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L’Internet Sex Screening Test (ISST) permet de déterminer si des comportements sexuels problématiques sont observés en ligne, notamment l’utilisation compulsive de la pornographie. L’ISST a été créé par le Dr David Demonico et Elizabeth Griffin, LMFT. Pour connaître toute l’étendue des comportements sexuels problématiques en ligne, une évaluation par un thérapeute certifié en matière d’addiction sexuelle ou un autre professionnel qualifié est nécessaire. Toutefois, cette auto-évaluation peut vous aider à déterminer si vous êtes aux prises avec la pornographie ou d’autres comportements sexuels compulsifs sur Internet.

Principaux Axes Évalués par l’ISST :

  1. Fréquence et Durée des Activités Sexuelles en Ligne :
    • Mesure la fréquence et la durée des activités sexuelles en ligne d’un individu.
  2. Impact Émotionnel et Psychologique :
    • Évalue les réponses émotionnelles et les effets psychologiques liés au comportement sexuel en ligne, comme la culpabilité, l’anxiété ou la dépression.
  3. Impact sur le Fonctionnement Quotidien :
    • Examine comment les activités sexuelles en ligne affectent la vie quotidienne, y compris le travail, les relations et les activités sociales.
  4. Contrôle et Compulsivité :
    • Analyse la capacité de l’individu à contrôler son comportement sexuel en ligne et la présence de tendances compulsives.
  5. Conséquences du Comportement Sexuel en Ligne :
    • Identifie les conséquences négatives résultant des activités sexuelles en ligne, telles que des problèmes juridiques, des difficultés relationnelles ou financières.

Modalités d’Administration de l’ISST :

  • Format : L’ISST est généralement un questionnaire auto-administré, où les individus répondent à une série de questions concernant leur comportement sexuel en ligne.
  • Évaluation : Les réponses sont évaluées pour déterminer la gravité du comportement problématique. Des scores plus élevés indiquent un niveau de préoccupation plus important et un besoin potentiel d’intervention.
  • Confidentialité : Les résultats sont généralement confidentiels et peuvent être utilisés par les professionnels de la santé mentale pour orienter les plans de traitement.

interêt de l’ISST :

  • Identification Précoce : Aide à identifier les individus ayant besoin d’aide avant que leur comportement ne devienne plus problématique.
  • Orientation des Interventions : Fournit des informations précieuses aux professionnels de la santé mentale, aidant à élaborer des plans de traitement efficaces.
  • Sensibilisation : Augmente la sensibilisation aux impacts potentiels des comportements sexuels problématiques en ligne.

ISST-FR

Dans le même objectif, Il est possible aussi d’administer le Test de Dépistage de l’Addiction Sexuelle (Sexual Addiction Screening Test – SAST),  un outil également développé pour identifier les comportements sexuels compulsifs et problématiques. Conçu par le Dr. Patrick Carnes, ce test aide à repérer les signes d’addiction sexuelle chez les individus, facilitant ainsi une intervention précoce et un traitement approprié.

Principaux Axes Évalués par le SAST :

  1. Comportements Sexuels Compulsifs :
    • Évalue la présence de comportements sexuels répétés et non contrôlés.
  2. Conséquences Négatives :
    • Analyse les répercussions négatives des comportements sexuels sur la vie de l’individu, comme les problèmes relationnels, professionnels, et juridiques.
  3. Utilisation de la Sexualité comme Échappatoire :
    • Examine si l’individu utilise la sexualité pour fuir les émotions négatives ou les situations stressantes.
  4. Sentiments de Culpabilité et de Honte :
    • Mesure les niveaux de culpabilité et de honte ressentis en lien avec les comportements sexuels.
  5. Efforts pour Contrôler le Comportement :
    • Évalue les tentatives et les échecs pour contrôler ou réduire les comportements sexuels problématiques.

