissent pas mais dont les affaires « entrent en résonance« , ou un auteur et sa victime. Elle peut intervenir avant ou après une condamnation.

« Le système va monter en puissance. Il se doit d’être rigoureux, basé sur le volontariat et sans gratification pour le détenu en terme de remise de peine« , explique à l’AFP Christiane Taubira. « Je crois qu’il va durablement s’inscrire dans notre dispositif général de résilience pour les victimes et de prévention de la récidive« , se félicite la ministre de la Justice.

« On a des rencontres qui commencent à se monter, comme à Bourg-en-Bresse sur le thème des accidents de la route, et des modules de formation des personnels pénitentiaires ont été lancés à l’ENAP » (l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire), souligne Olivia Mons de l’INAVEM.

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