SAST

Internet Assessment Quickscreen (IA-Q) : Entretien structuré pour évaluer le comportement sexuel problématique en ligne (Delmonico & Griffin, 2005)

L’IA-Q  comportent deux sections. La première section est conçue pour recueillir des informations sur les connaissances et le comportement de l’individu en matière d’Internet. Elle comprend des questions sur les méthodes et les lieux d’utilisation d’Internet, sur l’étendue de l’utilisation, ainsi que les compétences et connaissances techniques générales. À l’issue de la section I, l’evaluateur disposera d’un grand nombre de données sur les connaissances de l’individu en matière d’Internet et sur les principales façons dont il utilise l’Internet à des fins sexuelles.
Outre la compréhension des questions technologiques liées à l’activité sexuelle en ligne, il est important d’aborder les questions sociales, psychologiques et sexuelles liées à une telle utilisation.

La deuxième section de l’IA-Q fournit les types de questions d’entretien nécessaires pour évaluer ces aspects moins quantifiables. Les questions de la section II portent notamment sur la façon dont le comportement en ligne d’un individu a interféré avec ou mis en danger des aspects importants de sa vie, les niveaux de pensée obsessionnelle et les comportements compulsifs liés à la sexualité en ligne, ainsi que les problèmes psychologiques sous-jacents. En outre, la section II aidera à déterminer
les comportements liés aux activités sexuelles en ligne, les schémas d’excitation et l’impact négatif que l’activité sexuelle en ligne a eu sur l’individu.

Internet Assessment Quickscreen (IA-Q)

Programme national de traitement des délinquants sexuels au Canada 

(JO THAKKER, RACHAEL M. COLLIE, THERESA A. GANNON, TONY WARD (2008) « RAPE, Assessment and Treatment », in SEXUAL DEVIANCE, Theory, Assessment, and Treatment,  SECOND EDITION, Guilford Press)

Le traitement des délinquants sexuels se fait généralement en groupes de 8 à 10 délinquants avec un ou deux cliniciens (Marshall, 2001).  Marshall propose d’éviter les formes d’intervention individuelles , car elles sont coûteuses et improductives. Il affirme également qu’une intervention individuelle  » se prête à une collusion involontaire avec le délinquant  » (2001, p. 340). Bien que Marshall ne s’étende pas sur le sujet, il est évident que cela peut se produire.
Étant donné qu’un grand nombre de délinquants sexuels nient (ou minimisent) certains, voire tous les aspects de leur délinquance, il est essentiel que le déni soit remis en question dans le cadre du traitement. Cela peut s’avérer difficile dans une situation individuelle, car cela peut nuire à la relation. En revanche, dans un contexte de groupe, la remise en question du délinquant peut venir des autres membres du groupe, ce qui permet au clinicien de maintenir plus facilement une bonne relation thérapeutique tout en traitant cette question difficile. Abracen et Looman (2001) discutent longuement de la question de la thérapie de groupe par rapport à la thérapie individuelle et rapportent certains résultats de recherche indiquant que ces deux approches sont également efficaces. Cependant, ils notent que les délinquants qui ont bénéficié d’une thérapie individuelle ont été choisis pour recevoir cette modalité de traitement pour des raisons spécifiques (par exemple, parce qu’ils souffraient d’une maladie mentale), et qu’ils pouvaient donc présenter des niveaux de risque atypiques. Abracen et Looman concluent qu’il peut y avoir des sous-groupes de délinquants sexuels qui peuvent bénéficier davantage d’un traitement individuel que d’un traitement de groupe.

Le traitement de groupe est généralement « manualisé » (utilisation d’un manuel), ce qui signifie que les thérapeutes reçoivent des directives claires pour chaque séance (Howitt, 2006).Ces directives comprennent les principaux objectifs d’apprentissage pour les séances, ainsi que des descriptions des tâches et activités particulières d’apprentissage. Comme le note Marshall (2006b), cette approche présente l’avantage de maintenir une approche standard pour la mise en œuvre du traitement à travers une gamme de thérapeutes et d’environnements de traitement. Cependant, elle peut aussi être restrictive et limiter la capacité des thérapeutes à traiter les questions liées au processus. Selon Marshall, des recherches récentes indiquent que les manuels doivent être suffisamment souples pour permettre aux thérapeutes de prendre le temps de répondre et de gérer les processus de groupe et d’utiliser pleinement leurs compétences. Il relie cette suggestion au nombre croissant d’ouvrages qui soulignent l’importance des relations thérapeute-client dans l’obtention de résultats thérapeutiques durables. Ce point de vue a été confirmé ailleurs (par exemple, Mann, 2004).

Composante Contenu
Distorsions cognitives Identifier et remettre en question les attitudes et croyances déformées liées à l’infraction, y compris la minimisation et la justification.
Empathie et prise en compte de la victime

 

Vise à faire comprendre l’impact d’une personne sur les autres (la victime en particulier). L’accent est mis sur les propres expériences de victimisation de l’auteur de l’infraction.
Intimité, relations, et fonctionnement social

 

S’intéresse aux déficits spécifiques du fonctionnement social, en particulier dans le domaine des relations intimes. L’accent est mis sur le renforcement de la confiance en soi et de l’estime de soi.
Gestion des émotions Cherche à développer des compétences dans les domaines de l’identification des termes liés aux émotions et de la verbalisation des ressentis. Enseigne diverses techniques de gestion des états émotionnels négatifs.
Excitation déviante Se concentre sur le développement d’une conscience du lien entre les fantasmes sexuels et l’excitation, suivi de l’application de techniques de reconditionnement.
Autogestion Vise à inculquer une compréhension du processus de délinquance, y compris les différents types de facteurs de risque, afin de prévenir les rechutes. L’accent est mis sur l’établissement d’objectifs et de plans de sécurité.
Suivi post-traitement Vise à faciliter la généralisation et le maintien des acquis du traitement. Ceci est particulièrement important pour les délinquants qui sont traités en prison et qui ont besoin d’aide pour généraliser les acquis du traitement après leur libération.

 

Note. Résumé de :

  • Hanson, R. K., & Yates, P. M. (2004) Sexual violence: Risk factors and treatment. In M. Eliasson (Ed.), Anthology on interventions against violent men (pp. 151–166). Uppsala, Sweden: Department of Industrial Relations.
  • et Yates, P. M., & Goguen, B. C. (2000) National Sex Offender Treatment Programme description.Ottawa: Correctional Service Canada.

Ressources Internet pour la recherche d’informations sur les interventions fondées sur des données probantes en matière d’abus sexuels envers les enfants

Treating Sexual Offenders, An Integrated Approach (William L. Marshall, Liam E. Marshall, Geris A. Serran, Yolanda M. Fernandez, 2006)

Instruments et procédures d’évaluation pertinents pour les AICS

ESTIME DE SOI
Estime de soi générale
echelle-estime-de-soi-de-rosenberg

Rosenberg’s Measure

 (Rosenberg, 1965)
Coopersmith’s Measure (Coopersmith, 1967)
Estime de soi spécifique
Body-Esteem Scale (Franzoni & Shields, 1984)
Social Self-Esteem Inventory (Lawson, Marshall, & McGrath, 1979)
HISTOIRE DE VIE
Family Environment Scale (Moos & Moos, 1981)
Childhood Attachment Questionnaire (Hazan & Shaver, 1987)
DISTORTIONS COGNITIVES
Abel’s Child Molester Cognitions Scale

ABEL BECKER SCALE_FR

(Abel et al., 1989)
Molest Scale (Bumby, 1996)
Rape Scale (Bumby, 1996)
Rape Myth Acceptance Scale (Burt, 1980)
Hostility Toward Women Scale (Check, 1984)
Justifications of Sex with Children (Webster, Mann, Wakeling et al.,2005)
Young Schema Questionnaire (Young & Brown, 2001)
EMPATHIE
Empathy for Children (Hanson & Scott, 1995)
Empathy for Women (Hanson & Scott, 1995)
Child Molester Empathy Measure (Fernandez, Marshall, Lightbody et al., 1999)
Rapist Empathy Measure (Fernandez & Marshall, 2003)
Interpersonal Reactivity Test  (Davis, 1983)
COPING (Stratégies d’ajustement)
Coping Inventory for Stressful Situations (Endler & Parker, 1990)
Sex as a Coping Strategy (Cortoni & Marshall, 2001)
FONCTIONNEMENT SOCIAL
Assertivité
Social Response Inventory  (Keltner, Marshall, & Marshall, 1981)
Rathus Assertiveness Scale (Rathus, 1973)
Colère
Buss-Durkee Hostility Inventory (Buss & Durkee, 1957)
State-Trait Anger Expression Inventory (Spielberger, 1988)
Anxiété
State-Trait Anxiety Inventory  (Spielberger, Gorsuch, & Lushene, 1970)
Fear of Negative Evaluations Scale  (Watson & Friend, 1969)
Social Avoidance and Distress Scale (Watson & Friend, 1969)
Résolution de problème

social problem solving inventory revised 1996

Problem-Solving Inventory (PSI)

 (D’Zurilla & Goldfried, 1971)
Soutien social
Social Supports Inventory (Flannery & Weiman, 1989)
Relations sociales
UCLA Loneliness Scale

UCLA LONELINESS SCALE_FR

(Russell, Peplau, & Cutrona, 1980)
Miller’s Social Intimacy Scale (Miller & Lefcourt, 1982)
Relationship Questionnaire (Bartholomew & Horowitz, 1991)
Relationship Styles Questionnaire (Griffin & Bartholomew, 1994)
Attachment History Questionnaire (Pottharst, 1990)
INTERETS SEXUELS
Clarke Sexual History Questionnaire (Langevin, 1983)
Multiphasic Sex Inventory (Nichols & Molinder, 1984)
Laws Card Sort (Laws, 1986)
Wilson Sex Fantasy Questionnaire  (Wilson, 1978)
Phallometry (Murphy & Barbaree, 1994)
Viewing Time (Abel, 1995)
PROBLÉMES DE CONSOMMATION/ABUS DE SUBSTANCES
Michigan Alcoholism Screening Test (Selzer, 1971)
Drug Abuse Screening Test (Skinner, 1982)
PSYCHOPATHIE
Psychopathy Checklist-Revised (Hare, 1991)
PRÉVENTION DE LA RECHUTE
Self-Monitoring Procedure (McDonald & Pithers, 1989)
Measures of Offense Chain (Beckett et al., 1994)
Situational Competency Test (Miner et al., 1989)
RÉCIDIVE
Générale
Level of Service Inventory-Revised (Andrews & Bonta, 1995)
Violence
Violence Risk Appraisal Guide (Harris et al., 1993)
Sexuelle
Minnesota Sex Offender Screening Tool (Epperson et al., 1995)
Sex Offender Risk Appraisal Guide (Quinsey et al., 1998)
Rapid Risk Assessment for Sexual Offense Recidivism (Hanson, 1997)
STATIC-99R (Hanson & Thornton, 1999)
DÉSIRABILITÉ SOCIALE
Marlow-Crowne Social Desirability Scale (Crowne & Marlowe, 1960)
Paulhaus Balanced Inventory of Desirable Responding (Paulhaus, 1991)

ÉVALUATIONS et FORMULATIONS DE CAS (Treating Sexual Offenders, An Integrated Approach (William L. Marshall, Liam E. Marshall, Geris A. Serran, Yolanda M. Fernandez, 2006)

« Les deux aspects essentiels de l’évaluation de la plupart des problèmes cliniques sont (1) une série d’entretiens (structurés ou non) et (2) une batterie de tests censés mesurer les principales caractéristiques du trouble présent. Ces tests ou échelles comprennent généralement une variété de mesures d’auto-évaluation pertinentes ainsi que des évaluations physiologiques. Pour de nombreux troubles, c’est le client qui arrive à la clinique en se plaignant d’un ou de plusieurs problèmes. C’est l’identification de ces plaintes initiales qui déclenche la série d’entretiens et de tests visant à élucider pleinement le trouble du client afin qu’un traitement approprié puisse être mis en place. Dans ces cas où c’est le client qui commence le processus d’identification des problèmes, on peut  s’attendre à ce que la plupart de ces clients répondent honnêtement aux questions posées par les tests et par l’enquêteur.
Ce n’est malheureusement pas le cas des délinquants sexuels. Les délinquants sexuels sont,
dans la quasi-totalité des cas, envoyés par quelqu’un d’autre qu’eux-mêmes, en général par
une institution qui a un certain degré d’autorité sur le client. La plupart des délinquants
La plupart des délinquants sexuels sont d’abord des clients quelque peu réticents, qui hésitent à révéler plus qu’ils ne le doivent, de peur qu’un rapport honnête de leurs problèmes n’ait pour effet d’augmenter les sanctions  qui leur sont imposées. En d’autres termes il est peu probable qu’ils soient francs lors des entretiens préalables au traitement et qu’ils répondent de manière peu sincère aux questions des tests. Néanmoins, de nombreux programmes de traitement des délinquants sexuels utilisent une large batterie de mesures d’évaluation par auto-évaluation.
Le tableau présenté ici décrit quelques-uns des tests typiques inclus dans ces batteries.
Il a été suggéré qu’une façon de contourner ce problème est d’utiliser des tests qui comportent des mesures intégrées de la dissimulation (par ex. le MMPI) ou d’ajouter à la batterie d’évaluation une mesure qui évalue soit les tendances à la désirabilité sociale ou le besoin de se présenter d’une manière socialement désirable. Malheureusement, le MMPI est un test qui prend beaucoup de temps, dont la plupart des questions ne sont pas d’une pertinence évidente pour les problèmes des délinquants sexuels.(voir Marshall & Hall, 1995, pour un examen détaillé).
Les mesures de désirabilité sociale ou de gestion des impressions actuellement disponibles ne semblent pas moins transparentes que les autres mesures d’auto-évaluation. Les délinquants sexuels répondent rarement à ces mesures d’une manière qui diffère de celle des personnes qui n’ont rien à cacher, même si elles ont manifestement donné des réponses malhonnêtes  au reste de la batterie de tests Il n’est donc pas utile d’utiliser ces mesures pour corriger ou détecter la dissimulation sur d’autres instruments.
Un autre problème concerne le fait que la plupart des instruments d’auto-évaluation qui constituent généralement une évaluation des délinquants sexuels n’ont pas été correctement examinés pour déterminer leur fiabilité et leur validité. Jusqu’à présent, personne n’a développé de stratégies d’entretien (structurées ou non) pour les délinquants sexuels, dont la fiabilité et la validité ont été démontrées. Même les tests phallométriques, qui évaluent l’ampleur de l’excitation sexuelle d’un client à des stimuli sexuels normatifs et appropriés, a été critiqué pour des raisons psychométriques (Marshall & Fernandez, 2003) et la phallométrie ne semble pas permettre d’identifier comme déviants plus d’un petit pourcentage de délinquants sexuels. En effet, les preuves sur la fiabilité et la validité des tests phallométriques sont si faibles que certains auteurs ont déclaré que la phallométrie n’était pas adaptée à une utilisation clinique habituelle
(Marshall, 2005d), même si elle peut être utilisée dans le cadre de la recherche.
Les problèmes liés à l’utilisation des mesures d’auto-évaluation avec les délinquants sexuels concernent donc à la fois leurs bases psychométriques et le fait qu’elles sont si facilement ouvertes à la dissimulation par des clients qui ont toutes les raisons de se déformer. Malheureusement, cela n’a pas empêché la plupart des centres de traitement de mettre au point des batteries de tests pour les délinquants sexuels qui s’appuient principalement sur des mesures d’auto-évaluation.
Dans le contexte de la préparation au traitement, l’objectif des tests est le à la fois de déterminer
l’orientation du traitement (c’est-à-dire ce que le traitement doit viser) et de fournir une base de référence par rapport à laquelle les évaluations post-traitement peuvent indiquer les progrès du traitement. En utilisant les données des tests pour aider à déterminer les objectifs du traitement, l’objectif est de développer une formulation de cas pour chaque client. Ward et ses collègues (Drake & Ward, 2003 ; Ward,Nathan, Drake et al., 2000) sont de fervents défenseurs d’une approche basée sur la formulation pour la planification du traitement individuel des délinquants sexuels. Étant donné la description de leur approche particulière de la formulation de cas, et de son application clinique, elle semble prendre beaucoup de temps et ne semble pas, dans la pratique, faire une grande différence dans la façon dont le traitement est effectué ou ce qui est ciblé dans le traitement. L’objectif de cette approche est de produire une théorie complète de l’origine du comportement délinquant de l’individu et d’identifier l’ensemble des facteurs qui maintiennent actuellement ces comportements. À partir de ce compte rendu exhaustif, un ensemble spécifique d’objectifs de traitement individualisés sera généré et les stratégies visant à atteindre ces objectifs sont conçues et mises en œuvre.
Cependant, comme nous l’avons noté plus haut dans ce livre, la plupart des programmes de traitement pour les délinquants sexuels suivent un manuel dans lequel une série d’objectifs
et de composantes bien organisés et spécifiés visent à modifier ces cibles. Il est donc difficile de voir comment les résultats d’une formulation globale pourraient être mis en pratique.
Ce problème a conduit Laws et Ward (2005) à affirmer que l’approche « taille unique » doit être abandonnée et remplacée par un traitement individuel. Cela peut être raisonnable dans les cliniques où peu de délinquants sexuels sont vus à la fois, mais dans les centres où il y a un flux constant d’un grand nombre d’orientations, une alternative économiquement plus viable est nécessaire. Nous sommes d’accord pour dire que les programmes trop « manualisées »ne sont pas la solution. Cependant, nous préférons un compromis entre les approches avec des manuels et le traitement hautement individualisé qui semble être recommandé par Ward et ses collègues.

Dans notre programme, nous tentons de trouver ce compromis. S’il ne fait aucun doute que chaque délinquant sexuel a des besoins plus ou moins importants en ce qui concerne des cibles bien établies que la plupart des programmes abordent, il est possible d’en tenir compte
facilement en adoptant une approche évolutive du traitement. Une telle approche, comme nous l’avons déjà mentionné, permet de consacrer plus ou moins de temps à chaque objectif de traitement en fonction des besoins de chaque client.La question se pose toujours de savoir quelle stratégie détermine le mieux le temps et l’attention à consacrer à chaque client pour chaque objectif de traitement. Il nous semble peu probable que l’on consacre un temps exorbitant à l’élaboration d’un pré-programme de traitement sophistiqué , tel que préconisé par Ward et ses collègues, qui permette de comprendre clairement le problème d’un client et de savoir exactement  quels devraient être les objectifs du traitement et combien de temps devrait être consacré à chacun d’entre eux ».

Treating Sexual Offenders, An Integrated Approach (William L. Marshall • Liam E. Marshall
Geris A. Serran • Yolanda M. Fernandez, 2006)

Dans notre programme, les délinquants sexuels souffrant de troubles de la personnalité n’ont pas  de prise en charge spécialisée et sont rarement placés sous médication, même s’il est prouvé que les médicaments peuvent être utiles pour les troubles de la personnalité (Sperry, 1999).Plusieurs auteurs ont décrit des approches récentes du traitement psychologique des clients souffrant de troubles de la personnalité. Young (1999 ; Young, Klosko, & Weishaar, 2003) décrit une approche visant principalement à modifier les schémas dysfonctionnels de ces clients ; l’approche de Greenberg (Greenberg & Pavio, 1997 ; Greenberg, Rice, & Elliott, 1993) vise à réguler les émotions des clients souffrant de troubles de la personnalité ; et le programme plus complet de Sperry (1999),  cible les schémas, la régulation émotionnelle, et divers autres aspects de leur fonctionnement tels que l’estime de soi, les problèmes sociaux et relationnels, le contrôle des impulsions, l’empathie et leur capacité à faire face au stress.Plus précisément, Buschman et van Beek (2003) ont développé une approche cognitivo-comportementale du traitement des délinquants sexuels souffrant de troubles de la personnalité. Le tableau présenté ici résume
les cibles identifiées dans les approches ci-dessus comme nécessitant une attention dans le traitement.
Comme le lecteur s’en souviendra, toutes ces questions sont des cibles de notre programme pour délinquants sexuels. Nous nous contentons donc d’adapter notre approche aux besoins spécifiques des clients souffrant de troubles de la personnalité.  C’est l’un des aspects de la façon dont de mettre en pratique le « principe de réceptivité », essentiel à l’efficacité de tout programme, quel que soit le type de délinquant (Andrews & Bonta, 1998). Nous n’avons pas rencontré de problèmes significatifs pour accueillir des clients souffrant de troubles de la personnalité, et nos données sur les résultats ne suggèrent pas qu’ils sont plus susceptibles de récidiver que d’autres délinquants sexuels. Il semble que les aménagements que nous avons apportés à ces clients soient efficaces.

Cibles de traitement pour les clients souffrant de troubles de la personnalité
1. Les schémas : Défis et examen des premières origines

  • a. Droits (entetilment) et égocentrisme – parents trop indulgents ou incapacité des parents à encourager la responsabilité personnelle.
  • b. Maltraitance/méfiance – maltraitance dans l’enfance
  • c. Maîtrise de soi insuffisante/autodiscipline – les parents ne donnent pas l’exemple de la maîtrise de soi, ne fixent pas de limites, ou la discipline est inadéquate.
  • d. Manque d’amour/défaillance – parents émotionnellement indifférents ou punitifs.
    indifférents ou punitifs
  • e. Abandon/instabilité – incohérence des parents ou perte des parents
  • f. Dépendance/incompétence – les parents n’encouragent pas l’indépendance, l’autosuffisance ou la compétence.

2. Style/tempérament : Déficits/problèmes dans les domaines suivants

  • a. Distorsions cognitives
  • b. Gestion de la colère
  • c. Formation à l’empathie
  • d. Formation aux relations
  • e. Contrôle des impulsions
  • f. Adaptation
  • g. Estime de soi
  • h. Compétences sociales
  • i. Conscience/régulation émotionnelle
  • j. Actes autodestructeurs

 

Le Sexual Desire Inventory (SDI) est un questionnaire utilisé pour mesurer l’intensité et la fréquence du désir sexuel chez les individus. Il comprend généralement deux sous-échelles principales : le désir sexuel dyadique (désir pour des activités sexuelles avec un partenaire) et le désir sexuel solitaire (désir pour des activités sexuelles en solitaire).

Voici comment le SDI est généralement scoré :
1. Items : Le SDI comprend plusieurs items, chacun évalué sur une échelle de Likert. Les participants indiquent leur niveau de désir sexuel pour chaque item.
2. Calcul des scores :

  • Désir sexuel dyadique (partenaire): Additionnez les scores des items relatifs au désir sexuel dyadique. (7, 3, 9, 8, 1, 2, 6)
  • Désir sexuel solitaire : Additionnez les scores des items relatifs au désir sexuel solitaire. (12, 13, 11, 10)
  • Désir sexuel dyadique (autre personne): (5, 4)

3. Score total : Le score total du SDI peut être obtenu en additionnant les scores des sous-échelles. Cependant, il est souvent plus utile de considérer séparément les scores dyadiques et solitaires pour obtenir une évaluation plus détaillée.

Exemple de calcul
Supposons que le SDI comporte les items suivants (ceci est un exemple simplifié) :
1. Fréquence des pensées sexuelles (dyadique)
2. Fréquence des pensées sexuelles (solitaire)
3. Désir d’activités sexuelles avec un partenaire
4. Désir d’activités sexuelles en solitaire

Un participant donne les réponses suivantes :
1. Item 1 : 5
2. Item 2 : 3
3. Item 3 : 6
4. Item 4 : 2

Pour calculer les scores :
• Désir sexuel dyadique : Item 1 + Item 3 = 5 + 6 = 11
• Désir sexuel solitaire : Item 2 + Item 4 = 3 + 2 = 5

Score total : 11 (dyadique) + 5 (solitaire) = 16
Interprétation
• Scores élevés : Indiquent un désir sexuel élevé.
• Scores bas : Indiquent un désir sexuel faible.
• Différences entre dyadique et solitaire : Peuvent indiquer des préférences ou des besoins spécifiques en matière de sexualité.
Il est important de noter que le SDI doit être interprété par un professionnel qualifié pour une évaluation précise et appropriée.

Sexual Desire Inventory (SDI)

Inventaire du désir sexuel Spector et al. (1996)

Spector et al. in 1996[1]

Ce questionnaire porte sur votre niveau de désir sexuel. Par désir, nous entendons l’intérêt ou le souhait d’une activité sexuelle. Pour chaque item, veuillez encercler le chiffre qui correspond le mieux à vos pensées et à vos sentiments. Vos réponses seront confidentielles et anonymes.

  1. Au cours du mois dernier, à quelle fréquence auriez-vous aimé avoir une activité sexuelle avec un partenaire (par exemple, toucher les parties génitales de l’autre, donner ou recevoir une stimulation orale, avoir un rapport sexuel, etc.)
0) Pas du tout

1) Une fois par mois

2) Une fois toutes les deux semaines

3) Une fois par semaine

4) Deux fois par semaine

5) 3 à 4 fois par semaine

6) Une fois par jour

7) Plus d’une fois par jour

 

  1. Au cours du dernier mois, combien de fois avez-vous eu des pensées sexuelles impliquant un partenaire ?
0) Pas du tout

1) Une fois par mois

2) Une fois toutes les deux semaines

3) Une fois par semaine

4) Deux fois par semaine

5) 3 à 4 fois par semaine

6) Une fois par jour

7) Plus d’une fois par jour

 

  1. Lorsque vous avez des pensées sexuelles, quelle est l’intensité de votre désir d’avoir un comportement sexuel avec un partenaire ?

0            1           2          3           4           5           6           7           8

Aucune envie                                                                                            Forte envie

  1. Lorsque vous voyez une personne attirante pour la première fois, quelle est l’intensité de votre désir sexuel ?

0            1           2          3           4           5           6           7           8

Aucune envie                                                                                            Forte envie

  1. Lorsque vous passez du temps avec une personne séduisante (par exemple, au travail ou à l’école), quelle est l’intensité de votre désir sexuel ?

0            1           2          3           4           5           6           7           8

Aucune envie                                                                                            Forte envie

 

  1. Lorsque vous vous trouvez dans des situations romantiques (comme un dîner aux chandelles, une promenade sur la plage, etc.), quelle est l’intensité de votre désir sexuel ?

0            1           2          3           4           5           6           7           8

Aucune envie                                                                                            Forte envie

  1. Quelle importance accordez-vous à la satisfaction de votre désir sexuel par le biais d’une activité avec un partenaire ?

0            1           2          3           4           5           6           7           8

Pas du tout important                                                                              Extrêmement important

  1. Par rapport à d’autres personnes de votre âge et de votre sexe, comment évaluez-vous votre désir de vous comporter sexuellement avec un partenaire ?

0            1           2          3           4           5           6           7           8

Beaucoup moins de désir                                                                              Beaucoup plus de désir

  1. Au cours du mois dernier, combien de fois auriez-vous aimé avoir des relations sexuelles seul(e) (par exemple, vous masturber, vous toucher les parties génitales, etc.
0) Pas du tout

1) Une fois par mois

2) Une fois toutes les deux semaines

3) Une fois par semaine

4) Deux fois par semaine

5) 3 à 4 fois par semaine

6) Une fois par jour

7) Plus d’une fois par jour

 

  1. Quelle est l’intensité de votre désir d’avoir des relations sexuelles seul(e) ?

0            1           2          3           4           5           6           7           8

Aucune envie                                                                                            Forte envie

  1. Quelle est l’importance pour vous de satisfaire votre désir d’avoir des relations sexuelles seul(e) ?

0            1           2          3           4           5           6           7           8

Pas du tout important                                                                              Extrêmement important

 

  1. Par rapport à d’autres personnes de votre âge et de votre sexe, comment évaluez-vous votre désir d’avoir des relations sexuelles seul(e) ?

0            1           2          3           4           5           6           7           8

Beaucoup moins de désir                                                                        Beaucoup plus de désir

  1. Combien de temps pourriez-vous rester confortablement sans avoir une activité sexuelle quelconque ?
0) Pour toujours

1) Un an ou deux

2) Plusieurs mois

3) Un mois

4) Quelques semaines

5) Une semaine

6) Quelques jours

7) Un jour

8) Moins d’un jour

[1] Source. This inventory was originally published in “The Sexual Desire Inventory: Development, Factor, Structure, and Evidence of Reliability,” by I. P. Spector, M. P. Carey, and L. Steinberg. 1996, Journal of Sex & Marital Therapy, 22, 175-190.

Sexual desire Inventory SDI